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Préface
Qui veut comprendre la Russie et son peuple ne peut ignorer leurs
proverbes : les Russes ne conçoivent pas la vie sans eux. Ils les utilisent instinctivement, parfois même sans s’en rendre compte, tant ils font partie
intégrante du langage. La langue russe, célébrée pour ses aphorismes, sa
concision, les met sur un piédestal. Alexandre Pouchkine n’écrivait-il pas :
« Quelle splendeur, quelle finesse, quelle sagesse recèlent les proverbes
russes ! Ils valent plus que l’or ! »
Aphorismes et proverbes – un genre folklorique à part entière – se
sont façonnés au fil des siècles. Ce sont eux qui évoquent le mieux leurs
propres vertus : « Le proverbe est propice à toute affaire », « Malheur à
celui qui méprise le proverbe », « Le proverbe est ancien, mais il a gardé
toute sa force. »
Bon nombre font allusion à des faits historiques. Ainsi, celui qui
accompagne l’annonce d’un événement désagréable autant qu’inattendu : « Alors, babouchka (grand-mère), le jour de saint Georges est
bien arrivé ! » remonte à l’abolition, décrétée en 1649 le jour de la fête
de la Saint-Georges, du droit des paysans à passer de la dépendance à
un seigneur vers un autre.
Le proverbe russe trouve sa source dans la vie quotidienne du peuple
avec tous ses particularismes. Il y exprime son expérience séculaire, illustrant toute sa vie, du berceau au cercueil. « Quelle imagination possèdent les paysans : ils inventent bien ! s’était exclamé Léon Tolstoï en lisant
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un recueil de proverbes. Tout est très simple, il y a peu de mots, mais
chargés de sens. »
La sagesse, le don subtil d’observation, l’esprit avisé du peuple s‘illustrent dans les proverbes liés à l’apprentissage, la science, l’esprit, et
même la bêtise : « La vie sans sagesse est le paradis des sots ».
Les proverbes prodiguent des conseils sur la façon de se comporter
dans telle ou telle circonstance : « Ne crois pas aux discours, ne crois que
ce que tu vois de tes propres yeux », « En été prépare le traîneau, en
hiver, le chariot. » Ils dénoncent le mal, exaltent le bien et montrent ce
qu’il faut vraiment apprécier dans la vie : « Le méchant pleure de jalousie, le bon de joie. » Tolstoï l’exprimait à sa façon : « La sagesse populaire russe s’est traduite par toute une littérature orale – des proverbes
emplis de sagesse. Ce patrimoine est loin d’être seulement le fruit du
loisir populaire. C’est la dignité et l’esprit du peuple… C’est sa mémoire
historique, les vêtements de fête de son âme. Elle emplit toutes les vies
rythmées par les rites et traditions, le travail, la nature. Elle rappelle aussi
le respect dû aux pères et aux grands-pères. »
La bible des proverbes russes est le recueil Proverbes du peuple russe
datant de 1861, ouvrage de référence réalisé par l’ethnographe et lexicologue Vladimir Dal, qui y a rassemblé quelque trente et un mille proverbes, dont six mille proviennent de recueils publiés, tandis que les
autres ont été relevés par ses soins auprès de paysans, de marchands et
de soldats.
Selon Vladimir, c’est auprès du peuple qu’il faut aller recueillir les
proverbes. Dans la société érudite, il n’y en a pas. Le peuple préserve et
protège avec soin son mode de vie. Ses aînés revêtent à ses yeux la plus
haute importance. La parole est un don de Dieu : tant que l’homme vit
dans la simplicité morale et ne déraisonne pas, son discours reste simple,
direct et fort. Les proverbes se sont élaborés à l’époque de la simplicité
primitive du langage. Peut-on exprimer de façon plus frappante, plus
harmonieuse et plus concise la force du proverbe : « La mort ni le soleil
ne se peuvent regarder en face » ?
Dès l’enfance, les jeunes Russes, imprégnés de proverbes, les emploient
et s’en délectent. Partie intégrante de la littérature et du folklore, ils
abondent dans les œuvres populaires – chansons et légendes. Nombre
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de proverbes sont issus de contes (« Le loup a beau inviter la chèvre au
festin, elle ne vient jamais ») et de chansons (« Les cheveux frisent de
bonheur et défrisent de malheur »).
Les écrivains russes y ont souvent recours. Léon Tolstoï avoue que la
lecture d’un recueil de proverbes compte au nombre de ses plaisirs préférés. Les titres de nombreuses pièces du dramaturge Alexandre Ostrovski
sont des proverbes : « Entre soi, on s’arrange toujours », « Ne t’assieds
point dans le traîneau d’autrui », « Pauvreté n’est pas vice », « On n’évite
ni malheur ni péché. »
Les œuvres littéraires russes ont elles-mêmes généré des proverbes,
entrés dans le langage courant : « La chapka de Vladimir Monomaque
est lourde à porter » (Pouchkine), qui exprime l’idée qu’il n’est pas facile
d’assumer les devoirs, toutes les responsabilités et prérogatives. « Dans
l’être humain, tout doit être beau : son visage, ses vêtements, son âme,
ses pensées », nous dit Tchekhov.
Les tsars, chefs d’armée, savants et artistes ont également joué un rôle
dans la création de proverbes : « Il est plus important de gagner la guerre
que de prendre d’assaut la forteresse » (Mikhaïl Koutouzov), « On ne juge
pas le vainqueur » (Catherine la Grande).
Le XXe siècle a été fécond en proverbes, notamment durant la Seconde
Guerre mondiale, période où le patriotisme atteint son paroxysme. Le
service de la patrie est l’un des thèmes majeurs de l’ère soviétique :
« Vivre, c’est servir sa patrie », « L’amour de la patrie est plus fort que la
mort », « Pour un poltron, un cafard même est un géant. »
Aujourd’hui, les proverbes ont été remis au goût du jour par les slogans publicitaires : « Le poisson cherche l’endroit le plus profond, le
businessman, le moins cher », « Ne remets pas ta vie au lendemain »
(Banque Standard), « Prépare ton traîneau en été et… ton ordinateur
aussi ! », « À sept malheurs il y a une seule réponse » (médicament contre
la grippe).
Les proverbes n’hésitent pas à recourir aux thèmes populaires, tels
Dieu et la religion. « L’Église orthodoxe a donné au peuple russe une
conscience pure et profonde, un idéal de justice et de sainteté, la capacité à distinguer la vérité du mensonge, le bien du mal… L’orthodoxie
a développé en Russie un sentiment de responsabilité du citoyen, du
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fonctionnaire et du tsar devant Dieu » (Ivan Ilyin), « Dieu n’oublie pas
ceux qui le respectent », « Ne vis pas comme tu veux, mais comme Dieu
te l’ordonne. »
Plusieurs proverbes russes évoquent le travail et les biens matériels. La
prospérité et la richesse acquise par le travail sont légitimes : « Le travail
est le père de la richesse, la terre, la mère. » Pour un Russe, la liberté ne
s’achète pas. Les proverbes n’ont pas toujours une teneur morale, il en
existe qui exaltent même la cuisine traditionnelle – petits pâtés, soupes,
kacha, vodka, etc. Mais c’est le pain qui occupe toujours la place d’honneur sur la table : « Il n’y a que les anges aux cieux qui ne demandent
pas de pain. » Un autre thème populaire y est traité, le bain russe : « Il est
notre deuxième mère », « La vapeur du bain russe guérit corps et âme. »
Parfois, les Russes eux-mêmes ne saisissent pas immédiatement
la signification d’un proverbe. Il faut prendre son temps, faire des
recherches, lire des commentaires. « Si nous ne comprenons pas un
proverbe, ce qui est fréquent, nous le jugeons absurde, le prenons pour
une plaisanterie et pensons que son sens a été modifié de manière irréversible » (Vladimir Dal).
Les idéaux moraux, éthiques et sociaux du peuple russe sont tout
entiers contenus dans les proverbes. Ils sont imprégnés de toutes les
subtilités de la réalité, de sa perception et de son image. Le proverbe
invite à réfléchir, à appréhender les vraies valeurs : il confère au peuple sa
sagesse. Comme l’écrit Gogol : « Ils sont plus importants et expressifs que
ceux de tous les autres peuples réunis. Au-delà de la force des idées, ils
expriment les facettes du langage courant : moquerie, raillerie, reproche
– bref, tout ce qui nous perturbe, nous pique au vif. »
Constantin Pavlovitch,
prince Mourousy
A
ABSURDITÉ
ВЗДОР
Il est vain de cuire l’eau, cela restera toujours de l’eau.
(Se dit de l’absurdité absolue.)
Nul besoin de lancer un aigle à la poursuite d’un moustique.
Pas encore né, déjà baptisé.
Prier Dieu dans son sommeil.
Dire des bêtises.
(On ne peut sérieusement prier quand on dort.)
On dirait deux chauves qui se disputent un peigne.
La poule a accouché d’un taureau, le porcelet a pondu un œuf.
Le moustique a écrasé le pied d’un brave type.
C’est comme demander à l’oie si elle a froid aux pattes.
Il veut aller au paradis, mais il a peur de la mort.
Se mirer dans une flaque d’eau et ne pas se trouver ressemblant.
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ACTION
ДЕЙСТВИЕ
On n’apporte pas son samovar à Toula.
Il faut réfléchir avant d’agir.
(C’est à Toula que sont fabriqués les samovars.)
Le paysan ne se signe pas avant le grondement du tonnerre.
(L’homme insouciant ne fera rien tant que les circonstances ne l’obligeront
pas à agir.)
Le brave mange de la soupe aux pois cassés, le peureux n’ose pas
même goûter la soupe aux choux.
L’homme audacieux obtient plus que celui qui hésite.
(La soupe aux choux est un plat de tous les jours, la soupe aux pois cassés
un mets plus raffiné.)
On n’attend pas la fin de la bagarre pour montrer le poing.
AGRICULTURE
ЗЕМЛЕДЕЛИЕ
Ce n’est pas la terre qui engendre le pain, mais le ciel.
Sans bon maître, la terre est orpheline.
Terre n’engendre point de pain si Dieu ne le veut pas.
La terre est telle l’assiette : tu y prends ce que tu y mets.
Le fumier trahit même Dieu.
(Dicton d’origine paysanne. Dieu rend la terre fertile, mais le fumier aussi
qui devient, en quelque sorte, le concurrent de Dieu.)
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Herbe sans rosée ne saurait pousser.
Qui bon blé sème a toujours pain et vin.
(On peut faire du kvas, boisson légèrement alcoolisée, à base de blé,
mais aussi acheter du vin et toute sa subsistance.)
Qui dit neige abondante dit abondance de pain, qui dit eau à
profusion dit mauvaise herbe foisonnante.
(La neige protège les cultures en hiver.)
Jour d’été à lui seul nourrit l’année entière.
L’été, fais la cueillette ; l’hiver, mange tout ce que tu as récolté.
Qui l’été paresse, l’hiver mendie son pain.
Les fleurs sont la parure du printemps, les gerbes celles de
l’automne.
Tout ne vient pas de la rosée du ciel, encore faut-il la sueur au
front.
(Il faut se donner de la peine, ne pas se fier à la seule rosée, à ce qui vient
tout seul.)
Aiguille et herse apportent prospérité au village.
(Dans les villages russes, les femmes cousaient à la maison et les hommes
travaillaient aux champs.)
La pomme de terre, du pain est la fidèle assistante.
(Le pain et la pomme de terre constituaient la principale nourriture
du paysan russe.)
Le monde est tel le potager : tout y pousse.
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ÂME
ДУША
Mieux vaut âme pure que corps pur.
L’âme d’autrui est une forêt obscure.
L’âme qui n’a pas mangé d’ail ne pue pas.
Ce ne sont pas les yeux qui voient, mais l’homme ; ce n’est pas
l’oreille qui entend, mais l’âme.
Âme noire, même le savon ne saurait la laver.
L’âme aime la fraîcheur, le corps, la chaleur.
Il a sept âmes, mais qui vont dans tous les sens.
(Se dit de la duplicité.)
L’âme russe aime les grands espaces.
AMI
ДРУГ
Prêt d’argent, amitié envolée.
Le diable n’est pas l’ami du pope.
(Il le trompera.)
L’homme sans amis est orphelin, celui qui en a est comme un bon
père de famille.
Au nom de l’amitié, même le moine se marie.
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Un ami et un frère sont biens à chérir entre tous.
Trouver un ami est facile, le conserver est difficile.
C’est dans la bataille qu’on reconnaît un bon cheval, dans le
malheur qu’on reconnaît ses amis.
Un chien ne s’approche pas d’un autre chien sans l’avoir reniflé.
(La prudence précède la confiance.)
L’ennemi est toujours d’accord ; l’ami discute.
(L’ami est concerné et prend réellement à cœur les intérêts de l’autre.)
Se faire de nouveaux amis ? Oui, mais sans perdre les anciens.
Mieux vaut cent amis que cent roubles.
Au festin, il y a beaucoup d’amis ; dans le malheur, il n’y a plus
personne.
Qui dit la vérité perd ses amis.
Pour le riche, il n’est ni amitié ni vérité.
Le mauvais ami est comme ton ombre : quand le soleil brille, il est
toujours là ; quand il fait mauvais, il disparaît.
AMOUR
ЛЮБОВЬ
Auprès du bien-aimé, une simple hutte devient un paradis.
L’amour est comme le miroir : une fois brisé, ses morceaux ne se
recollent pas.
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Il n’y a pas d’existence sans soleil, pas de vie sans son bien-aimé.
L’amour n’est pas comme l’incendie ; une fois embrasé, on ne
peut l’éteindre.
Amour fidèle ne se consume pas dans le feu ni ne se noie dans
l’eau.
L’amour n’est pas une pomme reinette qu’on peut jeter par la
fenêtre.
On ne se débarrasse pas facilement de l’amour.
Pour un amoureux, sept verstes ne sont pas un détour.
(La verste, ancienne mesure de longueur, équivalait à 1 066,8 mètres.)
L’amour est tel l’anneau, sans début ni fin.
L’amour d’une femme est comme la rosée du matin : le vent
souffle et il s’évapore.
Là où mon chéri se promène, mes bottes me ramènent.
Aimer est difficile, ne pas aimer l’est plus encore.
Il est impossible de dissimuler longtemps l’amour, la toux, la
fumée et l’argent.
(Recueilli par Tatischev,
XVIIIe
siècle.)
L’amour n’est pas une aumône, on ne le distribue pas aux quatre
vents.
L’amour recouvre beaucoup de péchés.
(Récits ou proverbes du peuple,
XVIIe
siècle.)
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Auprès de son chéri, même l’eau du pré a goût de miel.
Tout devient délicieux auprès de son bien-aimé.
(Recueilli par V. Dal,
XIXe
siècle.)
ANIMAUX
ЖИВОТНЫЕ
On ne donne pas de noisettes à un écureuil qui n’a plus de dents.
Chaque chose en son temps.
Qui est né loup ne sera jamais renard.
Tout ce qui est gris n’est pas loup.
Le lièvre fuit le renard ; et la grenouille, le lièvre.
Laisser entrer la chèvre dans le potager.
(Laisser le loup pénétrer dans la bergerie.)
La vache a une longue langue, mais ne sait pas parler.
(Recueilli par Tatischev,
XVIIIe
siècle.)
Même la vache noire donne du lait blanc.
(Récits ou proverbes du peuple,
XVIIe
siècle.)
Le chat et la paysanne sont à la maison ; le paysan et le chien,
dans la cour.
Même la grenouille a une voix mélodieuse quand elle chante dans
sa propre mare.
Même à Kiev, un âne ne devient jamais cheval.
(Kiev, « mère des villes russes », fut la capitale du premier État russe.)
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Qui est assis sur une natte ne parle pas zibeline.
Quand on est pauvre, on ne parle pas de ce qui est coûteux.
À cheval donné, on ne regarde pas les dents.
APPARENCE
СУЩНОСТЬ, НАРУЖНОСТЬ
Beau gaillard, mais esprit tordu.
La queue est le gouvernail du poisson comme de l’oiseau.
Il ne faut pas se fier aux apparences.
(Poissons et oiseaux se dirigent avec leur queue, les uns pour nager, les autres
pour voler.)
C’est au mangeur qu’on apprécie la cuillère, au cavalier qu’on
évalue le cheval.
Qui dit manteau de fourrure dit toujours poux.
Qui prend une vache doit se munir d’une corde et d’un seau.
Beaux cheveux, mais tête coupée.
(À quoi servent de beaux cheveux quand la tête est coupée ?)
Qui dit miettes dit toujours souris.
Peu importe d’où vient la poule, seul importe qu’elle ponde.
Jamais lieu saint n’est désert.
Il suffit que le soleil chauffe, la lune peut agir à sa guise.
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La mer ne se plaint pas du manque de poissons.
Qui se jette à l’eau n’est pas forcément une naïade.
Tout ce qui est blanc ne blanchit pas, tout ce qui est noir ne
noircit pas.
Ne parle pas de poêle dans une isba non chauffée.
La baie a belle apparence, mais saveur acide.
Le bel homme est agréable à regarder, l’homme intelligent est
facile à vivre.
Beauté ne chercheras point, bonté chercheras.
L’oukha savoureuse se prépare avec du poisson plein d’arêtes.
(L’oukha est une soupe traditionnelle russe à base de poisson.)
Sans prestance, même le cheval a l’air d’une vache.
(Il ne faut jamais se laisser aller.)
On reconnaît l’âne à ses oreilles, l’ours à ses griffes, l’imbécile
à ses discours.
Ce qui te traverse l’esprit transparaît toujours sur ton visage.
APPRENTISSAGE
УЧЕНИЕ
Qui veut apprendre beaucoup dort peu.
Il n’est pas d’apprentissage sans bâton.
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Ce cheval est excellent, bien qu’il ne soit pas dressé ; ce garçon
m’est très cher, bien qu’il soit illettré.
Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas.
La science n’est pas de la bière ; on ne la verse pas dans sa bouche.
Nul n’a la science infuse.
Inutile d’apprendre à boiter au boiteux.
Sorcière savante est pis que sorcière de naissance.
Le monde existe par Dieu, l’homme par la science.
Après avoir couvé et nourri son oisillon, l’oiseau lui apprend à voler.
Le monde est éclairé par le soleil, l’homme par ses connaissances.
Il n’est pas honteux de ne pas savoir, il est honteux de ne pas
apprendre.
Enseigner à un savant est comme guérir un mort.
Apprendre est lumière, ne pas apprendre est l’obcurité.
ARBRE
ДЕРЕВО
Sans vent, l’arbre ne ploie pas.
Du même arbre, on peut faire une icône et une pelle.
(Récits ou proverbes du peuple,
XVIIe
siècle.)
L’arbre ploie quand il est jeune.
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Qui n’entaille pas l’arbre ne récolte pas de sève.
On reconnaît l’arbre à ses fruits et l’homme à ses actes.
(Recueilli par A. Barssov, 1770.)
Abats l’arbre du côté où il penche.
(Récits ou proverbes du peuple,
XVIIe
siècle.)
Si tu coupes l’arbre, les branches tombent d’elles-mêmes.
Un arbre récemment planté ne porte pas de fruits ; patiente et
attends la récolte.
L’arbre creux craque mais reste debout ; l’arbre robuste tombe.
À mauvais arbre, mauvais fruit.
(Récits ou proverbes du peuple,
XVIIe
siècle.)
Il n’est pas deux feuilles identiques sur le même arbre.
L’arbre n’est pas beau, mais son fruit est bon.
Il n’est pas d’arbre sur lequel oiseaux ne se posent.
À grand arbre, grande ombre.
L’arbre droit ne redoute pas le vent.
ARGENT
ДЕНЬГИ
Le malheur appelle l’argent à l’aide.
Il faut assister ceux qui sont dans le malheur.
(Recueilli par Tatischev,
XVIIIe
siècle.)
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On peut vivre sans argent, pas sans pain.
Qui n’a pas d’argent dort sur ses deux oreilles.
Sans kopeck, pas de rouble.
(Un rouble = cent kopecks.)
L’argent sans maître est comme un pot cassé.
L’argent mal géré n’a aucune valeur.
Mieux vaut kopeck en main que rouble au loin.
Dieu aime la foi, l’argent aime les comptes.
(La foi ne se mesure pas, l’argent oui.)
C’est le diable qui bat monnaie pour le riche.
Davantage d’argent, davantage de soucis.
Esprit agile, argent facile.
Mieux vaut compter son propre argent que celui des autres.
Là où il y a de l’argent, il y a de l’honneur.
Qui a de l’argent est malheureux, qui n’en a pas est doublement
malheureux.
(Recueilli par Tatischev,
XVIIIe
siècle.)
Il ne vaut pas un kopeck, mais il se donne des airs de rouble.
Donne-moi un rouble, tu seras mon ami.
L’argent n’est pas Dieu, mais il te soutient.
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