Les règles de vie dans la classe

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Les règles de vie dans la classe
IUFM DE BOURGOGNE
Concours de recrutement : professeur des écoles
Les règles de vie dans la classe
Mémoire professionnel réalisé par
Christophe PERNOT
Directeur de mémoire : Mr Hervé GUINERET
Numéro de dossier : 02090350 D
Année 2004
Sommaire
Introduction
page 1, 2
Première partie : Aspects Théoriques
I L’éducation à la citoyenneté à l’école primaire :
I 1 Importance du contexte social
page 3
I 2 Socialisation & Citoyenneté
page 3-5
I 3 Loi, règles et règlements
page 5, 6
I 4 les Instructions Officielles de 2002
page 7-10
a- Au niveau des trois cycles
b- L’éducation civique et le débat hebdomadaire
c- Autres activités & disciplines
II L’élève citoyen :
II 1 Construire les règles de vie régissant la classe
page 10, 11
a- Pourquoi ?
b- Comment ?
c- Dans quels buts ?
II 2 Acceptation de la sanction
page 12, 13
III Place, rôle et attitude de l’enseignant :
III 1 Objectifs pédagogiques
page 13, 14
III 2 Quelle attitude adoptée lors de conflit ?
page 14-18
a- Quand il s’agit de mettre en place une sanction
b- Quand il s’agit de mettre en place une punition
Deuxième partie : Aspects Pratiques
I Sensibilisation au thème du règlement de classe : Stage en pratique
accompagnée :
I 1 Un contexte éducatif particulier
page 19
I 2 Fonctionnement de la classe de CM1/CM2
page 20-23
a - Le conseil : clé de voûte de la classe
b - Attitudes & réflexions de l’enseignant
I 3 Analyse de pratique de classe
page 23-25
a - En tant qu’observateur
b - En tant qu’acteur
II Mise en place de règles de vie dans la classe : Premier stage en
responsabilité :
II 1 Objectifs de départ
page 26
II 2 Déroulement, organisation
page 26-28
II 3 Élaboration
page 28,29
II 4 Analyse de pratique de classe
page 29,30
Conclusion
page 31,32
Bibliographie
page 33
Annexes
page 34
Introduction
J’ai vécu une expérience professionnelle de cinq ans durant laquelle j’ai exercé la fonction
d’aide-éducateur (dispositif des emploi-jeunes dans l’Education Nationale) dans une école
maternelle et élémentaire en zone rurale.
J’effectuais des activités en petits groupes et il m’est arrivé quelque fois d’éprouver quelques
difficultés quant à la gestion du groupe en terme d’autorité (en animations BCD par exemple).
Le passage de cette fonction essentiellement éducative à une relation principalement
pédagogique que j’aurais à établir entre mon statut de maître et celui de l’élève m’amène à me
questionner sur la manière d’élaborer mon autorité.
Lors de mon premier stage en pratique accompagnée en ZEP (zone d’éducation
prioritaire) avec une classe de CM1/CM2, je me suis rapidement trouvé confronté aux questions
liées à la gestion d’une classe ; d’autant plus de la spécificité du public.
Cependant ces questions ne sont pas propres à la ZEP ; mais « la ZEP » a comme un effet de
loupe qui met en avant certains problèmes qui pourraient passer inaperçus ailleurs.
Lors de la prise de classe en journée entière, je me suis retrouvé à un moment dépassé, j’ai
perdu dans une certaine mesure la maîtrise de la classe.
Avec un certain recul, je pense que la non maîtrise du fonctionnement même de la classe ainsi
que des outils qui existaient : les lois, les règles et les sanctions propres en ont été en parti la
cause.
Je suis désormais convaincu de l’importance à ne pas les négliger, spécialement lorsque
l’on intervient que pour une courte période dans une classe pour laquelle on n’est pas le maître
référent.
Par le mémoire professionnel, je voulais mener une réflexion sur les règles qui régissent la
vie de la classe, qu’elles soient naturelles, imposées ou élaborées avec les élèves.
Les questions qui me sont apparues furent :
* Comment amener les élèves à être respectueux entre eux, et envers l’enseignant afin
d’arriver à une bonne harmonie de classe ?
- Est-ce par un règlement de classe ?
- Un travail collectif ( en arts plastiques par exemple ) ?
- Serait-ce la finalité du débat hebdomadaire ( programmes 2002 ) ?
* Comment favoriser l’autonomie des élèves dans les moments où ils se retrouvent
disponibles ?
- Faut-il laisser aux élèves une certaine liberté de choix dans les moments où ils
finissent leur travail avant les autres ; lorsque l’enseignant exerce une pédagogie différenciée
individuelle ou en groupe ( pédagogie différenciée qui suppose des « acquis » et des habitudes ) ;
ou bien faut-il toujours imposer des activités?
* Existe-t-il des outils favorisant cet apprentissage de la vie en groupe ou est-ce l’autorité
du maître qui en pose les fondements?
Je me pencherai dans un premier temps sur la notion de règles dans le cadre plus générique
de la citoyenneté.
Que préconise l’institution ?
Quels rôles doivent tenir les principaux acteurs ( le maître et les élèves ) ?
Je ferai ensuite part de mon expérience et décrirai la façon dont j’ai abordé dans un premier
temps l’existence de règles de vie dans la classe lors du stage en pratique accompagnée ; puis
dans un deuxième temps la mise en place d’un règlement lors du premier stage en responsabilité.
Les règles de vie dans la classe s’établissent-elle par la seule autorité du maître ou en
collaboration avec les élèves ?
Par ce mémoire, je tenterais d’apporter une réponse à cette question.
Première partie : Aspects théoriques
I L’éducation à la citoyenneté à l’école primaire :
I 1 Importance du contexte social depuis quelques décennies
Pourquoi le thème de la citoyenneté, tant présent dans les débats publics, a été mis en
avant dans les nouveaux programmes de l’école élémentaire ?
Promouvoir les initiatives citoyennes et l’éducation à la citoyenneté apparaissent comme les
moyens privilégiés de prévenir la multiplicité des actes d’incivilité, la montée des racismes et des
intégrismes et la violence qui se manifeste de plus en plus dans les rapports sociaux aussi bien à
la ville que dans les établissements scolaires d’une part, et de trouver des solutions à la crise du
lien social et au sentiment d’insécurité mis en avant dans notre société d’autre part.
L’école apparaît donc comme un recours à ce contexte social.
La mise en place de l’instruction civique, puis de l’éducation civique témoigne ainsi
depuis plusieurs décennies du souci de l’Education Nationale de former l’élève à la vie civique,
en l’instruisant sur ses droits et devoirs de citoyen.
C’est pourquoi l’école s’est vue confier la mission de promouvoir l’éducation à la
citoyenneté, car apprendre à vivre ensemble c’est d’abord apprendre à vivre ensemble dans
l’école, et mettre en œuvre les règles du savoir-vivre constitue l’une des exigences de la vie
scolaire. Cela afin d’assurer une sérénité indispensable à l’apprentissage et à la sensibilisation des
enfants à une morale civique qui les préparent à s’intégrer dans une société où ils se sentent
responsables.
La question de l’éducation civique à l’école dépasse ainsi son simple cadre pour devenir
un enjeu national.
I 2 Socialisation et citoyenneté
Ces concepts sont assez proches mais le deuxième ne peut se réaliser que sur la base du
premier. Tentons de les définir.
* La socialisation se définit comme l’ensemble des processus par lesquels l’individu
s’intègre pendant l’enfance à la société ; c’est l’apprentissage de la vie de groupe par l’enfant
(Dictionnaire Hachette encyclopédique 2001).
La socialisation est un processus long et graduel par lequel un individu devient un être
social. Elle repose sur un échange constant entre la société et l’individu. Ainsi, dans cette minisociété que constitue la classe, l’enfant fait un apprentissage progressif de la socialisation tout au
long des trois cycles.
Selon la conception déterministe, la socialisation se définit comme le résultat d’un
conditionnement de l’individu. L’enfant est alors considéré comme un être passif que son milieu
doit modeler, façonner. Il est assimilé à un être social dont la société a besoin pour exister et
maintenir l’ordre social. Dès lors, l’école a la fonction d’inculquer à un enfant les valeurs et les
normes admises au sein de la société.
Selon la conception socio-constructiviste, la socialisation est le fruit d’une adhésion plus
profonde et plus ancrée dans la spontanéité même de l’individu. L’être humain disposerait d’une
qualité naturelle, la sociabilité, qui le rend propre à vivre en société. Ainsi, la socialisation
découle de l’action intentionnelle de l’individu pour s’adapter, s’intégrer à un groupe social et y
trouver sa place. Dès lors, l’accent est porté sur l’aspect affectif et personnel du processus tel que
l’enfant utilise ses capacités intellectuelles, de communication, d’échange pour se situer par
rapport aux autres.
* La citoyenneté se définit comme l’attitude d’un individu qui fait preuve de civisme ; qui
se dévoue pour son pays, de l’individu pour la collectivité (Dictionnaire Hachette encyclopédique 2001).
Etre citoyen implique qu’on fait parti d’un corps politique, un Etat, et qu’on a dans ce corps
politique des droits, des devoirs, et donc des responsabilités.
La citoyenneté traduit la qualité de citoyen ce qui implique, pour l’individu de s’engager dans les
valeurs essentielles qui fondent les droits de l’homme et la démocratie. Elle revêt plusieurs
facettes.
La citoyenneté peut être politique, c’est-à-dire liée à l’appartenance à une démocratie et au
fait que cela lui confère des droits et des devoirs politiques.
La citoyenneté peut être civile, dès lors qu’elle repose sur le respect des libertés
individuelles et culturelles, quand elle est axée sur le respect des identités.
C’est pourquoi, il semble primordial que l’individu soit éduqué, formé à l’exercice de cette
citoyenneté : être citoyen, cela s’apprend. En effet, jouir de droits et devoirs suppose que
l’individu ait connaissance des institutions de son pays, des différentes règles et lois en vigueur,
qu’il se les approprie, qu’il puisse les comprendre, les élaborer, les discuter pour les appliquer à
bon escient, faire des choix et prendre des responsabilités.
Ce qu’il faut retenir & ce que ces deux notions sous entendent :
- se connaître soi-même pour s’ouvrir aux autres et mieux les comprendre reste un principe
essentiel de l’apprentissage de la socialisation.
- écouter l’autre, respecter des avis différents et se confronter à la diversité culturelle constituent
les fondements de l’éducation à la citoyenneté.
I 3 Loi, règles et règlements
* La loi admet plusieurs définitions. Nous, nous retiendrons celle qui définit la loi
comme l’ensemble des règles que tout être conscient et raisonnable se sent tenu d’observer
(Dictionnaire Hachette encyclopédique 2001).
Elle ne peut être imposée : on peut imposer des règles, leur application avec des sanctions
mais la loi doit être construite.
La loi est la même pour tous ( « maître compris » dans le cadre de l’école ) et n’admet
aucune inégalité ou injustice.
* La règle apparaît comme un principe, une prescription ou un ensemble de prescriptions
qui doivent servir de ligne directrice à la conduite à tenir dans un cas déterminé (Dictionnaire
Hachette encyclopédique 2001).
Elles sont appliquées dès le moment où elles sont mises en place et aucune indulgence ne
saurait apparaître avec le temps car cela fausserait l’idée de loi.
La règle est constante dans le temps et ne peut souffrir d’aucune souplesse. Cependant, il
faut préciser que l’on peut la modifier si le besoin s’en fait sentir, en expliquant cette nécessité.
* Les règles sont rassemblées dans le règlement, qui se présente comme un texte qui
énonce l’ensemble des prescriptions que doivent observer les membres d’une société, d’un
groupe, d’une assemblée…(Dictionnaire Hachette encyclopédique 2001)..
Le règlement est généralement axé sur trois points qui impliquent la personne concernée au
niveau de ses agissements :
* Je dois  « il est interdit de… »
* J’ai le droit
* J’ai des obligations
 Le règlement de l’école : Chaque école a son règlement interne. Il indique quels sont les
droits et les devoirs de chacun dans l’enceinte de l’école et quelles sont les sanctions encourues
pour manquement à la règle.
Il est porté à la connaissance des parents, et peut être discuté en conseil d’école.
Son utilisation doit respecter des règles d’usage :
- il doit définir la vie dans l’école et ne pas s’attacher à des aspects secondaires
(ouverture/fermeture) ; sinon il risque de ne pas être lu.
- des règles non appliquées équivalent à une absence de celles-ci.
- des règles trop strictes ne seront pas appliquées ; cela ruinerait la notion de loi.
- elles doivent être toutes appliquées ; sinon cela montrerait que certaines peuvent être
détournées.
 Le règlement de classe : affiché dans la classe, il doit être signé par tous les enfants
pour montrer son approbation de celui-ci et des conséquences en cas d’infraction. Il s’attache à
l’organisation générale ainsi qu’aux valeurs ( pas de violence, respect de l’autre ).
Les règles de classe doivent être construites, expliquées et justifiées ensemble dès le début
d’année pour être acceptées. Classer ensuite ces règles par ordre d’importance, permet de
construire une graduation des sanctions qui en découlent.
I 4 Les Instructions Officielles de 2002
a- Au niveau des trois cycles
Apprendre à vivre ensemble est l’un des principaux objectifs du cycle I. C’est à l’école
maternelle que l’enfant découvre l’efficacité de la coopération avec ses pairs ainsi que les
contraintes de cette vie collective. Il construit au fur et à mesure l’ensemble des repères qui
l’aideront à trouver sa place dans le groupe ( que ce soit au cours des activités scolaires ou dans
les situations de vie quotidienne ).
Au cycle II se pose de manière plus évidente la question des règles qui permettent une vie
collective relativement harmonieuse. Les enfants commencent à peine à accepter un point de vue
différent du leur ainsi que la critique. Ils appréhendent la nécessité de règles précises pour que
leur liberté soit garantie et non bafouée.
Ce cycle « constitue une transition importante » entre l’école maternelle ( où la priorité est
donnée à l’acceptation du caractère collectif de la vie scolaire ) et le cycle III ( qui vise à une prise
de conscience des valeurs fondatrices de la vie en collectivité ).
L’éducation civique au cycle III devient un domaine transversal pour « permettre à chaque
enfant de mieux s’intégrer à la collectivité de la classe et de l’école au moment où son caractère et
son indépendance s’affirment ».
C’est à ce stade de la scolarité que l’enfant prend conscience de l’articulation entre libertés
individuelles, contraintes sociales et valeurs partagées. Les divers champs disciplinaires sont
autant d’occasions pour exercer l’enfant à l’écoute et au respect de l’autre qui sont une première
forme d’acceptation de la différence.
Le thème des règles de vie dans la classe se retrouve essentiellement présent dans les
IO de 2002 dans la discipline de l’éducation civique.
Cependant le statut de l’élève citoyen est repris et mis en avant dans d’autres activités et
disciplines.
b- L’éducation civique et le débat hebdomadaire
* L’éducation civique, c’est d’abord une discipline scolaire comme les autres avec un
horaire ( une heure hebdomadaire répartie dans tous les champs disciplinaires ), un programme et
des objectifs. Elle ne se limite pas à l’éducation du citoyen, c’est à dire à l’éducation politique.
Elle concerne tout autant les règles de la vie sociale et les relations entre les individus. Elle est,
pourrait-on dire, une éducation « civile ».
Apprendre à vivre ensemble implique nécessairement une pratique qui favorise, outre
l’acquisition de connaissances simples, l’adoption de comportements respectueux des autres et la
prise de conscience des valeurs civiques. Ainsi, le lien très fort entre les savoirs et les conduites
sociales, entre les connaissances transmises et les pratiques scolaires caractérisent l’éducation
civique, cette discipline pluridisciplinaire.
Le domaine de connaissances de l’éducation civique regroupe un certain nombre de
concepts et la connaissance d’institutions incontournables (La République, l’émergence du
suffrage universel, le rôle du président de la République, du gouvernement et du Parlement,
l’Union Européenne, la francophonie…).
Il s’agit pour l’élève de maîtriser un certain nombre de « concepts » ou de « notions », qu’ils
soient utilisés dans la vie quotidienne par les élèves ou seulement entendus dans le langage de
l’environnement ( famille, enseignants, médias…). Si nous citons les mots « droit, libre,
responsable », il est nécessaire de dépasser l’usage familier et de montrer aux élèves que ces mots
sont des outils indispensables pour réfléchir sur le monde et y agir.
Citons les concepts ou les notions les plus importantes à traiter : la personne, la liberté, l’égalité,
la loi, la propriété et la fraternité.
En exemple, on peut citer la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui peut être une
occasion d’aborder les articles qui concernent les diverses expressions de la liberté.
La connaissance des institutions de la République doit permettre de comprendre les
principes qui les sous-tendent. Ces principes de la République ( ou ces valeurs ) énoncés dans la
Constitution ne sont pas seulement des points de départ ou des référents obligés mais des
fondements de la République. Etre citoyen consiste à les accepter et à les faire vivre. La tâche du
maître est de les transmettre aux élèves, d’en formuler les raisons et de les justifier.
Pour résumer, l’éducation civique n’est pas, en priorité l’acquisition d’un savoir, mais
l’apprentissage pratique d’un comportement.
* Le débat est à la fois une situation et un objectif d’apprentissage de la citoyenneté et des
savoirs, mais aussi de la langue orale, dans sa fonction d’argumentation. Il est obligatoire en cycle
II et III à raison d’une demi-heure par semaine.
La place importante qu’il occupe dans les nouveaux programmes de l’école s’explique par le fait
que le débat est à la rencontre de finalités jugées actuellement décisives pour le système éducatif.
Il est à la confluence :
- de la maîtrise orale de la langue, dont il est un des principaux genres, et qui est un
indicateur fondamental des difficultés et de l’échec scolaire ;
- de l’éducation à la civilité et à la citoyenneté, jugées prioritaire à cause de la
montée des « incivilités », d’une part parce qu’il met en jeu une éthique communicationnelle de la
personne, d’autre part parce qu’il relie politiquement son apprentissage dans l’école de la
République à celui de la participation démocratique d’un citoyen critique dans l’espace public ;
- de la co-construction des savoirs dans la classe, qui constitue une « communauté de
recherche » à partir de problèmes, d’énigmes, de questions, selon le paradigme socioconstructiviste des didactiques disciplinaires, où le conflit socio-cognitif permet d’apprendre en
modifiant ses représentations.
Il exige un certain nombre de précautions pour que son apprentissage se fasse et que l’on ne
soit pas au « café du commerce ».
Le maître doit ainsi laisser s’exprimer les opinions premières des élèves, les amenant peutêtre à les transformer par l’exercice de l’esprit critique et l’apport de connaissances nécessaires
pour donner sens aux questions soulevées.
Le débat développe chez l’élève à la fois la pratique de la liberté d’expression et la
construction de sa personnalité.
L’élève va exprimer son opinion et va apprendre à la confronter avec celle de l’autre. Avant
cela, il va falloir appendre à écouter l’autre, à respecter son tour de parole, à éviter les cris ou
paroles agressives, à s’exprimer clairement. Il lui faudra apprendre que l’expression de son
opinion ne peut se faire que dans le cadre du respect de l’autre et des valeurs des droits de
l’homme et, sans doute plus difficile encore, que si la pluralité des opinions peut s’exprimer dans
ce cadre, ces opinions ne se valent pas toutes pour autant.
L’élève va aussi peu à peu s’affirmer. Le temps de parole mesuré donne à chacun sa chance
face aux « leaders ». Il apprend à maîtriser ses impulsions, à se retenir d’exprimer immédiatement
ce qu’il pense, à accepter de changer d’avis. Il apprend aussi que, s’il doit accepter les règles, il a
le droit de les critiquer et de proposer des améliorations.
Au niveau logistique, afin de faciliter les débats, il est recommandé que la classe soit
organisée de façon à ce que tous les élèves se voient, l’enseignant sera le président de séance ( les
élèves étant trop jeunes pour jouer ce rôle ), et le temps de parole sera limité pour chacun.
Le débat peut concerner aussi bien un incident scolaire que la construction d’une notion,
l’essentiel étant de ne pas se contenter d’un échange de points de vue, mais d’aboutir à une
construction commune.
c- Autres activités & disciplines où le statut de l’élève citoyen est mis en avant
* La chorale exprime une discipline collective faite du respect de chacun pour l’effort
commun.
* La langue vivante : chaque enfant de ce pays est un enfant de l’Europe et un citoyen du
monde.
* Les activités plastiques, par l’implication personnelle qu’elles supposent et la création
collective qu’elles permettent, semblent s’inscrire dans cet apprentissage de la citoyenneté.
II L’élève citoyen :
Par l’éducation civique, l’élève est conduit dans la classe et dans l’école, à réfléchir sur les
règles de la vie en commun et sur leur nécessité. Pour aider au règlement pacifique des conflits
qui marquent tout groupe social, petit à petit doivent se construire des attitudes de respect de soi,
de respect des autres, d’autonomie et de souci du bien commun.
II 1 Construire les règles de vie régissant la classe
Pourquoi ?
L’élève se soumet à un ordre, à des règles s’il comprend ce qui les justifie. Construire
collectivement les règles de vie dans la classe créent un respect réciproque, permet de sécuriser
les élèves, de les structurer et de les socialiser en mettant en avant les notions de civilité, de
langage et de rapports sociaux.
C’est alors à l’enseignant d’éclairer l’élève et d’expliquer que pour que l’année soit utile à
tous, nous avons besoin de règles de vie pour fixer les limites autorisées. A l’école, il y a une vie
en société avec des règles, des droits et des devoirs ; il faut respecter chacun et apprendre à
s’entraider.
 La dimension citoyenne vaut parce qu’on est là pour apprendre des choses.
Comment ?
A l’origine, le règlement de classe doit répondre à un besoin. C’est parce qu’ils ressentent
des difficultés dans l’organisation ou le climat de la classe que les élèves, sur proposition du
maître, vont essayer ensemble de trouver les règles simples permettant d’améliorer la situation. Il
faut penser à l’application du règlement au moment où on le rédige : il est difficile pour de jeunes
élèves d’avoir en tête de nombreuses règles qu’ils ne respecteront pas car ils les auront oubliés ; il
est préférable de se contenter d’en formuler trois ou quatre et d’être strict sur leur respect.
Dans quels buts ?
Construire collectivement les règles de vie régissant la classe développe chez l’élève la
responsabilisation et l’autonomie.
Prendre des décisions concernant son milieu de vie, développer son autonomie, coopérer
avec ses pairs, les adultes dans le cadre d’actions concernant les autres ( ce qui permet de briser le
danger de communautarisme engendré par la vie de groupe, en classe ou à l’école ), apprendre à
respecter l’autre dans la classe, dans la cour, et en dehors de l’école, tels sont les premiers pas
d’un apprentissage de la démocratie.
II 2 Acceptation de la sanction
Comment l’élève peut-il accepter les sanctions* ? Comment doivent-elle alors
apparaître ?
* La notion de sanction sera essentiellement développée dans la partie « Rôle, place et attitude de l’enseignant », III,
2, a.
La sanction est une réponse de type privatif, à une transgression. Elle peut servir de
référence éducative dans le sens où elle place l’élève devant sa propre auto-responsabilisation.
Elle doit contenir une dimension éducative et doit être basée sur une loi codifiée et
prévue ; ce qui permet à l’élève d’anticiper les conséquences de son acte.
Elle doit :
- être claire et non arbitraire. Elle n’est pas liée à l’humeur de l’instant.
- ne pas être humiliante et ne doit pas agir sur l’estime de soi des élèves.
- s’adresser à un ou des individus et ne peut être collective ( toujours au cas par cas ). On ne peut
pas être sanctionné pour une faute qu’on a pas commise.
- être perçue comme juste par l’élève.
Parallèlement au règlement, le système de sanctions doit être discuté avec les élèves. Il
permet de bannir l’aspect négatif de la punition, arbitraire, sans raison apparente pour le fautif,
parfois injuste, où un simple bavardage peut être sanctionné de la même façon qu’une bagarre. A
chaque règle doit correspondre une sanction précise en cas d’infraction, en tenant compte de
l’importance de la faute. En effet, il existe différents types de mauvais comportements : refus de
travailler*, perturbation de la classe, défi de l’autorité, actes immoraux ( tricherie, mensonge ),
agression physique ou verbale, qui ne peuvent être sanctionnés de la même façon.
* On ne peut cependant pas intégrer le refus de travailler aux comportements à sanctionner.
Effectivement, un des principes de loi stipule que nul ne peut être mis en cause pour un
comportement qui ne porte tort qu’à lui-même. De plus, il existe une circulaire, applicable à
l’école élémentaire, qui interdit les punitions pour absence de résultat.
Toutefois, la mission de l’école étant d’instruire, on ne peut laisser cette situation sans
conséquence. Faire exécuter le travail non fait ou « bâclé » pendant que les autres élèves se
détendent ou s’occupent à une activité plus distrayante peut apparaître comme une solution.
Avec les élèves, une fois les règles classées, il s’agira de trouver les sanctions adéquates qui
seront données après avertissement.
En mesurant la gravité de l’acte répréhensible, on peut graduer les sanctions. Ce système pouvant
être ajusté selon les problèmes rencontrés.
Pour résumer, ces sanctions, proportionnelles aux fautes, sont érigées avec les élèves pour
qu’ils acceptent mieux le système.
III Rôle, place et attitude de l’enseignant
Le rôle du maître est de montrer de l’intérêt pour les apprentissages, adapter les contenus,
organiser des activités et prévoir des supports.
La façon de tenir ce rôle est différente selon la personnalité. Mais d’une manière générale, il
est mis en avant que l’enseignant doit toujours :
- être à l’écoute des élèves.
- s’adresser à la fois au groupe et aux individus.
- porter un regard positif sur les élèves.
- s’assurer de la compréhension par des questions ou des reformulations, tout en prenant compte
sans délai des réactions individuelles.
- régler les situations conflictuelles en proposant le dialogue en vue de rechercher une solution
acceptable.
- jouer les exemples, féliciter ceux qui conservent le contrôle d’eux-mêmes quoi qu’il arrive,
affirmer ses valeurs « Le vrai courage c’est de ne pas répondre à la provocation ».
- trouver la bonne distance avec les enfants, aussi bien dans le geste que dans la parole : adopter
une attitude de réserve.
III 1 Objectifs pédagogiques
Au niveau du vivre ensemble et des conflits qui peuvent en résulter, l’enseignant doit se
donner des objectifs, tels apprendre à différer sa plainte, apprendre à s’excuser, à réparer et
apprendre la maîtrise de soi.
* Apprendre à différer sa plainte : C’est lors d’un conflit ou d’une provocation, qu’il faut
inciter l’élève à ne pas répondre ou cesser de se battre pour mettre en mots écrits ce dont il se sent
victime.
L’élève peut écrire sa plainte sur une feuille volante et la remettre à l’enseignant. Ce recul permet
à l’élève soit de confirmer sa plainte et sa demande de réparation, soit de se sentir tout autant
responsable du conflit de son camarade et par conséquent de retirer sa plainte.
Le traitement des plaintes doit se réaliser collectivement en se référant au règlement intérieur de
l’école et de la classe.
* Apprendre à s’excuser, à réparer : Lors d’un conflit ouvert où les deux protagonistes
sont mutuellement responsables, quelques mots d’échange peuvent quelque fois suffire pour
apaiser les tensions. La proposition de poignée de main, pour symbolique qu’elle soit porte sa
force d’émotion et de communication. Proposer à l’enfant de présenter des excuses orales ou
écrites en veillant à y mettre des formes est une bonne piste.
Quand l’infraction est avérée, quand il y a eu un éventuel dégât matériel, en Conseil si besoin ou
lors d’un simple dialogue, il est intéressant d’ouvrir avec l’élève qui est sorti de la Loi une
discussion en lui proposant de chercher comment réparer.
* Apprendre la maîtrise de soi : L’enseignant doit amener l’élève à contrôler son propre
corps, lui montrer qu’il est d’abord son propre chef et qu’il ne doit pas répondre aux
provocations, en validant que le provocateur cherche souvent à faire sortir la victime potentielle
de sa réserve pour qu’un conflit éclate et que la victime puisse devenir coupable.
Il peut à cet effet proposer des activités où il faudra se maîtriser : organisation de la page, copie
parfaite, travaux informatiques qui demandent une certaine précision, jeux d’adresse, « Jacques a
dit… », dessins et calligraphie…
III 2 Quelle attitude adoptée lors de conflit ?
Quand un conflit éclate et lorsque celui ci apparaît comme négatif et non productif aux
apprentissages ( altercation entre deux élèves, opposition envers le maître…) ; il est impératif
pour l’enseignant d’appliquer trois méthodes pour le gérer.
1- Le jugement : régler le conflit au regard du règlement intérieur discuté avec les élèves au début
de l’année scolaire.
2- La conciliation : concilier les deux élèves en conflit ; pas de perdant ni de gagnant.
3- La contrainte : La stratégie d’action pour la résolution du conflit est imposée.
a - Mettre en place une sanction
La sanction est une « peine ou une récompense destinée à confirmer un jugement
concernant la conduite ou l’action d’une personne » (Larousse Encyclopédique, 1983). Elle peut se
définir dans notre contexte comme un châtiment ou une récompense appliquée à une personne
dans la mesure où son action transgresse ou respecte une règle relative à la conduite ( Grand
Larousse de la Langue Française, 1977 ).
Elle peut donc être positive ou négative : la perspective de la sanction, c’est aussi la récompense.
S’il y a des peines, il y a aussi des récompenses. Car comme il y a des interdits, il y a des choses
autorisées.
Elle peut aussi se définir comme une punition infligée par la loi à celui qui l’enfreint.
Punition et sanction seraient donc synonymes ?
En général, la sanction a une connotation plus positive car moins arbitraire et plus réfléchie que la
punition.
Toute personnalité a besoin, pour se structurer, de rencontrer des interdits. La sanction est la
conséquence logique et proportionnelle du non respect d’une règle. Elle a différents sens :
► C’est la réparation du dommage causé au groupe, à autrui, voire à soi-même ; inverse de
la faute, elle lui est proportionnelle.
► Elle est préventive et dissuasive : l’interdit ou la peur de la punition supprime l’occasion
d’une faute.
► Elle permet au coupable d’expier sa faute en subissant une peine sans lien avec la faute
commise.
► Elle rassure la foi en la règle.
Mettre en place une sanction suppose quatre conditions :
1- L’existence d’une référence : loi – règlement – consensus.
2- La connaissance d’une réponse de caractère privatif ou interdictif, adapté à l’importance
de la transgression.
3- Un garant connu ( enseignant ou directeur ) chargé de rappeler la loi et les conséquences
d’une transgression.
4- Une transgression volontaire ( s’il y a méconnaissance de la loi, cela s’appelle une
erreur ).
Seulement, pour éviter tout excès ( que la sanction ne devienne punition ) , il faut :
 Toujours énoncer la cause de la sanction,
 Eviter l’humiliation car c’est une occasion de repartir à zéro,
Adapter et proportionner la sanction à la faute,
La réfléchir : sous la colère, elle se change en punition.
Bien qu’étant un instrument de conformisation, la sanction a pour but, à long terme, de
promouvoir l’émergence d’une liberté en attribuant aux élèves la responsabilité de leurs actes.
C’est un « mal nécessaire » ( Philippe Meirieu ).
b - Mettre en place une punition
La punition est une réaction ( souvent émotionnelle ) à un comportement perçu comme une
transgression ou une faute. Elle est prise le plus souvent non en fonction de ce qui s’est passé,
mais en fonction du retentissement, de la résonance chez celui qui découvre la transgression.
Souvent la punition sera prise, non pour réparer, mais pour accentuer la culpabilité ou servir
d’exemple, ce qui explique que la punition est une sanction majorée ( « comme cela il ne
recommencera pas… »)
La punition unilatérale, outre la comptabilité pénible qu’elle impose, a pour défaut de
renforcer l’enseignant dans la confusion des genres ; le rendant juge et policier, voire juge et
partie s’il est lui-même victime. Son caractère subjectif a pour effet de la rendre injuste aux yeux
de celui qui la reçoit.
Elle apparaît cependant dans le cadre de l’école comme un acte légal qu’un individu décide
à un moment donné. Elle entretient, dans l’urgence, une relation duelle et conflictuelle entre celui
qui agit dans une démarche de pouvoir/puissance et celui qui la reçoit.
L’arrêté du 18 janvier 1887 indique que les seules punitions à donner sont : mauvais points,
réprimande, privation partielle de récréation, retenue après la classe sous surveillance de
l’enseignant et exclusion temporaire. Il précise aussi l’interdiction pour le maître de frapper
(légitime) et de tutoyer (prouvant la vétusté de l’arrêté). On peut compléter cette liste par du
travail supplémentaire (verbes à conjuguer, exercices, lignes, recopier règlement, travail non fait à
refaire…).
Toutefois, quand le comportement d’un enfant perturbe gravement et de façon durable le
fonctionnement de la classe et traduit une évidente inadaptation au milieu scolaire, la situation de
cet enfant doit être soumise à l’examen de l’équipe éducative prévue à l’article 21 du décret n°90788 du 6 septembre 1990.
Les conséquences prises selon une procédure particulière et précise peuvent être un retrait
provisoire de l’école ou un changement d’école.
Le nouveau régime des sanctions et des actions disciplinaires applicables dans les collèges
et les lycées, de juillet 2000, s’inscrit dans une logique éducative visant à impliquer l’élève dans
une démarche de responsabilité vis-à-vis de lui-même comme vis-à-vis d’autrui : « les sanctions
ne prennent, en effet, sens et efficacité que lorsqu’elles s’inscrivent dans un dispositif global
explicite et éducatif au travers duquel se construisent respect d’autrui, sens de la responsabilité et
respect de la loi » ( BO spécial n° 8 du 13 juillet 2000).
on peut s’en inspirer et retenir que les sanctions disciplinaires sont dorénavant soumises à quatre
principes du droit pénal :
 Légalité : Elles sont inscrites dans le règlement intérieur ( ainsi que leurs procédures ),
elles sont les mêmes pour tout le monde et ne sont pas aléatoires.
 Proportionnalité : faire preuve de compréhension à l’égard de l’âge de l’élève qui
conditionne ses capacités de compréhension et de transgression des règles.
 Individualisation : s’adresser à un ou quelques individus dont la causalité est reconnue.
 Contradictoire : confrontation des points de vue, toutes les parties en cause doivent être
entendues.
Ce qu’il faudrait retenir c’est que la sanction est beaucoup plus socialisante pour l’élève.
Parce qu’elle renvoie l’acte à sanctionner au règlement qui n’appartient pas à l’enseignant
( objectivité ) et parce qu’elle le renvoie à la problématique des droits et des devoirs.
Ce qui peut être intéressant pour des élèves en manque de repères sociaux.
 Sanctionner c’est faire preuve d’autorité en confrontant l’enfant à la réalité qui l’entoure.
 Punir c’est faire preuve de pouvoir et de puissance, en plaçant l’enfant dans
l’impuissance et la soumission.
Deuxième partie : Aspects pratiques
I Sensibilisation au thème du règlement de classe : Stage en pratique
accompagnée :
Ce stage dans une classe de CM1/CM2 à l’école Champollion à Dijon m’a permis entre
autres de me sensibiliser au thème du règlement de classe.
I 1 Un contexte éducatif particulier
J’ai effectué mon premier stage en pratique accompagnée à l’école élémentaire de
Champollion, école classée en ZEP.
Lors de mon accueil, le directeur a renseigné les stagiaires de la spécificité du public que
l’on allait rencontrer.
En effet sur un effectif total de 120 élèves, 70% sont d’origine étrangère. Une population
d’origine marocaine en est la plus grande partie. A ce niveau des cours d’arabe sont proposés le
soir après la classe.
Il nous fallait savoir et tenir compte que le niveau économique des familles est
généralement assez faible et que l’enrichissement culturel est ici un rôle non partagé et dévolu à
l’école.
Cette école bénéficie d’une présence importante du RASED ( réseau d’aides aux
enfants en difficultés ), du dispositif du CP renforcé ( à faible effectif, pas plus de 12 élèves par
classe avec un intervenant ), d’un dispositif particulier en maths « le contrat de réussite » qui
concerne les cours moyens et du « Havre du soir » qui consiste en des cours de soutien scolaire
facultatif le soir après la classe. C’est un véritable succès puisque 83 élèves sur les 120 y sont
inscrits.
Le règlement intérieur de l’école développe de nombreux points au niveau de la
socialisation et de la citoyenneté que doivent faire preuve les différents acteurs qui agissent à
l’école. On peut relever quelques exemples significatifs :
- Le maître s’interdit tout comportement, geste ou parole qui traduirait indifférence ou mépris à
l’égard de l’élève ou de sa famille. De même, les élèves…
- Tout élève se montrera poli et respectueux vis à vis des adultes. Il se montrera serviable et
tolérant vis à vis de ses camarades et développera des actions d’entraide.
- Les élèves sont encouragés par le maître à la pratique de l’ordre et de l’hygiène, pour le respect
de soi, des autres et des locaux.
I 2 Fonctionnement de la classe de CM1/CM2
Lors des deux premiers jours d’observation, j’ai pu remarquer que le temps perdu par les
bavardages, les chahuts étaient décomptés par le maître qui demandait alors à une élève d’aller
inscrire sur un tableau annexe ce temps exprimé en secondes qui pouvait s’accumuler et qui était
repris soit à la récréation, soit à la sortie.
Ce tableau accroché près de la porte d’entrée mais pas sur le même mur que le tableau noir
comportait tous les prénoms des élèves, des sigles qui correspondaient à « retardataires » et
« lois ». Je venais de découvrir le système mis en place dans cette classe qui me paraissait alors
assez complexe.
Les règles de vie ont été élaborées en présence des élèves. Ce sont eux, qui se sont
déterminés les droits, les devoirs et les sanctions pour le bien vivre et le bien apprendre dans la
classe. Ce système est accepté par les élèves car il est juste.
Cependant quatre lois naturelles ont été imposées par le maître :
Je ne me bats pas.
Je ne me moque pas.
Je ne coupe pas la parole.
J’écoute celui qui parle.
On peut dire que ces lois sont très culturelles. La forme négative de trois d’entre elles
traduit ainsi des obligations et des devoirs de l’élève. Celles-ci sont à la fois des règles de vie
socialisantes et une base nécessaire à la construction de l’élève citoyen que l’école cherche à
atteindre.
On peut les qualifier de naturelles, en ce sens qu’elles s’imposent comme une base
nécessaire à la cohésion sociale du groupe classe et à la possibilité de vivre ensemble de façon
respectueuse. Et que celles-ci sont accessibles et assimilables facilement, sans le besoin d’une
instruction particulière mais par le raisonnement.
On ne peut pas les inventer ; ce sont comme des règles du jeu que le maître ne peut
qu’imposer au départ pour permettre ensuite la création de règles plus personnelles qui
gouverneront la classe.
a - Le conseil : clé de voûte de la classe
Il s’agit d’un moment de concertation entre le maître et les élèves et entre les élèves entre
eux où sont évoqués les problèmes que connaît la classe dans son fonctionnement, ou des sujets
que le maître trouve pertinent à traiter. Les élèves sont également amenés à régler les conflits qui
ont pu intervenir récemment.
Un conseil a eu lieu la première semaine.
Le maître a demandé aux élèves : Qui pense que la classe ne marche pas ?
19 élèves sur 21 ont répondu favorablement.
Le maître leur a demandé d’argumenter ; puis après quelques échanges le maître leur a demandé
quelles propositions seraient opportunes.
Les élèves ont ainsi pu proposer de respecter d’avantage les lois de la classe, surtout le fait de ne
pas insulter les autres et que chacun améliore son comportement.
Cependant cela pose d’énormes problèmes à mettre en place ; les élèves ne savent pas
s’écouter et ont du mal à prendre la parole.
b - Attitudes & réflexions de l’enseignant
Pour les relater, j’ai préféré proposer une interview à l’enseignant.
1° / Comment se comportent les élèves dans votre classe d’une manière générale ?
Entre eux ?
Les élèves sont très égocentriques. La loi qui prédomine est la loi du plus fort et du chacun pour
soi. Sans cesse ils se provoquent et la plupart du temps les règlements de compte se finissent par
un pugilat.
Et envers vous ?
Je suis très dur en début d’année. Je ne leur pardonne rien mais toujours dans le souci d’être le
plus juste possible. Je leur explique qu’ils ont des droits mais aussi des devoirs.
2°/ Comment se manifestent les gestes d’incivilités entre les élèves et envers vous ?
Il y a beaucoup de provocation verbale, d’insultes. Le savoir, la culture, la réussite scolaire sont
synonymes pour eux de « bouffonnerie ».
La suprême insulte étant « intello », ils ont un rejet très fort pour tout ce qui est assimilé à
l’intellect.
Envers moi, il y a beaucoup de respect car je suis à l’écoute et prend en compte chaque plainte
ou demande même si elle me semble parfois futile.
3°/ Sont-ils autonomes ? Recherchez-vous à développer leur autonomie ? Quels sont vos
moyens, vos outils ?
Pas du tout. C’est un gros travail en début d’année. Ils ne savent pas travailler seul, ils ont un
gros déficit en lecture et souvent un dégoût de tout ce qui est scolaire avec très peu le goût de
l’effort. J’essaie de construire la classe autour de leurs difficultés.
J’essaie dans la mesure du possible de pratiquer le travail individualisé et de développer le
travail de groupe, la coopération.
4°/ La socialisation de vos élèves vous paraît-elle satisfaisante ? Les élèves se respectentils ?
Evidement non ! C’est le gros problème de la ZEP. Ils sont pour la plupart du temps livrer à euxmêmes et procèdent par la violence pour régler leurs problèmes. Le respect, ils le vivent très mal
quand on ne les respecte pas mais ne l’applique pas forcément à l’inverse.
5°/ Qu’est ce qui dans les nouveaux programmes au niveau du cycle III développe la
socialisation d’après vous ?
La ½ heure de débat hebdomadaire dans laquelle la classe organise et régule la vie collective :
les élèves doivent être capables de prendre part à l’élaboration collective.
6°/ Comment développer l’attitude citoyenne de vos élèves ?
Au niveau des apprentissages ?
La coopération. Il est, il me semble, essentiel de monter un projet éducatif avec les enfants afin
qu’ils se sentent impliquer à part entière dans les apprentissages.
Au niveau de la gestion de la classe ?
Les élèves doivent être capables de :
-prendre part à l’élaboration collective des règles de vie de la classe et de l’école.
-participer activement à la vie de la classe et de l’école en respectant les règles de vie.
-participer à un débat pour examiner les problèmes de vie scolaire en respectant la parole
d’autrui et en collaborant à la recherche d’une solution.
I 3 Analyse de pratique de classe
a - En tant qu’observateur
En situation de crise ou de conflit, l’enseignant cherche dans un premier temps à amener les
élèves à regarder la situation en face, puis dans un deuxième temps à régler les conflits de
manière collective afin que ceux-ci acceptent les mesures qui peuvent résoudre cette situation
difficile.
Il est intéressant de noter que l’enseignant par cette attitude met l’institution en position
ultime. Pour l’enseignant, un élève citoyen est un élève acteur, qui se détache de son « égo » pour
prendre conscience de sa position vis à vis des autres et qui avec les autres réfléchit, propose et
construit les règles de vie du groupe classe.
Il semble que l’enseignant considère qu’à l’école il y a une vie en société avec des règles,
des devoirs et des sanctions où chacun doit se respecter et s’entraider ( = « la coopération » ).
b - En tant qu’acteur
Lors de ce stage, j’ai pu mettre en place une séquence de trois séances en arts visuels sur
le thème de la géométrisation de la figure humaine ( cubisme & art abstrait ).
La première séance s’est déroulée dans la classe. Il s’agissait de découvrir l’œuvre de Paul Klee
Senecio par un jeu de fenêtre qui révélaient au fur et à mesure certaines parties de l’œuvre.
Les élèves ont été intéressés. Je leur demandais de décrire ce qu’ils voyaient, puis de
formuler des hypothèses sur ce que pouvaient représenter l’œuvre et ses intentions.
Le reste de la séance à consister à reproduire sur une feuille le tracé du visage et de ses
découpes au crayon ; pour ensuite proposer aux élèves une production personnelle en respectant
les techniques découvertes.
La deuxième séance, le vendredi après-midi suivant, consistait à réfléchir sur les couleurs
utilisées afin d’en dégager l’intention artistique, à mettre en évidence les couleurs chaudes et
froides, et enfin de mettre en couleur les travaux des élèves.
Cette séance s’est déroulé dans une autre salle de l’école, la salle d’arts plastiques. Les
élèves étaient en groupe de quatre installés sur des tabourets pivotants.
Dès le départ, leur attention n’était pas optimale. Beaucoup gigotaient sur leur tabouret. Les
conversations ou les remarques orales interrompaient souvent le cours de la séance. De mon côté
j’attendais le silence, signifiais aux élèves qu’ils perdaient du temps pour la mise en couleur,
rappelais à l’ordre les élèves nominativement.
Lors de la réalisation par les élèves, ceux-ci se permettaient de parler fort, de faire de
l’humour à haute voix, et certains se chamaillaient.
Malgré ma manifestation orale et physique afin de rétablir un certain ordre, le volume
sonore augmentait, les élèves gribouillaient les papiers de protection des tables jusqu’à les
déchirer. L’enseignant a du intervenir et retirer un élève perturbateur du groupe classe.
J’étais à la fois soulagé de pouvoir m’appuyer sur quelqu’un dans une situation où je
n’avais plus le contrôle, et déçu de mettre trouvé désarmé. Avec un certain recul, je pense que la
non maîtrise du fonctionnement même de la classe ainsi que des outils qui existaient : les lois, les
règles et les sanctions propres en ont été en parti la cause.
Le fait également que les élèves n’étaient pas dans le lieu géographique de la classe qu’ils ne
quittaient pas encore, la planification des tâches à accomplir ne leur est peut-être pas apparue
claire.
La troisième séance a eu lieu la semaine suivante, le samedi matin. Il est évident que je ressentais
beaucoup d’appréhension même si j’avais à coeur d’achever ce projet et de me rassurer dans ma
capacité à conduire la classe.
Lors de la prise de classe, j’ai été plutôt ferme quant aux règles de conduite à observer lors
d’un déplacement vers une autre salle et lors de la réalisation plastique.
Par anticipation, j’avais prévu que certains élèves auraient terminé avant les autres. J’ai
alors pensé à un travail collectif qui consisterait à réaliser un modèle avec les mêmes
caractéristiques que le travail initial mais en taille très réduite. Les élèves découperaient ce
personnage et viendraient le coller sur un fond commun de couleur noir.
Au-delà d’une poursuite de travail en arts visuels, cette réalisation collective permettait de
faire coopérer les élèves entre eux, et de figurer visuellement que ce que l’élève avait produit
faisait partie d’une oeuvre, d’un ensemble dans lequel il avait une place.
Le bilan de cette séance est positif. Les élèves étaient calmes et leur attitude assez
studieuse. Le temps prévu initialement pour cette activité a été allongé naturellement (jusqu’à
l’heure de sortie).
Les élèves ont eu à cœur de tous réaliser leurs petits personnages ( travail prévu
initialement et seulement pour les plus rapides ) et de venir le placer parmi les autres.
Au fur et à mesure, les élèves ont rejoint leur classe afin de noter leurs devoirs et de préparer leur
cartable.
Le bilan général du projet est également positif. Les élèves ont aimé ce qu’ils ont produit.
L’exposition des travaux des élèves a été réalisée dans le couloir. Les élèves étaient à la fois ravis
de montrer aux autres élèves ce qu’ils avaient réussi à produire, et aussi d’entendre des remarques
positives spontanées sur leurs travaux de la part de leurs pairs et des adultes
II Mise en place de règles de vie dans la classe : Premier stage en
responsabilité :
Ce stage dans une classe de CE2/CM1 ( 16 CE2 et 5 CM1 ) à l’école élémentaire de
Laignes ( Côte d’Or ) m’a permis de mettre en place en collaboration avec les élèves des règles
de vie dans la classe.
Le travail s’est effectué dans le cadre de l’éducation civique et lors du débat hebdomadaire.
Le sujet était les règles de fonctionnement du cours double.
II 1 Objectifs de départ
Les objectifs de départ étaient d’une part d’amener les élèves à prendre conscience de
l’articulation entre liberté personnelle, contraintes et obligations de la vie sociale et affirmation de
valeurs partagées, et d’autre part permettre à l’élève de s’intégrer à la collectivité de la classe.
Au niveau des compétences générales attendues des élèves, j’attendais de leur part d’être en
situation de dialogue collectif tout en conservant le fil de la conversation et en attendant son tour
de parole. En situation de groupe, les élèves étaient amenés à prendre en compte les points de
vue des autres membres en vue d’organiser une production qui devait être rapportée oralement
devant la classe.
Au niveau des compétences spécifiques attendues des élèves dans ce type de travail, les
élèves devaient être capables de participer à un débat pour examiner les problèmes de vie scolaire
en respectant la parole d’autrui et en collaborant à la recherche d’une solution.
Ainsi les élèves devaient prendre part à l’élaboration collective des règles de vie de la
classe.
II 2 Déroulement, organisation
En introduction, j’ai proposé aux élèves de débattre sur la situation du cours double.
Qu’est-ce que c’est ?
Certains l’ont-ils vécu ? Comment ?
Y’a t-il des avantages, des inconvénients ?
Comment doit-on se comporter ? Y’a-t-il des droits et des devoirs à observer ?
Voici quelques éléments pertinents relatés lors de cet échange :
- Quand on travaille et que la maîtresse parle tout fort aux CM1, des fois ça nous déconcentre ;
Yohan, CE2.
- Moi je trouve que c’est bien, comme ça l’année prochaine on pourra plus vite apprendre ;
Manon, CE2.
- Quand on a un peu de difficultés et qu’ils font la même matière, ça nous aide à se rappeler ;
Mélanie, CM1.
Lors de ce débat, j’ai noté au tableau certaines remarques pertinentes des élèves.
Préalablement, j’avais prévu d’organiser le tableau en plusieurs colonnes qui regrouperaient
avantages, inconvénients, droits, devoirs et sanctions.
Au 2/3 du déroulement du débat, lorsque chaque colonne contenait au moins une idée, j’ai révélé
aux élèves le titre de chaque colonne afin de relancer le débat et de pousser les élèves à prendre
position et à formuler des arguments.
A la fin du débat, voici ce qui était inscrit au tableau :
Lecoursdouble
Avantages
Inconvénients
Droits
Devoirs
Sanctions
* écoutecequedisentles * déconcentration
autres
* l’autonomiedéveloppée
* revoirdeschoses
(ceuxducours)
* dessiner
* lire
* faireses
devoirs
* êtrecalmequandlemaîtreest * copierune
avecun groupe
pagedelecture
* bienécouterlesconsignespour * alleraucoin
nepasdérangerlegroupequi * tâche
travaillentaveclemaître.
Par groupe de quatre, j’ai invité les élèves à rédiger sur une feuille A3 plusieurs phrases
énonçant les règles de comportement que l’on doit avoir en situation de cours double.
En passant dans les rangs lors de la progression du travail, j’ai du mettre en garde les élèves afin
que ceux-ci ne veuillent à tout prix sanctionner, mais que certaines de leurs règles pouvaient
commencer par « J’ai le droit de… ».
Pour la mise en commun, un rapporteur par groupe fut désigné. Au tableau, il exposait les
règles réalisées en groupe. Je demandais à chaque fois si cela avait été facile d’être d’accord et
aux autres élèves de faire des remarques sur ce travail.
A la fin, étaient affichés au tableau tous les travaux des élèves sans que je sois intervenu au
Quandon
finions’ocupe de Ne
dérangerlesautr
esla syntaxe.
quenjefaitdonberune
niveau
deal’orthographe,
la pas
grammaire
et de
jentimentsentfairede
sinoncopierunepagede
Quandj’aifinimontravail
troussejedoisnétoillerla
bruit!
lecture.
jelis,jedessineoujefait
classebandanune
mesdevoir,nepascraché
semaine.
Quandontravailleonne
Siona finisontravaille
surlesautresetnepas
quandonnafininotre
parlepasavecsonvoisin.
ons’avancesurlesdevoir.
mettredescoupdepiedne
travalleonpransun
ouonfaitdesdessins.
pasrotéenclasseetnepas
livre.
Silemaîtreparleetqu’on
prendresoncompapourle
quandona fininotre
n’a besoindelui onlèvele
Quandona finiletravalle
piquésurlesfesse.
travalleonprendun
doitetonatent.
onrevoideschose.
livre.
En classecen’estpasune
onnapasleproidde
salledejeuc’estunesalle
fairepipietcacaen
pourapprendre.
classe.
Nepasdiscuterenmêmetemtquelesautres.
Ecoutéla maitresseoulemaitre.
Nepasmangerdebonbonenclasse.
Nepasjouéenclasse.
Nepass’envoyerdemots.
Nepasparléquandla maitresseestpartie.
Au WC onnedoitpasfairpipià coté.
Nepassebagarer.
II 3 Élaboration
A partir des travaux de groupe, j’ai demandé aux élèves de rédiger collectivement sous une
dictée à l’adulte les principes de fonctionnement du cours double que l’on appliquera en classe.
Voici ce qui fut rédigé au tableau :
- Quandlemaîtreestoccupéavecun groupe,l’autregroupedoitêtresilencieux.
- Quandona finiun travail,onpeuts’occupergentiment( dessiner,lire,fairesesdevoirs,réviser…)
- Pourtravaillerenautonomie,il fautavoirbienécouterlesconsignesaudépartetposerlesquestionssurcequ’onnesaitpas.
A la fin de cette séance, j’ai annoncé aux élèves que je me chargeais de les recopier sur une
grande affiche qui serait apposée au mur de la classe.
Le titre serait « Nos principes de fonctionnement du cours double ».
II 4 Analyse de pratique de classe
Le bilan est plutôt positif. Les élèves ont réalisé le travail souhaité : prendre part à un débat
en vue d’élaborer collectivement des règles de vie de classe.
Cependant il aurait fallu auparavant expliquer lexicalement ce qu’est un débat (examen et
discussion d’une question par les personnes d’avis différent. Conflit moral.) et débattre
(discuter, examiner une question de façon contradictoire de manière à contredire les idées
d’autrui avec une ou plusieurs personnes), car il me semblait que les élèves répondaient plus à
mes sollicitations qu’ils ne s’interpellaient entre eux.
Bien que j’aie demandé aux élèves de réfléchir à d’éventuelles sanctions, celles-ci ont été
omises délibérément lors de l’élaboration des règles.
Au départ je pensais qu’il était important que les élèves réfléchissent et proposent de
réparer leur écart de conduite, puis dans l’action il m’est apparu qu’il était plus intéressant de
travailler sur des principes de comportement plus que sur un règlement incluant des sanctions.
A l’oral j’ai signalé et expliqué aux élèves que lorsqu’on ne respecte pas les règles
auxquelles on adhère, la sanction qui peut en découler est juste et normale, mais qu’elle doit être
prise dans un contexte particulier et au cas par cas.
Lors du travail de groupe qui consistait à rédiger plusieurs phrases énonçant des règles de
fonctionnement du cours double, certaines furent hors de propos ; « Au WC on ne doit pas faire
pipi à côté ». J’ai demandé aux élèves pourquoi ils avaient écrit cela ; ils m’ont répondu parce que
c’était vrai. A l’oral, je n’ai pas trop insisté, je leur ai juste indiqué qu’il ne s’agissait pas de
règles de fonctionnement du cours double mais des règles de propreté, d’hygiène.
Ce travail visait à prendre conscience aux élèves de l’autonomie qu’ils peuvent bénéficier
dans la classe. Le but a été atteint.
J’entends par autonomie, une libre décision de l’élève dans un cadre déterminée
préalablement. Par exemple : quand un élève finit son travail avant les autres, il peut dessiner,
lire, continuer un travail en cours ( arts visuels…), se déplacer ( BCD… ). Il s’agit donc pour lui
de bénéficier d’une certaine liberté ; pendant un moment très limité dans le temps il gère
librement ses activités.
Conclusion
La société a changé, et, avec elle, les élèves. Ils tolèrent de moins en moins l’injustice.
Mieux, ils ne supportent pas la contrainte des règles quand le sens leur échappe. Dans une société
pluraliste comme la nôtre, l’école doit être un agent de cohésion : elle doit favoriser le sentiment
d’appartenance à la collectivité, mais aussi l’apprentissage du « vivre ensemble ». Dans
l’accomplissement de cette fonction, elle doit promouvoir les valeurs qui fondent la démocratie et
préparer les jeunes à exercer une citoyenneté responsable.
C’est pourquoi l’établissement des règles de vie régissant la classe et des sanctions qui découlent
de leur transgression doivent s’établir en collaboration avec les élèves, qui les accepteront mieux
et les respecteront.
Ce mémoire m’a donc permis de mettre en avant des objectifs diversifiés que permettent
d’atteindre la mise en place de règles de vie dans ces conditions.
Le premier objectif atteint vise un premier niveau de compréhension de ce qu’est la loi ( sa forme,
sa nécessité et sa nature ). Le deuxième objectif est de prendre conscience que, dans la vie
sociale, tout droit reconnu s’accompagne d’une ou plusieurs obligations : non seulement le droit
ne peut s’exercer que dans certaines limites, mais exige une réciprocité. Il suppose donc des
devoirs. Cette réflexion sur les droits et les obligations permet aux élèves de commencer à
construire les notions de citoyenneté et de responsabilité.
En ce qui concerne les conduites sociales, le temps consacré à cette élaboration est aussi un
moment privilégié pour prendre conscience de la vie en groupe, pour prendre des décisions
collectives permettant de la rendre plus facile, accepter de respecter ces décisions collectives et
s’employer à les améliorer si cela apparaît nécessaire.
Pour cette année de stages, ce genre d’activité permet à un enseignant stagiaire de s’installer
en début du stage. L’élément de gestion de la classe le plus marquant que j’ai découvert concerne
l’autorité.
Qu’est ce qui fait autorité à l’école ? C’est la connaissance et le vecteur des apprentissages c’est
l’enseignant. Ce qui entre cependant en conflit avec les représentations de l’autorité par les
élèves.
Pour une pratique future, je retiendrais que ce thème tente d’articuler ce qui fait crise à
l’école ( et dans la société ) :
- le rapport à la loi, par une relation plus coopérative au pouvoir, acceptant le bien fondé
des règles d’échange et du bien collectif.
Bibliographie
Ouvrages
 Qu’apprend-on à l’école maternelle ? Ministère de l’Education nationale,
centre national de documentation pédagogique, 2002
 Qu’apprend-on à l’école élémentaire ? Ministère de l’Education nationale,
centre national de documentation pédagogique, 2002
 L’éducation civique au cycle 3 Janine LECOMTE & Liliane DARQUET,
Pédagogie RETZ, 1999
Ressources pédagogiques
 Débat scolaire : Les enjeux anthropologiques d’une didactisation, Michel TOZZI,
Article pour la revue TREMA, IUFM MONTPELLIER, 2003.
 La loi dans la classe. Construire le contrat de classe avec les élèves, Isabelle BRAULE,
mémoire professionnel, IUFM MONTPELLIER, 2002.
 Comment élaborer son autorité ? Anne BALANSA, mémoire professionnel, IUFM
MONTPELLIER, 2002.
Liens Internet
Objectifs, gestion et règlement : http://prepaclasse.net
Sanctions et punitions, Jacques SALOME :
http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/salome4.htm
Annexes

N°1 : Fiche de préparation ; La géométrisation de la figure humaine

N°2 : Fiche de préparation ; Règles de fonctionnement du cours double

N°3 : Les grands principes du fonctionnement du cours double
T i t re : la géométrisation de la figure humaine
Thème : le cubisme, l’art abstrait
Discipline : arts visuels Domaine : lire une image, le dessin comme composante plastique
Classe : CM1/2
Séance n° : 1/2
Date :10/09/03
Co m p é t e n c e v i s é e : s’approprier une technique dans le but de l’utiliser pour s’exprimer dans un travail artistique
Ob je c t i f s :*notionnels : Cubisme 1 : représentation du sujet en plans géométriques influencée par la découverte des masques
africains.
L’art abstrait : reconstruire l’objet selon des exigences bien éloignées du souci de ressemblance :
graphisme, formes et couleurs. Cela peut se réduire à une configuration géométrique.
*technique : préciser son regard
*culturel : s’exprimer sur une oeuvre
*comportemental : décrire une image
M a t é ri e l , d o c u m e n t s , s u p p o rt s : -reproduction de Senecio/Baldgreis Paul Klee 1922
-feuilles blanches cansons, 2 par élèves ( A4 ) -crayon de papier, gomme
-le cache avec les fenêtres
-la fiche du tracé
D é ro u l e m e n t d e l a s é a n c e
Organisation
( élèves, durée )
Etapes
( déroulement, consignes, rôles et travail de chacun )
1°/ Observation, description & intention de l’œuvre
a- découverte de la reproduction
Collectif / oral Cachée sous un bristol noir où plusieurs fenêtres permettront de
? Décrire et présenter des éléments caractéristiques de l’œuvre : formes
quasi-géométriques simples, couleurs chaudes.
deviner
(Rapprocher les Quels sont les éléments que vous voyez ? Qu’est-ce que ça peutélèves du tableau si être ?
nécessaire )
Maître note au tableau les éléments descriptifs.
8 min
Après la dernière fenêtre, la reproduction sera révélée.
Idem
6 min
b-Intention de l’œuvre
A votre avis, qu’est-ce qui est représenté?
Amener les élèves à faire correspondre le visage rond à 1 ballon,
les yeux à des billes, le nez à des cubes, les couleurs à un univers
coloré et joyeux.
On peut lire dans l’œuvre le représentation du monde de l’enfance, avec ses attributs ( caractères particuliers d’un être ).
? Noter l’importance de la ligne et la couleur dans cette œuvre.
? Le maître peut introduire le mouvement du cubisme1.
2°/ Tracé du visage et de ses découpes
Je vous propose de tracer les lignes de ce portrait sur une
feuille. Voici le modèle. (fiche n°2)
? Dessiner
Pour ceux qui ne savent pas par quoi commencer, je le fais par
Les élèves sont étapes au tableau.
à leur place Ordre : visage, bouche, lignes partant de la bouche, yeux, haut
des yeux, autour de la bouche, le cou et le buste.
12 min
Individuel
3°/ proposition personnelle de chaque élève
Idem
12 min
= 38 min
B i la n :
Je vais vous demander maintenant sur une autre feuille de créer
un visage en respectant ces techniques : le visage doit contenir
des éléments géométriques et il ne doit pas être symétrique.
? prendre 2 travaux, ont-ils respecté la consigne? Rappel si nécessaire.
Proposer de mettre en couleur un des modèles la séance prochaine.
Bilan
T i t re : la géométrisation de la figure humaine
Classe : CM1/2
Séance n° : 2/2
Date :17/09/03
Ob je c t i f s :*notionnel : couleurs chaudes, froides
*technique : utilisation du pastel gras ( adapter son geste )
*opératoire : réaliser une production selon des critères
M a t é ri e l , d o c u m e n t s , s u p p o rt s : - reproduction de Senecio/Baldgreis Paul Klee 1922
- travaux des élèves réalisés séance 1
- 2 palettes vierges - un cercle chromatique et des pastels gras
D é ro u le m e n t d e l a s é a n c e
Organisation
( élèves, durée )
Etapes
( déroulement, consignes, rôles et travail de chacun )
Bilan
1°/ Au niveau de la couleur
a-Retour sur Senecio
Collectif / oral
? Décrire,
comprendre et
découvrir
7 min
Idem
5 min
Que pouvez-vous me dire sur les couleurs utilisées ? Y-a t-il une
dominante?
Une dominante de couleurs chaudes avec quelques éléments de
couleurs froides qui donnent du relief ( mettre en avant certaines parties ) et évite une certaine monotonie ( qui est toujours sur le même ton,
qui peut ennuyer ).
b- les définir
Comment pourrais-t-on les définir ?
Couleurs chaudes évoquent le feu, sont celles qui contiennent
beaucoup de jaune et de magenta. Sur le cercle : entre le jaune et
le rouge.
Couleurs froides évoquent l’eau, sont celles qui contiennent ou
semblent contenir visuellement beaucoup de bleu. Sur le cercle :
de part et d’autre du cyan.
? Possibilité de se servir du cercle chromatique
c-Elaboration d’une palette : couleurs chaudes, couleurs
froides ( fiche n°3 )
Collectif Demander à un élève de choisir un pastel et de colorier une pe? Elèves vien- tite case de la palette correspondante.
nent au tableau Faire succéder plusieurs élèves.
7 min
2°/ Mise en couleurs des travaux d’élèves
Je vais vous demander de choisir une dominante de couleur
pour colorier les différentes zones du visage.
Groupe de 4 Le fond doit être de la même couleur partout.
? Par groupe
Mise en avant du visage au 1er plan.
Avec un jeu de
A la fin, Vous laisserez 2 ou 3 éléments sans couleurs afin de les
couleurs
remplir par des couleurs de la dominante opposée.
15/20 min Eléments : sourcils, nez, buste.
Finir par une exposition sur le tableau et impressions des élèves
= 40 min
B i la n :
P o u rs u i te : création visage avec éléments calqués de = portraits et = points de vue ( Picasso ).
T i t re : Règles de fonctionnement du cours double
Discipline : Education civique
Classe : CE2/CM1
Séance n° : 1/1
Date : 27/11/2003
Ob je c t i f :
- s’intégrer à la collectivité de la classe
- prendre conscience de l’articulation entre liberté personnelle, contraintes de la vie sociale et affirmation de valeurs partagées.
Co m p é t e n c e s g é n é ra l e s :
- en situation de dialogue collectif : conserver fil de la conversation
et attendre son tour
- en groupe : prise en compte des points de vue des autres membres;
organiser une production et rapporter devant la classe.
Co m p é t e n c e s s p é c i fi q u e s : - participer à un débat pour examiner les problèmes de vie scolaire
en respectant la parole d’autrui et en collaborant à la recherche d’une solution.
- prendre part à l’élaboration collective des règles de vie de la classe.
M a t é ri e l :
- Feuilles A3 et un marqueur par groupe de 4
- texte de référence les grands principes du cors double réalisée par une autre classe.
D é ro u l e m e n t d e l a s é a n c e
Organisation
( élèves, durée )
1h15
Collectif
Oral
30 min
Etapes
( déroulement, consignes, rôles et travail de chacun )
1°/ Débat : « Le cours double » :
En introduction, le maître propose aux élèves de débattre sur la
situation du cours double.
Qu’est-ce que c’est ?
Certains l’ont –ils vécu ? Comment ?
Le maître peut rediriger le débat en notant au tableau Avantages,
Inconvénients, Droits et Devoirs et sanctions.
A chaque intervention d’un élève, on voit avec les autres où le
maître peut le noter.
2°/ Elaboration écrite de principes de fonctionnement
du cours double :
Par groupe
de 4
Oral / écrit
25 min
Collectif
Oral
20 min
Collectif
Oral / écrit
15 min
1h30
B i la n :
A) Recherche :
Par groupe de 4, les élèves sont invités à rédiger plusieurs phrases ( = règles ) énonçant les règles de comportement que l’on
doit avoir en situation de cours double : droits & devoirs..
Mise en garde nécessaire : il ne faut pas vouloir à tout prix sanctionner; dans vos règles certaines peuvent commencer par :
« J’ai le droit… ».
B) Mise en commun / discussion:
Un rapporteur par groupe est désigné, vient au tableau et lis les
règles rédigés en groupe.
Le maître demande si c’était facile d’être d’accord.
Les élèves font leurs remarques.
C) Elaboration :
Le maître invite les élèves à rédiger à partir des travaux de
groupe nos principes de fonctionnement du cours double que
l’on appliquera.
Dictée à l’adulte, suggérée par le maître.
Le maître se charge de les écrire sur un e affiche qui sera apposée au mur de la classe.
Débattre : discuter, examiner une question de façon contradictoire ( de
manière à contredire les idées d’autrui avec 1 ou plusieurs personnes ).
Débat : examen & discussion d’une question par les personnes d’avis
différents. Conflit moral.
Bilan
Les grands principes du fonctionnement du cours double
1—Quand le maître est occupé avec un groupe, l’autre groupe doit être impérativement
silencieux.
2– Pour travailler en autonomie, il faut avoir bien écouter les consignes au départ et poser les
questions sur ce qu’on ne sait pas.
3– Quand on a fini un travail, on peut lire, s’amuser en arts plastiques ou commencer d’apprendre
ses leçons.
Les règles de vie dans la classe
RESUME :
Construire collectivement les règles régissant la vie de la classe doit au préalable répondre à
un besoin, à des difficultés dans l’organisation ou le climat de la classe ; et au final aboutir à un
respect réciproque de celles-ci.
Cela atteint deux objectifs. Le premier vise un premier niveau de compréhension de ce
qu’est la loi ( sa forme, sa nécessité & sa nature ). Le deuxième vise la prise de conscience que,
dans la vie sociale, tout droit reconnu s’accompagne d’obligations.
Ce mémoire a donc pour objectif de montrer que l’élaboration des règles de vie dans la
classe avec les élèves est un outil, un moyen qui développe le statut citoyen de l’élève.
MOTS CLES :
 Socialisation
 Citoyenneté
 Education Civique
 Règles de vie
 Sanctions

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