Sport, Ethique et Management

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Sport, Ethique et Management
MANAGEMENT
Retrouvez chaque trimestre une contribution d’un membre du réseau « Sport et Management »,
en collaboration avec l’Institut Sport & Management de Grenoble Ecole de Management.
Every quarter you can read a contribution from a member of the “Sport and Management”
network, in collaboration with the Grenoble Management School Sport and Management Institute
Sport, Ethique et Management
La question de la corruption dans le sport renvoie à deux natures de
réflexions fondamentales : le droit, au travers de la prévention et de
la sanction et l éthique, au travers notamment des questions de
fair-play et d égalité.
E
n ce sens, la problématique de la
corruption s’inscrit dans la veine des
grands sujets qui au fond, repose sur la
dialectique du Bien et du Mal, à l’image du
dopage et de l’arbitrage : corrompre, c’est
entacher un espace « pur » pour de viles
raisons. Loin d’être anodins, ces sujets prennent
une dimension toute particulière au travers du
prisme sportif pour une raison majeure qui est
la place que ce dernier tient au cœur de nos
sociétés : le sport est probablement un des
derniers langages symboliques universels,
permettant à des cultures et à des générations
d’individus différentes de se comprendre et de
communier.
En ce sens, le sport est bien une « religion » au
sens
étymologique
du
terme.
C’est
probablement cela qui explique l’analogie
développée ces dernières années avec le
management dans les organisations, le sport
étant de plus en plus perçu comme facteur
d’innovation au sens social et sociétal du terme.
En effet, si les grandes écoles (de management
et d’ingénieurs) et les universités s’intéressent
fortement au phénomène sportif dans sa
composante éducative, c’est pour répondre
d’une attente de plus en plus marquée de la
part des recruteurs en quête d’individus bien
formés techniquement mais aussi disposant des
« savoirs-être » nécessaires à la vie en
communauté. Le développement de journées
de recrutement dans des espaces sportifs,
l’intervention de grands coachs auprès des
managers, les séminaires sur les terrains de jeu,
la pénétration du vocabulaire sportif dans les
états-majors des grands groupes comme des
PME... sont quelques-unes des expressions du
phénomène sportif au service du management
développées ces dernières années. Si l’on
manque de données objectives sur le sujet,
permettant une juste mesure de ce que le sport
apporte réellement à l’entreprise, on peut
imaginer que les recruteurs et les dirigeants qui
axent leur recrutement sur des individus
disposant d’une pratique sportive assidue ne se
trompent pas trop, en particulier lorsqu’ils
recherchent des profils issus de disciplines
marquées par une dimension éducative forte,
fondée sur le respect, de l’arbitre et de
l’adversaire : le rugby et les sports de combat
tels que le judo ou l’escrime pour ne citer que
ceux-là sanctionnent autant la faute technique
que la faute comportementale, comme la
contestation de la décision arbitrale. Sans
vouloir polémiquer, d’autres sports tendent à
montrer précisément le contraire au point de
devenir des « contre-références » sur un CV…
Face à la « théorie » (réductrice) de la
génération « Y », il est urgent de rétablir celle
de la génération « S » - sportive, vous l’aurez
Sport ethics and management
The question of corruption in sport involves reflection in
two fundamental areas: the law, dealing with prevention
and sanction, and ethics, dealing with notions of fair play
and equality, among others.
I
n this sense, the problem of
corruption takes its place among
the major topics which are basically
concerned with the dialectic of Good
and Evil, such as doping and
refereeing: corrupting is soiling
something “pure” for ignoble
reasons. Far from being anodyne,
these topics take on a specific
dimension, when viewed through the
prism of sport, for a very important
reason, which is the place held by
sport in our societies: sport is
probably the last universal symbolic
language, making it possible for
individuals from different cultures and
generations to understand each other
and communicate.
In this sense, sport is a real “religion”
in the etymological sense of the word.
This probably explains the recently
developed analogy between sport
and management in organisations,
with sport being increasingly seen as
a factor of innovation in the social and
societal meaning of the term. In fact,
if business schools and universities
are interested in the sport
phenomenon in the educational
component, it is in response to an
ever-stronger expectation on the part
of recruiters hunting for candidates
who are technically well-educated
and also have the necessary skills for
life in a community. The development
of recruiting days in sports centres,
SPORT AND CITIZENSHIP NETWORK
François Leccia
Directeur de
l Institut Sport &
Management de
Grenoble Ecole de
Management.
Administrateur
de Sport et
Citoyenneté
Memb
re du c
om
sc
Sport eientifique ité
t Citoye
nneté
Director of the Grenoble
Management School Institute
of Sport & Management,
Sport and Citizenship administrator
bien compris. les dirigeants anglais de l’ère
victorienne avaient en leur temps repensé,
réinventé les sports pour précisément en faire
des outils de « développement personnel » au
sein de leurs universités, en construisant leurs
fondamentaux sur deux piliers majeurs : la
connaissance technique (du jeu) et les
comportements.
La corruption, le dopage, la « triche » ne
peuvent pas, ne doivent pas gangréner le
monde du sport car la portée éducative de ce
dernier s’inscrit au service de la société dans sa
globalité.
Le monde de l’entreprise n’échappe
évidemment pas à cette réflexion, en particulier
à un moment où la crise économique et sociale
frappe fort : du fait de sa portée onirique, le
sport doit y trouver une place nouvelle, au
service des individus et du collectif qu’ils sont
appelés à construire ensemble.
www.grenoble-em.com
the use of top coaches in
management training, seminars held
on sports grounds, the increasing use
of sporting vocabulary by the leaders
of large and medium companies and
so on are some of the signs of the
recently developed use of the sport
phenomenon in the service of
management. Although there are no
objective statistics giving an accurate
measurement of what sport really
contributes to business, it is easy to
imagine that the recruiters and
directors who favour recruits with a
serious sporting activity cannot be too
mistaken, particularly when they are
looking for profiles from disciplines
with a strong educational value,
based on respect for the referee and
the opponent: rugby or combat
sports such as judo or fencing, to
mention but a few, sanction technical
errors and also behavioural errors
such as challenging the referee’s
decision. Without wanting to be
contentious, some other sports tend
JOURNAL
to show exactly the opposite, to the
extent that they are “counterreferences” on a CV….
Faced with the (simplistic) “theory” of
the “Y” generation, it is vital to reestablish that of the “S” generation –
sporting, as you must have understood: English leaders in the Victorian
period rethought and reinvented
sports to make them instruments of
“personal development” in their universities and based them on two
principal pillars: technical knowledge
(of the game) and correct behaviour.
Corruption, doping, and cheating
cannot and must not infect the world
of sport, because its educational value
is important for the whole of society.
The business world is, of course,
included in this definition, especially
at a time when the financial and
social crisis is severe: because of its
dreamlike scope, sport must find a
new place in the service of individuals
and of the community which they are
called on to build together.

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CORRUPTION IN SPORT


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