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Jean Ferrat - Potemkine V:.M:., La question que j’amène au pied du mur ce midi est celle de l’autorité avec la question qui lui est liée de s’y soumettre ou non. L’expérience de Milgram revisitée par le jeu de la mort sur France 2 m’a replongé dans mon questionnement sur ce dont l’être humain est capable et plus particulièrement quand il se soumet ou non à l’autorité. Par delà ce questionnement initial en est venu un autre sur les fondements, le fonctionnement et la nécessité de l’autorité. Au delà de tout cela se pose également la question de l’autorité dans les loges maçonniques, sachant qu’elle est à géométrie variable selon les expériences, les obédiences, … . En effet, comment un homme libre et de bonne moeurs peut-il se soumettre à l’autorité d’une hiérarchie, n’est-ce pas quelque part contradictoire? Je vais tenter de faire un balayage de cette problématique tout en sachant que … (mission impossible) la mission est « difficile ». Tout d’abord, qu’est-ce que l’autorité ? Selon le dictionnaire Larousse 2002 cité sur Wikipédia référence élémentaire qu’il faudra recadrer: “L'autorité correspond au droit de pouvoir commander, d'être obéi”. Elle ne doit pas être confondue avec l’autoritarisme qui contraint physiquement et/ou psychiquement les personnes qu'elle commande. L'autorité ne correspond pas à une qualité intrinsèque, c’est une attribution ; une fonction, une personne peut conférer « un pouvoir » sur soi ou sur autrui qui paraît légitimer une capacité à commander et donc à être obéi. Selon Wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Autorit%C3%A9 21-10-2010), en dehors des psychologies et sociologies, On distingue trois sources de légitimation de l'autorité : les règlements, les structures et les capacités. Ces sources peuvent se cumuler ou être différenciées. 1. L'autorité d'un magistrat tient de la Loi, ainsi que de sa fonction au sein de la justice (règlement, structure). Il peut, en plus, être reconnu compétent ou incompétent (capacité). 2. L'autorité d'un parent tient de sa fonction au sein de la famille (structure). La Loi encadre sa fonction, mais ne la définit pas (règlement), et il peut être reconnu "bon parent" ou "mauvais parent" (capacité). 3. Dans un groupe informel, l'autorité d'une personne tient de la reconnaissance de ses aptitudes, connaissances et compétences (capacité) et de rien d'autre (ni règlement, ni structure). Le même texte insiste sur le fait que nous devons différencier “pouvoir” et “autorité”. L’usage du pouvoir implique que la fin justifie les moyens, par conséquence les armes de la persuasion et/ou de la contrainte sont utilisables. Hannah Arendt citée sur l’Encyclopédie de l’Agora (http://agora.qc.ca/dossiers/Autorite), définit l'autorité comme la capacité d'obtenir l'obéissance «sans recourir à la contrainte par la force ou à la persuasion par arguments», elle met l'accent sur le poids du passé. Dans un passage sur les origines romaines du concept d'autorité, elle écrit: «Les actions du peuple sont, comme celles des enfants, exposées à l'erreur et demandent donc une augmentation de valeur et une confirmation de la part du conseil des anciens (Montesquieu). Le caractère autoritaire de l'augmentation des anciens se trouve dans le fait qu'elle n'est qu'un simple avis, qui n'a besoin pour se faire entendre ni de prendre la forme d'un ordre, ni de recourir à la contrainte extérieure. … ». Revenons à la page wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Autorit%C3%A9) : “L'autorité correspond à une valeur reconnue et attribuée ou conférée ; elle diffère donc du pouvoir. Une autorité sans pouvoir présente un intérêt consultatif (c'est le cas du Parlement Européen face au Conseil Européen, en 2009). Les Nations amérindiennes du Nord établissent nettement ce distinguo, en accordant une autorité aux personnes reconnues sages (autorité morale) et aux hommes-médecine (autorité spirituelle), et le pouvoir aux guerriers (mais pas ou peu d'autorité). A l'inverse, les Nations euro-américaines identifient spontanément autorité et pouvoir, ce qui n'est pas sans poser des problèmes de compréhension de ces notions, qui occasionnent de nombreuses polémiques en philosophie politique et définitions en sciences humaines.” Au niveau éducatif, il est également question de l’autorité. Elle n’est pas selon Marc THOMAS (http://www.competences-relationnelles.com/IMG/pdf/TXT-EDULes_jeunes_et_l_autorite.pdf) à confondre avec seulement un rôle répressif. Ceux qui ont reçu une autorité l’ont reçue non comme un pouvoir, mais comme un service de la société et de l’humanité. Cet exercice remplit trois fonctions : a. assurer la protection de celui qui n’a pas encore conscience du danger, b. poser des cadres, des références pour accompagner la construction identitaire et la maturation de l’individu, c. favoriser la vie sociale dans confrontation pacifique qui fait prendre conscience qu’on n’est pas tout puissant. Lorsque la protection est reconnue et l’attitude éducative perçue comme moyen de croissance, l’autorité suscite la confiance et la prise de responsabilité. Le pouvoir, ou cette perversion de l’autorité qu’est l’autoritarisme, ne peuvent susciter que l’obéissance, la soumission ou le rapport de force loin des bénéfices de la première approche. La polémique. V:.M:., j’ai évoqué le pied du mur ce qui est logique pour un Maçon mais il faut commencer notre histoire au pied de l’arbre. L’autorité y prend ses racines avec la lignée des primates d’où sortira l’homo sapiens. Que s’est-il passé ? Observons nos cousins les primates, nous comprendrons peut-être. L’homo sapiens vit en groupe comme d’autres primates, la dure réalité de la survie fait que les chances de survivre s’accroissent avec le regroupement des individus, clan, bande… Desmond Morris évoque le concept de “mobbing” collectif, c’est à dire des cas où par exemple un groupe d’oiseaux harcèle un renard et le fait battre en retraite. Par contre le regroupement n’implique pas forcément le succès si chacun agit de manière désordonnée. L’épisode historique de la bataille des champs catalauniques évoque le regroupement de différentes armées pour faire face à l’envahisseur hunnique mais ces armées durent être coordonnées par un chef. De même dans l’histoire plus récente, les armées alliées qui durent faire face à l’armée nazie avaient un chef d’armée commun. Comment cet unique chef est-il reconnu nécessaire ? Un chef unique permet, normalement, plus d’efficacité. Cette autorité du chef de guerre repose aussi sur la nécessité de régler des conflits sans violence. Les hordes puis les tribus ne pouvaient se permettre le luxe de perdre des hommes valides pour des problèmes internes au groupe. Il a fallu instituer puis fixer des règles de comportements en groupe, des règles qui évitent le recours à la violence, à la loi du plus fort ou du plus rusé. Parmi ces règles, la règle hiérarchique obtient la priorité en cas de litige. Le mâle dominant fait la démonstration de sa force, une hiérarchie s’établit, elle sera respectée sans devoir être répétée systématiquement. Un rappel du rapport de force établi suffit à la bonne marche du groupe. Mais être le plus fort ne suffit pas, Desmond Morris va nous rappeler dans le zoo humain, les dix qualités nécessaires dans son portrait du babouin dominant (attention à ne pas confondre le roi babouin avec un homonyme local, je ne voudrais pas poser un problème de conscience). Pourquoi les babouins mais pas les gorilles ou les chimpanzés ? Parce que comme nous, ils ont quitté l’espace arboricole pour celui du terrain découvert. - Si vous êtes un babouin dominant, vous devez étaler aux yeux de tous des signaux de domination. Pelage lisse, somptueux, soigneusement entretenu. Démarche lente et posée. Ne montrer aucun signe d’anxiété. Chez l’homo sapiens, beau costume, train de sénateur. Menton relevé. Regard dans le regard pendant un temps plus long qu’à l’accoutumée. Taille : Le babouin dominant est habituellement plus grand que les autres. Chez les hommes nous recourrons à des stratagèmes : couronne, estrade, trône, pavois… Agressivité justifiée : Dans les périodes de compétition active, vous devez démontrer à vos subordonnés que vous êtes agressif. Quand vous êtes babouin dominant, dès qu’un dominé montre des signes de rébellion ostensibles, vous devez étaler des signaux de menaces qui indiquent clairement qui est le meneur. Si l’autorité est établie, un simple mouvement d’intention suffit comme par exemple tourner brusquement la tête et fixer le rebelle éventuel du regard. Si vous êtes un chef, il est dangereux que l’on reste trop longtemps sans vous entendre, vous voir, vous sentir. Il faut de temps à autre tomber sur ses subordonnés et les faire s’agiter. Il ne suffit pas d’avoir le pouvoir, il faut qu’on vous observe dans l’exercice du pouvoir. - Dans les périodes d’affrontement physique, vous devez être capable (ou vos délégués) de châtier sans défaillance vos subordonnés. Si une manifestation de menace demeure sans effet, alors elle doit être suivie d’une agression physique. Si vous êtes chef babouin, c'est une décision dangereuse à prendre car vous pouvez sortir meurtri de l’affrontement et pour un dominant, c'est toujours dangereux d’être blessé, vous devenez moins impressionnant. Le risque est aussi que les subordonnés se liguent contre vous. C’est pourquoi les dominateurs se contentent le plus souvent de signaux de menace et font accomplir les basses besognes par des délégués. Les spécialistes (police, militaires, police secrète…) sont préparés à l’application des techniques de répression, il faut un soulèvement général pour renverser un tyran. - Si la contestation nécessite l’emploi de la cervelle plutôt que du muscle, vous devez être capable de déjouer les menées de vos subordonnés. Le chef babouin sera un individu rusé, vif et intelligent autant que fort et agressif. C’est encore plus vrai chez l’homo sapiens qui doit s’entourer des conseillers et de spécialistes. C’est lui qui doit prendre les grandes décisions, dans des choix forts et fermes. On lui pardonnera de s’être trompé avec panache, on lui reprochera d’avoir agi selon les nécessités sans gloire. Répressif - Vous devez réprimer les querelles qui éclatent entre vos subordonnés. Si une querelle survient qui risque de mettre en péril la discipline, le chef intervient pour la réprimer. Il marque le territoire qu’il soit ou non menacé parce que c’est un moyen d’entretenir le statut de dominant. - Vous devez récompenser vos collaborateurs pour leur permettre de savourer les agréments de leur rang. Les babouins subdominateurs sont à la fois les plus utiles et les plus dangereux pour le babouin dominant car s’ils n’en tirent pas des avantages, ils pourraient se liguer et vous déposer. Ils jouissent donc de privilèges dont les membres les plus humbles du groupe ne peuvent jouir. Le système de récompense des subdominateurs demande de la finesse car une récompense mal choisie peut donner trop de pouvoir à un rival potentiel. Problème de fond, seuls les amis sont vos égaux, la relation de dominance interdit l’amitié réelle. - Vous devez protéger les membres les plus faibles contre les persécutions et les injustices. Les femelles et leurs petits ont tendance à se regrouper autour du babouin dominant qui les protègera. Le dominant castrateur est devenu dominant protecteur, défenseur de la veuve et de l’orphelin. Cette démarche a pour effet de réduire les craintes des adultes actifs qui se sentent tous plus ou moins menacés par les dangers de l’infirmité, de la sénilité et autres troubles liés à diverses circonstances (âge, maladie, blessure). - Vous devez prendre les décisions concernant les activités sociales de votre groupe. Quand le chef babouin se déplace, son univers suit. Quand il mange, se repose… idem. Exemple : Louis XIV se déplace avec une suite à laquelle il imposait ses choix comme à ceux qui venaient quémander ses faveurs. Dans notre monde plus démocratique, le chef patronne des initiatives socioculturelles, scientifiques, crée de nouvelles voies. Exemple : Kennedy lance les Etats-unis dans la conquête spatiale comme les souverains d’Espagne avait envoyé Christophe Colomb découvrir une nouvelle route des Indes (l’Amérique). Le chef imprime une nouvelle direction au chemin du groupe sinon il manque quelque chose à son aura, à quoi bon suivre un chef quand on suit déjà une routine ! - Vous devez de temps en temps rassurer vos subordonnés surtout s’ils sont au bas de l’échelon. Si un babouin dominant doit aborder un babouin dominé, il peut éprouver des difficultés à le faire car compte-tenu de la différence de statuts, le dominé peut se sentir menacé. Le babouin dominant devra donc multiplier les signes d’apaisement. - En cas de menace, le dominant prend les initiatives et les risques pour la repousser. C’est toujours le babouin dominateur qui est au devant de l’action pour repousser l’ennemi. Il joue le rôle de principal protecteur du groupe. Plus il sera audacieux et intrépide, plus il sera protégé par le groupe. Chez l’homo sapiens, il nous revient les images d’Epinal où le chef guerrier est au coeur de la mêlée avec ses troupes. L’imagerie de 14-18 nous montrent les hommes d’états des différents camps visitant les premières lignes et les accompagnateurs les enjoignant de baisser la tête, ce qu’ils ne font pas. De manière plus contemporaine, on n’en est plus la, néanmoins on voit par contre des chefs d’état provoquer des conflits, animer quelques brûlots sociaux (voitures incendiées dans les banlieues) pour se poser en défenseur de la communauté et sauver leur électorat. Depuis que nous avons quitté le milieu arboricole des choses se sont donc maintenues pour le rôle du dominant et d’autres ont été modifiées. Le passage de petits groupes aux grands groupes a entraîné des adaptations. Par exemple, nous avons spécialisé les dominants par domaines. Ainsi, la société offre différents secteurs politiques, professionnels et associatifs qui permettront différentes vocations de dominants, la Loge et la Franc-Maçonnerie sont un de ces terrains. Voilà pour le portrait du dominant mais que se passe-t-il si le dominant dysfonctionne, s’il se laisse dominer par ses passions ? Graeme Allright : Jusqu’à la ceinture Comme l’évoque la chanson quand le dominant se trompe, s’entête, il risque d’entraîner tout le monde avec lui. Cela pose le problème de la légitimité de l’autorité. Toujours selon la fameuse page wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Autorit%C3%A9) : Le commandement, c'est l'action et l'objet de la personne qui commande, c'est-à-dire qui donne un ordre. Dans le cadre de l'autorité, le commandement est nécessairement légitime ; tant que les personnes reconnaissent le bien-fondé des ordres reçus (exécutions, planifications, préparations, etc.) elles donnent leur assentiment et obéissent. Ce bien-fondé est évalué selon les velléités individuelles et les jugements personnels d'ordre public. De leur concordance, et de l'assentiment ou de la résignation de chacun — tacites ou explicites — le groupe obéit, conteste ou réattribue l'autorité. Les phénomènes de volonté, d'influence, de charisme, de stratégie politique, de révolution, de parti, d'idéologie, etc. entrent en compte à mesure que le groupe prend de l'ampleur (de la famille au Peuple, en passant par le groupe d'amis, l'association, l'entreprise, l'institution ou la Nation). Là, l'obéissance entre pleinement en compte ; elle correspond à l'attitude de la personne qui se soumet à l'autorité. Cette soumission peut être vécue comme dégradante ou saine, selon le tempérament de la personne, selon l'estime qu'elle a pour ce/celui qui fait autorité, et notamment selon la démarche de ce/celui qui fait autorité (par exemple, s'il ne glisse pas vers l'autoritarisme, s'il est respectueux, etc.). Ce sont donc les différences de tempérament, ainsi que les possibilités et les facultés de juger clairement du bien-fondé des ordres, qui permettent aux personnes de se situer par rapport à l'autorité (acceptation, résignation, refus, exécution irréfléchie, etc.). Ce passage nous met directement en lien avec le problème de la soumission à l’autorité. Par rapport à l’autorité nous pouvons adopter plusieurs réponses : être dominé dans la soumission ou la rébellion, répondre par l’égalité. Parachutiste de Maxime Leforestier Je ne peux pas passer à côté de l'expérience menée par le psychologue Stanley Milgram (reprise dans le film "I comme Icare", de Henri Verneuil) qui a été réalisée entre 1960 et 1963. Cette expérience cherchait à évaluer le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime et à analyser le processus de soumission à l'autorité, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet. Tout ce que je cite provient de wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram). Des sujets acceptent de participer, sous l'autorité d'une personne supposée compétente, à une expérience d'apprentissage où il leur sera demandé d'appliquer des traitements cruels (décharges électriques) à des tiers sans autre raison que de « vérifier les capacités d'apprentissage. » Les variantes de cette expérimentation impliquent le plus souvent trois personnages : ● l’élève (learner), qui devra s'efforcer de mémoriser des listes de mots et recevra une décharge électrique, de plus en plus forte, en cas d'erreur ; ● l'enseignant (teacher), qui dicte les mots à l'élève et vérifie les réponses. En cas d'erreur, il enverra une décharge électrique destinée à faire souffrir l'élève ; ● l’expérimentateur (experimenter), représentant officiel de l'autorité, vêtu de la blouse (grise) du technicien, de maintien ferme et sûr de lui. L'expérimentateur et l'élève sont en réalité des comédiens et les chocs électriques sont fictifs. Les réactions aux chocs sont simulées par l'apprenant. Sa souffrance apparente évolue au cours de la séance : à partir de 75 V il gémit, à 120 V il se plaint à l'expérimentateur qu'il souffre, à 135 V il hurle, à 150 V il supplie qu'on le libère, à 270 V il lance un cri violent, à 300 V il annonce qu'il ne répondra plus. Lorsque l'apprenant ne répond plus, l'expérimentateur indique qu'une absence de réponse est considérée comme une erreur. Au stade de 150 volts, la majorité des sujets manifestent des doutes et interrogent l'expérimentateur qui est à leur côté. Celui-ci est chargé de les rassurer en leur affirmant qu'ils ne seront pas tenus pour responsables des conséquences. Si un sujet hésite, l'expérimentateur lui demande d'agir. Si un sujet exprime le désir d'arrêter l'expérience, l'expérimentateur (l’exterminateur) lui adresse, dans l'ordre, ces réponses: 1. « Veuillez continuer s'il vous plaît. » 2. « L'expérience exige que vous continuiez. » 3. « Il est absolument indispensable que vous continuiez. » 4. « Vous n'avez pas le choix, vous devez continuer. » Si le sujet souhaite toujours s'arrêter après ces quatre interventions, l'expérience est interrompue. Sinon, elle prend fin quand le sujet a administré trois décharges maximales (450 volts) à l'aide des manettes intitulées XXX situées après celles faisant mention de “Attention, choc dangereux”. Les variantes de l’expérience modifient des paramètres comme la distance séparant le sujet de l'élève, celle entre le sujet et l'expérimentateur, la cohérence de la hiérarchie ou la présence de deux expérimentateurs donnant des ordres contradictoires ou encore l'intégration du sujet au sein d'un groupe qui refuse d'obéir à l'expérimentateur. La plupart des variantes permettent de constater un pourcentage d'obéissance maximum proche de 65 %. Il peut exister des conditions extrêmes allant d'un comportement de soumission à l'autorité élevé (près de 92 %) dans le cas de chocs administrés par un tiers à un comportement de soumission faible (proximité du compère recevant les chocs) ou nul (décrédibilité de l'autorité). L'obéissance à une autorité et l'intégration de l'individu au sein d'une hiérarchie est l'un des fondements de toute société. Cette obéissance à des règles, donc à une autorité, permet aux individus de vivre ensemble et empêche que leurs besoins et désirs entrent en conflit et mettent à mal la structure de la société. Partant de cela, Stanley Milgram ne considère pas l'obéissance comme un mal. Là où l'obéissance devient dangereuse, c'est lorsqu'elle entre en conflit avec la conscience de l'individu. Pour résumer, ce qui est dangereux, c'est l'obéissance aveugle. Un autre moteur de l'obéissance est le conformisme. Lorsque l'individu obéit à une autorité, il est conscient de réaliser les désirs de l'autorité. Avec le conformisme, l'individu est persuadé que ses motivations lui sont propres pourtant il imite le comportement du groupe. Ce mimétisme est une façon pour l'individu de ne pas se démarquer du groupe. Les variantes avec plusieurs pairs ont montré que si l'obéissance entre en conflit avec la conscience de l'individu et que le conformisme « impose » à l'individu de ne pas obéir, il se range souvent du côté du groupe. Ainsi, si l'on veut s'assurer de l'obéissance aveugle d'un groupe, il faut faire en sorte que la majorité de ses membres adhère aux buts de l'autorité. "Le jeu de la mort" est un documentaire étonnant et inquiétant. C'est un reportage sur les dangers de la télévision, en particulier dans le cadre de la télé-réalité. Sortez les poubelles télévisuelles - Tryo Selon Thomas NAGANT qui écrit sur le site de la RTBF (http://www.rtbf.be/info/societe/medias/le-jeu-de-la-mort-un-docu-fiction-edifiant-191724), s'inspirant de la fameuse expérience décrite ci-dessus, et avec l'aide d'une équipe de psychologues et d'assistants, le réalisateur français Christophe Nick a conçu un jeu télévisé particulièrement cruel. Le but était de montrer jusqu’où pouvaient mener les dérives de la téléréalité. Les règles du jeu auquel les participants croient en toute bonne foi participer consiste à infliger, en cas de mauvaise réponse, une décharge électrique croissante à un autre candidat, en réalité un comédien qui ne recevait évidemment pas les décharges mais mimait la douleur. Dans l'expérience de Milgram, 62% des "cobayes" allaient jusqu'au terme de l'expérience, en infligeant les décharges maximales à leurs "victimes". Mais cette fois, les résultats dépassent l'entendement: soumis à un animateur directif, les participants sont 80% à se révéler de parfaits tortionnaires... . Cette expérience va donner lieu à un livre co-écrit avec Michel Eltchaninoff, intitulé "L'expérience extrême". A leur décharge (pas électrique), il faut quand même souligner que les bourreaux du jour étaient cependant dans des conditions différentes des sujets de Milgram. Ils étaient entre autre soumis à des regards extérieurs et des pressions via le public présent dans la salle et les caméras. Les cobayes sont stimulés tout au long de l’émission par un public surexcité qui pousse avec moult vivats le « candidat » à aller jusqu’au bout. Le phénomène de conformisme jouait donc à pleine intensité. Comme le souligne le site du journal Marianne (http://www.marianne2.fr/Le-jeu-de-la-mort--l-experience-tele-qui-enfonce-les-portesouvertes_a189823.html ) , Christophe Nick a enfoncé une porte ouverte et laissé en suspens des questions plus intéressantes telles que la soumission à l’autorité médiatique est-elle plus forte qu’à l’autorité scientifique ou les français sont-ils plus soumis que les américains ou en 40 ans, la soumission générale des individus à une autorité quelle qu’elle soit a-t-elle augmenté ? En résumé, lorsque l’autorité se manifeste, je peux m’y soumettre, m’y rebeller même si je ne l’affronte pas forcément de face et enfin renvoyer à l’autoritaire qu’il ne vaut pas mieux que moi et que je ne vois pas pourquoi je le suivrais dans ses injonctions. Cela se passe à mes risques et périls et nécessitera ce que certains nommeront du courage ou de l’inconscience car l’autoritaire ou plutôt l’autoritariste peut être un individu violent ou mettre en jeu un système violent. Pour arriver à cette étape j’aurai dû au préalable faire preuve de clairvoyance car l’autoritaire est souvent doublé d’un bon manipulateur. C’est facile de dire qu’on sera courageux face à ce genre de situation ou d’individu surtout si on n’y est pas confronté. Dans nos régions depuis la période noire de la seconde guerre mondiale, nous n’avons pas trop eu l’occasion d’être mis à l’épreuve et je n’oserai pas jurer de mon courage dans pareille situation. Du courage - La Grande Sophie Qu’en est-il de l’autorité et de la soumission à cette autorité en Franc-Maçonnerie ? Posons les données du problème: Selon les principes de base, le Franc-Maçon ne se soumet qu’à sa libre conscience. Comme tout groupe humain, la Loge, l’Obédience, s’organisent selon une hiérarchie. Donc nous sommes fatalement confrontés aux problèmes de l’autorité et de la soumission à cette dernière. Si on effectue un balayage inter obédientiel, on est confronté à des variations sensibles. A la GLDF dont je suis issu, la hiérarchie et la soumission à cette dernière sont marquées. Un moment symptomatique et révélateur se passe lors de l’installation où le Frère qui représente l’obédience reçoit le maillet et procède à l’installation du V:.M:. même si le mandat de ce dernier est renouvelé. Ce n’est que plus tard qu’il lui rend le maillet pour procéder au reste de l’installation et même après cette phase, on sent peser sa férule durant toutes les phases. Je me souviens d’un épisode où « l’inspecteur » est intervenu lui-même pour insister que la main touche le livre de la Loi Sacrée. Au GOB de Belgique j’ai assisté à deux installations et je me souviens du premier épisode où le V:.M:. en place n’a même pas présenté le maillet au Frère qui représentait l’Obédience. Ce qui avait d’ailleurs légèrement irrité ce dernier. Différence sensible autour de pratiques et surtout de cultures différentes. Il faut aussi que je rappelle que la Belgique et la France ont une approche de la hiérarchie radicalement différente et que pour porter une analyse plus exacte j’aurais dû assister à des installations au GOF et à la GLB. Ceci dit dans les pratiques des FF, j’ai aussi perçu des différences. Par exemple à la GLDF, j’ai pu observer et côtoyer ce que j’appelle un Frère “Parent” qui pouvait soit se révéler dans un rôle protecteur soit dans un rôle critique. Il adorait prendre les Apprentis sous son aile et leur expliquer des éléments de maçonnerie, il ne se privait pas non plus pour fusiller à bout portant un Frère Apprenti, Compagnon voir un Maître si un travail présenté était selon lui “en dehors des clous”. Ce comportement paternaliste jusqu’où était-il fraternel et maçonnique ? Ce vieux mentor pouvait faire trembler la Loge sur ses bases et il ne s’en privait pas non plus. Tout cela, même animé de bonnes intentions, ne me paraît pas très maçonnique et fait penser à ce que nous trouvons dans le monde profane : La dérive de l’autorité vers l’autoritarisme. Combien de fois aussi j’ai vu reprocher certaines prises de paroles devant les Apprentis et les Compagnons, prises de paroles visant pourtant à recadrer certaines pratiques et tout à fait audibles par une personne adulte. On aurait cru les pauvres Apprentis tombés avec un degré de maturité digne de l’enfance et les Compagnons ramenés à l’adolescence. Chut, ce sujet est tabou. On n’en parle pas devant les enfants. Enfin, j’ai aussi observé des cas malheureux ou des “conspirations”, “coups de force”, “manipulations” étaient montées par des F:.F:. d’un Chapitre pour redescendre sur l’Atelier. Ces F:.F:. jouaient de leur ancienneté et de leur autorité pour prendre le pouvoir, infléchir certaines décisions et je voyais, le pauvre Vénérable trembler devant le coup de force des anciens et finir par céder. Encore une fois l’autorité avait glissé vers l’autoritarisme. Et face à ces dérives que faire ? La réponse est évidente : Ne pas se laisser faire et ne pas laisser faire. Mais comment ? Dès que je me sens dominé, je ne puis qu’être rebelle ou soumis. Sinon il y a la voie “Iznogoud” qui consiste à devenir Véné à la place du Véné, voir utiliser la manipulation, la corruption… Tous ces comportements si profanes et détestables qui sont autant de coups de poignards dans nos valeurs. Rappelons-nous que le statut hiérarchique est un statut maçonnique de fonction, pas un statut d’autorité, ni de pouvoir, discuter avec des conspirateurs ne sert à rien, leur montrer les dents ne sert à rien puisqu’ils détiennent dans la hiérarchie des degrés du pouvoir avec une réelle autorité. Mais de fait, ils ne sont pas maçons ou plutôt on ne peut plus les reconnaître comme tel. Les instructions du premier degré du REAA précisent “A quoi reconnaîtrais-je un Franc-maçon”? Réponse : “A son attitude franche et honnête”. Le statut des loges bleues est un statut d’égalité, d’une égalité qui permet de distinguer les individus de valeur des autres. Le statut de hiérarchie est un statut nécessaire aux fonctions et au fonctionnement de la loge. Dans les fonctions, il est possible de déceler ceux qui écrasent leurs frères, ceux qui mettent l’harmonie en loge. Comme me l’avait dit un Frère au cours d’une de mes trois enquêtes : “Tu seras souvent déçu des maçons, rarement de la maçonnerie”. Ce qui arrive à ces victimes de leur propre autoritarisme, c’est qu’ils se sont laissé prendre à leur jeu passionnel. Ce comportement si facile à percevoir chez l’autre nous menace et nous concerne tous. Comme le dit Etty Hillesum (cité par Matthieu Ricard dans son livre “L’art de la méditation”) : “Je ne vois d’autre issue : que chacun fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu’il croit devoir anéantir chez les autres. …” En définitive, l’autorité faut-il s’y soumettre ? Dans ou hors du Temple la réponse est oui, si elle est dans un contexte où elle s’applique, si elle est légitime et n’est pas en contradiction avec ma libre conscience. Sinon non. Comment faut-il exercer l’autorité ? Il faut l’exercer dans son rôle, sa fonction mais ne pas la confondre avec nous-même car sinon il n’y aura qu’un pas du Capitole de l’autorité à la roche Tarpéienne de l’autoritarisme. J’ai dit. Tryo : “Marcher droit”