ADAPT - contribution à la conférence sur la lutte contre l`exclusion

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ADAPT - contribution à la conférence sur la lutte contre l`exclusion
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L’ADAPT – Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées
Contribution à la conférence sur la lutte contre l’exclusion
L’exclusion est souvent centrée sur des populations stigmatisées par leur fragilité ou
les représentations qu’en donnent les médias. Or les phénomènes en amont de
l’exclusion prennent souvent des formes très différentes. A L’ADAPT, nous
accueillons des personnes handicapées ou en situation « nouvelle » de handicap
qui, si on n’y veille pas, amèneront à terme à de telles fragilités sociales que la
bascule dans le monde de l’exclusion est un vrai risque.
L’exclusion est souvent liée à la pauvreté, mais il y a d’autres facteurs d’exclusion : la
langue, la culture, le handicap, le niveau d’éducation…. Les personnes en situation
de précarité ne sont pas les seules à être touchées par l’exclusion, le handicap peut
également générer des situations d’exclusion.
En fonction des représentations collectives, certains groupes sociaux seraient plus
vulnérables que d’autres. En effet, on a tendance à stigmatiser certains types de
population (marginaux, sans-abri, communauté Rom par exemple …). Par ailleurs,
certaines personnes choisissent l’exclusion tandis que d’autres la subissent.
C’est sur toutes les formes d’exclusion qu’il faut lutter.
Cela nécessite de changer le regard sur les personnes en situation d’exclusion, lutter
contre les discriminations et favoriser le lien social.
Il faut appréhender la question de l’exclusion de façon transversale et globale.
- Quels sont les facteurs d’exclusion ? Quels sont les liens entre ces
facteurs ?
- Comment les repérer ?
- Les risques d’exclusion sont ils liés à l’individu, à l’environnement
sociétal, aux deux à la fois ?
 S’inspirer des dispositifs existants et des bonnes pratiques
En appréhendant la question de façon transversale, on peut s’inspirer de ce qui se
fait dans le secteur médico-social par exemple. On pourrait s’inspirer de la maison
départementale des personnes handicapées, mais attention toutefois à ne pas
juxtaposer les dispositifs.
Il faut parallèlement repérer et mettre en exergue les bonnes pratiques qui visent à
sortir les personnes de l’exclusion.
Par ailleurs, l’idée d’un guichet unique est certes intéressante, mais les personnes en
situation d’exclusion n’ont pas forcément accès à ce type de dispositif car elles n’en
ont pas connaissance : elles sont par définition «en dehors du système ». Pour que
ces personnes puissent bénéficier d’un quelconque dispositif, cela suppose un
repérage…
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 Repérer les facteurs à risques : système d’alerte
Il est très difficile de repérer les personnes en situation d’exclusion. Elles échappent
généralement au « système ». A cette difficulté de repérage s’ajoute le problème de
relai entre les différents interlocuteurs/acteurs. Il n’y a pas d’interlocuteur unique à ce
jour qui pourrait faire le lien entre les différents dispositifs susceptibles d’intervenir à
différents moments (logement, soins, emploi…).
Il y a donc une double difficulté : une difficulté de repérage des personnes exclues ou
« à risque » et une difficulté de relai entre les intervenants.
 Il faut donc un système de repérage ou d’alerte des facteurs « à risque »,
pour pouvoir décliner des modalités de prise en charge et
d’accompagnement avant que les personnes ne tombent dans le
phénomène d’exclusion. Cela suppose d’identifier tous les facteurs à
risque. A contrario, peut-être faut-il travailler autour des facteurs
d’inclusion ?
Le repérage en amont ne pourra se faire que par un acteur de proximité, des
pistes sont à explorer du côté des assistantes sociales, du médecin
généraliste…
 Il faut ensuite permettre à tous les intervenants potentiels (services
sociaux, services médicaux, services du logement, de l’emploi…) d’être en
lien pour s’assurer que la personne est dans un processus d’insertion
sociale, scolaire, professionnelle… et assurer une coordination et un suivi
des interventions….On peut s’inspirer des dispositifs existants dans le
champ médico-social.
 L’accès aux soins joue un rôle important dans le phénomène d’exclusion, mais
la continuité des soins l’est tout autant, notamment en ce qui concerne les
soins psychiatriques.
La question de la prise en charge psychique est à considérer, car elle est trop
souvent un facteur d’exclusion voire la cause directe. La prise en charge des troubles
psychiques est très spécifique et nécessite un accompagnement transversal pour
éviter que la personne ne soit en situation d’exclusion du fait d’une prise en charge
peu adaptée ou d’un manque de coordination.
Il faut par ailleurs tenir compte de la problématique du refus de soins par ces
personnes, souvent liée à des raisons financières.
 Enfin, il faut enfin certainement s’inspirer de ce qui se fait au-delà de nos
frontières, et des études réalisées sur le sujet.
Le rapport intitulé « logement et exclusion liée au logement », écrit par la FEANTSA
(Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abri)
en 2008 aborde plusieurs pistes à explorer.
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Pour conclure, il ne suffit pas de traiter les situations d’exclusion mais d’éviter ces
situations face à des populations à risque. Pour cela, seule une coordination des
différents acteurs permettra d’être dans des actions de prévention.
On sous estime et on ne donne pas assez de temps et de marge de manœuvre aux
assistants (es) sociaux, qui pourraient être le relai de proximité et peut-être assurer
une forme de coordination face aux différents acteurs, quand le problème concerne
les ressources, le logement, la santé, le chômage, la prévention, la
désocialisation…… Pour cela, il ne suffit pas de multiplier les lieux ou acteurs, ce qui
peut rendre le dispositif incompréhensible pour les personnes. Il est important que
soit identifié un interlocuteur qui, avec la personne, pourra construire une réponse
adaptée à des situations à risque ou déjà constituées.
Le handicap ou situation de handicap, comme la maladie, le chômage, la
désocialisation, les ruptures de vie, la fragilité psychologique, sont tout autant
d’éléments contribuant et s’insinuant dans la vie des personnes. Ces situations
seules ou additionnées sont le terreau où la désocialisation et l’exclusion s’installent
rapidement. Les actions de prévention et la coordination sont essentielles et
indispensables pour se battre contre ce fléau.
Cf. également, le Rapport de l’OCDE : risques et résultats de l’exclusion sociale : ce que montrent les
données longitudinales :
 à propos de l’approche transversale, en p.14 du rapport, on peut lire: « c’est à partir du
handicap que l’on a commencé à s’intéresser au problème de l’exclusion sociale, il peut
servir de référence pour les autres facteurs de risque. Les résultats à long terme du
handicap, physique ou mental, sont bien connus, grâce aux études longitudinales qui ont
été faites. Les enfants handicapés tendent moins que les autres lorsqu’ils arrivent à l’âge
adulte, à être employés à plein temps, à avoir un partenaire, des enfants (surtout les
hommes), à posséder leur logement, ou à se dire satisfaits de la vie, et les qualifications
scolaires n’améliorent ces résultats que dans une mesure limitée. »
Recherche canadienne sur « Profils et transitions de groupes à risque d’exclusion sociale : personnes
ayant un handicap qui limite leur capacité de travailler », 20 mars 2004, Data Probe Economic
Consulting Inc. pour Michael Hatfield et Dominique Fleury de la Direction générale de la recherche
appliquée.
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