Darwin - Institut Pasteur

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Darwin - Institut Pasteur
Darwin juge la Philosophie zoologique de Lamarck
La correspondance de Charles Darwin laisse percevoir de rudes
appréciations vis-à-vis de l’ouvrage du naturaliste français. Dans diverses
lettres à ses amis, le botaniste Sir Joseph Dalton Hooker (1817-1911) ou
le géologue Charles Lyell, il traite l’œuvre de Lamarck de « véritable
torchon », « d’ouvrage absurde » qui n’a « aucune utilité », de « livre
misérable » qui « ne signifie rien ».
Cette sévérité de Darwin vis-à-vis de Lamarck s’explique en partie par le
fait que son grand-père, Erasmus Darwin (1731-1802), médecin,
naturaliste et poète, était l'auteur d'une œuvre Zoonomie (1801) où se
trouvaient pour la première fois exposées des idées transformistes assez
voisines de celles de Lamarck De son grand-père, Darwin dira qu’il
a anticipé sur les vues et les fondements erronés des opinions de Lamarck.
Peut-être, faut-il également prendre en compte la barrière de la langue.
Darwin ne lisait pas correctement le français et le style de Lamarck était
relativement difficile à appréhender ce qui n’a pas dû simplifier sa
compréhension des idées du naturaliste français.
Si intimement, Darwin ne reconnaît pas les mérites de son devancier, il a
su lui rendre publiquement hommage :
«Lamarck est le premier qui éveilla par ses conclusions une attention sérieuse sur
ce sujet. Ce savant, justement célèbre, publia pour la première fois ses opinions en
1801 ; il les développa considérablement, en 1809, dans sa Philosophie zoologique,
et subséquemment, en 1815, dans l’introduction à son Histoire naturelle des
animaux sans vertèbres. Il soutint dans ces ouvrages la doctrine que toutes les
espèces, l’homme compris, descendent d’autres espèces. Le premier, il rendit à la
science l’éminent service de déclarer que tout changement dans le monde
organique, aussi bien que dans le monde inorganique, est le résultat d’une loi, et
non d’une intervention miraculeuse.»
«Lamarck was the first man whose conclusions on the subject excited much attention. This
justly-celebrated naturalist first published his views in 1801 ; he much enlarged them in 1809
in his Philosophic Zoologique, and subsequently, in 1815, in the Introduction to his Histoire
Naturelle des Animaux sans Vertebres. In these works he upholds the doctrine that all species,
including man, are descended from other species. He first did the eminent service of arousing
attention to the probability of all change in the organic, as well as in the inorganic world, being
the result of law, and not of miraculous interposition.»
Notice historique sur les progrès de l'opinion relative à l'Origine des espèces. Préface de la 3e éd. (1866,
p. 14). Traduction E. Barbier, 1896.
©Médiathèque scientifique de l’Institut Pasteur – Novembre 2009