Otto Wagner (1841-1918)

Transcription

Otto Wagner (1841-1918)
Otto Wagner (1841-1918)
Portrait photographique d’Otto Wagner vers 1880
Otto Wagner est considéré comme le maître de la nouvelle école architecturale autrichienne au début du XXe s., tant par
ses idées et ses réalisations que par ceux qu’il a formé . Parmi les 70 collaborateurs: Josef Maria Olbrich (Pavillon de la
Sécession), Josef Hoffmann (architecte et « designer »), Adolf Loos, dont la volonté de rejeter l’ornementation est née au
contact d’O. Wagner.
Otto Wagner fut successivement élève de l’école Polytechnique à Vienne en 1857, puis de l’Académie des Beaux-arts de
Berlin (1860) et enfin de l’Ecole d’architecture de Vienne de 1861 à 1863 où il eut pour professeurs August von
Siccardsburg et Eduard van der Null, les architectes du Ringstrasse. Otto Wagner s’est inscrit dans sa jeunesse dans une
tradition historiciste, à l’exemple de Violet-le-Duc en France, puisant son inspiration dans les formes du passé,
essentiellement la Renaissance toscane, pour ensuite s’y opposer violemment. En 1895, dans somnambule d’Architecture
moderne, il condamne l’historicisme violemment: « Le présent ouvrage ne s’inspire que d’une seule idée : que tous les
fondements des conceptions architecturales qui dominent aujourd’hui doivent être remplacés par le postulat que le seul
point de départ possible pour notre création artistique de nos jours est la vie moderne ». Ecrit un an après sa nomination
comme directeur et professeur à l’Académie d’architecture de Vienne, Otto Wagner s’affirme partisan d’une architecture
fonctionnelle, utilisant les éléments suivants :
- volumes géométriques
- toits plats
- lignes épurées,
- utilisation du fer
Il propage des idées qui seront à l’origine de la Sécession viennoise. Pour autant, les réalisations suivantes dénotent chez
lui un équilibre ou un sens du compromis entre tradition et modernité.
Le réseau métropolitain
Carte postale représentant l’inauguration en 1899 du réseau métropolitain de Vienne réalisé sous l’autorité d’O
Wagner
Affiche de la société du réseau métropolitain de Vienne en 1900
Electrification du réseau métropolitain de Vienne en 1910
De 1892 à 1893, Otto Wagner est chargé du plan d’aménagement général prévoyant les infrastructures nécessaires à la
réalisation d’un réseau métropolitain comportant 30 stations, les voies, les ponts, les tunnels, créant des édifices qui ne
renient ni leur structure ni leur destination, même s’ils sont recouverts d’une enveloppe à caractère symbolique,
puisqu’ils s’inscrivent dans le contexte urbain historique dont il doit tenir compte. Otto Wagner considérait que les
moyens de transport étaient la clé de la croissance urbaine, au profit de l’homme moderne, pour lequel les principes de
rentabilité et de commodités dans la vie des affaires étaient primordiaux. Il pense organiser rationnellement un nouvelle
civilisation urbaine. « L’art, écrit-il, a pour tâche d’adapter le visage de la ville aux hommes de notre époque ».
De ce grand projet de réseau métropolitain retenons deux stations : la
Station de métro Hofpavilion 1894-1898 à Hetzing, tout près de la résidence impériale de Schönbrunn. Ce fut la station
privée de la famille impériale, et donc aménagée en fonction d’impératifs de représentation qui la distinguaient des
autres stations. Le premier cubique et blanc est surmonté d’une couple « baroque » allusion au caractère seigneurial de
l’édifice situé à proximité du château. Le porche vitré à l’armature métallique décoré de motifs végétaux accueille le
voyageur et lui permet de pénétrer dans le salon d’attente impérial très luxueux : murs tendus de soie brodée, tapis au sol
avec décor jugenstilè, compartiments du plafond octogonal agrémenté de philodendrons stylisés. Au mur, une
perspective aérienne de l’ensemble du réseau présentant aussi à l’empereur la conception de l’architecture (liée au
transport urbain). l’édifice fit sensation par l’aspect classique du bâtiment et le dynamisme du décor et la revue Sécession
lui consacra un numéro spécial en 1899. Notons que l’empereur François Joseph n’utilisa qu’une seule fois la sation, à
l’occasion de son inauguration en 1901.
Station de métro Karlsplatz 1898-1899 Les deux pavillons de Karlsplatz construits en collaboration avec son assistant
Max Fabiani sont d’une autre nature : architecture plus simple, dont l’habillage en armature métallique ne camoufle pas
la fonction des éléments porteurs, construction claire et bien articulées, esthétiquement parlant. La structure en métal
définit clairement les divisions verticales et horizontales des ailes du bâtiment ainsi que l’arrondi du toit en berceau
surplombant l’entrée. le décor est en plaques de marbre.
La carrière Otto Wagner
Immeubles fonctionnels
Immeuble de la Landerbank 1882-1884(ancienne banque autrichienne) Figure dans les premières réalisations de
l’architecte. Il témoigne de l’attachement d’Otto Wagner à ses débuts à la tradition académique et au goût pour ce qu’on
appelait « l’architecture de style ». Situé au 3 Hohenstaufengaße, c’est un immeuble de bureaux et la façade se conforme
au modèle du palais de la Renaissance toscane, mais Otto Wagner l’a simplifié; il garde le principe des 2 étages mais en
supprimant de fait les joints verticaux entre les blocs de pierre de la partie inférieure, il donne à l’ouvrage l’allure d’un
ensemble de bandes horizontales qui harmonise le bâtiment avec la trajectoire de la rue. Le soubassement est très élevé,
les deux étages supérieurs sont solidarisés par l’architecture colossale des pilastres. A l’intérieur, il privilégie clarté et
fonctionnalité. Joseph Lux (1871-1947) critique d’art et histoire de l’architecture, écrit en 1914, « Ni recherche, ni
hésitation, ni détour, on a le sentiment de pouvoir emprunter en ligne droite le chemin le plus rapide et le plus simple
pour arriver aux caisses ». L’espace principal fait songer à une salle antique à colonnes placées sur de hauts socles. Les
colonnes jumelées supportent un tambour s’ouvrant par des arcs en plein cintre, entre les colonnes jumelée sont posés
des piliers de plus petites taille, supports de l’architrave. En lieu et place de la traditionnelle coupole, on trouve une
monumentale verrière dont les vitres sont enchâssées dans un châssis métallique apparent. Les guiches donnent sur cette
salle.
Première villa Wagner, 26 Hüttelbergstraße 1886-1888 (Vienne 14e arrondissement) La façade comporte escalier et
portique. Des modifications ont été apportées par Ernst Fuchs (1930-2015), qui l’a acheté en 1972, un musée y a ouvert
en 1988. C’est une libre interprétation de l’architecture de Palladio. Un bâtiment cubique flanqué de 2 pergolas s’ouvre
par 3 portes encadrées de colonnes ioniques. Les portes latérales sont soulignées pr des niches destinées à accueillir des
sculptures. on remarque un large avant-toit. En 1889, la pergola des gauche est fermée pour devenir l’atelier de
l’architecte. Il s’agit ici bien d’une villa romaine dans la périphérie de Vienne, près du bois de Hütteldorf, où règne un
idéal de beauté au coeur de la nature. Les contemporains ont rapproché cette ville de la « maison aux rose » décrite dans
le roman d’Adalbert Stifter, « été de la saint Martin » (1857).
Immeubles de la Wienzeile - N° 38 - N°40 Majolika Haus 1898-1899 la rupture totale avec le palais de la Renaissance
grâce à l’apparition de la Sécession à laquelle il est sensible et favorable, est illustrée par ces 2 immeubles d’habitation.
Dans leur construction, il mit pour la première fois en pratique les 3 principes constructifs qu’il fait développés dans les
années 1890.
- La primauté de la fonction sur la forme
- l’utilisation sans restriction des matériaux modernes
- l’adhésion au langage anti-historique de la Sécession.
En application du premier principe, il rompit avec l’intégration en trompe-l’oeil des locaux commerciaux et résidentiels
derrière une façade Renaissance. Il fit en sort d’affirmer par des formes distinctes et contrastées les deux fonctions
séparées des espaces intérieurs : les affaires en bas, les habitations en haut. . Une ample bande de verre et métal sépare
le rez-de-chaussée destiné au commerce du reste de l’immeuble. A premier étage, la fonction résidentielles s’affirme et
l’ornementation apparait. Il affirme aussi la dualité de l’homme moderne : l’homme d’affaires et l’homme de goût.
Dépourvus de chambranles et de tout élément d’articulation, les étages supérieurs affranchissent des conventions. La
forte plastique structurant les façades classiques est rejetée au profit d’une surface relativement plane, habillée de
carreaux à l’épreuve de intempéries. Les lignes décoratives dessinent un entrelacs des motifs floraux (JM Olbrich). Deux
arrières- corps latéraux garnis de balcons et au décor de feuillage viennent encadrer l’immeuble.
Le N°38 est plus richement décoré mêmes le principe architectural est le même. Entre les fenêtres du dernier étage sont
suspendues des gerbes à motifs de palmes dorées et de plume de paon stylisées dues à Koloman Moser. Le centre est
masqué par des médaillons dont les bas-reliefs figurent des visages féminins (Koloman Moser). Otto Wagner a apporté un
soin particulier à la conception de l’angle en arrondi du bâtiment. Au niveau commercial, le pan coupé est requis, à
l’étage, l’élégante courbe s’ouvre en haut sur une loggia couronnée de statues dues à Othmar Schimkowitz. La grande
innovation qui sera reprise jusqu’à Loos est cet arrondi qui rend la façade fluide.
Loss en parlait comme une « architecture tatouée ».
La caisse d’épargne de la poste autrichienne 1904-1906 et 1910-1912 La caisse d’épargne fut créée pour contrebalancer
le pouvoir de la haute finance, par le parti chrétien social afin e doter la petite bourgeoisie d’une arme institutionnelle
pour résister à la puissance bancaire de la bourgeoisie libérale et juive. Il s’agit certainement de l’un des meilleurs
exemples d’architecture fonctionnelle voulue par Otto Wagner. La construction se déroule en 2 temps. de 1904 à 1906,
l’avant du bâtiment est terminé et l’arrière de l’édifice ne sera achevé qu’entre 1910 et 1912. Toutefois, on constate qu’il
combine des éléments traditionnels, allant jusqu’au Victoire couronnant le bâtiment (Othmar Schimkowitz), à des
éléments plus radicaux : matériaux choisis en fonction de leur coût et de leur capacité de résistance et démonstration de
la technique de l’ingénieur.
L’édifice s’articule entre un premier niveau unissant rez-de-chaussée et entresol et quatre étages couronnés d’un attique
triomphal. La façade est revêtue de fines plaques de marbre fixées au béton armé par des boulons en aluminium.
En bas, le vestibule comporte un bel escalier menant à l’entrée de la salle des guichets, qui constitue le coeur du
bâtiment : verre, acier, aluminium définissent un espace lumineux grâce à la transparence du verre soutenu par des
piliers métalliques. Architecture et mobilier obéissent à ce que Otto Wagner appelait la sincérité des forme, c’est à dire la
forme sans les fioritures. La salle des titres présente des guichets au dessin très clair et au mobilier géométrisant.
la salle de réunion possède des fauteuils en bois courbé à la ferrure en aluminium. le salon des gouverneurs, élégante et
pleine de retenue possède des meubles en acajou et en hêtre. Ce sont de vrai aménagements fonctionnel, traités
clairement, géométriquement, comme l’est également la cage d’escalier qui donne son unité au bâtiment.
Eglise de saint Léopold de Steinhof Parallèlement aux travaux de cette caisse d’épargne, Otto Wagner se consacra au
projet de l’église de saint Léopold de Steinhof logée dans un complexe architectural d’une installation de soins
psychiatriques en bordure de la forêt viennoise à Penzig. la construction se déroula de 1902 à 1907. Cette église à
coupole élevée sur un plan en croix grecque, inspirée de modèles byzantins, comme saint Marc à Venise, ou sainte
Sophie à Istanbul, tout en écartant la solennité et la lourdeur typiques de ce genre d’édifices. Lieu de culte réservés aux
malades, elle devait s’adapter à leurs besoins et à leur handicaps, tout en ayant un aspect stimulant en extérieur comme
en intérieur dont on attendait un bénéfice thérapeutique. il s’agit d’une édifice à armature métallique revêtue d’un
appareil de briques recouvertes de blocs de marbre surmonté d’une coupole recouverte de plaques de cuivre, encadré du
côté de la façade principale par deux petits clochetons tours surmontés de sculptures dues à Richard Luksch (st Léopold
et St Severin, patron de la basse Autriche). Les anges en bronze doré en hauteur sont de Othmar Schimkowitz.
le maître-autel est de Carl Ederer, la mosaïque de Rémigius Geyler, les bancs et sièges de Koloman Moser.
L’aménagement intérieur poursuivait aussi des objectifs thérapeutiques basés sur la beauté, l’équilibre et la sérénité. De
fins lignes dorées suggèrent un plafond à caissons, des matériaux précieux utilisés pour ce décor . le mobilier est
subordonné à des exigences pratiques et les angles aigus sont inexistants. Un carrelage résistant recouvre le sol et une
légère déclivité en facilite l’entretien. L’aération, le chauffage, l’eau courante dans le bénitiers garantissaient de meilleurs
conditions d’hygiène. les vitraux de Koloman Moser assure une lumière raffinée.
La seconde villa Wagner. 28 Hüttelbergstraße Comparée à la première villa de type palladien, construite entre 1886 et
1888, cette seconde villa édifiée entre 1912 et 1913, témoigne d’une simplification radicale des formes. La villa est une
structure en béton armé, bloc géométrique, recouvert d’un crépi blanc. Au niveau principal, le décor se restreint aux
pans de murs compris entre les fenêtres et aux chambranles de la porte surmontée d’une mosaïque de Leopold Forstner
où figurent Athéna et une tête de Gorgone.L’étage supérieur est totalement nu. Une large corniche ornée de caissons
couronne la façade. Un petit balcon présente un décor, sur la droite de la villa.
Egon Schiele - Portraiit d’Otto Wagner 1910 Aquarelle, crayon et réhauts de blanc Vienne Musée Historique. Otto
Wagner fut le mécène de Schiele, et le lança comme portraitiste de la société. Collectionneur, il fit beaucoup pour les
artistes de la Sécession, de la première et de la seconde génération.