Je disais donc que tout livre que tout livre est un désir d`inconnu. D

Transcription

Je disais donc que tout livre que tout livre est un désir d`inconnu. D
Je disais donc que tout livre que tout livre est un désir
d’inconnu. D’où l’on conclura que tout lecteur est un brave,
qui cède à ce désir, cherchant son étonnement, se
plaisant à ce qui lui est étranger, et risquant ses
certitudes au jeu du mystère et de l’imprévu. Je ne sais
pas de vrais livres qui ne recomposent le monde à leur
façon et donc ne nous prennent merveilleusement au
dépourvu.
Tout livre crée un monde et parce que ce monde n’existe
pas il nous dit beaucoup sur celui qui existe. Qui n’a pas
de livres devant soi se prive à peu près du vertige de
l’inconnu. Or « comment vivre sans inconnu devant soi ? «
demande René Char , notre complice (…..)
Jean-Pierre Siméon
« Lettre à mes enfants »,
in Celébration de la lecture,
ouvrage collectif sous la direction de Michel Moret,
Editions de L’Aire, Vevey, 1993.
Littérature de Jeunesse Définissons d’abord le terme de Littérature : il renvoie au concept de patrimoine et à celui d’esthétique Le terme littérature a changé de sens dans son histoire sémantique : au XVIe s. il désigne la culture du lettré au XVIIIe s. il désigne toutes les œuvres de langage écrites avec art (y compris les textes scientifiques) au XIXe s. le terme prend son sens contemporain, issu de la séparation positiviste entre les sciences expérimentales et les sciences humaines et les arts 1) La Littérature est un art On reconnaît à l’œuvre d’art une valeur indépendante de sa fonction pratique. L’œuvre d’art est expressive, elle représente toujours autre chose qu’elle même. En tant que signe, elle ne se réduit pas à sa réalité physique ou matérielle. L’œuvre d’art est issue d’une causalité intentionnelle, le Beau de l’Art n’est pas le Beau de la nature. L’œuvre d’art implique la réussite, les œuvres d’arts non réussies ne sont pas des œuvres d’art (Adorno) À chaque époque, il existe des instances de légitimation diverses d‘où une variété des formes artistiques. 2) Spécificité de l’art littéraire Singularité du fait que le matériau qu’il utilise, le langage est déjà en lui-­‐même un système signifiant. Roman Jakobson : la fonction poétique du langage vise le message en tant que tel, l’accent est mis sur le message pour son propre compte. L’axe de la forme est reversé sur l’axe du contenu. Pour le dire en citant le poète Paul Valery : « le poème, cette hésitation prolongée entre le son et le sens. » Le plaisir esthétique fait que la lecture s’engage et se poursuit avec le temps. Il y a un sens au niveau dénotatif (1er niveau). Pour qu’il y ait littérature, il faut que la signification véritable inclue et dépasse la signification littérale, le mot à mot. La langue anglaise est plus précise que le vocabulaire français : meanning -­‐ sens littéral signifiance -­‐ signification La Littérature est fiction. Gérard Genette précise que les énoncés littéraires ne sont pas à lire par rapport à la réalité mais par rapport au système qu’ils constituent. Donc la littérature est fiction : d’où le caractère indirect de la signification qui passe par la médiation d’une histoire (et pas par l’expression directe des idées, ce n’est pas explicatif ni argumentatif). Le sens manifeste : -­‐ de quoi parle le texte est déplacé et enrichi par le sens implicite : -­‐ que dit-­‐il sur ce dont il parle. Le texte littéraire appartient à la fonction poétique du langage par opposition à la fonction référentielle. L’ambigüité est une propriété intrinsèque inaliénable de tout message centré sur lui-­‐
même. Le jeu littéraire est incertain, divers, parfois contradictoire. Interpréter : rendre compte du double geste langagier de sélection et de combinaison puis expliquer. La société, l’histoire, la culture, le genre, la biographie de l’auteur, autrement dit plusieurs modèles explicatifs existent et peuvent être utilisés. Le sens littéraire d’un texte passe par sa forme. Valeur esthétique : le plaisir du beau. Valeur esthétique : valeur cognitive consécutive au travail formel de l’auteur que l’on identifie. Comprendre : identifier le sens littéral du texte partagé dans la valeur référentielle du langage. Interpréter : dégager la signifiance polysémique. Le texte littéraire n’a à tenir compte ni des exigences de la réalité, ni de celles de la morale. Jacques Morizot « l’art est le laboratoire le plus instructif de l’activité symbolique. » Milan Kundera « Le roman n’examine pas la réalité mais l’existence. Et l’existence n’est pas ce qui s’est passé, l’existence est le champ des possibilités humaines, tout ce que l’homme peut devenir, tout ce dont il est capable. Les romanciers dessinent la carte de l’existence en découvrant telle ou telle possibilité humaine. » La force de l’art est de rendre sensible donc partageable l’intériorité d’un sujet. Un texte de littérature nous apprend peu de choses, sur l’amour ou la mort mais beaucoup sur le rapport à l’amour ou la mort. La littérature est l’accusation du réel par le virtuel. D’après Nelson Goodman : l’intérêt de l’art est qu’il nous permet d’échapper à l’adaptation passive au milieu ; en cela il participe de notre processus d’humanisation.
Approche sémiotique
Roland Barthes, (S/Z)
Interpréter un texte, ce n'est pas lui donner un sens, plus ou moins fondé , plus ou moins libre
c'est au contraire apprécier de quel pluriel il est fait
Le texte (littéraire), est une galaxie de signifiants, non une structure de signifiés
Plus le texte est pluriel et moins il est écrit avant que je le lise.
Umberto Eco, (Lector in fabula)
(la lecture), une activité coopérative qui amène le destinataire à tirer du texte ce que le texte ne dit
pas mais qu'il présuppose, promet, implique ou implicite, à remplir les espaces vides, à relier ce
qu'il y a dans ce texte au reste de l'intertextualité d'où il nait et où il va se fondre.
Générer un texte signifie mettre en oeuvre une stratégie dont font partie les prévisions des
mouvements de l'autre. L'auteur d'un texte a besoin de prévoir son lecteur modèle non seulement
pour satisfaire son horizon d'attente, mais aussi quelques fois pour le décevoir ( .... ) Un texte
repose donc sur une compétence mais, de plus, il contribue à la produire
Aucun texte n'est lu indépendamment de l'expérience que le lecteur a d'autres textes. ( ... ) La
compétence intertextuelle représente un cas spécial d'hypercodage Tous les lecteurs n'ont pas la
même encyclopédie intertextuelle et cela influe sur leur lecture
Fabula fermée / fabula ouverte : dans la fabula fermée le texte accepte les hypothèses
interprétatives mais ne permet à la fin aucune alternative et élimine le vertige des possibles. Dans
la fabula ouverte le texte "ne se compromet pas, il ne fait pas d'affirmations sur l'état final de la
fabula `
Il y a une réticence essentielle des textes littéraires. La lecture doit faire surgir tout un univers à
partir d'indices lacunaires et peu déterminés.
Approche Didactique
Catherine Tauveron
Le texte littéraire a du "jeu"
La lecture littéraire comme une compétence de lecture à la fois spécifique et plurielle
A l'école, (de la maternelle au lycée) conception scolaire ou conception hédoniste de la lecture
littéraire ; textes sans sous-sols, sans grenier, sans porte dérobée.
Interpréter n'est pas réservé à ceux qui comprennent. Pour apprendre à comprendre, il convient
d'apprendre à interpréter
Quittons la surface insignifiante du texte où l'on réduit les élèves
Deux types d'interprétation : l'un antérieur à la compréhension et lui permettant
d'advenir, l'autre postérieur, voie d'accès à la portée symbolique, c'est à dire à un
autre type de compréhension non littérale
L'interprétation, pour être reconnue plausible, doit être soumise à une procédure de
validation, (données textuelles ou données culturelles)
La nécessité d'accéder à une lecture métaphorique ou symbolique crée un double
plaisir : plaisir de l'histoire lue "naïvement », plaisir de l'histoire oeuvre d’art, donc
terrain de jeu
La compréhension limite le texte à des données factuelles et fait donc confondre
littérature et fait divers
Le texte littéraire est d'abord le lieu d'une incompréhensibilité programmée qui
suppose un lecteur stratège, notamment capable de projeter des codes culturels
Le lecteur modèle que l'école doit former c'est celui qui ne s'arrête pas de spéculer
Approche sémiotique
Roland Barthes, (S/Z)
Interpréter un texte, ce n'est pas lui donner un sens, plus ou moins fondé , plus ou moins libre
c'est au contraire apprécier de quel pluriel il est fait
Le texte (littéraire), est une galaxie de signifiants, non une structure de signifiés
Plus le texte est pluriel et moins il est écrit avant que je le lise.
Umberto Eco, (Lector in fabula)
(la lecture), une activité coopérative qui amène le destinataire à tirer du texte ce que le texte ne dit
pas mais qu'il présuppose, promet, implique ou implicite, à remplir les espaces vides, à relier ce
qu'il y a dans ce texte au reste de l'intertextualité d'où il nait et où il va se fondre.
Générer un texte signifie mettre en oeuvre une stratégie dont font partie les prévisions des
mouvements de l'autre. L'auteur d'un texte a besoin de prévoir son lecteur modèle non seulement
pour satisfaire son horizon d'attente, mais aussi quelques fois pour le décevoir ( .... ) Un texte
repose donc sur une compétence mais, de plus, il contribue à la produire
Aucun texte n'est lu indépendamment de l'expérience que le lecteur a d'autres textes. ( ... ) La
compétence intertextuelle représente un cas spécial d'hypercodage Tous les lecteurs n'ont pas la
même encyclopédie intertextuelle et cela influe sur leur lecture
Fabula fermée / fabula ouverte : dans la fabula fermée le texte accepte les hypothèses
interprétatives mais ne permet à la fin aucune alternative et élimine le vertige des possibles. Dans
la fabula ouverte le texte "ne se compromet pas, il ne fait pas d'affirmations sur l'état final de la
fabula `
Il y a une réticence essentielle des textes littéraires. La lecture doit faire surgir tout un univers à
partir d'indices lacunaires et peu déterminés.
Approche Didactique
Catherine Tauveron
Le texte littéraire a du "jeu"
La lecture littéraire comme une compétence de lecture à la fois spécifique et plurielle
A l'école, (de la maternelle au lycée) conception scolaire ou conception hédoniste de la lecture
littéraire ; textes sans sous-sols, sans grenier, sans porte dérobée.
Interpréter n'est pas réservé à ceux qui comprennent. Pour apprendre à comprendre, il convient
d'apprendre à interpréter
Quittons la surface insignifiante du texte où l'on réduit les élèves
Deux types d'interprétation : l'un antérieur à la compréhension et lui permettant d'advenir, l'autre
postérieur, voie d'accès à la portée symbolique, c'est à dire à un autre type de compréhension non
littérale
L'interprétation, pour être reconnue plausible, doit être soumise à une procédure de validation,
(données textuelles ou données culturelles)
La nécessité d'accéder à une lecture métaphorique ou symbolique crée un double plaisir : plaisir
de l'histoire lue "naïvement », plaisir de l'histoire oeuvre d’art, donc terrain de jeu
La compréhension limite le texte à des données factuelles et fait donc confondre littérature et fait
divers
Le texte littéraire est d'abord le lieu d'une incompréhensibilité programmée qui suppose un lecteur
stratège, notamment capable de projeter des codes culturels
Le lecteur modèle que l'école doit former c'est celui qui ne s'arrête pas de spéculer