Bologne, jeudi 10 Novembre 1892 Cher Gust, Nous voici déjà jeudi

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Bologne, jeudi 10 Novembre 1892 Cher Gust, Nous voici déjà jeudi
10.11.1892 en 11.11.1892, Jacques Dwelshauvers aan August Vermeylen
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Bologne, jeudi 10 Novembre 1892
Cher Gust,
Nous voici déjà jeudi après-midi, et pas de lettre de toi! Que se passe-t-il? Es-tu malade ou
surchargé de besogne, ou ma dernière épître était-elle si longue que tu n'es pas encore venu
à bout de la déchiffrer? Je ne sais si c'est la poste qui ne fonctionne pas ou les Belges qui
m'oublient mais des sept ou huit lettres que j'attends pas une n'est encore arrivée. Tu ne sais
point comme cela rend triste quand on est à l'étranger, seul en somme car tous les gens qu'on
voit ont bientôt fait de vous être à charge!
Le ciel aussi s'est mis de la partie pour me rappeler les aspects de là-bas: une voûte grise
uniforme, pesante et immobile. L'air est très doux et d'un calme absolu. L'automne est venu,
semblable au nôtre avec ses brumes et ses feuillages agonisants. Je me suis promené tantôt
seul pendant plus de deux heures et demie au Giardino Margherita et dans la campagne: il y
avait des teintes merveilleuses: les feuillages parcourent une gamme de couleurs qui va du
jaune soleilleux de certains buissons au rouge corail des vignes vierges. Certaines feuilles
jaunes sont marbrées de vert et vernies de rouge par les nervures; d'autres ont un rouge grenat
sourd, d'autres sont comme du sang caillé. Les tons sont en général très fortement accentués,
plus nettement ce me semble que chez nous. Les maisons éparses s'harmonisent bien avec les
arbres: elles sont peintes dans une gamme de teintes analogues, la base étant tenue par des
rouges-bruns, la haute par les jaunes-crêmes. Intermédiairement une série de jaunes, de roses
et de rouges qu'interrompt le vert des volets, de même que le vert des sapins, des lauriers, etc.
rompt l'ensemble des couleurs d'automne.
L'immobilité des paysages était surprenante: pas le plus léger souffle du vent: les moindres
bruits se percevaient avec une netteté entière: on entendait de frêles craquements de branches,
de feuilles qui glissaient, des pas lointains battant la pierre des routes. Je me rappelais
d'analogues promenades rêveuses, au bois de la Cambre ou à la fôret, au commencement
d'octobre et je les évoquais avec une si grande force d'imagination que par instants dans les
chemins enfermés de végétation analogue aux nôtres je me sentais de nouveau à Bruxelles
et on disait que tantôt j'allais rentrer tranquillement rue de l'abbaye et retrouver la maison
chérie et cette bénifiante vie de famille qui laisse si bien l'esprit libre d'exercer toutes ses
facultés ..... Mais hélas! il n'en était rien et je suis revenu mélancoliquement au collège où
tantôt je dînerai en compagnie d'Agostino, de don Luigi et de mes trois compagnons et là je
m'exciterai inutilement, je raconterai des calembredaines idiotes et le soir je ne serai peutêtre plus bon à rien. Le temps passe ainsi, inemployé, en pure perte: je n'ai plus travaillé à la
Vie impossible: je n'ai pas le courage de m'y remettre. Quand j'en repreprends de temps en
temps le manuscript, c'est pour me dire: il y avait quand même de bonnes choses là-dedans; il
faudrait que je bloque pour le remettre au point. Et puis c'est tout, je renfonce la paperasserie
dans mon tiroir et je ferme.
Depuis mon arrivée c'est le premier jour où j'ai un peu de spleen: mais cela ne durera pas: il
faut être placé dans d'autres circonstances pour jouir des douloureuses délices de ce mal-là.
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— J'ai pu pousser assez activement mes études sur la bourgeoisie bolonaise: et déjà des
nausées m'en viennent! Dieu! que tous ces gens-là sont inintéressants: pas la moindre
complication d'âme! Les décrire serait retomber dans les errements de l'école naturaliste: de
simples analyses de bas-ventre, des histoires de ruts plus ou moins longues et compliquées.
Un pareil sujet ne pourrait se sauver que grâce à une prodigieuse éructation de rage et de
mépris. Enfin comme j'ai l'habitude de te raconter tout ce que j'observe, comme ça vient, je
vais te résumer nos relations avec les Bruers, avec Madame et Mademoiselle s'entend. Je
t'avertis que c'est très vulgaire, mais cela peut servir tout au moins à s'affirmer dans certaines
convictions.
Dans ce ménage — et je crois qu'il en est ainsi dans beaucoup de ménages italiens — le
mari joue un rôle tout à fait effacé: c'est l'être gênant qu'on tolère à condition qu'il ne soit
pas trop encombrant et qu'il sache s'en aller au bon moment. Monsieur Bruers est un modèle
de mari sous ce rapport: il est toujours occupé par sa position de médecin, il a souvent
des accouchements à faire et reste absent des nuits entières. Madame Pia et Mademoiselle
Paolina sont donc les vraies maîtresses de la maison: elles bavardent énormément comme
la plupart des italiennes, parlent de tout, tiennent perpétuellement le crachoir. Elles ont été
envers nous d'une amabilité extrême, nous reprochant de ne pas venir assez fréquemment,
nous invitant à venir un soir chaque semaine: va bene! Ensuite elles nous ont donné rendezvous le dimanche au jardin Margherita où nous les avons rencontrées; ensuite le mardi
autre rendez-vous et promenade en leur compagnie à l'Osservanza: à partir de ce moment
cela devient brûlant. La mère qui malgré son âge déjà respectable — car elle doit avoir de
longtemps dépassé la quarantaine et une italienne de 40 ans est vieille déjà — n'en est pas
moins chaude, demeurait attachée au bras de cet excellent Lodewijk qui a décidément des
goûts faisandés, tandis que nous trois tournions autour de mademoiselle comme des chiens
autour d'une chienne en chaleur. Alfred gardant l'avantage comme bien tu devines: à la fin de
la promenade ils commençaient déjà à être tendrement enlacés. — L'Osservanza est une petite
église insignifiante qui a une vague forme de temple grec et est située sur la montagne: la vue
de Bologne est très belle de là-haut. Ces dames ont fait là leurs prières — St. Cucufin, priez
pour nous! — et à la sortie cet ineffable Lodewijk n'a rien trouvé de mieux que de leur offrir
fraternellement de l'eau bénite puis de faire très dévotement le signe de la Croix: c'était d'un
comique achevé.
Hier anniversaire d'Hermann Köttlitz qui avait 21 ans: en signe de réjouissance, après avoir
absorbé deux bouteilles d'Asti spumante, on s'est rué vers la via d'Azeglio où demeurent
les Bruers. Soirée qui s'est prolongée au-delà de minuit et demi et où l'on a joué à tous les
petits jeux: aux portraits, au bouquet, à la guitare, à pigeon vole (doux abrutissement!), et que
sais-je encore. Naturellement qui se trompait devait donner un gage et je te laisse à penser
le nombre de fois qu'on s'est embrassé, qu'on s'est assis sur les genoux les uns des autres et
les pelotages en sens divers auxquels ces exercices donnaient lieu, le tout accompagné de
petites plaisanteries à double sens. Pas rebelles du tout ces dames qui avaient l'air fortement
échauffées à la fin de la soirée. Il est vrai qu'on avait voulu soumettre mademoiselle à des
expériences d'hypnotisme qui consistaient surtout à lui mettre la main dans le dos ou tout
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autre part et à la regarder dans le blanc des yeux. Je crois que toute cette aventure se terminera
un jour ou l'autre par un double baisage Luigi baisant Madame et Alfredo Mademoiselle, à
moins que celle-ci ne tienne absolument à se faire épouser.
En revenant de cette orageuse soirée je pensais involontairement à certains passages de
Mademoiselle de Maupin: Si jamais Paolina se déguisait ainsi comme M de Maupin1 afin de
connaître ce que les jeunes gens disent d'elle entre eux, elle serait probablement guérie de
l'envie de se laisser cramper! Le cynisme exagéré et fanfaron des hommes est bien ce que je
connais de plus ridicule au monde. Ce mépris que les jeunes gens affichent pour les femmes
auxquelles ils viennent de faire des mamours est comme leur mesquine vengeance de devoir
s'abaisser, se rapetisser devant elles afin de satisfaire leurs désirs et d'accomplir ce qu'ils
souhaitent.
Je t'entretiens bien longuement de choses d'un intérêt très relatif: mais c'est surtout pour te
convaincre que je m'ancre de plus en plus dans cette idée: qu'un écrivain perd absolument
son temps et use inutilement deses facultés à observer comment fonctionnent les ficelles de
tous ces petits fantoches qui constituent, La société ordinaire, la bourgeoisie. Il vaut mille fois
mieux s'attacher à l'étude de quelques types hautains, séparés de la tourbe ordinaire du monde:
une seule pensée d'un homme comme Raway par exemple m'intéresse davantage que la vie
entière de tous les "Alltagsmenschen". — Un caractère étrange comme celui de Sophia me
ferait dédaigner de regarder même la multitude des pimbêches qui vous raccrochent, au coins
des salons. Nom de Dieu! je ne suis pas encore près de me convertir aux religions du jour!
Vendredi soir.
J'ai enfin reçu tantôt ta chère lettre: et une fois de plus j'ai reconnu quel ami vrai et sincère
tu m'étais. Déjà je m'endormais dans mes rêves de sot orgueil, je tâchais de me duper moimême, de me dissimuler à mes propres yeux le fond de mon caractère: merci de m'avoir
rappelé d'un brutal coup de poing a la réalité. Merci .... mais comme tu m'as fait mal, comme
tu m'as fait pleurer, mon cher ami... oui, j'ai pleuré, longuement, solitairement et les larmes
me brûlent encore les yeux tandis que je t'écris quand je songe à toute ma faiblesse à toute
ma lâcheté d'âme qu'en vain je cherchais à voiler. Comme tu as raison, comme tu comprends
hautement le rôle de l'artiste et le calme d'âme qu'il doit atteindre et son indifférence
nécessaire pour les choses moindres .... Ah! c'était si vrai, si poignant tout cela que j'en
souffre terriblement. Car tu dois avoir compris que s'il est quelqu'un que les mesquinneries
tourmenteront toujours, qui ne saura se créer ces templa serena que tu évoques, s'il est
quelqu'un qui est impuissant à vivre au-dessus du monde tout en vivant au milieu de lui; c'est
bien moi. Je suis comme Axel2 qui abandonnait les vraies richesses spirituelles pour l'or de la
terre: ce sang qu'il avait versé pour la possession de cet or l'attirait, le soûlait, et il chancelait
dans sa foi, mais au moins prenait-il un résolution. Mais je n'en sais pas prendre, je roule en
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Théophile Gautier, Mademoiselle de Maupin, double amour (Paris, E. Renduel 1835-1836).
Personage uit het gelijknamige werk: Comte J.M. de Villiers de l'Isle-Adam, Axel (Paris, Maison Quantin,
1890).
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vain d'un être à l'autre, balloté entre les extrêmes, ni au ciel, ni en enfer. Je ne suis pas ce
que je veux, j'hésite, j'ai peur de l'action, je donnerais tout pour obtenir le repos pour que le
tumulte du dehors ne m'étourdit pas les oreilles, pour que le tumulte intérieur ne me ballottait
pas dans le crâne: je voudrais du repos et ce repos ne me serait qu'une paresse. Le maître,
c'est mon coeur qui bat trop vite, c'est mes nerfs affolés auxquels tout-à-coup je ne commande
plus, c'est tout ce corps éliminé de naissance et qui ne fait que descendre mathématiquement
plus avant dans sa dégénérescence. Tu veux me sauver de là? merci, mon vieil ami, mais ne le
tente pas, tu y perdrais des forces inutilement ... Ah! chacun de tes mots m'a plus étroitement
étranglé la gorge, plus violemment angoissé l'âme. Tu as raison, raison, cent fois raison, et
peu plus aujourd'hui que hier, pas plus demain qu'aujourd'hui je n'aurai le courage de prendre
une décision: c'en a toujours été ainsi, je me suis laissé aller au courant des événements, je
fais de la médecine parce que ç'a été mon idée d'enfance et que je n'ai su me donner la peine
d'en trouver une autre, je suis parti pour Bologne, je ne sais pourquoi, par un coup de tête,
une niaiserie quelconque, sans savoir où ça me mènerait, sans rien calculer, ici je vis au jour
le jour et je n'étais même pas triste parce que je bois beaucoup de vin et suis rarement seul,
et tantôt je serai consolé: il n'en coûtera qu'un peu de café et quelques cigarettes et cette
chère douleur que j'adore et que tu as eu la bonté de me faire éprouver tantôt ce ne sera qu'un
soubresaut dans cette existence où je tâche de m'oublier moi-même, de m'aveugler, de ne pas
réfléchir sur moi-même, de ne pas penser que je pourrais avoir une volonté. -- Ah! si je savais
être un saint comme tu le dis, mais non! je ne le serais jamais qu'à regrets, non que ma chair
réclame, je suis habitué dans ce rapport à n'avoir aucun besoin, seul mon esprit divague, mon
imagination marche et celle-là ne peut se contenter des rêves qu'elle est impuissante à créer,
elle voudrait les réaliser entièrement, chercher dans le monde ce qu'elle ne peut produire ellemême, réalisations matérielles impossibles de ses fantômes et en même temps .... mais non!
en voilà assez de manier cet atroce scalpel sur moi-même! je ne sais plus.. et je vois que je
griffonne horriblement; auras-tu la patience de déchiffrer ces hiéroglyphes dont ma main
énervée grate désespérément le papier. — Je ne continuerai ma lettre que tantôt quand je
sentirai mes idées un peu calmées et mon front moins brûlant.
Vendredi. 11 heures du soir.
Je tâcherai de lire à l'occasion les revues italiennes dont tu me parles ainsi que les poésies
de Gabrielle d'Annunzio. Je connais ici un type riche dont je cultiverai la connaissance
qui a une très riche bibliothèque, paraît-il: mais auparavant il faut que je m'exerce encore
beaucoup à lire l'Italien, car je comprends souvent difficilement et je saisis très peu les
beautés spéciales à la forme. Ce ne sera donc que sur les sens que mes appréciations
porteront. Ceux que j'ai entendus parler littérature ne jurent que par Carducci: tout le monde
semble le regarder comme le plus grand des auteurs italiens modernes. On m'a dit aussi
quelques livres de Verga, particulièrement de son dernier roman (dont je ne me rappelle
plus le titre).3 — Pour le moment je lis les poésies de Leopardi: je ne t'en parle pas encore
parce que je les lis péniblement et lentement. Je lis aussi du Boccace (Laberinto d'Amore):
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Giovanni Carmelo Verga, Mastro don Gesualdo (Milano, Treves, 1889).
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c'est bien rasant jusqu'ici et écrit dans un style horriblement compliqué, plein d'incidents,
bourré de constructions latines. Enfin c'est une bonne gymnastique: on doit avoir l'esprit
perpétuellement tendu pour débrouiller ces longues phrases.
— J'ai lu dans le "Secolo" les troubles qui ont eu lieu à propos de l'inauguration des chambres
à Bruxelles.4 Ce n'est certes pas à Bologne qu'on s'agiterait ainsi pour la politique. Dimanche
dernier il y avait élection5 et personne ne s'en serait douté car il n'y avait aucune animation
en ville: il est venu à peu près le tiers des électeurs: la lutte peu intéressante se faisait entre
modérés de différentes nuances; le soir devant les bureaux d'un journal qui affichait les
résultats il y avait à peine une douzaine de passants paisibles et indifférents. Puis c'est tout.
Je crois que l'amour est la seule occupation sérieuse ici. — A ce propos nous avons été chez
Bouttiau, le directeur des trams à vapeur, l'ami de De Vriese, etc. Il nous a aimablement reçus:
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De gewone zittijd 1892-1893 van de wetgevende kamers werd op 8 november 1892 plechtig geopend met
een troonrede. De sfeer was geladen vanwege de problemen rond de verruiming van het kiesrecht.
Een voorstel tot grondwetsherziening, ingediend door de radicaal-liberaal Janson, was in november 1890
door de Kamer in overweging genomen, maar de besprekingen wilden niet vlotten. Door de verkiezingen
van 14 juni 1892 werden de Kamers grondwetgevend. Er werd een commissie van 21 leden samengesteld
die alle voorstellen tot grondwetsherziening zou onderzoeken en haar besluiten aan de Kamers zou
meedelen. De commissie verwierp de voorstellen tot algemeen stemrecht, zodat de gemoederen erg verhit
waren bij de opening van de nieuwe zittijd. Zie de de Koophandel van Antwerpen van 8 november 1892:
'De Troonrede is overigens door geen enkele toejuiching begroet. Zij vroeg 20 minuten om te worden
gelezen. Daarna groette de koning de Koningin, de prinses en de leden der Kamer. Hierop werd de kreet
gehoord van "Leve de Koning!" maar flauw, terwijl de leden der uiterst linker zijde riepen: "Leve het
algemeen stemrecht!"'
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Nog dezelfde dag trokken verscheidene betogingen door Brussel, en de volgende dag waren de
commentaren van de kranten op de troonrede erg negatief, vermits het probleem van de verruiming van
het kiesrecht geen stap dichter bij een oplossing was gebracht. In 1893 werd het stelsel van het algemeen
meervoudig stemrecht ingevoerd.
De algemene verkiezingen in Italië voor de Kamers hadden plaats op zondag 6 november 1892. Op 9
november meldde de Koophandel van Antwerpen: 'In Italie is de uitslag gekend van 503 kiescollegies op
508. De uitslag is: gekozen 325 partijgangers van het gouvernement, 101 leden der oppositie, Nicoteristen
of radikalen, 16 twijfelaars en 61 herstemmingen.'
Op 10 november verscheen nog een aanvullend bericht: 'De Patria, een gouvernementsblad in Italië,
verdeelt de gekozenen voor de nieuwe Kamer aldus: 302 gunstig voor het ministerie, namelijk 261
kandidaten der linker zijde en 41 gematigde radikalen; 100 leden der oppositie, 68 van de rechter zijde,
26 onverzoenbare radikalen en 15 aanhangers van M. Nicotera. In deze berekening zijn de aanhangers
begrepen van M. Crispi, hoewel het zeker schijnt dat M. Crispi naar de oppositie zal overgaan. Vooral
met het oog op de buitenlandse politiek is de kiezing in Italië belangrijk. Al de warmste aanhangers
eener politiek van aansluiting met Frankrijk zijn gevallen, eene politiek die ook door het Vatikaan wordt
aangekleefd.'
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c'est un bon type de wallon qui est resté bien belge de tournure et de manière de parler: il est
blond, passablement gras et doit avoir 35 ans à ce que j'estime. Il trouve que Bologne est une
ville où l'on s'amuse bien, mais quant au travail, niente! Les gens qui travaillent deux heures
par jour se croient des piocheurs et les ouvriers ne songent guère à se révolter parce qu'ils sont
trop paresseux pour cela: c'est un peu vrai! — La mère de De Vriese est morte il y a peu de
temps et il paraît que celui-ci a l'intention de venir se distraire quelque peu à Bologne.
— Très intéressantes tes conversations avec Van Welie et van Langendonck. A l'occasion je
te reparlerai de leurs théories dont je ne suis nullement l'adepte. Mais aujourd'hui je ne me
sens pas d'humeur à m'engager sur le terrain de la haute esthétique!
— Je me fais envoyer à l'occasion des livres par Moens, des Balzac entre autres et ces
adorables petits livres de la petite collection Guillaume.6 J'ai lu Armandi entre autres, une
esquisse qui a quelques traits charmants, et "Printemps parfumés" une histoire coréenne (voilà
au moins une littérature inédite) traduite par Rosny:7 ce n'est pas ce qu'on appelle en France
un roman bien bâti, mais il y a des détails d'une agréable saveur. Je ne sais si nous sommes
capables de bien apprécier ces choses-là.
Et maintenant bonsoir mon cher ami: j'espère que cette lettre ne t'arrivera pas trop en retard et
que dorénavant tes occupations ne te retiendront plus de m'écrire au jour accoutumé! Je vais
me coucher pour obéir à tes injonctions ce qui ne m'empêchera pas je crois de dormir jusqu'à
neuf heures, de ne me réveiller que quand le jour aura de longtemps paru. — Brutalise-moi
encore quand je le mériterai, mon cher ami... ou plutôt non, je crois que tu aurais trop à faire.
Prie seulement de temps en temps pour un pauvre pécheur, etc. Bien fraternellement je te
serre les deux pattes — Tout à toi
Jacques
P.S. Je t'envoie deux photographies tirées avec l'appareil d'Alfred. L'une un groupe sérieux où
j'ai l'air d'avoir une griffe satanique d'une main, l'autre un groupe burlesque où Köttlitz porte
sur la tête le rond de paille qui lui sert normalement à asseoir son cul!!
......
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7
De 'Petite collection Guillaume' werd uitgegeven door E. Dentu (Parijs).
Printemps parfumés. Roman Coréén. Traduction de J.-H. Rosny. Petite collection Guillaume. Roman
traduit du coréen avec la collaboration de M. Hong-Tjyong-On (Paris, E. Dentu, 1892).
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10.11.1892 en 11.11.1892, Jacques Dwelshauvers aan August Vermeylen
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10.11.1892 en 11.11.1892, Jacques Dwelshauvers aan
August Vermeylen
Jacques Dwelshauvers
August Vermeylen
1892-11-11
Brief, met omslag, Groot en dun vel ongelijnd papier dat
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