La dynamique des rémunérations à la RATP
Transcription
La dynamique des rémunérations à la RATP
[ Fo c u s ] Connexions_181qxd_Mise en page 1 05/03/15 15:25 Page8 La dynamique des rémunérations à la RATP A l’inverse de la valeur du point, les salaires réels des agents à la RATP ont progressé un peu plus vite que l'inflation. Malgré la politique salariale restrictive, des effets de structure ont en réalité permis des hausses modérées générant ainsi un léger gain de pouvoir d'achat. La valeur du point de base est l’élément commun à tous les salaires et présente l’avantage de garantir l’égalité de traitement de l’ensemble des agents. Son montant en euros est fixé chaque année par la direction de la RATP après négociations avec les partenaires sociaux. Qualifiée traditionnellement de « mesure générale », son évolution a une conséquence concrète sur le maintien du pouvoir d’achat des agents. La modération salariale Sur une longue période, la progression de la valeur annuelle du point bien que régulière reste très Progression de la rémunération moyenne (base 100 en 1983) 220 200 Valeur du point RATP Rénumération moyenne nette RATP Taux d’inflation* 180 160 faible. Si la négociation salariale a été particulièrement favorable avec plus de 2 % de hausse par an au début des années 90, les revalorisations concédées ces vingt dernières années, ont été au-dessous de ceux des prix à la consommation. Entre 1993 et 2013, le point a ainsi connu une hausse d’environ 1% de sa valeur par an, alors que l’inflation augmentait de 1,6 % en moyenne. En revanche, le salaire réel connait une hausse plus importante que celle des prix. Depuis 1993, la rémunération moyenne nette (y compris le 13ème mois et primes) toutes catégories confondues, continue de croître à un rythme annuel de 2,5 %. Elle est passée pour l’ensemble des agents, de 1 807€ en 1993 à 2 672€ en 2013. Depuis de nombreuses années, un écart se creuse à la RATP entre la lente croissance de la valeur du point et la progression plus soutenue de la rémunération des agents. Un constat s’impose en effet : les salaires réels n’ont pas fléchi, quelle que soit la catégorie professionnelle, malgré la politique de modération salariale. Entre 2003 et 2013, la rémunération nette moyenne (en euros courants) des cadres est passée de 3 667€ à 4 592€ soit une hausse annuelle de 2,5%, celui des agents de maîtrise et techniciens supérieurs de 2 508€ à 3 372€ (+3,4% par an) et celui des opérateurs de 1 914€ à 2 301€ (+2% par an). Les effets de structure 140 120 100 1983 1986 1989 1983 1995 1998 2001 2004 2007 2010 2013 * Evolution de l’indice des prix à la consommation “ensembles des ménages y compris tabac” Pour comprendre cette relative déconnexion entre les mesures générales négociées et le dynamisme des rémunérations, il convient d’appréhender l’ensemble du processus de formation des salaires. La variation du salaire de base résulte de plusieurs compo- santes, d’abord de la valeur du point de base, ensuite de l’ancienneté dans la grille de rémunération, et enfin du coefficient hiérarchique détenu par le salarié. Le coefficient hiérarchique est déterminé par le niveau de qualification et sa progression est liée à la fois aux mesures d’avancement individuel et aux mesures catégorielles qui permettent à qualification constante, d’offrir une revalorisation à l’occasion d’évolution structurelle. Cette part de l'évolution salariale liée au déroulement de carrière des agents est mesurée par le GVT (glissement vieillesse, technicité acquis par les agents). Ce dernier intègre les effets d’ancienneté et de promotion (GVT positif) et l’effet généralement négatif des flux d’entrée et de sortie des effectifs ou turnover (remplacement des partants par des agents en principe moins bien rémunérés en début de carrière). Stratégie salariale Ces variations – du seul fait d’une modification de la structure des emplois vers un niveau de technicité plus élevé ou d’une ancienneté moyenne plus importante pour des raisons démographiques – ont toujours eu à la RATP une incidence positive sur les salaires. Par ailleurs, pour préserver la motivation des agents et le climat social, deux déterminants essentiels de la productivité, les directions accordent plus couramment des relèvements de salaires par des mesures individuelles ou catégorielles en complément des faibles mesures générales. Une manière stratégique de limiter le champ d’influence des négociations. [Laurent Larnicol] CONNEXIONS _ Janv./Fév./Mars 2015 7