Calculs des gains de consommation carburant
Transcription
Calculs des gains de consommation carburant
l fue eco méthodologie : les calculs des gains de consommations de carburant Didier DEBROIZE - 2015 contexte calcul des gains sur le levier machine Le premier objectif du projet Ecofuel a été d’augmenter la connaissance des usages des tracteurs et automoteurs agricoles notamment en affinant la précision de cette connaissance. Cette précision devait nous permettre de mieux définir les facteurs prépondérants quant à la consommation de carburant des exploitations agricoles. Rapidement, le besoin de quantifier des économies potentielles s’est imposé. La réflexion a amené à répartir ces possibilités de gain de consommation entre 6 leviers différents : la machine (tracteur), le mode de conduite, l’adéquation tracteur outils, les transports et déplacements, le système de l’exploitation et la stratégie d’équipement. Ces 6 leviers sont distincts d’abord par les solutions qu’ils mettent en œuvre mais également par la facilité de mise en œuvre : on peut changer son mode de conduite tous les jours mais pas son tracteur ni son parcellaire ! L’objectif de cette fiche est de préciser le contenu des différents leviers et de préciser le mode de calcul des gains. En effet, il faut garder à l’esprit qu’un gain (ou perte) s’établit à la comparaison entre une situation de départ et une situation d’arrivée. Dans le cadre d’Ecofuel, la situation de départ est la plus simple à comprendre : c’est la situation rencontrée par le tracteur au cours des travaux réalisés pendant l’année. Les situations d’arrivée pour les différents leviers sont bien sûr plus spécifiques mais présentent tout de même une caractéristique commune : elles calculent le gain maximum, qui pourrait être difficile à obtenir selon les cas. Le levier machine vise à quantifier le gain potentiel si on changeait de machine, c’est-à-dire de tracteur. Le mode de calcul est le suivant : on récupère dans les essais OCDE (essais de performance internationaux) les tracteurs, de puissance équivalente au tracteur considéré, encore présents sur le marché. On réalise leur cartographie de puissance et on choisit le plus performant (celui dont la moyenne comparée des consommations spécifiques est la plus faible). On insère ensuite les points de fonctionnement du tracteur considéré dans la cartographie de ce nouveau tracteur et on calcule les consommations associées. La différence entre la consommation totale du nouveau tracteur et celle de l’ancien correspond au gain attendu à l’achat du nouveau tracteur. Le gain est donc dépendant des performances du tracteur considéré mais également de celles des tracteurs de sa gamme de puissance vendus au moment du calcul. Leviers pour la réduction de consommation de carburant calcul des gains sur le levier mode de conduite Le levier mode de conduite vise à quantifier le gain potentiel si on améliorait la gestion des régimes moteurs à l’utilisation. Il est connu qu’un tracteur est plus performant énergétiquement lorsqu’il travaille à bas régime pour une même puissance (même si dans certains cas spécifiques, l’écart est faible). Les transmissions à variation continue appliquent ce principe en descendant très bas le régime moteur lorsque la charge moteur est faible. Dans le cadre de notre calcul, nous avons comparé la consommation constatée à la consommation obtenue à la même puissance consommée mais au régime de couple maxi + 100 t/ min, rejoignant en cela les préconisations en matière de conduite économique. Cela revient à proposer au conducteur de passer une ou plusieurs vitesses supplémentaires pour atteindre ce régime optimal. Par contre, il est des situations où cette possibilité n’est pas utilisable : c’est le cas lorsque le régime constaté est inférieur au régime de couple maxi + 100 t/min. C’est également le cas lorsqu’il n’est pas possible de passer une vitesse supplémentaire, notamment au transport où on se retrouve au dernier rapport de vitesse pour atteindre les 40 km/h. Enfin, c’est le cas lorsque le régime est contraint par le réglage de la machine comme par exemple, avec un distributeur d’engrais où doit être respectée la vitesse de rotation des disques et donc la vitesse du moteur, dans ce cas, seuls les tracteurs équipés d’une prise de force économique peuvent optimiser l’usage du moteur. Il s’ensuit que sur toute la durée d’usage du tracteur, la durée pendant laquelle les techniques de conduite économique peuvent être mises en place est inférieure au temps de travail du tracteur, parfois largement, ce qui en limite la portée et l’efficacité. Le gain dépend donc du potentiel d’économie lié à la diminution du régime moteur, de la durée pendant laquelle cette diminution est possible. Il dépend également de l’usage préalable de cette solution par le chauffeur. Si le chauffeur utilise déjà ces techniques, le gain attendu sera forcément faible. calcul des gains sur le levier adéquation tracteur/outil L’adéquation tracteur outil vise à mettre en évidence le gain attendu lorsque la puissance du tracteur est bien adaptée aux besoins des différents chantiers couverts par une machine. L’étude des chantiers montre en effet que lorsque le besoin de puissance est faible, le tracteur est moins performant énergétiquement et gaspille une part de carburant. L’objectif est donc de définir la puissance maximale utilisée lors des différents usages d’une machine, de générer une cartographie de puissance adaptée et de recalculer les consommations pour les différents usages de la machine. L’écart des consommations liées à cette machine entre les deux situations donne le gain attendu à cette solution pour cette machine. Le gain final dépend donc des gains par machine et des temps passés par machine. Par contre, compte tenu du fait que nous disposons de donnée chaque seconde, prendre la valeur maximale présente le risque de récupérer une valeur artificiellement haute (accélération subite…) qui ne refléterait pas le besoin réel. Aussi, nous prenons la valeur maximale de puissance qui permet de couvrir 95% du temps de travail de la machine. Pour chaque machine, la puissance adaptée peut être différente, ce qui voudrait dire avoir un tracteur par machine, ce qui augmenterait fortement les charges de mécanisation malgré la baisse de la consommation de carburant. calcul des gains sur le levier transports et déplacements Le levier sur les transports et déplacements vise à quantifier le gain au cas où il n’y aurait plus ni transports ni déplacements dans l’exploitation. Cela voudrait dire que toutes les parcelles seraient accessibles depuis le siège d’exploitation sans passer par la route, qu’il n’y aurait pas de prise en charge de machine sur le site d’une Cuma, ni de chargement d’engrais chez un fournisseur ou de livraison de récolte à l’extérieur. Comme dit précédemment, les modes de calcul maximisent les gains. Il permet de mettre en évidence la part représentée par les transports et déplacements dans les consommations énergétiques des exploitations. En même temps qu’un gain de carburant, ce levier économise également du temps de tracteur, ce qui augmenterait le gain attendu. calcul des gains sur le levier système Le levier système d’exploitation correspond aux évolutions de pratiques agricoles aussi bien en matière de cultures que d’élevage (alimentation des animaux, gestion des effluents notamment). Dans la bibliographie sur les économies de carburant, le levier le plus fréquemment cité, avec la conduite économique, est l’évolution du système avec notamment la simplification du travail du sol. En effet, c’est une solution qui tend à diminuer le temps de travail et le niveau de besoin de puissance, donc la consommation de carburant. Par contre, c’est un levier qui peut présenter des risques sur le salissement des parcelles et le rendement des cultures. Pour pallier ces éventualités, des pratiques complémentaires sont souvent préconisées comme les faux semis… On pourrait faire la même analyse sur les pratiques d’élevage. C’est donc un levier qui ne peut avoir comme seul indicateur la consommation de carburant tant ses impacts peuvent être importants. Les pratiques complémentaires ne peuvent être définies d’une manière générale, ce qui aurait rendu notre calcul fortement aléatoire selon les choix pour la solution d’arrivée. C’est pourquoi nous n’avons pas quantifié de gains liés à ce levier. calcul des gains sur le levier stratégie d'équipement Le levier stratégie d’équipement correspond à la part de délégation mise en place dans l’exploitation. Dans nos régions de polyculture élevage, les automoteurs de récolte sont le plus souvent utilisés en prestation. Pour les travaux d’épandage des effluents, de nombreuses exploitations font de même. Il en résulte une diminution de la consommation de carburant pour l’exploitation. En contrepartie, l’exploitation règle une facture dans laquelle intervient une part de carburant. Si les prix des carburants venaient à flamber, il est clair que la facture serait revue à la hausse, ce qui est cohérent. Il faudrait donc viser à une réduction globale des consommations de carburant, qui en limite l’impact sur l’exploitation. La question liée à la situation d’arrivée pour ce levier est la suivante : quelles sont les consommations d’un délégataire potentiel pour les différentes opérations réalisées par l’exploitation ? Pour y répondre, il faudrait définir les conditions d’interventions de ce délégataire. Prenons le cas d’une opération de travail du sol : si le délégataire intervient avec un attelage qui a des performances proches de celles de l’agriculteur, il y a de fortes chances pour que la délégation consomme plus que l’agriculteur, tenant compte des déplacements supplémentaires entre le délégataire et l’exploitation. Si par contre, les performances sont fortement améliorées, on peut s’attendre à une diminution de la consommation. Ces éléments sont encore plus importants pour l’alimentation des animaux par exemple et ce d’autant qu’il n’y a parfois pas de délégataire potentiel localement. La situation d’arrivée est donc difficile à définir de manière générale comme dans le cas du levier Système d’exploitation. Là non plus, nous n’avons pas quantifié de gains liés à ce levier. des fiches spécifiques pour chaque levier Des fiches spécifiques ont été rédigées pour présenter, pour les leviers pertinents, les résultats quantitatifs liés à ces calculs.