LA BATAILLE DE BOUVINES : LA NAISSANCE D`UNE NATION
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LA BATAILLE DE BOUVINES : LA NAISSANCE D`UNE NATION
LA BATAILLE DE BOUVINES LA NAISSANCE D'UNE NATION A l’occasion de l’Assemblée annuelle du Comité de Lille Sud, le 12 mars 2016, le maire de Bouvines, Alain BERNARD, nous rappela les éléments importants de la bataille de Bouvines et nous fit une visite guidée de l’église qui renferme les somptueux vitraux qui lui sont consacrés. « Le nom de Bouvines figure depuis longtemps, en bonne place dans l'histoire de la France. Ce n'est pourtant qu'un modeste village rural situé à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Lille. Si la vie y est calme et paisible, il n'en fut pas toujours ainsi, notamment un certain dimanche de juillet 1214. Ce jour-là, sur le plateau qui domine les marécages de la Marque, se déroula l'une des plus importantes batailles du Moyen Age, elle forgea le destin de la France et celui des pays voisins. Cette bataille constitue une référence historique majeure, une des dix dates qui ont fait la France. Pour bien en comprendre les causes et les conséquences, plongeons nous au début du XIIIème siècle. Philippe Auguste, roi capétien, règne sur un domaine royal qui ne s'appelle pas encore la France et qui ne s'étend que de Compiègne à Orléans. Les Anglais sont maîtres de l'ouest et du sud-ouest, soit près de la moitié de notre territoire actuel, et l'empire germanique étend sa domination sur la partie Est. Les autres comtés (Flandre, Bourgogne, Champagne…) sont gouvernés par des vassaux dont la fidélité au Roi est très incertaine. Au début de son règne, Philippe Auguste cherche étendre le champ de son autorité. Une série de combats victorieux lui permettent de prendre le contrôle de certaines provinces dépendantes du Roi d'Angleterre. Face à cette volonté d'hégémonie, une coalition se forme avec pour objectif la destitution du Roi de France, voire sa mort, et le partage ses terres. Elle est composée principalement de Jean Sans Terre, Roi d'Angleterre, d'Otton IV, empereur germanique, de Renaud de Dammartin, comte de Boulogne et de Ferrand du Portugal, le puissant comte des Flandres. La tactique des coalisés est simple : le Roi d'Angleterre, débarqué à La Rochelle, remonte vers le nord tandis qu'Otton à la tête d'une imposante troupe (anglais, allemands, flamands et autres coalisés) entend descendre vers le Paris. Un premier revers perturbe leur manœuvre. Le Prince Louis, fils du Roi, met les anglais en déroute à La Roche-aux-Moines. Philippe Auguste quant à lui, va à la rencontre des coalisés au Nord, à la tête de l'autre partie de son armée qui reçoit le renfort de contingents fournis par des communes ayant répondu à son appel. L'affrontement des deux armées a lieu le 27 juillet 2014, il s'agit d'un dimanche, pourtant jour de trêve à l'époque. Revenant de Tournai et s'apprêtant à franchir le pont de Bouvines, l'arrière-garde de Philippe Auguste est prise à partie par l'avant-garde des coalisés qui viennent de Valenciennes. Sur les conseils de Frère Guérin, évêque de Senlis et fin stratège, l'armée royale se déploie face au nord, dans la plaine de Bouvines qui offre l'avantage d'être un terrain propice aux mouvements de la cavalerie, point fort de l'armée française. Les coalisés sont largement plus nombreux (30 000 hommes), leur aile droite est dirigée par Guillaume de Salisbury, le demifrère du Roi d'Angleterre, à ses côtés se tient le hargneux comte de Boulogne. Le centre du dispositif est occupé par l'empereur germanique tandis que l'aile gauche regroupe les troupes flamandes du comte Ferrand. L'armée du Roi est composée de 15 000 hommes environ, elle est placée sous les ordres de frère Guérin. Philippe Auguste et sa maison royale sont au centre de l'alignement, l'aile droite est composée majoritairement de chevaliers (comtes de Beaumont, de Melun, de Saint Pol, de Bourgogne, de Champagne et de Montmorency). Sur l'aile gauche, face aux anglais, se trouvent les troupes de Guillaume de Ponthieu et du comte de Saint Valéry, ainsi que celles de Robert de Dreux dont le frère, Philippe de Dreux, tient le pont avec ses sergents massiers. La bataille s'engage vers midi, son entame est défavorable à Philippe Auguste. Le plan des coalisés est simple : ils portent leur attaque sur le centre des troupes françaises en direction du Roi. La piétaille saxonne enfonce les lignes des milices communales et parvient à atteindre Philippe Auguste qui est désarçonné, il est sauvé in extrémis par les chevaliers de la maison royale. Il repart aussitôt au combat et c'est au tour de l'empereur germanique d'être pris pour cible par les chevaliers français (Guillaume des Barres, Gérard la Truie et Pierre Mauvoisin). Son destrier est tué, paniqué, il s'enfuit quittant le champ de bataille définitivement. Sur l'aile gauche, les anglais résistent aux charges des Picards du comte de Saint-Valéry et du comte de Ponthieu, et ils parviennent à mettre à mal les troupes du comte Robert de Dreux. Apercevant son frère en situation délicate, Philippe de Dreux vient à son secours à la tête des 400 sergents massiers qui gardaient le pont. Son intervention s'avère efficace, dans l'échauffourée il réussit à assommer Guillaume de Salisbury qui est aussitôt fait prisonnier. Renaud de Dammartin, le comte de Boulogne, est encerclé mais fait face à la tête de fantassins disposés en carré. Il résistera jusqu'à la fin de la bataille avant d'être fait prisonnier. Sur l'aile droite, le comte de Saint Pol engage une manœuvre qui va s'avérer déterminante. Plutôt que d'affronter de face les lignes flamandes, Il dispose ses cavaliers en colonne transperçant à toute allure les troupes ennemies avant de revenir les prendre à revers. Cette tactique judicieuse est suivie par le reste de la cavalerie française qui disperse totalement l'aile gauche de la coalition et vient secourir le centre des troupes de Philippe Auguste. Le comte de Flandres est pris et garrotté. Cette capture décide de la victoire. Le temps d'un retour triomphal à Paris est venu, la liesse populaire et les festivités vont durer plusieurs jours. Les conséquences de la bataille de Bouvines furent importantes et dépassent nos frontières. En Allemagne, Otton est destitué, on assiste à un changement de dynastie : Frédéric II de Hohenstaufen le remplace. En Angleterre, Jean sans terre est confronté à la fronde des barons et des évêques, il doit signer la Grande Charte (Magna Carta) qui instaure les fondements du parlementarisme. Le comté de Flandres est considérablement amoindri et perd de son influence. En France, la monarchie capétienne est renforcée au détriment de la féodalité. Le royaume de France a gagné une vraie identité et un territoire agrandi. La paix est établie pour quelques décennies. Le ralliement des communes a marqué l'émergence d'un sentiment d'appartenance nationale qui fait de Bouvines l'aube de notre pays. » Nota : le site de la bataille de Bouvines est aujourd'hui un site classé. Les 21 grandes verrières de l'église Saint Pierre, classée Monument Historique, abritent de magnifiques vitraux qui relatent les différents épisodes de la bataille.