Giancarlo de Carlo, « un étranger partout ».

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Giancarlo de Carlo, « un étranger partout ».
L1H1
ARCHITECTURE, HISTOIRE, THEORIES ET SOCIETE
FRANCOISE VERY
Stéphanie Diètre, architecte HMO
Giancarlo de Carlo, « un étranger partout ».
(1919, Gènes – 2005, Milan)
John McKean, Giancarlo de Carlo. Des lieux, des hommes, Paris, Centre Georges Pompidou, 2004.
Personnalités marquant la vie et l’œuvre de GDC.
Pierre Kropotkine (1842-1921), L’entraide, un facteur de l’évolution.
Patrick Geddes (1854-1932), Cities in Evolution.
Le Corbusier (1887-1965)
Giuseppe Pagano (1896-1045), fondateur de la revue Casabella.
Elio Vittorini (1908-1966), Conversazione in Sicilia.
Ernesto Rogers (1909-1969)
Vittorio Sereni (1913-1983)
Bruno Zevi (1918-2000), Apprendre à voir l’architecture.
Italo Calvino (1923-1985), Villes invisibles.
Aldo Rossi (1931-1997), L’Architecture de la ville.
« Ce point de vue nouveau sur l’anarchisme s’est élargi par la suite quand les anarchistes
anglais ont commencé à arriver en Italie. Le premier d’entre eux fut Vernon Richards, qui travaillait à
Londres dans le groupe de Freedom avec le critique d’art Herbert Read et l’historien George
Woodcock. Et puis Colin Ward et John Turner se joignirent à eux. Avec eux, s’est manifesté (et elle
est entrée dans notre conscience) cette veine de la culture qui parcourt aussi l’urbanisme et
l’architecture anglo-saxons, tendance qui part de Piotr Kropotkine, passe par Patrick Geddes, arrive
jusqu’à Olmsted et Lewis Mumford et d’autres qui ne sont guère reconnus aujourd’hui mais qui sont
importants ». GDC, Architecture et Liberté, p. 81, Ed. Du Linteau, 2003.
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Grands événements.
Création des CIAM (Congrès Internationaux d’Architecture Moderne) en 1928 à la Sarraz
(Suisse) chez Hélène de Mandrot, suite au projet non choisi de Le Corbusier pour le Palais de Nations
de Genève (1927).
Les membres : , H. P. Berlage (1856-1934), Henri Robert (1863-1936), Rudolf Schmidt (1875-1943),
Huib Hoste (1881-1957), Hugo Häring (1882-1956), Pierre Chareau (1883-1950), Siegfried Giedion
(1883-1968) : secrétaire général, Walter Gropius (1883-1969), Christian Zervos (1883-1970), Gerrit
Rietveld (1888-1954), Hannes Meyer (1889-1954), Ernst May (1886-1970), Le Corbusier (1887-1965),
Arnold Hoechel (1889-1974), Richard Dupierreux (1891-1957), Richard Neutra (1892-1970), André
Lurçat (1894-1970), Josef Frank (1895-1967), Pierre Jeannneret (1896-1967), Werner Moser (18961970), Fernando Garcia Mercadal (1896-1985)Victor Bourgeois (1897-1962), Mart Stam (1899-1986),
M.E. Haefeli (1901-1976), José Luis Sert (1901-1983), Alberto Satoris (1901-1998), Pierre Emery
(1903-1982), Charlotte Perriand (1903-1999), Aldo Van Eyck (1918-1999), Gabriel Guévrékian (19231987), Peter Smithson (1923-2003), Alison Smithson (1928-1993), Carlo Rava
« Vers le milieu des années 1950, on m’a demandé d’entrer dans le groupe italien des Ciam.
Évidemment, cela m’avait flatté. Car les Ciam représentaient alors la tradition vivante du mouvement
moderne. La proposition avait été faite par Ludovico Belgioso, président de la section italienne. J’avais
déclaré que j’acceptais avec plaisir, quoique sans être tout à fait d’accord avec les principes que le
Ciam professait : je n’aimais pas l’immuabilité de ces principes. Belgioso s’était dit surpris et, avec son
amabilité proverbiale, il m’avait demandé pourquoi, dans ce cas, j’acceptais la proposition. J’avais
répondu que j’acceptais parce qu’en y participant, j’aurais l’occasion de discuter avec des architectes
intéressants, italiens et d’autres pays ; et parce que j’espérais qu’une association si glorieuse,
composée de personnalités créatives et douées d’imagination, accepterait que j’aie des opinions
différentes, et admettrait des positions minoritaires ». GDC, Architecture et Liberté, p. 142, 2003.
Création des Team X : 1959 au dixième Congrès des CIAM.
Les membres : Aulis Blomstedt (1906-1979), Georges Candilis (1913-1995), Jacob B. Bakema (19141981), Aldo Van Eyck (1918-1999), Alexis Josic (1921), Shadrach Woods (1923-1973), Reima Pietilä
(1923-1993), Peter Smithson (1923-2003), Alison Smithson (1928-1993), Giancarlo De Carlo (19192005).
Création de l’ILAUD (International Laboratory of Architecture and Urban Design) : 1976 à
Urbino.
Université d’été : rencontres et débats architecturaux les jeunes et les anciennes générations
d’architectes dans différentes villes italiennes (Urbino, Gènes, San Marino, Venise…).
La particularité est le rapport au lieu où prend place le laboratoire. Le sujet traité chaque année est
inscrit dans la problématique du territoire où ont lieu les échanges. Ceci permet d’analyser la réalité.
Le sujet traité est décidé en accord avec la ville qui reçoit l’université d’été.
10 universités de 10 pays y participent : pour chacune des universités : 6 étudiants de troisième cycle
et deux enseignants (un jeune et un ayant plus d’expérience).
« À l’Ilaud, on travaille d’une manière particulière, chaque fois sur des problèmes réels de la
ville qui nous accueille : jusqu’ici, Urbino, Sienne, de nouveau Urbino, San Marino et maintenant,
depuis trois ans, Venise. Les villes où nous nous rencontrons nous signalent les problèmes à
examiner, qui sont en général les plus urgents et les plus difficiles, ceux qui demandent une attention
très affinée et désintéressée. (...) Il faut projeter « par tentatives ». À l’Ilaud, on étudie le projet en
même temps qu’on lit et inversement, dans une perpétuelle alternance. » GDC, Architecture et liberté,
p.156-159, 2003.
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Principaux projets :
La ville d’Urbino :
1955 > logements communautaires pour le personnel de l’Université d’Urbino
1962-66 > Collegio del Colle
1966-68 > faculté de droit de l’Université d’Urbino
1967-69 > projet de la Pineta
1968-76 > Il Magistero, faculté des sciences de l’éducation de l’Université d’Urbino
1969- > Projets autour du Mercatale
1970-77 > Restauration de la Rampe de Francesco di Giorgio et du Teatro Sanzio
1972-88 > Instituto d’Arte
1973 à 1983 > Collegio del Tridente, Collegio dell’Aquilone et Collegio della Vela
1986-99 > faculté de sciences économiques de l’Université d’Urbino
1990-2004 > centre d’interprétation de la ville dans les anciennes écuries ducales
1995-2001 > réaménagement du Palazzo Passionei
1998- > Laboratoire scientifique de Sogesta.
« Je pense qu’il faut voir mon histoire concernant Urbino selon une optique plus ample, et qu’il
faut la répertorier d’une manière modulée, articulée. Je veux dire que sur mon travail dans cette ville,
j’ai greffé les expériences que je faisais partout ailleurs dans le monde ; et du reste, dans le canevas
de mes architectures il y a toujours, dans la trame ou dans la chaîne, un fil qui ramène à Urbino.
Après tout, j’ai travaillé à Urbino à partir des années 1950, et encore aujourd’hui je continue à y
travailler. Il m’arrive donc tout naturellement d’associer Urbino à n’importe quelle période d’activité et
de réflexion dont je parle ». GDC, Architecture et Liberté, p. 172, 2003.
« Dans le projet pour les résidences universitaires, il y a la recherche de la mesure urbaine
appropriée à ce que la ville d’Urbino a été et est aujourd’hui, et à ce qu’elle pourrait être à l’avenir. Je
me suis efforcé de construire un habitat universitaire indiscutablement contemporain mais parcouru
par l’écho de l’Urbino ancien, à un degré tel qu’il pousse les Urbinates à le considérer comme étant
une autre partie de la ville qu’ils connaissaient, et à le ressentir comme assez familier pour avoir envie
d’en jouir quotidiennement bien qu’il soit habité par les étudiants et non par des citoyens résidents.
Autrement dit l’intention était d’établir un échange permanent entre la ville ancienne et la ville des
résidences, qui accueillent plus de douze cents étudiants ». GDC, Architecture et Liberté, p.179, 2003.
« En tout cas les Urbinates tiennent beaucoup à leur université et également aux bâtiments
qu’elle a fait construire. Ils les considèrent comme faisant partie de leur patrimoine architectural.
Urbino est l’une des rares villes italiennes où les bâtiments contemporains sont considérés par les
habitants comme ceux du passé. Quand arrivent des visiteurs et des touristes, les Urbinates leur
conseillent de visiter le palais Ducal, mais aussi la faculté du Magistero ou les résidences
universitaires. Ils ne font pas de différence entre le moderne et l’ancien, parce que la ville a développé
à travers les siècles une sensibilité synchronique particulière à l’architecture. ». GDC, Architecture et
Liberté, p. 192, 2003.
« Urbino est l’une des rares villes où les gens comprennent à la fois la Renaissance et
l’architecture moderne, leur héritage et leur présent. Vous trouvez quelquefois des gens qui
comprennent l’un (comme l’architecture moderne est appréciée des Finlandais), mais rarement les
deux. Ici, leur compréhension de l’un accroît leur compréhension de l’autre. Il y a un processus de
développement en architecture, une continuité culturelle qui rend les gens capables d’être au fait des
choses ». J. LOACH, « Urbino ou le sens de la durée », p. 93, Technique et Architecture, N°331,
Juin/Juillet 1980.
Villaggio Matteotti, Terni (Province du Latium), 1969-74 : logements ouvriers.
« Architecture participative » : habitants (ouvriers de l’usine de Terni) conviés à être les acteurs de
la conception du projet à la réalisation de leur logement. Enquête de l’architecte et de son équipe sur
leurs attentes et leurs besoins réels :
« Selon mon interprétation, la participation ne consiste pas du tout à entendre les desideratas
des habitants, mais à modifier son architecture afin qu’elle réponde à leurs besoins réels, bien
différents de leurs besoins créés. Il y a une dimension pédagogique dans le métier de l’architecte qui
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ne doit pas être occulté et qui nécessite un peu d’humilité... » Entretien avec Thierry Paquot,
http://www.univ-paris12.fr/iup/8/urbanism/881/decarlo.htm.
« Les ouvriers ont été invités par De Carlo à participer à la projettation de leur logement ».
« L’architecte se met au service du peuple » Bruno Queysanne, « L’architecture de la participation »,
Construire en participation, p. 17, Ed. Centre Georges Pompidou, 1984.
« Mais quel comportement pourrais-je adopter si je devais travailler à un projet semblable
dans une banlieue de Milan, face à une communauté de personnes devenues étrangères et invisibles,
ne faisant pas partie d’une structure sociale reconnaissable ? (...) On avait décidé de continuer à
chercher le moyen d’impliquer les gens dans le processus de participation mais également à chercher
comment changer l’architecture pour que les gens puissent y participer». GDC, Architecture et Liberté,
p.236-237, 2003.
« Il faut plus du talent à l’élaboration participative que pour imposer autoritairement ses
propres projets parce que dans le premier cas il faut être réceptif, perspicace, agile, avoir l’imagination
rapide, savoir transformer très promptement un symptôme en un fait et en faire un point de départ».
(GDC, Architecture et Liberté, p.19-20, 2003.
Ensemble de logements à Mazzorbo, près de Venise, 1979-85.
« Participation indirecte » : « emprunter deux chemins de lecture : lire les signes du territoire et à
travers cette lecture, devenir capable de découvrir et d’interpréter son histoire qui n’est pas seulement
son passé mais aussi son présent et ses attentes futures. S’il est vrai que tout événement laisse des
signes dans l’espace, que tout est inscrit dans le territoire, on peut arriver à déchiffrer cette écriture et
à comprendre le sens du lieu pour lequel le projet est à faire ». GDC, Architecture et Liberté, p. 254,
2003.
« Reading » et « Code génétique » : la lecture du territoire.
« Lire signifie […] identifier les signes de l’espace physique, les extraire de leurs stratifications, les
interpréter, les remettre en ordre et les recomposer dans des systèmes qui soient significatifs pour
nous aujourd’hui […]. Il faut lire avec un esprit de projet, afin que la lecture révèle le passé et laisse
entrevoir le futur […]. On lit en ayant à l’esprit les nouvelles images qu’on se propose de matérialiser ;
on élabore le projet en tenant compte des découvertes apportées par la lecture ; on lit encore pour
vérifier la correspondance des images que l’on a étudiées ; et l’on continue à serrer de plus en plus
près une solution, en accélérant le rythme des alternances projet-lecture ». GDC, Architecture et
Liberté, p. 8, 2003.
Restauration et restructuration du village de Colletta Di Castelbianco, (Province du Piémont),
1993-95.
Transformation formelle et spatiale intérieure du lieu sans toucher à l’enveloppe externe existante :
« revitaliser et actualiser le tissu bâti ancien, tout en conservant son identité »+ proposition
monumentale des parkings en contrepoint du village.
« Tentative progressive » : « travail chirurgical », processus de « lecture » qui devient une « enquête
sur le code génétique d’un site », « à l’origine de la naissance et du développement des sites ». GDC,
Architecture et Liberté, p. 272, 2003.
« Pendant que nous dessinions, nous avons été agréablement surpris de pouvoir apporter
facilement des modifications, et de constater que ce système « crustacé » sur lequel nous étions en
train de travailler était bien plus flexible que les systèmes vertébrés que l’on utilise généralement en
architecture contemporaine ». GDC, « Colletta di Castelbianco », ILAUD, San Marino, p.54, 1996.
« La cohérence qui le gouverne {le village} est stupéfiante de naturel. Il suit fidèlement le tracé
du sol, il est bien exposé au soleil et à l’air ; il est construit avec les pierres des champs lorsqu’ils sont
défrichés, les pièces sont voûtées et leurs dimensions correspondent à la capacité du matériau utilisé,
les logements sont reliés en haut et en bas et souvent à mi-hauteur, à un réseau de parcours qui
circulent et s’insinuent entre les volumes. Les toits sont couverts en terrasse pour permettre la
dessiccation des produits agricoles et gagner en vue sur le ciel. La dimension des fenêtres est
comprise dans une gamme réduite de proportions. Les escaliers s’entrecroisent, se superposent,
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s’entrelacent et engendrent des figures spatiales complexes et surprenantes ». GDC, Architecture et
Liberté, p.289, 2003.
« Pour organiser les nouveaux logements sans dénaturer la configuration, j’ai affronté le
crustacé. {…} Il était possible de démêler et de relier avec naturel en suivant les lignes directrices
implicites dans la nature organique du crustacé ; c’était comme danser dans la joie en traçant de
nouveaux espaces tridimensionnels ».
« Je t’ai dit que les fenêtres ne sont pas toutes de la même dimension. Les façades
présentent des récurrences, des glissements, des coïncidences, etc., qui rentrent dans des tracés
régulateurs plutôt rigoureux. C’est une indication importante qui ressort de la lecture et donne sa
direction aux projets par tentatives progressives. Si on veut ouvrir une nouvelle fenêtre dans la
façade, on ne la place pas au hasard et on ne lui donne pas des dimensions approximatives. Les
tracés régulateurs et les abaques des mesures permettent de la mettre là où elle devient partie
intégrante de la logique de la composition originale. Dans certain sens, on élabore à l’intérieur d’un
système génétique complexe ». GDC, Architecture et Liberté, p. 293, 2003.
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