Chroniques bleues A l`Euro, mener n`est pas gagner

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Chroniques bleues A l`Euro, mener n`est pas gagner
Chroniques bleues
A l’Euro, mener n’est pas gagner
mardi 28 juin 2016, par Bruno Colombari
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Dans un match à élimination directe, le premier qui marque a gagné ? La France et l’Islande
ont démontré le contraire. Et sur les douze matches de ce type joués par les Bleus depuis 1960, être mené ne veut
pas toujours dire perdre.
Contre la République d’Irlande à Lyon, les Bleus ont été menés au score pendant 56 minutes avant d’égaliser et de retourner le
résultat en trois petites minutes. Preuve que lors des matches à élimination directe (huitième, quart, demi ou finale), ne pas
marquer en premier n’est pas rédhibitoire. Regardons comment se sont déroulés les douze matches de ce type à l’Euro disputés par
l’équipe de France depuis 1960.
Dans les graphiques ci-dessous, les parties en vert représentent les périodes où la France mène au score, celles en orange où elle
est menée, celles en gris où les deux équipes sont à égalité.
Sur ces douze matches, les Bleus en ont gagné sept, dont un aux tirs au but (contre les Pays-Bas en quart de finale à l’Euro 1996) et
en ont perdu cinq, dont un perdu aux tirs au but (face à la République tchèque, en demi-finale toujours à l’Euro 1996).
Pourtant, à sept reprises la France n’a jamais mené au score au cours d’un match. On retrouve là évidemment les trois défaites face
à la Tchécoslovaquie en 1960 (0-2, troisième place), la Grèce en 2004 (0-1, quart de finale) et l’Espagne en 2012 (0-2, quart de
finale) et les deux 0-0 de 1996 cités plus haut. Mais aussi deux victoires au but en or en 2000 contre le Portugal (2-1, demi-finale) et
l’Italie (2-1, finale), puisque le match s’est arrêté juste après le but victorieux.
A contrario, on constate que lors de la demi-finale contre la Yougoslavie en 1960, les Bleus ont d’abord été menés 0-1 avant de
prendre l’avantage à 2-1 juste avant la mi-temps, puis 3-1 et même 4-2 à un quart d’heure de la fin avant de s’effondrer en trois
minutes (4-5).
Si on regarde les autres matches où les Bleus ont eu l’avantage en cours de partie, on remarque qu’ils n’ont mené plus de la moitié
du temps de jeu que lors du quart de finale de l’Euro 2000 contre l’Espagne (46 minutes, 2-1). Face au Portugal en 1984, ils n’ont
été menés au score que 17 minutes en prolongation, mais n’ont eux même eu l’avantage que pendant 50 minutes (sur 120). Enfin,
contre l’Espagne en finale de l’Euro 1984, il avait fallu attendre près d’une heure (57 minutes) pour voir la France prendre
l’avantage et le garder jusqu’à la fin.
Si on cumule toutes les périodes où les Bleus ont mené au score, on arrive à 17% du total. Et la durée où ils ont été menés
représente 25% du total. La différence, soit 58%, correspond évidemment aux moments où les deux équipes sont à égalité.
Rapportées à un match de 90 minutes, ces stats donneraient un peu plus de 15 minutes d’avantage à la France, plus de 22 minutes
où l’adversaire est devant et 52 minutes à égalité. Conclusion : vu que les Bleus sont passés sept fois sur douze, il s’avère qu’être
mené au score n’est pas insurmontable. Mieux même, l’équipe de France a retourné deux matches où elle était menée : face au
Portugal en 1984 (double retournement, défavorable d’abord, favorable ensuite) et contre l’Irlande en 2016. Et elle n’a été éliminée
qu’une seule fois après avoir mené au score, en 1960 contre la Yougoslavie.