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Chroniques bleues
En novembre, les feuilles mortes se ramassent à la pelle
lundi 1er novembre 2010, par Bruno Colombari
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C’est le mois des qualifications mémorables pour la coupe du monde, notamment en 1977, 1981, 1985 et 2007. Mais
se souviendra-t-on plutôt des coups-francs en feuille morte de Platini ou de la main de Thierry Henry contre l’Irlande
?
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du nord les emporte
Dans la nuit froide de l’oubli.
Quand Jacques Prévert écrit ces lignes, mises en musique par Joseph Kosma et chantées par Yves Montand en 1950, Michel Platini
n’était même pas né. C’est pourtant lui qui rendra populaire la feuille morte chez les footeux, cette folha seca importée du Brésil :
une technique de frappe de coup-franc où la balle, après avoir contourné le mur adverse, retombe hors de portée du gardien plutôt
que se perdre dans les tribunes.
retrouver ce média sur www.ina.fr
18 novembre 1981, France-Pays-Bas, 54ème minute : après trois tentatives ratées, Platini bat Van Breukelen qui était pourtant bien
placé.
Deux de ces coups-francs sont entrés dans la postérité pour avoir été marqués lors de matches décisifs qui ouvraient aux Bleus les
portes d’une coupe du monde. En novembre 1981 contre les Pays-Bas, et quatre ans plus tard contre la Yougoslavie, le 38ème but
de Platini en équipe de France, et son dernier sur coup-franc.
Pour compléter le tableau, on se doit d’ajouter le deuxième but inscrit en novembre 1977 contre la Yougoslavie, sur une action de
jeu cette fois.
retrouver ce média sur www.ina.fr
16 novembre 1977, France-Bulgarie, 63ème minute : bien servi par Six depuis l’aile gauche, Platini ajuste Goranov d’une frappe
sèche de 25 mètres.
1977, 1981, 1985 : on tient là les grands moments de l’histoire de l’équipe de France en novembre. Pour être complet, il y en a eu
un autre, tout neuf celui-là puisqu’il a à peine un an : le match retour de barrages contre l’Irlande, avec la désormais légendaire
main de Thierry Henry amenant le but qualificatif de William Gallas.
Historiquement, les matches en novembre apparaissent tôt dans l’histoire des Bleus, même si on n’en compte que cinq avant la
deuxième guerre mondiale. Avec une particularité, la fréquence des rencontres disputées le 11 novembre, puisqu’on en compte
treize sur soixante-et-onze. Le premier remonte à 1924 (contre la Belgique, qui sera souvent convoquée à cette occasion) et c’est
dans les années cinquante-soixante que la tradition s’impose avec dix matches joués pour l’Armistice entre 1952 et 1966. Aucun de
ceux-ci n’a opposé la France à l’Allemagne.
Avec un tout peu plus de la moitié de victoires, le mois de novembre est plutôt favorable aux Bleus, qui n’ont perdu que deux fois
lors des vingt dernières années : contre le Danemark le 9 novembre 1996 et le 17 novembre 1993 contre la Bulgarie, ces deux dates
encadrant parfaitement la série record de 30 matches sans défaite qui marqua le début de l’ère Jacquet.
A l’opposé, pendant les années soixante il ne valait mieux pas mettre un international français dehors lors du onzième mois de
l’année : quatre défaites (Bulgarie, Hongrie, Belgique et Norvège) contre trois victoires (dont deux contre le Luxembourg, ça aide) et
un nul (face à la Suisse). mais il est vrai qu’à cette époque, la météo des Bleus était maussade toute l’année.
Au rayon des mauvais souvenirs, on rangera bien entendu le France-Bulgarie 1993 (1-2) mais aussi un Allemagne-France calamiteux
en novembre 1980 à Hanovre, où la RFA de Kaltz, Briegel et Hrubesch avait sévèrement corrigé une équipe de France en transition
(1-4). Les défaites en début de parcours qualificatif contre la Norvège en novembre 1968 à Strasbourg (0-1) et l’Irlande à Dublin
quatre ans plus tard allaient quant à elles ruiner les chances de qualification pour les Mondiaux mexicain et allemand.
Si l’on regarde maintenant plus en détail les matches amicaux, le bilan est moins bon : presque autant de nuls (13) que de victoires
(16), même si les défaites ne sont pas fréquentes (8). Les Anglais ont déjà battu les Bleus à Londres en novembre. C’était en 1957
et ça c’était terminé par un 0-4. A l’inverse, cinq victoires ont été acquises à l’extérieur en novembre : contre le Portugal à Lisbonne
en 1947 (4-2), contre la Belgique à Bruxelles en 1970, contre les Pays-Bas à Rotterdam en 1982, contre la Turquie à Istambul en
2000 (4-0) et, le meilleur pour la fin, contre l’Allemagne à Gelsenkirchen en 2003. Ce soir-là, dans le superbe Arena Aufschalke, les
Bleus réussissent un des plus beaux matches de leur histoire, avec un trio infernal Zidane-Henry-Trezeguet qui va mettre au
supplice Oliver Kahn (3-0).
Oh ! je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis
En ce temps-là la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Tu vois, je n’ai pas oublié...

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