Rhumato.net : Le RS3PE 15 ans après la description initiale
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Rhumato.net : Le RS3PE 15 ans après la description initiale Rhumato.net - Médiathèque - Mise au point Le RS3PE 15 ans après la description initiale C. Georges Service de rhumatologie hôpital Bichat 75018 Paris MacCarty a décrit le RS3PE en 1985 à partir de 10 observations de patients isolé au sein d’une cohorte de plus de 200 polyarthrites. Ces patients avaient une synovite symétrique des membres supérieurs associée à un oedème du dos des mains (McCarty). Il a dénommé cette entité RS3PE pour Remitting Seronegative Symetrical Synovitis with Pitting Edema. La même équipe a rapporté en 1990 13 observations complémentaires (Russel) et la description initiale a également été confirmée par d’autres observations ultérieures par différentes équipes (Chaouat, Roblot). Depuis, des tableaux de RS3PE ont été décrits en association à d’autres pathologies. Clinique Le RS3PE touche le sujet âgé de plus de 60 ans, avec un sex ratio de 2 hommes pour une femme. Il se caractérise par une polyarthrite ou une polysynovite bilatérale des métacarpophalangiennes, interphalangiennes et des poignets le plus souvent. Une synovite des tendons fléchisseurs et des extenseurs des doigts est constamment présente. Un syndrome du canal carpien peut être associé. Les membres inférieurs sont moins souvent touchés. Les épaules, les coudes, les acromio-claviculaires et les genoux peuvent également être douloureux. Les oedèmes des extrémités sont volumineux, bilatéraux, blancs, mous et prennent le godet. Ils touchent surtout les membres supérieurs. Ils apparaissent habituellement très brutalement lors de la première poussée de la maladie. Les signes s’installent habituellement en 24 à 48 heures (Chaouat). Le caractère symétrique fait partie de la description mais quelques cas unilatéraux ont été décrits, parfois dans les suites d’une pathologie neurologique (Pariser). Biologie Un important syndrome inflammatoire est le plus souvent retrouvé. Les facteurs rhumatoïdes sont négatifs. Les facteurs antinucléaires sont négatifs ou positifs à un taux non significatif. Une association au HLA B7 a été décrite par Russel dans plus de 50% des cas (Russel 90), avec une fréquence moindre par la suite (Roblot, Chaouat, Schaeverbeke). Aucun lien avec le HLA DR n’a été retrouvé (Toussirot). file:///C|/Sites/RhumatoNet/projrhum/secu/mediathe/articles/juin00/georgespdf.html (1 sur 6) [19/06/2000 10:14:08] Rhumato.net : Le RS3PE 15 ans après la description initiale L’absence de lésions érosives constitue un critère radiologique indispensable au diagnostic. Traitement Les manifestations du RS3PE sont surtout aux corticoïdes, même à faibles doses (10 à 15 mg par jour) qui ont une efficacité spectaculaire sur les symptômes. L’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont également efficace mais de façon moins nette. L’œdème disparaît en général en moins d’un mois mais la disparition des synovites peut être plus lente. L’évolution est favorable avec une rémission complète de la symptomatologie en 12 à 18 mois, en général en moins de 6 mois, sans rechute à long terme, en l’absence de traitement anti-inflammatoire. Un enraidissement des doigts et/ou des coudes persistant à long terme est cependant fréquent. Physiopathologie L’étiologie du RS3PE n’est pas connue. L’association d’un facteur environnemental sur un terrain génétique prédisposant est probable (McCarty, Russel, Olivo). Les oedèmes du RS3PE sont attribués à des synovites des gaines des tendons fléchisseurs et extenseurs des doigts. En effet des études en IRM retrouvaient une volumineuse synovite des gaines tendineuses chez des patients ayant un RS3PE (Cantini). RS3PE: nouveautés Pathologies associées Un tableau de RS3PE a été décrit en association avec plusieurs autres pathologies, des maladies systémiques et des néoplasies. Des cas de maladies systémiques révélées par un RS3PE ont été rapportés: périartérite noueuse (Billey), vascularite inclassée avec neuropathie (Ike), sarcoïdose (Cantini ARD 97)), spondylarthropathie (Javier, Koeger), lupus (Pittau), dermatopolymyosite (Berthier), amylose à chaînes légères, connectivite inclassée, cirrhose biliaire primitive, colite collagène. Un tableau de RS3PE a révélé ou est survenu au cours d’hémopathies et de cancers. Les hémopathies en cause sont la maladie de Hodgkin, le lymphome malin non hodgkinien, la leucémie aiguë lymphocytaire et la myélodysplasie (Roldan, Goldenberg, Olive). 20 observations de RS3PE révélant un cancer ont également été rapportées dans la littérature (Cantini). Il s’agit en général d’adénocarcinome (gastriques, pancréatiques, coliques, prostatiques et de l’endomètre). Les 2 caractéristiques principales de l’association avec une hémopathie ou un cancer sont d’une part l’existence d’une altération de l’état général, qui n’est retrouvée que dans moins de 10% des cas de RS3PE idiopathiques (Olive) et l’absence de corticosensibilité aussi nette que dans le RS3PE classique (Sibilia, Roldan, Olive). Le file:///C|/Sites/RhumatoNet/projrhum/secu/mediathe/articles/juin00/georgespdf.html (2 sur 6) [19/06/2000 10:14:08] Rhumato.net : Le RS3PE 15 ans après la description initiale pronostic était particulièrement sévère avec une moyenne de survie inférieure à un an (Sibilia). Il s’agit vraisemblablement d’un syndrome paranéoplasique comme le suggère la disparition des synovites et des oedèmes après exérèse de la néoplasie et l’arrêt de la corticothérapie rapportés dans quelques cas (Sibilia, Cantini). Evolution du RS3PE après un suivi prolongé Le suivi à long terme des RS3PE a permis de retrouver des évolutions différentes de celle des descriptions initiales. Schaeverbeke et coll ont analysé l’évolution à long terme de 24 patients avec un tableau initial de RS3PE (Scheaverbeke). Onze de ces patients avaient rechuté dans un délai variable de 18 mois à 12 ans après le début des symptômes. Le plus souvent, il s’agissait d’une oligoarthrite d’intensité modérée (8 cas), dont une associée à des oedèmes. Deux des patients ont évolué vers une spondylarthropathie, un vers une polyarthrite rhumatoïde et un vers un syndrome de Gougerot-Sjögren sans manifestations articulaires. Olive et coll rapportent la survenue d’un lymphome T et d’une myélodysplasie chez 2 patients d’une série de 27 observations de RS3PE (Olive). Avec 6 ans de recul supplémentaire, plus de la moitié des patients atteints de RS3PE sont asymptomatiques et sans traitement à long terme (Guma). Cependant, 9 des 27 patients nécessitent un traitement plus de 2 ans après le début des symptômes, le plus souvent une corticothérapie. 2 de ces patients ont développé un probable polyarthrite rhumatoïde, un alterne des manifestations de polymyalgies et d’œdèmes et un a développé des symptômes évocateurs de sclérodermie (Guma). Berthier et coll rapportent 2 rechutes parmi 13 patients revus à distance d’un tableau de RS3PE. Parmi ces 13 patients, 2 autres ont évolué vers une autre pathologie : un vers une spondylarthropathie périphérique à début tardif, l’autre vers une PPR (Berthier). Ainsi, même si ces études posent le problème de la définition initiale du syndrome RS3PE chez les patients rapportés et qu’elles sont rétrospectives, il semble qu’un tableau se RS3PE tel qu’il avait été décrit initialement puisse être le mode de début d’un rhumatisme inflammatoire caractérisé. Rhumatisme inflammatoire avec oedèmes: caractéristique du sujet âgé? La présence d’œdèmes est plus fréquente dans les polyarthrites rhumatoïdes qui débutent chez le sujet âgé que chez le sujet jeune (Pease). Des oedèmes mous et prenant le godet ont été décrits dans 80% des spondylarthropathie périphérique à début tardif (Dubost). C’est surtout le lien entre pseudopolyarthrite rhizomélique (PPR) et RS3PE qui est discuté. On retrouve en effet plusieurs caractéristiques communes à ces 2 pathologies: l’atteinte du sujet âgé, le début brutal, la symétrie des symptômes et l’efficacité spectaculaire des corticoïdes file:///C|/Sites/RhumatoNet/projrhum/secu/mediathe/articles/juin00/georgespdf.html (3 sur 6) [19/06/2000 10:14:08] Rhumato.net : Le RS3PE 15 ans après la description initiale à faible doses. Le diagnostic différentiel entre une PPR et un RS3PE peut être particulièrement difficile et le diagnostic de PPR doit être envisagé devant un tableau de douleur des épaules d’allure inflammatoire avec raideur et oedèmes des extrémités. Les manifestations périphériques surviennent également de façon non exceptionnelle dans la PPR et des oedèmes ont été retrouvés sont retrouvés dans 8 à 12 % des PPR (Salvarani). Un RS3PE peut précéder ou suivre une PPR (Olive). Pour certains auteurs (Cantini, Schaeverbeke, Olive, Shan), le RS3PE pourrait ainsi constituer une forme clinique particulière oedémateuse de PPR. Conclusion 15 ans après la description du RS3PE par MacCarty en 1985, il semble nécessaire de distinguer 2 entités devant ce tableau de polysynovite bilatérale symétrique avec oedèmes prenant le godet. D’une part, le RS3PE classique ou idiopathique avec oedèmes prenant le godet régressent sous une faible de corticoïdes et ne récidivent pas. Il ne peut être affirmé qu’à long terme par l’absence de récidive sans traitement anti-inflammatoire. D’autre part, dans d’autres cas, un tableau de RS3PE tel qu’il a été décrit initialement peut constituer un mode de début ou survenir au cours de différentes pathologies, rhumatismes inflammatoires, en particulier du sujet âgé et néoplasique. Il est donc nécessaire de rechercher une affection associée qui pourrait modifier le pronostic classiquement favorable et de surveiller ces patients à distance de l’épisode initial. Références ● Berthier S, Toussirot E, Wendling D. Polyarthrite aiguë oedémateuse bénigne du sujet âgé (ou RS3PE syndrome). Aspects évolutifs à propos de 13 cas. Presse Med. 1998;27:1718-22 ● Billey T, Navaux F, Lassoued S. Remitting seronegative symmetrical synovitis with pitting edema (RS3PE) as the first manifestation of periarteritis nodosa. Report of a case. Rev Rhum Engl Ed. 1995;62:53-4 ● Cantini F, Olivieri I, Salvarani C More on remitting seronegative symmetrical synovitis with pitting edema as paraneoplastic syndrome J Rheumatol. 1998;25:188-9 ● Cantini F, Salvarani C, Olivieri I Paraneoplastic remitting seronegative symmetrical synovitis with pitting edema. Clin Exp Rheumatol. 1999;17:741-4 ● Cantini F, Salvarani C, Olivieri I, Barozzi L, Macchioni L, Niccoli L et coll. Remitting seronegative symmetrical synovitis with pitting oedema (RS3PE) syndrome: a prospective follow up and magnetic resonance imaging study. Ann Rheum Dis 1999;58:230-6 ● Chaouat D, Le Parc JM. Polyarthrite oedèmateuse bénigne du sujet âgé Rev file:///C|/Sites/RhumatoNet/projrhum/secu/mediathe/articles/juin00/georgespdf.html (4 sur 6) [19/06/2000 10:14:08] Rhumato.net : Le RS3PE 15 ans après la description initiale ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● Rhum 1988 ;55 :895-9 Dubost JJ, Sauvezie B J Rheumatol 1989;16:1214-7 Late onset peripheral spondyloarthropathy Goldenberg K, Rozenbaum M, Rosner I, Naschitz J, Kotler C Remitting symmetric seronegative synovitis with pitting edema (RS3PE) secondary to non-Hodgkin lymphoma. Clin Exp Rheumatol 1998;16:767-8 Guma M, Casado E, Tena X, Olive A RS3PE: six years later.Ann Rheum Dis 1999;58:722-3 Ike RW, Blaivas M Corticosteroid responsive puffy hands and occult vasculitic neuropathy : RS3PE plus ? J Rheumatol 1993 ;20 :205-6 Koeger AC, Karmochkine M, Chaibi P. RS3PE syndrome associated with advanced ankylosing spondylitis. J Rheumatol. 1995;22:375-6 McCarty DJ, O'Duffy JD, Pearson L, Hunter JB. 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Br J Rheumatol 1998;37:104-5 Roblot P, Zaim A, Azais I, Ramassamy A, Paccalin M, Becq-Giraudon B. RS3PE: Un diagnostic clinique, une évolution plus simple que le nom Rev Med Interne. 1998;19:542-7 Roldan MR, Martinez F, Roman J, Torres A. Non-Hodgkin lymphoma : initial manifestation. Ann Rheum Dis 1993 ;52 :85-6 Russell EB, Hunter JB, Pearson L, McCarty DJ. Remitting, seronegative, symmetrical synovitis with pitting edema. 13 additional cases. J Rheumatol. 1990;17:633-9 Salvarani C, Gabriel S, Hunder GG Distal extremity swelling with pitting edema in polymyalgia rheumatica. Report on nineteen cases. Arthritis Rheum 1996;39:73-80 Salvarani C, Cantini F, Macchioni P, Olivieri I, Niccoli L, Padula A et coll. Distal musculoskeletal manifestations in polymyalgia rheumatica: a prospective followup study. Arthritis Rheum 1998;41:1221-6 Schaeverbeke T, Fatout E, Marcé S, Vernhes JP, Hallé O, Antoine JF et coll file:///C|/Sites/RhumatoNet/projrhum/secu/mediathe/articles/juin00/georgespdf.html (5 sur 6) [19/06/2000 10:14:08] Rhumato.net : Le RS3PE 15 ans après la description initiale ● ● ● Remitting seronegative symmetrical synovitis with pitting oedema: disease or syndrome? Ann Rheum Dis. 1995;54:681-4. Shan Sei Fan CS, Conrozier T, Mathieu P, Tebib J, Vignon E. Is remitting seronegative symmetrical synovitis with pitting edema in elderly subjects a manifestation of polymyalgia rheumatica? Report of a case. Rev Rhum Engl Ed 1999;66:62-4 Sibilia J, Friess S, Schaeverbeke T, Maloisel F, Bertin P, Goichot B et coll Remitting seronegative symmetrical synovitis with pitting edema (RS3PE): a form of paraneoplastic polyarthritis? J Rheumatol. 1999;26:115-20. Toussirot E, Berthier S, Wendling D, Tiberghien P Lack of association between HLA DRB1* alleles and RS3PE syndrome. Ann Rheum Dis. 1998;57:442 © 2000, C. Georges. Société Santor file:///C|/Sites/RhumatoNet/projrhum/secu/mediathe/articles/juin00/georgespdf.html (6 sur 6) [19/06/2000 10:14:08]