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8 C @ D < E K8K @ F E Rassemblement contre la spéculation alimentaire La pénurie d’eau et de terres agricoles exploitables a pour conséquence une pénurie de produits alimentaires et une hausse du prix des denrées alimentaires. Surfant sur certains avantages économiques, cet état de fait est présenté comme une opportunité par certains organismes financiers en faisant fi de toute éthique. Déclenchant une réaction en chaîne, la construction de cette bulle spéculative a incité plusieurs organisations de la société civile à signer un texte de revendications visant à limiter la spéculation sur les denrées alimentaires. Ce texte sera présenté au Gouvernement en vue, notamment, de le défendre lors de la conférence de la FAO de juin. A la veille de la conférence de la FAO sur la crise alimentaire mondiale, le Rassemblement contre la spéculation alimentaire appelle les responsables politiques à prendre des mesures pour empêcher que cette spéculation n’affame encore davantage les plus pauvres! Le «droit à une alimentation adéquate» est contenu dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (article 11) ratifié par la Belgique. En 2002, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation a défini ce droit de la manière suivante : le droit à une alimentation adéquate est un droit de l’homme, inhérent à tous. Les fonds pullulent Aux dires de la Commissaire européenne chargée de l’Agriculture, Mariann Fischer Boël, 140 fonds indexés partiellement ou totalement sur les prix des matières premières agricoles ont été lancés en février dans l’Union européenne. La rémunérateur des prix. Pour atteindre cet objectif, plusieurs mesures s’imposent: - Réhabiliter et mettre en place des mesures de soutien des prix à la production. - Revoir complètement les règles d’accès aux marchés telles qu’elles sont définies dans l’Accord sur l’Agriculture de l’OMC . Il conviendrait en particulier de rétablir les droits variables qui neutralisent en plus les effets monétaires, de maintenir et d’améliorer les clauses de sauvegarde pour qu’elles soient plus efficaces et faciles à appliquer. Cela permettra aux États et groupes régionaux d’États (Union européenne, CEDEAO…) de réguler leurs marchés. - Redonner la priorité aux politiques agricoles et alimentaires par rapport aux politiques commerciales. Ce sont ces politiques agricoles qui doivent pouvoir gérer les soutiens et les orientations nécessaires à l’agriculture, au lieu de les laisser cadenasser par des règles commerciales. C’est d’ailleurs la base du principe de souveraineté alimentaire. Il importe de ne pas opposer le soutien de l’agriculture plupart des grandes banques propose ce type de fonds qui misent en grande partie sur la hausse de l’énergie et des matières premières. La spéculation Selon la FAO, la tendance à la hausse des prix internationaux de la plupart des produits agricoles qui persiste depuis l’an dernier est seulement en partie le reflet de la contraction des approvisionnements, c’està-dire du jeu de l’offre et de la demande. En effet, les marchés mondiaux sont de plus en plus entrelacés. Récemment, des liaisons et des répercussions d’un marché sur l’autre se sont fortement accrues, non seulement entre produits agricoles, mais au sein de tous les produits et entre les produits et le secteur financier. La FAO pointe plusieurs facteurs en particulier : la hausse du prix du pétrole, les taux de fret et de change ainsi que l’évolution des marchés financiers. à la consommation, mais bien de les concilier. Le soutien des prix «à la production» ne devrait pas peser sur la consommation. Ce ne sont pas les soutiens des prix qui sont en cause dans la flambée actuelle des cours, bien au contraire (les consommateurs ont tous largement bénéficié des importants gains de productivité obtenus dans l’agriculture). Par contre, la disparition, ou l’inexistence dans certains cas, des mesures de soutiens handicape la production agricole en paupérisant des centaines de millions de producteurs et en les conduisant à la faillite. La voie des soutiens En conséquence il faut: - Veiller à subventionner l’alimentation pour les couches de population défavorisées. N’oublions pas que la plupart des producteurs agricoles sont encore trop peu organisés et ne disposent pas des accès élémentaires aux facteurs de production. Il est nécessaire d’appuyer leurs associations afin qu’elles puissent organiser la concertation entre les producteurs, négocier collec- Le niveau des prix La première conséquence de cette spéculation concerne le niveau des prix. Ainsi, les prix des céréales sont artificiellement gonflés par la spéculation à grande échelle sur les opérations des marchés boursiers de New York et de Chicago. En 2007, le Chicago Board of Trade (CBOT), a en effet fusionné avec le Chicago Mercantile Exchange, formant la plus importante entité au monde traitant dans le commerce des produits de base et comptant un large éventail d’instruments spéculatifs (les options, les options sur contrat à terme, les fonds indiciels, etc.). Des transactions spéculatives sur le blé, le riz ou le maïs, peuvent dès lors se produire sans qu’il y ait de transactions réelles de ces produits. La volatilité Certes le secteur agricole a besoin d’investissements; et les producteurs, de la stabilité que permet l’achat anticipé des denrées. Mais c’est aujourd’hui d’investissements d’une autre nature qu’il s’agit. Les institutions qui actuellement spéculent sur le marché des matières premières alimentaires, ne sont pas nécessairement impliquées dans la vente ou la livraison de celles-ci. Il s’agit de transactions désincarnées, sans lien avec l’économie réelle, qui sont autant de paris sur la hausse ou la baisse des prix des marchandises. Conséquences? Les prix des denrées alimentaires sont artificiellement gonflés. En outre, ils sont susceptibles de variations fortes et imprévisibles, d’où la possibilité de réaliser de larges gains en spéculant sur les futures variations de prix. La hausse des prix n’est pas la seule conséquence de la spéculation, il faut également compter avec la volatilité, c’est-à- dire le degré de fluctuation des prix d’un produit sur une période de temps donné. Il faut d’ailleurs observer que plus les variations de prix d’un produit sont fortes et imprévisibles, plus la possibilité de réaliser de larges gains en spéculant sur les futures variations de prix de ce produit est importante. Cela signifie que la volatilité peut attirer une activité spéculative significative, qui à son tour peut initier un cercle vicieux de déstabilisation des derniers cours Cette déstabilisation est source d’inquiétude pour les gouvernements, les négociants, les producteurs et les consommateurs. De nombreux pays en développement sont encore fortement dépendants des produits de base, qu’il s’agisse des exportations ou des importations. Même si des pics de prix élevés peuvent provisoirement bénéficier aux exportations, ils peuvent aussi augmenter le coût des matières premières et intrants agricoles importés. Les remèdes Selon Michel Chossudovsky, ce qui cause la famine est l’absence de procédures réglementaires relatives au commerce spéculatif. Dans le contexte actuel, un gel des transactions spéculatives sur les produits alimentaires de base, décrété par décision politique, contribuerait immédiatement à faire baisser les prix des produits alimentaires. Le Ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner ne dit pas autre chose, qui affirmait le 30 avril dernier, en réponse à une question posée lors de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, qu’il faut «empêcher la spéculation qui s’abat sur les matières premières alimentaires comme le blé, comme le riz, pour éviter les risques de famine qui touchent les pays les plus pauvres». Le Rassemblement contre la spéculation alimentaire Au regard de ces différents éléments, un ensemble d’associations, syndicats et autres organisations sociales se sont unis, à l’initiative du Réseau Financement Alternatif et de Netwerk Vlaanderen, au sein du Rassemblement national contre la spéculation alimentaire. Ensemble, ils portent et désirent faire aboutir les revendications suivantes: - interdire en Belgique les mécanismes purement spéculatifs sur les matières premières alimentaires; - défendre l’adoption de règles similaires au niveau européen; - instaurer une taxe qui décourage les opérations financières purement spéculatives. Juncker dénonce les «criminels» de la spéculation alimentaire Le Chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a qualifié de «criminels» et de «rapaces» les spéculateurs financiers sur les marchés des matières premières agricoles. «Faire monter les prix alimentaires pour son propre profit, accepter que la famine et la guerre soient de simples dommages collatéraux, c’est le contraire d’une économie de marché éthiquement fondée. Un comportement pareil est criminel», a-t-il déclaré. «Des millions de gens meurent de faim car le monde ne fonctionne pas comme il faut», a-t-il ajouté dans un discours devant la Chambre des députés à Luxembourg. Il a notamment montré du doigt les investisseurs financiers qui spéculent sur les produits alimentaires entrant dans la fabrication des biocarburants , et contribuant ainsi à la flambée des prix. «Je respecte plus les agriculteurs que les jongleurs, qui avec leurs spéculations perverses font augmenter les prix alimentaires «, a-t-il poursuivi. «Le prix du blé a grimpé de 183% en trois ans», a rappelé le Premier ministre luxembourgeois, ajoutant que «la crise alimentaire montre que nous ne produisons pas assez de produits alimentaires». tivement aussi bien avec les pouvoirs publics que sur les marchés, et bien entendu améliorer les filières de production. En conséquence, il faut prioritairement: - Soutenir les organisations de producteurs et les considérer comme partenaires sociaux et donc les convier à une concertation permanente avec les pouvoirs publics et les institutions internationales concernées. - Améliorer substantiellement l’accessibilité aux intrants qui font défaut: semences de qualité, engrais, eau, terre, financement, services agricoles... L’alimentaire d’abord Sur le plan des échanges commerciaux, tant du point de vue de l’offre agricole que de la demande, il est nécessaire de rechercher la stabilité et la prévisibilité ainsi que l’absolue assurance de pouvoir bénéficier d’une alimentation saine et appropriée pour tous. Il s’agit dans l’optique du renforcement des cohérences régionales et du principe de souveraineté alimentaire: Les prix des céréales sont artificiellement gonflés par la spéculation à grande échelle sur les opérations des marchés boursiers de New York et de Chicago - Que l’usage alimentaire des produits agricoles soit prioritairement assuré sur tout autre usage, notamment sur leurs utilisations à des fins énergétiques. - Que les échanges internationaux privilégient la prévisibilité par la négociation de contingents pluriannuels. Cette prévisibilité pourrait être nettement améliorée en pro- mouvant la conclusion d’un accord international multi-produits qui aurait pour principales fonctions la coopération pour une gestion de l’offre agricole sur la base de l’évaluation de la demande globale et la constitution de stocks d’intervention en suffisance. - Que la spéculation sur les marchés des produits agricoles soit enrayée par le contrôle et ,al`e)''/ la forte taxation des fonds spéculatifs, par exemple. Il faut aussi que la volonté des chefs d’État, le souhait des citoyens et la pleine implication des organisations de producteurs puissent converger pour assurer la sécurité alimentaire, tant dans les campagnes que dans les villes (*