conférence de la sexologue jocelyne robert. un succès!
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conférence de la sexologue jocelyne robert. un succès!
CONFÉRENCE DE LA SEXOLOGUE JOCELYNE ROBERT. UN SUCCÈS! Le passage de Jocelyne Robert à l’école a attiré une foule record. Pour cette conférence nous avons innové, faisant circuler l’invitation dans plusieurs écoles d’Ahuntsic afin d’en faire profiter un plus grand nombre de parents du quartier. C’est donc plus de 125 parents et amis qui ont porté une oreille attentive aux propos parsemés d’anecdotes de la sexologue, provoquant tant le rire que la réflexion. D’entrée de jeu, Madame Robert nous place devant le défi auquel les parents font face aujourd’hui : nous vivons dans une société paradoxale où la sexualité, parfois crue, est de plus en plus accessible au jeune mais où l’éducation à la sexualité demeure encore peu présente : « On pense que nos jeunes savent tout, mais en fait, ils sont encore très ignorants », nous dit-elle. Et malheureusement, on accompagne peu les parents dans cette sphère de l’éducation des enfants. Des mots… des modèles Madame Robert nous rappelle que la sexualité est présente dès la naissance et le sera jusqu’à la mort. C’est une composante intégrale de notre vie et elle s’exprime de manière différente selon l’âge. Au départ, elle n’est ni bonne ni mauvaise. C’est à nous parents de guider nos enfants afin de la rendre positive, d’en faire une source de mieux être, de croissance et d’émerveillement. La sexualité ne reste pas neutre longtemps, elle s’appauvrit ou s’enrichit selon nos modèles et nos expériences de vie. Deux aspects primordiaux sont à considérer dans de l’éducation à la sexualité : 1. Les mots et le langage que nous utilisons pour parler de sexualité ; 2. Le modèle que nous projetons : ce que l’on est comme homme ou comme femme. Les mots doivent valoriser les aspects uniques des filles et des garçons pour illuminer leur identité sexuelle et par le fait même leur estime de soi. Ils peuvent nommer de façon vraie et positive toute chose liée à la sexualité, par exemple les parties du corps qui s’y rapportent, sans pour autant exclure les petits sobriquets qui permettent de le colorer. Aujourd’hui, les modèles dominants offerts aux jeunes ne sont malheureusement pas les parents ; ce sont la musique, les artistes et les films. Ce sont des modèles de performance et instrumentaux. Le jeune reçoit le message voulant que, pour être accepté et apprécié, il doit performer selon certains critères et standards, tant du côté de sa sexualité que dans les autres domaines de sa vie. Or, l’enfant a besoin d’être exposé à d’autres modèles, des modèles positifs et réalistes où le plaisir et le bien-être dans son identité de femme et d’homme tiennent une place privilégiée. C’est à ce niveau que nous nous devons d’agir. Et l’amour dans tout ça ? Dans le passé, la sexualité était démonisée, c’était péché, dégueulasse et honteux! Et pourtant, l’acte sexuel devait être « réservé pour l’être aimé ». Quel message double et trouble! De nos jours, malgré tout ce à quoi nous sommes exposés, la sexualité demeure toujours un sujet tabou. À preuve, parlez de la sexualité des enfants, des personnes âgées et des personnes homosexuelles, parlez de masturbation… et les regards fuient. « Pourquoi ces domaines précis sont-ils particulièrement voués à la censure? » demande Jocelyne Robert. Un parent bien allumé met le doigt dessus : ce sont des actes reliés au plaisir et non à la procréation. Or, la sexualité pour le plaisir, difficile d’en parler… encore en 2005. La conférencière nous met d’ailleurs en garde contre le « mensonge » que nous véhiculons lorsque nous essayons de convaincre les enfants qu’il faut nécessairement « s’aimer beaucoup » pour faire un enfant… En effet, selon elle, l’amour n’est pas une composante de la sexualité mais bien une VALEUR que l’on choisit de privilégier. Elle ajoute que le lien systématique entre l’amour et la sexualité peut être troublant pour les enfants puisqu’il pourrait devenir difficile pour un jeune, sollicité par un adulte qu’il aime, de dire non à ses avances. Il serait ainsi préférable d’axer notre discours sur le consentement et la réciprocité plutôt que sur l’amour uniquement. Voilà matière à réflexion! Le développement psychosexuel Jocelyne Robert nous entretient également sur le développement sexuel des jeunes enfants. • De zéro à 6 ans, c’est la phase d’émerveillement pour tout ce qui est génital. Les enfants se comparent entre eux et c’est rassurant pour eux (se comparer uniquement à ses parents adultes pourrait au contraire les inquiéter!) • Entre 6 et 7 ans, on parle du clan unisexe, les gars avec les gars, les filles avec les filles! L’intérêt pour le « génital » diminue. En effet l’intérêt pour la sexualité change, on a bien des p’tits amoureux secrets… mais on s’identifie fortement à son propre sexe!! • Vers 9 ans, s’installe la pudeur. Comme parent, il est souhaitable de respecter les enfants dans cette évolution. On les verra réagir avec dégoût à des scènes d’intimité… devant un simple baiser de leurs parents, par exemple! Ces derniers peuvent alors simplement affirmer que, bien qu’ils comprennent et respectent leur opinion, eux « trouvent ça beau et agréable ». • À la puberté, les enjeux changent : les enfants comprennent mal leur propre excitation, les parents s’inquiètent. Une fois encore, leur présenter des modèles positifs est primordial. Il importe particulièrement de positiver les manifestations de la puberté chez la fille puisque c’est, pour elle, un processus moins automatique et davantage un apprentissage que chez le garçon. Finalement… Les parents restent les personnes les plus significatives aux yeux des enfants. Ces jeunes aiment quand on les amène à se poser des questions et à trouver des réponses ensemble. Souvent la plus grande question que nos jeunes se posent est « Suis-je normal? » Ils ont besoin d’être rassuré. Lorsque nous parlons de sexualité, nous devons répondre à leur besoin premier qui est affectif et non uniquement lié aux aspects d’hygiène et de prévention. En conclusion, Jocelyne Robert nous fait une dernière mise en garde : l’impact du contexte sexuel actuel est fulgurant. L’omniprésence, l’envahissement de la pornographie, entre autres via Internet, fait en sorte que les enfants y sont exposés sans même le vouloir : « Il ne faut pas paniquer, mais il faut réagir et proposer une éducation sexuelle qui véhicule autre chose, un message beaucoup plus réaliste et relié au plaisir des hommes et des femmes. C’est plus important que jamais. » Christine Larue et Dominique Arama Comité des conférences, OPP 2004-2005