Souvenir de guerre

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Souvenir de guerre
Souvenir de guerre
Marie Bucci
Le soleil d'Algérie était écrasant en ce 16 mars 1962 et malgré tout il fallait rester
concentré. L'adjudant-chef Antoine Desniaque se tenait seul sur un rocher qui
surplombait la région désertique de l'Erg d'Iguidi. Sa mission d'observation devenait
difficile, il faisait 37°C à l'ombre et ses paupières cernées se faisaient lourdes, mais il
préférait bien largement ces missions à celles qu'il avait déjà faites, dans lesquelles il
devait bombarder des villages au napalm. Il parcourait du regard les innombrables
plaines arides de ce désert, dans lesquelles un silence de mort régnait. Soudain un
bruit de galop vint troubler ce calme. Vite ! Un espion ! L'adjudant-chef sortit une
paire de jumelles de son sac et aperçut un bédouin qui chevauchait vers la garnison
de l'armée française. Ni une ni deux, il sortit son fusil et tira sur le cavalier algérien.
Celui-ci tomba raide mort sur le sable. Encore un décès de plus parmi tant d'autres
dans cette guerre sanglante. Le militaire s'approcha de l'individu qu'il venait
d'abattre. Il écarta du canon de son fusil le foulard que ce dernier portait sur son
visage. L'homme avait le teint mat et les cheveux noirs, il semblait être âgé d'une
quarantaine d'année et tenait dans sa main un médaillon. L'adjudant-chef prit
l'objet et l'examina : la photo d'un garçonnet âgé de 5 ou 6 ans se trouvait à
l'intérieur. Il comprit avec horreur qu'il venait de rendre un petit garçon innocent
orphelin de père. Il se surprit même à pleurer. Il avait tué tant d'autres hommes, cela
lui était bien égal, mais le silence du désert ajouté à la chaleur du soleil faisait du
militaire un homme à bout de force que tout événement ne faisait qu'affaiblir. Le
jeune adjudant-chef ne le savait pas, mais cet homme était la dernière victime de la
guerre franco-algérienne, il opérait depuis 1954. Les troupes françaises quittèrent le
sol algérien deux jours après que l'adjudant-chef Desniaque ait tué ce bédouin, soit
le 18 mars 1962, date de la signature des accords d'Evian, qui donnèrent à l'Algérie
son indépendance.
Le temps passa, l'adjudant-chef Desniaque rentra dans sa vallée de la Fensch
natale. Il y vécut plusieurs années, seul avec Scotty, son chat, dans sa petite maison
de Hayange. Il reprit sa routine quotidienne, il allait courir le matin, prenait le bus
pour rentrer. Sa carrière évolua, il devint lieutenant et était désormais un gradé
respecté et reconnu de son régiment. Il n'oublia pas la guerre d'Algérie, le sang qui y
coulait, les blessés qui gémissaient, les cadavres tués au napalm qui râlaient. Cet
homme qu'il avait abattu d'un coup de fusil le 16 mars hantait ses nuits. Il reprit
néanmoins chaque matin le chemin de la caserne et les journées passaient
régulières, rythmées et identiques.
L'activité industrielle de la région était à son apogée et attirait sans compter les
émigrés qui arrivaient de partout. Les Italiens et les Maghrébins arrivaient par
centaines en Moselle, fuyant leur pauvre région pour une terre riche et prospère. Les
quartiers résidentiels se construisaient par dizaines et l'économie était florissante. Le
lieutenant Desniaque n'échappa pas à cette vague de population et sa petite maison
calme se vit entourée en quelques mois de plusieurs barres d’H.L.M. Les familles qui
y vivaient étaient italiennes pour la majorité, il y avait néanmoins quelques familles
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arrivées du Maghreb. Tous se réjouissaient du bonheur de leur nouvelle vie et
savouraient sans limite les joies de leur nouveau pays. Ils avaient du travail,
pouvaient vivre décemment et se nourrir, cela les satisfaisaient.
Antoine Desniaque apprit à vivre avec les nouveaux habitants de la ville, sans pour
autant se réjouir de ses nouveaux voisins. Il appréciait quelques-uns de ceux-ci : il y
avait cette grande famille italienne du troisième étage de l’H.L.M. de la rue Molière
qui le saluait toujours aimablement, ce vieil homme italien du sixième étage de
l’H.L.M. de la rue de la Croix Navet qui lui avait rapporté Scotty lorsqu'il s'était perdu.
Et puis il y avait cette famille algérienne de la rue saint Vincent qui ne se composait
que d'un adolescent d'une quinzaine d'années et de sa mère, une vieille femme à
l'air aigri qui le fusillait du regard, sans qu’Antoine n'en comprenne la raison.
La caserne du lieutenant reflétait bien cette vague porteuse de diversité
culturelle. Les jeunes hommes à la peau gorgée de soleil illuminaient désormais les
rangs du régiment, apportant avec eux leur culture et leur originalité. Ils bavardaient
gaiement et leur gentillesse était sans égal envers les habitants de leur terre d'asile,
enfin comblés par un bonheur qui leur semblait sans limites. Les jours qui
s'écoulaient étaient une bénédiction pour eux. Malheureusement, cette vague de
bonheur n'était pas partagée par tout le monde. Le lieutenant Desniaque voyait
cette diversité d'un œil sombre. Il faut dire que la guerre d'Algérie lui avait laissé un
souvenir effroyable. Tous ces hommes qu'il voyait chaque jour le terrorisaient un peu
plus, ces Algériens en uniforme lui rappelaient les combats sanglants qu'il avait
menés au front. Une impression de mal-être grandissait en lui chaque jour. Chaque
regard, chaque visage qu'il voyait lui rappelait tous ces hommes qu'il avait tués làbas, à la guerre. Le militaire essayait d'ignorer ce sentiment, mais cela ne faisait
qu'assombrir ses pensées. S'il n'avait aucune haine contre ces nouveaux venus, leur
présence le gênait. Chaque soir, lorsqu'il prenait le bus pour rentrer chez lui, lorsqu'il
voyait tous ces hommes venus d'ailleurs, ce sentiment de culpabilité lui nouait le
ventre. Rentrer avec le jeune adolescent de la vieille dame de la rue saint Vincent,
marcher sur le même trottoir que lui était devenu une véritable torture. Des activités
quotidiennes si simples le rendaient malade. Les fantômes de la guerre
resurgissaient, il y pensait jour et nuit, ces mutilés, ces soldats, ces enfants si jeunes
et morts si tôt le hantaient.
Un moment il pensa se faire soigner, mais sa phobie ne dura que quelques mois et
s'en alla doucement.
L'ambiance de la ville, quant à elle, s'obscurcissait. Un an après l'arrivée des
émigrés, des tombes musulmanes avaient été profanées. Une vague de xénophobie
s'étendait à travers la ville et les habitants voyaient les nouveaux arrivés comme des
envahisseurs plus que comme des compatriotes. Leurs accents sucrés et leur bonne
humeur agaçaient. On pouvait d'ailleurs observer un fort contraste entre les
immigrés installés depuis un an, vivant dans de grands H.L.M., s'habillant
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pauvrement et ayant toujours un grand sourire aux lèvres, et les « anciens »
habitants de la ville, croquant à pleines dents la pomme des Trente Glorieuses, se
pavanant dans de belles voitures et affichant malgré tout un visage désespéré. Dans
les rues, les regards vis-à-vis des nouveaux venus se faisaient de plus en plus
méfiants et méprisants. Les visages qui sentaient le Sud, la bonne humeur et le soleil
n'affichaient plus désormais qu'une frayeur maladive, eux qui occupaient les emplois
les plus pénibles, tels que la construction des routes ou les postes de nuit des usines,
eux qui étaient couverts des saletés de la chaussée, eux qui travaillaient douze
heures par jour, eux enfin qui se tuaient à la tâche pour un pays qui n'était pas le
leur, et dans lequel le regard des autres n'était qu'arrogance et insolence. A l'école
cette situation de tension se reflétait : les enfants français et émigrés ne se
mélangeaient pas, dans la cours ils ne jouaient pas ensemble.
Antoine ne partageait pas l'évolution extrémiste de l'idéologie des autres habitants
face aux émigrés mais préférait rester distant vis-à-vis des nouveaux arrivants. Son
traumatisme de la guerre d'Algérie jouait un rôle important dans sa mentalité et sa
vision des autres. Il souhaitait simplement qu’émigrés et anciens habitants vivent en
harmonie.
Un matin frais de juin 1972 à l'aube, alors que le lieutenant Desniaque s'en
était allé courir comme tous les jours, il faisait nuit, les rues étaient désertes et la
ville endormie était comme toujours recouverte de sa brume matinale. Soudain, un
cri strident brisa le silence. Antoine se retourna : rien. Il allait continuer sa course
normalement, lorsqu'un second cri s'éleva dans la nuit. Le militaire comprit enfin
d'où il provenait. Effrayé, il se précipita vers le bois voisin afin d'y comprendre
l'origine de ce hurlement. Le noir était total. Marchant telle une hyène aux aguets, il
s'approcha du cœur du bois et aperçut quatre silhouettes. Caché derrière un chêne
centenaire, le lieutenant observait la scène : on pouvait distinguer un homme à
terre, les trois autres silhouettes tenaient des armes, type fusils, ils s'enfuirent à
moto quelques secondes plus tard. Antoine hésita à les poursuivre, leur fuite
précipitée cachait certainement quelque chose, et cet homme seul à terre,
abandonné, qui était-il ? Que faisait-il là ? Seul, désarmé, sans aide aucune, il serait
impossible pour le lieutenant de faire quoi que ce soit. Il décida à contrecœur de
laisser ces trois individus partir. Dès le départ des hommes, il s'approcha de l'homme
à terre. Il respirait encore ! Antoine observa son visage, c'était un adolescent d'une
quinzaine d'années, il était couvert d'ecchymoses et certainement évanoui. Sans
perdre de temps, le lieutenant lui fit reprendre connaissance. Le jeune garçon
s'éveilla, Antoine le questionna :
« - Ça va gamin ?
- Oui, j'ai mal à la tête mais ça va, répondit l'adolescent.
- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Qu'est-ce qu'un adolescent fait au milieu d'une forêt à
l'aube ? demanda le militaire.
- Je... Je... Je sais pas... bégaya le jeune homme.
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- Et tu te souviens de ton nom ? interrogea le lieutenant d'un ton moqueur.
- Je m'appelle Djibril, répondit l'adolescent.
- Tu habites Hayange ? reprit le lieutenant.
- Oui, rue Saint Vincent, annonça l'adolescent. »
Antoine s'arrêta net. Il reconnut alors l'adolescent, cela lui parut soudainement
évident : Djibril n'était autre que le fils de cette vieille dame algérienne qui le
regardait toujours de travers ! Quel était le fin mot de cette histoire ? Que faisait cet
adolescent seul la nuit dans une forêt ? Qui étaient ces trois hommes ayant pris la
fuite ? Sans réponse aucune et dans une incompréhension la plus totale, le
lieutenant quitta le bois et aida le blessé à marcher jusque chez lui, il souffrait
énormément et était incapable de prononcer quelque parole que ce soit. Arrivé
devant la porte de l'appartement, l'adolescent toqua à la porte. Antoine s'attendait à
un remerciement glacial de la part de la vieille dame et se préparait à regagner sa
maison une fois Djibril rentré chez lui. Soudain, la porte s'ouvrit, la vieille dame
apparut, surprise, étonnée et soulagée à la fois. Elle prononça quelques paroles
confuses mêlant français et algérien. L'adolescent fondit en larme dans les bras de sa
mère. Il prononça quelques paroles dans une langue qu'Antoine ne saisit pas. La
mère de Djibril ne prêtait aucune attention au lieutenant, celui-ci s'apprêtait à s'en
aller. Contre toute attente la vieille dame leva la tête, observa le militaire et lui fit
signe de rentrer. Sans protester, Antoine franchit le pas de la porte. Il se trouvait seul
dans le salon de l'appartement, la mère de Djibril était partie dans la salle de bain
soigner son fils. Le lieutenant se mit à observer l'appartement. Il était d'une petite
taille, peu meublé, mais paraissait ordonné et très propre. L'église de la ville sonnait
sept heures du matin. Dans quelques heures Antoine allait devoir reprendre le
chemin de la caserne. Il resta debout une dizaine de minutes en attendant le retour
de la vieille dame et de Djibril. Ceux-ci ne tardèrent pas à revenir. L'adolescent
s'allongea sur le sofa et s'endormit rapidement. Sa mère, quand à elle, invita le
lieutenant à s'asseoir et commença à lui parler.
« Je pense que je dois vous remercier monsieur... ?
- Desniaque, Antoine Desniaque, lieutenant, répondit-il, et vous ?
- Ghezali Chahinel, je suis la mère de Djibril, se présenta-t-elle.
- Pourquoi est-ce que votre fils se trouvait dans une forêt à l'aube ? questionna le
lieutenant.
- Je ne sais pas, toujours est-il que mon fils va courir tous les matins, aujourd'hui,
pour une obscure raison, il a décidé de partir plus tôt faire son footing matinal.
Vraiment lieutenant, heureusement que vous l'avez retrouvé ! s'exclama Chahinel, je
n'ose même pas imaginer ce qui lui serait arrivé sinon !
- Moi non plus, répondit Antoine, mais Djibril ne vous a pas raconté ce qui lui était
arrivé pendant que vous le soigniez ?
- Il m'a rapidement expliqué qu'un groupuscule s'en serait pris à lui sans raison,
visiblement il lui reprochait ses origines étrangères, expliqua la mère de Djibril.
- Ce déchaînement raciste est inacceptable ! s'exclama Antoine, Djibril a-t-il vu le
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visage de ses agresseurs ?
- Oui, il aurait reconnu trois jeunes hommes du quartier, expliqua Chahinel, ce sont
trois jeunes dealers racistes, ils terrorisent le quartier, et sont armés jusqu'aux
dents !
- Mais que fait la police ? demanda, surpris, le militaire.
- La police ? Rien... murmura Chahinel. Elle a peur, le père d'un de ces trois jeunes
travaille à la préfecture et est très influent, alors la police, voyez-vous...
- Vous allez déposer plainte ? » interrogea le lieutenant.
Cette question eut l'effet d'une bombe pour la vieille dame. Son expression du
visage montra une colère retenue. Elle foudroya du regard le militaire et s'exclama
d'une voix qui exprimait une peine profonde : « Plainte... Comprenez-vous ce que
cela représente pour nous, émigrés, étrangers abandonnant le pays pour lequel on a
versé notre sang pour fuir chez l'ennemi que l'on a tant cherché à chasser ? Imaginez
une seule seconde le regard des autres sur nous. Nous en souffrons déjà assez,
lieutenant, croyez moi, pour nous tous, étrangers, il vaut mieux mourir en silence
ici. »
Le lieutenant prit soudainement conscience des difficultés quotidiennes de tous ces
hommes et ces femmes venus d'ailleurs, leurs souffrances quotidiennes. Il avait
honte, honte de s'être battu contre ce peuple, honte d'avoir tué des mômes de l'âge
de Djibril, honte d'être resté insensible à tous ces hommes qu'il avait tués de sangfroid, sans aucun remords, il se sentait une dette envers tous ces gens. Il ne savait
quoi répondre à cette vieille dame, elle avait raison, il avait tort. Une idée folle lui
vint soudainement à l'esprit. Il s'adressa à la vieille dame : « Vous aimeriez que ces
trois jeunes aillent en prison ? Qu'ils soient jugés ?
- Si seulement... répondit-elle rêveuse.
- Je vais aller leur parler, dites-moi seulement où les trouver, s'exclama le lieutenant.
- Si vous le souhaitez, demandez à Djibril, murmura la vieille dame. »
Le lieutenant se leva, murmura quelque chose à l'oreille de l'adolescent, celui-ci lui
répondit tout en murmurant. Sans perdre de temps, Antoine remercia la vieille dame
pour son accueil et rentra chez lui.
Là-bas, il prit une douche, mit sa tenue militaire, chaussa ses rangers, salua Scotty et
s'en alla. Il prit la direction de la caserne où il passa la journée. Le soir, lorsqu'il quitta
son travail, il ne rentra pas dans sa petite maison mais s'en alla vers l'endroit indiqué
par Djibril. Il marcha jusqu'à arriver dans une ruelle sombre. L'endroit était désert.
Le lieutenant ne le savait pas, mais, cachée derrière une fenêtre, une ombre guettait.
Derrière cette fenêtre se trouvaient trois jeunes hommes. Le premier, un jeune
homme blond aux yeux bleus qui fumait une cigarette s'adressa à celui qui guettait
par la fenêtre, un jeune homme aux cheveux noirs :
« Tu vois quelque chose Jake ?
- Oui Steph', un militaire !! Encore un bidasse !! répondit l'homme.
- Qu'est ce qu'il veut ?!! s'écria le dénommé Steph'.
- Je sais pas !! Tu veux que je lui demande ?! s'esclaffa Jake.
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- Oh oui !! T'as bien ton Kalachnikov ? J'aime bien faire flipper ceux qui traînent par
ici !! s'exclama Steph' avec un enthousiasme débordant.
- Oh ! Oh ! Oh !, du calme les enfants ! »
L'homme qui venait de parler se leva, il tenait dans sa main une bouteille de vodka.
Son visage était couvert de piercings et ses bras de tatouages. Il avait les cheveux
blonds en bataille et les yeux d'un noir intense. Il reprit la parole :
« Pas de précipitation, on attend et on regarde !!
- Oh ! Nico' !! Tais-toi !! Garde un peu tes conseils pour toi !! répondit Steph'.
-Tu veux quoi ? On va pas l'attaquer pour rien !! » Hurla Nico'.
Le ton était monté et Antoine entendait désormais les cris qui provenaient de la
pièce dans laquelle se tenaient les trois garçons. Il lança au hasard : « Il y a
quelqu'un ? » Ce cri interrompit les trois jeunes hommes. Sans réfléchir, Nico' se
pencha à la fenêtre. Il aperçut l'ombre du militaire à la lumière des réverbères. Il lui
répondit :
« Tu sais pas à qui tu parles mon grand !! Un conseil, repars d'où tu viens !
- Si justement, je sais à qui je parle ! Un punk nationaliste qui agresse les gens en
pleine forêt la nuit sans raison ! s'exclama Antoine.
-Et t'es qui pour dire ça ?! demanda le jeune homme, le regard haineux ; et
comment tu sais ça ?!
- J'ai un don pour être là où il ne faut pas au meilleur moment. Peu importe mon
nom, je suis lieutenant à l'armée, répondit le militaire, j'ai fait la guerre d'Algérie, et
toi ? »
Pour toute réponse Nico' ferma la fenêtre, se tourna l'air affolé vers ses deux
compagnons et leur cria : « Il est lieutenant ! Il est sûrement armé !! Il va nous
descendre !! Vite !! Prenez les armes !! Ouvrez le feu !! »
On retrouva le corps du lieutenant le lendemain matin. Il était criblé de balles.
Djibril et sa mère furent bouleversés par la découverte et se rendirent sur les lieux
de la macabre découverte sitôt qu'ils eurent appris la nouvelle. Antoine n'était pas
armé et était vulnérable. Aucun enquêteur ne comprit pourquoi un homme aussi
rusé que ce lieutenant s'était ainsi jeté à la mort. Les meurtriers étaient déjà connus
des services de police et allaient être jugés et emprisonnés rapidement pour le
meurtre d'un gradé et ancien combattant de l'armée.
Chahinel et son fils arrivèrent rapidement, sur le lieu de la fusillade, Djibril sentit
cette étrange atmosphère. C'était la même que celle qu'il avait ressentie lorsque l'on
avait retrouvé la dépouille de son père dans le désert de l'Erg d'Iguidi un certain 17
mars 1962...
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