réforme des retraites
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NUMÉRO SPÉCIAL - 3 NOVEMBRE 2010 RÉFORME DES RETRAITES ET GESTION DES RESSOURCES HUMAINES L’ÉDITO Philippe Pascual Directeur Général Adjoint Avec cette lettre, BPI continue à vous informer et à vous apporter chaque semaine son point de vue et son analyse sur les enjeux de la réforme des retraites et son impact sur la gestion des ressources humaines. Cette semaine, nous nous sommes penchés, sur le mode de financement des retraites et son évolution. La part de la capitalisation semble inéluctablement devoir entrer dans le jeu avec celle de la répartition, notamment en ce qui concerne les cadres. Pourquoi cette évolution et sous quelle forme peut s’organiser ce financement par capitalisation ? Quelles conséquences pour les entreprises ? Voici quelques pistes de réflexion… RETRAITE PAR CAPITALISATION Pourra-t-on encore longtemps échapper à un complément de retraite par capitalisation ? Derrière le principal sujet de la réforme des retraites (le report de 24 mois de l’âge de la retraite à taux plein), se pose en filigrane la question essentielle du financement des retraites et de la part de la capitalisation dans les revenus des retraités, en complément des revenus issus de la répartition. Cette question concerne bien entendu les salariés, actuels cotisants à la retraite, mais aussi les entreprises qui peuvent (doivent ?) s’interroger sur leur dispositif de capitalisation : comment participation, intéressement, PERE, PERCO et PEE peuvent-ils jouer un rôle dans le financement des retraites de demain ? Par rapport à l’effort réalisé par le salarié, le résultat de la capitalisation parait faible Une baisse des rentes de la retraite… Le système de retraite par répartition actuel entraîne une détérioration d’année en année du taux de remplacement (ratio première pension de retraite / dernier salaire), et va vraisemblablement continuer à se dégrader dans les années qui viennent. De fait, à règlementation inchangée, avec une détérioration du taux d’actif par retraité, les finances de la CNAV, qui verse la pension de base, vont se détériorer. Du coté de la retraite complémentaire, la détérioration du taux de rendement du point de retraite, c’est-à-dire le rapport entre le salaire de référence (prix d’achat du point) et la valeur de service (valeur du point au moment du calcul de la pension) va vraisemblablement se poursuivre. En conséquence, le taux de remplacement pour un salarié non cadre du secteur privé passerait en moyenne de 84% en 2000 à 71% en 2020. Pour un cadre ayant une évolution ascendante de salaire d’un à deux plafonds de la sécurité sociale passerait de 56% en 2000 à 50% en 2010 (sources COR). La corrélation entre le taux de remplacement et le recours à la capitalisation est évidente : de manière logique, plus le taux de remplacement est faible, plus le futur retraité cherchera à améliorer, d’une façon ou d’une autre, le niveau de sa pension. Ce sont donc les cadres qui se tourneront davantage vers la retraite par capitalisation, et ce pour deux bonnes raisons : RÉFORME DES RETRAITES NUMÉRO 06 - NOVEMBRE 2010 ET GESTION DES RESSOURCES HUMAINES L’aide des entreprises à la constitution d’une épargne retraite sera un argument auquel les salariés seront de plus en plus sensibles. leur taux de remplacement est plus faible et… leur capacité à épargner supérieure à celle des non cadres. Quel(s) dispositif(s) de capitalisation ? Une façon répandue de « capitaliser » consiste en l’acquisition de sa résidence principale (la fin des remboursements de l’emprunt devant coïncider avec la date de départ en retraite, pour compenser la baisse de revenus). Une autre façon de capitaliser est de mettre de l’argent de coté sous forme d’assurance vie (avec les avantages fiscaux et patrimoniaux encore attachés à ce type de placement), ou par un produit financier d’épargne retraite proposé par un établissement financier, pour bénéficier in fine, soit d’un capital, soit d’une rente. Du côté de l’entreprise, des dispositifs existent d’ores et déjà pour inciter les salariés à épargner, et donc, le cas échéant, pour capitaliser : participation, intéressement, ou même compte épargne temps (CET). Ces sommes peuvent être placées sur un PEE (plan d’épargne entreprise), bloquées 5 ans pour bénéficier des avantages fiscaux, mais rien n’empêche de les y laisser beaucoup plus longtemps, ou de les faire basculer, par exemple vers un PERE (plan d’épargne retraite entreprise) ou un PERCO (plan d’épargne retraite collectif), lorsque l’entreprise le propose. Direction de la publication : Claude Paoli Rédaction : Christophe Grauwin Tanguy Daujon Conception graphique : Muriel Descarpentri Les articles parus dans cette lettre peuvent être reproduits tout ou partie avec citation de la source. La connexion entre ces outils (par exemple CET vers PERCO, …) et l’abondement possible de l’entreprise aux efforts d’épargne de ses salariés permettent ainsi à ces derniers de se constituer au fil du temps un capital. Aujourd’hui, le montant de ce capital constitué autour de la participation et de l’intéressement est très variable, puisqu’il dépend non seulement des fruits et des résultats de l’employeur, mais aussi des outils et des aides (abondements) qu’il a mis, ou non, en place. La corrélation est forte entre la taille de l’entreprise et les aides à l’épargne qu’elle propose à ses salariés. Reste que par rapport à l’effort réalisé par le salarié, le résultat de la capitalisation parait faible : un salarié qui aurait déposé, grâce à la participation par exemple, chaque année un mois de salaire sur un compte de type « PEE ou Perco » (à 2% l’an) pendant 42 ans, se verrait offrir une rente équivalente à quelque 20% de son dernier salaire (sur une hypothèse d’augmentation annuelle de salaire de 2% lui aussi). L’effort d’épargne par capitalisation est beaucoup plus visible que les sommes versées, toute sa carrière durant, pour la retraite par répartition. Ces dernières sont « noyées » dans les cotisations sociales, et quasiment « invisibles » s’agissant des cotisations patronales. Elles représentent cependant, cotisations salariales et patronales cumulées, près de 25% du salaire brut (lorsque l’épargne d’un mois de salaire par an représente un effort de 8,3%). Garantir une bonne retraite à ses salariés, un nouvel enjeu pour les entreprises Si l’on admet que le taux de remplacement va se détériorer dans les décennies qui viennent, il est logique de penser que l’aide potentielle des entreprises à la constitution d’une épargne retraite par capitalisation sera un argument auquel les salariés (et notamment les cadres) seront de plus en plus sensibles. On peut d’ores et déjà considérer que les aides à la constitution d’une retraite par capitalisation représentent, dans une certaine mesure, des outils de fidélisation de leurs collaborateurs. Faut-il envisager que demain, ce type d’aide à l’épargne retraite doive faire partie du « package social minimum » ? Contact : Christophe Grauwin 06 23 89 93 12 Je souhaite recevoir la prochaine lettre Je ne souhaite plus recevoir cette lettre www.groupe-bpi.com