envoi charles_020515
Transcription
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Communion solennelle, Pièce montée 16ème siècle : l'idée prend corps de faire ratifier aux enfants les promesses de leur baptême au moment où, physiquement et socialement, ils quittent l'enfance 1522 : Le premier à l'avoir suggéré semble avoir été Érasme. Mais, comme chacun sait, le XVIème siècle fut un siècle d'orages, surtout dans le domaine religieux… 1593 : On trouve la première mention, en France, d'une telle fête à Aumale, dans le diocèse de Rouen. La pâtisserie européenne est pleine de traditions insolites où les formes, les gestes et les saveurs reflètent les mentalités des différentes sociétés. Hérités d'anciens rites païens, pains et gâteaux proches de l'art brut, pour la plupart de forme humaine, sont porteurs de mythes, de symboles et de fantasmes qui suscitent l'interrogation et l'interprétation. Toutes nos fêtes, ont, comme Janus, un double visage, elles célèbrent à la fois le temps qui passe et l’âge à venir. Et pour rendre bénéfique ce passage, quoi de mieux qu’un gâteau symbole d’abondance des produits de la terre de douceur, de paix et de communion. De là vient sans doute cette tradition quasi-universelle, de gâteaux rituels associés à chaque fête importante, où les convives affluaient. Il en était ainsi de la Communion solennelle, avec le rituel des dragées et croquembouche. Dans son Dictionnaire de cuisine, Alexandre Dumas précise : « On donne le nom de croquembouche aux pièces montées qui se font avec des croquignolles, des gimblettes, macarons, nougats et autres pâtisseries croquantes, qu'on réunit avec du sucre cuit au cassé et qu'on dresse sur une abaisse de feuilletage en forme de large coupe » Acte cérémoniel primordial en France, rite d’initiation, qui ouvre les portes de la communauté chrétienne, faire sa communion, c’est, pour l’enfant, renouveler les promesses de son Baptême, c’est choisir par lui-même de vivre en chrétien. Le Christianisme à ses débuts, puis l'orthodoxie, l'ignorait complètement. Rien non plus en Occident au Moyen Age. 1616 : Puis les choses s'accélèrent, première description de la cérémonie en la paroisse Saint Nicolas du Chardonnet à Paris, 1660 : Le rituel de Bourges donne les consignes précises, qui seront reprises et imitées pendant près de trois siècles. Citons-en quelques points essentiels : la messe sera chantée solennellement, les enfants communieront juste après le prêtre, on mettra ses plus beaux atours et l'autel sera "fort orné". Il faut retenir qu'avant la première communion, l'enfant est nourri par sa famille; après, il doit gagner son pain. Ce fut vrai jusqu'aux approches de la Deuxième Guerre Mondiale. Et, ruralisme oblige, voilà pourquoi la cérémonie fut placée avant le temps des grands travaux des champs. C’est la seule fête religieuse de dimension communautaire importante, où plusieurs dizaines de familles peuvent être associées simultanément. Voici la narration, faite en 1889, d’une coutume ancienne, le painperbole. C’est un objet en pain d’épice que tous les enfants, riches et pauvres, distribuaient à leurs parents et amis, le jour de leur première communion. Autrefois il était même de bon ton de servir lors du repas de communion des aliments blancs : poissons servis avec sauce blanche, ris d'agneau, veau ou volailles servis à la crème. Les desserts blancs étaient aussi à l'honneur meringues, crème chantilly, œufs à la neige. Le tout était naturellement accompagné de vin blanc. Des gamins les suivaient dans les rues en psalmodiant ces mots Un p’tit pain perbole ! ou bien Des indulgences ! Pour les attraper, souvent les communiants leur jetaient des pains perboles faits exprès et qui étaient excessivement poivrés. De nos jours, (en 1889) il y a encore des communiants qui donnent des pains perboles mais les boutons de guêtres, espèce de petits macarons, ont le pas sur cette vieille friandise. La traditionnelle pièce montée vient clore le repas en bouquet de feu d'artifices, symbolisant l'esprit de partage, de paix et de communion, à l'égal de ces gâteaux qui étaient offerts, chez les Romains, à Janus. D’où vient le mot perbole ? Monsieur Pierre Legrand, dans son dictionnaire du patois de Lille, donne l’explication : Enfin, les dragées distribuées comme autant de petits cailloux blancs, rappellent aux absents que les communiants ont été invités à s'approcher du grand mystère, en abandonnant leur peau d'avant, inapte à vêtir leur nouvelle maturité en marche… J’avais pensé, d’abord, que ce mot pain perbole pouvait être une concentration du mot parabolique. Ainsi donnés, sous forme d’indulgences, ces gâteaux me paraissaient une touchante réminiscence du mystère qui vient de s’accomplir à la Sainte Table, mais un examen plus attentif m’a fait retomber de toute la hauteur de ma fiction, dans la sévère réalité. Ce mot signifie tout simplement boule de pain d’épice, du flamand piper, poivre, épice. La Communion Solennelle est l’occasion de rassembler parents et amis autour d’un banquet. Le blanc, symbole de pureté, accompagne les invités tout au long de la journée. On le retrouve en effet au niveau de la décoration du repas de communion : nappes blanches et fleurs blanches. A Lille, aux processions de Communion, on entend encore des enfants chansonner « Un p’tit pain par-bo-le. Un p’tit bou-ton d’guêtre, j’i-rai à l’é-co-le. Je n’frai pus queu-et-te » école buissonnière Pièce montée, nous sommes solidaires pour offrir le meilleur Soudés comme des frères, unis comme des sœurs. C’est notre référence, chacun est anonyme, aucune différence De la base à la cime, que l’on soit en dessous ou bien tout en haut même On a su rester crème, on a su rester chou. Qu’on nous croque ou nous flatte, on reste bonne pâte » Petit poème culinaire dans "Les poésies de Phédrienne"