Nutrition et fracture de hanche
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Nutrition et fracture de hanche
FORMATION CONTINUE Manger correctement renforce l’os Nutrition et fracture de hanche ch La malnutrition est très souvent observée chez les personnes âgées et se révèle d’autant plus grave chez les patients souffrant d’une fracture de la hanche (1). n effet, un état de malnutrition est fréquemment constaté lors des admissions de patients âgés avec fracture de la hanche. De plus, une alimentation inadéquate durant leur séjour à l’hôpital, peut avoir des effets défavorables sur l’évolution clinique (2). Parmi les diverses substances nutritives, un faible apport en protéines peut être particulièrement préjudiciable pour l’acquisition de la masse osseuse et la conservation de l’intégrité osseuse au cours de l’avancée en âge (3). Un apport insuffisant en protéines peut favoriser l’apparition de fractures de hanche en augmentant le risque de chute dû à une faiblesse uvemen en affecmusculaire et une mauvaise coordination des mouvements, ps de ré tant les mécanismes de protection tels que le temps réaction ou la force musculaire, et/ou en diminuant la masse osseuse (4). De plus, une réduction de la couche protectrice de tissus mous réduit la force requise à fracturer une hanche ostéoporotique (5). Prof. Dr méd. René Rizzoli Genève E Fracture de hanche et mortalité Près de 40% des fractures de la hanche surviennent dans les mailutôt en milieux sons de retraite (6). Les fractures surviennent plutôt nnu que les fractures urbains qu’en milieu rural (7). Il est bien reconnu té accrue, particulièreostéoporotiques sont associées à une mortalité n environnement de soins ment chez les hommes, qui ont besoin d’un anche (6, 8). A âge équivaplus important après une fracture de hanche d hanche est lent, la réduction du temps de vie après une fracture de Lo plus grande chez les hommes que chez les femmes (8). Lorsque le ressé ch atients âgés, par un bilan nutritionnel hospitalier est dressé chez les patients MNA®), un bilan nutritionnel tionnel faible Mini Nutritional Assessment (MNA®), alité plus élevé, de tran est associé à un taux de mortalité transfert en maisons de retraite plus fréquents ett d’un séjour hospitalier plus long (9). Densité minérale osseuse (DMO) DMO) et apports protéiques De nombreuses études tudes ont démo démontré une association positi positive entre la masse osseuse se à divers endroits du squelettee et la cons consommation spontanée de protéines. Dans une meta-a meta-analyse d’étud études transveréines alimentaires expliquent env sales, les protéines environ 2% des variations de la DMO (10). Des données longitudinale longitudinales de la population pert minérale osseuse de la Framingham Study ont révélé que la perte ès 4 ans de suivi était in après inversement proportionnelle à la consomtion de protéines alimentaire mation alimentaires chez les personnes âgées (11). Une proté pluss grande consommation de protéines alimentaires a été associée à une augmentation de la DMO chez un u groupe de personnes âgées ayant reçu des suppléments en calciu calcium (12). Risque que de fracture fractur et apports protéiques Un argument ment allant dans le sens d’un effet nuisible sur l’os lié à une mation de pro forte consommation protéine est constitué par le fait que la fracinfo@gériatrie _ 01 _ 2012 ture de la hanche surviendrait survie plus fréquemment emmen dans les pays ne forte consommation de protéines d’orrigine animale (13). ayant une omme attendu, les pays connaissants lee plus de fractures sont Mais, comme ux ayant la plus longue espérance de vie ceux vie, ce qui pourrait expliuer qu’il y ait plus de fractures. À l’inverse quer l’inverse, les données de la Nurses’ Health Study portant sur des femmes d’âge d’â moyen ont démontré une tendance à la fracture de hanche inv inversement proportionnelle à la ion de protéines (14). consommation Dans une étude ude prospective p portant sur plus de 40 000 femmes mé a, une plus pl forte consommation de protéines ménopausées en Iowa, ucti du risque de la fracture de hanche a été ass associée à une réduction ét lié à la consommation co (15). Ceci était de protéines d’origine anile. Dans une étude cas ca témoin, le plus grand quartile de prise de male. es d’origine animale an protéines a été associé à un plus faible risque de anche chez les 50–69 ans (16). fracture de hanche Dans une au autre étude réalisée auprès d’adultes d’âge moyen, au cia aucune association entre la fracture de hanche et la non-consommati de protéines animales n’a pu être mise en évidence (17). mation Cepe Cependant, le risque de fracture était augmenté lorsqu’une forte cons consommation de protéines était accompagnée d’un faible apport en ccalcium. Dans deux études longitudinales à Framingham, avec des âges moyens de 55 et 72 ans respectivement, une plus grande co consommation de protéines a été associée à un risque plus faible de fracture de hanche (18, 19). Dans le premier groupe, une réduction de 85% a été constatée uniquement si la prise de calcium était supérieure à 800 mg/d (18). Une forte consommation de protéine a été suggérée comme étant un facteur de risque d‘ostéoporose. Cependant, diverses études montrent qu’une réduction de la consommation de protéines alimentaires engendre une réduction de l’absorption de calcium et une hyperparathyroïdie secondaire (20, 21). Une faible (0,7 g/kg de poids corporel) mais non pas une forte (2,1 g/kg de poids corporel), consommation de protéines a été associée à une augmentation des marqueurs biochimiques de renouvellement osseux, en comparaison à une alimentation comprenant 1.0g/kg de protéines (22). Chez les femmes ménopausées en bonne santé, une alimentation riche en viande (1,6 g/kg de poids corporel de protéine) comparée à 0,9 g/kg, n’a pas affecté la rétention de calcium ni les indices du métabolismes osseux (23). Il a été proposé que, selon l’origine des protéines, animales ou végétales, le métabolisme calcique pourrait être influencé différemment. Ceci est fondé sur l’hypothèse que les protéines animales généreraient plus d’acide provenant du soufre contenu dans 9 FORMATION CONTINUE FIG. 1 Supplément en protèines et ostéoporose Correction Low Protein Intake IGF-1 Bone Mass Muscle Mass Fracture Risk Risk of Falling Medical Complications rmale, peut également égalem mation de protéines, passant de faible à normale, être bénéfique à l’intégrité osseuse. Dans cet essai, l’ensemble des 82 patients (âge moyen de 80,7 ± 1,2 ans) ont reçu 200’000 IU de vitaum par jour dès la première mine D au début,, et 550 mg de calcium tique de la hanche. Dans une semaine suivantt la fractur fracture ostéoporotique ress centra analyse de régression multiple, la concentration de base d’IGF-1 et ulaire des biceps, et le supplément plément de d 20 g de protéines la force musculaire % de la variance de la durée ée du séjour dans les hôpiexpliquent 30% tation (r2=0,312; (r2=0,312 p<0,0005), ), chiffre réduit de 25% taux de réadaptation ant reçu le supplément sup dans le groupe ayant de 20 g de protéines. Afin l’I d’évaluer la rapidité dee réponse de l’IGF-1 aux suppléments de protéines, des études dee courte durée sur la ccinétique de la réponse de ments de protéines ont été menées d l’IGF-1 aux suppléments dans deux ncentration d’IGF-1 situations associées à une faible concentration d’IGF-1. Chez les ées ayant ayan une récente fracture ure de hanche, hanche un supplépersonnes âgées ment de 20 g de protéines par jour a permis d’aug d’augmenter en une ing protein. Diverses semaine le taux sérique d’IGF-1 et d’IGF-binding sources de protéines ont similairement élev élevé l’l’IGF-1. L’augmental marqueurs biochition du renouvellement osseux, évaluée par les ques, a été légèrement retardée (26). miques, Infl nfluence du zinc ? les acides aminés que lors d’un régime végétarien. L’idée que les aient protéines animales, contrairement aux protéines végétales, seraient es clinéfastes pour la santé osseuse n’est pas soutenue par des preuves niques et expérimentales. En effet, un régime végétarien contenant des protéines issues des graines et légumes fournit autant de millimoles de soufre par gramme de protéine que le ferait un apport nsversale, la DMO en viande uniquement. Dans une étude transversale, yant une alimentation était certes plus importante chez des sujets ayant iminution de la résorpriche en fruits et légumes. Cependant, la diminution le indépe tion osseuse sous régime végétarien semble indépendante de changements dans l’équilibre acide base. Le bicarbonate de potassium, n), ou le citrate dimimais pas celui de sodium (donc le même anion), m. nuent l’excrétion urinaire de calcium. Intervention thérapeutique L’évolution clinique après une ne fracture de hanche pe peut être amélioo utritionnels normalisant la consom rée par des suppléments nutritionnels consommation de protéine. Dans une étude randomisée de patients âgés aya ayant rt en protéine des perso une fracture du col du fémur, l’apport personnes ément de 20 g est passéé de faible à pres recevant un supplément presque la mandée quotidienne (0,8 (0 g/kg de poids corporel). c quantité recommandée ontré une différence, les patients pati plém Un suivi a démontré supplémentés évod complications et luant mieux quee le groupe contrôle. Un taux de ttement plus faible était toujours observé obs de décès nettement à six mois dans le groupe complémenté. La durée de séjour dans les services pédiques et les hôpitaux hôpita de réadaptation était sensiblement orthopédiques s plus courte chez les patients supplémentés que dans le groupe rôle (1, 24, 25). La normalisation de la consommation de procontrôle téines, indépendamment du calcium et de d la vitamine D, était en fait responsable de ce résultat plus favorab favorable (25). n Les besoins nutritionnels requis ne sont pas satisfaits tant que atients sont à l’hôpital, l’h les patients bien que des quantités de nourriture suffisantess leur soient offeertes. Chez les patients malnourris ayant une fracture dee hanche réce récente, une augmentation de la consom10 Un essai contrôlé, trôlé, en double-aveu double-aveugle, randomisé, a été réalisé en onnes âgées frag hôpital pour personnes fragiles afin de tester si le zinc pouvait influencer la réponse nse et la cinétique de l‘IFG-I en réponse à 20 g de ssupplément en protéines roté (composés de 15 g de lait et 5 g d’acides aminé aminés essentiels)) ((27). Le rationnel de cette étude compad’u élément sensible au zinc dans le promorativee était la présence d’un ène de l’IGF-1 teur du gène l’IGF-1. Tandis que l’IGF-1 a rapidement augmenté recev dans le groupee recevant le supplément en protéines, le zinc a accélé ent léré cette augmentation, et a réduit le taux de sérum d’un marqueur bioc l résorption osseuse. Avec des suppléments en zinc, biochimique dee la l’exécution xécu des activités quotidiennes s’est améliorée chez les patients ayant lle plus fort degré de malnutrition. Les complications médicales moins fréquentes après 20 g par jour de suppléments en protéines est comp compatible avec l’hypothèse que l’IGF-1 améliore l’état immunitaire, puisq puisqu’il peut stimuler la prolifération de cellules immunocompéten tentes et moduler la sécrétion d’immunoglobulines (28). En raison de l’ampleur de la perte osseuse survenant sur le côté contralatéral après une fracture de hanche (24), mais aussi en raison du risque accru d’une seconde fracture suivant une fracture de hanche, un suivi clinique pour les patients ayant subi une fracture a été mis en place (29). Une équipe multidisciplinaire supervise ce suivi clinique. L’information concernant les patients est col-lectée (incluant les facteurs de risque et les habitudes nutritionnelles), des tests complémentaires sont réalisés lorsque nécessaire, et l’évaluation globale permet d’établir un plan de suivi médical personnalisé. Des conseils nutritionnels, de l’exercice physique, ainsi que l’apprentissage de gestes adaptés au quotidien sont offerts aux patients et à leurs proches. Les bienfaits observés dès six mois sont l’amélioration de l’adhésion aux traitements, montrant la sensibilisation et les efforts fait par les patients dans la gestion de leur maladie. Mécanisme impliqué Nous avons développé un modèle expérimental de privation en protéines chez des rates adultes comparé à un régime normal en protéines, tous deux avec les mêmes apports de minéraux et de calories afin d’étudier l’influence spécifique de la carence protéique (30). 01 _ 2012 _ info@gériatrie FORMATION CONTINUE Une réduction de la DMO a été observée sur les parties du squelette formées d’os trabéculaire ou cortical chez les animaux recevant le régime pauvre en protéines. Ceci est associé à une diminution précoce de 40% de l’IGF-1. La diminution de la masse osseuse et de la résistance osseuse est essentiellement due à une inhibition précoce de la formation osseuse. Des souris surexprimant l’IGF-1 au niveau des ostéoblastes ne montrent pas de diminution de la masse ou de la résistance mécanique sous régime carencé en protéines (31). Chez le rat mâle, un régime alimentaire faible en protéines réduit aussi la DMO et altère les propriétés mécaniques; le manque d’apport en protéines engendrant un amincissement de l’os cortical et trabéculaire, résultant en une diminution de la masse minérale osseuse et de la résistance osseuse (32). Nous avons ensuite évalué la sécrétion de l’hormone de croissance en mesurant sa pulsatilité sur 24 heures. L’amplitude de ses pics s’est maintenue, alors que leurs nombres étaient plus faibles sous régime abaissé en protéines. L’administration d’IGF-1 était sans effet sur la formation osseuse si les apports protéiques étaient faibles (32). Nous avons aussi évalué les effets de l’hormone de croissance. En cas de carence protéique isocalorique, l’hormone de croissance était même catabo catabolique pour l’os (33). ment de protéines Enfin, nous avons testé les effets d’un supplément roen administrant des acides aminés essentiels dans les mêmes prousse portions que dans la caséine. Cet apport a engendré une hausse d’IGF-1 plus élevée que chez les rats contrôles, une hausse de la forrs de mation osseuse biochimique, une diminution des marqueurs résorption osseuse ainsi qu’une amélioration plus élevée de la résistance osseuse que de la masse minérale osseuse, probablement liée à une amélioration de la microstructure osseuse telle qu’une augmentation de l’épaisseur corticale. Prof Dr méd. René Rizzoli Service des Maladies Osseuses Département des Spécialités de Médecine Hôpitaux Universitaires de Genève et Faculté de Médecine, Genè Genève [email protected] Remerciement : ée de son excellente contribution contribu ariale. Mme Katy Giroux est vivement remerciée secrétariale. ct of dietary protein on bone 11. Hannan MT, Tucker KL, Dawson-Hughes B et al (2000) Effect orosis Study. J Bone Miner Res loss in elderly men and women: the Framingham Osteoporosis 15:2504-2512 12. Dawson-Hughes B, Harris SS (2002) Calcium intake e influences the association of protein intake with rates of bone e loss iin elderly men and women. Am J Clin Nutr 75:773-779 -cult 13. Abelow BJ, Holford TR, Insogna KL (1992) Cross-cultural association between dietary d hip fracture: a hypothesis. Calcif cif Tis animal protein and Tissue Int 50:14-18 illett WC, Stampfer MJ et al (1996) 6) Protei 14. Feskanich D, Willett Protein consumption and bone fractures in women.. Am J Epidemiol 143:472-479 rhan JR, Chiu BC (1999) P ve study of diet 15. Munger RG, Cerhan Prospective dietary protein intake and re in postmenopausal wom risk of hip fracture women. 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A tematic review Am J Clin Nutr 90:1674-1692 12 Messages à retenir ◆ Une prise suffisante de protéines est nécessaire à une bonne santé osseuse tout particulièrement chez les personnes âgées ◆ Une diminution des apports caloriques liée à l’âge peut-être considérée comme un ajustement adéquat à la réduction progressive des dépenses énergétiques ◆ Une baisse de la consommation de protéines peut-être préjudicable pour le maintien de l’intégrité et le bon fonctionnement de nombreux organes, comme le squelette et le muscle ◆ Un rétablissment de l’axe hormone de croissance IGF-1 chez les personnes âgées par une correction des apports protéiques peut favorablement influencer non seulement la DMO mais aussi la masse et force musculaire, sachant que ces variables sont des éléments déterminants dans le risque de chute et de fracture 01 _ 2012 _ info@gériatrie