La vraie-fausse - Le Mensuel de Rennes

Transcription

La vraie-fausse - Le Mensuel de Rennes
saint-grégoire
La vraie-fausse
riche
Depuis les années 50, Saint-Grégoire semble refuser de grandir.
Rattrapée par le développement commercial, tertiaire et
hospitalier de l'agglomération, elle doit pallier un important
retard d’équipements. Celle que l’on surnomme « le Neuilly
local » n’est pas si riche que sa réputation le laisse penser.
Claire Staes
[email protected]
Photos Romain Joly
E
n arrivant chez Henri Lehagre,
le visiteur croit pénétrer dans
l’enceinte d’une ferme gauloise retranchée dans un village
romain. Derrière un rempart de
verdure, au beau milieu du parc
de la clinique privée, la ferme retapée d’Henri
Lehagre se devine à peine. Le Gaulois qui se
cache là est un des derniers Mohicans du monde
agraire de Saint-Grégoire. Rattrapé par la vague
urbaine, il n’a pas bougé. La situation de cet agriculteur en retraite résume à elle seule le développement de la commune. Autrefois agricole,
Saint-Grégoire n’a pas été colonisée par des habitations, mais par d’importants centres commerciaux, tertiaires ou hospitaliers. « Avant, je cultivais 35 ha de terres autour de chez moi, raconte
cet arrière grand-père de 85 ans. Aujourd’hui,
les champs ont cédé la place à des routes, des
immeubles ou des hangars commerciaux. »
En 1945, la commune comptait 1 300 âmes et
120 fermes. Aujourd’hui, elle héberge 8 540 habitants et six exploitations. Située à cinq petits kilomètres de Rennes, Saint-Grégoire aurait pu devenir ce que Saint-Herblain est à Nantes. C'était
sans compter la volonté des habitants, opposés
à un développement conséquent de leur commune. Depuis des années, le côté petit bourg
était revendiqué.
Près de quarante ans après la construction de
la Cité des jardins, le premier lotissement grégorien, les locaux
évoquent toujours
st-grégoire
le « choc » produit
par l’arrivée des pre8 540 habitants
miers « étrangers ».
7 000 emplois
1 730 hectares
C’était en 1966, la
commune avait
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fait construire une centaine de maisons. Une
petite révolution. En quelques mois, elle passe
de 1 500 à 2 400 habitants. « Nous voulions absolument que la greffe entre les anciens habitants
et les nouveaux, souvent des ouvriers d’Eternit
et de Citroën, prenne, glisse Bernard Mainguy,
directeur d’un cabinet comptable et adjoint de
l'ancien maire, Paul Ruaudel. Nous organisions
des soirées, des rencontres ». C’est aussi à cette
époque que la vie associative décolle. Un dynamisme toujours d'actualité. Avec 88 associations,
« la commune n’est pas qu’une cité-dortoir »,
martèlent les Grégoriens.
Le Neuilly local
Le développement de l'habitat a beau se faire
désormais au compte-gouttes, Saint-Grégoire
n'a pas été épargnée par l’explosion démographique du bassin rennais. Dépourvue d'une politique « volontariste » de maîtrise foncière (lire
encadré) et jouissant d’une position attractive, la
commune n’a pas pu, ou n’a pas souhaité, résister à l’implantation de grandes surfaces commerciales, de petites industries et de bureaux,
installés sur ses anciennes terres agricoles. Positionnée au croisement de la rocade de Rennes
et de la quatre-voies de Saint-Malo, Saint-Grégoire a accueilli la première zone d’activités du
nord de Rennes, dans les années 60-70. Rapidement, d’importants centres commerciaux comme
Géant-Grand Quartier ou Leclerc s’y sont installés. « Jusqu’à 1992, date de notre entrée dans le
district, notre taux de taxe professionnelle était
d’environ 8% alors que juste à côté à Rennes,
il était de 18%, rappelle Bernard Mainguy. Les
entreprises préféraient donc venir chez nous. »
De même, la commune a accueilli une partie de la
Route du meuble. En 1990, Alphasis, le plus grand
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centre d’affaires de l’Ouest, y a également vu le
jour. Suivi, en 2004, d'Edonia. Aujourd’hui, ces
deux immenses zones emploient les deux tiers
des 7 000 salariés qui travaillent à Saint-Grégoire.
Les dirigeants de la polyclinique ont raisonné
de la même façon. En 1988, le centre hospitalier privé a construit ses bâtiments non loin du
centre. En 1995, un second site y a été ajouté.
C’est à partir de cette date que Saint-Grégoire
a acquis sa réputation de Neuilly local. L’installation de personnels soignants, dont de nombreux médecins, mais aussi de quelques joueurs
de foot, a dopé le salaire moyen enregistré dans
la commune. Avec 42 000 € de revenu net moyen
par foyer fiscal en 2007, Saint-Grégoire caracolait
en tête des communes les plus riches de l’Ouest.
Loin devant les 35 000 € des foyers de CessonSévigné ou les 22 000 € rennais. Pour autant, tous
les Grégoriens ne sont pas riches. La ville compte
plus de RMIstes que Betton, par exemple. Et ce,
malgré une population moins importante. Début
2008, Saint-Grégoire totalisait 183 personnes en
recherche d’emploi. Betton, 156*.
Dix ans de retard
dans les équipements
Squat tée par les zones commerciales, les
bureaux et les centres médicaux, la commune
qui a refusé de voir son cœur de ville grandir
pâtit aujourd’hui d’un important déficit d’infrastructures. Les routes, notamment, sont sousdimensionnées. « Il y a un gros problème de
déplacement, affirme Yannick Marchais, leader de
l’opposition et ancien candidat aux municipales.
Le problème ne vient pas que d’Alphasis, mais du
développement massif du nord de Rennes. On
met un Ikea, un Cap Malo et bientôt un Auchan
de 22 000 m2 de à Betton, sans se soucier des
Sur 5km, le canal de l'Ille sillonne
Saint-Grégoire. Ce cadre bucolique
contraste fortement avec les zones
tertiaires et commerciales proches.
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spécial saint-grégoire
Saint-Grégoire compte moins d’habitants mais plus de RMIstes que Betton
conséquences ! »
Construit dans les années 60, le centre commercial La Forge est trop petit. Le reste des commerces étant disséminés entre la mairie, La Poste
et l’église, on ne trouve pas de véritable cœur
de ville. « Il n’y en a jamais eu », rappelle Henri
Lehagre, « mémoire » de la commune.
Même constat concernant les équipements
culturels. L’opposition, comme le nouveau maire
Pierre Breteau, reconnaît un « retard de dix ans ».
Pour rééquilibrer ce déficit, une nouvelle salle
culturelle pourrait être construite à la périphérie
du centre-ville. Les associations continueraient
de se réunir dans la salle culturelle de La Forge.
Côté sportif, Saint-Grégoire construit un nouveau club de canoë-kayak (lire ci-dessous) et
un terrain de foot synthétique. La création d’un
pôle espoir tennis à proximité du stade Yves-LeMinoux est également prévue. Reste la question
de la salle du Cosec, en mauvais état. Quant à
la piscine, après de longues tergiversations, la
majorité municipale a fini par accepter que cet
équipement intercommunal se fasse au lieu-dit
Coupigné, à Montgermont. « Je ne veux plus que
Saint-Grégoire, terrain
de jeu des promoteurs
l’on dise que Saint-Grégoire est le vilain petit
canard de l’agglo », livre Pierre Breteau. Dans
cette optique, le nouveau maire a rouvert les
discussions avec Rennes Métropole sur le Plan
local de l’habitat. Pour autant, il affirme qu’il ne
rattrapera pas, en quelques années, l’important
retard pris sur les logements sociaux. Développer, oui, mais pas question que le petit bourg
perde son âme.
R
U
O
T
E
R
L E depuis 1984
*Chiffres Audiar
La zone Alphasis-Edonia a poussé au beau milieu des champs. Aujourd'hui, cette zone
accueille plus de 4500 emplois, soit les deux tiers des emplois de la commune.
P
Canoë-kayak club
as d’ingérence dans les transactions foncières. Pendant longtemps, à Saint-Grégoire, cette
règle a prévalu au conseil municipal. Adjoint de l’ancien maire Paul Ruaudel, Henri Lehagre se
souvient : « Nous pensions qu’il fallait laisser les gens acheter et vendre les terres qui leur plaisaient. Chacun ses affaires ! » Composées d’agriculteurs et de propriétaires terriens, les équipes municipales voyaient d’un mauvais œil les interventions de la commune visant à réguler les ventes de terrain.
Saint-Grégoire étant très proche de Rennes, les investisseurs ont rapidement flairé le bon coup.
Entre 1960 et 1990, d’importants constructeurs de la région rennaise, tels Giboire, Lamotte ou
Fauvel, ont acheté de grandes surfaces agricoles.
Devenues constructibles, ces terres ont fait leur fortune et permis la construction d’imposants
centres d’affaires. C’est le cas notamment d’Alphasis et Edonia. Comptant respectivement
42 000 m2 et 25 000 m2 de bureaux, ils ont été construits en 1992 et 2004. Les conséquences de
leur arrivée n’ayant pas été suffisamment pensées avec les autorités publiques, aujourd’hui, les
routes de la commune sont engorgées. Cela oblige la ville, avec l’aide d’un cabinet d’étude spécialisé, à repenser la circulation.
Pierre Breteau, le nouveau maire, explique vouloir mettre en œuvre une « politique urbanistique
volontariste ». Il assure : « Les promoteurs ont bien compris que ce n’est plus eux qui vont décider
de l’aménagement de Saint-Grégoire. Pour récupérer cette maîtrise du foncier, nous avons créé
une zone d’aménagement concerté à Maison-Blanche et nous n’hésitons plus à user du droit de
préemption. » Cependant, il avoue aussi « dialoguer régulièrement » avec les promoteurs, car ce
sont des « acteurs incontournables de la commune ».
Père et mère
fondateurs
En septembre 1970, René et Gillette
Trégaro créaient le club de canoë de
Saint-Grégoire. Trente-neuf ans plus tard, ils
sont devenus des figures de la ville. Et leur
association se prépare à vivre un tournant.
En avril prochain, de nouveaux locaux
remplaceront les baraques du début.
a nous fait plaisir de nous
remémorer nos souvenirs. »
En ce jeudi matin de septembre, Gillet te et René
­Trégaro sont assis l’un à côté
de l’autre sur un banc en bois à côté du canal de
l’Ille. À l’ombre des saules pleureurs qu’ils ont
plantés il y a quarante ans, ils se regardent, se
racontent sans jamais se couper la parole. Leur
vie personnelle se confond avec celle du Canoë
kayak club d’Ille-et-Rance de Saint-Grégoire
(CKCIR). Le club qu’ils ont fondé en septembre
1970. « A cette époque, nous étions sportifs,
adeptes du canoë et jeunes mariés, rappelle
Gillette Trégaro. En 1965, nous étions venus habiter la commune parce que la proximité du canal
nous plaisait. C’est ici que nous nous sommes
entraînés pour remporter la médaille d’or du
championnat du monde de descente en canoë
biplace. » C’était en 1969 à Bourg Saint-Maurice. Au retour des héros, la petite commune organise plusieurs fêtes. L'une d'entre elles se déroule
entre l’écluse Saint-Martin à Rennes et celle
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de Robinson à Saint-Grégoire. Les Grégoriens
découvrent ce sport, alors réservé à une élite
argentée. Devant leur enthousiasme, Paul Ruaudel, alors adjoint au maire, demande au couple
de fonder un club. Quelques mois plus tard, le
CKCIR voit le jour.
Abris de fortune
Rapidement, devant le nombre de pratiquants,
une extension vient jouxter la première baraque
en bois. L’arrivée des bateaux en résine sonne la
fin des canoës en acajou cloutés de cuivre. Le
prix des embarcations baisse considérablement.
La pratique se démocratise. Quelques années
plus tard, une deuxième bicoque, puis un atelier en préfabriqué destiné à la réparation des
canoës, complètent le centre. Pendant ce temps,
une, puis deux petites filles naissent chez les
­Trégaro. Malgré le travail et leurs engagements,
les deux Morbihannais originaires de Rohan, près
de Pontivy, continuent à épauler le club. Ici, un
entraînement. Là, de la paperasse. Là, encore, un
accompagnement aux compétitions dominicales.
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Gillette mène parallèlement une carrière d’enseignante en histoire-géographie. Elle a également
officié durant 24 ans comme conseillère municipale dans l’équipe de Paul Ruaudel, maire de
« Ils sont l’un et l’autre
extraordinaires »
Bernard Mainguy, collaborateur de Gillette
1971 à 1999. René devient conseiller technique à
la jeunesse et aux sports. En retraite, il prend les
rênes de la Ligue bretonne de canoë.
Nouvelle ère
En 2009, Gillette a soufflé ses 66 bougies. René en
totalise 67. Au club, une nouvelle ère s’annonce.
En avril prochain, les 190 licenciés du CKCIR s'installeront dans des locaux neufs. Adieu, vestiaires
et sanitaires froids et humides. Bonjour, locaux
de 430 m2 sur deux étages avec terrasse. Le qua-
trième club sportif de la commune trouvera ses
aises dans deux bâtiments situés à la même place
que leurs ancêtres.
Pour préparer ce changement, depuis le 15 septembre, le club a investi le moulin situé de l’autre
côté de la route. « En voyant nos locaux vides,
notre cœur se pince, souffle Gillette. Même si
nous sommes enchantés de voir que la commune
s’offre un super club. » « C’est une reconnaissance
de notre travail », ajoute René. Bernard Mainguy,
ancien adjoint de Paul Ruaudel et donc collaborateur de Gillette, porte une sincère admiration
au couple, comme de nombreux Grégoriens.
« Ils sont l’un et l’autre extraordinaires. Ils se sont
investis et s’investissent toujours énormément
pour le club. Quand ils ont rapporté leur médaille
d’or du championnat du monde en 1969, SaintGrégoire comptait 3 000 habitants. Vous imaginez ? » Le regard de Bernard Mainguy en atteste :
il n’y a pas que les Trégaro qui se remémorent
avec plaisir ces faits glorieux.
« Cette saison 2009-2010
sera un peu "camping",
mais c'est pour la bonne
cause! », expliquent Gillette
et René Trégaro, les deux
fondateurs du club de
canoë de Saint-Grégoire.
Papeterie
scolaire
Librairie
générale
Papeterie
fantaisie
Fournitures
de bureaux
Instruments
d’écriture
à savoir
Le club en chiffres
– 450 000 €. hors taxes Coût
de la construction des
nouveaux locaux. La ville
attend des subventions de
la Région, du Département
ou encore de la Fédération
de canoë.
– 2000 €. Prix moyen d’un
bon canoë-kayak
– 300. Nombre de bateaux
possédés
– 120 €. Cotisation à l’année
– 2. Nombre de camions
T. 02 23 46 89 97 F. 02 23 46 08 49
e-mail : [email protected]
Centre commercial Grand Quartier
Route de St-Malo, St-Grégoire
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«
spécial saint-grégoire
Pierre Breteau
Maire
La politique n’est pas
une fin en soi
On le dit très à droite et pétri d’ambitions
politiques. A 39 ans, Pierre Breteau,
nouveau maire (UMP) de Saint-Grégoire,
soutient l’inverse avec décontraction :
il se revendique démocrate-chrétien,
prône la solidarité et affirme ne caresser
aucune ambition politique.
Le Mensuel de Rennes : Aux élections municipales, vous avez été élu
avec 91 voix d’avance sur la liste de
gauche emmenée par Yannick Marchais. Vous avez eu chaud… La campagne a été dure ?
Pierre Breteau : Oui, c’est une des campagnes les plus difficiles que Saint-­
Grégoire ait connues. C’est aussi une
des plus riches. Il y avait trois listes, deux
dites de droite, une de gauche. Jusqu’au
premier tour, la campagne s'est positionnée sur le fond. Quelle ville pour
demain ? Quel mode de fonctionnement pour la mairie ? Entre les deux
tours, c’était beaucoup plus détestable.
Il y a eu des attaques personnelles qui
ont dépassé l’entendement. Cela a laissé
des cicatrices dans les associations, dans
les familles. Il y a même eu un tract sur
moi. J’incarnais « l’obscurantisme » !
C’est nul.
P. BRETEAU
Né en 1970, l’actuel maire de
Saint-Grégoire est originaire de
Grand-Camp, à côté de Lillebonne,
en Seine-Maritime (76). Son père
était directeur d’un groupe de
chimie et sa mère inspectrice à
la Poste. Il a commencé sa vie
professionnelle comme directeur
des finances à la mairie de Puteaux
(92). En 1997, il rejoint le cabinet
d'expertise comptable KPMG où
il devient directeur national de la
recherche et du développement
pour le secteur public. Côté
politique, Pierre Breteau s’engage
chez les démocrates-sociaux
en 1990 et rejoint l’UMP dès sa
création en 2002.
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Vous expliquez que durant le mandat de René David, maire de 1999 à
2008, la ville a pris du retard dans les
équipements. Vous étiez l’un de ses
conseillers municipaux, vous vous
désolidarisez de son bilan ?
Non. J’ai beaucoup de respect pour les
gens qui se sont engagés au service
de la commune. Cependant, il est vrai
que lorsqu’il était maire, la ville a pris
beaucoup de retard. Avec René David,
nous ne nous sommes pas compris. Il y
avait un manque de communication. Et
puis, mes relations avec Philippe Alain
(l’autre candidat de droite aux municipales, NDLR) se sont dégradées. Comme
il était son poulain, ma relation avec le
maire s’en est ressentie. Je le regrette,
ce n’est pas réparable (René David est
décédé en avril 2009, NDLR).
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»
Vous avez renoué le dialogue avec
Rennes Métropole concernant la
signature du Plan local de l’habitat.
Où en êtes-vous dans les discussions ?
Je pensais que tout serait finalisé en
juin. Il y a eu un blocage. Rennes Métropole raisonne opération par opération.
Comme sur la première partie de la Zac
du Champ-Daguet, on ne respecte pas
les critères, il faut qu’on se rattrape
sur la seconde partie. Cela conduit à
construire 60% de logements sociaux
sur la deuxième tranche ! C’est hors de
question. C’est non négociable.
Je souhaite que l'on appréhende les
choses à l’échelle de la ville, en prenant en compte les futures constructions dans le centre-ville et à Maisonblanche… Je veux une vraie mixité,
et surtout pas de ghettos. On pourrait
trouver un accord d’ici la fin de l’année.
J’espère… même si je ne pense pas au
PLH tous les matins en me rasant !
sonnellement ni l’un ni l’autre. Je n’ai
pas eu l’occasion de discuter longuement avec l’un ou l’autre. Je ne suis pas
un apparatchik. Je ne passe pas ma vie
dans le parti. Le soutien de Pierre Breteau au candidat des régionales n’a
aucune importance. Les têtes de liste
seront décidées à Paris. Moi, j’attends
qu’on me dise qui est le leader. Ensuite,
on verra.
A Rennes Métropole, on ne vous
entend pas souvent mener le débat
aux côtés de votre famille poli tique. Bruno Chavanat, leader de
l'opposition à Rennes, fait souvent
cavalier seul…
Ah bon ? Parce qu’il y a un débat démocratique à Rennes Métropole ? (Il rit)
Pendant la campagne, on m’a expliqué
que je n’avais rien à foutre de Saint-Grégoire, que je venais y faire de la politique. Ben voilà, vous avez la réponse...
Objectivement, aujourd’hui, il n’y a pas
de débat à Rennes Métropole. Le débat
a lieu dans la majorité. Il est confidentiel. Le conseil communautaire est une
pièce de théâtre où l’on feint d’organiser un débat pour amuser la galerie.
Moi, j’ai autre chose à faire !
Quelles sont vos relations avec Pierre
Méhaignerie ?
Elles sont bonnes mais je ne passe pas
mon temps à lui téléphoner. Il m’a soutenu dans la dernière ligne droite de la
campagne, avant le premier tour. C’est
mieux d’être soutenu avant qu’après !
J'ai éprouvé quelques difficultés face
aux divisions. Mais je dispose d'une
vraie communauté de valeurs avec la
famille démocrate-chrétienne, c’est
très clair.
Pour les régionales, vous soutenez la
sarkozyste Bernadette Malgorn ou le
villepiniste Jacques Le Guen ?
Euh… (il hésite et soupire) Jusqu’à
dimanche dernier (le 13 septembre, jour
de la fête départementale de l’UMP à
Guipry, NDLR), je ne connaissais per-
« Entre les deux tours de
l’élection, c’était détestable.
Il y a eu des attaques
personnelles qui ont dépassé
l’entendement. Cela a
laissé des cicatrices dans
les associations, dans les
familles. »
C’est peut-être en étant d’abord un
petit maire qu’on devient un grand
politique…
Il faut en avoir l’ambition, ce n’est pas
forcément mon cas. Je n’ai pas que la
politique dans la vie, loin de là. J’ai une
famille qui va très bien, un boulot qui
me plaît, un engagement associatif…
La politique n’est pas une fin en soi. Ce
qui compte pour l’instant, c’est de faire
des choses pour ma commune. Le reste,
c’est un peu futile.
Se revendiquer démocrate-chrétien,
n’est-ce pas justement une parade
pour ne pas effrayer les électeurs
d’une région à gauche ?
Non, sinon j’irais au MoDem. C’est une
conviction profonde. J’entends les gens
qui disent que je me déguise en centriste. Ça m’amuse. Il faut juger les gens
sur ce qu’ils font, pas sur ce qu’on dit
qu’ils font. Quelque part, je suis triste,
car la ligne qu’on appelait démocratechrétienne n’est plus visible nulle part.
Elle est noyée dans l’UMP, dans le
Nouveau centre, dans le MoDem… Je
« Le conseil communautaire est une pièce de théâtre
trouve ça dommage. J’aimerais qu’on
remette l’homme au sein des préoccupations, vraiment. Y compris dans la
finance internationale. Le libéralisme
doit être au service de l’homme. Pour
reprendre sur le logement social, je
veux faire des choses où vous et moi,
on pourrait vivre sans aucun problème.
Votre travail au cabinet d’expertise
comptable KPMG, vos cinq enfants,
votre casquette de maire… Pas trop
difficile ?
Cela requiert organisation et méthode.
Pour le boulot et la mairie, je me suis
organisé. Pour les enfants, j’ai trouvé
où l’on feint d’organiser un débat
un autre mode de présence. Désormais, j’essaie de rentrer déjeuner à la
maison, d’aller les chercher à l’école le
vendredi après-midi, avant de repartir
à la mairie. Celle qui trinque, c’est ma
femme ! (Il rit)
On dit de vous que vous êtes sympathique, intelligent…
(Il rit) C’est gentil, c’est flatteur. Je préfère
ça. Je n’aimerais pas que l’on dise que je
suis désagréable et pas très malin !
C’est le côté positif. Le côté négatif,
c’est que sous des airs « cool », vous
vous énervez facilement quand on
aborde la question de l’école ­p rivée
par exemple…
Ce qui m’éner ve (il se crispe), c’est
qu’on le dise ! J’ai fait toute ma scolarité dans le public à part deux ans, où
j’avais été renvoyé car j’étais un mauvais élève. Mes enfants sont scolarisés dans le privé et ma femme est prof
dans le privé. Honnêtement, l’école des
curés, c’est terminé. Les écoles privées
dites normales proposent une heure
d’éveil religieux par semaine ! L’essentiel, c’est le bien-être de l’enfant et son
­apprentissage.
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