Quelques éléments d`analyse sur Les Lettres Persanes, de

Transcription

Quelques éléments d`analyse sur Les Lettres Persanes, de
Quelques éléments d’analyse sur
Les Lettres Persanes, de Montesquieu
Sommaire
Sujet de dissertation sur continuité et discontinuité
Quelques éléments d’étude
Une forme littéraire : le roman par lettres (Jean Rousset)
Temps et récit dans Les Lettres Persanes
Préface de Starobinski
Annie Becq (prise de notes)
Un roman exotique
La signification politique des Lettres Persanes, par Jean Ehrard
Questions sur la signification politique des Lettres Persanes, Jean Marie
Goulemot
Montesquieu, par J-M Goulemot
Je dans les lettres.
Le moment des Lettres persanes, de Benrekassa
Eléments de cours
1
Sujet de dissertation
« Avec des personnages (…) dont le regard est pour ainsi dire
générateur de discontinuité, Montesquieu a éprouvé, en écrivant ce
livre, le besoin d’une compensation. (…) La discontinuité telle qu’elle
apparaît de toutes parts, est prise en charge par un écrivain qui veut
rétablir – dans la construction du livre- une nouvelle continuité.
Discontinuité ne veut donc pas dire désordre. »
Proposition de corriger
Introduction
La difficulté que nous éprouvons encore aujourd’hui pour établir un schéma
actantiel des Lettres Persanes, nous donne un bref aperçu des obstacles que
Montesquieu a du affronter avant de se vanter dans l’édition de 1754 d’avoir
fait une « espèce de roman ». L’affirmation de l’auteur (jusque là resté
anonyme) suggérait alors aux lecteurs contemporains de Montesquieu
l’évidence d’une « forme-sens » et remettait en cause des lectures parcellaires
de l’œuvre.
Il est dans ce cadre intéressant de s’interroger sur le temps pris par
Montesquieu pour passer de la signification de son œuvre comme « recueil
épistolaire » en 1721 à l’affirmation de la création d’un genre nouveau, « le
roman par lettres », en 1754. Starobinski nous donne une interprétation de
cet écart : « Avec des personnages (…) dont le regard est pour ainsi dire
générateur de discontinuité, Montesquieu, en écrivant ce livre, le besoin d’une
compensation. (…) La discontinuité telle qu’elle apparaît de toutes parts, est
prise en charge par un écrivain qui veut rétablir – dans la construction du
livre- une nouvelle continuité. Discontinuité ne veut donc pas dire désordre. »
Le jugement de Starobinski introduit une nouveauté dans la critique de
l’œuvre de Montesquieu en ne donnant la primauté ni au sens ni à la forme (la
forme brève de la lettre). Il semble redonner à l’écrivain un rôle actif, et à
l’œuvre son unité, une unité qu’il faut rechercher dans une « forme-sens ».
Problématique
Aussi nous verrons qu’entre ordre et désordre la vérité de l’œuvre tient peutêtre dans la reconnaissance de plusieurs ordres.
Plan
Pour cela nous analyserons la discontinuité liée au type d’écriture,
discontinuité qui n’est pas remise en question par l’affirmation de l’existence
d’une chaîne secrète qui donnerait sa continuité à l’œuvre et son sens à savoir
la recherche d’un certain ordre.
IDésordre : la discontinuité liée au type d’écriture
Il s’agit donc maintenant de nous interroger sur une première lecture possible
des Lettres Persanes comme satire, c'est-à-dire comme « pot pourri », autorisée
par l’utilisation d’une écriture fragmentée.
1- La forme épistolaire
Le titre même des l’œuvre nous invite à insister sur la forme épistolaire
comme horizon générique faisant sens. Cet emploi, à l’époque de
Montesquieu, n’est pas inconnu car on peut citer le précédent des Lettres
d’une religieuse portugaise ; mais il s’agit de la première œuvre véritablement
polyphonique.
L’utilisation des lettres est intéressante dans la perspective que nous
poursuivons ( à savoir démontrer l’unité romanesque des Lettres Persanes)
dans la mesure où elle semble s’inscrire dans le cadre de la destruction du
roman traditionnel. En effet, lorsque Montesquieu se proclame le traducteur
des lettres de deux persans dans l’édition de 1721, c’est un moyen de nier au
2
romancier son point de vue panoramique et omniscient. Dans cette
perspective anti-romanesque, Montesquieu nie à son œuvre toute provenance
imaginaire dans le souci d’adhérer le plus possible à une certaine réalité ( dans
les LP, l’auteur nous décrit les romanciers comme des gens recherchant
toujours la nature mais ne l’atteignant jamais).
2- Une œuvre symphonique à plusieurs voix
C’est donc dans un souci de vraisemblance que Montesquieu va faire des LP
une œuvre symphonique à plusieurs voix. Ces voix, ce sont celles des
personnages qui vont permettre une multiplicité des points de vue sur les
évènements : le départ d’Usbek est tour à tour évoqué par ses amis, ses
femmes ou ses eunuques ; la prise de pouvoir violente de Solim au sérail
bénéficie elle aussi des éclairages multiples des femmes d’Usbek. Chaque
lettre est donc l’expression d’un moi subjectif, mais traduit aussi une forme
de myopie sur les évènements. On obtient donc une Histoire fragmentée faite
d’instantanés ( c’est la mort de Louis XIV, l’exil du parlement à Pontoise ou
même la faillite du système de Law) passé au crible du « je » épistolaire.
3- Chaque lettre constitue un tout organique
On comprend alors mieux ce qui poussait Starobinski à parler d’une écriture
discontinue. On a une multiplicité de lettres (161 en tout) dont chacune
constitue en elle-même un tout organique. En effet, il a fallu pour
Montesquieu faire tenir le contenu d’un essai dans une lettre. L’auteur a donc
été forcé d’écrire autrement, en supprimant les connexions logiques par
exemple, et d’écrire mieux, c'est-à-dire de façon plus mordante. On peut pour
cela souligner le soin mis à écrire les incipits ( on peut retenir celui
établissant un parallèle entre les dervis et les filles de joie) ou les « chutes »
des lettres comme celle de la lettre 101 : « Le Saint esprit nous éclaire. Cela
est heureux lui répondis-je, car de la manière dont vous avez parlé tout
aujourd’hui, je reconnais que vous avez grand besoin d’être éclairé ».
Il semblerait alors que dans un système « forme-sens », le « je » épistolaire
serve moins à l’épaisseur romanesque de l’œuvre qu’à la variété de la satire
4- Variété de la satire
En effet, le point de départ de la fiction des LP c’est l’intrusion de
personnages dans l’univers occidental afin d’y faire tomber les masques. Un
choix va donc se faire dans ce théâtre du monde et l’on ne retiendra que les
personnages les plus marquants de la Comédie humaine (les nouvellistes, le
casuiste, le décisionnaire, les coquettes).
Le regard que portent les personnages sur le monde est déstabilisant en ce
qu’il s’agit toujours d’un effet de myopie, mais aussi en ce qu’il est
rajeunissant pour les vérités mises à jour. On aboutit à une nouvelle
signification de l’être comme pour le portrait du Pape : « le Pape est une vieille
idole qu’on encense par habitude. »
Les LP sont donc bien une satire dans les deux sens du terme : il y a
condamnation sous une forme comique (de l’esclavage, de l’inquisition : « on
l’aurait brûlé avant d’avoir seulement pensé à l’interroger ») mais aussi pot
pourri favorisé par l’utilisation de la forme brève. La satire est ici plurielle en
ce qu’elle vient de personnages différents : Usbek plus mûr sera par exemple
chargé de critiquer les institutions, et c’est de Rica (plus jeune et plus enjoué)
que nous viendront les portraits les plus piquants sur la société mondaine
(notamment le portrait des trois coquettes ne voulant pas faire leur âge).
Selon les personnages, la satire est plus ou moins directe, et les sujets
différents avec un large choix entre religion, politique, vie mondaine…
L’œuvre de Montesquieu correspond assez bien à la mode de la dissection en
faveur au XVII et XVIIIème siècles. Les regards des persans sont pour le corps
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de la société française de redoutables couteaux aiguisés par un appétit de
savoir (Usbek parle dans la première lettre d’ »aller chercher laborieusement la
sagesse »). Cependant, comme il s’agit d’un idéal de dissection, on peut
observer avec Starobinski que le coup de couteau n’est pas aveugle et que l’on
commence avec la lettre 24 par la tête à savoir le roi et le pape (tous deux
comparés à un magicien). Ici on reconnaît donc le travail de l’auteur et
l’avantage qu’il peut y avoir à saisir l’œuvre dans son unité.
II-
Un ordre : La question de la « chaîne secrète »
Dans l’édition de 1754 des LP, Montesquieu jette le masque du traducteur et
se félicite d’avoir appris aux gens à faire des romans par lettres. Par le terme
de « lettres » il revendique ainsi la discontinuité de son œuvre liée au choix
d’une forme particulière d’écriture ; mais par le terme de « roman », il invite
son lecteur à observer « la chaîne secrète » qui lie les éléments à première vue
disparate de son œuvre, une œuvre à double foyer.
1- Montesquieu et son rôle d’organisateur de la structure du livre
Montesquieu se trouve alors réinvesti d’une mission, celle d’organisateur de la
structure du livre ( Starobinski par de la « construction du livre »). Cette
structure va passer par la datation des lettres : si jusqu’à la lettre 146, l’œuvre
suit une ordre chronologique, on peut observer que la lettre 147 marque un
brusque retour en arrière de trois ans. Ainsi Montesquieu a pris le parti
d’encadrer la séquence occidentale de deux séquences orientales.
Cependant les 23 premières lettres sont inscrites dans l’ordre chronologique
et marquent la distance qui sépare Usbek de son pays, tandis que les 15
dernières rompent avec cet ordre et provoquent une sorte d’accélération du
temps vers une destinée tragique. Ce jeu sur le temps, et la structure,
Montesquieu va le compliquer en insérant dans le récit des récits hors temps (
la fable des troglodytes, l’histoire d’Aphéridon et Astarté…) et d’autres lettres
(celle d’une jeune moscovite à sa mère, d’un savant).
2- expression romanesque d’une prise de conscience politique
Le travail de Montesquieu comme chef d’orchestre de cette symphonie de
voix, nous permet de voir avec J Ehard que les lettres ne se résument pas à un
essai artificiellement morcelé. Il s’agit en fait de l’expression romanesque
d’une prise de conscience politique.
On a une sorte de roman d’apprentissage où les personnages persans et plus
particulièrement Usbek en viennent à s’interroger sur les différentes formes
de gouvernement : « j’ai longtemps recherché quel était le gouvernement le
plus conforme à la raison ».
Il est intéressant dans ce cadre de noter une multiplication des réflexions
politiques après la lettre 92 évoquant la mort de Louis XIV. J Ehard nous dit
que l’année 1715 constitue le point focal de l’histoire, mais d’une histoire
symbolique ; et que les années 1717-1718 sont le point focal du roman, mais
d’un roman métaphore de l’Histoire.
Il ne s’agit pas ici de disserter sur l’Histoire à travers les LP ; On pourra juste
légitimement remarquer le lien qui peut exister entre la partie occidentale de
l’œuvre (ce que J Ehard appelle l’Histoire) et la partie orientale (le roman). Ce
lien est peut-être ce que Montesquieu a appelé la « chaîne secrète », facteur de
continuité au milieu de la discontinuité.
Avant de parler véritablement de cette « chaîne secrète », on peut tout d’abord
souligner le caractère limitatif d’une étude qui ne trouverait de continuité que
dans l’intrigue du sérail. Car celle-ci, quelque exotique et érotique qu’elle ait
pu paraître lors de la parution de l’œuvre ne suffit pas à faire un bon roman.
L’intérêt de l’œuvre n’est donc pas à rechercher uniquement dans la satire
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occidentale, ni dans le roman oriental mais dans la mise en perspective de
deux mondes.
3- la mise en perspective de deux mondes
Lorsque Usbek nous dit dans la lettre 48 qu’il se trouve « comme un enfant », il
nous montre qu’il arrive en France avec des préjugés des certitudes et des
points de comparaison. Usbek et Rica ne sont donc pas des consciences pures
qui découvriraient un monde, mais deux persans qui vont découvrir la
relativité des jugements.
Le monde des LP est donc un monde à double foyer où chaque élément de la
partie occidentale renvoie à un autre de la partie orientale sans qu’on nous
dise lequel il faut choisir : la religion mahométane et la chrétienne sont les
deux branches d’un même tronc, les femmes sont comparées…
Le lien est peut-être dans cette perpétuelle mise en cause (dont le moyen
stylistique va être dans l’emploi d’antithèses) qui nous montre que si Usbek
renonce à son Ispahanocentrisme (dès la première lettre) il ne sombre pas
pour autant dans un européocentrisme. Cette chaîne secrète, enfin, est
révélée à la mort de Roxane (lettre 161) fin tragique de la partie orientale qui
fait écho à (dans l’ordre du texte) et annonce (dans l’ordre chronologique) la
fin de la partie occidentale dans la lettre 146 avec la faillite du système de
Law.
Nous avons donc montré comment continuité et discontinuité dans les LP,
bien loin de se contredire, se complétaient pour donner une signification
« forme-sens » à l’œuvre. Le jugement de Starobinski ne s’arrête pourtant pas
là : l’intérêt de la critique porte essentiellement sur le thème de la
compensation : dans les LP Montesquieu a-t-il pressenti les risques du
désordre ? la nécessité de trouver un ordre ? Et ne pouvant y parvenir, le
besoin de se donner des ordres ?
III-
A la recherche d’ordres multiples
1- un monde désordonné soumis au désordre
L’utilisation d’une écriture fragmentée tant au niveau du recueil que des
multiples paragraphes qui composent chaque lettre est l’expression de la prise
de conscience d’un monde désordonné. Désordonné car intrinsèquement
soumis au désordre : c’est ce que nous voyons avec la lettre évoquant les
revendications des femmes se rendant au tribunal.
Ce qui s’ouvre avec les LP, c’est donc la perspective d’un temps que l’on
pourrait dire saturnien car conduisant chaque chose à sa perte : on le voit
avec le suicide de Roxane ou la monarchie menacée à tout moment de
sombrer dans le despotisme. Le temps est présent jusque dans la fable des
troglodytes et les pousse à opter pour le joug d’un homme au lieu de se
contenter de celui de la vertu.
Le désordre nous le retrouvons aussi dans la prise de conscience, grâce à la
multiplication des points de vue, de la relativité des jugements : Montesquieu
nous dit par le biais de ses personnages que si les triangles se donnaient un
Dieu, celui-ci aurait assurément trois côtés.
Les LP ne sont donc pas, comme on aurait tendance à le croire un peu
facilement, un roman manichéiste (la lettre du français en Espagne nous le
montre bien)… c’est une œuvre qui nous montre tant par son fond que par sa
forme que tout savoir est relatif : c’est pourquoi au « comment peut-on être
Persan ? » de la lettre 30 répond implicitement un « comment peut-on être
français ? »
2- La nécessité de s’élever à un ordre absolu
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Au milieu de ce désordre, Montesquieu va nous faire sentir la nécessité de
s’élever à un ordre absolu. Cette recherche de valeurs absolues qui
permettraient un savoir universel, nous le trouvons dans la lettre des
troglodytes ( on y parle de la lutte de l’injustice contre la vertu), dans
l’histoire d’Aphéridon et Astarté ( la lettre débute par une curieuse
affirmation : « le cœur est citoyen de tous les pays ») ou encore dans la lettre
sur la justice qu’Usbek dit être : « une qualité aussi propre aux hommes que
l’existence » (lettre 11).
On a donc bien la recherche d’un ordre absolu mais Montesquieu nous dit bien
aussi dans ce roman la difficulté de « porter la vérité jusqu’aux pieds du
trône » (lettre 8), le risque qu’il y a à changer l’ordre existant (il ne faut
toucher aux lois que d’une main tremblante), la difficulté d’une réflexion
théorique pour se mettre en pratique : cette difficulté s’incarne dans la
personne d’Usbek à la fois philosophe et despote.
Mais la mise en échec de cette recherche d’ordre absolu est surtout illustrée
par le choix qu’a fait Montesquieu de reléguer la révolte au monde de la fiction
avec le suicide de Roxane.
En fait, au-delà de l’opposition ordre, désordre, Montesquieu nous montre par
le biais d’une écriture « rococo » le besoin qu’il y a d’accepter la diversité des
ordres existants. Il nous dit que les « mœurs font de meilleurs citoyens que les
lois » et que renverser l’ordre n’est pas une solution : l’Etat parfait est-il
vraiment à l’image du sérail renversé d’Anaïs ?
Montesquieu va donc laisser une large part de travail au lecteur qui devra
chercher son gouvernement le plus parfait à travers les données du texte. La
tâche du lecteur sera donc de permettre de résoudre le conflit d’un monde à
double foyer.
Conclusion
Il semble donc que Montesquieu ait dans son œuvre les LP gouté au vertige
d’une écriture rococo partagée entre inconstance blanche et inconstance
noire. A la recherche d’un centre toujours fuyant, sa volonté de trouver dans
son œuvre une « chaîne secrète », nous éclaire sur la philosophie d’un auteur
tenté par la révolution mais aussitôt rappelé à l’ordre. C’est ce vertige que
Starobinski résume dans la phrase : « discontinuité ne veut pas dire
désordre » : il n’y a pas de désordre dans l’écriture car c’est avant tout l’ordre
qui est rêvé dans les LP
Autre corrigé possible
Introduction
Dans la tradition du roman épistolaire entre la plainte monodique de la
Religieuse et l’élaboration tissée du roman arachnéen des Liaisons
Dangereuses, se glisse les LP.
On y entend plusieurs voix mais sans que la polyphonie y soit jamais
symphonique et si une intrigue orientale se noue, elle reste contiguë aux
lettres satiriques sans influer sur elles.
C’est ce manque d’unité que Starobinski dénonce et faisant référence à la
chaîne secrète de son espèce de roman. Qu’en est-il de ce livre situé entre
« ordre et désordre »
Il existe en effet bon nombre de signes de dispersion et diversité dans le
roman, qui ne sombre pas pour autant dans la collection de documents
puisqu’une unité reste décelable.
I-
aspect d’une discontinuité
1- particularités d’une correspondance
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- pas un narrateur unique
- diversité des thèmes et des tons
- système de l’inclusion des lettres dans les lettres
2- particularités des correspondants
- nombreux, parfois sans rapport entre eux
- regard générateur de discontinuité
3- dans la construction de l’intrigue : deux fils
- récits de voyages : multiplication des textes satiriques
- sérail : effet de continuité dans la tragédie
IIla chaîne secrète
1- intrigue du sérail comme clef de tout le roman : porte une interrogation
sur le pouvoir
- cataclysme du sérail qui fait écho au système de Law
- un récit explicatif du despotisme par le mécanisme des passions
- le sérail est l’image de ce qui se passe chaque fois qu’un pouvoir est mis
en question
2- Ces juxtapositions reposent sur des parallélismes
- des orientaux qui déchiffrent la France
- les prêtres sont aussi appelés des dervis
- effet de miroir qui met à jour un égocentrisme universel et une relativité
universelle
3- L’unification se fait autour du thème logique de réseau
IIIUn ordre ?
Un roman du désordre correspondant à un désaccord de Montesquieu contre le
temps lié à la fin de Louis XIV
1- Nostalgie de l’un
- « le cœur est citoyen de tous les pays »
- « idéal de raison avec les Troglodytes »
2- Nostalgie mise en question par le réel
- rôle du temps même chez les troglodytes
3- pas un désordre de désespoir : expression de la vie
roman qui capte la vie et donc le désordre
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Eléments d’étude
Citations
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« Y a-t-il un livre où l’on ait traité le gouvernement et la religion avec
moins de ménagement ? » (Voltaire)
Montesquieu approfondit toutes sortes de matières dangereuses en
paraissant glisser sur elles (D’Alembert)
« Les LP sont une production importante sous une apparence frivole, où
la fable d’un roman sert de cadre à la satire, où la satire est une arme
invincible que dirige la philosophie »
Il y a un « comment peut-on être français ? » qui répond à un « comment
peut-on être persan ? »
Structure de l’œuvre
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voyage d’Ispahan à Paris
• l1 à 23
• du 19 mars 1711 au 4 mai 1712
Paris sous le règne de Louis XIV
• l24 à 91
• de 24 à 46 : premières impressions
• 47 à 68 : effort vers une connaissance plus concrète et plus
précise de la France
• 69 à 91 : Usbek à la recherche de la loi nature
La Régence
• des lettres 92 à 146 : 4 septembre 1715 au 11 Novembre 1720
• 92 à 111 : considérations générales sur la politique
• 112 à 123 : dépopulation du globe
• 124 à 146 : commentaires sur l’actualité et la littérature
le bouleversement du sérail
• l147 à 161
• du 1er Septembre 1717 à fin Novembre 1720
Le roman par lettres
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Dans ses réflexions sur les LP, Montesquieu soutient que la plus grande
originalité de son ouvrage réside dans l’invention d’un nouveau genre
littéraire : « mes ouvrages apprirent à faire des romans par lettres »
Cette forme n’est pas absolument nouvelle ; les mœurs de l’époque, la
vie de société favorisaient le genre épistolaire. Mais il fallait justifier le
procédé. Comme certains personnages restent en Perse, pendant que
d’autres voyagent, « la lettre apparaît comme la meilleure, sinon la seule
solution, comme le moyen le plus sûr de reconstituer cette unité de lieu
que perpétuellement défait le voyage lui-même. »
Etiemble : « Le roman par lettres combine agréablement les avantages de
la lettre à ceux du dialogue et à ceux de l’essai. L’auteur a pleine liberté
pour passer d’un sujet à l’autre, pour communiquer ses impressions au
jour le jour, selon le hasard des circonstances. Cette forme supprime les
difficultés d’une composition trop régulière : la variété est grande et
l’intérêt se renouvelle sans cesse.
Le drame du sérail : les 40 lettres consacrées au roman du
harem
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le roman se termine en catastrophe
cette partie romanesque a souvent été jugée sévèrement par les
critiques. Faguet y voyait « un roman vulgaire qui finit en mélodrame ».
Petit de Julleville condamnait la fade galanterie de l’histoire, mais
reconnaissait que, « en 1721, ces turqueries parurent charmantes ».
Au contraire, Valéry insiste sur la valeur littéraire de ce conte oriental :
« c’est un conte, c’est une comédie, c’est même un drame où le sang
coule ; mais il coule fort loin, et même les fureurs et les exécutions
secrètes sont ici autant littéraires qu’il est souhaitable. »
Cette partie permet une réflexion sociologique sur la situation de la
femme
Roxane, révoltée contre la tyrannie des sociétés humaines, revendique
avec âpreté la liberté qu’elle tient de la nature »
La couleur orientale
- solide documentation de Montesquieu
- mais M s’est refusé à employer le style fleuri et imagé propre aux
orientaux. C’est pourquoi le style asiatique revêt plutôt une signification
parodique dans la lettre 17
La signification des LP
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J. Roger : « Les réflexions sur la nature des gouvernements, sur la
République idéale, sur l’utilité des sciences et des arts, sur les causes de
la dépopulation… témoignent d’un désir de constituer une véritable
science politique »
P Vernière discerne une recherche implicite de l’ordre, « un ordre idéal
fondé sur la justice et sur la nature (le cœur et la raison) » : cf l’apologue
des troglodytes
Dès lors la satire apparaît comme la critique de l’anti-nature, c'est-à-dire
en Orient, du harem, des rites étranges et en occident, d’une église qui
trouble l’Etat, du despotisme de Louis XIV, de l’esclavage. A ces
artifices, M oppose la politique de la nature et souhaite que les rois
gouvernent les nations comme un père gouverne sa patrie.
Idéal de sagesse exempt de toute volonté révolutionnaire
Les LP ouvrent la route à la critique universelle
Le style
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vocabulaire dont on peut constater la netteté et la propriété
• mots couleur locale : dervis, santon…
• hyperboles et périphrases
• langue des lettres occidentales précise et imagée
style souvent coupé et incisif
M invite le lecteur « à faire attention que tout l’agrément consistait dans
le contraste éternel entre les choses réelles et la manière singulière,
neuve ou bizarre, dont elles étaient aperçues »
Humour qui repose sur le procédé de l’antithèse
La lettre s’achève le plus souvent sur une pointe : l101 : « cela est
heureux…. Car de la manière dont vous avez parlé aujourd’hui, je
reconnais que vous avez grand besoin d’être éclairé. »
Constamment apparaît l’ironie
L’inattendu d’un rapprochement déclenche le rire : « le vin est si cher à
Paris… qu’il semble qu’on ait entrepris d’y faire exécuter le principe du
divin alcoran qui défend d’en boire. » (l33)
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Ce qui importait c’était que le lecteur fût suffisamment dépaysé pour
comprendre le dépaysement des personnages
Les caractères
La psychologie des personnages est très nuancée, et leur surprise devant les
coutumes européennes parfaitement plausibles
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Usbek
• représente, à certains égards, le sage idéal selon M
• patriotisme liée à la foi religieuse : il oppose au manque de
dévotion des français la foi profonde des musulmans (l75)
• voyageur curieux, il recherche la sagesse où elle se trouve et
n’hésite pas à remarquer des points communs entre christianisme
et islamisme
• lucide et sévère envers les coutumes française et la politique de
Louis XIV, il apprécie en France un certain esprit de liberté et
d’égalité inconnu dans son pays (l88) et souhaiteront voir
s’instaurer entre les peuples des rapports fondés sur la raison (l95)
• mais la philosophie le quitte dès qu’il s’agit de la liberté des
femmes ; intraitable sur le sujet, nullement conscient de la
complète contradiction qui existe entre ses pensées et ses actes :
il est la preuve que les sens constituent un obstacle au règne de la
raison.
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Rica
• jeune et gaieté naturelle
• s’attaque aux plus grandes institutions : il plaisante
malicieusement sur le paradis (l125) et l’audace de la lettre 24, qui
fait le portrait du roi de France et du pape est restée célèbre
• plus mondain, il fréquente les salons, et c’est à lui que revient la
tâche de brosser des scènes variées de la vie parisienne
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les caractères féminins
• Fatmé et Zéphis paraissent manquer de personnalité et s’adaptent
bien à leur vie de recluses
• Plus fière, Zélis proteste contre le pouvoir tyrannique des
eunuques
• Roxane, en s’empoisonnant, recouvre sa dignité et sa liberté
La satire des mœurs et des institutions
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satire nuancée car venant de deux personnages avec des caractères
différents
- autant de sévérité pour juger que La Bruyère dans Les Caractères
- satire universelle, et plaisante s’attaque aussi aux institutions.
• moqueries traditionnelles contre les ordres religieux et les
casuistes qui enseignent à quelle occasion on peut violer les ordres
de Dieu
• aborde le problème du suicide et du divorce
- avec la même désinvolture, il critique le despotisme de Louis XIV, ce
pouvoir absolu devenu arbitraire
Mais il ne s’attarde jamais dans la narration ironique, et recherche aussitôt les
vérités universelles. C’est dans cette perspective, qui n’a plus rien de
satirique, qu’il expose ses idées sur les colonies, sur l’esclavage ou sur les lois.
En plus
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la matière habituelle de l’essai est réduite à la substance d’une lettre : il
faut faire bref, être incisif
toutes les rencontres sont des premières rencontres
discontinuité ne veut pas dire désordre
la critique est une démystification : consiste à abolir les noms qui
inspirent confiance, pour montrer la futilité des choses réelles
font tomber les masques
le pouvoir illimité d’un seul, régnant par la crainte qu’il inspire, apparaît
comme le terme dernier d’un processus de dégénérescence à quoi toutes
les sociétés sont exposées
l’auteur s’est donné l’avantage de pouvoir joindre de la philosophie, de la
politique et de la morale à un roman
Roman épistolaire
-
Tout récit en prose, long ou court, largement ou intégralement
imaginaire dans lequel des lettres, partiellement ou intégralement
fictives, sont utilisées en quelque sorte comme véhicule de la narration
ou bien jouent un rôle important dans le déroulement de l’histoire.
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Une forme littéraire : Le roman par lettres
De Jean Rousset
Un aspect de l’art du roman à l’époque où celui-ci se cherche et se constitue.
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IL’instrument épistolaire
le roman épistolaire grâce au « je » et au présent rapproche le lecteur du
sentiment vécu, tel qu’il est vécu
dans le roman par lettres, comme au théâtre, les personnages disent leur
vie en même temps qu’ils la vivent.
• lecteur contemporain de l’action
• le pers se substitue à l’auteur et l’évince
saisie à chaud de la réalité : permet à la vie de s’exprimer dans ses
fluctuations
les diverses lettres d’un personnage forment la courbe de sa vie
intérieure, à la manière d’une suite d’instantanés
les pers vivent au jour le jour une destinée ouverte dont l’achèvement
leur est inconnu : leur présent est un véritable présent
toute lettre a la vertu du journal, de l’écriture au présent : une sorte de
myopie, d’attention extrême accordée aux évènements imperceptibles
refuse à l’auteur le point de vue panoramique du témoin omniscient
ne pas oublier le destinataire : la lettre est dialogue
Montesquieu : « l’agrément consistait dans le contraste éternel entre les
choses réelles et la manière singulière, neuve ou bizarre, dont elles
étaient aperçues »
Le récit : ici le romancier ne raconte plus ; l’évènement ce sont les
paroles mêmes. L’instrument du récit l’emporte sur le récit.
Le romancier prend sa revanche comme organisateur de l’œuvre : pose le
problème de la composition romanesque
A l’époque : obligation de présenter non pas une fiction, mais des docs,
des témoignages directs du réels. Le romancier au XVIIIème n’invente
rien, il présente du réel à l’état brut.
Le roman par lettres se présente donc en documents, émanant non pas
d’un romancier, mais de personnages réels. Montesquieu ne veut être
que le traducteur de ses amis persans.
Pour abolir le romanesque, on oblige le romancier à se dissimuler
derrière la réalité
II-
Formes épistolaires
La suite à une voix
- dans Les Lettres Portugaises : absence de tout contact avec le
destinataire : cri jeté par quelqu’un mais qui retombe dans le vide. Ici la
lettre tend vers le journal intime.
Œuvre symphonique
- c’est l’entrecroisement des voix qui fait le corps et la trame du roman
- le style de la lettre est un élément du portrait des personnages
- la multiplication des personnages entraîne la multiplicité des points de
vue et des éclairages
- fragmentation de l’optique en divers foyers.
- On est loin de l’uniformité du ton et de l’homogénéité classique
12
Temps et récit dans Les Lettres Persanes
Un récit de quoi ?
- un roman du sérail : une intrigue amour/pouvoir
- un séjour en France : récit de voyage ; récit de formation
Iun récit fragmenté et désorganisé
- juxtaposition de lettres
• intermittence du regard
• récits singulatifs
• instantanés
• anecdotes hétéroclites
- Effet de présent
• beaucoup de discours rapportés au style direct
- alternance lettres-récits et lettres-discours de réflexion intemporelle
- groupement de lettres finales du sérail
• soustraites au fil des jours
• intensification du sens tragique
IIUn récit « historique »
- respect du calendrier politique passé au crible du « je » épistolaire
- temps privé/ temps public : les aventures du sérail fournissent une
causalité potentielle à celles de la France
IIImet en scène un temps saturnien
- usure générale de l’univers // accélération du temps tragique // société
décadente
- éléments de nostalgie / primitivité et simplicité
• troglodytes
• éternité d’une vérité (L97)
- sur 9 ans : désenchantement
13
Préface de Starobinski
-
-
Comme la plupart des romanciers de cette époque, Montesquieu
s’éclipse.
• nie toute provenance imaginaire
• le système classique de la vraisemblance favorise l’annulation du
romancier, au bénéfice de textes « historiques » dont il se fait
passer pour le dépositaire indiscret
apparente autonomie de ceux qui prennent la plume
• proches des héros de théâtre
• mais auteur omniprésent qui veut faire « triompher la raison »
-
variété et diversité qui engendre la surprise
• le plaisir naît de la vivacité du trait
• pointe inattendue
• rien ne motive mieux le trait de satire que l’hypothèse d’un regard
naïf porté sur les choses de l’occident
-
la fiction du voyageur persan est donc rajeunissante pour les vérités
qu’elle met au jour
-
se trouve entraîner à écrire autrement, à mieux écrire
• réserve le registre passionnel à l’Orient
• clivage entre l’orient de l’âme et les activités de surface qui
foisonnent en France
« Dans l’imaginaire érotique, la Perse est proche ; dans l’ironie observatrice, la
France anonyme et caricaturée, devient un continent lointain. »
-
Pas de vue globale de la société française, mais une saisie discontinue et
morcelée, de tout ce qui s’offre successivement comme étonnant. »
• le regard délie, analyse, déconstruit
• mais commencent par se poser la question capitale du pouvoir
politique et religieux
-
attention attirée par les irrégularités de la société : actrices, diseurs de
rien, casuistes
• Homère devient « un vieux poète grec »
• Le chapelet devient « de petits grains de bois » : désacralisation
• On abolit les noms qui inspirent confiance pour montrer la futilité
des choses réelles
-
Cependant la France, comparée à la Perse, est un pays où l’on vit à
visage découvert, où les femmes peuvent paraître en public. Et, si risible
que soit bien souvent le souci de l’honneur, il entraîne des conséquences
publiques et privées moins redoutables que la crainte qui prévaut en
Perse où triomphe le despotisme.
-
l’esthétique de la variété veut que les témoins persans soient dédoublés :
• Rica peut appartenir tout entier au monde nouveau. Il ne disserte
guère, il relate.
• Usbek tient le premier rôle
• Dès le début, Usbek se hâte vers le savoir et refuse tout
iranocentrisme
• Ressent la nécessité de s’élever à l’universel
14
-
causes du voyage d’Usbek
• l’envie de savoir
• exil car trop zélé à démasquer le vice
-
Usbek et ses contradictions
• il est dans son existence domestique, un despote oriental
• M a voulu qu’U soit un ennemi des masques, un voyageur épris de
savoir rationnel.
• Mais il en a fait aussi le représentant fidèle des mœurs
domestiques de la Perse : l’univers de la sexualité reste asservi à
un antique système d’autorité
-
la catastrophe finale peut être considérée comme la punition d’un
aveuglement et d’une méconnaissance
• le jeune homme échappé des bras de Roxane représente la part
d’amour vrai
• l’élan allègre chez Usbek, qui le pousse à découvrir le monde, est
contrebalancé par une réflexion morose, dirigée vers des
possessions perdues
• mouvement de résignation : « je vais rapporter ma tête à mes
ennemis »
-
monde de renversement
• « je trouve même le prince, qui est la loi même, moins maître que
partout ailleurs » (LXXX)
• « Dans la prison où tu me retiens, je suis plus libre que toi » (LXII)
• Les eunuques : une annulation physique se transforme en pouvoir
-
le despotisme domestique peut être lu comme une figure érotisée du
despotisme politique qui prévaut en orient et dont l’éventualité guette la
monarchie française. Le domaine érotique sert de lieu d’expérience
imaginaire pour une théorie généralisé du pouvoir.
• lettre sur la dépopulation du globe : établit le compte des
conséquences du monarchisme chrétien…
• les LP mettent en expérience le modèle tyrannique et le montre
insoutenable à la longue
-
A quelle autorité doit-il en appeler s’il ne veut sacrifier ni son désir, ni sa
raison ?
• l’autorité réside dans la conscience de l’homme
• c’est à l’homme qu’il appartient de calculer le jeu des forces qui
assurent la perfection rationnelle d’un gouvernement en lui
permettant d’aller à son but à moins de frais (l LXXX)
Usbek est l’exemple d’une séparation persistante entre l’ordre de la réflexion
et celui des actes
15
Annie Becq
Prise de notes
Introduction
1- un auteur qui boîte dès qu’on le regarde
- anonymat
- M ne reconnaît pas le livre : le but ? que le texte soit apprécié pour luimême.
- Fiction de M traducteur : lettres qui seraient tombées en sa possession
-
2- un tout organique
éléments philosophiques, politiques, roman… dans un ensemble
organique
unité qui viendrait d’un « vinculum substantiale »
selon M les LP contiendrait de la morale : satire des mœurs de la régence
qui est également politique
s’ébauche une typologie des gouvernements
existence ou non d’un ordre dans ce monde
ILe « Roman » : d’une chaîne à l’autre
En 1721, dans l’introduction, le texte est présenté avec des termes neutres :
« livre », « recueil de lettres »….. en 1754 : « Roman épistolaire » (terme à peine
assumé par Montesquieu)
Ne pas se contenter de la fiction orientale avec sa charge érotique et
exotique… mais accéder à la dimension philosophique et romanesque.
1- la première chaîne
- effet de clôture : achèvement du voyage au bout de 9 ans, à la fin du
recueil
- les lettres constituent selon leur auteur divers actes
- lettres : forme de récits de ce qui se passe au sérail ou de ce qui se passe
à paris ou d’évènements qui entrent dans l’action du roman, dans la
mesure où les personnages y sont impliqués, et qui suscitent des
relations d’ordre personnel
2- Le savoir et la fureur
- les personnages semblent se réduire à ceux qui séjournent en Europe
- découverte et maîtrise progressive de la logique de systèmes
initialement perçus comme extraordinaires, absurdes…
3- Le roman du sérail
- drame qui permet de parler de roman
- passions : Usbek reçoit une psychologie dans ce cadre (inquiétude
jalouse)
- menus évènements qui sont les signes avant-coureurs du désastre final
4- chronologie romanesque
- armature chronologique du roman extrêmement élaborée
- 161 jours de voyage = le nombre de lettres
- Délais imposé par la distance qui fonde un écart
- Présent du récit comme temps de référence
- Seul Usbek reçoit des lettres
5- Le comble du désordre
- 15 lettres liées à la révolte qui ne sont pas insérées à leur place
16
-
161 qui annonce le suicide de Roxane: effet ambigu de clôture et
d’ouverture : U va-t-il regagner Ispahan ?
- Bouquet final où les lettres et réponses se succèdent, brèves et
violentes : font oublier l’écart de 5 ou 6 mois qui les séparent
6- Une composition ?: la deuxième chaîne
- tragédie d’U face à ses femmes
- encadrement des séquences occidentales par les 23 premières lettres et
les 15 dernières dont Rica est absent
- le drame n’est que la conséquence de la fiction centrale consistant dans
le voyage et la découverte de l’occident
- fragmentation des points de vue dans la polyphonie épistolaire
La mise en roman produit du sens, non comme dans un roman philosophique
où la fiction se contente d’illustrer une thèse, mais dans la mesure où
l’implication dans l’intrigue personnelle vient jeter le soupçon sur certains
propos théoriques.
IILa satire
La satire reste le principal attrait de ce texte aujourd’hui
M pose le problème du fondement des valeurs
1- personnalités et caractères
- attaques personnelles : abbé de saint Victor, Fleury alors évêque de Fréjus
- Ce sont surtout des caractères qui sont représentés à la manière de La
Bruyère
- les femmes sont un objet privilégié de satire : vieille coquettes (l52)
- maniaques : fou d’alchimie (l45), géomètre(l128)
2- vers les grands sujets
- le libertinage des ecclésiastiques : thème satirique traditionnel
- critique grave des prétentions hégémoniques de la religion chrétienne
- lettre 24 : Montesquieu frappe d’abord la tête avec le pape et le roi
- met en cause le rôle du prince (l99) : dont l’âme est un moule qui donne sa
forme aux autres
- satire des casuistes
- l146 critique le système de Law
- dénonciation du pouvoir de l’argent
Les mœurs de la monarchie française, où chacun ne songe qu’à soi et aux
prérogatives de son rang, sont versées, par le discours satirique, au dossier du
désordre moral.
IIILes Lettres Persanes, un texte politique ?
Pose le problème fondamental de la relation à l’autre, du pouvoir et de l’ordre
1- structure du pouvoir
- problème d’un équilibre impossible à maintenir entre le prince et le
peuple
- le gouvernement asiatique mettant en scène le despotisme est l’objet
privilégié de la réflexion : forme extrême à laquelle tendent les autres
formes, comme pour s’y abîmer
2- Logique du despotisme
- Uniformité et immobilité
- Logique du tout ou rien
- Système qui marche à la terreur
- Le seul choix pour en sortir est la mort
- pouvoir hypertrophié
3- Une fatalité ?
17
-
Le despote s’enracine dans les passions qui poussent à enfreindre la
raison
- Pouvoir qui n’a pour fin que son propre exercice
4- un geste politique
- oui, car critique du despotisme
- oui, car cri d’alarme à l’adresse du régent contre la tentation de
l’absolutisme
- souci d’asseoir l’autorité du monarque sur le fondement légitime par le
recours au parlement
5- Pour une monarchie rénovée
- tempérée par des ordres intermédiaires qui auraient recouvré leur poids
politique
- déplore le déclin des valeurs de service au profit des valeurs de
jouissance
- c’est en partageant le pouvoir qu’on est le plus puissant
- désir de liberté enraciné dans la nature humaine
6- une science sociale et politique ?
- souci théorique : comprendre et maîtriser intellectuellement le
fonctionnement des gouvernements
- typologie des gouvernements mais incomplète
- le despotisme marche à la crainte / la république : lieu où se réalise
l’essence même de l’honneur
- bonheur des peuples comme fin « naturelle » du politique et de sa science
- le meilleur gouvernement est celui « le plus conforme à la raison »
- le bon gouvernement serait selon Montesquieu une monarchie modérée
IV-
Les LP, réflexion épistémologique : savoir et fiction
1- dates erronées
- Schneider a souligné l’élaboration minutieuse de la chronologie
romanesque par rapport aux négligences de la chronologie historique
- C’est la fiction et non l’Histoire qui sert de base aux LP.
- Il faut interroger cette primauté du fictif
2- dédramatiser le temps
- accélération et ralentissement du temps romanesque
- mystère du temps dans la fiction des troglodytes
3- Roman et histoire
- La fiction romanesque maîtrisée se substitue à l’histoire immédiate,
saisie par fragments : elle est la métaphore de l’Histoire.
- Les LP posent la question : comment donner sens au réel
4- Voir
- Thème central de la section occidentale
- au sérail, la vision fait l’objet de règles et d’interdits
- les Persans sont venus voir / savoir
5- Voir exige d’être vu
- matérialité d’objets ou de conduites qui en révèle la gratuité, la
mécanisation
- toute une société est examinée du dehors, et comme si on la voyait pour
la première fois
- possibilité de comparer sans s’engluer dans le nouveau système
6- Pouvoir de la philosophie
- incarnation de la philosophie en Usbek qui revêt des aspects inquiétants
/ figures des eunuques qui posent la question du voir et du pouvoir
18
-
la connaissance est un procès, un parcours, un travail de construction de
la référence universelle à partir des différences observées
V-
Ordre, désordre, des ordres ?
1- désordre
- désordre dans les systèmes existants vus par des observateurs étrangers
- dénoncé par ceux qui en pâtissent comme Zélis
- contradiction des exigences de l’honneur, des lois, des impératifs
religieux…
- troubles domestiques // instabilité sociale
- idéal d’unité harmonieuse issue de la variété
2- renverser le désordre
- renverser le désordre ne suffit pas pour rétablir l’ordre
- la fiction épistolaire suggère que le point de vue critique est lui aussi
relatif
- le retour à la naïveté des temps anciens, ne saurait constituer un ordre
- le renversement de l’ordre du sérail par Roxane n’instaure pas un ordre
conforme aux lois de la nature
3- L’ordre de la nature
- Les discours les plus antagonistes se réclament de la nature : U croit à la
vertu des femmes comme naturelles // Roxane
- Certaines valeurs jouissent d’une stabilité due à leur universalité :
justice, équité…
4- Le désordre
- la relativité des ordres qui n’est pas désordre
- temps au visage ambigu: renouvellement mais aussi dégradation et
précarité
- fatalité d’un temps destructeur : cf la séquence consacrée à la
dépopulation
5- rêves d’harmonie
- les rêves de rapport harmonieux, sociaux ou sexuels, s’expriment hors
temps (apologue, contes enchâssés)
- création où s’inscrivent les fantasmes
- Paradis d’Anaïs : fait coïncider vertu et bonheur : est-ce à partir de ce
renversement de l’ordre masculin que l’on obtient l’ordre idéal ?
6- ni utopie, ni désespoir
- LP : complaisance à un certain désordre plus appel à un lecteur actif
- Car le savoir comme l’ordre sont à construire
VI-
Les LP et le roman
Dire que les LP sont un roman serait en minimiser le sérieux et le poids.
Dagen en voit une condamnation du romanesque et du roman.
1- Condamnation du romanesque et du roman
- M Condamne le roman dont les auteurs sont « des espèces de poètes » :
« ils passent leur vie à chercher la nature et la manquent toujours »
- à l’époque condamnation par les moralistes pour mensonge et
immoralité
- refus des extravagances dramatiques et philosophiques d’un imaginaire
débridé
- condamnation du narrateur omniscient
- atmosphère plus théâtrale que romanesque : les aventures des persans
sont réduites au minimum
19
- déchéance d’une forme de récit au profit de formes brèves
2- les LP « apprirent à faire des romans en lettres »
- n’invente pas le procédé mais innove en combinant les formes existantes
- introduit du roman (personnages, intrigue) dans un recueil idéologique et
infuse de la philosophie dans un roman par lettres
- le « je » sert plus aux effets dramatiques (levée des masques) et à aborder
les sujets les plus variés sans que le recueil sombre dans le désordre,
qu’à une analyse psychologique.
3- technique épistolaire
- miroitement de la diversité du réel
- points de vue multiples et successifs // mais aussi convergence de cette
diversité vers le seul point de vue d’U
- polyphonie mais pas symphonie
- la forme épistolaire qui fragmente le discours, fait avancer la réflexion
par boucles
4- un roman exotique ?
- démarche de l’esprit qui consiste à se feindre étranger à la société où
l’on vit, à la regarder du dehors, comme si on la voyait pour la première
fois
- orientalisme : parure ou paravent ?
- comédie sociale
20
Un roman exotique
Introduction
- goût pour ce qui est loin
- au XVIII : augmentation des relations avec l’Orient
- exotisme qui permet de faire passer sous une apparence légère une
critique de la société
- Révolution sociologique : « démarche de l’esprit qui consiste à se feindre
étranger à la société où l’on vit, à la regarder du dehors comme si on la
voyait pour la première fois. »
ILes sources
1- les sources historiques
2- les sources littéraires
• Chardin
• Tavernier
IIL’orientalisme dans les Lettres Persanes
1- Dans le style
• atmosphère due aux noms
• style pseudo oriental
2- A travers les deux personnages principaux Rica et Usbek
3- Les femmes orientales
4- Cosmopolitisme
IIILa pensée personnelle de Montesquieu
1- Critique de la vie sociale
- parure ou paravent
- tout est spectacle et variété
- la société française n’est qu’un spectacle
2- Critique de la vie politique
- point de vue universel
- liberté peu présente mais fructueuse
- critique de l’absolutisme qui passe par le despotisme oriental
3- Une nouvelle manière de considérer l’autre et l’ailleurs
- critique du colonialisme et de l’esclavagisme
- paternité de Montesquieu avec la pensée humanitaire du XVIIIème siècle
- la référence européenne n’est plus universelle
21
La signification politique des Lettres Persanes
Par Jean Ehrard
Prise de Notes
Plusieurs façons de lire les LP
- badinage
- chronique de mœurs
- prélude à l’Esprit des Lois
- roman épistolaire
- allusions à l’actualité
- tout un ensemble de réflexions sur la nature et les moyens du bonheur
social
Sur les 161 lettres 62 au moins touchent de près ou de loin à la politique
- 42 de Usbek : personnage principal
- 16 seulement dans les 80 premières : caractère politique qui s’accentue
au fil des pages surtout en 1715 et 1718
- Pour les persans la politique française est beaucoup plus que spectacle
ou matière à raisonnement : témoins engagés d’une époque incertaine et
d’un monde en pleine mutation, ils passent en quelques années (Usbek
surtout) de la surprise ironique à la sympathie, puis de l’adhésion à
l’inquiétude, à la colère et au désarroi…. Journal d’une grande
désillusion.
La lettre 102 analyse le gouvernement monarchique comme « un état violent »
- état forcé donc précaire dégénère en despotisme ou en république
- glissement du règne de Louis XIV
- le système est présenté comme une menace pour tous les gens de
qualités
- les désordres du système réveillent la nostalgie d’un ordre terrien et
patriarcal qu’exprimait déjà l’apologue des troglodytes et que
l’optimisme conquérant des année 1715-1718 n’avait pas complètement
dissipée.
Les Lettres persanes ne sont pas un traité ou une dissertation arbitrairement
morcelés mais l’expression romanesque d’une prise de conscience politique.
Le dernier mot n’appartient pas à Usbek mais à Roxane
- la vérité romanesque rompt en fin de recueil avec la succession
chronologique
- souligne la contradiction intime d’Usbek, à la fois philosophe et
despote : écart entre ses idées et son comportement
- les fausses valeurs de l’Orient et de l’Occident sont simultanément
discréditées. Montesquieu-Usbek garde le silence mais le « suicidehéroïque » de Montesquieu-Roxane parle à sa place.
- Le geste de Roxane est un refus sans appel de l’ordre établi et du
conformisme social
- Les Lettres persanes se terminent par un grand point d’interrogation.
22
Questions sur la signification politique des Lettres persanes
Jean-marie Goulemot
Prise de notes
Libéralisme de Montesquieu
- se lit dans la condamnation du despotisme de Louis XIV
- dénonciation des méfaits du despotisme oriental
- se lit dans les réactions de ses héros à la conjoncture politique
- dénonciation de la tentation despotique qui habite par nature tout
gouvernement monarchique
- mais les LP ne sont pas un traité
Dans les LP, l’absolutisme y apparaît comme une menace essentiellement
dirigée contre le statut social et politique de l’aristocratie.
- A la puissance héroïque de la guerre s’est substituée la puissance
économique
- Possession des métaux précieux qui a conduit l’Espagne à l’avilissement
Une œuvre ouverte
- abandonne son personnage
Problème de la nature de l’œuvre
- est-ce un roman ?
- Montesquieu n’a-t-il pas admis bien tardivement la nature romanesque
de son œuvre ?
- Qu’est-ce qu’un roman au XVIIIème ?
- Quels sont les rapports de cette fiction au réel ?
- Le roman n’est véritable que dans l’histoire du sérail
• bazar exotique ?
• comment les interpréter ?
• de simples analogies qui illustrent le texte européen ?
23
Montesquieu
Par J-M Goulemot
Prise de notes
-
-
-
-
-
IPortrait de Charles Secondat, baron de la Brède
homme raisonnable
importance des facteurs économiques dans la vie et le développement
des sociétés
esprit cosmopolite
a vécu la fin du grand siècle et en a gardé une haine farouche pour le
despotisme fastueux de Louis XIV
de la Régence, il condamnera surtout Law et son système (fable du fils
d’Eole)
IIMontesquieu romancier
Les Lettres persanes, publié en 1721
Le Temple de Gnide
Arsace et Isménie
Les Lettres persanes : Usbek, parti de Perse à la découverte de l’Europe,
s’absente 10 ans laissant son sérail à la garde des eunuques. Peu à peu le
désordre s’installe dans le sérail privé de son maître ; et Roxane,
l’épouse favorite d’Usbek, le trompe et se suicide en le maudissant.
Roman bien insignifiant si l’on se refuse à voir qu’il se nourrit des
« digressions » qui l’entourent et qui représentent les deux tiers du
volume.
• intrigue tragique
• la découverte de la France par Usbek n’est pas séparée de
l’intrigue qui se noue dans le sérail
• c’est au niveau de la signification morale que se dessine avec le
plus de force l’unité des Lettres
Usbek semble traduire l’ambigüité d’une époque : il a « la bonne
conscience du philosophe des Lumières qui élude le problème d’une
action révolutionnaire grâce au mythe d’une raison universelle et
intemporelle. Pourtant le vers de la mauvaise foi ronge sa philosophie
qui hésite entre le règne de la raison et le règne de l’ordre »
Au-delà de l’unité romanesque, il reste la portée satirique et
philosophique des Lettres
IIIMontesquieu philosophe
vocation de moraliste ?
approches successives de L’Esprit des Lois
24
Je dans les Lettres
« Le « je » sert plus aux effets dramatiques et à aborder les sujets les plus
variés sans que le recueil sombre dans le désordre, qu’à une analyse
psychologique »
Rica
-
et Usbek en tant que personnages romanesques
les Lettres posent la problématique du « je »
par la mise à distance, le « je » est exclu du roman à proprement parler
roman par lettres
personnages de théâtre
psychologie cependant nuancée
« je » idéal d’Usbek comme sage ou « je » de Montesquieu
I-
Un « je » unificateur de l’œuvre
• le « je » du roman par lettre
• analyse d’une psychologie nuancée
• un roman d’apprentissage
II-
Mais un « je » personnage de théâtre
• exclu du véritable roman
• permet d’aborder les sujets les plus variés
• pour une satire
III-
un « je » idéal
• le « je » du sage
• le « je » de Montesquieu derrière les personnages
25
Le Moment des Lettres Persanes
De Benrekassa
L’œuvre d’une époque
- goût secret de cette époque pour ce qui vaciller / def du « rococo » : style
de l’entre-deux, de la mise en question, de la référence fallacieuse à un
centre qui se dérobe toujours
- répugnance égale des individus à se plier à l’ordre ou à se laisser investir
par un désordre
- caractère érotique et sensuel de l’œuvre
- un livre d’actualité
- caractère philosophique et critique
- liberté d’allure, son côté pot-pourri
- Jeu subtil et mesuré entre l’ordre et le désordre, texte complexe et
rhapsodique qui met à profit toutes les ressources de l’échange
épistolaire
- La catastrophe est celle du lointain sérail
La référence à un ordre : ordre des valeurs, ordre de l’intelligence
- Ce style exclut la référence à un ordre
- Usbek arrive d’Orient porteur d’un questionnement mis en scène
d’emblée dans l’apologue des troglodytes : nul n’est mauvais
gratuitement. Il faut qu’il y ait une raison qui détermine et cette raison
est toujours une raison d’intérêt
- Il va falloir se résigner à habiter un monde où la raison est compromise
et ne peut imposer son ordre directement
Ordre et désordre : une partie curieusement liée
- interrogation permanente sur la corruption, la dégradation, le
retournement de l’ordre du monde moral
- la confusion de l’être et du paraître : mise en scène vertigineuse de la
falsification
Ce livre n’est pas engagé au sens contemporain et quelque peu balourd du
terme, et Montesquieu n’est pas de ceux qui croient que tout tient au
politique. Toutefois à travers les jeux d’une esthétique rococo, quelque chose
s’amorce qui ne pas ne pas travailler indéfiniment toute l’économie sociale.
Il n’est pas indifférent que ce soit à une femme, exclue des jeux et enjeux du
pouvoir, mais néanmoins directement concernée en tant que victime et
opposante totale, que soit confié le cri libérateur ultime du suicide stoïcien.
26
Eléments de cours
Il s’agit du premier texte romanesque des Lumières, ouvrant la voie de la
satire. Les LP appartiennent à une littérature idéologique, engagée où la forme
se met au service d’une dénonciation caractéristique du XVIIIème.
Montesquieu
- le baron de la Brède naît en 1689
- honnête homme, mène une vie ordinaire : n’existerait que par son
œuvre ?
- étudie chez les oratoriens
- il fait des études de droit mais l’exercice de son métier ne l’intéresse pas
- la moitié de sa vie se passe à Paris
- Il devient magistrat au parlement de Bordeaux : développe son intérêt
pour les grandes questions de lois
- Issu d’une famille noble qui s’illustre plus dans la robe que dans l’épée
- les lettres sont la traduction romanesque et exotique de l’expérience
d’un jeune provincial arrivant à paris : saisissement transposé.
- Il est élu à L’Académie Française en 1728 et mènera une vie amoureuse
animée
- Il fait un tour d’Europe
- Montesquieu peut être décrit comme un humaniste aimant les livres : il
recopie également beaucoup d’articles de gazettes, il enregistre des
curiosités
Les lettres Persanes
- les LP datent de 1720
- Il utilise comme sources : Marana, l’espion turc, une somme de
réflexions critiques
- Son coup de maître est d’avoir utilisé les lettres dans le cadre d’une
satire et d’avoir inventé le roman par lettres : il s’agit en effet du
premier roman par lettres polyphonique
- Il se place dans la lignée d’une tradition critique et dans une tradition de
récits de voyage
- Les LP connaissent un succès extraordinaire alors qu’au XVIIIème le
roman a mauvaise réputation. On lui reproche
• de peindre des passions / contre la morale
• de n’avoir pas de règles / contre le goût
• de n’être pas réel / alors que l’on demandait au roman d’être
conforme au réel.
- dans la première introduction, Montesquieu se présente comme le
traducteur des Lettres (caution autobiographique ? censure ?). Puis dans
la deuxième, il abandonne le jeu du traducteur et avoue enfin le
caractère fictif de son œuvre. Sa préface devient ainsi plaidoirie : si
certains traits sont trop hardis, c’est au nom de la vraisemblance.
- Il s’agit donc du premier roman par lettres polyphonique et
chronologique : un opus perfectum avec un achèvement technique
• vraisemblance extérieure
• possibilité de la confrontation des points de vue : ici ce ne sont
pas des lettres menteuses comme dans les liaisons dangereuses
27

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