Les tarifs GSM: attention aux fausses bonnes affaires – Test
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Les tarifs GSM: attention aux fausses bonnes affaires – Test
LES TARIFS GSM Attention aux fausses bonnes affaires ! E. Deltenre et P. Ponsart Ces dernières années, les opérateurs GSM se sont multipliés comme des petits pains, faisant éclater la concurrence et baisser les prix. Bonne chose direz-vous. A condition de ne pas se laisser abuser : des tarifs moins élevés cachent parfois des conditions générales peu avantageuses . M obile Plus, Telenet mobile, 1-Mobile, Scarlet Mobile, The Mobile Factory, Dixitel, Plug Mobile, etc. En quelques mois, le nombre d'opérateurs mobiles a éclaté, obligeant Proximus, Mobistar et Base à faire de la place à 22 test-achats . n° 506 . février 2007 une cinquantaine de petits nouveaux, certes démunis de réseaux propres (ils doivent acheter des forfaits d'utilisation aux trois "grands"), mais particulièrement dynamiques. Il faut dire que le gâteau belge est plus qu'alléchant : plus de 9 millions d'utilisateurs actifs et un budget familial estimé à près de 340 €/an, cela fait vite des millions d'euros à se partager. Et ce chiffre ne risque pas de baisser. Un sondage Eurobaromètre de juillet 2006 révèle, en effet, que 24 % des ménages belges ont déjà délaissé la ligne fixe au profit du tout mobile et l'on pense que la tendance ne fera que s'accentuer à l'avenir. Pour l'instant, les MVNO (pour Mobile Virtual Network Operator ou opérateurs alternatifs) comme les appellent les professionnels ne glanent encore qu'un petit 5 % de parts de marché, mais ils progressent globalement. La grande force de ces petits opérateurs est de s'attaquer de manière ciblée à la fois à des groupes restreints comme, par exemple, les jeunes pour NRJ Mobile, The Mobile Factory, ou encore Plug Mobile, les résidents étrangers pour Calao Mobile ou Ayyildiz, les amateurs de musique, les usagers mixtes (les offres combinées fixe/mobile de Telenet ou Scarlet), voire les fans de foot pour le RCSC Mobile du Sporting Club de Charleroi qui permet aux adhérents de communiquer avec leur club, etc. Mais aussi à un public large en s'appuyant sur leur propre réseau de distribution (1-Mobile de Carrefour et Mobile Plus de Delhaize, par ex.). D'autres se positionnent en "hard-discounter" et distribuent leurs produits uniquement via internet (Simyo). La qualité des réseaux est tout à fait équivalente à celle des grands opérateurs. Abonnements : une évolution favorable lancé sa formule "Zero", le premier abonnement sans frais mensuels fixes (redevance) ni forfait de communication. Le client ne paye donc que sa consommation réelle, qui plus est, à l'un des tarifs les moins chers du marché (0,20 €/min + 0,07 €/appel et 0,10 €/ SMS quels que soient le réseau et l'heure). Petit rappel : tous les abonnements peuvent, aujourd'hui, être souscrits pour une durée indéterminée. Dans ce cas, il est possible de changer d'opérateur à tout moment. Dans les faits, les offres les plus alléchantes sont en général conditionnées par un engagement de 12, 15, voire 24 mois avec possibilités de renoncement très limitées ! Les minutes gratuites offertes peuvent sembler intéressantes à première vue, mais impossible quand on s'est engagé, d'aller voir ailleurs quelques mois plus tard. Quelques évolutions positives sont à mettre au crédit des opérateurs en matière d'abonnement. Les abonnements assortis d'une redevance (frais mensuels fixes) cèdent enfin le pas aux abonnements à forfait donnant droit à un volume de communication déterminé. Par ailleurs, les forfaits aujourd'hui proposés sont, le plus souvent, de type "any time" soit indépendants du moment de l'appel et/ou "any network", soit indépendants du réseau appelé. Une gestion plus simple et, surtout, plus économique vu que la portabilité des numéros ne permet plus de connaître avec exactitude le réseau de la personne appelée. Les plus transparents à ce niveau : les abonnements Postpaids de Base qui sont tous à la fois "any time" et "any network". Et c'est Base encore qui a La réponse des opérateurs classiques Proximus, Mobistar et Base n'ont d'ailleurs pas attendu pour répondre à ces offensives. Leurs cartes "low cost" respectives, Ugly Duck pour le premier, Simply by Mobistar pour le second et Simyo pour le troisième sont de bons exemples. Mais le combat des opérateurs traditionnels se porte surtout sur la fidélisation des utilisateurs. Leurs armes : des promotions tapageuses, liées à un abonnement plus ou moins long. Normal, c'est l'un des rares créneaux permettant d'augmenter encore leur marge bénéficiaire. Et quelles possibilités ! Aujourd'hui, 60 % des lignes actives le sont sur base d'une carte prépayée. Or, tous les chiffres montrent que si le revenu moyen mensuel d'un opérateur avec un client "prépayé" est de 15 à 20 € en moyenne, dès qu'il s'abonne, ce revenu passe dépasse allégrement les 50 €. Même si ce revenu est gonflé par les utilisations professionnelles, on peut dire que, dans l'ensemble, un abonné lié à son opérateur vaut mieux (plus cher) qu'un électron libre avec carte prépayée. D'autant que – et là ce sont nos enquêtes qui parlent – le Belge est plutôt connu pour sa lenteur à changer de crèmerie. Un client qui passe à l'abonnement c'est donc des revenus assurés pour longtemps. Jusqu'à 5 fois plus cher ! Notre marché comptant aujourd'hui une cinquantaine d'opérateurs MVNO outre les trois opérateurs nationaux traditionnels, nous avons limité la comparaison présentée ci-dessous à un échantillon que nous espérons représentatif : 1-Mobile, Mobile Plus, Telenet Mobile, Mobile World, Scarlet Mobile, The Mobile Factory, NRJ Mobile, Dixitel et Toledo Mobile pour un profil de consommation bien précis. Il s'agit d'un consommateur "moyen" dont la facture se détaille comme suit : 75 appels vocaux et 35 SMS par mois; 36 % des appels vers une ligne fixe, 43 % vers des abonnés du même réseau et 21 % vers d'autres réseaux. Le tout pour 47 % en heures de pointe, 30 % en heures creuses et 23 % le week-end avec une durée moyenne des appels de 2,1 minutes vers les lignes fixes et de 1,9 minute vers un autre GSM. Pour ce profil, l'offre la plus avantageuse est celle de Simyo chez Base (20 €/mois), suivie de près par une série d'offres "Postpaid", toujours de Base (environ 25 €/mois). Le bon résultat de Base provient du fait que l'opérateur offre un certain nombre de minutes gratuites sur le même réseau. Les utilisateurs qui appellent peu sur le réseau de Base n'en profitent cependant pas. Les premières formules de Mobistar se situent aux environs de 31 €/mois et Proximus 35 €/mois au même titre que 1-Mobile de Carrefour et Mobile Plus de Delhaize. Les autres opérateurs alternatifs ne font pas mieux avec un coût estimé entre 37 et 52 €. Les plus chères vont jusqu'à 90 € (mais le forfait est alors mal adapté), soit, si l'on ne considère que les deux extrêmes de la comparaison, une différence de 1 à 5 ! Il est donc essentiel de bien définir ses habitudes de consommation avant de choisir une formule pour éviter de payer un forfait surdimensionné par rapport à l'utilisation réelle. février 2007 . n° 506 . test-achats 23 Conseils pour éviter les mauvaises surprises > Vérifier (en tout cas pour les opérateurs "alternatifs") les possibilités de recharge et leur validité. Opter, si possible, pour l'opérateur qui applique les plus longues durées de validité pour les crédits d'appel, surtout si vous appelez peu. > Vérifier la durée minimale du contrat et les frais éventuels d'activation. Ex. Toledo Mobile facture 48,40 € de frais d'activation si le client opte pour un contrat à durée indéterminée; pas un centime s'il s'engage pour une période minimale de 12 mois. Chez Scarlet, le client doit s'engager au minimum pour 15 mois. > Prendre en compte les frais fixes. Ex. : Toledo facture des frais fixes sur abonnement très élevés (12,1 €/mois) en contrepartie d'un coût à la minute très bas. > Vérifier la méthode de comptabilisation du temps d'appel. Il peut être facturé à la seconde après la première minute, à la seconde dès le départ + un coût de connexion fixe; ou encore par tranche de 60 secondes (chez Mobile World de Phone House). Selon la durée moyenne des appels, la différence peut être très sensible au bout du mois. > Préférer une formule ne pratiquant pas des tarifs différenciés en fonction du réseau appelé. > En cas de déplacements fréquents à l'étranger, vérifier si le roaming est appliqué pour les pays en question et surtout quel est le tarif pratiqué. Les différences d'un opérateur à l'autre peuvent dépasser les 20 % ! Si ces séjours sont tès fréquents ou longs, il peut être intéressant d'acheter une carte SIM locale. 24 test-achats . n° 506 . février 2007 Cartes prépayées : vérifiez la durée de validité Les opérateurs alternatifs : pas toujours avantageux La faible durée de validité de certaines recharges de cartes prépayées reste l'un des deux gros points faibles de ces formules (avec les limitations et les surcoûts pour une utilisation à l'étranger), les services et les tarifs s'alignant de plus en plus sur ceux des abonnements. Chez Base, cette tendance est très claire. Un peu moins chez Proximus et Mobistar où une carte prépayée ne permet toujours pas d'avoir deux cartes SIM pour le même numéro, d'activer la déviation d'appel, de gérer deux appels simultanés, ... Par contre, l'entente est complète entre les trois "grands" sur le fait que, si le consommateur doit encore débourser de 20 à 30 € pour une carte SIM et un accès au réseau (le kit de démarrage), cette somme n'est plus forcément perdue mais peut, aujourd'hui, être intégralement utilisée pour des appels, SMS, etc. Quant aux recharges, l'arrivée d'opérateurs alternatifs tels que 1-Mobile de carrefour ou Mobile Plus de Delhaize a permis une généralisation des recharges les moins chères à 5 €. Petite subtilité : toutes n'ont pas vraiment la même valeur absolue, car si Base accorde à toutes ses recharges une durée de validité d'1 an, celle de 5 € est limitée à un seul mois chez Proximus et Mobistar ! Du côté des MVNO, ce n'est pas plus simple : chez NRJ Mobile la validité dépend de la valeur (10 € = 35 jours, 20 € = 70jours et 30 € = 100 jours); chez 1-Mobile, Ugly-Duck (Proximus) et Simply by Mobistar, toutes les recharges sont limitées à 6 mois, mais 12 mois chez The Mobile Factory, etc. Mentionnons enfin une formule qui intéressera tout spécialement les parents d'adolescents : une recharge mensuelle (assurée, on suppose, par les parents) via domiciliation bancaire et des recharges complémentaires (assurées, on suppose par l'adolescent) via les autres formules classiques (achat de recharges, Bancontact, internet, GSM...). Exemples : Freestyle Classic et Freestyle Generation de Proximus. On pourrait croire que – leur arrivée sur le marché stimulant la concurrence –, les formule pratiquées par ces opérateurs alternatifs sont automatiquement plus avantageuses. En fait, ce n'est pas toujours le cas. On doit donc vous conseiller la plus grande prudence en ce qui les concerne, car chaque opérateur proposant des offres différentes, s'y retrouver et faire son choix n'est pas simple. Lisez attentivement leurs conditions générales avant de vous engager. Points d'attention : > le coût du kit de démarrage pour les cartes prépayées, soit une somme comprise entre 8 et 20 €, n'est pas forcément intégralement utilisable pour des appels. Des coûts uniques fixes (jusqu'à 10 €) sont parfois automatiquement facturés; > pour certains, ce kit de démarrage ne peut être commandé que sur internet (Simyo, Ugly Duck, Simply by Mobistar), il faut donc être familiarisé au paiement par internet; > les possibilités de recharge sont en général moins variées. Elles se limitent soit à internet (voir ci-dessus), soit à un réseau de distribution (quoique pour Mobile Plus chez Delhaize ou 1-Mobile chez Carrefour ce n'est plus du tout un problème). Certains opérateurs disent proposer les deux, mais, en pratique, leur réseau de distribution est tellement réduit que les recharges ne peuvent, en réalité, se faire que via internet; > la durée de validité des recharges est très variable d'un opérateur à l'autre. A titre d'exemple, la recharge de 5 € est valable 30 jours chez Proximus, 6 mois pour 1-Mobile, Ugly Duck (Proximus), Simply by Mobistar, mais 9 mois pour Simyo, 12 mois chez The Mobile Factory, etc.; > certains de ces opérateurs se réservent le droit de suspendre la ligne en cas de non utilisation du service durant une période parfois très courte (deux mois chez Dixitel !); > l'accès au service clientèle, gratuit chez les trois opérateurs traditionnels, via le GSM du client est, parfois, payant ou uniquement possible via internet. Les horaires de disponibilité de ce service clientèle sont, en outre, sujets à variations ce qui est un net recul pour les consommateurs; > l'utilisation à l'étranger est très aléatoire. Elle est parfois limitée à quelques pays. Ex. : NRJ Mobile limitée aux les pays limitrophes. Le multimédia : attention à la facture Le succès relatif rencontré par le portail iMode de Base n'a de toute évidence guère refroidi ses grands concurrents qui, avec l'UMTS et le téléphone mobile à haut débit, ont encore développé leurs portails propres, Vodafone Live pour Proximus et Orange World pour Mobistar. L'utilisateur peut y puiser des informations gratuites (actualités, météo, etc), mais aussi télécharger du contenu (sonneries, images, chansons, jeux, séquences vidéo, etc.) et, plus récemment, visionner un bouquet de chaînes TV prédéterminé (avec les appareils UMTS uniquement). A quel prix ? Un abonnement à iMode de Base coûte 7 €/mois pour un trafic de 20 Mb. Chez Proximus et Mobistar, l'accès au portail peut être facturé soit à la session (0,50 €/session d'une heure maximum), soit au forfait de 15 connexions/mois, soit sous forme d'abonnement illimité (entre 6 et 7,50 € selon l'opérateur). Quelques exemples de services : Hello Tones (une musique d'accueil pour vos correspondants en attente) vaut 3 €/3 mois, le téléchargement d'une image de fond d'écran vaut 1,99 € chez Proximus, le chat mobile coûte 1 €/heure, la télévision de 0,49 € la session jusqu'à 7,99 €/mois pour un abonnement (très limité), etc. Ces petites sommes n'ont l'air de rien, mais elles peuvent faire exploser la facture en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. D'autant qu'il faut encore ajouter les coûts de connexion au portail et, si une consultation ou un téléchargement s'opère depuis l'étranger, les tarifs (prohibitifs) de roaming. A titre d'exemple : 1 Mb téléchargé de l'étranger coûte 11,5 € chez Mobistar et 12 € chez Proximus. Quand on sait que le téléchargement d'une chanson peut approcher les 2 MB... Voyez à ce sujet notre édito en p. 3. • Poser les bonnes questions Pour choisir un (nouvel) opérateur, le premier réflexe à adopter est l'analyse de ses propres besoins en matière de téléphonie mobile. Combien d'appels ? Vers quels réseaux ? Des appels courts (moins d'une minute) ?, Des appels fréquents à ou depuis l'étranger ? Au delà de cela, on peut affiner en vérifiant : > les tarifs proposés pour les services de base (appels vocaux et SMS) en fonction des besoins réels; > les services proposés (ex. le roaming étendu ou l'accès au réseau GPRS); > les tarifs de ces services (surtout les tarifs de roaming pour les destinations fréquentes et/ou habituelles); > la façon dont le temps d'appel est comptabilisé (à la minute, à la seconde, à la minute pour commencer puis à la seconde...); > le service clientèle peut-il être contacté gratuitement; > pour les cartes prépayées : fautil payer des frais pour la carte SIM ? Comment souscrire au service (en magasin ou via internet) ? Quelles sont les possibilités de recharge ? Quelle est la durée de validité du crédit d'appel ? > dans le cas d'un abonnement : quelle est la durée minimale du contrat ? Doiton s'acquitter de frais d'activation ? Le forfait est-il bien adapté ? L'EMBARRAS DU CHOIX La grande disparité des formules et la multiplication des options rendent toute comparaison directe impossible. Difficile donc de désigner la (les) formule(s) tarifaire(s) qui conviendra (ont) à tout le monde. Avec l'arrivée des petits opérateurs alternatifs, on constate une lente érosion des prix pour les services de base, assorties de grandes disparités des services et des conditions. Ce qui rend le choix d'autant plus complexe pour le consommateur. On peut cependant tirer quelques grandes lignes de notre analyse : > tous les opérateurs ont développé certaines stratégies similaires. Ex. : plus on appelle, plus on bénéficie de conditions avantageuses sur ses appels ou ses SMS. De là une surenchère de "minutes gratuites" qui ne sont que rarement intéressantes (souvent limitées aux appels sur le même réseau et non transférables au mois suivant) et qui, au contraire, peuvent s'avérer coûteuse à long terme si pour les obtenir, il faut s'engager auprès d'un opérateur pour de nombreux mois; > le tarif associé à une carte prépayée n'est pas forcément plus élevé que celui d'un abonnement. Pour ceux que ne rebute pas un contact exclusif via internet, les "hard-discounters" de la téléphonie mobile, tels que Simyo, proposent des formules prépayées à des tarifs qui comptent parmi les plus bas du marché; > la distinction entre heures creuses et pleines est de moins en moins de mise ainsi que les distinctions de réseau. Le calcul des coûts est, dans ce cas, simplifié et beaucoup plus transparent; > téléphoner, envoyer des SMS ou profiter des applications multimédias à l'étranger coûte beaucoup trop cher et, de plus, il est impossible à l'utilisateur, de les estimer au préalable. Bref, si la variété des offres permet aujourd'hui de diminuer de beaucoup sa facture de téléphonie mobile – à condition d'oublier, pour l'instant, les nouveaux services multimédias et l'utilisation à l'étranger – la prudence reste de mise et nos conseils (voir encadré) toujours d'actualité. février 2007 . n° 506 . test-achats 25