« Le couple dans tous ses états - psychologue

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« Le couple dans tous ses états - psychologue
« Le couple dans tous ses états ! »
Qu’est-ce qu’on entend par couple ?
Qu’est-ce qu’on attend d’un couple ?
Pourquoi les deux partenaires ont besoin « d’accorder leurs violons » pour cohabiter ?
La nécessité de communiquer pour le bien-être de tous.
Pourquoi les difficultés à communiquer s’installent dans le couple ?
« Tah al houk » ou « lka rtah ». Ce qui conduit au choix du partenaire…
Comment et pourquoi la femme s’improvise super woman dans la famille ?
La sexualité comme définition de la relation dans les rapports de soumission voir d’aliénation.
Quand la sexualité devient l’unique moyen de communiquer, par son absence ou sa fréquence.
L’argent pour définir la relation…
Sont autant de questions et de préoccupations d’actualité pour les couples quel que soit leur étape
de vie.
Et, les problèmes les plus fréquents que rencontrent les couples tournent en général autour de la
communication, de la sexualité et de l’argent.
Aujourd’hui les hommes et les femmes se rencontrent virtuellement ou physiquement par le biais des
nouvelles technologies mais surtout grâce à leur entourage, famille, amis… dans le contexte
professionnel et pourquoi pas dans la rue.
Stimulés par le groupe d’appartenance pour en fin de compte un même objectif : se multiplier.
Ils projettent de s’unir et de se lier par un contrat formel ou informel. Au Maroc cette union est
d’abord confirmée par le religieux et le juridique puis par la famille au sein du mariage. Les règles qui
le sous-tendent distribuent les tâches et les fonctions de chacun en vue d’accompagner les « petits »
pour les préparer à prendre la relève dans le groupe d’appartenance où ils sont censés vivre et
participer à sa durabilité dans le respect du système patriarcal.
Dès les premières rencontres, les échanges, tant sur le plan verbal qu’infra verbal vont dans le sens
d’une approche éthologique qui va permettre de poser les bases des futures négociations. Et leurs
différences de sexe, d’appartenances, et d’attentes participent pleinement à donner le tempo.
Chacun arrive avec un « bagage relationnel », relatif à tout ce qu’ils ont acquis dans leurs familles
respectives comme : les coutumes, les rituels, les valeurs, les croyances, les règles qui définissent les
relations entre les partenaires et les différents membres de la famille dans le respect de la hiérarchie,
la distribution des fonctions Femme/Homme, les attentes liées au genre, les symboliques linguistiques
et culturelles...
C'est-à-dire tout ce qu’ils se sont appropriés dans le registre de la communication et des relations
interpersonnelles.
Ces premières interactions participent largement au choix même du partenaire…Il arrive de constater
qu’ils vont bien ensemble « Tah al houk » ou « lka rtah » ou peut être pas ? Mais même quand les
discordances les plus tapageuses hurlent leurs mésententes, à bien chercher… il y a une certaine
compatibilité voire une collusion qui en font « une victime et un bourreau » chacun à son tour… Les
difficultés de l’un fonctionnent avec celles de l’autre. Elles s’emboitent mutuellement, comme si
chacun dans sa quête du « partenaire idéal » va accepter des compromis pour rester lié dans cette
relation en cherchant des compensations...
Leila Gharbi - Psychologue-Psychothérapeute | 4,rue Al Ganzra. Rés. Al Boustane. Appt.2 - Agdal - Rabat.(Maroc)
| tél: +212/(0)5 37682254 | [email protected]
Pour revenir aux règles de la famille, il faudrait préciser que chaque groupe qui se crée, va se mobiliser
(dès le départ) pour sa survie, autour de véritables tractations afin de mettre en place ses règles de
fonctionnement. Ceci pour assurer évidemment sa permanence et sa cohésion. Ces règles vont soustendre les comportements des différents membres actuels et ceux à venir, ainsi que le type de relation
qu’ils doivent établir entre eux, celles attendues par chacun d’eux, ainsi que celles à adopter avec les
familles d’origine et l’extérieur.
Dans l’histoire d’un couple, chacun essaye d’apporter le maximum de ce qu’il connaît déjà (c’est plus
rassurant), en puisant dans son « bagage » et c’est le partenaire qui a les liens les plus difficiles voir
conflictuels avec sa famille d’origine qui va lutter pour imposer ses modèles relationnels (d’après Mara
Selvini Pallazoli) d’abord dans le couple pour ensuite passer à la famille.
C’est ainsi que se négocie la définition de la nature de la relation entre les deux partenaires. Cette
définition est indispensable et incontournable (on n’oublie pas que nous avons à faire à une relation
qui aspire à durer vu qu’elle va potentiellement accueillir la relève). Ainsi, pour sa survie et par
économie d’énergie, la famille (le système) aura tendance « à mettre de l’ordre ». C’est à dire qu’elle
va trouver ces fameuses règles fonctionnelles pour elle, qui lui permettront de distribuer les tâches et
les fonctions qui seront allouées, adoptées et acceptées par tous ses membres dans le respect des
valeurs non seulement des deux familles d’origine mais surtout du groupe d’appartenance. Cette
distribution ne se fait jamais au hasard car chacun doit y trouver son compte toujours avec la
préoccupation de « rendre compte » à ses appartenances familiales d’origines ! Cela signifie que
chaque représentant de sa famille répond à des stimulations explicites et implicites.
Si un consensus n’est pas trouvé par les deux partenaires pour équitablement puiser des ressources
des deux familles d’origine comme richesse pour la famille nucléaire. Cette démarche peut rester
active tout au long du cycle vital de la famille accompagnant tous les événements significatifs, pour
atteindre l’ultime objectif capital : passer le maximum de ses valeurs à la relève du groupe c'est-à-dire
« les petits »…pour perdurer.
C’est épuisant, cela absorbe une très grande énergie de la famille qui aurait pu être investie dans sa
promotion et son hygiène de vie et vient témoigner des difficultés de communication voir des
pathologies qui peuvent s’installer insidieusement.
En général le couple arrive à trouver des compromis pour stabiliser le système. C’est vital.
Sinon il y a rupture de la relation. Les deux partenaires trouvent donc une certaine stabilité et se
mettent d'accord sur une définition mutuellement acceptable. Même si cet équilibre est précaire…
Les règles et les valeurs du nouveau groupe s’inspirent ainsi de chacune des familles d’origine, se
cherchent et se négocient pour aboutir à une construction nouvelle adaptée aux besoins et aux
impératifs de la vie du couple dans le contexte immédiat. Ces mêmes règles vont être remises en
question à l’arrivée de chaque enfant et aux différentes étapes de la vie de la famille. C’est ainsi que le
système intègre les nouvelles informations qui lui arrivent, en s’adaptant aux stimulations qui lui
viennent de l’intérieur et de l’extérieur. Elles arrivent des deux familles d’origine notamment dont
l’implication se module selon les différents contextes rencontrés dans le temps, les spécificités
culturelles, sociales et selon la problématique propre à chaque famille. A chaque étape, la famille
mobilise ainsi son énergie car son équilibre est mis à l’épreuve par sa croissance et sa circulation dans
l’écosystème.
Les difficultés à communiquer peuvent s’installer au cours de cette quête et de ses négociations à
propos des règles à retenir et celles à trouver pour le « nouveau nid ».
Leila Gharbi - Psychologue-Psychothérapeute | 4,rue Al Ganzra. Rés. Al Boustane. Appt.2 - Agdal - Rabat.(Maroc)
| tél: +212/(0)5 37682254 | [email protected]
La capacité à se distancier de ces appartenances sans rupture pour pouvoir créer son nid est une
confirmation de la sexualité de chacun par la famille d’origine en premier lieu, ce qui est de bon
augure pour l’hygiène mentale de la famille.
Le groupe social mandate ainsi la famille pour préparer les relèves à assumer des fonctions
spécifiques.
Il est attendu des femmes l’occupation du territoire interne de la famille, c'est-à-dire prendre en
main la logistique du foyer pour recevoir « les petits » dans le nid et les accompagner tout au long
de leur développement en protégeant la cohésion de la famille.
Cette tâche a une double finalité : les préparer à vivre dans le milieu d’origine, d’appartenance ; et
leur transmettre ses même règles et valeurs du groupe à utiliser et à passer à nouveau à d’autres
relèves sous l’œil protecteur de la génitrice, contrôlée par le père qui se présente comme potentiel
dépositaire (système patriarcal). En effet, c’est avec subtilité et à travers les gestes et les
préoccupations du quotidien qu’elle répond aux attentes du groupe d’appartenance.
Il est attendu des hommes d’investir le territoire extérieur au foyer pour rapporter la monnaie
d’échange qui pourra servir les intérêts de la petite famille ; et de veiller à la passation des valeurs
du groupe d’appartenance par la mère aux enfants.
De ce fait, les fonctions femme/homme semblent complémentaires et la soumission de la femme
aux règles du système patriarcal est recherchée dans la logique de ce même système pour assurer
sa viabilité et sa durabilité. Les intérêts du groupe d’appartenance passent ainsi avant celles des
individus et cette complémentarité recherchée avec toujours le même en position basse risque de
se transformer en dysfonction.
La famille a ainsi pour tâche de veiller à atteindre au mieux ces objectifs avec la participation
étroite des deux partenaires. Et le représentant de la filiation s’improvise principal contrôleur de la
bonne marche du processus de préparation de la relève pour le groupe d’appartenance (c'est-àdire le sien).
Quand les négociations n’arrivent pas à aboutir pour l’intérêt de la petite cellule et servent en
priorité les familles d’origine, on peut assister à l’émergence de comportements inadéquats
excessifs. Cela se manifeste à travers une préoccupation et une recherche par excès du bien être
des enfants, une crainte pour tout ce qui les touche, un investissement important pour leur
scolarité, une gestion de l’économique dans le flou … Et, la mère stimulée par le groupe, le
partenaire et ses références, réagit par instinct de survie pour sauver le nid et ses petits en
s’improvisant « super woman ». Elle devient ainsi la complice du maintien de l’homéostasie, voir
même plus alerte au respect des valeurs et attentes du groupe d’appartenance pour sauver la
cohésion de la petite famille.
Elle occupe sa place et cherche à faire également à la place de tous les adultes autour de « la
portée », le père compris, par crainte pour la survie de tous. Plus la dysfonction est importante,
plus elle peut se retrouver « hors la loi », à contre courant des règles du système de filiation qui
valide l’inscription des enfants dans les registres familial, social et religieux et octroie au père le
géniteur une place où il est censé protéger les enfants avec leur mère. (Représentations sociales et
religieuses)
Leila Gharbi - Psychologue-Psychothérapeute | 4,rue Al Ganzra. Rés. Al Boustane. Appt.2 - Agdal - Rabat.(Maroc)
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La famille reste un espace actif de jeux de pouvoir entre les deux partenaires. La sexualité du
couple y joue un rôle important, elle est source de vie, de stimulations des affects qui permettent
à la famille de durer dans le temps tout en accompagnant la relève.
Quand la perte d’alternative pour la visibilité et l’autonomie de la petite famille nucléaire sont
compromises, la sexualité peut devenir l’unique moyen de communiquer, par son absence ou sa
fréquence…Cela met en place des redondances qui brouillent la qualité des interactions entre les
membres de la famille.
Quant à la question économique, elle est omniprésente à toutes les étapes dans la vie familiale.
Les transactions autour de l’argent expriment les émotions et sont orientées par les affects. Elles
participent de façon significative à la définition de la relation dans le couple.
La gestion de l’argent dans la famille va témoigner de l’aboutissement des négociations inter et
intra familiales. Elle donne une idée palpable sur la capacité adaptative de la famille, sa créativité
et sa liberté de se mouvoir pour se réaliser en tant qu’entité à part entière. Elle peut rester liée aux
familles d’origine dont elle a besoin pour préparer la relève mais est autorisée à se distancier afin
d’assurer sa viabilité dans un environnement écologique.
Leila Gharbi - Psychologue-Psychothérapeute | 4,rue Al Ganzra. Rés. Al Boustane. Appt.2 - Agdal - Rabat.(Maroc)
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