Les traites négrières et l`esclavage

Transcription

Les traites négrières et l`esclavage
Les traites négrières et
l’esclavage
au XVIIIe siècle
Problématique
Comment s’organise le commerce des
esclaves dans l’Atlantique?
Un esclave et son maître aux Antilles françaises
Pourquoi y a-t-il des esclaves noirs aux Antilles
françaises?
I. De l’Afrique à l’Amérique: la
capture et le trajet des esclaves
Consigne: A partir des documents, rédige un paragraphe dans lequel tu
expliques le parcours d’un esclave de sa capture en Afrique à son arrivée
en Amérique.
Document 1: l’enlèvement d’Equiano par des chasseurs d’esclaves
(Guinée, Afrique )
Un jour où tous nos parents étaient allés à leurs travaux comme
d’habitude, tandis que j’étais resté seul avec ma sœur pour garder la
maison, deux hommes et une femme franchirent nos murs […] nous
saisirent tous les deux […], nous fermèrent la bouche. […] Ils nous
ligotèrent les mains et nous transportèrent ainsi aussi loin que
possible. […] Après plusieurs jours de voyage pendant lesquels je
changeai souvent de maîtres, j’arrivai entre les mains d’un chef de clan,
dans une région agréable. […] Je fus de nouveau vendu et […] après un
très long voyage, j’arrivai dans une ville appelée Tinmah. […] Un
marchand qui y vivait me vendit […] pour 172 coquillages […] à une riche
veuve. […] Je commençais à croire que cette famille m’adopterait […]
lorsque, […] un matin à l’aube, on me tira de mes rêves […] en
m’emmenant précipitamment. […] Finalement j’arrivai au bord d’une
grande rivière (probablement le Niger) où affluaient des pirogues. […]
Ma surprise fut mêlée d’une grande peur lorsqu’on me plaça dans l’une de
ces pirogues. […] De cette manière, je continuai mon voyage […] jusqu’à
ce que, au bout de six ou sept mois après ma capture, j’arrivasse à la
côte maritime.
D’après "Comprendre la traite négrière atlantique" au CRDP de Bordeaux
(2009)
Doc.2:
Document 3 : la traversée d’Equiano
La première chose qui salua mon regard lorsque j’arrivai à la côte fut
la mer, ainsi qu’un bateau négrier qui allait alors au mouillage et
attendait son chargement. Cette scène […] se transforma en terreur
lorsqu’on me transporta à bord. Quelques membres de l’équipage me
malmenèrent aussitôt et me jetèrent en l’air pour voir si j’étais bien
portant. Lorsque j’observai tout autour du bateau et aperçus […] une
multitude de Noirs de tous âges enchaînés les uns aux autres […], je
m’évanouis. Quand je repris un peu connaissance, je vis quelques Noirs
près de moi qui, je crois, faisaient partie de ceux qui m’avaient amené à
bord, et pour cela recevaient leur salaire.[…] Je leur demandai si nous
n’étions pas destinés à servir de nourriture à ces hommes blancs aux
regards horribles, aux visages rouges et aux cheveux longs.
D’après "Comprendre la traite négrière atlantique" au CRDP de
Bordeaux (2009)
Document 4 : un navire négrier
Document 5 : la « danse des nègres »
Anonyme, Traversée, danse des nègres, extrait de La France maritime, Paris, t. 3,
1837, 18,9 x 26,6 cm ©Musée d’Aquitaine, Bordeaux. Legs Chatillon.
Document 5 :
Colonies européennes et commerce triangulaire
L’esclavage existe depuis l’Antiquité, période pendant laquelle
il concerne des populations blanches et noires. La traite négrière
s’organise ensuite dès le VIIe siècle sous l’impulsion des marchands
musulmans.
A partir du XVIe siècle, les marchands européens se livrent à
leur tour à la traite des esclaves: c’est la traite atlantique. Elle se
développe au XVIIIe siècle afin de fournir de la main d’œuvre en
Amérique.
Des navires quittent les ports négriers d’Europe ( Liverpool,
Nantes, Bordeaux …) puis font escale en Afrique de l’Ouest où ils
échangent des esclaves contre des produits européens. Marqués au
fer et entassés, la traversée est très dure pour les esclaves qui
meurent en grand nombre. Les survivants sont vendus en Amérique à
des planteurs.
II. La vie des esclaves en Amérique
Consigne:
- Lis les 3 documents puis souligne les idées essentielles.
- Rédige un paragraphe dans lequel tu expliques le sort des
esclaves en Amérique.
Document 1 : Le Code Noir (1685)
Le statut de l’esclave
Article 2 : Tous les esclaves qui seront dans nos îles seront baptisés et instruits dans la religion
catholique, apostolique et romaine […].
Article 12 : Les enfants qui naîtront de mariages entre esclaves seront esclaves et appartiendront
aux maîtres des femmes esclaves, et non à ceux de leur mari si le mari et la femme ont des maîtres
différents.
Une obligation de nourriture
Article 22 : Les maîtres seront tenus de fournir, par chacune semaine, à leurs esclaves âgés de dix
ans et dessus, pour leur nourriture, deux pots et demi, mesure de Paris, de farine de manioc, ou trois
cassaves pesant chacune 2 livres, ou choses équivalentes, avec 2 livres de bœuf salé, ou 3 livres de
poisson, ou autres choses à proportion. Et aux enfants, depuis qu’ils sont sevrés jusqu’à l’âge de dix
ans, la moitié des vivres ci-dessus. […]
Une soumission de tous les instants
Article 28 : Déclarons les esclaves ne pouvoir rien avoir qui ne soit à leur maître […].
La justice au service des maîtres
Article 38 : L’esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois à compter du jour que son maître
l’aura dénoncé en justice, aura les oreilles coupées et sera marqué d’une leur de lys sur une épaule.
Et s’il récidive une autre fois à compter pareillement du jour de la dénonciation, aura le jarret coupé et
il sera marqué d’une leur de lys sur l’autre épaule .Et la troisième fois il sera puni de mort. […]
Article 42 : Les maîtres pourront seulement, lorsqu’ils croiront que leurs esclaves l’auront mérité, les
faire enchaîner etles faire battre de verges ou de cordes.
Article 44 : Déclarons les esclaves être des meubles […]
Document 2: Un châtiment
La femme est enduite de miel et ensuite couverte de fourmis rouges.
D’après l’Histoire,
« La France et ses esclaves »,
n°353
Un esclave et son maître aux Antilles françaises
Document 3 : un travail harassant
« Ceux qui vont au jardin, c’est-à-dire, qui cultivent la plantation, sont réveillés avant
l’aurore par le claquement de fouet du Commandeur chargé d’inspecter leur conduite, et
de punir leur négligence.
À midi on leur accorde deux heures, non pour prendre un repos si nécessaire sous ces
latitudes, quand on a labouré sept heures, mais pour aller préparer leur repas et celui de
leur famille. À deux heures précises le Commandeur rappelle au jardin ; et le travail dure
jusqu’à la nuit pour ceux qui ne sont point obligés de veiller au moulin.
Dans la plupart des plantations, les nègres attachés aux travaux particuliers de la
sucrerie n’ont pas d’autre occupation pendant la récolte. Alors ils sont divisés par quart,
c’est-à-dire en deux bandes qui se relèvent toutes les quatre heures. Le travail de ceux
qui sont aux moulins ou aux chaudières est extrêmement pénible, et demande des
ouvriers très exercés. […] Aussi l’excès de la fatigue tue-t-il bientôt ceux qui y sont
soumis.
Outre le travail du jardin, les esclaves sont obligés d’aller deux fois par jour recueillir de
l’herbe pour le bétail des moulins. Ce dernier devoir les fatigue d’autant plus, qu’ils vont
souvent chercher cette herbe à une grande distance de la plantation. »
D’après BS FROSSARD, La cause des esclaves nègres et des habitants de la Guinée porté au tribunal de la Justice,
de la religion, de la politique, Lyon, tome 1, 1788, chapitre 6 : « travaux auxquels on les soumet »
Document 4: lettre d’affranchissement
Traduction:
Par-devant les notaires de Bordeaux soussignés fut présent M. Guy Menoire de Beaujeau citoyen
demeurant en cette ville rue du petit Cancera, paroisse Saint-Pierre.
Lequel a dit que par les détails de la funeste insurrection survenue le huit du mois de novembre
dernier au fort Dauphin dans le quartier de Maribarou et notamment dans l’habitation dudit sieur
comparant, il a été instruit que le nommé Antoine, l’un des mulâtres attaché à cette habitation,
s’était comporté dans cette malheureuse insurrection avec la fermeté, le courage et la fidélité d’un
honnête homme puisqu’il a préféré de s’exposer à la vengeance du parti des insurgents et des
malintentionnés à la perte de tous ses effets et même de la vie car suivant les détails que l’on a donné
à mondit sieur comparant, cet honnête homme n’a pas craint dans un moment de crise de dire
hautement et avec fermeté qu’il périrait plutôt que d’être infidèle à son maître.
Une telle conduite porte avec elle la récompense par la satisfaction que doit éprouver ledit Antoine
d’avoir été idèle à ses devoirs, mais aux yeux de mondit sieur comparant une récompense bien
douce pourtant n’est pas suffisante et la belle qualité d’homme légalement libre est la seule et la plus
précieuse récompense.
D’après "Comprendre la traite négrière atlantique" au CRDP de Bordeaux (2009)
Les esclaves sont considérés comme des biens soumis à un
maître. La plupart sont soumis à un travail forcé agricole ou
domestique. Ils sont étroitement surveillés et peuvent être très
sévèrement punis. Beaucoup meurent d’épuisement ou de mauvais
traitements. Rares sont les affranchissements (=libérations
d’esclaves).
Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les révoltes
d’esclaves se multiplient dans les îles d’Amérique alors qu’en Europe, des
penseurs ( les Philosophes ) dénoncent l’esclavage.
La traite atlantique est un commerce qui enrichit les marchands
européens qui, après avoir vendu les esclaves en Amérique, chargent
leurs navires de produits tropicaux ( tabac, sucre, cacao, coton … ):
c’est le commerce triangulaire.
3) AMERIQUE:
Vente des esclaves /
Achat de produits
tropicaux (tabac,
coton, sucre…)
LE COMMERCE
TRIANGULAIRE
DANS
L’ATLANTIQUE
1) Point de départ: un port
d’Europe
- France: Bordeaux, Nantes
- Grande-Bretagne: Bristol,
Londres
- Provinces-Unies:
Amsterdam
2) AFRIQUE:
Vente des produits
européens (tissus, armes) /
Achat d’esclaves

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