L`antre du secret
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L`antre du secret
A PROPOS DE L'AUTEUR « Le nom de Heather Graham sur une couverture est une garantie de lecture intense et captivante », a écrit le Literary Times. Son indéniable talent pour le suspense, sa nervosité d’écriture et la variété des genres qu’elle aborde la classent régulièrement dans la liste des meilleures ventes du New York Times. L’antre du secret est le deuxième tome de la série « Cafferty & Quinn ». HEATHER GRAHAM L’antre du secret Titre original : WAKING THE DEAD Traduction française de JULIE ALBIZZI HARLEQUIN® est une marque déposée par Harlequin Si vous achetez ce livre privé de tout ou partie de sa couverture, nous vous signalons qu’il est en vente irrégulière. Il est considéré comme « invendu » et l’éditeur comme l’auteur n’ont reçu aucun paiement pour ce livre « détérioré ». Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © 2014, Slush Pile Productions, LLC. © 2016, Harlequin. Tous droits réservés, y compris le droit de reproduction de tout ou partie de l’ouvrage, sous quelque forme que ce soit. Ce livre est publié avec l’autorisation de HARLEQUIN BOOKS S.A. Cette œuvre est une œuvre de fiction. Les noms propres, les personnages, les lieux, les intrigues, sont soit le fruit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés dans le cadre d’une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des événements ou des lieux, serait une pure coïncidence. HARLEQUIN, ainsi que H et le logo en forme de losange, appartiennent à Harlequin Enterprises Limited ou à ses filiales, et sont utilisés par d’autres sous licence. Le visuel de couverture est reproduit avec l’autorisation de : HARLEQUIN BOOKS S.A. Réalisation graphique couverture : C. ESCARBELT (Harlequin) Tous droits réservés. HARLEQUIN 83-85, boulevard Vincent Auriol, 75646 PARIS CEDEX 13. Service Lectrices — Tél. : 01 45 82 47 47 www.harlequin.fr ISBN 978-2-2803-6271-9 En hommage à ma belle-sœur et à mon beaufrère, Angelina Mero Pozzessere et Alphonse Pozzessere, qui m’ont fait connaître le Massachusetts, m’ont appris à apprécier la merveilleuse cuisine italienne et m’ont fait découvrir cette ville incroyable et si riche d’histoire qu’est Salem. En hommage aussi à Dee Mero Law, George Law, Doreen Law Westermark, John Westermark, Kenneth Law, Bill, Eileen et Eddie Staples, et à « Auntie Tomato », Gail Astrella. Merci pour ces séjours extraordinaires, étranges et amusants à Salem ! 1 La maison se dressait rue Frenchmen, à La NouvelleOrléans. Elle était banale : ni luxueuse, ni décrépite, semblable aux maisons voisines, celles des classes moyennes où les parents travaillaient tous les deux et où les enfants allaient à l’école. Le jardin était bien tenu, mais sans plus, et la façade aurait mérité un coup de peinture. En somme, c’était un endroit qui n’aurait jamais dû attirer l’attention. Jusqu’à récemment, lorsqu’un voisin avait remarqué le corps d’une femme gisant dans la cuisine et appelé la police. En entrant à l’intérieur, la brigade avait trouvé une véritable scène de chaos. Michael Quinn n’était pas arrivé parmi les premiers — il n’était plus flic à présent, mais détective, pour autant il avait gardé des liens privilégiés avec ses anciens collègues de la police, qui l’appelaient quelquefois à la rescousse. Comme ce matin, quand Jake Larue, son ancien coéquipier, lui avait demandé de venir sur cette scène de crime. L’avantage, c’était que Larue lui payait des honoraires de consultant. Ce n’était pas plus mal, car certaines de ses enquêtes privées s’avéraient coûteuses. — J’ai vu beaucoup de choses dans ma carrière, fit 20 L'antre du secret Larue en retrouvant Quinn à la porte. L’ouragan Katrina, des bagarres de gangs, des crimes atroces, tout le lot habituel de la police… Mais je n’avais jamais vu un spectacle pareil ! Jake était pourtant assigné aux affaires les plus complexes, y compris celles qui frôlaient l’étrange et l’inquiétant. C’était un bon policier, Quinn le savait depuis longtemps. Il ne prétendait jamais avoir toutes les réponses et n’hésitait pas à demander de l’aide, d’où qu’elle vienne. L’essentiel, pour lui, c’était de résoudre les affaires. C’était pour cela qu’il avait appelé Quinn. Larue avait eu de la chance de le trouver, d’ailleurs : à l’heure qu’il était, il aurait encore dû être en mission au Texas, mais celle-ci s’était finie plus tôt que prévu, si bien qu’il avait pu revenir tard la veille au soir. Sans avoir le temps de prévenir personne : Danni allait être très surprise en le voyant arriver chez elle, comme il comptait le faire dans la matinée ! Mais, avant cela, il allait devoir se concentrer sur la scène de crime. Il regarda la façade d’un air intrigué. — Que s’est‑il passé ? Un deal de drogués qui a mal tourné ? La maison ne suggérait rien de tel, mais il ne fallait jamais jurer de rien en matière de drogue. — Je n’en sais rien, répondit Larue, mais ça m’étonnerait. Prends des gants et des couvre-chaussures. Nous essayons de ne pas attirer trop de curieux. Quinn haussa les sourcils. Il était presque impossible de protéger les scènes de crime quand les lieux grouillaient de monde. Mais Larue, habitué aux procédures, avait déjà prévu un cordon de policiers de la rue jusqu’au porche. A l’arrière de la maison, dans le jardin, d’autres policiers L'antre du secret 21 retenaient les voisins qui s’étaient rassemblés. Les seules personnes autorisées à passer étaient celles qui portaient un uniforme ou une blouse de secouriste. — Le Dr Hubert est là, dit Larue. Quinn aimait bien Ron Hubert, le médecin légiste. Il était compétent et savait faire preuve de souplesse. Il ne se vexait pas si l’on remettait ses conclusions en question ou si l’on suggérait des analyses supplémentaires. Comme il le disait lui-même, il pouvait faire des erreurs, ou parfois négliger un détail important, comme tout le monde. Il avait pour mission de faire parler les morts mais, si un cadavre inspirait une idée à quelqu’un d’autre, il l’acceptait volontiers. — Bien, dit Larue. Prenons les choses dans l’ordre. Voici l’entrée… Le corps d’un homme corpulent était étendu sur le sol. Penché sur lui, Hubert enregistrait des notes à voix basse sur son téléphone portable. — Victime de sexe masculin, entre quarante-cinq et cinquante-cinq ans. On peut fixer l’heure de la mort entre 6 et 7 heures du matin. La cause du décès est sans doute due à de nombreux coups à l’arme blanche, dont plusieurs sûrement mortels. L’homme a dû mourir sur place, comme l’indique la flaque de sang répandue. Il y a aussi des coulures autour de lui… Hubert coupa son téléphone et leva les yeux. — Faites attention au sang, dit‑il. Les techniciens prennent des photos mais nous préférons préserver au maximum la scène de crime. Quinn ! Ravi de vous voir ici, fiston. Ron Hubert appelait pratiquement tout le monde « fiston ». Il était né dans le Minnesota et ses origines 22 L'antre du secret nordiques étaient frappantes : ses cheveux blonds devenaient platine à mesure qu’ils blanchissaient et ses yeux étaient d’un bleu presque transparent. Son port droit le rajeunissait mais Quinn savait qu’il avait la soixantaine. — On l’a poignardé ? Vous avez trouvé l’arme ? demanda Quinn. — Non, répondu Larue, on n’a rien trouvé. Ce type s’appelait apparemment James A. Garcia. Sa famille vit dans le coin depuis le xixe siècle. Il avait hérité de cette maison et travaillait comme coursier pour une compagnie de transport. — Le corps dans la cuisine est celui de sa femme, Andrea, intervint Hubert. C’est comme si elle avait été tailladée à coups d’épée. Vous pouvez lui montrer, Larue. Ensuite, je ferai emmener les corps à la morgue. Quinn suivit Larue dans la cuisine. C’était impossible de donner un âge à la victime. Elle était si défigurée que seules sa robe et la longueur des cheveux indiquaient qu’il s’agissait d’une femme. Elle n’avait pas seulement été « tailladée » : on aurait dit qu’on l’avait littéralement passée dans un hachoir. Son sang se répandait en rigoles irrégulières sur le linoléum. Ils l’observèrent un moment en évitant de piétiner le sol puis Larue lança : — Suis-moi là-haut. Le cauchemar n’est pas fini. Un troisième corps reposait sur un lit, dans une chambre. — Arnold Santander, expliqua Larue, le père de Mme Garcia, apparemment. On l’a abattu d’une balle. — Revolver ? Fusil ? — Quelque chose d’assez gros pour faire des dégâts considérables. Et ce n’est pas tout… Il y en a d’autres. Dans la chambre suivante, un quatrième corps avait été massacré à coups de gourdin. Il était méconnaissable. L'antre du secret 23 — Maggie Santander, dit Larue. La mère de Mme Garcia. Ils redescendirent. Le cinquième corps se trouvait au rez-de-chaussée, près de la porte donnant sur l’arrière de la maison. Comparé aux autres, il était en relativement bon état. — Et voici la sœur de Mme Garcia, Maria Orr. D’après les voisins, c’est elle qui a emmené les enfants Garcia à l’école, ce matin. C’était leur habitude : Mme Garcia, elle, allait les chercher le soir. Maria revenait souvent prendre un café avant d’aller travailler, sur un marché local. Sa sœur était femme au foyer. Quinn s’agenouilla près du corps et lui souleva délicatement les cheveux. Il regarda Larue en fronçant les sourcils. — Etranglée ? — D’après les premières constatations de Hubert, oui. Quinn se releva. — Et il n’y a vraiment aucune arme dans la maison ? Ni dans le jardin ? — Aucune. Les techniciens cherchent encore, bien sûr. J’ai des hommes qui interrogent les voisins et qui fouillent toutes les poubelles du voisinage. La ville est en état d’alerte. Je vais devoir donner une conférence de presse. Tu as une idée de quelques mots raisonnables que je pourrais dire pour éviter la panique ? L’un des policiers de Larue, qui s’approchait en contournant le corps avec précaution, entendit la question et marmonna : — Vous pourriez leur dire de prendre un chien et d’acheter une mitraillette ! Larue lui jeta un regard glacial. 24 L'antre du secret — Il ne manquerait plus que ça, persifla-t‑il. Des citoyens terrifiés et armés jusqu’aux dents ! Quinn, quel genre de vibrations ressens-tu ? Que te dit ton instinct ? Est‑ce que tout cela t’évoque quelque chose ? Quinn haussa les épaules. — Y a-t‑il le moindre signe que les victimes auraient consommé de la drogue ? Ou trafiqué ? — Ce pauvre Garcia était coursier, entraîneur de baseball et diacre de sa paroisse. Son épouse faisait des tartes aux pommes… Aucune trace de drogue. Et il est clair aussi qu’aucun d’eux n’a tué les autres avant de se suicider. Quinn hocha la tête puis résuma la situation telle qu’il la comprenait. — En somme, les grands-parents étaient chacun dans leur chambre, au lit. Sans doute parce qu’ils étaient âgés et en mauvaise santé. Mme Garcia était en train de débarrasser le petit déjeuner et son mari s’apprêtait à partir travailler. La tante a dû revenir de l’école à ce moment‑là, s’apercevoir de quelque chose et courir vers la porte arrière. Mais c’était trop tard. Il semblerait logique qu’on l’ait abattue dans le dos pour l’empêcher de s’enfuir mais non, on l’a étranglée. Le fait qu’on ait employé plusieurs méthodes pour tuer laisse penser que les agresseurs étaient plusieurs. Ce qui est étrange, ce sont ces mares de sang autour des victimes. Elles sont intactes. Personne n’a marché dedans et il n’y a pas d’empreintes de mains sanglantes sur les murs… Juste des éclaboussures… Il soupira puis reprit : — Ça ne devrait pas être très difficile de retrouver les meurtriers, car ils seront couverts de sang. Seule la victime étranglée n’a pas la moindre tache. C’est pour ça que je pense qu’elle a été tuée en dernier et qu’il y a eu L'antre du secret 25 plusieurs agresseurs. S’il n’y en avait eu qu’un, il aurait commencé par elle, avant d’avoir les mains ensanglantées. Mais, comme elle tentait de fuir, cela signifie que les autres étaient déjà morts… — Donc, on doit chercher plusieurs suspects… — C’est ce que je soupçonne, en tout cas. Et ils seront couverts de sang, sauf s’ils avaient mis des vêtements de protection. Mais, même ainsi, il y aura forcément des gouttes de sang quelque part. Ce qui est vraiment étrange, c’est que ces agresseurs ont apparemment tué leurs victimes là où ils les ont trouvées, puis se sont volatilisés. Larue écoutait Quinn avec attention, les sourcils froncés. — Pour l’instant, tu ne me dis rien que je ne sache déjà ! — Je ne suis pas omniscient ! — C’est vrai, mais… — Tes hommes doivent absolument chercher des gens avec des taches de sang sur eux. Il est impossible de faire un tel carnage sans que cela laisse des traces. Et, naturellement, les techniciens doivent passer toute la maison au peigne fin. — En plus, soupira Larue, rien n’a été volé. Cela ressemble vraiment à une vengeance. Un proche s’estimant lésé, une querelle de famille… Ou alors un psychopathe qui passait par là. Ce genre de crime atroce n’est pas forcément celui d’un intime. Il y a des exemples célèbres. Jack l’Eventreur avait horriblement mutilé sa dernière victime, Mary Kelly, et il choisissait ses proies absolument au hasard. — Mais c’étaient toutes des prostituées, rappela Quinn. Il avait un « type » de victimes. A quel « type » cette famille Garcia pouvait‑elle bien correspondre ? Je 26 L'antre du secret te conseille d’en apprendre plus sur eux. Peut‑être qu’un objet a tout de même été volé, en dépit des apparences. — Rien n’a été dérangé, aucun tiroir n’a été ouvert, ni aucune boîte à bijoux… Quinn dévisagea son ancien collègue. Larue approchait de la quarantaine. Il était grand, mince, avec les cheveux très courts et le regard vif, pétillant d’intelligence. Il était très doué pour se fier à son instinct et, par chance, son instinct lui soufflait toujours de faire confiance à Quinn. — C’est pour ça que je t’ai fait venir, ajouta Larue. Parce que je sais très bien voir ce qui saute aux yeux alors que, toi, tu es capable de deviner ce qui ne se voit pas. Je te ferai passer toutes les informations que je pourrai réunir d’ici quelques heures. Hubert commencera les autopsies dès qu’il sera de retour à la morgue. — Ça ne t’ennuie pas si je refais un tour à l’intérieur ? Je voudrais vérifier quelque chose… — Quoi donc ? — Comme je te l’ai dit, je suis étonné de ne pas trouver plus de taches de sang dans la maison. Et je suis surpris que les seules coulures qu’on distingue ramènent à James Garcia. — Tu ne suggères tout de même pas qu’il a massacré toute sa famille avant de revenir dans l’entrée se tailler lui-même en morceaux ? — Non, bien sûr. Je dis simplement que ces coulures semblent indiquer qu’on est d’abord monté à l’étage tuer les grands-parents, puis qu’on est ensuite passé dans la cuisine tuer l’épouse, et qu’après seulement on s’en est pris à James Garcia puis à la tante. Cela dit, tu remarqueras qu’il n’y a aucune trace de sang sous les portes. En tout cas, comme je l’ai dit, le ou les agresseurs se sont forcément L'antre du secret 27 retrouvés couverts de sang. Il est d’ailleurs très étonnant que personne dans le voisinage n’ait rien remarqué. Je sais qu’il y a beaucoup de crimes à La Nouvelle-Orléans, mais on n’est pas au moment d’Halloween, où personne ne s’étonne de voir des zombies et des vampires se promener partout. Même si les agresseurs sont sortis vêtus d’un drap ou d’une couverture, on comprend mal comment ils sont parvenus à ne laisser aucune empreinte à l’extérieur. — Peut‑être avaient‑ils une voiture ou une camionnette qui les attendait, dit Larue. — C’est possible, mais il y aurait tout de même des gouttes, des traces sur le seuil de la maison… Je vais examiner tout ça, d’accord ? — Je t’en prie. A la seule condition que tu gardes tes couvre-chaussures et que tu ne déranges pas mes techniciens. Quinn laissa Larue donner ses instructions sur l’enlèvement des corps et se mit à déambuler dans la maison. Tout d’abord, il ne trouva rien de particulier. Evidemment, il évitait soigneusement de déranger les policiers, très occupés à faire leurs relevés. Il savait qu’ils n’avaient jeté pour l’instant qu’un coup d’œil rapide dans le garage et décida de commencer par là. Il s’en félicita, car il tomba aussitôt sur quelque chose d’étonnant. Un bocal de verre, sans étiquette, à demi dissimulé entre deux pots de peinture. Il le prit dans ses mains et l’examina avec attention, les sourcils froncés. Le bocal avait contenu quelque chose. On l’avait nettoyé mais… il y restait une trace rouge. Un résidu. 28 L'antre du secret Etait‑ce du sang ? La tache était si petite que c’était difficile à dire. Il allait falloir faire des analyses. Il se hâta d’aller remettre le bocal à Grace Leon, qui dirigeait les techniciens de scène de crime. Elle observa à son tour la trace suspecte. — Merci, dit‑elle. Nous aurions fini par trouver ce bocal, bien sûr, mais… merci tout de même. Est‑ce que cette trace est bien ce que je pense ? Quinn eut un nouveau sourire amer. — Il faudra attendre les résultats de l’analyse, mais je parie que oui. Le tableau accroché au mur — une remarquable « giclée1 » en couleur — attirait tout de suite le regard par son élégance et ses coloris exquis. Au premier plan, un gentleman aux cheveux noirs se penchait sur un sofa sur lequel une belle femme vêtue de blanc était étendue, en train de lire. On voyait l’homme de trois quarts et l’on devinait seulement son profil. Il tendait une rose à la femme. La scène dégageait une atmosphère nostalgique et un peu mystique, à la manière des toiles du peintre préraphaélite John Waterhouse. L’image semblait comme animée par une vie mystérieuse. L’observateur avait presque l’impression de pouvoir y pénétrer, de faire partie du tableau. Derrière le sofa se dressait une énorme cheminée, semblable à celle d’un château. Sur le manteau de la cheminée trônait le portrait d’un chevalier médiéval, 1. Impression d’art sur imprimante à jet d’encre, en haute définition et grand format. (NdT) L'antre du secret 29 sans son heaume. De part et d’autre, des plaques de métal arboraient les armoiries de la maison des Guillaume, avec au-dessous des épées entrecroisées. Sur la gauche se trouvait un massif escalier de pierre en face duquel se dressaient deux armures du xvie siècle, brandissant leur épée telles des sentinelles. Pourtant, l’ensemble évoquait plus une paisible atmosphère victorienne qu’une scène du Moyen Age. Sur le même tableau, à côté du couple, un garçonnet d’une douzaine d’années et une fillette d’environ huit ans jouaient aux échecs. A leurs pieds, un enfant plus jeune manipulait un jouet. Les couleurs, même pour un tirage moderne, étaient chatoyantes, avec des cramoisis profonds, soulignés de mauve et de gris dans les coins de pénombre. La robe de la petite fille jetait une tache bleu vif. Tout au fond, par une porte grande ouverte, un chienloup au pelage argenté aboyait tandis qu’un majordome accueillait des visiteurs à l’allure formelle. A première vue, la reproduction, romantique et paisible, n’avait rien à voir avec le titre écrit au-dessous : Fantômes de l’esprit. Pourtant, quand on examinait la scène avec plus d’attention, la perception commençait à changer. Si l’on modifiait un peu sa perspective, certains détails troublants apparaissaient alors. La femme, par exemple, tenait un poignard sous son livre. L’homme qui lui tendait une rose, dissimulait quant à lui un pistolet dans son dos. Vus de près, les heaumes des armures abritaient deux regards malveillants. Même les pièces du jeu d’échecs avaient des visages torturés qui paraissaient crier. 30 L'antre du secret Le jouet que manipulait le petit garçon, par terre, était une guillotine, et ce qu’on aurait pu prendre pour des fleurs éparpillées sur le sol étaient en fait des poupées décapitées. Danni Cafferty observait la toile, fascinée par le sinistre spectacle qu’elle dévoilait. Une voix derrière elle interrompit sa contemplation. — Danni ? Elle se retourna. Niles Villiers, le propriétaire de la galerie Images d’images, s’avançait vers elle. Wolf, son gigantesque chien de garde, était couché près d’elle. Wolf avait à peu près la taille d’un wagon de marchandises mais Niles ne cilla pas. Lui et Wolf se connaissaient et les animaux bien dressés étaient les bienvenus dans sa galerie. Wolf accepta les caresses de Niles en remuant la queue. — J’adore ce chien, dit Niles. Mais ce n’est pas celui de Quinn, ton ami ? Il y a un moment qu’on ne l’a pas vu. — Il est en voyage d’affaires au Texas. Niles la regarda avec commisération. — Ma pauvre ! J’aime bien Quinn. C’est un type formidable. Alors, quand il t’abandonne, il te laisse son chien ? Danni protesta vigoureusement. Elle n’était en rien abandonnée ! Après avoir résolu un cas mystérieux, autour d’un buste en marbre et d’un culte satanique, elle et Quinn avaient entamé une liaison mais c’est juste qu’ils avaient décidé de ne pas aller trop vite. Ils préféraient prendre leur temps. Quinn était parti prêter main-forte à la police du Texas un mois plus tôt. Il se déplaçait ainsi régulièrement à la demande de contacts et d’amis qu’il avait gardés dans les forces de l’ordre. D’ordinaire, ses missions ne duraient que quelques jours. Cette fois, cela semblait très long… L'antre du secret 31 En tout cas, Quinn lui laissait toujours Wolf quand il partait. Il savait que Wolf serait prêt à sacrifier sa vie pour sauver Danni. — Au moins, c’est un chien exceptionnel, dit Niles. — Absolument. Niles étreignit Danni avec affection, et elle l’embrassa avec chaleur. Niles n’était pas seulement un ami : c’était aussi celui qui lui avait généreusement prêté sa galerie de la rue Royal, A l’identique, pour exposer les tableaux qu’elle peignait. La galerie se trouvait non loin de la boutique d’antiquités et de curiosités de Danni, Le Chat de Cheshire. — Merci d’être venue ! lança Niles. — Tu me connais, Niles. Dès qu’il y a un vernissage quelque part, j’accours ! Un serveur passait. Niles prit deux flûtes de champagne sur le plateau et en tendit une à Danni. — Je suis ravi que tu sois là, dit‑il. Ta présence donne à ma galerie une note d’élégance et de sophistication plus qu’appréciable. Danni sourit. — Tu aurais dû me dire que je devais avoir l’air sophistiquée… J’aurais mis autre chose qu’un jean ! Niles agita négligemment la main. Lui-même arborait un costume élégant et était très beau, avec sa peau dorée et son regard noisette, pénétrant. Grand, mince, il avait tout d’un hôte raffiné. — Ma chère, tu serais superbe même habillée d’un sac-poubelle. Tu as une classe folle, un air mystérieux… et ce chien-loup à tes pieds te va très bien. Les gens regardent les toiles mais ils te regardent aussi, tu sais. 32 L'antre du secret Et, si jamais tu achètes quelque chose, ils se sentiront obligés de t’imiter ! — Merci de tes compliments… Mais je pense que c’est surtout Wolf qui intrigue tes clients ! Elle posa la main sur la tête du chien. Souvent, les gens en avaient peur et s’en écartaient, mais il était si bien dressé que beaucoup demandaient aussi à le caresser. Quand il n’avait pas à défendre farouchement ses maîtres, c’était un animal très affectueux. Même s’il comptait des loups parmi ses ancêtres. Niles se rapprocha de Danni en sirotant son champagne. — J’ai quelques huiles authentiques très jolies que j’espère vendre, mais je suis surtout ravi qu’une maison parisienne m’ait autorisé à faire des giclées de Fantômes de l’esprit, comme celle qui est exposée aujourd’hui. Elles sont superbement réalisées. Cela permet aux gens qui ne sont pas millionnaires d’avoir des œuvres d’art chez eux sans devoir dévaliser une banque. Et, franchement, la qualité est telle qu’on a du mal à distinguer les copies de l’original. — Tu exagères un peu, dit Danni en souriant. Cette toile est étonnante, c’est vrai, mais ce n’est tout de même pas le vrai tableau ! — Oui, oui, bien sûr… Mais, une fois au mur, elle fait vraiment de l’effet ! — J’espère que tu en vendras beaucoup et que tu gagneras beaucoup d’argent, répondit Danni avec élan. Du moment que l’artiste n’est pas lésé, c’est l’essentiel. — Danni ! — Excuse-moi, Niles. Je n’aurais pas dû dire ça. Il lui sourit. — Quand vas-tu exposer de nouveau ? Maintenant L'antre du secret 33 que cette affreuse histoire de secte est derrière toi ? demanda-t‑il. Danni haussa les épaules. Elle s’était remise au travail et avait repris le cours de sa vie depuis quelques semaines, c’était vrai. Il n’y avait même pas un an qu’elle avait découvert que son père, avant sa mort, avait mené une existence secrète et qu’elle avait hérité non seulement des antiquités de son magasin, mais aussi d’un certain nombre d’objets très particuliers. Niles faisait allusion à l’affaire du buste de Pietro Miro, bien sûr. A l’époque, Danni n’aurait jamais pu imaginer ce qu’était le Mal absolu, et maintenant elle ne le connaissait que trop bien. Son père n’avait pas seulement collectionné les objets rares ; il avait aussi été une sorte de guerrier livrant bataille pour libérer des innocents de forces malfaisantes. Elle avait parfois l’impression que c’était un rêve dans lequel, malgré elle, elle devait jouer un rôle. Auparavant, elle ignorait complètement que de sinistres pouvoirs pouvaient se loger dans un objet aussi banal qu’un buste de marbre. — Excuse-moi, se hâta de dire Niles. Je n’aurais sans doute pas dû te poser cette question. Cette histoire est encore récente, et je sais que tu es intime avec plusieurs des personnes qui ont été impliquées. — Rassure-toi, c’est fini, Niles. Bo Ray et moi nous débrouillons très bien avec la boutique. Je te remercie de l’intérêt que tu portes à mon travail. — Il y a tout de même plusieurs mois que je n’ai vu aucune de tes œuvres ! — J’y travaille. Je n’ai encore rien de prêt. — Eh bien, n’hésite pas à me montrer quelque chose, dès que tu voudras. Tu es très talentueuse, Danni. Comme 34 L'antre du secret Mason. Il n’a pas encore eu sa chance, mais ça viendra. Maintenant, je te laisse admirer mes Fantômes. C’est une œuvre magnifique, à voir à distance mais aussi de près. Henry Hubert avait beaucoup de talent et cette toile-là fait date dans son œuvre. Il avait toujours été fasciné par le côté obscur des choses mais il a rarement peint avec autant d’habileté la cruauté dissimulée dans les détails d’une scène exquise. Danni hocha la tête. — Je connais son Ange pleurant au crépuscule. C’est une toile très mélancolique, mais très belle. — Donc, Henry Hubert te dit quelque chose ? — Je suis diplômée d’histoire de l’art, je te rappelle. Je sais qu’il a laissé peu de toiles derrière lui car il est mort très jeune. Il est considéré comme un artiste mineur. On parle rarement de lui de nos jours. — Jusqu’à très récemment, corrigea Niles. Cela a changé quand on a redécouvert Fantômes de l’esprit. L’œuvre avait disparu depuis longtemps et a resurgi il y a quelques mois dans une vente aux enchères. Hubert est mort très jeune, c’est vrai. Dieu seul sait ce qu’il aurait peint s’il avait vécu plus longtemps ! Il avait un don extraordinaire pour la perspective. Peu d’artistes arrivent à créer des scènes différentes intégrées dans un même tableau de manière aussi efficace. — Si je me rappelle bien mes cours, l’original de cette toile a été peint en Suisse, durant l’été 1816. Une année si pluvieuse qu’on disait alors qu’il n’y avait pas eu d’été. — C’est vrai. Apparemment, l’éruption d’un volcan, le mont Tambora en Indonésie, avait modifié momentanément le climat. Je me suis intéressé à cette histoire en découvrant ce tableau. Le volcan était entré en éruption L'antre du secret 35 en 1815 mais les retombées ont eu des conséquences pendant plus d’un an. Il a neigé au mois de juin, même aux Etats-Unis ! Ce temps affreux a beaucoup déprimé les contemporains, mais il nous a permis de connaître cette merveilleuse œuvre d’art ! — N’oublie pas que Mary Shelley a écrit son Frankenstein la même année ! — C’est vrai. Elle était influencée par toutes les recherches de l’époque sur l’électricité. Mary connaissait les plus grands scientifiques de son temps… Son livre est un chef-d’œuvre, dit Niles d’un ton respectueux. Il aborde ce qui est apparent et ce qui est caché dans l’existence… Tout comme ce tableau illustre le masque que nous portons pour dissimuler nos pensées réelles. Pour les critiques, c’est la meilleure toile que Henry Hubert ait jamais peinte. Quel dommage qu’il soit mort ! — Il s’est suicidé, n’est‑ce pas ? murmura Danni. Niles secoua la tête. — C’est ce que les autorités ont raconté, mais rien n’est moins sûr. On l’a retrouvé dans la tour d’un château, assis devant son chevalet. Il aurait été empoisonné… Mais comment savoir ? Danni se mit à rire. — Ils auraient pu le disséquer. Cela se faisait beaucoup, à l’époque. On volait même des cadavres dans les cimetières pour que les médecins s’entraînent ! Rappelle-toi Burke et Hare1. Ils s’étaient fait une spécialité des vols 1. William Burke et William Hare ont commis une série de meurtres à Edimbourg, en 1827-1828. Ils revendaient les cadavres de leurs victimes à un professeur d’anatomie, à des fins de dissection. (NdT) 36 L'antre du secret de cadavres qu’ils revendaient et allaient même jusqu’au crime… — Mais c’était plus tard, coupa Niles. — C’est vrai, mais ils n’étaient pas les premiers. Il y avait des trafics de ce genre dans tous les pays. Vers 1800, il y avait déjà plusieurs siècles que les médecins et les scientifiques disséquaient des cadavres. On n’arrivait peut‑être pas à soigner les malades mais on a fait de grands progrès en anatomie ! En tout cas, tu as raison, Hubert a peut‑être été empoisonné sans qu’on s’en rende compte. Seulement, quand on l’a trouvé avec à la main un verre de vin qui contenait Dieu sait quelle toxine, il était seul. Donc, il s’est vraiment suicidé. Le pauvre était très déprimé et il n’existait pas d’anxiolytiques à l’époque ! Il y a eu beaucoup de tragédies, alors. Shelley s’est noyé dans un lac. Byron avait à peine trente ans quand il est mort. Mary Shelley a perdu trois de ses quatre enfants en bas âge. Tout cela est très triste. Niles n’avait pas l’air très impressionné. Visiblement, les œuvres des artistes l’intéressaient plus que la façon dont ils étaient morts. — Comment a-t‑on redécouvert Fantômes de l’esprit ? s’enquit Danni. — Eh bien, la toile avait disparu peu après la mort de Hubert. Elle a réapparu dans un entrepôt, en Angleterre, puis est partie dans un musée en France et a disparu de nouveau pendant la Seconde Guerre mondiale. — Volée par les nazis, j’imagine ? — Exactement ! Apparemment, on l’a retrouvée soigneusement emballée dans la cave d’un vieux criminel nazi mort au Brésil. Le gouvernement brésilien a restitué la toile au musée français mais, comme ce dernier manquait L'antre du secret 37 d’argent, il l’a vendue aux enchères. Personne ne sait qui a acquis l’original, d’ailleurs. Ces ventes-là se font souvent de façon très confidentielle, à travers une kyrielle de sociétés écran. En tout cas, l’acquéreur a autorisé une galerie française à faire une copie à l’huile et, à partir de cette copie, à réaliser un tirage d’impressions couleur, limité à deux mille exemplaires. Et tu ne sais pas le plus fort… Niles baissa la voix pour ajouter d’un ton de conspirateur : — Il paraît que l’acheteur habite ici, à La NouvelleOrléans ! J’ai eu énormément de chance. J’ai pu acquérir cent exemplaires du tirage et j’en ai déjà vendu soixante-six ! Danni se pencha vers la giclée. Le tableau était aussi riche, aussi complexe que l’histoire de monstre humanoïde du Dr Frankenstein. — Veux-tu que je t’en réserve une ? demanda Niles. Danni hésita. L’œuvre était superbe, c’était vrai. Mais elle était aussi assez sinistre, très pessimiste sur la nature humaine. L’homme offrait‑il vraiment une rose en songeant au meurtre ? Ces enfants jouaient‑ils déjà avec un dédain méprisant et cruel pour les êtres vivants ? Une visiteuse avec un chapeau orné de plumes vint poser une question à Niles. Il s’excusa auprès de Danni avec un clin d’œil. — Allez, je t’en mets une de côté ! lança-t‑il avant de s’éloigner. — Eh bien, je n’aurai qu’à la ranger avec le cercueil et les têtes jivaros de la collection de mon père, marmonnat‑elle pour elle-même. — Eh, Danni ! héla une voix. Danni se retourna et faillit heurter Mason Bradley, un peintre qui donnait un coup de main à Niles dans sa galerie. Le vrai métier de Mason, c’était la restauration 38 L'antre du secret de tableaux et il y excellait. Comme beaucoup d’artistes, il se faisait la main en étudiant les grands maîtres et en faisant des copies à l’occasion. A trente-huit ans, il était grand, beau garçon avec ses cheveux blonds, et tentait de se faire un nom dans le Quartier français en peignant des scènes des cimetières de La NouvelleOrléans. Il avait un style hyper-réaliste, un peu exagéré, qui donnait à ses œuvres une atmosphère tout à la fois poignante et étrange. — Mason ! Comment vas-tu ? demanda Danni. — Bien, je te remercie. Et toi ? Tu t’es remise au travail ? Je sais que ça n’a pas été facile pour toi, après la mort de ton père. — Ça va, je m’en sors. — J’ai vu que tu avais un chien. Wolf, c’est ça ? Mason sourit à Wolf mais n’essaya pas de le caresser. Danni se demanda s’il avait peur ou s’il n’aimait tout simplement pas les chiens. — Oui, il s’appelle Wolf. — Eh bien, au moins, Quinn t’a laissé quelque chose pendant son absence ! En tout cas, tant qu’il n’est pas là, si tu veux venir prendre un café ou pleurer sur mon épaule, n’hésite pas, dit gentiment Mason. Danni baissa la tête pour dissimuler un sourire. — Je n’ai aucune envie de pleurer, assura-t‑elle. Quinn est… Il est au Texas. — Tu devrais te trouver quelqu’un d’un peu stable, Danni. — Je vais très bien, Mason ! — Tu étais en train de regarder le tableau de Hubert ? — Oui. Il est… étonnant, n’est‑ce pas ? Mason contempla la reproduction en hochant la tête. L'antre du secret 39 — Apparemment, Hubert avait participé cet été-là à une sorte de jeu sur les « fantômes ». lord Byron l’avait mis au défi de peindre un tableau aussi effrayant que les romans que son petit groupe allait écrire. Je dois dire qu’il s’en est remarquablement bien sorti. — C’est vrai. A propos, Mason, j’ai vu plusieurs de tes gravures de cimetières. Elles sont superbes. Tes toiles sont magnifiques et je suis ravie que tes gravures soient aussi prisées ! — Oui, mais j’aimerais que mes toiles se vendent aussi bien ! Les gens hésitent à acheter un original. Je ne suis pas encore assez reconnu, tu sais comment cela fonctionne, dit Mason. Au moins, je ne tire plus le diable par la queue. Il baissa les yeux vers sa flûte de champagne vide et reprit : — Je vais devoir retourner près des clients. Je sais qu’il faut te mettre une giclée de Hubert de côté, ne t’inquiète pas. Et tu sais… Il baissa la voix sur le ton de la confidence : — Il paraît que le propriétaire de l’original habite dans le coin. — Oui, Niles me l’a dit. — Il a bien de la chance d’avoir une toile pareille. Bref, ma chère amie, n’oublie pas que nous t’adorons, Niles et moi, et que, si tu as besoin de nous, nous sommes là ! — Merci. Danni sourit tandis que Mason se précipitait vers un client puis elle se retourna de nouveau vers la reproduction. Il était difficile d’en détacher le regard, mais elle finit enfin par s’éloigner. Billie McDougall, son bras droit qui 40 L'antre du secret ressemblait à la fois à Ichabod Crane1 et à Riff Raff2, était seul pour garder la boutique. Le comptable, Bo Ray Tomkins, se chargeait plutôt des comptes et de l’inventaire. Bo Ray n’était pas avec eux depuis longtemps et il lui arrivait de donner un coup de main avec les clients, mais Danni préférait rentrer aider Billie, même si ce dernier s’en sortait en général très bien sans elle. Elle salua Mason puis sortit dans la rue Royal, Wolf sur les talons. Le soleil inondait de lumière les magnifiques balcons dont certains étaient encore ornés de leurs décorations de mardi gras, avec des drapeaux et des rubans. Sur les terrasses, des profusions de plantes vertes rehaussaient encore l’élégance désuète si caractéristique du Quartier français. Cependant, alors qu’elle se dirigeait vers sa boutique, Wolf se mit à aboyer comme un fou en tirant sur sa laisse. D’ordinaire si bien dressé, il était si excité qu’elle crut qu’il allait l’entraîner de force de l’autre côté de la rue. — Wolf ! Elle se rendit alors compte qu’un homme, debout sur le trottoir d’en face, la regardait. Il portait une veste légère, parfaite pour ce temps printanier. Il était très grand, avec les cheveux blond foncé, des lunettes noires et un chapeau à large bord. Ses lèvres s’étirèrent dans un sourire. Elle aurait reconnu ce sourire n’importe où… Les battements de son cœur s’accélérèrent. Elle était follement heureuse de le revoir. 1. Personnage du roman The Legend of Sleepy Hollow, de Washington Irving, 1820. (NdT) 2. Rappeur américain. (NdT) L'antre du secret 41 Pourtant… Le fait qu’il soit déjà de retour la troublait. Etait‑il revenu parce qu’il avait terminé sa mission ? Ou pour la voir, elle ? A moins qu’un drame ne se prépare ici même ? En tout cas, Quinn était revenu. A La Nouvelle-Orléans, un tableau disparu du XIXe siècle refait mystérieusement surface. Dès lors, une série de meurtres d’une rare violence s’abat sur la ville. Coïncidence ou malédiction ? Pour Danni Cafferty, jeune artiste peintre aux capacités psychiques hors du commun, cela ne fait aucun doute : un nouvel objet malfaisant sème la mort sur son passage… Afin de mettre un terme aux agissements du tableau tueur, Danni sait qu’elle peut compter sur Michael Quinn, détective privé hors pair qu’elle a aidé lors d’une précédente enquête et avec lequel elle a eu une aventure. Mais, si aujourd’hui elle se pose beaucoup de questions sur la nature exacte de leur relation, Danni est sûre d’une chose : ses interrogations amoureuses devront attendre, car sa seule priorité est de résoudre cette affaire, qui, elle le sent, risque de la pousser dans ses retranchements les plus profonds… L’antre du secret est le second tome de la série CAFFERTY & QUINN 28.6478.4 79.0117.5 ROMAN INÉDIT - 7,50 € Tome 1 Tome 2 www.harlequin.fr