creer une veritable dynamique de participation autour d`un - I

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creer une veritable dynamique de participation autour d`un - I
FICHE D’EXPERIENCE
/ GRANDS PROJETS DE VILLE
GPV M AUBEUGE - V AL
A U L N O Y E -A Y M E R I E S
DE
A V R I L 2002
S AMBRE
« CREER UNE VERITABLE DYNAMIQUE DE
PARTICIPATION AUTOUR D’UN PROJET »
Démarche participative sur la Fâche du Bouvier, site du 8 mai 1945
septembre à novembre 2001 - population de 2 500 habitants
FINANCEMENT : 77 000 €
PARTENAIRES :
Etat : 50 000 €
Ville : 8 000 €
CDC : 12 000 €
S.A. HLM : 7 000 €
Au titre du GPV : État, Communauté urbaine et la ville
Partenaires associés : S.A. HLM de la ville, Centre
Social du quartier
UNE VOLONTE FORTE DE LA VILLE D’ASSOCIER LES HABITANTS
Aulnoye-Aymeries est une petite ville du Nord de 9 200 habitants, dont la population, composée
en majorité d’anciens cheminots et de métallurgistes a été particulièrement touchée par la
désindustralisation et les nombreux licenciement consécutifs. La commune est relativement mal
reliée à Maubeuge, principal bassin d’emploi, et les échanges avec l’extérieur restent limités.
Aulnoye-Aymeries souffre globalement d’un problème de lecture et d’identité, en raison d’une
mosaïque de quartiers difficilement reliés entre eux.
Dans le cadre du GPV, la ville entreprend une démarche de reconquête du territoire dans
certains quartiers prioritaires en difficultés. C’est notamment dans le secteur de la Fâche du
Bouvier et plus précisément autour du site de la Place du 8 mai 1945 que la municipalité
engage une démarche de participation des habitants. Le site de la Place du 8 mai 1945 se
compose d’un ensemble d’habitat social (94 logements) organisé autour de la place centrale,
construite sur la dalle supérieure d’un parking souterrain.
Après une première expérience de démarche participative menée entre 1995 et 1999, la ville a
souhaité, dans le cadre du GPV, associer plusieurs partenaires aux actions de consultation des
habitants, afin de toucher différents publics en même temps et ainsi, d’engager les habitants
dans une démarche de projet pour qu’une véritable dynamique au sein de la population se
constitue. La ville, très fortement impliquée dans les actions de participation, a donc travaillé
avec :
- deux cabinets extérieurs associés, l’un parisien (urbanistes et sociologues) et l’autre
londonien (urbanistes-architectes) pour travailler à l’élaboration concertée du projet
avec les habitants et dégager les grandes orientations du projet urbain. Ces cabinets
ont également été mandatés par le bailleur de plusieurs ensembles HLM de la ville..
- Un comédien professionnel pour mener des actions de sensibilisation auprès des
jeunes du collège et lycée de la ville (situés sur le territoire GPV), et recueillir leurs attentes.
- Une architecte-plasticienne (et ancienne directrice d’école maternelle et conseillère
pédagogique de l’Education Nationale) pour mener un projet pédagogique avec les
enfants des écoles primaire et maternelle, autour du GPV.
D E S A C T I O N S D E P A R T I C I P A T I O N A D AP T E E S A C H A Q U E P U B L I C
Janvier 2001
Les réflexions sur l’association des habitants, menées par la municipalité avec le cabinet
londonien, ont commencé en janvier 2001, très en amont de la mise en place de l’ingénierie du
GPV. Le choix du cabinet anglais a été motivé par la grande expérience des démarches
participatives au niveau européen de l’équipe londonienne, ainsi que par leur approche croisé
d’une démarche à la fois urbaine et sociale, menée en association avec le cabinet parisien.
Agnès Duteil / MNGPV
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FICHE D’EXPERIENCE
Juin 2001
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Il est établi que plusieurs types d’actions participatives en fonction des publics seront mises en
œuvre sur deux mois et demi, entre septembre et mi-novembre 2001 ; certaines seront
animées par les cabinets français et anglais, et d’autres par le comédien professionnel et
l’architecte plasticienne. Le 2 cabinets ont cependant la mission d’effectuer le suivi et la
synthèse de l’ensemble des démarches.
Préalablement à la mise en œuvre de actions auprès de la population, la ville a engagé avec le
cabinet parisien une large concertation avec les acteurs institutionnels et locaux, réunis au sein
d’un Comité consultatif d’une soixantaine de membres, pour les informer et discuter de la
démarche participative retenue. Se réunissant toutes les 6 semaines, ce comité sera un lieux
"ressource" et un espace de restitution et d'analyse de la parole des habitants.
Concernant la démarche participative menée auprès de la population, 3 étapes/types d’actions
peuvent être distinguées :
-
-
-
1) Des enquêtes auprès de locataires réalisées par le cabinet parisien ainsi que des
rencontres informelles avec les habitants menées par le chef de projet et son équipe
(septembre 2001).
2) 3 types d’ateliers participatifs animés respectivement par le cabinet londonien, le
comédien professionnel et l’architecte plasticienne
- avec l’ensemble de la population pendant 3 jours (novembre 2001)
- avec les jeunes du collège et du lycée de la ville (entre septembre et novembre 2001)
- avec les enfants de l’école primaire et maternelle (entre septembre et novembre 2001)
3) La restitution des ateliers lors d’une soirée publique effectuée par le cabinet anglais
(mi-novembre 2001).
D’une façon générale lors de chaque action de participation, les animateurs expliquent aux
habitants en quoi consiste le dispositif GPV, sa fonction et son intérêt. Ensuite, ils interrogent les
participants sur « ce qui pose problème dans le quartier », « les points positifs, les points
négatifs », « les rêves et les solutions possibles ».
1IERE ETAPE : LA SENSIBILISATION DES HABITANTS A LA DEMARCHE DE PARTICIPATION
Cette première étape a un double objectif : avoir une connaissance approfondie des
habitants et sensibiliser la population aux ateliers de participation de novembre.
50 entretiens semi directifs ont été menés auprès des locataires par le cabinet parisien
spécialisé en sociologie urbaine. Ces enquêtes ont fait l’objet d’une synthèse reflétant les
attentes de la population quant à la vie du quartier et de la résidence, les enjeux urbains (…) ;
l'une des difficultés rencontrées est que « les habitants ne parviennent pas à identifier les
problèmes spécifiques concernant leur quartier et s’attardent d’avantage sur ceux concernant
leur résidence » (rapport de synthèse).
Parallèlement, le chef de projet a mené une série de rencontres informelles dans le quartier
pour informer et sensibiliser les habitants à la tenue d’ateliers de participation. Ces « porte à
porte » ont permis de toucher un public traditionnellement en marge des actions de
concertation. (en particulier les jeunes issus ou non de l’immigration, qui ont représenté plus
d’un tiers des participants aux ateliers de novembre, soit environ une centaine de personnes).
2EME ETAPE : LA PARTICIPATION DES HABITANTS A L’ELABORATION DU PROJET URBAIN
3 types d’ateliers ont été menés : les ateliers avec l’ensemble de la population, sur 3 jours en
novembre, qui représentent le « cœur » de la démarche, et 2 types d’ateliers menés auprès des
jeunes et des enfants qui complètent la démarche principale.
Agnès Duteil / MNGPV
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Ateliers avec les jeunes du collège et lycée de la ville
Un comédien professionnel a animé l’ensemble de ces ateliers, menés auprès de 6 classes,
avec l’aide des équipes pédagogiques particulièrement motivées. Le principe est de
recueillir les attentes des jeunes et de les sensibiliser à la dynamique crée autour du
ère
projet urbain. 3 interventions par classe sont organisées : la 1 séance est consacrée à la
ème
présentation du GPV et à la description de la ville, la 2
aux projets pour la ville dans le
ème
cadre du GPV, enfin la 3
à l’élaboration d’un projet concerté avec les jeunes.
A chaque fois, les jeunes ont précisé ce qui était positif et négatif dans le quartier, leurs
attentes, « les rêves, les solutions » à l’aide de cartes et de plans de la ville.
«Tous les jeunes ont été réceptifs à la démarche, même s’ils ne croient pas, dans leur
ensemble, à la mise en place « concrète » de ce projet » est-il indiqué dans le rapport de
synthèse. Il ressort également de ces ateliers que les jeunes souhaitent surtout des
équipements de loisirs qui dépendent plus de l’initiative privée que des services publics
(discothèque, cinéma, bowling, cyber-café …).
Projet pédagogique avec les enfants de l’école primaire et maternelle
Une architecte plasticienne, ayant déjà mené avec les services de la ville un projet de
quartier entre 1996 et 1999, a animé ces ateliers qui ont touché près d’une centaine
d’enfants au cours de 12 séances, durant les mois de septembre et octobre 2001. Les
objectifs de ces ateliers sont de sensibiliser les enfants au projet de la ville et de les
interroger sur la perception de leur quartier, de leur école … On se situe ici davantage
dans la sensibilisation et l’animation que dans la concertation.
Les interventions ont consisté en des visites du quartier avec les enfants, un dialogue attentif
et un travail sur des maquettes du quartier. Ces ateliers ont donné lieu à la réalisation de
poèmes, dessins et œuvres plastiques remis au chef de projet (notamment un travail des
enfants sur leur école, jugée "trop triste et fermée sur elle même"). Un CD-Rom sur la
participation des enfants a également été réalisé.
Parce qu'il s’est avéré que les enfants pointaient, à leur manière, les même problèmes
dénoncés par les adultes (les problèmes de propreté, l’aspect « triste » du cadre urbain,
l’insécurité…), ces ateliers ont eu un impact considérable, notamment sur les parents.
La projection du CD-Rom en ouverture de la soirée de restitution ouvert à l’ensemble de la
population a constitué un temps fort de la démarche, qui a « marqué les esprits ».
La méthodologie est d’ailleurs susceptible d’être réemployée sur d’autres sites par les
acteurs de l’agglomération.
Ateliers participatifs auprès de l’ensemble de la population
Animés par l’équipe du cabinet d’architectes-urbanistes londonien et préparés en
amont avec l’équipe municipale, ces ateliers constituent l’étape la plus importante de la
démarche participative entreprise par la ville. L’objectif est de déterminer les grandes
orientations du projet urbain avec les habitants, dans une logique d’élaboration
concertée.
Durant 3 jours (vendredi soir dans la salle des fêtes municipale en présence du maire,
samedi toute la journée au Centre social du site du 8 mai 1945 avec une séance spéciale
pour les jeunes en matinée, le dimanche matin plutôt consacré à des animations festives),
2 types d’atelier ont été organisés :
- les ateliers « problèmes, solutions, rêves » ,
- les ateliers « cartes sur table » .
L’idée générale de ces ateliers, répartis en séances thématiques, est que les habitants
imaginent des scénario de restructuration du quartier, "stabilo" et crayons en mains.
Aidés par l’équipe d’architectes-urbanistes qui formule des hypothèses d’actions, les
habitants élabore des propositions en fonction des problèmes soulignés. Ainsi, par exemple,
un groupe d’habitants a travaillé sur la requalification de deux immeubles du quartier voués,
à terme, à la démolition. Un autre groupe a proposé aux équipes de se déplacer sur le site
étudié (friche d’un ancien Intermarché) afin de mieux pointer les problèmes et d’envisager
des solutions.
Agnès Duteil / MNGPV
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La démarche reposait donc sur l’implication active des participants. 160 personnes ont
participé à ces ateliers, qui ont permis de recueillir les propositions des habitants sur de
nombreux domaines (gestion urbaine de proximité, tranquillité publique, emploi,
aménagements urbains …).
3EME ETAPE : UNE RESTITUTION "RAPIDE" DE L’ENSEMBLE DES PROPOSITIONS
La ville, soucieuse de ne pas interrompre le « rythme » particulièrement soutenu des
actions de participation, a souhaité organiser la restitution 3 jours après les ateliers.
L’équipe d’architectes-urbanistes a donc effectué, dans un laps de temps très court, la synthèse
des propositions présentée lors d’une soirée au Théâtre municipal. Le CD-Rom sur les ateliers
menés avec les enfants a été projeté en ouverture et quelques participants ont également
témoignés de leur implication active.
Il en ressort que les habitants sont attachés à leur quartier, qu'ils dénoncent principalement les
problèmes de tranquillité, de sécurité et de propreté, émettent des propositions concernant
l’aménagement des logements, le développement économique, la circulation et le stationnement
(…). Environ 250 personnes étaient présentes.
Après une analyse approfondie des problèmes et des propositions formulées par les habitants,
une phase plus technique a suivi au cours de laquelle les 2 cabinets ont recherché le
scénario de requalification le plus pertinent, c’est à dire le plus proche des propositions
de la population compte tenu des contraintes techniques et urbaines.
Aujourd’hui, les grandes orientations du projet urbain et social, notamment autour de la
réhabilitation des immeubles et des espaces extérieurs de la place du 8 mai 1945, ainsi que la
démolition et la reconstruction de certains immeubles, sont en cours de validation par l’échelon
politique. La restitution aux habitants du programme définitif d’actions prochainement retenu est
prévue en juin 2002.
BILAN, REFLEXIONS ET PERSPECTIVES
L’appropriation du projet par la population …
La concentration dans un même laps de temps des différentes actions de participation
(sensibilisation, animation et élaboration concertée du projet urbain) et leur dimension intergénérationnelle ont permis de susciter une véritable dynamique autour du projet urbain.
L’échelle d’intervention - périmètre GPV particulièrement concentré touchant près de 2 500
personnes - a également favorisé cette « appropriation » par la population. L'implication
importante de l'équipe municipale dans la coordination, le suivi et la mise en œuvre des ateliers
a participé de cette réussite.
Au total, environ 800 personnes ont participé ou ont été sensibilisées à la définition du
projet urbain. Cependant, le chef de projet reconnaît qu’il est difficile de toucher un public
souvent en marge de ces dispositifs. A ce titre, Il apparaît que le travail mené avec les jeunes et
les enfants a indirectement permis de sensibiliser ce public.
La souplesse de la démarche, en raison d’une planification construite progressivement et
non préétablie, a rendue possible une grande réactivité des acteurs. Cependant, une
coordination plus importante et un dialogue plus approfondi quant aux objectifs de chaque
actions entre la ville et les partenaires sollicités (les 2 cabinets, le comédien professionnelle et
l’architecte plasticienne) auraient pu renforcer et amplifier la synergie des actions.
… entraîne une attente très forte qu’il faut satisfaire rapidement
Aujourd’hui, les habitants sont en attente d’actions « concrètes » ; si la mise en œuvre d’actions
concernant la gestion urbaine de proximité, la propreté ou la tranquillité ont été entreprises, les
travaux de restructuration urbaine nécessitent un temps plus important. Le problème
traditionnel de la gestion entre le temps de la participation et le temps de l’action est ici
posé avec plus d’acuité dans la mesure où les habitants se sont particulièrement
impliqués. Ainsi, même si les acteurs de la ville travaillent actuellement au montage technique
Agnès Duteil / MNGPV
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des opérations, la difficulté va être d'enclencher le plus rapidement la mise en œuvre des
opérations et d'entretenir dans la durée la mobilisation des habitants.
Les perspectives : associer les énergies locales
L’idée est d’associer davantage les associations locales aux actions participatives, afin
de créer des relais et rendre possible une certaine « autonomie » du dispositif.
Ainsi par exemple, il est prévu qu'une association d’ingénieurs informaticiens d’AulnoyeAymeries crée et alimente le site Internet du GPV ; l’idée de faire participer l’association de
quartier à la communication du GPV est en débat.
La structuration d’un collectif d’habitants et de groupes de locataire référents organisés selon les
thématiques du Contrat de ville (emploi, éducation …) constituent également une des priorités
de la ville ; le chef de projet évoque d'ailleurs l’idée d’organiser, à terme, des « forums »
réguliers afin de parvenir à « concilier le social et l’urbain » précise-t-il.
Concernant plus particulièrement le domaine scolaire, la municipalité souhaite croiser le
projet de ville et le projet d’école. L’architecte plasticienne, qui avait mené les ateliers pour
enfants, aura en charge également les jeunes du collège et lycée et veillera ainsi à la mise en
place coordonnée d’un projet pédagogique commun.
Enfin, des projets d’ateliers d’écriture avec les habitants sur l’histoire de leur quartier et l’identité
de leur ville constituent, encore, autant de pistes possibles.
CONTACTS
M. Lallemand, Directeur de la politique de la ville, Mairie d’Aulnoye-Aymeries,
Tél : 03 27 53 63 72
Agnès Duteil / MNGPV
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