Euro 2008 : La Suisse est-elle un eldorado pour les cadres ?

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Euro 2008 : La Suisse est-elle un eldorado pour les cadres ?
Euro 2008 : La Suisse est-elle un eldorado pour les cadres ?
La Suisse accueille avec l’Autriche l'Euro 2008 de football. L’occasion pour ce pays atypique, au
cœur de l’Europe géographique mais hors de l’Union européenne, de prouver qu’il n’est pas que le
pays du chocolat et des coffres-forts.
Par Marie-Madeleine Sève
Trois questions à… Christoph Hilber, responsable du cabinet Transearch International à Zürich.
Grande comme un mouchoir de poche, avec ses 7,5 millions habitants répartis dans 26 cantons, la Suisse
fait rêver : confort de vie exceptionnel, vitalité économique, employeurs prestigieux, élite internationale,
salaires au top…Une réalité à nuancer. Si depuis juin 2007, la Suisse a totalement ouvert son marché du
travail aux ressortissants historiques de l’Europe des quinze, elle n’en garde pas moins des singularités.
Capital.fr : Mise sous les feux des projecteurs grâce à l'Euro 2008 de football et à une nouvelle
baisse du chômage, la Suisse s’ouvre-t-elle davantage aux cadres étrangers ?
Christoph Hilber: Depuis l'Euro 2008, les gens s’informent. Nous recevons davantage de candidatures
spontanées de managers et de dirigeants. En mai dernier, le taux de chômage est descendu à son niveau
le plus bas depuis six ans (1). La partie germanophone de la Suisse avec sa métropole Zürich, est moins
touchée que la Suisse romande (Genève). Et parmi les demandeurs d’emploi, seuls 6% sont des cadres.
Les perspectives d'emploi sont optimistes. Les opportunités sont bien réelles pour la fonction commerciale
(NDLR : voir aussi les opportunités d'emploi pour les commerciaux en France). ainsi que pour les
ingénieurs et scientifiques étrangers qui souhaitent travailler dans les centres de recherche des
multinationales (ABB, OC Oerlikon, Sulzer…) ou dans les sociétés high-tech ou de biotechnologies. Les
gestionnaires de fortunes sont également prisés des banques (UBS ou Crédit Suisse) malgré la crise des «
subprimes ». Et puis les PME, fort nombreuses en Suisse, manquent de personnel qualifié. Cependant, les
frontaliers français ne sont pas mieux placés que les autres nationalités. Pour réussir, dans les groupes
actifs au plan mondial, ils doivent au moins être bilingues en anglais. La pratique de l’allemand est aussi un
grand atout.
Capital.fr. : Les salaires et le niveau de vie en Suisse sont-ils si idylliques qu’on le croit souvent en
France ?
Christoph Hilber: On estime que le salaire moyen annuel brut est de 25% supérieur à son équivalent
français. Mais tout dépend du secteur d'activité, du canton et de l’entreprise.
Pour se faire une opinion, il faut tout comparer. Les charges sociales pour le salarié comme pour
l’employeur sont plus faibles qu’en France, quasiment de moitié. Et la CSG n’existe pas. Le différentiel du
salaire brut et net est donc plus avantageux pour celui qui travaille en Suisse. Par ailleurs, le taux de TVA
est de 7,6% seulement contre 19,6% en France. En revanche, l’assurance maladie est à la charge intégrale
du salarié. Et le coût de la vie est plus élevé. Certaines études de l’OCDE l’estiment à 17% plus haut qu’en
France. En particulier, le logement dans les grandes villes est onéreux. Les loyers sont similaires à ceux de
Paris. Et les services de santé et de télécommunications sont performants mais coûteux.
Capital.fr : La qualité de la vie en Suisse, répertoriée comme la seconde meilleure au monde, est-elle
tangible dans la vie de bureau ?
Christoph Hilber: Oui, la Suisse est réputée pour cela. C’est un pays de lacs, de montagnes, avec une
intense vie culturelle et sportive, un réseau dense et très organisé de transports publics. Mais chez nous,
les 35 heures n’existent pas. On travaille bien plus longtemps. Le contrat de travail indique un minimum de
40 heures. Il est courant que les cadres travaillent jusqu’à 60 heures.
Il n’y a que quatre semaines de congés, une durée qui peut monter jusqu’à six semaines avec l’ancienneté.
Et l’âge de la retraite vient d’être porté de 62 à 64 ans pour les femmes, et on parle de le repousser de 65 à
67 ans pour les hommes.
Qualité de vie signifie également rigueur, propreté, ponctualité, sécurité. C’est vrai aussi dans les
entreprises. Je tiens néanmoins à lever un préjugé tenace sur le respect de la distance hiérarchique et la
froideur dans les relations au bureau.
Les Suisses sont chaleureux au travail. Les salariés se tutoient facilement quelle que soit leur place dans
l’organigramme de l'entreprise. Et même dans les banques soucieuses de leur image de « secret »,
concrétisée par le cloisonnement des salles de marché. L’une de nos spécificités culturelles reste la
suprématie de l’intérêt collectif. En cas de désaccord, nous préférons le consensus au conflit.
Propos recueillis par Marie-Madeleine Sève
(1) Le taux de chômage était de 3,5% en décembre, contre 7,9% en France selon l’OCDE. Les statistiques
suisses (non harmonisées) affichent un taux de 2,9% pour cette période, et de 2,4% pour le mois de mai.
La Suisse en quelques chiffres
-5ème rang mondial pour le pouvoir d’achat par habitant.
-20% d’étrangers parmi les 7,5 millions d’habitant.
-quatre langues officielles : l’allemand (64%) ; le français (20%) ; l’italien (7%) ; le romanche (0,5%).
-plus de 1000 entreprises de 250 salariés.
-plus de 90% des sociétés sont des PME de moins de 250 salariés.
Le Blog de David Talerman, auteur de "Travailler et vivre en Suisse", guide pratique pour les
résidents et frontaliers, Lextenso Editions, 2008.
L'enquête Mercer 2008 sur la qualité de la vie dans les villes européennes : Zurich demeure en tête
du classement
La fiche sur la Suisse de l'Apec
L'ambassade de France mission économique de Suisse
Les sites d'emploi en Suisse
Job Scout 24
Top Jobs
Salaires
Pour les cadres, tous secteurs confondus, le salaire médian mensuel brut varie de 5800 à 8800 francs
suisses soit entre 3600 et 4900 euros.
Exemples de salaires d’ingénieurs:
Ingénieur en télécommunication : 123 000 francs suisses
Ingénieur de gestion : 123 000 francs suisses
Ingénieur en génie civil : 111 000 francs suisses
Ingénieur chimiste : 109 000 francs suisses
Source : Office fédéral des statistiques et la Swiss Engineering UTS.
© Capital
13/06/2008 11:56

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