La rééducation cognitive Cognitive rehabilitation
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La rééducation cognitive Cognitive rehabilitation
R evue Neu rologique 164 (2008) S154 - S163 La rééducation cognitive Cognitive rehabilitation X. Serona, Y. Rossettib,c, C. Vallat-Azouvid,e, P. Pradat-Diehle,f, P. Azouvie,g,* aFaculté de Psychologie, Unité NESC, Louvain la Neuve, Belgique Civils de Lyon, Mouvement et Handicap, Services de Médecine Physique et de Réadaptation, Hôpital H. Gabrielle et Hôpital P Wertheimer, Institut Fédératif des Neurosciences de Lyon, Lyon, France cINSERM UMR-S 864, Espace et Action, Université Claude Bernard, IFR19 (Neurosciences), IFR23 (Handicap), Lyon-Bron, France dAntenne UEROS-UGECAMIF, Hôpital Raymond Poincaré, Garches, France eINSERM-UPMC 731, Paris, France fService de Médecine Physique et de Réadaptation, Hôpital de la Salpêtrière, Paris gService de Médecine Physique et de Réadaptation, hôpital Raymond Poincaré, AP-HP, 92380 Garches, et Université de Versailles-Saint Quentin bHospices Résumé Mots clés : Rééducation Neuropsychologie Mémoire de travail Négligence Hémiplégie En trente ans, des progrès considérables ont été réalisés dans le domaine de la rééducation neuropsychologique. Il y a 30 ans, cette dernière était quasiment limitée à la rééducation du langage. Depuis, sont apparues des approches nouvelles, dans le domaine de la mémoire, de l’attention spatiale et non spatiale, des fonctions exécutives. La neuropsychologie cognitive, avec la méthode du cas unique, a beaucoup contribué au développement de thérapies moins empiriques, ciblant de façon plus spécifique la ou les fonctions déficitaires. Quatre grandes orientations sont évoquées dans ce travail : la consolidation des approches pragmatique et écologique ; l’informatique et le recours aux prothèses mentales ; le fonctionnement exécutif et les troubles du comportement chez les Keywords: sujets frontaux ; l’émergence de la démence. Enfin, nous présentons une étude de cas récemment Neuropsychology publiée démontrant l’efficacité d’une rééducation cognitive spécifique de la mémoire de travail Rehabilitation verbale. Sont également brossées dans ce travail quelques pistes pour le futur de la rééducation Working memory neurologique, dans lesquelles les approches ascendantes (bottom-up) et la notion d’interactions Neglect inter-hémisphériques occupent une place privilégiée. Hemiplegia © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. A bstract During these last 30 years, cognitive rehabilitation has accomplished dramatic improvement. In this paper, we review progress in four main domains: the development of pragmatic and ecological approaches in neuropsychological rehabilitation; the development of computerised rehabilitation; rehabilitation of executive functions; cognitive rehabilitation in degenerative dementia. Finally, we * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] doi : 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs. - Document tlcharg le 07/06/2010 par LYON 1 - (261120) Revue Neu rologique 164 (2008) S154 - S163 S155 present a single-case study, recently published elsewhere, showing the effectiveness of rehabilitation of verbal working memory in a patient with left hemisphere stroke. In addition, future issues for rehabilitation research are presented. The development of bottom-up rehabilitation strategies as well as the use of inter-hemispheric interactions appears as future promising tracks for clinical rehabilitation. © 2008 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Le passé : 30 ans de rééducation neuropsychologique Lors de la création de la Société de Neuropsychologie de Langue Française, la revalidation neuropsychologique existe déjà mais à l’état embryonnaire et limitée aux troubles du langage (Ducarne et Lhermitte, 1965 ; Schuell et al., 1964). Vers les années 1975, un changement intervient suite à la publication des premières recherches sur la plasticité cérébrale. Les soubassements de la plasticité cérébrale post-lésionnelle sont progressivement identifiés (bourgeonnement axonal collatéral, modifications de la réactivité synaptique,…) et des travaux en neurophysiologie montrent une influence des stimulations externes sur la structuration et le fonctionnement du cerveau. Le dogme des localisations cérébrales se trouve ébranlé : une fois sa maturation achevée, le cerveau n’est pas stable, et une intervention externe est susceptible d’en modifier l’organisation et la dynamique fonctionnelle ! L’apparition aux États-Unis des thérapies comportementales issues de la psychologie de l’apprentissage favorise aussi l’intérêt pour la revalidation. Cette approche est surtout influente par la méthodologie de contrôle qu’elle introduit : lignes de base pré et post-thérapie, critère de réponse à atteindre, progressivité des apprentissages, etc. Une autre source de renouvellement viendra de l’extension des thérapies au delà du langage et les premiers essais de rééducation de la négligence apparaissent aux États-Unis (Diller et al., 1974) et à Genève (Seron et Tissot, 1973). Dans le même temps, les travaux de Luria sont traduits et les notions de système complexe et de réorganisation des opérations cognitives font leur apparition. Les cadres théoriques de la rééducation restent cependant assez pauvres, jusqu’à l’apparition de la neuropsychologie cognitive qui introduit le souci d’interprétation des troubles et la méthodologie du cas unique (Marshall et Newcombe, 1973). Deux exposés précurseurs sont présentés à Bruxelles en 1981 l’un par Hatfield sur la rééducation de deux dysgraphies ; l’autre par Beauvois et Derouesné sur un cas d’aphasie tactile bilatérale, et sur deux cas de dyslexies (Hatfield, 1986 ; Beauvois et Derouesné, 1986). Au niveau international, l’article fondateur des thérapies cognitives est publié par de Partz (1986) dans Cognitive Neuropsychology à propos d’un cas de dyslexie profonde. L’orientation cognitive en rééducation est née et deux ouvrages clés marqueront encore l’extension de ce mouvement « Cognitive approaches in Neuropsychological Rehabilitation » en 1989 (Seron et Deloche, 1989) et « Cognitive Neuropsychology and Cognitive Rehabilitation » en 1994 (Riddoch et Humphreys, 1994). On assiste aussi à une extension considérable des travaux de rééducation dans le domaine de la mémoire à la suite de sa fragmentation en sous-systèmes initiée par Tulving et par Baddeley. On assiste à la création de la méthode du vanishing cue par Glisky et 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs. - Document tlcharg le 07/06/2010 par LYON 1 - (261120) Schacter (1986), des techniques d’enrichissement des opérations d’encodage par le recours à l’imagerie mentale (Wilson, 1987a) et de la technique du rappel espacé (Schacter et al., 1985). Au niveau de la négligence, les travaux se développent aussi et une controverse oppose les approches prônant les stimulations visuo-spatiales à celles insistant sur les activations motrices et la balance interhémisphérique (Robertson et al., 1993). On soulignera aussi, dans la lignée des travaux sur les stimulations vestibulaires et motrices, la méthode préconisant l’usage de prismes optiques développée par Rossetti à Lyon (Rossetti et al., 1998). Le survol de la période actuelle isole quatre grandes orientations que nous évoquerons fort brièvement 1.1. La consolidation des approches pragmatiques et écologiques À côté de l’approche cognitive centrée sur l’analyse des processus cognitifs, le courant pragmatique s’intéresse surtout aux conditions générales d’existence des patients. Au sein de cette perspective, les concepts d’autonomie, de dépendance active et plus largement de qualité de vie s’imposent comme cadre de référence. Le courant pragmatique fait évoluer les méthodes d’évaluation en introduisant des évaluations à visée fonctionnelle : questionnaires de vie quotidienne, mesures de l’autonomie, de la qualité de vie. (voir par exemple l’échelle de négligence de Bergego (Bergego, et al., 1995), le questionnaire de communication verbale de Bordeaux (Darrigrand et Mazaux, 2000), et les questionnaires d’auto évaluation de la mémoire et de l’attention de Van der Linden et de ses collaborateurs (Van der Linden et al., 1989). Le courant pragmatique provoque également une réorientation du travail de revalidation en invitant les praticiens à se rendre sur les lieux de vie des patients. Ce courant débouche sur une véritable ergonomie neuropsychologique. Le développement du courant pragmatique a aussi rapproché la revalidation neuropsychologique de l’ensemble des pratiques de revalidation en médecine. 1.2. L’informatique et le recours aux prothèses mentales Dans le domaine de la revalidation, l’impact de l’informatique est resté assez modeste. Les équipes qui travaillent sur les troubles du langage continuent à développer des programmes de rééducation assistée par ordinateur surtout pour les problèmes d’accès au lexique. On voit également se développer des programmes plus ambitieux visant la production d’énoncés plus complexes ou remplissant des fonctions de biofeedback dans la perception auditive notamment. Selon les a priori des concepteurs dans certains programmes c’est l’ordinateur qui fournit la compétence linguistique ; alors que dans d’autres, l’ordinateur vient seulement en soutien de la performance du patient en jouant un rôle de mémoire de travail S156 Revu e Neurologique 164 (2008) S154 - S163 (Linebarger et al., 2007). Dans le domaine de la mémoire, un système sophistiqué d’aide à distance Neuropage a vu le jour pour assister certains amnésiques sévères et aussi ceux avec déficits exécutifs (Wilson et al., 1997). Cependant, les téléphones portables, les post-It, les agendas électroniques et plus encore les carnets de mémoire restent les supports externes les plus utilisés (Coyette et Deroux, 2003). Le domaine des prothèses intelligentes est ainsi loin d’avoir dit son dernier mot et il reste un travail considérable à accomplir pour le développement d’interfaces machine-patient. 1.3. Le fonctionnement exécutif et les troubles du comportement chez les sujets frontaux À la suite des travaux de Shallice sur le fonctionnement exécutif et de ceux de Baddeley sur la mémoire de travail, de nouvelles méthodes de rééducation visant à améliorer les capacités de planification et la résolution de problèmes ont vu le jour. Les deux principaux programmes publiés « Problem Solving Program » (Von Cramon et al., 1991) et le « Goal Management Training » (Levine et al., 2000) sont proches dans leur structure générale des travaux de Luria mais ils ajoutent des procédures particulières visant le développement des processus d’auto-contrôle. On a vu également apparaître divers essais sur la rééducation de l’administrateur central de la mémoire de travail (Vallat et al., 2005 ; Duval et al., sous presse) visant à une optimisation des ressources disponibles. Ces développements sont modestes et dans le domaine du fonctionnement exécutif, il reste bien des progrès à accomplir. La situation est encore plus préoccupante pour les troubles du comportement, car un seul auteur, Alderman en Angleterre, a régulièrement publié des travaux visant à réduire divers troubles de l’ajustement social (cris intempestifs, jurons répétitifs, conduites agressives, confabulations, etc.) (Alderman et Burgess, 2001). Les méthodes d’Alderman s’inspirent des thérapies cognitivo-comportementales et elles ne paraissent guère s’étendre dans les pays francophones. L’application de ces méthodes exige une formation spécifique du personnel soignant et des structures particulières. Cette absence de développement est regrettable car ces patients sont en difficulté dans leur vie quotidienne et sociale. Faute de traitements appropriés, bon nombre d’entre eux terminent leur existence dans des institutions psychiatriques. Ainsi, malgré le retentissement des travaux de Damasio sur les aspects motivationnels du fonctionnement cognitif et malgré le développement des recherches sur les bases neuronales des émotions, les méthodes de revalidation sur les troubles du comportement sont quasi inexistantes. 1.4. L’émergence de la démence En 1981, la démence n’apparaissait pas dans le champ de la revalidation. Aujourd’hui l’accroissement du nombre de cas et leur détection de plus en plus précoce font de la démence une des préoccupations majeures des responsables de la Santé (voir le numéro spécial de Neuropsychological Rehabilitation (Clare et Woods, 2001) et l’ouvrage de Mulligan et al., 2003). Compte tenu du caractère évolutif de la maladie, il ne s’agit pas d’espérer récupérer un état antérieur, mais de maintenir – autant que faire se peut et de manière transitoire – des fonctionnements intacts et significatifs pour le patient. La prise en charge des personnes atteintes de démence est ainsi orientée vers la rencontre d’objectifs immédiats : le bien être du patient et de ses proches. Les 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs. - Document tlcharg le 07/06/2010 par LYON 1 - (261120) troubles s’exprimant de manière évolutive, les objectifs et les structures doivent être adaptés à l’évolution de la maladie. Un des défis essentiels consistera à articuler entre elles de manière cohérente les différentes propositions existantes qu’il s’agisse du maintien à domicile avec assistance, du centre de jour ou de la maison de repos. Il s’agit de définir des itinéraires de soins et de faire collaborer de manière cohérente les familles, les structures de soins et les divers groupes d’intervenants. Il se développe aussi d’importants débats sur ce que la neuropsychologie est en mesure d’apporter à ces patients et sur ce qu’il convient de faire. Certains auteurs insistent sur le maintien de fonctionnements cognitifs adéquats ; d’autres insistent davantage sur le maintien de l’identité personnelle du sujet par la stimulation et le maintien de ses souvenirs épisodiques. Il s’agit de débats délicats qui mériteront une réflexion éthique et scientifique serrée. La question des objectifs est complexe car elle dépend du niveau de sévérité de la démence. Et si l’objectif du maintien de l’identité personnelle peut avoir du sens au début de l’évolution de la maladie, il apparaîtra inadéquat plus tard lorsque les repérages épisodiques et sémantiques autobiographiques du patient se seront effondrés. La prise en charge des déments pose ainsi aux neuropsychologue des questions existentielles complexes car ce que nous considérons comme « un bien » ou « utile » pour la personne démente au stade sévère résulte de la plausibilité de nos hypothèses sur le vécu intérieur de ces patients et sur nos conceptions a priori de ce qui fait l’essence de la condition humaine. À côté de ces quatre grandes dimensions, il faut évoquer également l’apport des méthodes d’imagerie cérébrale fonctionnelle, qui permettent de mieux comprendre les bases cérébrales de la rééducation cognitive. Pour illustrer ces évolutions, et l’apport de la méthode du cas unique, nous présentons ici une étude de cas récemment publiée, dans un domaine qui a fait l’objet de progrès récents, la rééducation de la mémoire de travail. 2. Le présent : une étude de cas de rééducation en neuropsychologie : l’exemple de la rééducation cognitive de la mémoire de travail En 1969, Elisabeth Warrington et Tim Shallice publient dans la revue Brain un article intitulé : « The selective impairment of auditory verbal short-term memory » (Warrington et Shallice, 1969). Cet article est le cas princeps d’atteinte sélective de la mémoire à court terme (verbale), contrastant avec un respect de la mémoire à long terme. Le patient (KF) avait été victime d’un traumatisme crânien avec une lésion focale pariétale gauche. Il présentait un tableau initialement évocateur d’une aphasie de conduction qui laissa progressivement la place à un trouble électif de la répétition de matériel verbal. Ainsi, il était incapable de répéter de façon fiable plus de deux items verbaux. Ce déficit contrastait avec une bonne capacité de mémoire à court terme sur entrée visuelle, et surtout avec une bonne mémoire épisodique à long terme. Il s’agissait en quelque sorte de la dissociation inverse de celle du célèbre cas HM, confirmant l’indépendance entre les deux systèmes de mémoire, à l’encontre des modèles sériels qui avaient cours à l’époque. Quelques années plus tard, Baddeley et Hitch (1974) démembrent complètement le concept de mémoire à court terme Revue Neu rologique 164 (2008) S154 - S163 et introduisent le terme de mémoire de travail. Ce travail, et ceux qui vont suivre, qui sont résumés de façon magistrale dans un livre publié en 1986 par Alan Baddeley (Baddeley, 1986), vont avoir une influence considérable dans les neurosciences cognitives et cliniques. Contrastant avec les conceptions plus anciennes, Baddeley et ses collègues présentent la mémoire de travail comme un système permettant non seulement le stockage mais aussi le traitement temporaire de l’information. Ce modèle, comprenant trois composantes (un système central, à capacité limitée, l’administrateur central, et deux systèmes esclaves, la boucle phonologique et le calepin visuo-spatial) s’est imposé en neuropsychologie clinique, même si depuis, d’autres auteurs ont pu proposer des modèles différents. Depuis, il est apparu que de nombreuses affections étaient associées à des déficits de la mémoire de travail (maladie d’Alzheimer, traumatismes crâniens, accidents vasculaires cérébraux). En revanche, peu d’études ont été consacrées à la rééducation de ces déficits. Une des premières études publiées a porté sur des traumatisés crâniens légers (Cicerone, 2002). D’autres études ont été rapportées, chez des enfants présentant un syndrome de trouble de l’attention avec hyperactivité (Klingberg et al., 2002), ou dans des études de cas de patients souffrant d’un traumatisme crânien sévère ou d’une tumeur cérébrale (Coyette et al., 2003 ; Duval et al., 2007). Certains travaux ont porté sur la rééducation spécifique de certaines fonctions de l’administrateur central de la mémoire de travail, en particulier l’attention divisée, ou la gestion de tâche double (Couillet et al., 2007). Nous souhaitons présenter ici un travail récemment publié (Vallat et al., 2005) de rééducation d’un patient, qui, tout comme le cas princeps KF (Warrington et Shallice, 1969), présentait un déficit électif de la mémoire de travail verbale suite à une lésion pariétale gauche. Le patient, CCP, âgé de cinquante trois ans, avait présenté un infarctus pariétal gauche responsable d’une aphasie de conduction et avait bénéficié d’une rééducation classique de l’aphasie pendant un an. À un an de l’accident vasculaire cérébral, il montrait une bonne récupération du langage mais il gardait des plaintes en vie quotidienne : difficultés pour maintenir et comprendre une conversation, difficultés de calcul mental (par exemple pour évaluer le coût des achats ou la monnaie dans les magasins). L’évaluation neuropsychologique confirmait la bonne récupération du langage, mais mettait en évidence un déficit spécifique de la mémoire de travail affectant l’administrateur central et la boucle phonologique. La rééducation expérimentale débuta quatorze mois après l’accident vasculaire cérébral, à raison de trois séances par semaine pendant six mois. Les exercices utilisés ciblaient l’administrateur central et la boucle phonologique. La thérapie avait un objectif de restauration et reposait sur une méthodologie de type réentraînement spécifique. Les différentes tâches proposées mettaient en jeu à la fois les opérations de stockage et de traitement. Dix tâches ont été utilisées. Dans l’objectif d’augmenter progressivement la charge mentale requise pour réaliser les tâches, chaque tâche comprenait plusieurs niveaux de difficulté. Les niveaux de difficultés ont été définis et hiérarchisés en fonction de la longueur des items, du niveau de traitement, du degré d’imagerie, de la fréquence d’utilisation dans la langue française et pour certaines tâches, de la vitesse de présentation. Chaque niveau était travaillé jusqu’à ce que le patient obtienne 90 % de bonnes réponses pour le 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs. - Document tlcharg le 07/06/2010 par LYON 1 - (261120) S157 niveau considéré. Deux séances préliminaires étaient consacrées à l’explication du concept de mémoire de travail, des liens entre les tâches proposées et les difficultés exprimées par les plaintes ainsi que des objectifs de la rééducation. Le schéma expérimental pour démontrer l’efficacité et la spécificité de la méthode de rééducation était une étude en cas unique consistant en une ligne de base multiple selon les comportements (multiple baseline across behaviours) (Wilson, 1987b). Il comportait deux mesures pré-thérapeutiques pour évaluer le déficit et sa stabilité, et deux mesures post-thérapeutiques pour évaluer l’efficacité et la spécificité de la méthode ainsi que la stabilité des progrès. A chaque évaluation, plusieurs variables correspondant à des fonctions différentes étaient mesurées : des variables « cibles » spécifiques non entraînées (empans auditivoverbaux et visuo-spatiaux, empans de lettres et de mots, tâches de Brown-Peterson, tâches de Corkin), des variables « cibles » non spécifiques (tâche informatisée d’attention divisée, résolution orale de problèmes arithmétiques, compréhension orale de texte) et des tâches non cibles (temps de réaction simple et à choix, rappel de figures complexes et de listes de mots). Le transfert dans la vie quotidienne a été étudié avec des questionnaires écologiques : l’Échelle de Communication Verbale de Bordeaux (ECVB) (Darrigrand et Mazaux, 2000), l’Échelle d’évaluation du comportement attentionnel (Ponsford et Kinsella, 1991) et le questionnaire de mémoire de travail (Vallat et al., 2005). L’évaluation a montré une évolution significative après rééducation. Les tâches cibles spécifiques de mémoire de travail, à savoir les empans de chiffres auditivo-verbaux endroit et surtout envers et l’évaluation de l’administrateur central par l’épreuve de Brown Peterson avec des tâches interférentes de suppression articulatoire et de calcul mental, montraient des performances diminuées par rapport aux contrôles en pré-thérapie, et une amélioration significative en post-thérapie (Fig. 1), montrant ainsi l’efficacité de la rééducation de la mémoire de travail. Les empans visuo-spatiaux endroit et envers n’ont pas été modifiés après rééducation. Pour les tâches cibles non-spécifiques, impliquant la mémoire de travail, les performances du patient en résolution de problèmes arithmétiques étaient très basses en pré-thérapie, mais furent améliorées de façon significative après rééducation, ce qui confirmait la généralisation de la rééducation. Dans deux questionnaires écologiques : l’Échelle de Communication Verbale de Bordeaux (ECVB) (Darrigrand et Mazaux, 2000) et le questionnaire de mémoire de travail (Vallat et al., 2005), le patient rapportait avant la rééducation des difficultés dans toutes les situations de vie quotidienne, particulièrement lors de la conversation, de l’utilisation du téléphone et des courses ; ce qui contrastait avec un bilan de langage « instrumental » préservé. Une amélioration significative a été constatée sur ces questionnaires après la thérapie spécifique. De plus, le patient a repris après ce traitement une activité professionnelle à temps plein à son niveau antérieur. En ce qui concerne les tâches cognitives noncibles, le rappel de figures complexes n’était pas amélioré après rééducation ; ce qui montrait la spécificité de la rééducation. Nous n’avions malheureusement pas pu vérifier la stabilité des résultats car du fait de la reprise de son activité professionnelle, le patient n’avait plus assez de disponibilité. Cette étude expérimentale, en cas unique, a donc permis de démontrer une efficacité et une spécificité de ce programme de rééducation spécifique de la mémoire de travail verbale, avec un transfert des progrès dans la vie quotidienne. Depuis ce travail, S158 R evue Neu rologique 164 (2008) S154 - S163 Fig. 1. Évaluation de la mémoire de travail avant et après thérapie chez un patient après AVC (d’après Vallat et al., 2005). A : Évaluation de l’empan auditivo-verbal envers. Les résultats sont exprimés en nombre de réponses correctes sur 5 essais en fonction de la longueur de l’empan. Les résultats post thérapie montrent une amélioration des résultats pour les empans à 5 et 6 chiffres. B et C : Évaluation de l’administrateur central par l’épreuve de Brown Peterson : répétition de trois consonnes, à trois délais différents de 5, 10 et 20 secondes, avec suppression articulatoire (1B) et calcul mental (1C) en tâche interférente. Les résultats sont exprimés en pourcentage de réponses correctes. Les évaluations illustrent la stabilité des performances avant la thérapie (lignes de base 1 et 2) et l’amélioration après rééducation. Assessment of working memory before and after therapy in a patient with left hemisphere stroke (Vallat et al., 2005). A: Backward digit span. Results showed an improvement in the number of correct responses at levels 5 and 6. B and C: Brown-Peterson paradigm of short-term memory with interference (repetition of 3 consonants after 5, 10 or 20 secs). Two interfering tasks were used: articulatory suppression (1B) and mental calculation (1C). Results showed stability of baseline performance and a significant improvement after therapy. d’autres études de cas ont été réalisées, chez des patients vasculaires ou traumatisés crâniens (Vallat-Azouvi et al., 2007), avec des résultats comparables. 3. Le futur : quelles pistes pour la rééducation neuropsychologique ? Il est devenu coutumier d’entendre et de lire que les essais comparatifs randomisés sont insuffisamment développés en rééducation. L’objet de cet article n’est pas de revenir encore une fois sur cet aspect actuel des sciences rééducatives mais de porter notre regard sur le futur de la rééducation. Les progrès accomplis ces dernières années laissent entrevoir plusieurs pistes de renouvellement des grandes questions posées à la rééducation. Tout d’abord, l’émergence de nouvelles techniques d’exploration du système nerveux central permet de nouvelles explorations de la plasticité 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs. - Document tlcharg le 07/06/2010 par LYON 1 - (261120) cérébrale. Ensuite, la mise au point de nouvelles techniques ayant franchi le niveau de preuve de concept pour la rééducation permet de faire émerger de nouvelles attitudes thérapeutiques. 3.1. Les promesses des nouvelles technologies Les développements considérables de l’imagerie cérébrale réalisés depuis une vingtaine d’année ont commencé d’apporter de nouvelles informations sur la plasticité cérébrale en général et sur la récupération fonctionnelle en particulier. Un des exemples les plus classiques est l’observation que la récupération motrice s’accompagne d’une activité cérébrale ipsilatérale objectivée par la TEP (Chollet et al., 1991 ; Weiller et al., 1992). En étudiant l’activité cérébrale de patients hémiparétiques, cette équipe avait pu montrer que les mouvements du membre déficitaire s’accompagnaient d’une activité dans les aires motrices ipsilatérale, ce qui n’était pas observé avec le membre sain (Cramer et al., 1997 ; Revue Neu rologique 164 (2008) S154 - S163 Cuadradi et al., 1999 ; Di Piero et al., 1999 ; Honda et al., 1997 ; Cao et al., 1998). La première hypothèse naturelle proposée pour expliquer cette activité ipsilatérale était son implication dans la compensation du déficit d’activité corticale controlatérale et par conséquent dans la réduction du déficit fonctionnel (Fries et al., 1993). A l’inverse l’association de cette activité avec une sévérité du déficit moteur pouvait aussi conduire à s’interroger sur le possible aspect délétère de cette activité, qui pourrait contribuer à inhiber le rétablissement de l’activité controlatérale. Ces deux hypothèses ont été récemment testées par une approche innovante combinant IRMf et TMS (O’Shea et Walsh 2007 ; Hallett 2007). Chez des patients hémi-parétiques présentant un déficit variable, Johansen-Berg et al. (2002) ont étudié l’activité corticale ipsilatérale lors d’une tâche motrice simple (temps de réaction simple). Il a ainsi été possible de confirmer la présence d’une activité corticale ipsilatérale de la main déficitaire, plus développée chez les patients les plus déficitaires. La partie déterminante de cette étude a été de délivrer une stimulation magnétique transcrânienne (TMS) aux patients pendant la réalisation de la tâche motrice. Lorsque la stimulation transcrânienne était délivrée au cortex prémoteur ipsilatéral (mais pas au cortex moteur primaire), le temps de réaction de la main augmentait jusqu’à environ un tiers. De plus, cet effet était plus important chez les patients présentant le plus d’activité ipsilatérale, ce qui suggère que cette activité controlésionelle joue bien un rôle dans la compensation fonctionnelle des patients hémiparétiques. Il est par ailleurs tout à fait remarquable que le même groupe ait récemment réussi à reproduire ce résultat par une série d’expériences sophistiquées combinant cette fois-ci IRMf et plusieurs types de TMS chez le sujet sain (O’Shea et al., 2007a,b). En utilisant une tâche de temps de réaction à choix multiple, il est classiquement observé une dominance de l’hémisphère gauche au niveau du cortex prémoteur. Il est possible de perturber provisoirement cette aire en la soumettant à plusieurs minutes de rTMS (TMS répétitive à 1 Hz), et cela induit un déficit fonctionnel quantifié par l’augmentation des temps de réaction des sujets (alors qu’aucun effet n’est obtenu après rTMS à droite). Mais le déficit induit est éphémère, et ne se prolonge pas suffisamment pour réaliser une imagerie fonctionnelle pendant cette courte période. Quatre minutes après la fin de la rTMS les temps de réaction sont normalisés, mais l’IRMf révèle que c’est maintenant le cortex prémoteur droit qui présente une activité prédominante au cours de la réalisation de la tâche. La question se pose donc, comme chez les patients hémiparétiques, de savoir si cette activité droite pouvait compenser l’activité normalement dominante à gauche, qui avait été perturbée par la rTMS. Cette fois ci, les sujets reçoivent donc initialement une courte session de rTMS sur le cortex prémoteur gauche. Ils réalisent ensuite la tâche de temps de réaction en présence de TMS à choc unique délivré à chaque essai sur le cortex prémoteur droit. Alors que cette perturbation neuronale ne produisait aucun effet chez les sujets avant qu’ils ne reçoivent la rTMS du côté gauche (dominant), les sujets présentent maintenant une augmentation de leurs temps de réaction qui signe la contribution de ce cortex prémoteur droit à la compensation de la perturbation appliquée au cortex gauche. L’analogie entre les deux études menées chez le patient hémiparétique et le sujet sain démontre qu’il devient possible, au prix d’une importante rigueur scientifique visant à contrôler la complexité des systèmes étudiés, de mettre au point des modèles permettant d’étudier la récupération fonctionnelle chez le sujet 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs. - Document tlcharg le 07/06/2010 par LYON 1 - (261120) S159 sain. L’association des techniques d’imagerie fonctionnelle et de perturbation focale et transitoire du cerveau révèle quelles sont les aires qui non seulement contribuent à une fonction mais également, et cela est plus important pour le rééducateur, celles qui sont nécessaires à cette fonction. La notion d’un équilibre entre les deux cortex moteurs est également corroborée par des études cliniques. La perturbation du cortex moteur primaire par TMS semble ainsi pouvoir améliorer la fonction motrice de la main parétique, qu’elle soit appliquée au niveau de l’hémisphère sain (fréquence inhibitrice de 1 Hz : Takeuchi et al., 2005 ; Boggio et al., 2006) ou lésé (fréquence stimulatrice de 10 Hz : Kim et al., 2006) de telle sorte que le déséquilibre entre les deux hémisphères soit réduit (Lefaucheur, 2006). Ce qu’il est important de retenir de ces travaux, c’est à la fois les avancées techniques qui donnent aux médecins et aux chercheurs un accès plus direct aux fonctions cérébrales et leur permettent d’explorer la plasticité cérébrale in vivo et en temps réel, voire d’intervenir sur la dynamique de la récupération fonctionnelle. Ce type d’approche est fondamental dans le domaine de la motricité, mais il l’est aussi potentiellement pour un ensemble de fonctions cérébrales. En terme de rééducation il est absolument fondamental de pouvoir explorer la signification fonctionnelle des modifications des réseaux d’activité cérébrale observés au moyen de l’imagerie. L’intervention directe sur le tissu cérébral au moyen de la TMS permet donc à la fois de poser des questions fondamentales sur la dynamique de la plasticité cérébrale à court terme induite chez le sujet sain, et d’explorer de nouvelles interventions thérapeutiques visant, utilisée seule ou en combinaison avec une autre intervention, à stimuler la réorganisation fonctionnelle des réseaux altérés. Dans le cas de la motricité, nous venons de voir qu’une activation controlésionelle contribue à la fonction déficitaire, mais cela ne semble pas devoir être généralisé. En effet, on rappellera qu’à la suite des travaux menés chez le chat par Sprague dans les années 1960, qui avaient révélé qu’une lésion supplémentaire controlatérale pouvait améliorer le déficit attentionnel produit chez le chat après une première lésion, des résultats analogues ont pu être décrit chez l’homme (Rossetti et al., 2007). Patrick Vuilleumier a ainsi décrit l’amélioration d’un syndrome de négligence unilatérale gauche à la suite d’une lésion gauche (Vuilleumier et al. 1996) et l’utilisation de la TMS a également montré que l’activité de l’hémisphère gauche pouvait jouer un rôle délétère sur la répartition spatiale de l’attention à la suite d’une lésion hémisphèrique droite (Oliveri et al., 1999 ; Fierro et al., 2006). Il est ainsi possible de faire l’hypothèse qu’une hyperactivation de l’hémisphère sain contribue à l’expression du déficit causé par une lésion de l’hémisphère opposé. Les techniques d’imagerie fonctionnelle commencent également à apporter des arguments tangibles en faveur de cette hypothèse très populaire. L’étude de la dynamique de la récupération fonctionnelle après lésion cérébrale est devenue possible au niveau cérébral, et chez le patient, grâce en particulier aux techniques d’imagerie basée sur l’analyse de la connectivité fonctionnelle entre deux aires. Cette nouvelle approche peut être développée alors que le cerveau est enregistré « au repos », ce qui permet d’étudier les réseaux cérébraux sans exiger du patient la réalisation d’une tâche complexe et contrôlée. Un exemple récent et remarquable dans ce domaine est la contribution de l’équipe de Maurizio Corbetta à l’analyse de la négligence spatiale unilatérale. Une série de publications de son équipe a exploré la S160 Revu e Neurologique 164 (2008) S154 - S163 contribution de deux réseaux pariéto-frontaux au déficit et à la récupération de la négligence spatiale gauche. Après avoir étudié les aires activées par la réalisation de tâches de Posner chez des sujets sains et des patients et mis en évidence deux réseaux attentionnels pariéto-frontaux dorsal et ventral (Corbetta et al., 2005), ces auteurs ont récemment décrit l’évolution de la connectivité fonctionnelle pariéto-frontale au cours de la récupération. Les patients étudiés montraient initialement une réduction logique de l’activité pariéto-frontale ventrale droite, mais aussi de l’activité dorsale ipsilatérale. Au cours de la récupération, l’activité du réseau ventral lésé ne récupérait pas son activité normale, mais le réseau dorsal droit retrouvait une activité comparable au gauche, et cette récupération était corrélée à la récupération fonctionnelle (He et al. 2007). Dans le cas du syndrome de négligence spatiale, à l’inverse de ce qui a été décrit pour le système moteur, l’activité controlésionelle semble donc jouer un rôle délétère sur la fonction concernée (Rossetti et al. 2007). La popularité des grands thèmes de la latéralisation cérébrale et de la balance inter-hémisphèrique suit différents aléas, mais il est probable que les moyens d’études actuels réactivent ces questions qu’il devient possible d’explorer plus directement en couplant enregistrements et perturbations de l’activité cérébrale. Dans ce cadre, une question fascinante sera de déterminer ce qui prédispose certaines fonctions spécifiques à pouvoir bénéficier d’une « assistance controlatérale » alors que d’autres subissent un effet négatif. Une des pistes qui se dessine actuellement est que les fonctions les plus latéralisées, telles que la représentation de l’espace et le langage, pourraient correspondre à celles pour lesquelles il existe une véritable compétition entre les deux hémisphères. Cette hypothèse ouvre des perspectives thérapeutiques spécifiques, comme nous l’avons mentionné à propos de la négligence spatiale, mais il nous faudra déterminer quelles sont les autres fonctions susceptibles de bénéficier de ce type d’intervention directe au niveau de l’hémisphère sain. Des travaux récents ont en effet suggéré que l’utilisation de la TMS sur le cortex frontal droit pouvait produire des effets bénéfiques sur la récupération fonctionnelle de l’aphasie (Naeser et al. 2005 ; contribution de Xavier de Boissezon). De grandes questions s’ouvrent donc aux neuroscientifiques pour élucider les mécanismes de ces effets. De lourdes mais fascinantes expérimentations sont déjà devenues indispensables dans ce domaine en éclosion, qui permettront aux rééducateurs d’utiliser de nouveaux outils tels que la TMS en se basant sur des fondements neuroscientifiques validés plutôt que sur une tentante facilité d’apprentis sorciers. 3.2. De nouvelles attitudes rééducatrices Traditionnellement, la rééducation neurologique mise prioritairement sur la prise de conscience du patient de son déficit, sur l’identification des perturbations à la base du handicap, et sur la mise en place d’exercices dans lesquels l’intention et l’effort conscient occupent une place prépondérante. La rééducation de la négligence unilatérale par exemple consistait essentiellement à essayer de faire prendre conscience au patient de ses oublis à gauche et de lui apprendre à s’orienter spontanément vers la gauche (Rossetti et Rode, 2002). Ces méthodes dites « descendantes » permettent aux patients d’activer une stratégie intentionnelle lorsqu’ils sont en situation sensible comme lors d’un test clinique. 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs. - Document tlcharg le 07/06/2010 par LYON 1 - (261120) Mais elles ne permettent pas le plus souvent de compenser le déficit du patient dans les situations les plus automatiques de la vie de tous les jours. De l’aveu de Diller et Weinberg eux-mêmes, il est tout à fait paradoxal de vouloir aborder la prise en charge d’une pathologie de la conscience par une prise de conscience du patient (Rossetti et Rode, 2002). Une autre famille de procédures rompant avec cette stratégie a commencé à être explorée depuis une vingtaine d’année. Ces méthodes, que l’on peut qualifier de « ascendantes » consistent à court-circuiter les niveaux cognitifs supérieurs, qui sont atteints par la maladie, pour agir sur le cerveau par des voies détournées. Les systèmes sensori-moteurs réputés de bas niveau possèdent en effet de nombreuses projections vers les systèmes plus cognitifs (Rossetti et al. 2000 ; Rossettti et Pisella, 2002). L’idée première était que l’hémisphère cérébral atteint ne recevait plus assez de sollicitations sensorielles pour être suffisamment actif et remplir son rôle face à l’hémisphère gauche, afin d’équilibrer les moitiés droite et gauche (Ventre et al., 1984 ; Jeannerod et Rossetti, 1993). Les solutions proposées pour pallier à ce déséquilibre ont initialement consisté à produire une excitation de l’hémisphère atteint. Par exemple, l’instillation d’eau froide dans l’oreille des patients permet de modifier la balance naturelle existant entre nos deux vestibules, organes de l’équilibre situés dans l’oreille interne (Rubens, 1985). De façon très spectaculaire, un patient présentant une négligence sévère sera amélioré au point de s’orienter naturellement vers sa gauche ou de dessiner des objets symétriques. Mais l’imagerie mentale ou l’anosognosie peuvent aussi être améliorées (Rode et al., 1992 ; Rode et Perenin, 1994). Malheureusement la durée de ces effets demeure très insuffisante pour que la stimulation vestibulaire soit utilisée en rééducation clinique. Comme dans toutes les procédures dites ascendantes, l’exercice demandé au patient n’implique aucune explicitation du déficit gauche et aucune orientation volontaire du patient vers la gauche. Le mode d’action de ces techniques, s’il reste encore méconnu dans ses détails, met au contraire l’accent sur un niveau d’intervention « physiologique » sensoriel (par exemple : stimulation vestibulaire, stimulation optocinétique, ou vibration tendineuse) ou sensori-moteur (par exemple : adaptation prismatique). Elles peuvent donc également affecter les performances spatiales de sujets sains (Colent et al., 2000 ; Michel, 2006). Bien que la démonstration de l’intérêt de ces méthodes pour la rééducation soit encore insuffisante (aucune étude randomisée en double aveugle à allocation aléatoire disponible), certaines semblent très prometteuses (Frassinetti et al., 2002). La stimulation calorique vestibulaire et ses effets extrêmement spectaculaires bien que trop éphémères a ouvert la voie à d’autres pistes de recherche. Les perspectives d’avenir sont représentées par les approches visant à produire des effets durables par le biais de sessions répétées et/ou d’intervention sur des mécanismes d’adaptation. Parmi ces approches, une démarche « ascendante » active consiste à utiliser des lunettes permettant de dévier le champ visuel des patients négligents vers la droite (Rossetti et al., 1998 ; Pisella et al., 2006 ; Rode et al., 2003, 2007 ; Rossetti et al. 2005). Il s’agit de tromper le cerveau pour l’obliger à réorienter ses mouvements de la main vers la gauche selon un mécanisme d’adaptation de bas niveau (Rossetti, 1997 ; Redding et al., 2005) qui produirait des effets indirects sur les fonctions supérieures. Il a été récemment suggéré que les substrats neuro-anatomiques de ces effets sont eux aussi ascendants : l’adaptation prismatique de patients négligents s’accompagne d’une activité cérébelleuse droite ainsi que d’un Revue Neu rologique 164 (2008) S154 - S163 retentissement cortical, en particulier au niveau occipito-pariétal gauche (Luauté et al., 2006b). Se pose donc là encore la question de l’équilibration entre l’activité des deux hémisphères et son rôle dans la récupération fonctionnelle de la négligence. L’avenir dans ce domaine est donc de combiner plusieurs approches thérapeutiques utilisant des stratégies différentes ascendantes et descendantes. Certaines études ont ainsi eu l’originalité de combiner un stimulus sensoriel avec une tâche réalisée activement par le patient négligent, afin de produire un ancrage plus profond de la compensation produite (Wiart, 1997 ; Schindler et al., 2002). Mais des voies d’abord de type ascendantes semblent pouvoir être développées pour de nombreuses pathologies, dans lesquelles l’explication des améliorations observées ne repose pas nécessairement sur la notion d’équilibre interhémisphérique (Spitzyna et al., 2007). 4. Conclusion En trente ans, des progrès considérables ont été réalisés en rééducation. Ces progrès ont été avant tout étroitement liés aux progrès des modèles théoriques (approche cognitive, approche écologique, approche comportementaliste…). La méthodologie du cas unique a été un moteur puissant, dans un domaine où les grandes études de groupes homogènes de patients sont difficiles à mener. Dans l’avenir, les progrès des nouvelles méthodes d’imagerie cérébrale, couplées à des méthodes de stimulation nerveuse, devraient permettre de mieux comprendre les bases neurales de la rééducation cognitive et, faisant progresser les modèles théoriques, de développer de nouvelles approches thérapeutiques. Remerciements Ce travail a bénéficié du soutien des Hospices Civils de Lyon (Programme Thématique Prioritaire) et du PHRC (YR). Conflits d’intérêt : Les auteurs de cet article n’ont déclaré aucun conflit d’intérêt. Références Alderman, N., Burgess, P. (2001). Assessment and rehabilitation of the dysexecutive syndrome. In Greenwood, R., McMillan, T. M., Barnes, M. P., Ward, C. D. (Eds.). Handbook of neurological rehabilitation. Psychology Press : Hove. Baddeley, A;, Hitch, G. (1974). Working memory. In Bower, G. A. (Ed.). Recent advances in learning and motivation. Vol. 8, pp. 47-90. Academic Press. New York. Baddeley, A. D. (1986). Working Memory. Oxford University Press. New York. Bergego, C., Azouvi, P., Samuel, C., et al. (1995). Validation d’une échelle d’évaluation fonctionnelle de l’héminégligence dans la vie quotidienne : l’échelle CB. Ann Readap Med Phys, 38, 183189. Beauvois, M. F., Derouesné, J. (1986). Recherche en neuropsychologie et rééducation : quels rapports ? 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