Credit Bureaus
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Credit Bureaus
2121 Pennsylvania Avenue, NW, Washington, DC 20433, USA Credit Bureau : Meilleures pratiques internationales et études de cas © 2006 Société financière internationale 2121 Pennsylvania Ave., N.W. Washington, D.C. 20433 Téléphone : 202-473-3800 Site Web : www.ifc.org Tous droits réservés. Les constatations, interprétations et conclusions présentées dans ce document sont celles de l’auteur (des auteurs) et ne reflètent pas nécessairement les vues du Conseil d’administration de la Société financière internationale ou des pays qu’il représente. La Société financière internationale, filiale du Groupe de la Banque mondiale, ne garantit pas l’exactitude des données contenues dans ce document. 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Créer des services à valeur ajoutée dans les marchés émergents 47 4. Cadre juridique et réglementaire 57 5. Credit Bureau : Meilleures pratiques internationales et études de cas 63 CompuScan, Afrique du Sud : Un service efficace pour les micro-prêteurs 64 TransUnion Central America (TUCA) : Une solution régionale 65 SIMAH, Arabie saoudite : L’engagement à long terme des parties prenantes 66 Estealam (iScore), Égypte : Premier Credit Bureau privé en Égypte 67 Viet Nam : Soutien du secteur public à la création d’un Credit Bureau privé 68 Annexe 1 : Cartes 69 Annexe 2 : Pays ayant une législation relative au partage de l’information sur le crédit 75 iii Préface Le Programme mondial de Credit Bureau a été lancé en 2001 par la Société financière internationale (SFI). Depuis lors, la SFI a soutenu la création de ces agences dans plus de 40 pays en fournissant une assistance technique et des investissements. C’est ainsi qu’elle a notamment apporté son appui au Credit Bureau régional en Amérique centrale et au premier Credit Bureau privé en Égypte, qu’elle a travaillé à l’élaboration d’un cadre juridique et réglementaire au Kenya et au Panama et qu’elle apporte son concours à la mise en place d’un registre de crédit au Viet Nam. De concert avec la Banque mondiale, la SFI a entrepris de suivre l’évolution du cadre des informations de crédit dans plus d’une centaine de pays, et les résultats de ce suivi sont inclus et diffusés par le biais du Rapport « Doing business ». Le Guide « Credit Bureau : Meilleures pratiques internationales et études de cas » reflète l’expérience de la SFI dans le domaine des marchés de l’information de crédit, et a pour but de présenter une vue d’ensemble détaillée du développement des registres d’informations de crédit. L’expérience que la SFI a des marchés émergents indique que le corps général des connaissances sur les Credit Bureaus est fragmentaire tout comme les conditions du partage des informations de crédit dans la plupart des pays à marché émergent. L’objectif de ce Guide est donc de diffuser les pratiques optimales pour la création des Credit Bureaus et de contribuer davantage au développement de cette activité dans les marchés émergents. Le « Credit Bureau : Meilleures pratiques internationales et études de cas » a été préparé par une équipe composée des membres de l’équipe du Programme mondial de Credit Bureau de la SFI, à savoir Tony Lythgoe, Oscar Madeddu, Colin Raymond, Shalini Sankaranarayan, Peter Sheerin et Stefano Stoppani, et dirigée par Natalyia Mylenko. Le travail a été effectué sous la direction générale de Peer Stein. Les auteurs tiennent à remercier leurs collègues du Groupe de la Banque mondiale pour l’appui constant qu’ils ont apporté au Programme mondial de Credit Bureau et à la préparation de ce Guide. Nous exprimons aussi notre gratitude pour les contributions généreuses des registres de crédit du monde entier, sans lesquels il n’aurait pas été possible d’élaborer et de publier cet ouvrage. Nous remercions tout particulièrement Aichin Lim Jones, qui nous a aidés pour la conception, la mise en page et la production du Guide, ainsi que Madeline Nevins pour le soutien rédactionnel qu’elle a apporté. Nous tenons à exprimer notre reconnaissance pour l’aide fournie par nos bailleurs de fonds, sans lesquels les activités du Programme mondial de Credit Bureau n’auraient pu voir le jour. Nous tenons particulièrement à remercier l’Italie qui soutient nos activités en Europe de l’Est, en Amérique latine et dans les Caraïbes, les Pays-Bas qui épaulent notre action en Afrique, la Norvège qui apporte un concours financier pour notre programme dans son ensemble et pour les activités que nous menons en Afrique, l’Australie qui soutient nos activités au Viet Nam, la NouvelleZélande qui appuie notre action au Pakistan et en Indonésie, et Visa International pour son soutien au Programme mondial. Nous espérons que ce Guide se révélera instructif et utile. v Introduction Introduction Les Credit Bureaus sont des éléments essentiels d’une infrastructure financière qui facilite l’accès aux financements. À l’heure actuelle, moins de 25 % des populations qui vivent dans les pays en développement ont accès à des services financiers formels, contre parfois non moins de 90 % dans les marchés développés. L’expansion du secteur financier permet aux entreprises d’exploiter leur pouvoir productif et facilite l’intégration du secteur informel dans l’économie structurée. Dans les zones rurales, l’accès à l’épargne et au crédit permet aux paysans de lisser leur consommation et souvent de surmonter les risques imprévisibles que représentent les sécheresses et les catastrophes naturelles. Les familles qui obtiennent un prêt pour envoyer leurs petits à l’école peuvent préparer un meilleur avenir à leurs enfants et ont moins besoin de recourir à la pratique préjudiciable qu’est le travail des jeunes. L’obtention d’un financement à long terme pour construire un logement adéquat est le résultat direct d’une interaction complexe entre différents intermédiaires financiers intervenant dans une infrastructure financière appropriée et un cadre réglementaire bien adapté. Les banques jouent un rôle central en fournissant des services financiers à l’économie. Dans la plupart des marchés, les banques commerciales ont commencé par centrer leurs activités sur les grandes entreprises et sélectionner leur clientèle de particuliers et de petites entreprises. Au départ, leur structure organique était telle qu’il était trop coûteux de servir la petite clientèle et les marchés de masse. Ce sont donc essentiellement les services financiers informels et le crédit non bancaire qui permettent de pourvoir, en partie tout au moins, aux besoins des petites entreprises et des communautés. Les services fournis sur ce marché incluent ceux des prêteurs sur gages, les crédits fournisseurs, et de nombreux types de groupes d’entraide financière mutuelle, tels que les associations d’épargne et de crédit tournant, ou les tontines en Afrique. Le mouvement des banques mutualistes, qui est né au XIXe siècle et s’est propagé depuis lors dans le monde entier, est sans doute l’un des exemples les plus frappants du pouvoir de ces groupes d’entraide financière mutuelle. La montée en puissance des banques mutualistes et la renaissance de l’engagement social des banques envers les communautés qu’elles desservent ont inspiré les inventeurs de la microfinance dans les pays en développement au cours des deux dernières décennies. Mais les méthodes de distribution du crédit restent traditionnelles : le prêteur se fonde sur des jugements subjectifs pour apprécier la propension de l’emprunteur à rembourser avec l’aide de mécanismes alternatifs d’atténuation des risques tels que les garanties collectives. L’introduction des technologies financières modernes a déclenché une véritable révolution dans la distribution du crédit et, grâce à cette révolution, l’accès au crédit est pratiquement devenu chose courante dans les marchés développés. Les technologies ont permis aux banques de passer de la méthode traditionnelle, qui consiste à accorder un prêt sur la base d’un 1 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS jugement subjectif, à des processus plus automatisés, fondés sur des modèles quantitatifs. Elles permettent donc aux prêteurs de fournir des services financiers à un coût nettement plus faible et de distribuer du crédit à des segments plus larges de l’économie, ce qui renforce encore la démocratisation des services financiers. L’introduction de l’évaluation par score, ou credit scoring, dans les années 50 aux États-Unis — conjuguée à l’automatisation des flux de travail et aux garanties de crédit — a joué un rôle clé dans l’expansion rapide des crédits à la consommation. Les Credit Bureaus sont d’une importance fondamentale en ce qu’ils aident les prêteurs à prendre des décisions plus rapides et plus précises. Les antécédents de crédit fournissent non seulement les éléments d’information nécessaires pour les garanties de crédit, mais ils permettent aussi aux emprunteurs de présenter ces données à diverses institutions financières, ce qui a pour effet d’améliorer la compétitivité des marchés du crédit et, finalement, de les rendre plus abordables. Le premier chapitre de ce Guide présente les éléments de base qui permettent de comprendre le fonctionnement des Credit Bureaus. Il s’inspire des travaux empiriques les plus récents de la Banque mondiale sur les tendances de l’industrie et l’incidence de l’utilisation de l’information de crédit sur l’offre de financements et l’amélioration de la gestion des risques. Si l’apparition des premiers Credit Bureaus remonte au début du XIXe siècle à Londres, ce n’est qu’à partir des années 50 que les services d’informations de crédit modernes ont rapidement évolué avec l’amélioration de la technologie et l’essor du crédit. Parmi les marchés en développement et les marchés émergents, l’Amérique latine a des Credit Bureaus qui sont parmi les plus anciens du monde, mais ce n’est que dans les années 90 que ces services ont commencé à décoller dans la plupart des autres marchés en développement et des marchés émergents. Entre 1990 et 2005, le nombre des Credit Bureaus a plus que doublé. En Asie, de nombreux marchés émergents ont commencé à utiliser les informations de crédit après la crise financière des années 90. Les Credit Bureaus se sont rapidement développés dans les pays d’Europe de l’Est au cours des cinq dernières années, avec la concrétisation de nombreux 2 projets qui avaient été lancés dans les années 90. Ce n’est que depuis peu que la région MoyenOrient et Afrique du Nord manifeste un intérêt croissant dans l’information de crédit avec l’évolution qui se dessine au Maroc, en Égypte et au Pakistan. En dehors de l’Afrique du Sud, où se trouve l’un des plus anciens Credit Bureau, l’Afrique subsaharienne reste encore à la traîne, mais de nombreux pays soucieux d’engager des réformes ouvrent la voie en s’attachant à inscrire leur développement dans la logique des réformes qui visent à élargir l’accès au financement. Le chapitre 1 analyse aussi le rôle joué par les registres d’informations commerciales et de crédit en facilitant le crédit aux petites entreprises. Avec l’expansion des banques de détail, la distribution du crédit à ce segment du marché est désormais la dernière frontière de l’innovation. Les petites entreprises qui empruntent sont depuis toujours un marché difficile à servir à cause des coûts élevés qu’implique l’approche traditionnelle de l’évaluation des emprunteurs fondée sur un jugement subjectif. Aux États-Unis, Wells Fargo a fait œuvre de pionnier en adaptant les technologies du crédit à la consommation pour les appliquer aux petites entreprises dans les années 90. Jusqu’à ces dernières années, il n’existait dans ce pays aucun service d’informations de crédit sur les petites entreprises, mais les antécédents de crédit à la consommation des propriétaires des entreprises se sont révélés une variable hautement prédictive de la solvabilité desdites entreprises. Les innovations dans le secteur du crédit aux petites entreprises ont depuis lors été largement adoptées dans les pays développés, et elles commencent aussi à intéresser les pays en développement. Les institutions de microfinance, dont les coûts d’exploitation sont relativement élevés, voient dans cette innovation une possibilité de réduire leurs coûts et d’améliorer leur compétitivité. Lorsque les banques de détail traditionnelles ont commencé à « braconner » les clients des micro-prêteurs dans certains marchés comme en Bolivie, il est aussi devenu plus important pour ces distributeurs de microcrédits de se joindre aux initiatives lancées pour créer des Credit Bureaus et de les soutenir. Dans le passé, les registres d’informations de crédit sur les consommateurs et les entreprises ont négligé la production de renseignements sur Introduction les segments des petites et très petites entreprises de l’économie. Même aux États-Unis, il a fallu du temps pour qu’un consortium industriel lance un système d’informations de crédit sur les petites entreprises en 2002. Les agences de plusieurs marchés en développement tels que la Thaïlande, l’Inde et, plus récemment, la Turquie et le Royaume d’Arabie saoudite, ont déjà intégré la fourniture d’informations de crédit sur les petites entreprises dans leur plan stratégique afin d’éviter les erreurs de leurs homologues des pays développés. Le deuxième chapitre du Guide récapitule l’expérience acquise par l’équipe des spécialistes de la SFI dans la création de Credit Bureaus dans divers pays du monde. Il présente l’analyse de diverses méthodes d’approche dans ce domaine et passe en revue les problèmes techniques, financiers et de personnel qu’un registre de crédit en formation doit régler. La mise en place d’un registre de crédit demande beaucoup de temps et exige un engagement durable de la part de toutes les parties prenantes. L’ensemble du processus, depuis les discussions initiales jusqu’à la sortie du premier rapport de solvabilité en passant par l’éducation du public, la mise au point du cadre juridique et réglementaire, l’exécution effective des systèmes de l’agence et le téléchargement des données, peut demander cinq ans ou davantage. La participation active des créanciers et le soutien résolu des autorités nationales sont indispensables. Dans de nombreux marchés émergents, les banques sont les créanciers les plus importants des particuliers et des entreprises dans le système formel, de sorte que le registre de crédit commence souvent par faciliter le partage de l’information entre les établissements bancaires, puis il inclut d’autres créanciers tels que les compagnies de télécommunications et les détaillants. Les Credit Bureaus se caractérisent par les économies d’échelle qu’ils permettent de réaliser, et la coordination entre les créanciers est d’une importance fondamentale pour que les opérations puissent démarrer. Souvent, le soutien déterminé des autorités de surveillance des banques et la disposition de l’État à faciliter l’accès aux bases de données publiques sont déterminants pour la création d’un Credit Bureau. Dans certains cas, la banque centrale a choisi d’établir un registre du crédit et de fournir les données aux prêteurs ; plus récemment, la Russie et le Kazakhstan ont opté pour une solution privée, les autorités de surveillance des banques incitant fortement de leur côté les acteurs concernés à partager l’information. Le soutien politique et la disposition à partager l’information sont essentiels, mais les problèmes ne s’arrêtent pas là. Une fois que les créanciers acceptent de partager l’information, le registre de crédit doit venir à bout de multiples problèmes techniques. Dans plusieurs pays, l’infrastructure nécessaire pour l’échange des données est insuffisante ; les pièces d’identité uniques n’existent pas ; ou l’enregistrement d’autres éléments d’information facilitant l’identification, tels que le nom, l’adresse, la date de naissance est erroné et/ou incohérent. Tous ces problèmes compliquent la collecte et la fusion des données, mais ils ne doivent pas empêcher la création d’un Credit Bureau. Dans de nombreux cas, la création de ce genre de Credit Bureau sert de signal d’alerte pour rappeler aux prêteurs qu’ils doivent saisir et stocker les données d’information nécessaires. Progressivement, cela permet aux banques de mieux gérer leurs risques et d’optimiser les procédures de prêt. L’échange d’informations de base est une première étape. Le registre de crédit utilise ces données pour fournir une analyse détaillée de la solvabilité de l’emprunteur à l’aide de techniques telles que l’évaluation par score. L’agence peut aussi utiliser ces données pour le suivi des portefeuilles et la détection des fraudes — pour ne citer que quelques-uns des services à valeur ajoutée que peuvent fournir les agences, et qui sont analysés dans le chapitre 3. Dans de nombreux pays, il n’est pas possible d’organiser le partage de l’information, car le cadre juridique et réglementaire nécessaire fait défaut. Le chapitre 4 présente une vue d’ensemble des méthodes utilisables pour réglementer le partage de l’information. Avec l’expansion du réseau des banques de détail et la collecte des données sur les particuliers et les petites entreprises par les Credit Bureaus, les préoccupations concernant la protection des données et les droits des consommateurs deviennent aussi de plus en plus grandes. Dans certains pays, ce débat a une connotation hautement politique ; dans d’autres pays, il porte davantage sur les abus récents, tels 3 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS que l’usurpation d’identité. Cette pratique a largement dépassé le stade de la nuisance, surtout aux États-Unis, où les gens consacrent de plus en plus de temps à protéger l’intégrité de leurs antécédents de crédit. Cette situation souligne l’importance des mesures de sécurité que doivent prendre les registres de crédit, mais elle a aussi une incidence bien plus profonde quant au type de données que les agences peuvent utiliser pour les décisions de crédit et la façon dont elles assurent la qualité des données et les services à valeur ajoutée qu’elles offrent. Les difficultés liées à la qualité des données, que rencontrent de nombreux marchés en développement, peuvent retarder le démarrage d’un Credit Bureau. Les marchés en développement ne sont toutefois pas les seuls à se heurter à ce problème, qui se pose aussi à des marchés plus développés et notamment aux États-Unis. Une étude réalisée récemment par la Fédération des consommateurs d’Amérique et la National Credit Reporting Association montre qu’il existe entre les principaux Credit Bureaus des différences substantielles dans l’exactitude des scores de crédit et la qualité des données sous-jacentes concernant les antécédents de crédit. Par conséquent, l’avenir des informations de crédit impliquera non seulement une éducation plus poussée des consommateurs pour les familiariser avec l’utilisation, les avantages et les risques de ce type de renseignements, mais aussi des efforts constants de la part des Credit Bureaus pour assurer la qualité des données et l’accès des consommateurs. La législation applicable aux informations de crédit doit établir un équilibre délicat entre l’aptitude des créanciers à partager l’information et le droit à la confidentialité des individus. Les banques arguent souvent de leurs obligations de secret et de confidentialité pour ne pas partager l’information. Elles sont généralement disposées à fournir des informations sur les retards de remboursement des débiteurs, mais pas sur les prêts sans problèmes. Cette mauvaise volonté à partager l’information positive restreint toutefois la concurrence et ne permet pas à un emprunteur de tirer parti de ses bons antécédents de crédit pour obtenir de meilleures conditions financières. L’emprunteur a le droit de demander que ses antécédents de crédit soient communiqués à 4 n’importe quel prêteur auquel il s’adresse pour obtenir un crédit. La loi devrait permettre à un registre de crédit de faciliter le partage de l’information tout en assurant la sécurité des données et la protection des droits de l’intéressé sur les données qui le concernent. Les Credit Bureaus sont un élément important pour une distribution responsable du crédit. Lors de la crise des crédits à la consommation qui a frappé Hong Kong (Chine) et la Corée du Sud il y a quelques années, la distribution imprudente du crédit via les cartes de crédit, en l’absence de Credit Bureaus disposant d’informations positives, a favorisé le surendettement des particuliers et déclenché la vague des faillites personnelles qui s’en est suivie. Depuis lors, Hong Kong (Chine) a adopté le système d’informations de crédit positif afin de réduire le risque que cette crise ne se reproduise. À l’heure où d’autres marchés sont confrontés à des pratiques de distribution du crédit sauvages et imprudentes, les registres de crédit peuvent jouer un rôle central en permettant aux prêteurs d’évaluer le degré d’endettement des clients et de fixer des plafonds de crédit prudents et responsables. Pour illustrer les discussions théoriques et les directives pratiques, le rapport présente cinq études de cas sur les Credit Bureaus qui ont été créés récemment ou sont en passe de l’être dans différentes parties du monde : un exemple d’agence efficace pour les institutions de microfinance en Afrique du Sud ; un service régional d’informations de crédit en Amérique centrale, qui est une option prometteuse pour les petits marchés où la distribution du crédit s’effectue sur une base régionale ; un Credit Bureau dans le Royaume d’Arabie saoudite, qui montre l’importance d’un engagement durable des parties prenantes pour la mise en place de ce genre de services ; le premier Credit Bureau d’Égypte, qui montre comment il est possible de mettre assez rapidement sur pied ce genre de services lorsque les intérêts de toutes les parties prenantes se rejoignent et que le projet bénéficie du soutien résolu des autorités ; et une agence vietnamienne, qui montre l’importance d’une politique d’ensemble pour le développement de ces services et souligne l’importance du soutien du secteur public. Données de base sur le rapport de crédit 1 Données de base sur le rapport de crédit 1.1 Définition d’un Credit Bureau Le Credit Bureau — ou registre de crédit — est une institution qui collecte des données auprès des créanciers et des sources publiques disponibles au sujet des antécédents de crédit d’un emprunteur. Elle réunit un ensemble d’informations sur les particuliers et/ou sur les petites entreprises, comme les antécédents de remboursement des crédits, les décisions de justice et les faillites, puis elle rédige un rapport de solvabilité détaillé, qu’elle vend aux créanciers. Les Credit Bureaus diffèrent des agences de notation, telles que Standard & Poors (S&P), Moody’s et Fitch, qui recueillent des informations financières sur les grandes entreprises, effectuent des analyses détaillées des opérations, des finances et de la gouvernance de ces entreprises ; puis attribuent une note à leurs émissions d’emprunts. Les Credit Bureaus s’intéressent à des créanciers plus modestes, ils se concentrent sur les antécédents de remboursement des crédits et s’appuient sur l’analyse statistique d’un grand nombre d’emprunteurs, et non sur une analyse minutieuse des entreprises considérées individuellement. Les Credit Bureaus sont essentiels à la bonne tenue des marchés du crédit. Ce sont des instruments indispensables qu’utilisent les institutions financières pour étayer leurs opérations de prêts aux particuliers. ils contribuent à remédier à un problème fondamental des marchés financiers, appelé « l’asymétrie de l’information », qui signifie que l’emprunteur connaît bien mieux la probabilité de remboursement de ses dettes que le prêteur. Cette incapacité du prêteur à évaluer avec précision la solvabilité de l’emprunteur se traduit par des taux de défaillance relativement élevés et pèse sur la rentabilité de l’institution financière. Les prêteurs remédient à ce problème en analysant la capacité à rembourser de l’emprunteur et/ou en exigeant une garantie pour couvrir la perte en cas de défaut de paiement. La présentation d’une garantie pose souvent problème, en particulier dans les pays en développement et surtout pour les nouvelles entreprises, les microentreprises et les petites et moyennes entreprises (PME), qui dans bien des cas ne disposent pas d’actifs suffisants pour offrir une garantie. En outre, le coût que supportent les prêteurs pour saisir et liquider les actifs servant de garantie est parfois important et la procédure peut demander beaucoup de temps. Selon une enquête de la Banque mondiale1, dans la plupart des pays en développement, il faut un ou deux ans pour faire exécuter un contrat, et cela coûte autour de 20 à 40 % du coût de la dette. Dans les cas extrêmes, comme au Congo par exemple, il faut en moyenne trois ans pour faire exécuter un contrat, et cela peut coûter jusqu’à 250 fois le coût de la dette. Le recrutement d’enquêteurs pour vérifier les antécédents des emprunteurs est une opération coûteuse. Pour les petits prêts, il n’est pas possible d’effectuer une enquête approfondie sur l’emprunteur, mais une enquête de ce genre se justifie pour les prêts importants. Le manque de données d’information à faible coût limite l’aptitude des prêteurs à développer leurs opérations de prêts aux particuliers et à en faire une activité rentable. Le suivi et l’examen du comportement de l’emprunteur offre une autre possibilité de réduire le problème de l’asymétrie de l’information. Le comportement passé est une variable estimative 1 Banque mondiale, 2005. Doing Business in 2005: Removing Obstacles to Growth. Washington : Banque mondiale, Société financière internationale et Oxford University Press. 5 CREDIT BUREAU: MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS très fiable du comportement futur. Par exemple, de nombreux pays n’accordent un crédit à une entreprise que si celle-ci a ouvert un compte auprès de la Banque depuis au moins six mois à un an, ce qui permet à l’établissement bancaire d’observer les flux de trésorerie de l’entreprise. Autre solution, la méthode du prêt collectif, utilisée surtout par les institutions de microfinance, permet aux prêteurs d’accorder un prêt à des emprunteurs individuels qui, du fait de leur appartenance à un groupe, ont pu établir des antécédents de crédit auprès de l’institution. Ce n’est qu’ensuite que le prêteur accorde des crédits individuels. Dans ces exemples, les antécédents de crédit de l’emprunteur, parfois appelés « la garantie de la réputation », permettent à un particulier ou à une entreprise d’avoir accès à des financements. Les Credit Bureaus s’appuient aussi sur le suivi et l’examen du comportement des emprunteurs. Les prêteurs partagent l’information accumulée dans le cadre de leurs opérations de prêt avec l’agence, qui en fait ensuite profiter d’autres fournisseurs de crédit. Cela leur permet de mieux évaluer les risques de crédit en fonction du comportement donné de l’emprunteur pour le remboursement de crédits passés. Les prêteurs peuvent donc prendre leur décision de prêt en connaissance de cause. 1.2 Informations de crédit sur les consommateurs et informations de crédit sur les entreprises L’industrie des agences privées d’informations de crédit comprend deux catégories : les agences d’informations sur les consommateurs et les agences d’informations de crédit sur les entreprises financières (voir figure 1). Les petites entreprises peuvent être couvertes par les deux catégories d’agences. Le modèle économique des Credit Bureaus sur les consommateurs comprend a) l’obtention de données gratuites émanant pour l’essentiel des créanciers et des sources publiques, suivie de l’appariement, du croisement et de la fusion de ces données ; b) l’analyse et l’interprétation des données ; et c) la vente des données aux prêteurs. Auparavant, ce modèle était appliqué aux crédits à la consommation, mais actuellement les agences couvrent de plus en plus les petits prêts accordés aux entreprises. Les agences d’informations de crédit sur les entreprises en revanche, s’appuient moins sur les informations communiquées par les prêteurs et Figure 1 : Base de la clientèle par type de Credit Bureau/agence d’informations Agences de notation Grandes entreprises Credit bureaus sur les consommateurs et les entreprises Credit bureaus sur les consommateurs Consommateurs 6 Consommateurs et petites entreprises Données de base sur le rapport de crédit Nombre d’agences privées d’informations de crédit Figure 2 : Sources d’information des Credit Bureaus privés Banques Banques Banques de Banques commerciales commerciales développement mutualistes/ privées coopératives publiques Sociétés financières Émetteurs de cartes de crédits Entreprises Détaillants/ distributrices commerçants de crédit Services d’utilité publique Autres Institutions de Credit microfinancement Bureaus Sources d’informations des registres de crédit publics davantage sur les données émanant de sources publiques ou recueillies dans le cadre d’enquêtes directes, ainsi que sur le comportement de remboursement indiqué par les fournisseurs. Dun & Bradstreet est l’une des agences d’informations commerciales les plus connues. Comme on l’a indiqué plus haut, il faut distinguer ce type de services des services fournis par les agences de notation, telles que Moody’s, S&P, ou Fitch. 1.2.1 Les Credit Bureaus particuliers Les Credit Bureaus particuliers recueillent l’information sous une forme normalisée auprès de différentes catégories de prêteurs, tels que les banques, les sociétés de cartes de crédit, les banques de détail, d’autres institutions financières non bancaires et les services d’utilité publique. L’enquête de la Banque mondiale par exemple montre que 60 % à peu près des agences privées incluent les données communiquées par les détaillants et les commerçants dans leurs bases de données, et au moins 43 % utilisent l’information fournie par les services d’utilité publique (voir figure 2)2. Les Credit Bureaus fusionnent et croisent les données afin de produire un rapport de solvabilité pour chaque emprunteur considéré individuellement. Ce rapport, qui fournit un profil détaillé de l’emprunteur, est ensuite vendu aux prêteurs. Les rapports individuels contiennent en général des informations personnelles sur l’emprunteur et des informations sur ses comptes créditeurs. La section personnelle contient habituellement le nom de l’emprunteur ; son numéro d’identification, tel que celui de la sécurité sociale (s’il existe) ; la date de naissance ; les noms de famille antérieurs ; l’adresse actuelle et l’adresse antérieure ; d’autres formes d’identification ; les listes des emplois antérieurs ; les alertes, telles que le vol d’une carte d’identité ou les blocages pour raisons de sécurité ; et la date de mise à jour de l’information (voir figure 3). La section récapitulative des crédits contient des informations sur tous les comptes de crédit (ouverts et clos) que l’emprunteur a pu avoir, tous les comptes en règle, les comptes à solde débiteur ; les informations négatives sur les comptes et toutes les demandes de renseignements concernant l’emprunteur au cours des 12 mois précédents au moins. 2 Banque mondiale, 2005. Doing Business Database on Private Credit Bureaus. 7 CREDIT BUREAU: MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Figure 3 : Données d’information au niveau de l’entreprise, collectées par les Credit Bureaus3 Pourcentage des Credit Bureaus 80,8 80,8 71,8 62,8 61,5 57,7 56,4 51,3 50,0 47,4 41,0 32,1 20,5 Nom de l’entreprise Adresse Identité du Nom du Branche Avoirs et Impôt et Revenu Paiements Liste des Décision contribuable propriétaire d’activité engagements revenu personnel du aux chèques sans de justice provision propriétaire services publics Faillites Divers Types d’information Les antécédents de crédit de l’emprunteur sont souvent enregistrés en termes de remboursements non effectués, sous la forme d’un état analogue à celui de la figure 4. Le rapport de solvabilité contient aussi des données sur les recouvrements de créances en souffrance et des informations issues de tous les registres disponibles, telles que les décisions de justice et les jugements de faillite. Ce rapport énonce en général les droits du consommateur et décrit les procédures à suivre pour contester l’information. Enfin, dans de nombreux pays, le rapport contient une évaluation par score. Figure 4 – Exemple d’historique des paiements Historique des paiements — Périodes d’observation 2006 2005 2004 SAJJMAMFJ DNOSAJJMAMFJ DNOSAJJ Lire les antécédents Dernière Dernière de droite à gauche comptabilisation comptabilisation disponible des paiements Paiement effectué en temps voulu Paiement effectué avec un retard de 1 à 29 jours et plus indique un retard de paiement plus important Les rapports sont généralement disponibles sous forme électronique ou via l’Internet, et les créanciers importants reçoivent directement les rapports de solvabilité dans leur système d’instruction des prêts. Les prêteurs paient 8 l’agence pour les rapports de solvabilité sous forme de cotisation, ou de commission par demande de renseignement, avec d’importantes réductions sur quantité, ou une combinaison des deux. Le prix d’un rapport de solvabilité peut varier de quelque cents à cinq dollars ou plus en fonction de la taille du prêteur, de la quantité d’informations demandées et du pays. Les rapports d’enquête établis par les agences pour les prêts aux entreprises comportent des données plus détaillées sur les entreprises et leur prix se situe dans une fourchette de 10 à 75 dollars, selon la taille du prêteur, la quantité des informations demandées et le pays. Auparavant, les Credit Bureaus particuliers ne recueillaient que des informations sur les consommateurs particuliers. Mais, depuis quelques années, avec l’expansion des prêts aux petites entreprises et les progrès de la technologie de l’information (TI), un nombre plus important d’agences incluent aussi des données sur les petites entreprises. Selon une enquête récente de la Banque mondiale4, 76 % environ des Credit Bureaus privés disposaient au moins de certains éléments d’information sur les entreprises. Lorsqu’une agence collecte à la fois des données sur les particuliers et sur les entreprises, elle 3 4 Banque mondiale, 2005. Doing Business Database on Private Credit Bureaus. Banque mondiale, 2005. Doing Business Database on Private Credit Bureaus. Données de base sur le rapport de crédit présente l’avantage particulier de combiner l’évaluation d’une entreprise et de son propriétaire. Les antécédents de crédits du propriétaire d’une entreprise constituent une variable prédictive importante du risque de crédit d’une petite entreprise. En outre, les propriétaires de petites entreprises mélangent souvent leurs finances personnelles et celles de l’entreprise, de sorte qu’il faut recueillir des données sur les deux pour pouvoir présenter une évaluation plus précise du risque. 1.3. Structure du capital 1.2.2 Les Credit Bureaus entreprises Les registres de crédit commerciaux fournissent l’information sur les sociétés qu’ils peuvent recueillir auprès de sources publiques ou dans le cadre d’enquêtes directes, ou encore en interrogeant les fournisseurs sur le comportement de remboursement de la société. Ces agences établissent des rapports sur des entreprises qui sont plus modestes, quant à la taille et aux recettes, que les sociétés couvertes par les agences de notation. Les rapports de solvabilité sur les entreprises peuvent couvrir les très petites entreprises, mais l’information est souvent restreinte parce que la structure du rapport n’est pas adaptée pour les petites entreprises. En outre, le coût d’un rapport pour une petite entreprise (et une microentreprise) sera probablement élevé au regard de l’importance du prêt. C’est la raison pour laquelle les Credit Bureaus particuliers seront sans doute mieux en mesure de s’occuper des petites entreprises. Le leader mondial en matière d’informations de crédit sur les entreprises est Dun & Bradstreet, dont l’origine remonte à la Bourse de commerce, créée à New York en 18415. Autrefois, Dun & Bradstreet remettait ses ouvrages de référence à ses abonnés avec le maximum de précautions de sécurité. Aujourd’hui, il transmet l’information sur le crédit à plus de 60 millions d’entreprises dans le monde6. Plus récemment, la Coface, qui est le deuxième assureur-crédit du monde, est entrée sur le marché international, en s’appuyant sur sa base de données sur le comportement de remboursement de centaines de milliers de moyennes entreprises, base de données qu’elle a construite dans le cadre de ses activités d’assurance contre le risque de crédit. Dans la plupart des pays, les entreprises locales ont aussi des activités d’examen du crédit. Le Guide traite essentiellement des Credit Bureaus sur le crédit à la consommation et les petites entreprises. En général, la structure du capital d’un Credit Bureau appartient à l’une des trois catégories suivantes : Les Credit Bureaus à but lucratif, où les banques et/ou d’autres créanciers sont des actionnaires majoritaires ou minoritaires Les Credit Bureaus à but lucratif détenus et gérés par une firme spécialisée, dans laquelle les créanciers ne détiennent aucun intérêt Les Credit Bureaus à but non lucratif, formés par une association ou une chambre de commerce, dont les activités sont financées la plupart du temps par des cotisations sous une forme ou une autre Une enquête menée par la Banque mondiale7 auprès de 78 Credit Bureaus dans 55 pays du monde montre que les banques, les institutions financières ou les fournisseurs de cartes de crédit ne détenaient alors aucun intérêt dans le capital de 46 Credit Bureaus, 22 étaient détenus par des banques, des institutions financières ou des fournisseurs de cartes de crédit, 7 étaient détenus par des associations professionnelles ou des chambres de commerce, et 3 seulement étaient en partie détenus par l’État (voir figure 5 ci-dessous). Figure 5 : Structure du capital des Credit Bureaus Association professionnelle/ chambres de commerce Capitaux privés, avec participation de banques/ institutions financières/ autres fournisseurs de crédit 5 6 7 Capital en partie détenu par l’État Capitaux privés, sans participation de banques/ institutions financières/ autres fournisseurs de crédit Rowena Olegario. 2003. « Credit Reporting Agencies: A Historical Perspective, » dans Credit Reporting Systems and the International Economy, Dir. de Pub. Margaret J. Miller. Boston : Massachusetts Institute of Technology. Banque mondiale, 2004. Doing Business in 2004: Understanding Regulation. Washington : La Banque mondiale, la Société financière internationale et Oxford University Press. Banque mondiale, 2004. Doing Business Database on Private Credit Bureaus. 9 CREDIT BUREAU: MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS La participation partielle de l’État au capital des Credit Bureaus n’est pas très courante, et une poignée de pays seulement suivent ce modèle.Au Sri Lanka par exemple, le Credit Information Bureau est un partenariat public-privé, dans lequel la Banque centrale détient 49 % du capital. Mais celle-ci projette de se désengager le moment venu du capital du Bureau8. Dans d’autres cas de cette catégorie, ce ne sont pas des entités publiques qui sont devenues des actionnaires majoritaires, mais plutôt des banques d’État. En Inde par exemple, lorsque le CIBIL a été créé, son capital était détenu en majorité par la State Bank of India et la Housing Development Finance Corporation Ltd. (40 % chacune) aux côtés de Dun & Bradstreet et de TransUnion (10 % chacun)9. Au fil du temps, d’autres banques sont devenues actionnaires du Credit Bureau. Les Credit Bureaus indépendants, sans participation des prêteurs au capital, tels qu’Equifax et TransUnion aux États-Unis, sont parfois considérés comme des structures plus efficaces pour gérer ce genre d’opérations. L’information de crédit est l’activité principale de ces entreprises, et l’objectif essentiel des actionnaires est de maximiser la valeur du Credit Bureau en développant ses activités et en offrant de nouveaux services. Mais cette approche est rarement possible lorsque l’agence est créée dans des pays où il n’en existe encore aucune. Dans la plupart des cas, les prêteurs hésitent à partager l’information avec un CB indépendant, car ils n’ont pas confiance. Une solution courante consiste donc à créer un Credit Bureau dont le capital est détenu par des banques et/ou d’autres prêteurs. C’est la méthode adoptée par des pays tels que le Brésil, l’Allemagne, l’Italie, la Roumanie, la Turquie et plusieurs autres. Mais elle présente un inconvénient en ce sens que les prêteurs, même en tant qu’actionnaires de l’agence, ne placent pas toujours le développement des activités du Credit Bureau au sommet de leurs priorités. Les membres existants peuvent par exemple être réticents à laisser de nouveaux prêteurs prendre une participation au capital de l’agence, étant donné que les nouveaux venus profitent grandement de l’information sur les clients existants alors qu’ils ne sont pas en mesure d’apporter une quantité importante de renseignements. Le fait que les prêteurs soient actionnaires du Credit Bureau signifie aussi qu’il y a moins de chances qu’ils utilisent les services d’un Credit Bureau indépendant, ce qui aura pour effet d’augmenter les obstacles à l’entrée sur le marché des fournisseurs d’informations de 10 crédit. Dans les cas où seules quelques banques sont actionnaires, alors que plusieurs autres banques sont membres du Credit Bureau, il se peut que les banques actionnaires influent sur la politique des prix d’une manière qui pénalise les membres non actionnaires. Une façon d’atténuer ces problèmes consiste à n’autoriser que des prêteurs individuels à détenir une participation au capital du registre de crédit. Pour résumer, cette approche présente plusieurs inconvénients par rapport à l’option de l’opérateur indépendant, mais c’est souvent la seule solution possible pour gagner la confiance des prêteurs. Au cours de ces dernières années, de grandes agences internationales ont essaimé dans les marchés émergents et, souvent, les nouvelles entités créées ont pour actionnaires l’agence internationale et des banques locales. C’est le cas par exemple du Mexique, de la Russie, du Kazakhstan et de plusieurs autres pays. Il arrive aussi qu’à mesure que la confiance des prêteurs dans les activités du Credit Bureau augmente, ceux-ci se désengagent du capital, comme ce fut le cas à Hong Kong et en République dominicaine. L’industrie des informations de crédit se caractérise par des externalités de réseau et des économies d’échelle, qui pourraient conduire à classifier un Credit Bureau comme un monopole naturel. Les débats en cours quant au nombre optimal d’agences que peut supporter un marché n’ont pas permis de dégager un consensus quelconque jusqu’à présent. D’un côté, un registre unique combinant des informations agrégées d’un bout à l’autre du système et incluant des informations de crédit distribuées aussi bien par les banques que par les établissements non bancaires fournirait aux prêteurs un corps très complet d’informations, notamment des renseignements détaillés sur la solvabilité des emprunteurs. D’un autre côté, en l’absence de concurrence, l’agence n’est pas incitée à améliorer la qualité des données, à fournir des services à valeur ajoutée, ou à offrir des prix plus intéressants. Les petits marchés ne peuvent sans doute accueillir plus d’un Credit Bureau, mais un grand nombre de pays importants ont une industrie de l’information de crédit très compétitive, avec deux agences ou plus qui se concurrencent activement. Aux États-Unis par exemple, trois 8 9 Banque mondiale, 2004. Credit Bureau Development in South Asia, Finance & Private Sector Development, South Asia Region. Washington : Washington Site Web du Credit Information Bureau (India) Ltd. (CIBIL) disponible à : http://www.cibil.com/web/promoters.html. Données de base sur le rapport de crédit grandes agences opèrent actuellement sur le marché. Cette structure est le résultat de la concentration de l’industrie des services financiers au cours des 15 à 20 dernières années. Bien que de nombreuses banques fournissent des données et obtiennent des informations de crédit émanant de plus d’une agence, l’information contenue dans ces différents rapports n’est pas identique. Pour remédier à ce problème, une autre catégorie d’entreprises — les agrégateurs — est entrée sur le marché afin d'offrir des rapports synthétisés exhaustifs. En Afrique du Sud, trois Credit Bureaus disposent de données provenant du même groupe de banques, mais ils entrent en concurrence pour la qualité de l’information et la valeur ajoutée des services qu’ils fournissent. Parmi les autres pays dotés d’une industrie compétitive des informations de crédit, on peut citer notamment l’Italie, le Chili et l’Équateur. D’un autre côté, l’Allemagne, l’Australie et la plupart des autres pays européens plus petits n’ont qu’un registre de crédit important. Les Credit Bureaus à but lucratif sont généralement plus répandus que ceux à but non lucratif. Les données d’expérience concernant ces dernières agences montrent qu’elles sont habituellement moins innovantes, qu’elles ne sont pas en mesure d’offrir des services d’excellente qualité, et qu’elles tendent à s’enliser dans les procédures bureaucratiques (voir tableau 1). Les associations de prêteurs ou les chambres de commerce peuvent être une bonne plateforme pour engager des discussions sur la nécessité de partager l’information et de réaliser un consensus entre les membres potentiels de l’agence, mais il serait préférable que le CB lui-même soit une entité commerciale. Voir chapitre 2, Création de Credit Bureaus dans les marchés émergents, pour une analyse plus détaillée du modèle économique de ce type de services. Tableau 1 : Comparaison des structures du capital des Credit Bureaus Entité commerciale dont le capital est détenu par les prêteurs Avantages Inconvénients Exemples Entité commerciale, sans participation des prêteurs au capital Souvent la seule solution pour créer une agence et obtenir des prises de participation par les prêteurs Le soutien des prêteurs implique un engagement fort et assure la viabilité de l’agence L’optique commerciale assure l’innovation et un service de haute qualité Des conflits d’intérêt possibles lorsque les actionnaires existants s’opposent à l’entrée de nouveaux prêteurs dans l’agence ou à l’introduction de nouveaux services Processus décisionnel ralenti du fait qu’il faut rapprocher les points de vue divergents de nombreux actionnaires Obstacles à l’entrée de nouveaux prestataires et de nouveaux membres L’État, en sa qualité d’actionnaire, suscite des conflits d’intérêt entre la fonction de surveillance et la fonction d’actionnaire CRIF (Italie) CIG (Islande) SCHUFA (Allemagne) Serasa (Brésil) SIMAH (Arabie saoudite) Association de prêteurs à but non lucratif Pas de conflits d’intérêts dans la gestion L’optique commerciale assure l’innovation et un service de haute qualité Large couverture du marché possible Financement des coûts par l’association En général, les banques ne sont pas disposées à partager les données si elles ne participent pas au capital de l’agence Pas de capital Incitations limitées à innover Qualité de service généralement moins bonne que celle d’une entité commerciale Lenteur du processus décisionnel Equifax (EU) Experian (EU, RU) TransUnion (EU) Compuscan (Afrique du Sud) Datacheck (Pakistan) Option courante en Amérique latine, où les chambres de commerce gèrent des listes de débiteurs défaillants 11 CREDIT BUREAU: MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS 1.4 Types et importance des éléments d’information recueillis Les informations concernant les antécédents de crédit peuvent être en gros divisées en deux catégories : Les informations négatives : Les antécédents de crédit ne contiennent que des données sur les défauts de paiement. Ces données peuvent préciser les montants non remboursés et la date du dernier paiement. Lorsque la dette est remboursée, les informations sur les impayés sont retirées de la base de données. À propos de ces bases de données, on parle aussi souvent de listes noires. Trente deux pour cent des Credit Bureaus particuliers ne communiquent que les informations négatives. Les informations positives (et négatives) ou informations complètes : les antécédents de crédit contiennent des informations sur tous les comptes de crédit ouverts et fermés, et en particulier sur le montant approuvé, ainsi que des données sur les remboursements. Si un emprunteur a eu un retard de paiement, mais a finalement remboursé son crédit, l’information sur le défaut de paiement reste dans le dossier et n’est retirée qu’après une période de temps déterminée. Soixante-huit pour cent des Credit Bureaus fournissent à la fois des informations positives et négatives. Un rapport qui contient des informations positives permet au prêteur d’évaluer de manière plus précise la solvabilité d’un emprunteur. Une base de données qui ne contient que des informations négatives conduit à exclure des emprunteurs à haut risque, qui accumulent des dettes importantes sans être pour autant en défaut de paiement. Dans ces conditions, même un choc modeste sur le revenu de l’emprunteur pourra entraîner des défauts de paiement en cascade sur tous les comptes. Ces dernières années, Hong Kong (Chine) et la Corée du Sud ont connu une période de forte augmentation des défauts de paiement sur les crédits aux particuliers à cause d’une combinaison malheureuse de distribution imprudente du crédit et d’absence d’informations positives. Ces deux pays disposaient de fichiers d’informations négatives, mais les informations positives n’étaient pas partagées. À mesure que la concurrence sur le marché des cartes de crédit s’est durcie, les banques ont commercialisé les cartes de crédit 12 de façon plus combative et de nombreux consommateurs en ont collectionné plusieurs. Les emprunteurs pouvaient généralement ouvrir un compte de carte de crédit, puis en ouvrir un autre pour rembourser la dette accumulée sur le premier compte. Ce système n’était pas viable et il a entraîné un nombre important de défaillances parmi les détenteurs de cartes. À Hong Kong par exemple, où les banques ne partageaient que l’information négative de crédit, les dettes non garanties des clients en faillite représentaient en moyenne 42 fois leur revenu mensuel, contre 21 fois aux États-Unis, où les banques communiquaient toutes les informations disponibles10. Depuis la crise, les Credit Bureaus de Hong Kong (Chine) ont adopté un système d’informations de crédit positif et négatif. En Corée du Sud, l’émission des cartes de crédit est passée d’un peu plus de 40 millions à quelque 90 millions entre 1998 et 2003. Entre 2002 et 2003 seulement, les taux de défaillance sur les cartes de crédit sont passés de 12,8 % à 43,3 %. Après l’effondrement du marché de la carte de crédit, les clients défaillants représentaient 16,7 % de la population économiquement active à la fin de 2003, ce qui est stupéfiant. Les défaillances personnelles constituaient un problème social sérieux étant donné que les débiteurs défaillants étaient concentrés dans le secteur le plus fragile de l’économie — les jeunes, les femmes et les individus de milieux très modestes. La crise aurait pu être évitée si les prêteurs avaient eu accès à une agence qui fournissait des informations positives et négatives, ce qui les auraient incités à plus de prudence dans la distribution du crédit. D’après l’enquête de la Banque mondiale, à peu près 68 % des Credit Bureaus fournissaient à la fois des informations positives et négatives sur les particuliers, et 50 % environ fournissaient des informations positives et négatives sur les entreprises11. Le fait que plusieurs pays, dont des marchés financièrement aussi avancés que le Brésil, ne disposent pas d’informations positives constitue une sérieuse menace pour la croissance soutenue du crédit aux particuliers et aux PME dans ces pays. 10 11 Bailey, A., Suzi Chun et Jeffrey Wong. 11 août 2003. Wanted: Asian Credit Bureaus. The Bangkok Post disponible à: http://www.bangkokpost.net/ mckinsey/McKinsey110803.html. Banque mondiale, 2005. Doing Business Database on Private Credit Bureaus. Données de base sur le rapport de crédit De nombreux prêteurs utilisent les données des Credit Bureaus pour générer des scores de crédit, qui sont des estimations statistiques de la probabilité de défaillance d’un emprunteur sur la base des caractéristiques dont dispose l’agence. Des scores élevés indiquent une probabilité de remboursement plus forte que prévu et peuvent être utilisés pour déterminer les règles et les procédures d’approbation de crédit. L’étude a établi des scores de crédit sur la seule base des renseignements négatifs, puis sur la base des renseignements négatifs et positifs. Les emprunteurs ont ensuite été classés en fonction des scores, et les demandes de crédit de ceux qui avaient les scores les plus élevés (60 %) ont été approuvées. Selon cette étude, le taux de défaillance pour les prêts obtenus par les emprunteurs sur la seule base des informations négatives était de 3,35 %. Si l’étude avait été plutôt basée sur les données d’information positives et négatives, le taux de défaillance aurait été ramené à 1,9 %, soit une diminution de 43 % des taux de défaillance (voir la figure 6 ci-après). Figure 6 : Incidence de l’inclusion d’informations positives sur les taux de défaillance (simulation sur la base de données des États-Unis) Taux de défaillance 3,5 3,35 Diminution de 43 % des défaillances 2,5 1,90 obtenus. L’inclusion d’informations positives aurait entraîné une baisse des 22 % des taux de défaillance pour les banques argentines et une baisse de 45 % des taux de défaillance pour les banques brésiliennes (voir figure 7). Lorsqu’ils disposent d’informations positives, les prêteurs sont mieux à même de faire la distinction entre les bons emprunteurs et les mauvais, ce qui réduit les coûts liés aux défauts de paiement. Pour une banque qui a un portefeuille de prêts de 100 millions de dollars, cela se traduit par une économie moyenne de 830 000 dollars en Argentine et 1,5 million de dollars au Brésil. Figure 7 : Incidence de l’inclusion d’informations positives sur les taux de défaillance (Argentine et Brésil) 3,81 3,5 Taux de défaillance Des travaux de recherche récents ont permis de quantifier l’impact de l’information positive sur les taux de défaillance et les taux d’approbation de crédit. Une étude a simulé les taux de défaillance sur les crédits résultant des décisions de prêt, fondée sur un modèle d’évaluation par score ne comportant que des informations négatives, et un modèle comportant à la fois des informations négatives et positives. Ces simulations étaient basées sur les données de l’un des Credit Bureaus les plus importants des États-Unis12. 2,5 Diminution de 22 % 2,98 3,37 Diminution de 45 % 1,84 1,5 0,5 Argentine Brésil Informations négatives Informations positives et négatives L’inclusion de l’information positive permet aussi aux banques et autres prêteurs d’accorder des prêts plus importants, ou de distribuer davantage de crédits tout en maintenant les taux de défaillance au même niveau. Sur la base des simulations fondées sur les données des États-Unis mentionnées plus haut, et en maintenant le taux de défaillance cible à 3 %, l’inclusion de renseignements positifs conduit à doubler pratiquement le pourcentage des emprunteurs agréés, lequel passe de 40 % à 75 %, ce qui montre l’importance de l’information positive pour l’amélioration de l’accès au crédit (voir figure 8)14. 1,5 12 0.5 Informations négatives Informations positives et négatives Le même exercice a été repris dans une autre étude13 avec des données du Brésil et de l’Argentine, et des résultats similaires ont été 13 14 Barron, J.M. et Michael Staten. 2003. The Value of Comprehensive Credit Reports: Lessons from the US Experience. Disponible à: http://www. privacyalliance.org/resources/staten.pdf. Les chiffres montrent les défauts de paiement simulés sur la base d’un taux d’approbation de 60 %. Powell, A., Nataliya Mylenko, Margaret Miller et Giovanni Majnoni. Novembre 2004. Improving Credit Information, Bank Regulation and Supervision: On the Role and Design of Public Credit Registries. World Bank Policy Research Working Paper 3443. Washington : Banque mondiale. Barron et al., op cit. 13 CREDIT BUREAU: MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Taux d’approbation 74,8 Augmentation de 88 % des crédits approuvés 39,8 Informations négatives Informations positives et négatives Souvent, les Credit Bureaus incluent non seulement l’information émanant des prêteurs classiques tels que les banques et les sociétés de cartes de crédit, mais aussi celle communiquée par d’autres fournisseurs de crédit tels que les détaillants, les fournisseurs, les sociétés de télécommunications et les services publics. Dans les pays émergents où les données d’information sont rares, ces sources non traditionnelles peuvent fournir des renseignements précieux. L’étude mentionnée plus haut15 montre qu’aux États-Unis l’inclusion de l’information émanant de prêteurs non bancaires dans un modèle d’évaluation par score permet aux prêteurs dont le taux d’approbation cible est de 60 % de réduire les taux de défaillance de 38 %. Si on utilise plutôt le taux de défaillance comme cible, la Banque pourrait approuver les demandes de 11 % de clients de plus avant d’atteindre le taux cible de 3 % de défaillances (voir figure 9). Globalement, les simulations montrent que le partage de l’information positive entre une catégorie plus large de prêteurs permet d’obtenir de bien meilleurs résultats opérationnels soit parce que le coût des défaillances Taux d’approbations Figure 9 : Incidence de l’inclusion d’informations positives sur l’approbation des crédits par les détaillants et les autres prêteurs 83,4 Augmentation de 11 % des crédits approuvés diminue, soit parce qu’il est possible d’étendre la distribution du crédit à de nouvelles catégories d’emprunteurs. Le partage de l’information présente des avantages pour les petites institutions comme pour les grandes. L’étude, basée sur les données de l’Argentine16, montre que si les petits prêteurs bénéficient davantage du partage de l’information que les gros prêteurs, ces derniers enregistrent cependant une baisse substantielle des défaillances lorsque l’information positive est utilisée. Les résultats peuvent certes varier d’un pays à l’autre et d’un prêteur à l’autre, mais tant les données isolées que les données empiriques disponibles tendent à indiquer que le partage de l’information et l’utilisation de l’évaluation par score permettent aux grandes banques comme aux petites banques de réduire sensiblement les taux de défaillance et/ou d’augmenter le volume du crédit distribué (voir figure 10) Figure 10 : Incidence de l’augmentation du nombre des sources d’information sur les taux de défaillance 2,5 2,22 Taux de défaillance Figure 8 : Incidence de l’inclusion d’informations positives sur l’approbation des crédits 1,5 Pour résumer, les rapports de solvabilité qui ont le pouvoir prédictif le plus élevé combinent les informations positives et négatives émanant aussi bien des banques que des prêteurs non bancaires. Les registres du crédit fragmentés par branche d’activité, qui n’utilisent que l’information négative produisent des rapports qui ont un pouvoir prédictif moindre et conduisent souvent à une évaluation inexacte du risque de crédit voir figure 11). 16 Détaillants et autres prêteurs 0,52 0,5 75,4 Détaillants 1,31 2,42 Baisse de 79 % Grande banque Petite banque Informations émanant d’une banque Informations émanant d’une banque et d’un Credit Bureau 15 14 Baisse de 41 % Ibid. Powell, A. et al., op. cit. Données de base sur le rapport de crédit Figure 11 : Incidence des types et sources d’information sur le pouvoir prédictif Types d’informations Sources d’informations Informations « complètes » (informations partagées par les banques, les détaillants, les IFNB Informations « fragmentaires » (par exemple, informations partagées entre les banques seulement ou entre les détaillants seulement) Informations « positives et négatives » Informations « négatives seulement » Pouvoir prédictif élevé (ex. EU, RU, Italie) Moindre pouvoir prédictif (ex. Australie) Moindre pouvoir prédictif (ex. Mexique) Moindre pouvoir prédictif (ex. Maroc). Cette expansion a été sous-tendue par deux principaux facteurs : La forte croissance du crédit aux particuliers dans les marchés émergents. Entre 1985 et 1995, les environnements macroéconomiques défavorables et les restrictions structurelles sur les marchés du crédit dans les pays en développement ont bridé le développement du crédit. Pendant cette période, le ratio du crédit privé au PIB dans les marchés en développement a augmenté de 46 %17. La libéralisation financière et la plus grande stabilité de l’environnement macroéconomique se sont accompagnées d’une accélération de la croissance du crédit, et la période 1996 -2004 a été marquée par une progression de 62 % du crédit au secteur privé18. Lorsque les prêteurs ont commencé à explorer le marché du crédit aux particuliers, il leur a fallu obtenir des informations de crédit et rationaliser leurs procédures de prêt, ce qui a conduit à la création de Credit Bureaus. Ce phénomène a pris une ampleur particulière en Europe de l’Est, où le nombre des Credit Bureaus est passé de 5 à 2002 à 12 en 2006. Les progrès de la technologie de l’information. L’industrie de l’information de crédit est fondée sur les données. Les récentes améliorations des logiciels de gestion des bases de données et la diminution des coûts du stockage et du traitement des données, ainsi que la baisse des coûts du matériel informatique ont permis de réduire les coûts de démarrage d’un Credit Bureau. 1.5 Vue d’ensemble de l’industrie et tendances internationales L’industrie des services d’informations de crédit a connu une expansion sans précédent au cours des cinq dernières années, en particulier dans les marchés émergents (voir figure 12). Nombre de Credit Bureaus privés Figure 12 : Croissance des Credit Bureaus D’après le rapport de la Banque mondiale Doing Business de 2006, il y avait des registres de crédit en activité dans 67 pays à la fin de l’année 2005. Parmi les pays en développement, la région Amérique latine et Caraïbes était la plus avancée avec une agence en activité dans 16 des 22 pays de la région. Ces registres couvraient un Avant Années Europe de l’Est et Asie centrale Moyen-Orient et Afrique du Nord Afrique Asie Amérique latine OCDE 17 L’annexe 1 présente des cartes qui indiquent le nombre de Credit Bureaus par région et par type de rapports (positifs, et négatifs uniquement). 18 Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale en date de juillet 2006. Données basées sur le crédit intérieur au secteur privé en pourcentage du PIB pour les pays à faible revenu, les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Elles couvrent 101 pays. Ibid. Les données couvrent 128 pays. 15 CREDIT BUREAU: MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS pourcentage plus élevé de la population adulte (31,2 %) que dans toutes les autres régions (voir figure 13). Tous les Credit Bureaus privés fournissaient des données par voie électronique, soit via l’Internet, soit via des lignes modem ou téléphoniques19. Les agences de la plupart des pays d’Amérique latine incluent à la fois des informations positives et négatives, à quelques exceptions près. Au Brésil par exemple, le CB ne fournit que des informations négatives. Bien que le système d’informations de crédit du Brésil soit l’un des plus anciens du monde et qu’il soit très sophistiqué, il ne peut fournir d’informations positives aux prêteurs. Des réformes sont à l’étude afin d’instaurer le cadre juridique et réglementaire nécessaire pour permettre le partage de l’information positive entre les services privés d’informations de crédit.Toutefois, pour créer une agence qui fournisse des informations positives au Brésil, il faudra non seulement des réformes juridiques, mais aussi que les prêteurs soient disposés à prendre de larges participations. Figure 13 : Couverture moyenne des Credit Bureaus OCDE Amérique latine et Caraïbes Asie de l’Est et Pacifique Europe et Asie centrale Afrique subsaharienne Moyen-Orient et Afrique du Nord 59,0 31,2 En Asie et en Europe de l’Est, beaucoup de pays ont récemment créé des registres de crédit, mais il leur a fallu du temps pour étoffer les bases de données et établir des rapports, ce qui explique en partie le faible ratio de couverture. En Europe de l’Est, la situation évolue rapidement et, au moment où cette publication est mise sous presse, les Credit Bureaus de la Russie et de l’Ukraine passent au stade opérationnel et prévoient de produire des rapports de solvabilité d’ici à la fin de 2006. Un autre facteur qui explique les faibles ratios de couverture dans ces régions tient au fait que la population active qui recourt au crédit ne constitue encore qu’une faible proportion de la population totale. Toutefois, avec l’expansion continue du crédit, il est à prévoir que la couverture des Credit Bureaus augmentera aussi. Outre le ratio de couverture, l’enquête Doing Business de la Banque mondiale calcule un indice d’information de crédit pour plus de 120 pays. Cet indice mesure la disponibilité de l’information de crédit sur la base de six facteurs clés, qui permettent d’apprécier l’étendue, l’accès et la qualité des informations de crédit disponibles (voir figure 14). 9,6 6,6 3,5 1,7 Asie du Sud 0,6 Pourcentage d’adultes C’est au Moyen-Orient et en Afrique que l’infrastructure de l’information de crédit est la moins développée. D’après l’enquête, cinq seulement des 37 pays d'Afrique subsaharienne étaient couverts dans une mesure variable par des Credit Bureaus. Dans les pays où ces services existent, la plupart ne fournissent que des informations négatives, à quelques exceptions près, comme le Royaume d’Arabie saoudite et l’Afrique du Sud. 16 19 Banque mondiale, 2005. Doing Business Database on Private Credit Bureaus. Données de base sur le rapport de crédit Figure 14 : Indice d’information sur le crédit 6,0 Indice d’information de crédit 5,0 5,0 4,5 4,0 3,0 2,5 2,0 2,0 Pays OCDE à revenu élevé Amérique latine et Caraïbes Europe et Asie centrale L’indice attribue des scores aux pays et aux régions sur une échelle de 1 à 6, le score 6 étant le plus élevé. Pour chacune de ces six composantes, un pays ou une région reçoit un point et les points sont additionnés pour obtenir le score total : 1,8 Asie de l’Est et Pacifique Asie du Sud 1,5 1,0 0,0 1,8 Des informations de crédit à la fois positives et négatives sont fournies (par exemple sur les antécédents de remboursement, le nombre et le type de comptes, le nombre et la fréquence des arriérés de paiement et tous les recouvrements de créances ou faillites). Des données sont fournies à la fois sur les entreprises et les particuliers. Des données émanant des détaillants, des fournisseurs de crédits commerciaux et/ou des services d’utilité publique, et des institutions financières sont fournies. Les données rétrospectives sont conservées pendant au moins cinq ans. Des données sur les prêts d’un montant supérieur à 1 % du revenu par habitant sont fournies. Aux termes de la législation, les consommateurs ont un droit d’accès aux données qui les concernent. Moyen-Orient et Afrique du Nord Afrique subsaharienne Sur la base de cet indice, la région de l’Amérique latine atteint un score plus élevé que toutes les autres régions, avec une moyenne de 4,5. L’Afrique subsaharienne se situe au niveau le plus bas de l’échelle avec un score de 1,5, précédée de peu par les régions Asie du Sud et Asie de l’Est et Pacifique, qui atteignent l’une et l’autre un score de 1,8. Les registres de crédit d’Asie de l’Est ont un ratio de couverture plus élevé, mais le fait qu’ils ne recueillent que des informations négatives explique en partie leur faible score. Le développement des services d’informations de crédit dans de nombreux marchés émergents implique dans bien des cas de faire appel à l’un des grands opérateurs internationaux dans ce domaine. De ce fait, plusieurs acteurs importants dominent l’industrie de l’information de crédit dans le monde. Les trois principaux prestataires internationaux sur ce marché aujourd’hui sont Experian,TransUnion et Equifax. Leurs principales activités sont concentrées dans les pays à revenu élevé de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), mais tous les trois ont activement développé leurs activités dans les marchés émergents au cours des dernières années.Au moins une de ces trois grandes agences internationales opère dans 16 pays de la région Amérique latine et Caraïbes. Les « trois grandes » 17 CREDIT BUREAU: MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS sont aussi présentes dans six pays d’Afrique subsaharienne, cinq pays d’Asie de l’Est et d’Asie du Sud, et quatre pays de la région Europe et Asie centrale20. Au cours des dernières années, plusieurs nouveaux Credit Bureaus ayant un rayon d’action international se sont positionnés sur le marché, notamment CRIF, société basée en Italie qui concentre ses activités sur les marchés de l’Europe de l’Est ; Creditinfo, prestataire basé en Islande qui est actif dans les pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale ; D&B SAME, qui cible le MoyenOrient et l’Afrique ; CompuScan, CRB, et XDS, présents dans au moins deux pays d’Afrique, voire plus ; et Baycorp Advantage, basé en Australie et en Nouvelle-Zélande, qui s’intéressait auparavant aux marchés asiatiques. Il faut se féliciter de l’entrée de ces nouveaux acteurs, car l’augmentation de la concurrence se traduit par une amélioration des produits proposés et des prix plus intéressants pour les pays qui cherchent des prestataires de ce genre. 1.6 Les registres de crédit publics Le registre de crédit public est une base de donnée gérée par le secteur public, en général par la Banque centrale ou l’autorité de surveillance de la banque, qui collecte l’information sur la solvabilité des emprunteurs (particuliers ou entreprises) auprès des institutions financières qu’elle contrôle, et met cette information à la disposition des institutions financières, information essentiellement utilisée à des fins de contrôle. La participation à un registre de crédit public est obligatoire pour les institutions financières contrôlées. Bien que la création d’un registre de crédit public soit principalement motivée par la volonté d’étayer la fonction de surveillance des banques et de surveiller les risques systémiques, nombreux sont les registres de crédit public, qui produisent des rapports de solvabilité à l’intention des prêteurs, dans le cadre de leurs activités. Selon une enquête de la Banque mondiale conduite en 2004, il existait alors 57 registres de crédit public dans le monde. La figure 15 illustre la croissance de ces services depuis la période antérieure à 1964 jusqu’en 2002. Les premiers registres de crédit publics ont vu le jour en Europe de l’Ouest — en Allemagne en 1934, puis en France en 1946. Au milieu des années 60, trois autres pays européens — l’Italie, l’Espagne et la Belgique — se sont également 18 dotés d’un registre de crédit public. Les anciennes colonies françaises de l’Afrique de l’Ouest ont suivi l’exemple de la France et créé des registres de crédit publics après la création de l’Union monétaire ouest-africaine en 1962. Plusieurs pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord ont fait de même dans les années 50 et 60 : l’Égypte (1957), la Tunisie (1958), le Maroc (1966) et la Jordanie (1966). Parmi les républiques d’Europe de l’Est et d’Asie centrale, la Turquie a mené le mouvement en 1951. C’est la région d’Amérique latine qui compte le plus grand nombre de registres de crédit publics. Dans cette région, 15 pays ont instauré un registre de crédit public, c’est notamment le cas des plus grandes économies telles que l’Argentine, le Brésil, le Chili et la Colombie. Le Mexique a ouvert la voie en 1964, essentiellement afin de réglementer les politiques d’allocation du crédit par secteur, qui étaient en vigueur à l’époque. Un petit nombre de pays latinoaméricains ont suivi dans les années 70 et 80, mais la plupart des registres de crédit publics ont été créés dans les années 90 à la suite des crises financières qui ont balayé la région. Comme la plupart des registres de crédit publics sont établis dans le but premier d’assurer la surveillance des banques, ils ne couvrent en général que les prêts d’un montant supérieur à un minimum fixé. Sur les 57 services inclus dans l’enquête de la Banque mondiale, 40 avait instauré des règles concernant le montant minimum des prêts accordés pour inclure une entreprise ou un particulier dans le registre de crédit public. À peu près 60 % des registres de crédit publics avaient institué des seuils d’un montant au moins deux fois plus important que le revenu national brut (RNB) par habitant, ce qui excluait la plupart des prêts aux particuliers et aux petites entreprises. En règle générale, la couverture des registres de crédit publics est moins large que celle des Credit Bureaus privés, ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’ils ne s’intéressent qu’aux prêts importants et aux institutions contrôlées. D’après l’enquête de la Banque mondiale, le ratio moyen de couverture des registres de crédit publics dans les pays en développement était de 3,6 % de la population active, contre 16 % pour les Credit Bureaus21. 20 21 Informations tirées des sites Web d’Experian, d’Equifax et de TransUnion, respectivement disponibles à www.experian.com, www.equifax.com et www.transunion.com. Banque mondiale. Site Web de Doing Business. Disponible à : http://www.doingbusiness.org/ExploreTopics/GettingCredit. Données de base sur le rapport de crédit Nombre de registres de crédit publics Figure 15 : Croissance des registres de crédit publics22 Avant Années Moyen-Orient et Afrique du Nord Amérique latine Europe de l’Est et Asie centrale Asie Afrique OCDE Contrairement aux Credit Bureaus, rares sont les registres de crédit publics qui communiquent les données par voie électronique : seulement 60 % d’entre eux en Amérique latine et 30 % en Afrique subsaharienne. En Asie du Sud et dans les pays d’Afrique subsaharienne, presque tous fournissent des exemplaires sur papier de leurs rapports de solvabilité. La diffusion non électronique des données nuit à leur qualité et ralentit leur transmission aux clients des registres de crédit publics. En outre, l’actualisation des données non électroniques est généralement moins fréquente, de sorte qu’elles ont moins de chances d’être exactes ou actuelles. Dans les pays qui n’ont pas fixé de seuils (pour le montant minimum des prêts), les registres de crédit publics fournissent des rapports de solvabilité aux banques et remplissent des fonctions similaires à celles des Credit Bureaus. Toutefois, les données des registres de crédit publics ne couvrent que certains éléments d’information et elles excluent l’information fournie par les établissements non bancaires. La figure 16 montre que les registres de crédit publics s’appuient en grande partie sur les banques et les sociétés financières pour obtenir des informations. Moins de 4 % de tous les registres de crédit publics recueillent des informations auprès des détaillants, des commerçants et d’autres créanciers non bancaires. Les registres de crédit publics fournissent en général des rapports de solvabilité à faible coût ou gratuits aux prêteurs. Sur les 57 registres de crédit étudiés par la Banque mondiale23, quatre seulement exigeaient une cotisation. Comme ils ne disposent que de ressources limitées et que ce sont des entités à but non lucratif, les registres publics n’ont dans bien des cas ni la motivation ni les fonds nécessaires pour investir dans des systèmes d’assurance de la qualité des données et offrir des services à valeur ajoutée, comme l’évaluation par score et le suivi des portefeuilles. La mise en place de registres publics ayant pour objectif de servir les besoins d’information des institutions de crédit aux particuliers pourrait paraître une bonne chose pour combler le déficit d’information sur le crédit dans la mesure où les banques sont tenues d’y participer. Mais, sur le Nombre de registres de crédit publics Figure 16 : Sources d’informations des registres de crédit publics24 Banque Banque Sociétés Banques de Banques commerciales commerciales développement mutualistes financières privées publiques /coopératives Émetteurs Entreprises détaillants/ Autres services de cartes fournissant des commerçants d’informations prêts financières de crédit Divers Sources d’informations des registres de crédit publics 22 23 24 Banque mondiale, 2004. Doing Business Database on Public Credit Registries. Banque mondiale, 2004. Doing Business Database on Public Credit Registries. Il n’a pas été possible d’obtenir des informations pour deux des 57 registres dans l’enquête. Banque mondiale, 2004. Doing Business Database on Public Credit Registries. 19 CREDIT BUREAU: MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS moyen-long terme, cela peut brider les initiatives privées et léser de ce fait les créanciers qui n’auraient pas accès à un ensemble plus large de données sur le crédit, et en particulier à l’information émanant des établissements non bancaires, qui est généralement collectée par les Credit Bureaus.En outre, les créanciers qui recourent aux registres de crédit publics ne peuvent profiter de services à valeur ajoutée, tels que l’évaluation par score des Credit Bureaus, qui leur permettent de maximiser la valeur de l’information sur le crédit. Tous les pays n’ont pas de tradition bien établie de marché libre et, dans bien des cas, l’intervention du secteur public est indispensable pour créer une industrie privée viable de l’information de crédit. L’État joue un rôle crucial en établissant un cadre juridique et réglementaire approprié pour les Credit Bureaus. Depuis peu, plusieurs pays, dont la Russie, 20 Singapour, le Kazakhstan et le Mexique en particulier, ont adopté une législation et des règlements encourageant les institutions financières à partager l’information via les Credit Bureaus. Une autre solution, appliquée avec succès en Équateur, consiste à exiger de toutes les institutions financières réglementaires qu’elles transmettent les données sur le crédit au registre de la banque centrale. Toutefois, le registre de crédit public n’a pas le droit de vendre des rapports de solvabilité aux prêteurs ; il doit mettre les rapports à la disposition des Credit Bureaus qui opèrent dans le pays. Ces dernières combinent cette information avec d’autres données et utilisent l’arme de la qualité des services pour affronter la concurrence. Ce sont là des exemples d’une collaboration fructueuse entre le secteur public et le secteur privé pour créer une industrie viable de l’information de crédit. Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents 2 Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents 2.1 Conditions à remplir Pour établir un Credit Bureau efficace dans des marchés émergents, ses promoteurs doivent : changer les idées préconçues et sensibiliser les opinions de la communauté ; assurer la viabilité commerciale des opérations ; établir un cadre juridique et réglementaire approprié ; identifier la technologie et les logiciels appropriés ; assurer la disponibilité des données appropriées ; déterminer les besoins en personnel. des prêteurs et de leurs clients, du grand public, des responsables gouvernementaux, des dirigeants, des instances de réglementation et d’autres participants potentiels aux activités de l’agence. Les principaux instruments que l’on peut utiliser pour modifier les idées préconçues et sensibiliser les opinions aux avantages du partage de l’information sont les suivants : Les médias. La couverture des conférences et des tables rondes, ainsi que la publication d’articles sur le rôle de l’information de crédit, avec la présentation des opinions et des réflexions d’experts sur le débat local est utile pour promouvoir la création d’un Credit Bureau. Par exemple, plusieurs conférences sur le rôle de l’information de crédit ont été organisées en Russie et ont été bien couvertes dans la presse. Cela a permis de bien sensibiliser le public à la nécessité d’établir des antécédents de crédit et de l’inciter à soumettre ses dossiers à un Credit Bureau. L’Internet. Le site Web d’une agence doit contenir des informations destinées aux consommateurs pour leur expliquer à quel point il est important d’établir des antécédents de crédit positifs. Le site doit aussi expliquer les divers moyens par lesquels les consommateurs peuvent signaler et faire rectifier les erreurs contenues dans leur rapport de solvabilité. L’éducation dynamique des consommateurs. Le registre de crédit de Singapour offre un exemple de ce type d’éducation du consommateur. Les cadres supérieurs du service font des exposés à divers groupes d’emprunteurs. Ces réunions ont permis de faire mieux comprendre les activités de l’agence et d’expliquer les droits des consommateurs. Les tables rondes et les conférences. Plusieurs exemples montrent l’efficacité de cette forme de sensibilisation du public. Au Kazakhstan par Changer les idées préconçues et sensibiliser les opinions Dans les marchés émergents, le public risque de mal accepter l’idée de partager l’information, notamment l’information financière. Pour des raisons politiques, les autorités peu habituées au partage de l’information et mal à l’aise devant cette perspective peuvent aussi marquer de la réticence. Dans ces économies, le secteur financier se caractérise par la fragmentation, la concurrence et le secret, et les prêteurs craignent que, s’ils partageant l’information, leurs concurrents ne connaissent leurs bons clients et ne leur volent cette clientèle. Il faut changer ces préjugés. Pour qu’un Credit Bureau puisse prospérer et être accepté par ses utilisateurs et ses abonnés dans ces économies où le crédit est rare, il faut éduquer le public pour qu’il connaisse les avantages du crédit et du partage de l’information sur le crédit, il faut que les prêteurs surmontent la méfiance qu’ils nourrissent à l’encontre de leurs concurrents, et les consommateurs doivent être assurés de la sécurité des informations les concernant. Par conséquent,lorsqu’il s’agit de créer un registre de crédit dans un endroit où il n’en existe pas encore, la phase initiale doit être centrée sur la sensibilisation 21 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS exemple, une importante conférence a été organisée avec la participation de hauts responsables de la Banque centrale, de prêteurs et de conférenciers de plusieurs agences très prospères de la région. La conférence a été utilisée pour lancer un registre de crédit et réunir d’importantes prises de participation. Les réformes juridiques nécessaires ont ainsi pu être menées à bien et un consensus entre les prêteurs a pu être établi dans un laps de temps raisonnable. Des conférences de ce genre au Viet Nam,en Russie,au Kenya et dans plusieurs autres pays ont contribué à promouvoir la création de Credit Bureaus. Les questions à aborder dans le cadre de ces activités de sensibilisation diffèrent selon le public auquel elles s’adressent. Les campagnes organisées à l’intention du grand public doivent : expliquer le rôle et la nature du partage de l’information sur le crédit afin d’atténuer les inquiétudes que suscite généralement le partage des informations personnelles ; donner des informations sur la fonction d’un registre de crédit et ses obligations quant à la confidentialité des données concernant les consommateurs ; examiner les obligations de l’agence quant à la protection de toutes les informations personnelles et à son devoir de les traiter comme des renseignements confidentiels ; examiner les mesures qu’une agence prendra pour assurer la sécurité des données concernant les consommateurs et le système utilisé pour corriger les erreurs ; examiner comment les autorités et les instances de réglementation agiront de concert avec l’agence pour instaurer un environnement propice au partage de l’information sur le crédit, dans de bonnes conditions de sécurité ; souligner l’importance du consentement du consommateur pour autoriser le partage de l’information. Outre l’éducation du public pour le familiariser avec les activités d’un Credit Bureau, la campagne doit apprendre au public à utiliser le crédit de manière responsable. Dans les marchés où certains segments de la population ne comprennent pas très bien le fonctionnement du crédit, il faut informer les consommateurs des dangers qu’il y a d’utiliser les divers systèmes de crédit mis en place par les prêteurs et de se retrouver surendettés. 22 Les campagnes organisées à l’intention des institutions financières et non financières doivent : apaiser les craintes que suscite l’idée de partager l’information, ainsi que les craintes de perdre des parts de marchés à cause du partage de l’information ; expliquer les différentes mesures qui peuvent être prises pour empêcher les institutions concurrentes de « voler » des clients ; souligner la nécessité d’une coopération entre les institutions bancaires financières et non financières d’un pays pour que le registre de crédit puisse bien fonctionner ; assurer les prêteurs de la confidentialité de toutes les informations fournies et examiner les obligations faites aux prêteurs de traiter comme il se doit l’information confidentielle ; expliquer l’importance l’information positive ; encourager les banques et les prêteurs non bancaires à prendre des participations importantes dans le registre de crédit ; promouvoir l’introduction de politiques et de procédures modernes de contrôle du crédit tenant compte de l’information dont dispose l’agence ; souligner la nécessité de former le personnel aux activités du Credit Bureau. du partage de Pour les responsables gouvernementaux, les dirigeants, les instances de réglementation et de contrôle, la campagne devra : prévoir des réunions de haut niveau entre les divers responsables gouvernementaux, les décideurs et les instances de réglementation et de contrôle pour expliquer l’importance d’un registre de crédit et du partage de l’information sur le crédit ; expliquer leur rôle et la nécessité d’élaborer une législation favorisant le partage de l’information sur le crédit ; souligner l’importance du partage de l’information pour la stabilité financière et l’expansion du crédit ; expliquer la valeur de l’accès aux bases de données d’une tierce partie, et en particulier aux registres officiels tels que les bases de données du service national des cartes d’identité ou du service d’immatriculation des entreprises ; souligner la nécessité d’une législation appropriée sur la confidentialité et la protection des données. Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents Assurer la viabilité commerciale Des décisions de prix et d’investissement rationnelles. Le registre de crédit doit effectuer des études d’évaluation du marché et des analyses de prévision de la demande afin de pouvoir établir le prix de ses rapports en fonction de ces éléments. Le prix est l’un des facteurs clés de la viabilité de l’agence, et les décisions d’investissement d’une importance cruciale telles que l’acquisition de logiciels doivent s’aligner sur la stratégie de détermination des prix afin d’éviter de lourdes pertes. L’engagement des actionnaires. Pour créer un Credit Bureau, et en particulier un qui appartient à une banque, il faut beaucoup de temps et il faut un engagement véritable de la part des actionnaires. Plusieurs exemples montrent que des Credit Bureaus ont dû lutter pour survivre commercialement faute d’un « engagement total » de la part de la communauté financière. Certaines agences se battent pendant des années pour accroître le nombre de leurs adhérents. Les communautés bancaires locales, même si elles se sont engagées au départ à soutenir l’agence, oublient les promesses qu’elles ont faites dans les premiers jours. D’autres types de prêteurs peuvent prendre une position d’attente jusqu’à ce que des banques s’engagent, ce qui ajoute au problème. Il est indispensable d’obtenir un engagement déterminé des principaux actionnaires parce qu’un registre de crédit ne peut parfois atteindre le seuil de rentabilité avant trois ou cinq ans, et il peut supporter de lourdes pertes pendant les premières années. Une structure organique légère. Dans les premiers stades, un registre de crédit doit tout particulièrement veiller à sa structure organique et à ses investissements en ressources humaines et en capital (voir ci-après la section « Déterminer les besoins en personnel ») ; il doit également adopter une structure légère dès sa création afin de demeurer rentable. Un registre de crédit doit être commercialement viable, quel que soit le marché sur lequel il opère, et les marchés émergents ne font pas exception à la règle. Outre qu’elle assure la pérennité et le succès du service, la viabilité commerciale renforce la confiance du public dans l’agence, la confiance de tous ceux qui interviennent dans ses opérations, et elle modifie l’idée qu’en ont les acteurs extérieurs. Pour être commercialement viable, un registre de crédit doit réunir les critères suivants : Une population économiquement active relativement importante. Les économies d’échelle qui sous-tendent les opérations d’un registre de crédit supposent une base démographique assez large, qui a recourt au crédit. La taille de la population économiquement active conditionne le niveau de sophistication et de complexité de l’agence qui sera créée. Si elle ne dispose pas d’une large base démographique, l’agence devra demander des commissions élevées pour ses rapports de solvabilité, ce qui risque de réduire la demande des prêteurs. Les Credit Bureaus des marchés émergents peuvent être confrontés à ce problème dans leurs premières années d’activité si la population ne recourt pas souvent au crédit. Les pays développés relativement peu peuplés tels que l’Islande (300 000 habitants) et la Nouvelle-Zélande (4 millions d’habitants) sont dotés d’agences modestes mais rentables. En Nouvelle-Zélande, où la population économique active est estimée à deux millions d’habitants, le registre de crédit reçoit environ quatre millions et demi de demandes par an. Mais, dans les marchés émergents, la population économiquement active est parfois trop petite pour générer une demande suffisante de la part des prêteurs. Dans ce cas, l’agence peut envisager une solution régionale. Les opérations de TransUnion Central America (TUCA) par exemple couvrent cinq pays. Cette méthode d’approche permet de réduire les coûts fixes liés à la création d’un Credit Bureau, et elle est particulièrement intéressante si les prêteurs ont eux aussi un rayon d’action régional. La fourniture de services à valeur ajoutée. La plupart des Credit Bureaus démarrent en proposant aux prêteurs des données brutes sous forme de rapports de solvabilité. Dans une seconde étape, ils optimisent la valeur des données en offrant des produits à valeur ajoutée, tels que l’évaluation du crédit par score, le suivi des portefeuilles, les avertissements en cas de fraude, etc. Établir un cadre juridique et règlementaire approprié En l’absence d’une législation et d’une réglementation appropriées pour permettre le partage des données et de l’information, un registre de crédit est en fait réduit à l’inefficacité. En Ouzbékistan par exemple, une agence qui s’était immatriculée en 2000 n’a pas pu fonctionner parce qu’elle n’avait pas l’autorité judiciaire de partager des données. En Slovaquie, l’existence de textes de lois restreignant la collecte de données rétrospectives a retardé le démarrage de l’agence. De nombreux autres pays ont été confrontés à des difficultés analogues. 23 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS S’agissant des Credit Bureaus implantés dans les marchés émergents, la législation habilitante doit : établir les droits et obligations de l’agence, de ses utilisateurs, des organismes qui lui fournissent l’information et du public dans son ensemble ; traiter de façon égale toutes les parties prenantes et ne pas en favoriser une par rapport aux autres. La loi doit autoriser le partage de l’information entre prêteurs bancaires et prêteurs non bancaires ; énoncer des directives claires sur les catégories de données qui peuvent être collectées. L’accumulation des données peut être simplifiée si la législation ne restreint pas les types d’information qu’une agence peut rassembler pour autant que le renseignement soit pertinent, exact et réponde à certains critères de qualité (comme par exemple dans le Fair Credit Reporting Act des États-Unis et la législation de l’Union européenne sur la protection des données) ; préciser pendant combien de temps les données peuvent être conservées. La législation doit en particulier répondre à la nécessité de stocker et de partager l’information positive et donc permettre de conserver tous les renseignements concernant un client donné, au lieu d’exiger la destruction des données négatives une fois que les dettes ont été remboursées, ce qui limite sérieusement le pouvoir prédictif des données. Les données rétrospectives sont des variables indicatives très importantes du comportement futur d’un emprunteur et elles sont donc très précieuses pour arrêter les décisions de prêt. avancées pour répondre aux besoins actuels en matière de partage de l’information sur le crédit. Certains éléments d’infrastructure, assez élémentaires, sont généralement considérés comme allant de soi dans les marchés plus sophistiqués. Mais, dans de nombreux pays en développement, les équipements auxiliaires essentiels, tels qu’une alimentation en électricité fiable et un raccordement approprié avec l’Internet et les services téléphoniques n’existent pas toujours, et ils peuvent nécessiter des investissements supplémentaires. En dehors des besoins d’infrastructure, le bon fonctionnement d’une agence dépend de son aptitude à obtenir des institutions financières et d’autres prêteurs des données sur la solvabilité de leurs clients, et à produire des rapports de solvabilité dans un format facile à utiliser par tout le monde, sans exception. L’expérience montre que les institutions financières des marchés émergents sont en train de passer des modèles de distribution du crédit traditionnels, basés sur les relations, à des activités de prêt aux particuliers normalisées et fondées sur la quantité. Dans la plupart des cas, les banques n’ont pas encore réorganisé leurs procédures pour les adapter à ce nouveau modèle économique. Cette situation a d’importantes conséquences pour ce qui est de : Le chapitre 4 présente une analyse plus détaillée des questions d’ordre juridique et réglementaire. Identifier la technologie et les logiciels appropriés Le devoir primordial d’un registre de crédit et de ses membres est de maintenir la sécurité absolue de l’information personnelle sensible et de traiter cette information de manière appropriée en tout temps. Se dérober à cette obligation fondamentale est un grave abus de confiance.En tant que tierce partie en laquelle on a confiance, le registre de crédit doit être doté de la technologie et des logiciels appropriés pour fournir un niveau de service approprié tout en assurant la sécurité des données. Pour fonctionner de manière efficace, un registre de crédit doit investir dans des logiciels et des systèmes techniques appropriés. Les technologies disponibles dans les marchés émergents ne sont pas toujours suffisamment 24 la disponibilité et de la validité des données rétrospectives ; la possibilité de communiquer automatiquement les données relatives aux portefeuilles d’actifs ; la possibilité d’adapter les anciens systèmes aux moyens de production et aux produits d’un registre de crédit ; la disponibilité des ressources de TI susceptibles d’être acheminées pour procéder aux adaptations requises pour le nouveau registre de crédit et la priorité à accorder à ces ressources ; l’existence de formats ou de langues normalisés utilisés dans les systèmes. Dans bien des cas, les banques ne disposent pas des systèmes de base nécessaires pour stocker les données relatives à leurs clients et à leurs antécédents de remboursement. Dans des pays aussi divers que la Russie, l’Inde et l’Égypte, la saisie des données dans un format acceptable pour les agences concernées relevait de la gageure et nécessitait d’importantes ressources de TI pour accéder aux anciens systèmes. Il s’est révélé bien plus facile d’extraire les données des relevés de cartes de crédit, car ils sont en général hébergés dans des systèmes plus modernes, qui stockent des données dans un format bien plus logique. Les grandes banques locales, qui sont des établissements publics ou récemment privatisés et disposent de réseaux importants, sont confrontées Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents à un problème majeur parce que leurs registres sont parfois sur support papier et que les fonctions de crédit sont décentralisées. Pour les Credit Bureaus qui se trouvent dans cette situation, la solution la plus pratique consiste souvent à démarrer avec des portefeuilles de crédit qui contiennent des données relativement bonnes, avec des banques qui sont en mesure de fournir cette information,et avec des données relativement récentes, puis d’étoffer progressivement le service afin d’inclure un nombre plus important de prêteurs et de nouveaux types de portefeuilles. Mais souvent, compte tenu de la précision variable des fichiers des prêteurs,le coût du téléchargement des données relatives aux antécédents de crédit, vieilles de deux ans ou plus, peut être excessif au regard des avantages. Dans ces situations, les Credit Bureaus fonctionnent moins efficacement que leurs homologues occidentaux et offrent un nombre plus restreint de produits et de services à leur clientèle. À Fidji par exemple, qui ne compte qu’un million d’habitants, l’agence ne fournit que des données négatives sur les emprunteurs parce que les banques et d’autres institutions financières ne sont pas disposées à consacrer du temps et des ressources pour communiquer des données positives détaillées à l’agence, compte tenu de l’étroitesse du marché et de son manque de diversification.De ce fait,l’agence de Fidji se contente de confirmer si un particulier figure sur la liste électorale locale et d’enregistrer toute demande de crédit antérieure dans le rapport de solvabilité. Assurer la disponibilité des données appropriées Il est absolument indispensable que les banques et d’autres prêteurs stockent les données sur leurs clients dans un format qui permette au registre de crédit de saisir facilement l’information et de la télécharger dans son propre système pour pouvoir ensuite apparier les données et les fusionner avec d’autres données. Dans la plupart des marchés émergents, les institutions financières avaient élaboré des structures de base de données qui leur étaient propres bien avant que la création d’un registre de crédit ne soit même envisagée, de sorte que les formats des données ne sont pas normalisés. Il est indispensable d’identifier l’information, telle qu’un numéro d’identification unique, le nom, l’adresse et la date de naissance pour pouvoir fusionner les fichiers d’un emprunteur donné afin de constituer les antécédents de crédit de cet emprunteur. Les pays qui ont un système national d’identification bénéficient d’un avantage sur ceux qui n’en ont pas, mais seulement si les numéros d’identité sont correctement saisis dans les bases de données et peuvent être vérifiés par comparaison avec le registre tenu par l’agence publique qui émet ces numéros. Les résidents étrangers qui ne peuvent avoir de carte d’identité nationale peuvent utiliser leur numéro de passeport pour l’identification, mais ce système pose un problème puisque les passeports doivent être renouvelés périodiquement et que leur numéro change à chaque renouvellement. Les pièces d’identité nationales peuvent soulever des difficultés si elles ne sont pas enregistrées correctement. En Malaisie par exemple, lorsque Bank Negara, la Banque centrale du pays, a créé un registre de crédit au début des années 90, elle pensait que tous les Malaisiens avaient un numéro d’identification unique. Lorsque tous les fichiers des emprunteurs ont été centralisés dans une base de données unique, on a découvert qu’une seule personne pouvait avoir plusieurs cartes d’identité, car diverses provinces avaient été habilitées à émettre des cartes d’identité. La Malaisie n’est pas la seule à se heurter aux problèmes que pose l’établissement de pièces d’identité uniques. Beaucoup de pays sont dans le même cas. Ces problèmes peuvent être réglés si les autorités établissent des protocoles numériques qui peuvent être utilisés pour valider la configuration numérique d’une carte d’identité.Au Royaume d’Arabie saoudite par exemple, l’action concertée menée en ce sens par les prêteurs, les emprunteurs et les autorités a donné des résultats particulièrement satisfaisants. Il est important de noter que, dans tous les cas, la création d’un registre de crédit a permis aux autorités et aux prêteurs de déceler le problème et de prendre des mesures pour le résoudre. Dans les juridictions où il n’existe pas de cartes d’identité nationales vérifiables et susceptibles d’être utilisées pour le processus d’appariement et de fusion des données, la plupart des Credit Bureaus utilisent des algorithmes de correspondance élaborés pour apparier et fusionner correctement des fichiers séparés qui appartiennent à une même personne. Ces algorithmes utilisent habituellement une combinaison du nom, de l’adresse et de la date de naissance. La Nouvelle-Zélande et l’Allemagne par exemple, recourent à des solutions sophistiquées pour l’appariement des données, car la législation interdit en fait l’enregistrement de numéros d’identification uniques. La possibilité d’utiliser ces algorithmes est toutefois grandement limitée dans les marchés émergents où d’autres renseignements fondamentaux (autres que la carte d’identité unique) tels que le nom, l'adresse et la date de naissance ne sont pas fiables. 25 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Outre le problème de l’identificateur unique, les noms et adresses peuvent être stockés dans des formats et des modèles différents. Par exemple, une institution peut choisir de stocker les données dans des chaînes uniques plutôt que dans une base de données structurée, certaines avec le nom de famille d’abord, d’autres avec les initiales seulement, et certaines avec le nom de famille uniquement. Les consommateurs peuvent ajouter à la confusion lorsqu’ils utilisent des noms différents, en particulier lorsque les noms peuvent être anglicisés ou qu’un surnom peut être utilisée (par ex., William peut être connu sous le nom de Bill et/ou de Will). Les adresses posent des problèmes tout aussi épineux. Au Royaume d’Arabie saoudite par exemple, les adresses résidentielles ne sont pas utilisées et plusieurs familles qui n’ont aucun rapport entre elles peuvent partager la même boîte postale. Et en Inde, de nombreuses banques enregistrent l’adresse « aux bons soins de » suivi du nom d’une agence bancaire. Les dates de naissances peuvent soulever des difficultés, en particulier lorsque les données sont stockées dans des bases de données disparates et dans des formats différents. Dans certaines cultures, la date de naissance exacte d’une personne n’a pas toujours l’importance que lui confère une société occidentale. Les registres peuvent porter la mention : né « l’année de la grande crue », ce qui, pour un Credit Bureau, est difficile à utiliser dans le contexte d’une logique d’appariement et de fusion. Un autre problème fréquent qui se pose avec les dates de naissances, et peut-être avec tous les autres identificateurs, c’est la mauvaise saisie des données : les clients peuvent paraître vieux de plusieurs centaines d’années, ou parfois sembler n’être même pas nés. On peut corriger ces incohérences en intégrant une simple validation des règles dans le système d’entrée des prêteurs et dans celui des Credit Bureaus. Ces questions soulèvent certes des difficultés pour les Credit Bureaus, mais elles ne devraient pas les empêcher de passer à la phase opérationnelle. L’expérience montre que la création d’une agence sert de déclic pour inciter les institutions financières, à entreprendre d’enregistrer et de gérer l’information d’une manière plus systématique, ce qui leur donne de meilleurs outils pour mesurer les risques. En retardant la mise en place d’une agence jusqu’à ce que les banques disposent d’informations parfaites, on risque seulement de précipiter les crises financières puisque les banques augmentent les crédits distribués sans disposer des informations ni des instruments de gestion des risques appropriés. 26 Déterminer les besoins en personnel La mission d’un registre de crédit et de ses agents est d’obtenir des données sur les antécédents des comptes clients auprès des institutions membres, de trier et de grouper ses données pour produire des antécédents de crédit et de diffuser cette information aux membres qui en font la demande. Outre ces fonctions, les personnels de l’agence doivent être formés pour apprendre à utiliser les données disponibles sur le crédit afin d’effectuer des analyses du crédit. Ils doivent être au courant des tendances et des besoins du marché et être en mesure de fournir aux utilisateurs de l’agence des conseils et des produits adaptés à leurs besoins, qui incorporent les données les plus récentes et utilisent les technologies les plus avancées. Ils doivent aussi être formés à éliminer les éléments d’information sans intérêt de l’ensemble des données qu’ils recueillent auprès de diverses sources. Les données n’ont aucune valeur en ellesmêmes — il faut qu’elles soient agrégées, analysées et converties en une information utile et fiable sur la base de laquelle les décisions de prêts cruciales pourront être prises. L’intégrité est une condition indispensable pour tous les personnels de l’agence parce qu’ils feront régulièrement l’objet de sollicitations de consommateurs qui voudraient modifier les dossiers en arguant de leur amitié et leurs relations, ou qui désirent simplement accéder à la base de donnée sans le consentement des consommateurs. Il est particulièrement difficile de résister à ces sollicitations dans des sociétés très unies où il est normal d’accorder des faveurs, et contraire à la norme de les refuser. Toutes les agences devraient établir des règles rigoureuses prévoyant le renvoi immédiat de tout agent qui répond à de telles sollicitations. 2.2 Les modèles économiques des Credit Bureaus La mise en place d’un registre de crédit exige un modèle économique où tous les principaux acteurs ont des attributions clairement définies (voir figure 17). Chaque pays élabore une approche qui lui est propre pour la création et le fonctionnement d’une agence afin de l’adapter à ses caractéristiques culturelles, économiques et politiques et à son cadre réglementaire. Il est possible toutefois d’identifier plusieurs modèles économiques distincts basés sur le principe de la réciprocité, qui est au cœur même de l’activité des Credit Bureaus. Bref, ce principe peut être résumé comme suit : les membres d’une agence ne peuvent obtenir des rapports de solvabilité que s’ils lui fournissent des données.Tous les modèles Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents décrits ci-après sont basés sur ce principe, et les variantes sont essentiellement fonction de la structure du capital et des structures de gestion. Figure 17 : Les parties prenantes d’un Credit Bureau Propriétaires/ actionnaires Membres/ utilisateurs Instance de réglementation et de contrôle Opérateur du credit bureau Consommateurs/ PME Propriétaires/actionnaires Opérateur du Credit Bureau Membres/utilisateurs Sujets sur lesquels les données sont collectées (consommateurs/PME) Instance de réglementation et de contrôle Les propriétaires/actionnaires sont les investisseurs qui fournissent le capital de démarrage afin de permettre à l’agence d’acquérir des actifs et notamment de la technologie, des locaux, du matériel de bureau, etc. Ce sont aussi eux qui recrutent le personnel nécessaire pour gérer les activités de l’agence. Les propriétaires/ actionnaires potentiels incluent notamment : Les banques et autres institutions financières. Elles peuvent devenir actionnaires à titre individuel ou collectif via, par exemple, une association de banques. L’Association des banques de Singapour, par exemple, détient une participation dans l’agence de Singapour. Parmi les autres pays où le capital de l’agence est détenu par un groupe de banques, citons notamment la Serbie, la Turquie, la Roumanie, l’Ukraine, le Kazakhstan et le Royaume d’Arabie saoudite. Un partenaire technique. Cette catégorie désigne un opérateur d’un registre de crédit qualifié, tel qu’Experian, TransUnion, Equifax, Dun & Bradstreet, la CRIF, Creditinfo et d’autres. Le partenaire technique peut devenir un actionnaire minoritaire comme au Kazakhstan, en Russie et au Mexique, ou un partenaire majoritaire, comme à Singapour ou dans la République tchèque. L’État. Dans certains pays, des entités publiques telles que la Banque centrale au Sri Lanka, ou des institutions financières du secteur public, comme en Inde et en Thaïlande, deviennent des actionnaires importants de l’agence. Des personnes/entités privées. Les particuliers ou des organismes qui fournissent du capitalrisque et des chefs d’entreprise individuels peuvent aussi devenir des partenaires de l’agence, comme dans le cas de Datacheck au Pakistan, CompuScan en Afrique du Sud, CRB au Kenya et bien d’autres. Les opérateurs des Credit Bureaus dirigent et gèrent les activités de l’agence au quotidien. Ce sont des cadres de direction de l’agence, et des responsables chargés de diverses activités opérationnelles, comme s’assurer que les données sont collectées, gérées et diffusées auprès des utilisateurs. Cette équipe de cadres a pour mission d’assurer la viabilité du service et elle rend compte périodiquement aux actionnaires. Les utilisateurs/membres sont habituellement des créanciers, en particulier des institutions financières et des prêteurs non bancaires qui fournissent au Credit Bureaus des données sur les comptes de crédit de leurs clients de manière périodique,en général tous les mois.Conformément au principe de réciprocité, ces prêteurs ont accès aux rapports de solvabilité produits par le registre de crédit afin d’évaluer la solvabilité de ceux qui présentent une nouvelle demande de crédit et d’examiner les comptes.En règle générale,les Credit Bureaus demandent aux utilisateurs/membres une commission par acte (par clic), ainsi qu’un droit d’adhésion/d’inscription. Les sujets sur lesquels les données sont collectées (consommateurs/PME) sont les emprunteurs au sujet desquels le registre de crédit collecte et diffuse l’information sur le crédit, car les prêteurs veulent évaluer les risques de défaillance et de non remboursement de ces clients avant d’approuver un nouveau prêt ou d’avancer un crédit plus important. L’instance de réglementation est chargée d’élaborer les directives, les règles et les réglementations qui encadrent les activités du Credit Bureau, de ses utilisateurs et des consommateurs. Dans de nombreuses juridictions, l’instance de réglementation est aussi l’autorité de contrôle et elle est habilitée à délivrer une licence à l’agence et à la sanctionner en cas de violation grave. Une fois que l’agence est créée et que les utilisateurs partagent l’information, le rôle de l’instance de réglementation est de veiller à ce que toutes les parties concernées respectent les réglementations. La structure du capital et de la gouvernance d’un Credit Bureau privé est importante, car tous 27 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS les participants doivent avoir confiance dans les services qu’il offre. Et c’est précisément sur la base de cette confiance que les banques acceptent de communiquer leurs données et aident le Credit Bureau à se développer plus rapidement et plus efficacement. Les trois principaux modèles de structure du capital et de fonctionnement sont les suivants : Les créanciers sont propriétaires du Credit Bureau et le dirigent. Les créanciers ne sont pas propriétaires du Credit Bureau et ne le dirigent pas. Opérateur indépendant. Partenariat public/privé. Délégation à un ou plusieurs Credit Bureaus privés avec un système de licences, et avec la supervision de la Banque centrale Modèle 1. Les créanciers sont propriétaires du Credit Bureau et le dirigent De nombreux marchés du monde adoptent ce modèle. Les prêteurs — des banques le plus souvent — créent une agence de Credit Bureau dont ils sont les principaux actionnaires. Dans la plupart des agences qui suivent ce modèle, l’actionnariat est fragmenté et peut comprendre plusieurs banques, ainsi que des entités du secteur public, des institutions financières internationales telles que la SFI, des investisseurs privés indépendants et un partenaire technique en tant qu’actionnaire minoritaire. Un registre de crédit peut fonctionner soit avec le soutien d’un partenaire technique, comme au Mexique, au Kazakhstan, en Russie et dans bien d’autres pays, soit avec des systèmes « maison » comme en Allemagne, en Autriche et au Brésil. Pour les Credit Bureaus qui adoptent ce modèle, le principal avantage tient au fait qu’ils peuvent démarrer plus rapidement qu’avec un modèle sans prêteurs comme actionnaires. La décision des banques de devenir actionnaires de l’agence implique un engagement résolu de partager les données et assure la viabilité de l’agence. La participation d’un organisme public peut aussi ajouter de la crédibilité à l’entreprise. L’inclusion d’un partenaire technique en tant qu’actionnaire permet à l’agence de mieux aligner ses incitations et garantit un engagement à long terme. Ce modèle présente un inconvénient majeur en ce sens qu’un conflit d’intérêt peut exister entre les objectifs des créanciers actionnaires considérés individuellement et le registre de crédit : certaines banques peuvent par exemple s’opposer fermement à l’inclusion de nouveaux 28 entrants dans le service. Les actionnaires importants peuvent aussi infléchir la politique des prix pour qu’elle favorise certains membres par rapport à d’autres et qu’elle ne soit pas exclusivement fondée sur des considérations commerciales. Si une entité publique devient actionnaire, la possibilité d’un conflit d’intérêt existe entre sa fonction de surveillance et son rôle d’actionnaire. Plusieurs pays utilisent une version de ce modèle. De nombreuses agences d’Europe, notamment en Allemagne, en Autriche et en Suisse, ont commencé avec des créanciers non bancaires comme actionnaires, et ont élargi ultérieurement le cercle des actionnaires pour y inclure des banques. Certaines de ces agences étaient au départ des entités à but non lucratif, mais elles ont été réorganisées par la suite pour devenir des entreprises commerciales. Ces agences fonctionnent sur la base de plateformes techniques élaborées en interne. Avec le développement de la technologie et la diminution des coûts qui s’y rapportent, les Credit Bureaus créés plus récemment ont choisi d’engager un partenaire technique au lieu d’élaborer une plateforme technique « maison ». Dans certains cas, le partenaire technique devient un actionnaire minoritaire. À ce sujet, citons notamment le Mexique, où TransUnion est actionnaire aux côtés de plusieurs banques, et le First Credit Bureau du Kazakhstan, qui inclut Creditinfo comme partenaire technique et actionnaire minoritaire. L’agence indienne est une coentreprise dans laquelle Dun & Bradstreet et TransUnion détiennent l’un et l’autre 10 % du capital, et les prêteurs, le reste. Une variante de ce modèle peut inclure une structure où les prêteurs deviennent actionnaires dans une holding, qui a son tour détient une participation dans un registre de crédit aux côtés du partenaire technique. Cette méthode d’approche a été utilisée pour créer une agence à Singapour. Les actionnaires de cette agence incluent l’Association des banques de Singapour, des chefs d’entreprise singapouriens locaux et un partenaire technique, Baycorp Advantage. Modèle 2. Les créanciers ne sont pas propriétaires et ne gèrent pas le Credit Bureau. Opérateur indépendant Ce modèle est aussi qualifié de service indépendant parce que les prêteurs ne sont pas propriétaires de l’entreprise. Les grandes agences internationales suivent ce modèle, notamment TransUnion, Experian, Equifax, et Baycorp Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents Advantage en Australie et en Nouvelle-Zélande. Cette formule n’est pas aussi répandue dans les marchés émergents, mais il en existe divers exemples, dont Datacheck au Pakistan, CRB au Kenya, CompuScan et XDS en Afrique du Sud, Credit Registry Corporation au Nigéria et TUCA en Amérique centrale. Les principaux avantages de ce modèle tiennent au fait qu’il s’agit d’une entité purement commerciale, fortement incitée à innover et à fournir des services de grande qualité à ces clients, en particulier si les fournisseurs d’informations sur le marché du crédit sont compétitifs. Il n’y a pas de conflits d’intérêts puisque la propriété du capital et les opérations sont séparées et que les relations avec les membres et les utilisateurs sont fondées sur des intérêts commerciaux. Le grand problème de ces agences est d’attirer des prêteurs et de les convaincre de partager l’information. En raison des économies d’échelle, les prêteurs ne sont incités à partager l’information que dans la mesure où ils sont assurés que d’autres prêteurs adhéreront au Credit Bureau et partageront leurs données d’information. C’est le principal obstacle dans les pays où il n’y a pas d’agence, ou dont l’agence qui existe est détenue par une banque, du fait que les prestataires indépendants s’efforcent d’attirer des créanciers. Les nouveaux prestataires indépendants peuvent aussi se heurter à un autre problème, à savoir le manque de capitaux, qui peut entraver le développement de nouveaux produits. Les grands Credit Bureaus internationaux d’informations financières sont pour la plupart des opérateurs indépendants. Mais, si les prêteurs n’arrivent pas à coordonner leurs activités, cela peut remettre en cause le succès de ce modèle dans certains marchés émergents. C’est la raison pour laquelle, dans de nombreux pays, lorsqu’une première agence est créée, la seule option possible consiste pour les prêteurs à devenir propriétaire de l’agence de façon à établir la confiance et à lancer le processus d’échange de l’information. Si l’agence a bien fonctionné pendant une certaine période de temps, il peut être de l’intérêt des prêteurs de diluer leurs participations. Les propriétaires de l’agence seront alors incités, pour des raisons commerciales, à élargir la base de la clientèle et à introduire de nouveaux produits et de nouveaux services, comme ce fut le cas à Hong Kong (Chine). Une structure conjuguant les éléments des deux modèles existe en Afrique du Sud. Experian et TransUnion, en tant qu’opérateurs indépendants, collectent et diffusent l’information sur le remboursement des crédits pour la Consumer Credit Association (CCA) et le South African Banking Council (SABC). L’Association et le Conseil fonctionnent comme des groupes de consommateurs fermés et peuvent déterminer qui peut devenir membre et accéder aux données. L’Association et le Conseil conservent la propriété des données, ce qui signifie que le registre de crédit collecte, traite et diffuse les données au nom de l’association et du conseil, et avec leur autorisation. Modèle 3. Partenariat public/privé. Délégation à un ou plusieurs Credit Bureaus privés avec un système de licences, et avec la supervision de la Banque centrale Ce modèle se base sur une forte et importante complémentarité entre secteurs public et privé. Le secteur public peut avoir un rôle d’une importance cruciale à jouer dans la création de l’infrastructure de partage de l’information de crédit privée. Les banques centrales en particulier, en leur qualité d’organe de réglementation et de contrôle des institutions financières, peuvent être bien placées pour assurer les fonctions de réglementation du secteur, sensibiliser au cadre juridique requis ainsi que surveiller les registres de crédit privés. D’autre part, les institutions financières dans beaucoup de pays font confiance à la Banque centrale pour jouer le rôle de tierce partie indépendante.En l’absence d’autorité chargée de la protection des données, les banques centrales sont souvent les mieux placées pour tirer parti de ce « capital confiance » pour assurer les fonctions de réglementation des registres de crédit privés. Les banques centrales peuvent contribuer activement à l’établissement d’un cadre juridique adapté, qui favorise la pérennité d’une offre privée de Credit Bureaus dans leurs pays. Il s’agit par exemple de : préparer et de mettre en œuvre un Code de conduite détaillé applicable aux activités des registres de crédit recommander les modifications à apporter aux lois et règlements existants, qui pourraient entraver la publicité de l’information par les banques et d’autres prêteurs préparer et promouvoir une législation relative à l’octroi de licences d’exploitation de centrales déterminer des critères minima de capacités techniques, de stabilité financière et de compétences de gestion/réputation à satisfaire par les opérateurs privés 29 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS délivrer des licences d’exploitation de centrales de risques à des opérateurs privés agréés veiller au respect du Code de conduite en éduquant les Credit Bureaus et leurs utilisateurs, en surveillant leurs activités et en les soumettant à des audits, et en prenant des mesures correctives en cas de non-respect du Code faire comprendre la valeur ajoutée que représente l’information de crédit pour les opérateurs du secteur et les particuliers via des séminaires publics, des supports pédagogiques et des communiqués de presse, etc. Le Mexique,l’Équateur ainsi que l’initiative en cours au Maroc illustrent bien ce qui constitue un cadre juridique porteur pour la collecte et l’échange d’informations de crédit et le rôle clé joué par la banque centrale. En Égypte aussi la banque centrale a récemment modifié la législation bancaire de manière à permettre l’échange d’informations sur le crédit entre institutions bancaires et non bancaires, et elle a assumé la responsabilité d’accorder des licences d’exploitation. Le secteur public étant de fait, dans ce modèle, chargé de créer un climat porteur et de superviser les activités de collecte et d’échange d’informations de crédit, il incomberait à quelques sociétés privées présentant les qualifications requises de mettre en place l’infrastructure et fournir l’expertise nécessaires aux registres de crédit. Ces sociétés assureraient les fonctions suivantes : établir et entretenir des relations appropriées avec les prêteurs ; constituer : Les ingrédients clés de ce scénario de délégation au secteur privé, qui ont été appliqués avec succès en Équateur et sont en cours d’application au Maroc, sont donc les suivants : La Banque centrale (BC) est l’instance de réglementation et de contrôle du secteur de partage de l’information de crédit, qui octroie aux Credit Bureaus privés des licences d’exploitation relatives au traitement des données liées au crédit, suspend ou renouvèle leur validité, ou même les révoque, en fonction du respect ou non des conditions spécifiques à la licence. Elle est aussi l’autorité de contrôle, qui veille à l’application des règles établies par le code de conduite. La totalité des informations sur le crédit, pour tous les types de crédits, quel qu’en soit le montant, accordés à la totalité des emprunteurs — particuliers, PME, sociétés — par la totalité des institutions financières réglementées, doit être communiquée par ces dernières chaque mois à la Banque centrale (BC). La BC regroupe les données d’information, les traite et actualise chaque mois la base de données tenue par elle. Une fois par mois, la BC communique à tous les Credit Bureaus qu’elle aura agréés, la même base de données complète sur le crédit. Les agences privées peuvent donc ainsi entrer en concurrence sur le marché pour attirer l’adhésion des entités financières réglementées, recueillir des renseignements supplémentaires auprès de ces entités (des informations sur les demandes de crédit des emprunteurs par exemple), obtenir des données supplémentaires auprès des institutions financières nonréglementées, des entreprises commerciales (telles que les détaillants, les sociétés de télécommunications et d’autres services publics) et des bases de données publiques,en offrant des services de nature différente, de qualité différente, et des prix différents. Pour se conformer aux pratiques internationales optimales, et afin d’éviter toute mesure restrictive éventuelle au partage de l’information par une possible, future « loi sur la protection des données personnelles » et aussi pour créer les conditions du partage de l’information entre les entités réglementées et non règlementées, la BC exige des prêteurs qu’ils recueillent le consentement des emprunteurs avant de demander des renseignements à une agence privée, quelle qu’elle soit. une base de données nationale adéquate sur les engagements de crédit des consommateurs, des professionnels et des PME ; un réseau adéquat de collecte et de diffusion des données ; compléter la base de données des prêteurs par des sources de données supplémentaires autorisées ; gérer la collecte, l’administration et la diffusion des informations de manière appropriée ; développer une gamme de services d’information pour satisfaire les besoins de la communauté des prêteurs ; lancer des services complémentaires à valeur ajoutée pour contribuer à améliorer la méthodologie appliquée aux prêts de détail par les usagers ; fournir des services de formation aux prêteurs pour qu’ils sachent utiliser au mieux les données ; 30 faire connaître, aux prêteurs et aux sujets sur lesquels des informations sont détenues, le rôle de la centrale de risques et les droits des individus. Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents Lorsque la première agence privée est opérationnelle, les entités financières réglementées ne doivent plus avoir la possibilité de consulter le registre de la BC, s’il existe, pour en extraire des informations de crédit. La BC oblige les entités réglementées, dès qu’elles reçoivent une demande de crédit, à obtenir des rapports sur le demandeur de crédit, auprès d’une agence privée au moins. La BC peut accéder à la base de données de toutes les agences privées, quelles qu’elles soient, de façon à exploiter la masse des informations consolidées et de remplir ainsi sa mission première, qui est la surveillance et la prévention du risque de crédit systémique, et appliquer des sanctions, si nécessaire. Les points faibles peuvent être les suivants : Solution articulée et qui pourrait nécessiter une adaptation du cadre réglementaire ou de la loi bancaire. Nécessité pour la Banque centrale — ou autre organe publique de surveillance — de se structurer afin de superviser les Credit Bureaus privés. Cette supervision est extrêmement importante pour préserver la confiance de toutes les parties prenantes ainsi que l’intégrité et la qualité de l’infrastructure d’échange d’information. C’est pourquoi la Banque centrale devrait assigner à cette tâche — et former de manière appropriée — des ressources dédiées. En tant que collecteur de données auprès des entités supervisées par elle, et distributeur de données aux Credit Bureaus privées, la BC doit dans certains cas mettre en place une infrastructure technique basique (un dataware house). Un tel système pourrait être développé : Les règles énoncées ci-dessus, et un code de conduite — applicable aux entités réglementées de la BC et aux Credit Bureaus privés — ainsi que les réglementations concernant la délivrance des licences et la surveillance exercée par la BC, peuvent parfois devenir exécutoires simplement par une circulaire du gouverneur de la BC. En interne par la BC ; À travers un prestataire externe, ou par l’un des Credit Bureaus qui seront intéressés par une licence. Ce dernier scénario permettrait en fait à l’agence privée de commencer à développer sa propre plateforme en même temps qu’elle développera l’infrastructure de la BC. Les avantages apportés par ce modèle sont immenses. Cette solution permet en particulier de : Fournir à la Banque Centrale une masse d’informations gratuites pour lui permettre de remplir sa mission primaire, qui est la surveillance et la maîtrise du risque de crédit systémique. Cela donc sans devoir développer elle-même l’infrastructure technologique ainsi que l’expertise nécessaires pour fournir aux établissements de crédit un service en ligne avec ce qui se fait de mieux dans le monde. Éviter la création d’un monopole de partage de l’information et laisser entrer sur le marché autant d’entités privées qu’il peut héberger, locales et/ou internationales, qui se sentiraient protégées par un cadre juridique favorable. Préparer le terrain pour la création d’un marché solide, compétitif et dynamique de partage de l’information. Cela permet une concurrence sur les prix et la qualité des services, avec les avantages évidents qui en découlent pour les prêteurs et les consommateurs. Établir un système d’information complet et non fragmenté sur le crédit, qui soit accessible à tous les prêteurs (selon les principes de stricte confidentialité et de réciprocité). Faciliter l’inclusion de données d’information fournies par les entités non réglementées par la Banque Centrale. 2.3 Considérations pratiques pour la création d’un Credit Bureau Ce Guide cherche à présenter une méthode d’approche classique pour la création d’un Credit Bureau, mais le processus effectif de création peut différer sensiblement de la méthode d’approche proposée parce qu’il n’existe pas deux pays identiques quant à la démographie, aux réglementations, à la législation et aux besoins. Un prestataire indépendant, ou une entité indépendante, telle qu’une association de banques, qui souhaite créer un registre de crédit doit prendre en considération les éléments suivants : L’évaluation du marché et la stratégie Les projections financières Les besoins technologiques et le partenaire technique La structure organique et le personnel L’évaluation du marché et la stratégie L’évaluation du marché et l’élaboration de la stratégie peuvent généralement être divisées en 31 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS trois phases. Phase 1 : évaluation des perspectives d’évolution ; Phase 2 : réalisation d’une étude de faisabilité ; Phase 3 : élaboration d’un plan d’entreprise. Selon la situation du marché, il y aura un certain chevauchement entre ces phases, ainsi que des variantes. Phase 1 : Évaluation des perspectives d’évolution Cette phase comporte une évaluation initiale de la demande de services et de la faisabilité d’un Credit Bureau. Avant de décider de créer un Credit Bureau, il faut tenir compte des caractéristiques suivantes du marché : la taille de la population, qui détermine la base potentielle de la clientèle pour les prêteurs ; la taille du marché du crédit aux particuliers et aux PME et son potentiel de croissance ; le niveau de sophistication du marché du crédit en termes de produits et de services ; la taille de l’agence existante en termes d’emprunteurs couverts et de personnel ; la concurrence éventuelle des registres de crédit publics et d’autres Credit Bureaus privés ; le cadre juridique et réglementaire dans lequel opèrent les Credit Bureaus ; le degré du soutien de l’État, de la Banque centrale et d’autres institutions financières au principe du partage de l’information ; les possibilités d’expansion régionale (comme dans le cas de TUCA, voir les études de cas). L’étape suivante concerne les consultations à conduire avec toutes les principales parties prenantes, en particulier : 32 les autorités financières telles que la Banque centrale, l’autorité de contrôle des banques et en particulier les représentants du registre de crédit public, s’il en existe un ; les organes législatifs s’il y a lieu, et notamment les responsables des ministères des finances et du commerce et d’autres ministères pertinents ; les administrations publiques, le cas échéant, dont des membres des ministères des Finances et du Commerce ainsi que des autres ministères voulus ; les organes chargés de la délivrance des licences, et notamment, si elles existent, les agences de réglementation et de contrôle chargées de la surveillance des Credit Bureaus ; les prêteurs/financiers, notamment les banques réglementées, les institutions financières non bancaires, les institutions de microfinance, les sociétés de leasing et d’autres créanciers tels que les services d’utilité publique et les compagnies de téléphone ; tous les fournisseurs de données existants, et en particulier les cabinets juridiques au fait des questions concernant le partage de l’information sur le crédit. Phase 2 : Conduite de l’étude de faisabilité L’étude de faisabilité est une analyse approfondie du marché et des parties prenantes afin de déterminer s’il est possible de créér un registre de crédit et sous quelle forme. Les divers volets de l’étude sont les suivants : L’analyse du marché L’étude technique L’analyse de parties prenantes L’évaluation du cadre juridique et réglementaire L’analyse du marché. Ce volet de l’étude examine la demande et l’offre d’information sur le crédit, ainsi que les risques du marché. Elle traite de questions telles que ; Quelle est la demande potentielle d’information sur le crédit ? Quelles sont les sources d’information existantes et quelles sont en particulier les sources publiques ? Quel est le risque de concurrence d’autres Credit Bureaus et du registre de crédit public, s’il en existe ? Quelles sont les tendances du marché du crédit ? Quels sont les risques économiques et politiques plus larges ? L’évaluation de l’offre et de la demande fournit un cadre de référence utile pour effectuer une étude de marché. L’analyse de la demande porte sur les points suivants : la profondeur du marché du crédit en termes de nombre et de types de produits offerts, et du volume des clients servis ; les taux de croissance passés du marché du crédit ; les principaux acteurs (financiers et non financiers) de l’industrie du crédit. L’analyse de l’offre permet de répondre aux questions suivantes : La demande d’information sur le crédit est-elle couverte par les prestataires en place ? Y a-t-il déjà des Credit Bureaus implantés dans le pays et, si oui, quel marché servent-ils ? Y a-t-il un registre du crédit public et inclut-il des informations sur les emprunteurs particuliers, ou prévoit-t-il d’en inclure ? Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents Quelles sont les sources existantes d’informations publiques sur lesquelles un registre de crédit peut compter ? (les exemples peuvent inclure les listes électorales, les annuaires téléphoniques, les décisions de justice, les listes de chèques sans provision, les formulaires d’enregistrement des garanties, etc.). L’analyse technique. L’analyse technique, qui est un élément crucial de l’étude de faisabilité, a pour objet d’évaluer la capacité technique et la disposition des prêteurs à participer aux activités du Credit Bureau. Elle sert à définir les spécifications techniques de l’agence à créer. La conduite de cette étude implique d’envoyer des questionnaires détaillés sur la nature et les formats de l’information disponible à tous les participants potentiels, puis à organiser une réunion avec tous les prêteurs pour examiner les résultats de l’enquête. L’attention ici porte sur des questions telles que : les types de produits de crédit aux consommateurs et aux PME qui sont offerts ; le niveau et les taux de croissance du crédit aux particuliers et aux PME, par produit ; le nombre actuel et prévu des crédits distribués afin de pouvoir établir des projections sur le volume potentiel des demandes de renseignements ; l’existence de données rétrospectives stockées électroniquement ; le consentement des emprunteurs à divulguer l’information à un registre de crédit ; l’existence de numéros d’identification uniques pour les particuliers et les entreprises ; le niveau de sophistication des systèmes internes d’information de gestion des prêteurs ; les contraintes liées à la technologie et à l’infrastructure ; le degré de sensibilisation des prêteurs aux questions concernant les informations de crédit ; la disposition des prêteurs à partager l’information négative et positive. L’analyse détaillée de ces questions permet de définir les spécifications techniques du registre de crédit et d’aider les prêteurs à introduire les changements nécessaires dans leurs procédures de prêt pour leur permettre de devenir membres du service. Analyse des parties prenantes. Ce volet de l’étude de faisabilité traite des questions touchant les éventuelles parties prenantes. Elle pose des questions telles que : Existe-t-il un large consensus parmi les prêteurs quant à l’utilité du partage de l’information sur le crédit ? Qui sont les membres/utilisateurs potentiels du service ? Les prêteurs sont-ils disposés à partager des informations positives et négatives ? Les prêteurs disposent-ils des moyens techniques nécessaires pour partager l’information ? Les autorités sont-elles favorables au projet ? Quel est le niveau de l’infrastructure technique et de communication existante dans le pays ; est-il suffisant pour répondre aux besoins de l’agence ? Quel est le modèle économique potentiel de l’agence ? La question des droits des consommateurs estelle traitée ? Évaluation du cadre juridique et réglementaire. Ce volet de l’étude implique des réunions avec les instances de réglementation et de contrôle et des juristes qualifiés pour évaluer le paysage juridique du pays en question. Les principales questions sur lesquelles les prestataires doivent centrer leur attention lors des entretiens avec les organes de réglementation sont les suivantes : Le partage de l’information est-il autorisé et, s’il ne l’est pas, quelles sont les restrictions imposées ? La législation en vigueur est-elle adaptée au partage de l’information et aux activités du registre de crédit envisagé ? Quelles sont les autorités chargées de faire appliquer la législation qui régit le partage de l’information ? Quelles sont les nouvelles règles/réglementations envisagées ? Quelle est l’incidence du cadre juridique sur les activités du registre de crédit ? Comment sont organisés les groupes de consommateurs et quelle est la probabilité qu’ils s’opposent aux projets de partage de l’information ? L’expérience montre que, dans de nombreux marchés émergents, le cadre juridique qui régit les activités des Credit Bureaus n’est pas clairement défini. Dans ce cas, il faudra obtenir l’opinion juridique formelle d’un conseiller juridique local qualifié pour informer les décideurs quant à la possibilité, du point de vue juridique et réglementaire, d’implanter un registre de crédit dans ce marché particulier. Phase 3 : Élaborer un plan d’entreprise Si les résultats de l’étude de faisabilité montrent qu’il est possible de créer un Credit Bureau viable, la prochaine étape consistera à élaborer un plan d’entreprise viable. Lorsqu’une entreprise indépendante prévoit d’entrer sur le marché des Credit Bureaus, le processus est simple et inclut 33 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS l’élaboration d’un plan d’entreprise basé sur les conclusions de l’étude de faisabilité, et il implique d’obtenir des financements, ainsi que l’engagement des prêteurs de participer aux activités du Credit Bureau. Si le registre de crédit doit être une entité détenue par le prêteur, le processus implique de créer l’entité elle-même. Les principales parties prenantes doivent être d’accord sur le principe de la création de l’agence et sur ses structures. Cet accord peut être obtenu avec le soutien de l’association des banques, qui peut être utilisée comme la plateforme clé pour rapprocher toutes les banques qui s’intéressent à la création d’un registre de crédit et peuvent fournir le soutien nécessaire pour la gestion du projet jusqu’à ce que l’entité soit immatriculée et financée. Dans certains pays, tels que le Nigéria, les prêteurs les plus désireux de créer un registre de crédit ont sous-traité avec un cabinet d’études privé, qu’ils ont chargé de gérer le processus en organisant des réunions avec les principales parties prenantes, en les aidant à parvenir à un accord sur la structure du bureau et en préparant un plan d’entreprise en consultation avec toutes les parties prenantes. Une fois que le registre de crédit est immatriculé et financé, les principales démarches à effectuer sont les suivantes : identifier et choisir l’infrastructure technologique afin de décider si l’agence doit développer les logiciels nécessaires en interne ou collaborer avec un partenaire technique ; établir les projections financières pour savoir à quel moment l’agence atteindra le seuil de rentabilité et examiner les conséquences qui en découlent au niveau de la détermination des prix des services fournis et du volume d’activités à atteindre ; décider de la structure organique, identifier le personnel nécessaire et procéder au recrutement. Ces questions sont examinées de façon plus détaillée dans les sections qui suivent. Une fois que la décision est prise quant au choix du partenaire technique et que le plan financier est finalisé, le registre de crédit peut commencer à conclure des accords avec ses membres. Le partage de l’information étant fondé sur le principe de la réciprocité, ceux qui utilisent les données doivent en fournir aussi. Dans certains cas exceptionnels, un membre de l’agence, tel qu’une source publique de données, peut passer un accord prévoyant qu’il se contentera de fournir des informations. Mais, dans la plupart des cas, l’accord couvrira les droits et les responsabilités Figure 18 : Principaux éléments des contrats/accords conclus avec les utilisateurs et les fournisseurs Contrats/accords Utilisateurs Principes de réciprocité Règles régissant le partage des données Propriété des données Protocole d’usage Confidentialité Coûts des services et disponibilité Respect de la protection des données et/ou de la législation relative au crédit à la consommation Obligations des utilisateurs de fournir des données exactes en temps voulu Responsabilité de l’agence de traiter les données et d’en garantir l’intégrité et la sécurité Autres clauses concernant les réclamations, les coûts, les préjudices et les sanctions pour les données inexactes Fournisseurs 34 Protection de l’agence, des utilisateurs et des consommateurs Conditions commerciales applicables à la fourniture et à l’utilisation des données Restrictions concernant l’utilisation des données Indication de la fréquence de la mise à jour des données Notification des erreurs contenues dans l’information Indication du type, du support et du format des mises à jour Notification du changement de type, de support et/ou du format des données Procédures utilisées pour garantir la qualité des normes applicables aux données. Incidence des données fournies sur la protection des données En cas de sous-traitance, Accord de niveau de service définissant les obligations, la disponibilité des données, l’accès à la base de données, la sauvegarde, etc. Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents des membres tant en leur qualité d’utilisateurs de données que de fournisseurs de données. La figure 18 récapitule les questions essentielles à traiter dans le cadre de l’accord que les membres doivent signer pour permettre l’échange d’informations. 2.3.2 Besoins technologiques et partenaire technique Le registre de crédit doit être doté d’une infrastructure technique appropriée pour traiter correctement les données, fournir le réseau de communication approprié et offrir un système de livraison efficace et sûr à ses clients. Les systèmes de l’agence ne sont pas de ceux qu’on peut acheter dans le commerce et installer dans un matériel informatique. Chaque système d’informations de crédit doit être une solution customisée, adaptée à la situation locale ; il faut habituellement entre six et 18 mois pour la mettre au point, depuis l’analyse des données disponibles auprès des fournisseurs de données à travers la préparation de spécifications fonctionnelles, jusqu’aux tests, en passant par le développement du système. Les résultats de l’étude de faisabilité et de l’analyse technique décrites dans la section précédente faciliteront la tâche. Pour identifier les besoins technologiques, il faut que le registre de crédit précise les fonctions que le système doit remplir et qu’il décide si le système sera développé en interne ou s’il confiera cette tâche à un partenaire technique. Besoins technologiques fonctionnels Les systèmes du registre de crédit doivent remplir les fonctions suivantes : collecter, valider et fusionner les données ; produire et diffuser des rapports ; assurer la sécurité et la sauvegarde des données. Collecter, valider et fusionner les données Le registre de crédit collecte des données auprès d’un grand nombre de sources différentes et sous de nombreux formats différents. Du fait de cette diversité de sources et de formats, une agence pourrait courir le risque de collecter des informations inexactes ou insuffisantes, et donc de fournir des rapports erronés à ses abonnés. Dans le cadre du processus d’identification des besoins technologiques, l’agence doit donc élaborer un formulaire normalisé de demande de données, qu’elle enverra à ses abonnés et qui définit le contenu minimum de l’information. Ces formulaires doivent remplir toutes les prescriptions nationales et locales édictées par la loi pour produire et divulguer des informations de crédit équitables. Soucieux d’atténuer encore le risque, certains services, tels que celui du Kazakhstan par exemple, conçoivent leur système de telle façon qu’il est impossible de modifier les fichiers fournis par le prêteur. Si l’agence peut accepter ou rejeter un fichier communiqué par le prêteur, elle ne peut le modifier, ce qui limite sa marge de manœuvre en cas d’erreur. En outre, la plateforme de l’agence doit être conçue de manière à pouvoir recevoir l’information sous des formes très diverses, même si la plupart des fournisseurs de données les transmettent en ligne dans un format électronique. Les clients moins avancés sur le plan technologique, en particulier les petites banques et les institutions financières non bancaires, sont parfois incapables de fournir l’information en ligne, de sorte que l’agence doit accepter des données sur DVD, CD, disquettes, bandes magnétiques ou autres systèmes de stockage portables des données. Il incombe au registre de crédit de valider toutes les données avant de les télécharger vers la base de données. Son système doit donc comporter des processus automatisés pour vérifier que tous les champs à remplir le sont, la conformité au format standard et la qualité des données. Le système doit aussi pouvoir rejeter les fichiers dont les données sont incomplètes, ou qui contiennent des erreurs critiques, et renvoyer les données au fournisseur, qui doit retourner le fichier corrigé. Une fois les données validées, l’agence doit fusionner les nouvelles données avec celles de sa base de données. Le système doit pouvoir localiser le sujet concerné, que ce soit un particulier ou une entité juridique, en utilisant des identificateurs nationaux uniques, tels que le numéro de passeport ou de la carte d’identité, ou le numéro d’identification fiscal. Dans les pays où les identificateurs uniques des particuliers et/ou des personnes morales sont inexistants ou non fiables, le registre de crédit crée habituellement sa propre clé de correspondance et fait, au besoin, des recoupements avec les bases de données contenant des données d’identification. Quelle que soit la clé de correspondance utilisée, les détails concernant l’identification de l’emprunteur doivent être trouvés et être exacts, l’objectif de l’agence étant d’apparier les données d’entrée avec la meilleure correspondante possible parmi tous les fichiers contenus dans sa base de données. 35 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Une fois que le fichier du sujet est identifié, le système va actualiser le dossier existant, ou, si l’information concerne un nouvel emprunteur, il va créer un nouveau fichier de crédit dans la base de données. Produire et diffuser des rapports Le système doit aussi pouvoir autoriser les abonnés à accéder aux rapports de solvabilité. Les modes d’accès types sont les suivants : L’accès en ligne. L’accès en ligne le plus courant est la connexion de système à système (connexion d’hôte à hôte), qui permet au système du client de se connecter à l’agence par une ligne louée très rapide. L’interaction avec l’agence est entièrement assurée par le système du client, sans aucune intervention humaine. Une connexion hôte à hôte est parfois indispensable, même pour une agence qui démarre, étant donné que les clients qui ont un important volume de données voudront intégrer le système de leur back-office aux données sur les crédits afin d’éliminer les doublons et de rationnaliser le flux de travail. Connexion par modem ou accès par l’Internet. Dans ce cas, l’accès à l’agence est acheminé par un navigateur Internet ou par un autre logiciel informatique. Une fois connecté à l’agence, le client fournit son identifiant (nom de l’utilisateur, mot de passe, etc.) pour valider l’accès à l’agence. C’est le mode d’accès que préfèrent les utilisateurs qui ne sont pas techniquement prêts ou dont les demandes de renseignements à l’agence sont limitées, et pour lesquels le coût d’une solution d’hôte à hôte n’est pas justifié. Accès par lots. Ce mode d’accès fournit aux clients un moyen efficace par rapport aux coûts de traiter de grandes quantités de demandes. Les prêteurs fournissent les données à l’agence sur DVD, CD, bande magnétique ou électroniquement, et l’agence devrait être en mesure de traiter ces requêtes pendant les heures creuses, avec un temps d’exécution rapide. Ce mode de livraison est habituellement recommandé pour le traitement du suivi des risques pour les portefeuilles-clients importants. les rapports et, ce faisant, ils protègent l’intégrité et la réputation de l’agence et contribuent à son succès. L’agence doit s’assurer qu’elle est physiquement protégée et qu’elle dispose d’un système de sécurité pour protéger l’information sensible qu’elle détient. Les locaux physiques de l’agence ne doivent être accessibles qu’au personnel autorisé, qui a été trié sur le volet. Le vol d’information est autant une menace physique qu’une menace pour le système, puisque des personnes non autorisées de passage peuvent dérober les rapports imprimés ou les disquettes informatiques/CD. Les caractéristiques de sécurité du système doivent inclure : le contrôle strict de l’accès à la base de données assuré par des mécanismes d’identification et d’authentification des utilisateurs ; la protection contre le piratage informatique ; la définition claire des attributions des divers administrateurs du réseau ; des procédures de sauvegarde des données ; la mise à jour automatisée des données ; des dispositions pour la récupération des données en cas de catastrophe ou de défaillance totale du système (utilisation d’un site sûr pour le stockage des données, où tout ce qu’il faut pour redémarrer le système est disponible en cas de catastrophe) ; la mise à jour en continu de tous les articles stockés dans le site de récupération ; des vérifications périodiques du matériel de sauvegarde et des plans et procédures de récupération. Les politiques et procédures appropriées font partie intégrante de l’installation du système technologique du Credit Bureau. Comme il ne faut pas oublier qu’elle traite des données hautement confidentielles et très sensibles, ses agents doivent signer des accords internes qui les engagent à s’abstenir de tout usage abusif des données ou de divulguer les données confidentielles détenues par le Credit Bureau. En résumé, il appartient en définitive aux responsables de l’agence d’instaurer une politique de sécurité et de prendre les mesures suivantes : La sécurité est une priorité de premier ordre pour un registre de crédit puisqu’elle gère des informations hautement confidentielles sur les clients. Les systèmes sûrs protègent les données et 36 Assurer la sécurité et la sauvegarde des données élaborer et diffuser une politique de sécurité valable pour tous les agents du service et toutes les entreprises techniques qui ont accès aux données ; Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents effectuer des vérifications régulières pour s’assurer que la politique est appliquée et acceptée ; prendre des mesures disciplinaires en cas de manquement aux règles de sécurité ; revoir et actualiser la politique lorsque des modifications intéressant l’agence sont introduites dans la technologie, la législation relative à la protection des données, le droit du travail, etc. ; tenir les personnels de l’agence au courant de la politique. Si les questions de sécurité et de préparation aux catastrophes ne sont pas prises en compte durant les premiers stades du développement de la technologie, l’agence courra un risque élevé, et elle accusera un retard technologique qui pourrait affecter son aptitude à attirer des prêteurs. Stratégie d’acquisition de la technologie Une fois que les besoins fonctionnels sont précisés et que les besoins en matériel informatique et en logiciel sont identifiés, le registre de crédit doit décider s’il construira sa technologie en interne ou s’il fera appel à un partenaire technique. La combinaison microtechnologie/ moyenne technologie et technologie Internet a profondément transformé l’industrie de l’information de crédit. Il y a quelques années encore, elle opérait presque uniquement avec de gros ordinateurs lourds et coûteux.Aujourd’hui, les Credit Bureaus utilisent des applications basées sur le Web, et leur lancement est moins coûteux. L’incidence positive de la nouvelle technologie, du fait qu’elle diminue les coûts et réduit les barrières à l’entrée pour les nouveaux acteurs, permet aux investisseurs et aux entrepreneurs des pays émergents et en développement « d’acheter » des plateformes techniques auprès de sources extérieures — en général des prestataires de technologie de renommée internationale — au lieu d’avoir à les « construire » en interne. Le coût ne doit pas être le seul déterminant de la décision d’acheter un système. Il ne suffit pas toujours d’avoir une bonne infrastructure technique locale, des programmeurs locaux justifiant d’une solide formation et des spécialistes en TI. Les Credit Bureaus doivent avoir une somme de connaissances et une expérience particulières pour élaborer et faire fonctionner le système étant donné sa complexité et la grande sensibilité des données détenues. La participation d’un opérateur international en tant que partenaire technique d’un nouveau registre de crédit permet non seulement d’obtenir la technologie et les compétences techniques requises, mais, ce qui est très important, cet opérateur peut aussi prêter sa réputation, un savoir-faire professionnel crucial, et les connaissances techniques nécessaires pour continuer à créer des services à valeur ajoutée au fur à mesure que l’agence se développe et que le marché arrive à maturité. Ces avantages supplémentaires expliquent pourquoi la majorité des pays émergents qui ont créé des Credit Bureaus détenus par les prêteurs au cours de ces dernières années, dont le Mexique, la République tchèque, la Turquie, la Roumanie, le Kazakhstan, la Russie, l’Ukraine, le Royaume d’Arabie saoudite et l’Égypte, ont opté pour l’option « achat ». Dans certains cas, les conditions du partenariat peuvent inclure la vente d’une participation dans le service à l’opérateur technique, comme au Mexique, au Kazakhstan et en Russie ; dans d’autres cas, l’accord contractuel ne couvre que la vente de logiciels et l’assistance. Même quand les Credit Bureaus ont choisi de développer le logiciel en interne, ils recourent souvent à des prestataires internationaux de technologie lorsque leurs marchés sont prêts à offrir des services à valeur ajoutée — tels que l’évaluation par score — qui exigent plus que de la technologie. Lorsqu’elle choisit un partenaire technique, l’agence doit évaluer un candidat potentiel sur la base des critères suivants : Critère technique : le candidat peut-il implémenter le système conformément aux spécifications techniques locales ? A-t-il une expérience de l’implémentation de systèmes pour les Credit Bureaus dans des marchés similaires ? Critère stratégique : le candidat peut-il s’engager envers le service sur le long terme ? Critère financier : le coût du système est-il compatible avec la demande de services ? La figure 19 présente plusieurs critères importants qu’il faut appliquer d’un point de vue technique et stratégique. La décision concernant l’incidence financière de la solution technique doit être prise en même temps que la planification financière globale. Elle est analysée dans la section qui suit. 37 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Figure 19 : Qualités d’un partenaire technique solide Critères de sélection Critères techniques l l l l Expérience (nombre d’années) Parcours/succès dans la création d’agences d’informations financières dans les pays en développement et les économies développées Compétence du personnel/de l’équipe de gestion Aptitude à fournir des solutions détaillées (produits, logiciel et services à valeur ajoutée) Critères stratégiques l l l l l l l l 2.3.3 Projections financières Pour établir des pronostics sur les résultats financiers de la future agence, il faut évaluer les recettes et les coûts potentiels de l’opération et identifier les déterminants des recettes et des coûts. Projections relatives aux recettes. Le principal déterminant des recettes d’un registre de crédit est le nombre de rapports de solvabilité ou de services à valeur ajoutée vendus. Les projections de recettes sont basées sur la demande estimée de rapports de solvabilité et le prix des rapports. Dans la plupart des cas, l’agence demande un droit d’adhésion uniforme auquel s’ajoute une commission par demande de renseignements (par clic). Elle applique généralement une réduction sur quantité, et il est courant d’avoir une matrice de prix dépendant du nombre des demandes de renseignements et du type d’utilisateur. Le tableau 2 présente une matrice de prix hypothétique basée sur le nombre annuel de demandes de renseignements de l’utilisateur. Les seuils pour réduction sur quantité sont déterminés sur la base de la demande prévue et du nombre moyen des demandes attendues. 38 Disposition à ajouter de la valeur au plan d’entreprise et au modèle financier Dispositions à prendre des participations au capital Solidité financière de la société Profil de gestion Possibilité de trouver des locaux/du personnel qualifié dans le pays du projet ou dans un pays proche Connaissance du marché bancaire/du crédit local et des questions s’y rapportant Relations directes (pas de tierce partie) Disposition à effectuer un transfert de savoir-faire, et proposition concernant ce transfert Tableau 2 : Matrice de prix hypothétique pour un registre de crédit Nombre de demandes de renseignements <25 000 25 001 - 50 000 50 001 - 100 000 100 001 - 250 000 250 001 - 500 000 > 500 000 Prix par demande de renseignements 1,00 0,95 0,85 0,80 0,70 L’estimation de la demande de renseignements se fonde sur l’enquête concernant les utilisateurs potentiels. Les projections financières relatives aux recettes doivent prévoir un certain décalage temporel entre le lancement des opérations de l’agence et le seuil de rentabilité auquel elle atteint effectivement la quantité de demandes de renseignements visée. La connexion des prêteurs à l’agence et l’intégration de l’information sur le crédit de l’agence au cycle de prêt de l’institution soulèvent souvent de nombreux problèmes techniques. Il faut parfois de trois à six mois pour résoudre ces problèmes. Le taux de croissance des demandes de renseignements est basé sur le taux de croissance prévu du crédit dans l’économie et le nombre prévu des utilisateurs qui s’abonneront à l’agence. Il est possible d’enregistrer des taux de croissance de 50 % et plus, dans les trois à cinq premières années d’existence de l’agence, dans les pays où la croissance du crédit est stable et où l’agence attirera de nouveaux membres. Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents Projections relatives aux coûts. Les coûts sont dans une large mesure fonction de la décision d’acheter un système technologique, appelé aussi plateforme de l’agence, ou d’en développer un en interne. Dans les deux cas, la fourchette possible des coûts est large et dépend du niveau de sophistication du système et des types de produits qu’il devra fournir. les redevances de licence et les redevances d’exploitation de brevet payées au partenaire technique en fonction du nombre de demandes de renseignements reçues par le système, en plus des droits couvrant les mises à jour et les améliorations apportées régulièrement au système, en général sur la base d’une tarification convenue ; Les projections de coûts basées sur l’hypothèse que la plateforme existante sera achetée, doivent inclure les éléments suivants : les honoraires de consultant demandés par le partenaire technique pour tout service fourni en plus des services énumérés dans l’accord de développement et de maintenance. les frais de développement/de customisation/ d’installation de la plateforme de l’agence (généralement payés par versements échelonnés) ; les frais de maintenance, généralement un montant forfaitaire mensuel, trimestriel ou annuel ; La structure exacte des commissions/honoraires du contrat est très variable. Par exemple, la redevance de licence et d’exploitation des brevets n’est pas toujours applicable si le partenaire technique est actionnaire de l’agence. Les autres éléments à prendre en ligne de compte dans les projections de coûts sont Tableau 3 : Compte de pertes et profits hypothétique ANNÉE 1 RECETTES, TOTAL Variation des recettes en % ANNÉE 2 ANNÉE 3 ANNÉE 4 ANNÉE 5 0 0 500 000 1 000 000 100 % 1 750 000 75 % 2 625 000 50 % 315 000 50 000 1 500 7 000 14 400 346 500 52 500 1 800 8 000 17 280 450 450 55 125 2 160 8 000 20 736 585 585 57 881 2 592 8 000 24 883 761 261 60 775 3 110 8 000 29 860 12 000 13 000 20 000 12 000 13 000 25 000 12 000 13 000 30 000 12 000 13 000 37 500 12 000 13 000 46 250 432 900 476 080 591 471 741 441 934 256 52 % 55 % 54 % 53 % 53 % Coûts fixes Loyer, mobilier, autres coûts fixes 20 000 20 000 20 000 20 000 20 000 Système, matériel et logiciel 75 000 75 000 75 000 75 000 75 000 Plateforme de l’agence Variation en % des coûts fixes 300 000 36 % 300 000 34 % 400 000 37 % 550 000 40 % 725 000 41 % Total des coûts fixes 395 000 395 000 495 000 645 000 820 000 COÛT TOTAL Variation en % du coût total 827 900 871 080 5% 1 086 471 25 % 1 386 441 28 % 1 754 256 27 % (827 900) 0 (827 900) (371 080) 0 (371 080) (86 471) 0 (86 471) 363 559 109 068 254 491 870 744 261 223 609 521 Coûts Charges d’exploitation Personnel Loyer Services d’utilité publique Matériel et fournitures de bureau Télécommunications Dépenses d’audit, frais juridiques et autres Assurance Données externes, marketing Charges d’exploitation,Total Variation en % des charges d’exploitation BÉNÉFICE NET AVANT CHARGES D’INTÉRÊT ET IMPÔTS Impôts BÉNÉFICE NET APRÈS IMPÔTS 39 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS notamment le matériel, tel que la base de données et les serveurs du réseau ; l’équipement du réseau et des postes de travail ; le logiciel du réseau et les autres programmes d’application ; le mobilier et le matériel de bureau ; les charges de services d’utilité publique et de télécommunications ; et les dépenses de personnel. Dans certains cas, les données que l’agence doit acquérir auprès de sources externes, puis vendre dans le cadre des produits offerts, peuvent représenter un élément de coût important. Le tableau 3 présente un compte hypothétique de pertes et profits du registre de crédit pour un plan d’entreprise de cinq ans. Sur la base de ce plan financier hypothétique, l’agence atteindra le seuil de rentabilité dans la troisième année d’exploitation. Dans la plupart des cas, les Credit Bureaus atteignent ce seuil au bout de trois à cinq années (voir figure 20) Figure 20 : Seuil de rentabilité d’un registre de crédit nouvellement créé 3 000 000 2 500 000 2 000 000 1 500 000 1000 000 500 000 Année 1 Année 2 RECETTES Année 3 Année 4 Année 5 COÛTS Il est important d’évaluer le scénario optimiste et le scénario pessimiste pour l’exploitation de l’agence étant donné que son bon fonctionnement dépend de nombreux facteurs externes. Souvent par exemple, le démarrage des opérations est retardé parce que les banques sont incapables de télécharger les données vers l’agence. La sousestimation des coûts est un autre exemple. Dans de nombreux marchés émergents, la customisation et l’implémentation du système prennent parfois bien plus de temps que prévu initialement et que ne stipule le contrat. Cela signifie en général que l’agence devra éventuellement payer des honoraires élevés au prestataire de technologie pour finaliser l’implémentation du système, ce qui retardera sans doute la date où le seuil de rentabilité sera atteint. 40 2.3.4 Structure organique et personnel Phase pré-opérationnelle Pendant la phase de démarrage ou phase préopérationnelle, le registre de crédit n’encaisse aucune recette et il doit donc restreindre ses effectifs au maximum absolu. La croissance de la demande du marché pour les produits et les services qu’il offre détermineront l’évolution de ses effectifs. Dans un premier temps, les personnels de l’agence devront, dans la mesure du possible, remplir plus d’une fonction. Dans la phase initiale, l’agence peut être essentiellement dirigée par un directeur général/directeur du projet, un chef de bureau/chef de communication et un coordinateur technique. En général, il est d’une importance capitale pour le succès de l’opération de recruter un directeur général/directeur du projet compétent et expérimenté, qui a de nombreuses relations dans le secteur financier. Un partenaire technique international de renom peut, en plus de son assistance technique, fournir un soutien commercial et stratégique à la direction de l’agence. Les fonctions financières, administratives et juridiques peuvent être sous-traitées dans un premier temps. Comme pour toute autre entreprise privée, la structure du personnel dans la phase préopérationnelle d’une agence doit être étroitement surveillée. Le marché de l’agence peut être extrêmement aléatoire et, pour lancer l’affaire dans de bonnes conditions, il faut réunir un ensemble d’ingrédients qui pourraient être difficiles à obtenir en même temps, comme un cadre réglementaire favorable, la disposition des fournisseurs de données à communiquer leurs informations, l’existence de données de bonne qualité et des conditions de prix acceptables par toutes les parties concernées. Une agence en sureffectif dans la phase pré-opérationnelle peut capoter avant d’avoir vendu son premier rapport de solvabilité. La phase opérationnelle Une fois que l’agence devient opérationnelle (autrement dit, que le système prend vie et commence à vendre ses premiers rapports), plusieurs facteurs influent sur la question de savoir combien d’agents il faut affecter à telle et telle tâche, ou s’il est possible d’assigner plusieurs attributions à un seul poste. La charge de travail de chaque fonction guide ces décisions. Les facteurs à prendre en considération pour déterminer la charge de travail sont notamment les suivants : Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents Figure 21 : Structure organique du Credit Bureau PDG/DG Service juridique/Unité de conformité au code de conduite Division Finances/ administration Division Affaires commerciales et marketing Division TI et des opérations Chargés d’administration Chargés des ventes et du marketing Service clients Responsable de la base des données Administrateur de réseau TI/service d’appui Nombre des abonnés existants et potentiels Nombre des agences/postes de travail reliés à l’agence Nombre des demandes de renseignements Vigueur de la concurrence Degré d’information des consommateurs au sujet des droits et de la législation Taille prévue et actuelle de la base de données Prévisions de croissance du service Complexité des opérations (par ex. besoin de vérification « hors ligne »/mises à jour du jour au lendemain ou pendant les week-ends) Les principales divisions d’une agence opérationnelle sont : la TI et les opérations, la division Affaires commerciales et marketing, et la division Finances/Administration. Les directeurs des différentes divisions rendent directement compte au président directeur général (PDG), qui gère les activités de l’agence et rend compte à son tour au Conseil d’administration. Le Conseil, dont les membres sont nommés par les investisseurs qui participent à l’entreprise, est chargé du gouvernement général d’entreprise. Le mieux serait que le Conseil comprenne un ou deux membres de l’équipe de direction (le directeur général et le directeur des opérations/ représentant du partenaire technique). Le Conseil d’administration choisit le président du Conseil d’administration parmi ses membres. La figure 21 représente un organigramme classique d’un Credit Bureau. Le tableau 4 indique les besoins en personnel et les responsabilités d’une agence opérationnelle. 41 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Tableau 4 : Personnel nécessaire pour la phase opérationnelle Rôle 42 Principales tâches Directeur général/PDG Stratégie générale de l’agence Marketing/Affaires commerciales Chef de la division Finances et Administration Opérations financières et administratives Fonctions associées aux ressources humaines (recrutement, rémunération, suivi du comportement professionnel, gestion de carrière) Finances/ Administration Opérations administratives et comptables au quotidien Conseiller juridique Assistance juridique générale Formation juridique en interne Chef de la division Marketing et Affaires commerciales Segmentation du marché Développement du produit et choix de la marque Publicité Ventes et promotion Chargés des ventes et de la commercialisation Relations avec les clients et recrutement de nouveaux clients Exécution du plan ventes et marketing ; responsable des objectifs commerciaux Publicité, conférences/expositions Études de marché Affaires concernant les médias Identification de nouvelles sources de données Chef de la Division Technologie et Opérations Relations avec les fournisseurs Gestion des données Gestion de la technologie Réseaux et opérations de sécurité Service clients Responsable du service après-vente Assistance aux consommateurs Responsable de la base de données Procédures de vérification de la qualité des données Chargement des données Mises à jour urgentes Administrateur réseau Administration du réseau Interface de communication avec les abonnés Sécurité du réseau Soutien TI/ service technique Gestion des risques Administration du système Assistance aux abonnés et assistance interne Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents Le registre de crédit doit avoir un service d’assistance doté de spécialistes qualifiés. Ces spécialistes devront aider les membres de l’agence qui ont des difficultés à se connecter au système, à télécharger les données et à modifier certaines de leurs données, ainsi que les nouveaux prêteurs qui peuvent avoir besoin d’une assistance supplémentaire pour que leurs systèmes internes puissent « communiquer » avec l’agence. incluent : la qualité et la quantité des produits et des services fournis et la ponctualité avec laquelle ils sont livrés, les résultats financiers et la satisfaction des consommateurs (voir figure 22). Figure 22 : Principaux indicateurs de performance d’un Credit Bureau Le service d’assistance doit aussi aider les consommateurs et les entreprises dont l’information est stockée dans les services de l’agence et qui ont le droit d’obtenir leurs propres rapports de solvabilité et de contester toute information erronée. Les agents du service d’assistance doivent aider ces clients à obtenir leurs rapports et à faire une réclamation. Ils doivent informer l’équipe responsable afin de déterminer si une erreur est imputable aux opérations, ainsi que l’institution qui a soumis les données, si nécessaire. C’est un important outil pour suivre la qualité des données de l’agence. Pour que l’agence puisse répondre aux besoins du nombre croissant des utilisateurs et des emprunteurs et donner suite à leurs requêtes, ce sont les agents du Service clients qui augmenteront le plus. Il faudra aussi étoffer les effectifs du groupe Ventes et marketing afin de promouvoir les produits et les services offerts par l’agence lorsqu’elle s’efforcera de pénétrer de nouveaux marchés. Enfin et surtout, il est recommandé que l’agence crée, dès les premiers stades, une « commission de conformité » au code de conduite (ou un poste d’auditeur chargé de cette mission). La commission ou l’auditeur rendra compte directement au Conseil d’administration et aux instances de réglementation et de contrôle des questions relatives au contrôle de la qualité. Ses principales attributions seront de veiller au respect du code de conduite du service et de relever toute utilisation abusive des données du service par les utilisateurs. 2.4 Évaluer l’efficacité d’un registre de crédit Comme pour toute autre entreprise, l’efficacité d’un registre de crédit peut être mesurée de différentes façons. Un bon système d’évaluation des résultats mesure de multiples aspects de la performance, notamment les caractéristiques financières, opérationnelles et comportementales. Les principaux aspects couverts par l’évaluation Quantité Qualité Satisfaction de la clientèle Rapidité Santé financière 1) Quantité. Cet élément mesure la quantité des biens et services fournis. Les indicateurs pertinents peuvent inclure : le nombre des demandes de renseignements reçues par le système pendant la période étudiée. C’est la principale mesure de la demande adressée au registre de crédit ; le nombre de rapports de solvabilité vendus. C’est la principale mesure de la production de l’agence. On peut aussi la suivre au niveau des produits, par exemple avec le nombre de rapports de base vendus, le nombre de rapports vendus comportant une évaluation par score, etc. ; le nombre d’emprunteurs qui ont des dossiers de crédit dans le système à la fin de la période étudiée. Cette mesure peut aussi être suivie pour différentes catégories d’emprunteurs, tels que les entreprises et les particuliers ; le nombre des dossiers inclus dans le système à la fin de la période étudiée. Chaque emprunteur peut avoir plus d’une ligne de crédit, et les antécédents sur chaque ligne de crédit sont stockés séparément ; le ratio des réponses. C’est le ratio du nombre des rapports produits au nombre des demandes de renseignements reçues ; c’est un indicateur important de l’aptitude de l’agence à satisfaire la demande d’informations émanant des prêteurs ; 43 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS le nombre de produits offerts. Ces produits peuvent être des rapports de base, des rapports détaillés, des évaluations par score ; le suivi des portefeuilles, la détection des fraudes, etc. Les enquêtes effectuées par la Banque mondiale dans le cadre du programme Doing Business évaluent la profondeur de la couverture des Credit Bureaus au niveau des pays. L’indicateur utilisé dans ce cas est le nombre d’emprunteurs couverts par le système (voir figure 13). L’objectif d’une agence est d’augmenter simultanément son ratio de couverture, défini comme le nombre d’emprunteurs inclus dans le système divisé par la population active, et le ratio des réponses. La prise en compte d’une de ces deux mesures seulement ne fournit pas une image fidèle de la performance d’une agence. Le ratio des réponses par exemple peut être élevé alors que le ratio de couverture est très bas. Cette situation, que l’on trouve souvent dans les marchés où le marché du crédit est sous-développé, indique que le système financier formel sert un petit groupe de particuliers et que la plupart des prêteurs continuent de cibler le même groupe pour les nouveaux crédits. 2) Qualité. Cet élément couvre la précision, l’actualité, l’exhaustivité et la cohérence des données du Credit Bureau. L’information, qui est le principal actif du Credit Bureau, n’a de valeur que si elle est précise et actuelle. Les indicateurs de qualité pertinents peuvent inclure : Le nombre des plaintes. Le Credit Bureau doit être doté d’un mécanisme pour recevoir et enregistrer les plaintes des emprunteurs concernant l’exactitude des informations contenues dans leurs rapports de solvabilité ; Le pourcentage des plaintes concernant des inexactitudes imputables à l’action du Credit Bureau.Dans de nombreux cas,les plaintes reçues sont injustifiées ou les inexactitudes sont dues à des erreurs du fournisseur de données et non de l’agence.Avec le suivi du nombre des plaintes qui peuvent être attribuées à son action, l’agence peut améliorer la qualité de ses processus ; 44 Les rapports sur la qualité des données. Le Credit Bureau doit générer des rapports sur la qualité des données afin de déterminer si elles sont complètes et cohérentes. Ces rapports produisent des tabulations de champs, tels que le numéro d’identification et l’adresse, la date de naissance et d’autres identifiants, et ils permettent de déterminer s’il y a des fichiers en double ou incomplets dans le système ; Le nombre de fichiers rejetés. Lorsqu’elle accepte des données du fournisseur, l’agence effectue de simples contrôles de cohérence sur les données contenues dans les fichiers. Si le fichier ne passe pas le test, le système le rejette et le renvoie au fournisseur de données. En suivant l’évolution du nombre des fichiers rejetés, l’agence peut suivre la qualité des données disponibles sur le marché. Comme les Credit Bureaus sont des entreprises privées, il est difficile de vérifier la qualité de l’information contenue dans leurs bases de données. Les seules informations librement accessibles sont celles que fournissent les agences elles-mêmes dans leurs comptes-rendus annuels. Plusieurs études ont été conduites récemment aux États-Unis et en Europe pour examiner cette question. Par exemple, un rapport de la Fédération des consommateurs des États-Unis et de la National Credit Reporting Association présentait une analyse de l’information contenue dans les rapports de solvabilité produits par les trois grands Credit Bureaus des États-Unis, à savoir TransUnion, Equifax et Experian. Les auteurs ont analysé un échantillon aléatoire et constaté que 82,4 % des fichiers contenaient des incohérences dans la catégorie solde des comptes autorenouvelables ou recouvrements, et 96,1 % des fiches contenaient des incohérences dans la catégorie plafonds de crédit du compte. Dans 43,1 % des fichiers, il y avait, pour les mêmes comptes, des incohérences dans les rapports quant au nombre de fois où les remboursements avaient accusé un retard de 30 jours. Selon les estimations de l’étude, si l’on se base sur les inexactitudes contenues dans les rapports de solvabilité, près de 40 millions de personnes peuvent être classées par erreur dans la catégorie des emprunteurs à risque sur le marché hypothécaire25. S’il est vrai que les Credit Bureaus gèrent des bases de données très complexes et très volumineuses, de sorte que les erreurs sont inévitables, il est essentiel qu’ils instaurent toutes les procédures nécessaires pour évaluer la qualité des données et prennent toutes les dispositions pour assurer la cohérence et l’exactitude de l’information. 3) Rapidité. Cet élément désigne le temps qu’il faut pour que les prêteurs reçoivent un rapport de 25 Consumer Federation of America and National Credit Reporting Association. Décembre 2002. Credit Score Accuracy and Implications for Consumers. Disponible à : http://www.ncrainc.org/documents/CFA%20NCRA%20Credit %20Score%20Report.pdf. Création de Credit Bureaus dans des marchés émergents solvabilité. D’après l’enquête Doing Business26 de la Banque mondiale, à peu près 57 % des Credit Bureaus (dans une étude couvrant 78 agences) indiquaient qu’elles répondaient immédiatement aux demandes de renseignements. La majorité des agences répondaient aux demandes dans les sept jours suivant la requête (voir figure 23). Figure 23 : Délai moyen écoulé entre la requête et la communication des données Délai de 7 jours à 1 mois Délai de 1 à 7 jours Bureaus étudiés, 76 % environ ont indiqué qu’il leur fallait moins de deux semaines pour rectifier des erreurs. Le délai était de deux semaines à un mois pour 8 % des Credit Bureaus étudiés28. 4) Les résultats financiers. Si le rendement du capital investi, les marges bénéficiaires et les coûts d’exploitation sont des indicateurs classiques des résultats financiers, le registre de crédit peut aussi suivre l’évolution d’indicateurs plus spécifiques tels que : La marge bénéficiaire par type de produits. Les services offerts par une agence sont très variables et ils auront inévitablement des niveaux de rentabilité et des structures de coûts différents. Par exemple,si l’agence peut vendre des données brutes à un coût relativement faible, elle peut appliquer une marge plus importante sur ses travaux d’analyse, tels que l’évaluation par score et le suivi des portefeuilles. La marge bénéficiaire par client. Les agences cherchent à attirer des créanciers importants en accordant d’important rabais sur quantité. L’analyse des marges bénéficiaires par client permet à une agence de mieux adapter sa politique des prix. Information fournie immédiatement Information fournie dans la journée Les indicateurs clés sur la rapidité du service peuvent inclure : Le délai qui s’écoule entre la demande de renseignement et l’émission du rapport. Dans de nombreux pays, le processus est automatisé ; il dépend de la capacité de recherche du logiciel, et il prend tout au plus quelques secondes. Dans beaucoup de pays en développement où les rapports ne sont pas fournis en ligne, le processus peut prendre des heures, voire quelques jours, dans certains cas. La réduction des délais de livraison est le principal objectif de ponctualité pour le service. Le temps qu’il faut pour assimiler l’information, actualiser les dossiers et rectifier les erreurs. C’est le laps de temps qui s’écoule entre la réception de l’information ou l’actualisation des données à partir de celles qui sont fournies par les fournisseurs et leur intégration dans la base de données. Il faut entre un jour et un mois27 pour procéder à la vérification des fichiers envoyés par les prêteurs et fusionner les nouveaux fichiers avec ceux qui existent, selon la qualité de l’information fournie par les prêteurs, la fiabilité de l’identifiant unique ou l’algorithme de fusion. Ce paramètre est d’une importance capitale pour s’assurer que les données mises à disposition des prêteurs sont des données actuelles. Cet indicateur mesure aussi le temps que prend un Credit Bureau pour rectifier toute erreur signalée dans les données. D’après l’enquête 2004 de la Banque mondiale, sur les 78 Credit 5) La satisfaction de la clientèle. Les méthodes utilisées pour mesurer cet élément incluent notamment les enquêtes auprès des clients, ou les plaintes déposées par les clients. Le nombre des plaintes. En suivant séparément l’évolution des plaintes déposées par les prêteurs et des plaintes déposées par ceux que les données concernent, le registre de crédit peut identifier les domaines où elle peut améliorer la situation. Le temps moyen nécessaire pour régler la plainte.Trouver une solution rapide pour régler une plainte est une façon d’améliorer la satisfaction du client. Une option consiste à mettre en place un service d’assistance doté du personnel nécessaire pour répondre aux questions et régler rapidement les plaintes. Le suivi systématique d’un ensemble d’indicateurs clés permet au registre de crédit de suivre sa performance et de définir une stratégie claire pour améliorer les services qu’il offre. 26 27 28 Banque mondiale, 2004. Doing Business Database on private Credit Bureaus en 2004. Banque mondiale, 2004. Doing Business Database on Private Credit Bureaus. Étude basée sur l’information émanant de 62 Credit Bureaus privés. Ibid. Information non disponible pour 13 Credit Bureaus privés. 45 Créer des services à valeur ajoutée dans les marchés émergents 3 Créer des services à valeur ajoutée dans les marchés émergents 3.1 Définition et importance des services à valeur ajoutée Les services à valeur ajoutée comprennent une large classe de produits que les Credit Bureaus sophistiqués peuvent offrir. Pour pouvoir offrir ce type de services, il faut manipuler, traiter et analyser des données brutes de façon à produire des instruments qui peuvent être facilement intégrés dans les processus d’approbation des crédits et de gestion des risques des banques. La gamme des services à valeur ajoutée qu’il est possible d’offrir est très large et elle inclut, sans s’y limiter, les services suivants : Les services de marketing L’évaluation par score Le traitement de l’application Le suivi des portefeuilles La détection des fraudes Le recouvrement Les données brutes sur le crédit peuvent être très utiles dans chacun de ces domaines, mais les prêteurs doivent disposer de beaucoup de temps, de ressources et de compétences pour analyser et interpréter les données. Les services à valeur ajoutée utilisent une variété de techniques, qui vont de la simple agrégation des données et des recoupements à des algorithmes statistiques complexes pour fournir un produit qui offre au prêteur une interprétation simple de l’information disponible (un score de crédit par exemple). Compte tenu du nombre important des décisions qu’il faut souvent prendre pour gérer un portefeuille de particuliers (système d’approbation/rejet, autorisations de dépassement de plafond, vente réciproque/vente d’un produit générant une marge plus forte, dispositions à prendre en cas d’arriérés de paiement), de nombreux prêteurs ont choisi l’automatisation comme moyen de rester efficients, mais les données brutes sous forme d’un rapport de solvabilité sont parfois très difficiles à intégrer dans ces systèmes. De nombreux types de services à valeur ajoutée (comme les systèmes de traitement des applications et l’évaluation du risque comportemental) se prêtent toutefois à l’intégration dans les systèmes automatisés. Le principal avantage des systèmes automatisés de prises de décision tient au fait qu’ils permettent aux utilisateurs de gérer de nombreuses décisions concernant la clientèle au coup par coup au lieu d’avoir à revoir absolument tous les dossiers. Le prêteur a donc moins besoin de faire appel à des agents très expérimentés, et souvent très coûteux, pour prendre des décisions banales ou élémentaires, ce qui lui permet de les affecter à des tâches plus productives. Les grandes institutions financières qui opèrent dans les marchés développés élaborent généralement des instruments à valeur ajoutée en utilisant des équipes d’analystes maison ou en sous-traitant le travail à l’une des nombreuses entreprises spécialisées qui se sont créées pour servir ce marché, telles que FairIsaac et ExperianScorex (international), PIC solutions (Afrique) et LISIM (Amérique latine). Mais les institutions financières des marchés en développement sont habituellement de taille plus modeste et leurs bases de données clients sont trop petites pour que ces solutions soient statistiquement fiables, ou alors elles estiment difficile de justifier le coût de la mise de fonds initiale pour le développement. Dans les marchés émergents, le registre de crédit peut donc jouer un rôle important en offrant ces types de services à un public plus large, en centralisant les données concernant un ensemble de clients et en répartissant le coût du développement entre la base des utilisateurs. 47 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Les utilisateurs doivent certes toujours payer ces services, en général sur la base de la répartition des frais ou par « clic », mais ils peuvent immédiatement profiter des avantages des méthodologies améliorées de distribution du crédit et d’une plus grande efficience opérationnelle, ce qui, en d’autres circonstances, serait réservé aux grandes institutions. 3.2 Les tendances de l’industrie internationale La gamme des services à valeur ajoutée offerts par les Credit Bureaus s’est substantiellement élargie au cours des 20 dernières années. Cette croissance a été soutenue à la fois par la demande — les utilisateurs voulant des produits de plus en plus sophistiqués — et par l’offre — les Credit Bureaus cherchant à accroître/maintenir leurs marges dans un monde où la pression à la baisse des prix des produits de base (le coût des données de base) est constante. Les possibilités d’utilisation des produits offerts dépendent dans une large mesure de l’environnement dans lequel l’agence opère, autrement dit de la mesure dans laquelle les données brutes peuvent être utilisées.Toutefois, la tendance dans les marchés développés est de créer une série de produits à valeur ajoutée alignés sur ce qu’on appelle parfois la « durée de vie du client » (voir figure 24). La durée de vie du client reflète effectivement les fonctions commerciales de base adoptées par la plupart des prêteurs pour la gestion de la clientèle : prospection et marketing, acquisition de nouveaux métiers (instruction des prêts), gestion des relations avec la clientèle et recouvrements. Le registre de crédit construit généralement des produits ou des solutions afin d’aider ses clients à prendre, pour chacune de ces fonctions commerciales, des décisions plus judicieuses ou plus rapides en se basant sur le caractère prédictif des données dont elle dispose. En fait, elle recycle ses bases de données pour que les utilisateurs puissent accéder aux fichiers plus souvent que juste au moment où ils soumettent une première demande d’information de crédit. Par exemple, un système de scores de comportement peut interroger les fichiers de crédit d’un client une fois par mois pour identifier les mises à jour au lieu de le faire seulement au point d’application. Figure 24 : Le cycle de vie du client : Offrir des services à valeur ajoutée Recouvrement Recherche de débiteurs disparus sans laisser d’adresse Gestion de la dette/acquisition Accès aux fichiers (clients) Gestion des relations clients Services de marketing Établissement du profil du client Géodémographie Listes de clients potentiels Traitement de la dette Prospection Gestion de la clientèle Acquisition de clients Gestion du portefeuille Établissement de scores de comportement Suivi et évaluation 48 Première sélection du courrier Nouveaux métiers Traitement automatisé des demandes Credit Bureau Scores Vérification de l’identité Détection des fraudes Créer des services à valeur ajoutée dans les marchés émergents Certains services à valeur ajoutée ne sont parfois pas plus que des services d’informations financières améliorés ; c’est le cas par exemple du service de surveillance, qui prend les devants pour avertir un prêteur du changement apporté au fichier d’un client, et qui n’exige que peu de compétences en matière d’analyse. Comme elles ont introduit ces services à un stade relativement précoce, la plupart des Credit Bureaus s’efforcent de monter dans la chaîne de valeur en ajoutant des instruments de plus en plus sophistiqués, comme des logiciels d’évaluation par score et de gestion de l’information sur le crédit. Les solutions plus complexes présentent le double avantage de générer des recettes plus importantes et de « verrouiller » le client (i.e. de rendre les utilisateurs plus dépendants de l’agence et donc de réduire la probabilité qu’ils n’émigrent vers des sources d’information concurrentes). Dans les économies développées, les Credit Bureaus recourent en général à des équipes spécialisées d’analystes maison pour développer et gérer ces services. Dans les pays émergents, faute de spécialistes de ce genre, les agences soustraitent souvent le développement,dans bien des cas aux mêmes entreprises qui fournissent des services clients directement aux prêteurs, telles que FairIsaac, Experian ou LISIM, qui a récemment créé pour CompuScan en Afrique du Sud des services génériques d’établissement de scores de crédit pour la microfinance. La question fondamentale toutefois n’est pas de savoir qui conçoit les services, mais quand ils peuvent être déployés. Dans la plupart des pays développés, les Credit Bureaus ont eu tout le temps de se développer, ils disposent d’une grande masse d’informations et offrent, pour la plupart, des données de grande qualité, ce qui fournit une base idéale pour exploiter les données et les modéliser. Mais,dans de nombreux pays émergents,les bases de données des Credit Bureaus sont beaucoup moins développées : parfois, leurs informations émanent exclusivement des banques, et ils n’ont pas toujours été opérationnels depuis assez longtemps pour bénéficier d’une diversité suffisante des sources d’information et créer des produits à valeur ajoutée. Leurs bases de données sur les demandes/recherches de renseignements par exemple ne contiennent pas toujours des données rétrospectives suffisantes. Dans ces conditions il est parfois difficile, ou de fait impossible, de construire certaines des solutions les plus sophistiquées telles que l’évaluation du crédit par score. Pour envisager la mise en place de services à valeur ajoutée, il faut comprendre les stades par lequel doit passer le registre de crédit pour « arriver à maturité ». Phase 1. Déploiement initial. Au tout début, la nouvelle agence est fondamentalement une boîte vide, une base de données sans données. Bien qu’elle soit capable de remplir les vides avec certains fichiers anciens, tels que les défauts de remboursement passés, l’agence n’a pas accès aux sources de données les plus puissantes, telles que les antécédents de remboursement et les interrogations de fichiers, qu’il faut construire progressivement. Phase 2. Acquisition d’utilisateurs. Bien que ce ne soit pas nécessairement le cas dans tous les pays, le développement initial des Credit Bureaus s’effectue généralement au sein de la communauté bancaire. Cela tient essentiellement au fait que les banques sont les principaux fournisseurs de crédit et que leurs activités sont encadrées par une autorité de surveillance clairement définie. La première étape consiste alors à télécharger des données émanant des membres initiaux, à savoir les prêteurs. Phase 3. Diversification des données. Parallèlement au stade 2, l’agence s’efforce de compléter les données de base sur les antécédents de crédit avec d’autres types d’informations qui peuvent être utiles pour les utilisateurs, telles que les listes électorales, les fiches d’identité, les décisions de justice, les numéros de téléphone et les fiches d’immatriculation des sociétés. Ces données peuvent être particulièrement utiles pour les membres de l’agence, car elles peuvent donner une indication sur le comportement futur de l’emprunteur ; ou elles peuvent simplifier leurs processus en fournissant un portail à un « guichet unique de données ». Les données fournissent aussi une source précieuse d’informations pour l’exploitation et la modélisation des données. Phase 4. Diversification des utilisateurs. Même lorsque les banques prennent le devant pour accélérer la création d’un Credit Bureau, il est souvent clair, dès le départ, que la base des utilisateurs s’élargira à un moment ou à un autre pour inclure les créanciers non bancaires, les compagnies de téléphone, les prêteurs de microfinancements, etc. L’introduction de nouveaux utilisateurs peut avoir un profond impact sur la composition des bases de données de l’agence et donc sur le caractère prédictif des données. Dans plusieurs pays, l’inclusion des fournisseurs de télécommunications a eu une incidence importante sur le pouvoir prédictif de la base des données relatives aux demandes de renseignements étant donné que les habitudes de paiements des clients des télécoms peuvent être un indicateur des défauts de paiements futurs sur les crédits bancaires. 49 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS L’arrivée de nouveaux membres a aussi une incidence au plan de la réciprocité, à savoir les possibilités d’accès à l’information en fonction du niveau des données fournies. Les règles de réciprocité couvrent la conception et la livraison des produits à valeur ajoutée. Le score d’une agence qui incorpore des informations positives sur les antécédents de crédit par exemple ne doit pas être communiqué à un membre qui ne fournit que des informations négatives, même si en fait le membre en question ne voit jamais les données positives. Phase 5. Maturité de la base de données. La base de données d’un registre de crédit change au fil du temps, au fur et à mesure de l’augmentation des sources de données et de l’évolution du nombre/ type d’utilisateurs. En règle générale, les bases de données se développent, tant au plan de la diversité que des détails fournis, mais pas toujours. Les restrictions liées à la confidentialité peuvent entraîner des changements dans la disponibilité de certains types d’information, comme on l’a vu au Royaume-Uni en 2000, lorsque ce pays a imposé des restrictions sur l’utilisation de l’information contenue dans les listes électorales. En général toutefois, il faut un certain temps à partir du stade de développement avant que la base des données fondamentales de l’agence n’arrive à maturité, pour que les données qu’elle contient puissent avoir un pouvoir prédictif sur les résultats futurs (voir la section ci-après sur l’évaluation des crédits par score). La constante évolution de la base de données explique pourquoi les produits et services à valeur ajoutée nécessitent un suivi constant et des ajustements minutieux continus. Les estimations basées sur les données du moment ne seront peutêtre plus valables 12 mois plus tard étant donné que l’environnement économique général peut changer. Phase 6. Développement des services. Il n’existe pas de règles sûres et rapides pour déterminer quand il faut introduire des services à valeur ajoutée. Il est possible de créer, à peu de frais, des services simples tels que la production de rapports de solvabilité plus étoffés à un stade relativement précoce, et même au cours des phases 2 et 3. En général, les Credit Bureaus développent des produits plus sophistiqués, tels que l’évaluation par score, dont la construction et la gestion coûtent habituellement plus cher, lorsque leur base de données et, dans une certaine mesure, celle des utilisateurs, ont atteint un degré de maturité tel qu’il permet d’introduire des produits plus robustes et qui ont aussi une durée de vie raisonnable. Ce sera plus généralement le cas 50 lorsque l’agence aura atteint la phase 3 ou la phase 4. Mais ce n’est que lorsque l’agence aura atteint la phase 5 qu’elle pourra envisager de créer un ensemble important de produits tels que ceux décrits dans la figure 24. Il y a deux autres facteurs clés que l’agence devra habituellement prendre en considération lorsqu’elle créera des services à valeur ajoutée : le rendement de l’investissement et la capacité des utilisateurs à utiliser les services. Rendement de l’investissement. Une étude d’évaluation doit être effectuée, qui valide clairement la création d’un service à valeur ajoutée. Les recettes que l’agence prévoit de tirer de la vente de services doivent couvrir le coût d’investissement et produire un taux de rentabilité positif. La stratégie de prix et de marketing comprend souvent le groupage de services à valeur ajoutée et la vente de données de base. La capacité des utilisateurs à adopter le service. Les membres ne demanderont un service que s’ils ont la capacité de l’utiliser pour améliorer tel ou tel aspect de leurs propres processus. Le score d’une agence, par exemple, n’ajoute aucune valeur, à moins que le prêteur ne soit capable de l’intégrer dans ses propres processus de garantie de crédit afin d’abaisser les coûts d’approbation du crédit. Les contraintes du côté de l’utilisateur ont une incidence importante, en particulier dans les marchés émergents, sur l’entité qui utilisera les services et le volume de services demandés. Même dans les marchés développés, l’intérêt que pourront susciter les nouveaux produits et services de l’agence n’est pas garanti, et il faut habituellement une campagne active de promotion de la part des agents/du service de marketing pour lancer le produit sur le marché. Experian par exemple a dû lancer trois fois Detect, un produit de détection des fraudes très avancé au Royaume-Uni, avant qu’il ne soit accepté par le marché. Dans les marchés émergents, le problème de l’acceptation des produits à valeur ajoutée est encore plus marqué. En dehors des banques internationales, de nombreux prêteurs des marchés émergents n’ont pas une idée précise des méthodologies de distribution du crédit, qui peuvent être appliquées à l’aide de ces services, pas plus qu’ils n’ont d’idée précise de l’infrastructure de TI nécessaire pour les déployer. Les Credit Bureaus des marchés émergents ne doivent donc pas sous-estimer la nécessité Créer des services à valeur ajoutée dans les marchés émergents d’instaurer des fonctions de formation à la promotion, de développement du marché et des ventes au sein de leur organisation. Au fur et à mesure que les produits gagnent en sophistication et en capacité d’analyse, les agences doivent aussi savoir qu’il leur faut des spécialistes internes pour suivre et gérer les produits et, chose plus importante peut-être, faire connaître les avantages de ces produits aux utilisateurs potentiels. La création de services à valeur ajoutée peut présenter des avantages tant pour l’agence que pour ses clients et améliorer, en dernière analyse, l’accès aux financements de la communauté en général. Mais les opportunités de marché, les problèmes à résoudre et les avantages retirés sont extrêmement variables selon la situation particulière de l’agence et du marché dans lequel elle opère. Les sections qui suivent décrivent de façon détaillée quelques uns des produits à valeur ajoutée de base que les Credit Bureaus peuvent offrir. totale aux risques, le nombre de prêts en cours et les défauts de paiement antérieurs au sein du système. Toutes ces données sont des mesures hautement prédictives des remboursements futurs. En général, les Credit Bureaus établissent les scores sur la base de trois fichiers de données rétrospectives qui lui sont propres : les défauts de paiement sur des transactions de crédit antérieures ; le comportement positif en matière de paiement (données sur les transactions) ; les recherches/demandes de renseignements précédentes. Dans certains cas, les modèles peuvent inclure d’autres types de données telles que : les données émanant de tierces parties, comme les décisions de justice et les faillites ; les données démographiques, telles que les attributs personnels (l’âge par exemple) ; les données géodémographiques, qui sont des renseignements agrégés au niveau géographique. 3.3 Les produits Bien que la liste qui suit n’inclue pas tous les produits à valeur ajoutée que les Credit Bureaus fournissent, elle présente les principaux services que proposent habituellement les Credit Bureaus. Les exemples donnés indiquent comment ces produits sont déployés dans certains marchés, et montrent qu’ils ne sont pas toujours applicables à toutes les situations. Chacun de ces éléments pourrait éventuellement accroître le pouvoir prédictif d’un Credit Bureau score, mais il faut veiller à ce que les modèles obtenus ne soient pas incompatibles avec le processus de prise de décision adopté par le prêteur. Par exemple, un score de crédit qui incorpore l’âge du client peut être incompatible avec la fiche de score du client du prêteur qui contient également l’indication de l’âge. En général, une agence pourra donc choisir de développer un ensemble de modèles plutôt qu’un seul afin de servir les besoins d’un grand nombre de clients différents.Des exemples son donnés ci-après : 3.3.1 Les Credit Bureaus scores Le score de crédit est une note attribuée à un emprunteur sur la base de sa capacité à rembourser sa dette. Cette note s’inscrit dans une fourchette et elle augmente avec la surface financière de l’emprunteur. Elle est calculée à partir des données sur les antécédents de crédit, à l’aide d’un modèle statistique ou d’un algorithme mathématique. Les scores de crédit peuvent être utilisés dans le processus d’approbation des prêts pour établir de simples règles d’acceptation/de rejet ou des règles plus sophistiquées pour la fixation des prix en fonction des risques et la détermination des plafonds de crédit. Les scores d’un registre de crédit désignent les scores de crédit établis à partir des données de l’agence, et ils sont différents des scores de crédits obtenus sur la base des données fournies par un prêteur individuel. Les Credit Bureaus scores sont fondés sur les informations émanant de nombreux créanciers et de sources publiques, qui incluent donc des éléments dont le prêteur n’aurait pas connaissance autrement, tels que l’exposition Le Credit Bureau score positif pour les membres d’un groupe d’utilisateurs fermé fournissant à la fois des informations positives et négatives, et utilisé habituellement comme un additif ou un complément des Credit Bureaus scores clients. Le Credit Bureau score négatif pour les membres d’un groupe d’utilisateurs fermé, qui ne fournit que des informations négatives. Le Credit Bureau score avancé intégrant des données démographiques supplémentaires sur le client, et utilisé en général isolément par les prêteurs sans autres modèles de score. Des Credit Bureaus scores pour une branche d’activité déterminée, établis sur la base des données tirées de secteurs d’activité spécifiques, tels que les banques ou les télécommunications. 51 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Le Credit Bureau score du domaine public établi sur la base des données du domaine public et donc accessibles à tous les clients. Comme différents utilisateurs peuvent utiliser les scores à des fins différentes, le Credit Bureau utilise habituellement des canaux de distribution différents. Dans sa forme la plus simple, le score de crédit peut être incorporé dans un rapport de solvabilité, habituellement avec certaines explications quant à la signification du score. L’agence peut aussi communiquer le score aux utilisateurs par voie électronique afin qu’il puisse être incorporé aux solutions de score customisées ou aux applications de logiciels automatisées. Un troisième service de plus en plus populaire consiste à utiliser un service régulier par lot, qui recalcule périodiquement les scores de portefeuilles entiers. La structure des coûts pour chacun de ces services varie aussi, bien que la plupart des Credit Bureaus prélèvent une commission par score ou par clic. Lorsque des quantités suffisantes d’informations fiables sont disponibles, les Credit Bureaus scores peuvent être dérivés statistiquement à l’aide d’une forme d’analyse de régression à plusieurs variables. Les techniques utilisées pour développer les modèles sont très similaires à celles utilisées pour tout autre développement de modèle sur mesure. Toutefois, plusieurs problèmes particuliers peuvent compliquer la construction/le déploiement de modèles de Credit Bureaus scores : 52 Données rétrospectives. Un critère clé pour l’analyse est la possibilité d’observer le passage d’un fichier depuis le point auquel la demande a été faite, puis pendant toute la période d’observation, jusqu’au point de résultat. Pour cela, il faut que le Credit Bureau soit capable de reconstruire rétrospectivement un fichier de crédit à divers points dans le temps. Avec un bon archivage de la base de données, la reconstruction peut ne pas paraître poser de problème majeur. Mais les changements du nom du client, de son adresse, de son numéro d’identification, etc. peuvent entraîner des difficultés de suivi, si cet aspect n’est pas traité correctement. Minceur du fichier. Les fichiers de données peuvent être extrêmement détaillés, par exemple lorsque la personne concernée a bénéficié de plusieurs facilités de crédit antérieurement avec des résultats différents, ou être particulièrement minces, par exemple lorsque le Credit Bureau ne dispose pas d’information antérieure sur le demandeur de crédit. Dans les cas où le Credit Bureau n’a qu’une quantité restreinte de données sur la solvabilité de l’emprunteur et le résultat de ses opérations d’emprunt, l’analyse statistique classique à plusieurs variables ne peut pas toujours s’appliquer, et d’autres méthodes devront être utilisées. Calibration du modèle de score. Le Credit Bureau construit les scores de crédit à partir d’un large spectre d’antécédents de crédit des clients qui figurent dans sa base de données. Les scores obtenus sont habituellement calibrés pour un portefeuille moyen, autrement dit la distribution des clients dans l’ensemble des scores reflète ce que l’on observe dans le spectre des clients du Credit Bureau. Si la probabilité de défaillance pour tout score donné reste normalement constante pour tous les utilisateurs, le ratio cumulatif des probabilités positives aux probabilités négatives variera d’un portefeuille à l’autre selon le profil de risque de la base de demandeurs de crédit. Cela peut avoir une incidence importante sur la façon dont les prêteurs gèrent leur stratégie de seuil (les scores à partir desquels ils choisissent d’accepter ou de rejeter une demande). Il est donc hautement recommandé que chaque portefeuille fasse l’objet d’une vérification rétrospective avant de faire fonctionner les modèles. Dans les marchés émergents où soit le marché est trop étroit, soit le registre de crédit n’a pas atteint un degré de maturité suffisant pour être certain que les données sont fiables, il pourra envisager d’offrir des modèles reposant davantage sur les caractéristiques démographiques des clients que sur les données de solvabilité. Bien qu’ils soient moins prédictifs, ces modèles fournissent souvent une introduction utile à la méthodologie pour les prêteurs peu ou pas familiarisés avec la technique de l’évaluation par score. 3.3.2 Programmes logiciels L’évaluation du crédit par score présente un avantage fondamental en ce sens qu’elle permet au Credit Bureau d’établir une mesure quantifiable du risque dans ce qui est par ailleurs un processus hautement subjectif. Disposer d’une valeur numérique (une mesure de la probabilité de défaillance) pour le risque est en soi très appréciable, mais son utilité croît de plus en plus lorsqu’elle est intégrée dans des processus automatisés et qu’elle sert d’outil pour gérer la stratégie et l’appétit du prêteur pour le risque, dans une optique proactive. Créer des services à valeur ajoutée dans les marchés émergents Pour faciliter ce processus, de nombreux Credit Bureaus implantés dans des économies matures ont développé un ensemble de solutions logicielles qui complètent à la fois les données brutes de l’agence et le processus d’évaluation par score adopté par les prêteurs sophistiqués. Ces solutions sont habituellement fournies soit sous forme d’applications logicielles — adaptées aux besoins spécifiques des utilisateurs et conservées dans l’environnement TI du client — , soit comme solutions du Credit Bureau — à caractère plus générique et conservées dans l’agence. Les solutions disponibles sont nombreuses et variées, mais les exemples qui suivent présentent un récapitulatif des applications les plus courantes. Traitement des applications d’attente pour que la décision finale soit présentée à la personne habilitée à délivrer la garantie. Le degré de complexité de ces solutions logicielles varie en fonction de la sophistication technique de l’utilisateur. Les systèmes décisionnels avancés sont capables de gérer presque tous les aspects du processus de prise de décision, notamment la segmentation du client et l’allocation de la stratégie (par ex. conditions, plafonds et caractéristiques du produit) et même de défendre/contester le cadre stratégique pour analyser l’appétit du prêteur pour le risque. Un déterminant clé de la rentabilité d’un environnement de distribution du crédit dans un marché de masse, tel que les prêts à la consommation et les cartes de crédit, est l’aptitude à maintenir le coût d’une nouvelle activité à un niveau minimum. De nombreuses institutions financières se sont tournées vers des systèmes automatisés de traitement des applications, considérant que c’était un moyen de rationnaliser leur processus de distribution du crédit.Il existe de nombreux exemples de systèmes de ce genre, mais le schéma courant incorpore plusieurs caractéristiques fondamentales : Le score de comportement en matière de crédit est une adaptation de techniques de score plus classiques, spécifiquement conçues pour observer et évaluer le comportement de remboursement des emprunteurs. Le score de probabilité d’insolvabilité (output score) évolue pour refléter l’évolution du profil de risque dans le temps et il peut être utilisé soit pour automatiser les décisions courantes, soit pour fournir aux opérateurs une évaluation immédiate du risque du moment. Saisie électronique des données. En général, un système de traitement des applications comporte un ensemble d’écrans normalisés de saisie des données. Ces écrans permettent à l’opérateur de saisir l’information nécessaire pour traiter la décision et, chose plus importante encore peut-être, de stocker les données du client dans un format qui pourra ensuite être utilisé pour l’analyse. Règle/moteur de score. Le système saisit les données d’application électroniquement, puis le logiciel applique automatiquement les règles de la politique de crédit, telles que les critères minimaux requis pour l’octroi du crédit, et les algorithmes de score, et notamment le score seuil de rejet. Produit décisionnel. Un système de traitement automatisé des applications assimile toutes les données d’entrée et en particulier toutes les informations disponibles en ligne émanant du registre de crédit ; il applique les règles et les modèles de score issus du moteur de décision ; et il présente à l’opérateur une ligne de conduite, telle que : accepter, référer à, ou rejeter. Ce produit est ensuite mis dans la file Score de comportement (solutions de gestion des cartes). Pour certains produits de crédit, tels que les cartes de crédit, les cartes de débit et les découverts, la décision initiale d’octroi d’un crédit est la première des nombreuses décisions à prendre pendant la durée de vie de la relation qui lie le prêteur à l’emprunteur. Ces produits dynamiques nécessitent un degré de suivi plus important que les prêts à terme étant donné que le risque encouru augmente au fil du temps. D’autres décisions doivent être prises pour diverses questions, telles que la gestion des plafonds, les autorisations au-delà du plafond et le renouvellement d’une carte. Diverses solutions logicielles puissantes ont été conçues pour héberger des solutions de gestion des cartes et fournir un contrôle stratégique sur pratiquement tous les aspects de la relation clients. La complexité de ces systèmes explique leur prix élevé, mais ils font désormais pratiquement partie intégrante de la gestion du crédit sur le marché de masse. Suivi des modèles et suivi des résultats. La possibilité de suivre le risque client d’une façon objective et quantifiable est un avantage méconnu de l’introduction de la méthodologie d’évaluation par score dans le processus d’octroi des prêts. Pour cette analyse, il faut bien comprendre comment les modèles 53 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS fonctionnent. Plusieurs Credit Bureaus fournissent des outils diagnostiques qui permettent de suivre les caractéristiques des fiches de score pour déterminer si elles conservent leur aptitude à discriminer, et la manière dont les changements dans la population des demandeurs de crédit peuvent créer des distorsions qui affecteront la qualité des décisions. 3.3.3 Services de recouvrement (Gestion des comptes clients) Une association de longue date, souvent fructueuse, existe entre les Credit Bureaus et les sociétés de recouvrement des créances. Dans plusieurs cas, l’information négative des agences est directement tirée des renseignements collectés par les sociétés de recouvrement des créances (comme Baycorp en Nouvelle-Zélande et Credit Reference Bureau en Afrique de l’Est). De nombreux produits et services de recouvrement sont disponibles, mais les trois services suivants sont les plus courants. Les services de recherche. Les produits des services de recherche utilisent les données des Credit Bureaus pour localiser un client avec lequel le prêteur a perdu contact (« parti sans laisser d’adresse »). Ces produits permettent soit de ratisser les bases de données courantes de l’agence pour trouver des renseignements que le prêteur peut ignorer (comme le numéro de téléphone ou la nouvelle adresse du débiteur), ou mettre un repère sur le fichier du client afin de pouvoir informer le prêteur initial si le client fait une nouvelle demande de crédit. Gestion de la dette. Le recouvrement des créances est une fonction coûteuse et chronophage, qui exige en général des agents sérieux, spécialement formés à la tâche. Certains prêteurs choisissent donc de soustraiter cette fonction, et les Credit Bureaus peuvent proposer ce genre de services. Le paiement de ces services prend habituellement la forme d’une commission fixe ou d’un paiement basé sur les résultats, le service de recouvrement percevant dans ce cas un pourcentage des sommes recouvrées. Rachat de la dette. Les Credit Bureaus qui se spécialisent dans la gestion des créances peuvent choisir de prendre le risque ultime et d’acheter les créances immobilisées au fournisseur de crédit. Dans ce cas, l’agence 54 achète à une certaine décote l’encours des prêts au fournisseur de crédit, elle assume la responsabilité du recouvrement de la dette et elle conserve les fonds qu’elle a pu recouvrer sur ces créances. 3.3.4 Les registres d’actifs Pour les prêts garantis, un prêteur doit établir que la garantie présentée existe bien et qu’elle est libre d’hypothèque. Les Credit Bureaus développés cherchent donc souvent à devenir plus qu’une source de données sur le crédit en fournissant à leurs clients une possibilité d’accès à des renseignements associés aux prêts, tels que les registres d’actifs. Les agences peuvent fournir ce service, soit en construisant un lien automatisé avec la base de données d’une tierce partie, soit en montant le service et en l’hébergeant directement dans l’agence. Qu’il s’agisse d’actifs fixes, tels que des biens fonciers et des bâtiments, ou de biens meubles, tels que des véhicules, ces services remplissent en général deux fonctions de base : Demandes de renseignements. Cette fonction permet aux utilisateurs de s’assurer de l’authenticité de l’actif et de vérifier qu’il est libre de toute hypothèque avant l’achat ou l’acceptation de l’actif en tant que garantie. Enregistrement de l’intérêt. Cette fonction permet au prêteur ou à un particulier d’enregistrer un acte d’affectation hypothécaire ou l’existence d’un privilège sur l’actif. 3.3.5 Services de marketing L’utilisation des données du Credit Bureau, en particulier s’il s’agit de groupes d’utilisateurs fermés, pour les besoins du marketing est souvent controversée. Dans de nombreux pays, dont l’Australie en particulier, l’utilisation de ces données est soit interdite par la loi, soit strictement réservée à des applications particulières. Dans beaucoup d’autres pays, en particulier dans les marchés émergents où les prêteurs sont déjà nerveux à l’idée de partager l’information sur le crédit, les applications marketing sont délibérément exclues des définitions des utilisations autorisées tant dans le code de conduite de l’industrie que dans l’accord d’adhésion conclu entre l’agence et ses clients. Il existe toutefois plusieurs services de marketing à valeur ajoutée que l’agence peut fournir sans avoir nécessairement à utiliser les données dont elle dispose. Créer des services à valeur ajoutée dans les marchés émergents La gamme de produits/services qui peuvent être offerts est large. La liste qui suit représente un échantillon des exemples les plus courants : Profilage des clients. Dans le passé, de nombreux organismes financiers ont souffert de leur ignorance relative des systèmes de gestion (par ex. les fichiers des clients étaient sur support papier). Ils ont donc largement utilisé les réseaux de distribution des agences bancaires pour obtenir des renseignements détaillés sur leurs clients. Le profilage des clients vise à combler cette lacune en fournissant des services d’analyse qui aident à établir les caractéristiques de certains types de clients. Ce service peut proposer, entre autres, d’étoffer les données d’information existantes sur le client avec des données émanant de l’agence. L’analyse effectuée ensuite permet d’identifier des groupes ou segments de clients homogènes qui ont des profils similaires, tels que les jeunes très doués qui utilisent le crédit, et qui peuvent être ensuite utilisés pour aider l’institution financière soit à offrir une relation plus adaptée à sa clientèle, soit à mieux cibler les promotions de ventes réciproques ou de ventes de produits générant une marge plus forte. Modélisation. Comme pour les scores de crédit, les applications possibles pour les services de modélisation sont nombreuses. Parmi les plus courantes, citons la modélisation de propension et la modélisation des réponses. La modélisation de la propension cherche à prédire la probabilité qu’un client donné profitera de l’offre qui est faite ; la modélisation des réponses mesure l’efficacité de campagnes de marketing particulières afin d’accroître la réceptivité des clients à l’avenir et d’optimiser ainsi le coût d’acquisition de nouveaux métiers. Les formes plus complexes de modélisation incluent des applications telles que le patrimoine du client ou la valeur de la durée de vie du client. Ces techniques permettent d’analyser le potentiel du client non seulement en termes de contribution/profit effectif courant, mais aussi en termes de ce qu’un client peut apporter pendant la durée de vie de la relation. Analyse géodémographique. La modélisation géodémographique analyse la relation entre des zones démographiques, identifiées par des codes postaux, et le type de personnes/ d’entreprises qui habitent/travaillent dans une région donnée. La technique crée des profils de clients analogues à ceux décrits plus haut, mais en utilisant des données agrégées plutôt que des données individuelles. Les services de listes. Dans les pays où il existe une activité de marketing direct bien établie, de nombreux Credit Bureaus ont développé des produits et des services pour faciliter la prospection de clients. Ces services vont de la fourniture de listes de clients (par ex. avec les noms et des indications permettant de joindre le client potentiel), étoffées avec les données du registre de crédit ou des données géodémographiques, à la sous-traitance de la gestion de la base de données des relations avec la clientèle du client visé. Filtrage du courrier. Là encore, dans les pays qui utilisent l’envoi de courriers en grande quantité pour attirer de nouveaux clients, les Credit Bureaus peuvent être utiles pour aider à assurer un ciblage efficient des clients potentiels. Le tri du courrier élimine du fichier d’adresses les candidats qui seront sans doute rejetés s’ils devaient répondre à une offre de crédit. Cela permet aux prêteurs d’économiser du temps et des efforts. Ce service présente aussi des avantages pour les clients dans les pays où existe un service de retrait d’adresse et de numéro de téléphone — système de filtrage pour les clients qui préfèrent ne pas recevoir d’offres commerciales non sollicitées. Dans les pays où les services de marketing sont autorisés (comme aux États-Unis et au RoyaumeUni) et où ils sont largement utilisés, ils se sont révélés être un produit à valeur ajoutée très lucratif pour les Credit Bureaus et une option à valeur ajoutée importante pour l’utilisateur. Ces services ont aussi un effet positif sur le processus de gestion des risques de la banque en permettant à celle-ci d’effectuer une sélection préalable des offres. 55 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS 3.3.6 Suivi du portefeuille 3.3.7 Détection des fraudes Le suivi et le maintien de la qualité du crédit est une tâche que tous les prêteurs assument, mais qui a pris une importance accrue au cours des dernières années avec l’introduction prochaine du nouvel Accord de Bâle. Au fur et à mesure que le marché du crédit aux particuliers se développe dans une économie, l’incidence des transactions financières frauduleuses augmente aussi. Les activités frauduleuses varient en gravité, depuis ce qu’on qualifie parfois de fraude « soft » — qui consiste à embellir l’information du demandeur pour obtenir un crédit — à des formes plus graves de fraude, telles que l’usurpation d’identité. Certains Credit Bureaus fournissent des services dans ce domaine depuis de longues années en utilisant un ensemble standard de rapports et de produits de score maison. Services de suivi du portefeuille. Ces services consistent à conseiller le prêteur lorsqu’un changement important est apporté au fichier de crédit d’un client, tel qu’un défaut de paiement enregistré par un autre prêteur. Surveillance en lots. Ce service permet aux prêteurs d’actualiser périodiquement le profil des risques de l’ensemble des portefeuilles en examinant les scores de crédit courants de ses clients. Croisement des fichiers. Ces produits relativement simples consistent à croiser divers fichiers de données afin d’identifier les anomalies. Fraude connue/soupçons de fraude par des groupes d’utilisateurs fermés. Ces initiatives, telles que le Credit Industrie Fraud Avoidance Scheme (CIFAS) du Royaume-Uni, centralisent les informations sur les activités frauduleuses connues ou suspectées. Score de fraude. Ce produit peut prendre la forme de modèles construits en fonction des besoins des clients pour des institutions individuelles, ou de modèles génériques développés par le Credit Bureau. Systèmes de détection de la fraude. Ces solutions logicielles sophistiquées se fondent sur une combinaison de règles, de logique, de scores et de bases de données améliorées pour identifier les demandes frauduleuses. Diverses solutions logicielles ont été développées spécifiquement pour déceler la fraude à l’aide d’une analyse du comportement de remboursement. Suivi et reporting. Ces services aident en général les petits prêteurs qui ont peu de moyens d’analyse internes de produire l’information requise sur la gestion pour contrôler la qualité du suivi. La prochaine entrée en vigueur du nouvel Accord de Bâle sur les capitaux et la nécessité pour les prêteurs d’appliquer les directives relatives aux pratiques optimales de la gestion des risques ont focalisé l’intérêt sur l’aptitude des prêteurs à assurer le suivi de la qualité des portefeuilles. L’approche IRBA avancée (Advanced Internal Ratings) implique que tous les prêteurs soient capables de calculer non seulement la probabilité de défaillance, mais aussi la perte en cas de défaut et l’exposition en risque. Les Credit Bureaus dotés de grandes capacités d’analyse ont saisi l’occasion pour utiliser la modélisation avancée, des solutions logicielles et les activités de conseil afin de pouvoir aider les clients à se conformer à ces directives. 56 Divers produits et services peuvent être développés à l’arrière de la plateforme pour aider les prêteurs à identifier et donc à prévenir la fraude. Ces produits incluent notamment, sans toutefois s’y limiter, les produits suivants : Cadre juridique et réglementaire 4 Cadre juridique et réglementaire 4.1 Principes fondamentaux d’une législation/ réglementation relative au partage de l’information sur le crédit Le cadre réglementaire applicable aux informations de crédit varie d’un pays à l’autre et peut inclure une combinaison des textes législatifs ou réglementaires suivants : Législation applicable aux rapports de crédit Législation applicable à la protection des données Législation applicable à la protection des consommateurs Réglementations relatives à l’équité de la distribution du crédit et au crédit à la consommation Dispositions régissant la confidentialité et le secret de l’information sur les particuliers et les entreprises Les dispositions législatives régissant le secret bancaire ou les dispositions contractuelles relatives à la confidentialité sont souvent citées comme des éléments de nature à entraver la création de Credit Bureaus. Aux termes de ces dispositions, les banques n’ont pas le droit de divulguer à une tierce partie des informations concernant le compte et les transactions de leur client. L’analyse de 84 pays appartenant à toutes les régions du monde montre que, dans 62 pays où il existe des dispositions explicites sur le secret bancaire, à peu près 63 %, soit 39 pays, sont dotés d’un Credit Bureau privé. La figure 25 indique le nombre de pays qui ont des Credit Bureaus dans les pays où il existe des dispositions législatives explicites sur le secret bancaire. Dans les pays à revenu élevé de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 11 pays sur les 12 qui avaient adopté des dispositions sur le secret bancaire étaient dotés d’un Credit Bureau privé. En Amérique latine, sept des huit pays concernés étaient dotés d’un Credit Bureau. En Europe de l’Est, 14 pays sur 22 disposent à ce jour d’un Credit Bureau. La plupart des Credit Bureaus de la région ont été créés au cours des cinq ou sept dernières années, tous dans des pays où il existe des dispositions sur le secret bancaire. Les approches juridiques et réglementaires varient selon les pays, mais le consentement explicite de l’emprunteur suffit généralement pour permettre à une banque de partager l’information. Les débats sur cette question tournent en général autour de la forme que doit prendre ce consentement et de la façon dont les banques devraient l’enregistrer. L’adoption d’une loi ou d’une réglementation sur les informations de crédit aide généralement à résoudre ce problème. Mais en l’absence de textes de ce genre, un simple accord entre les prêteurs concernant l’obtention du consentement et le partage de l’information sera suffisant. En Suisse par exemple, un registre de crédit fonctionne depuis 1974 sur la 29 seule base du consentement de l’emprunteur . Si les dispositions relatives au secret bancaire et à la confidentialité n’interdisent pas le partage de l’information sur le crédit, le manque de clarté et d’accord entre les parties prenantes sur les moyens les plus appropriés de traiter ces questions empêche généralement la création d’un Credit Bureau. Dans plusieurs pays, tels que la Russie, le Kazakhstan et l’Ukraine, aucun Credit Bureau n’a pu voir le jour avant qu’une législation clarifiant les choses ne soit adoptée. Dans d’autres pays, tels que le Kenya, la Tanzanie et la Géorgie, le débat continue quant à la question de savoir quelle est la solution la plus appropriée pour partager l’information sur le crédit. 29 Banque mondiale, 2005. Doing Business Database on Private Credit Bureaus. 57 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Figure 25 : Credit Bureaus dans les régions où il existe une législation sur le secret bancaire Nombre de pays 22 14 11 8 6 7 8 1 Asie du Sud et de l’Est Europe de l’Est et Asie centrale Agence privée Le principal objectif de la législation autorisant la fourniture d’informations de crédit est d’établir un équilibre entre la possibilité qu’ont les institutions d’échanger l’information sur le crédit dans le cours normal des affaires tout en protégeant le droit des particuliers à la confidentialité. En matière de réglementation de l’information de crédit, deux grandes approches peuvent être identifiées : 1) la mise en place d’une législation générale sur la protection des données, et 2) l’adoption de textes de loi spécifiques sur les Credit Bureaus ou l’information de crédit. L’Union européenne et plusieurs autres pays européens réglementent l’industrie de l’information de crédit avec une législation générale sur la protection des données, qui couvre non seulement les activités des Credit Bureaus, mais aussi d’autres relations et les transactions concernant la gestion et l’échange des données. Récemment, plusieurs marchés émergents ont suivi cette approche : le Chili a adopté une loi sur la protection des données en 1999, et l’Argentine a adopté une loi analogue en 2000. Une autre méthode d’approche consiste à réglementer les activités de l’information de crédit à l’aide d’une loi spécifique sur les Credit Bureaus ou sur les rapports de crédit. Les pays qui ont adopté cette approche incluent notamment les États-Unis, la Thaïlande, la Russie, le Kazakhstan, le Pérou et l’Ukraine. Voir l’annexe 2 pour de plus amples informations sur les législations existantes concernant l’information de crédit et la protection des données. 58 6 5 1 Afrique 12 Amérique latine Moyen-Orient et Afrique du Nord Pays à revenu élevé de l’OCDE Secret bancaire Un bon texte législatif d’habilitation présente les caractéristiques suivantes : Un système ouvert. Les informations de crédit et l’accès à ces renseignements sont ouverts tant aux institutions financières qu’aux créanciers non bancaires, tels que les détaillants, les télécommunications et les services d’utilité publique, et aux sociétés de recouvrement des créances. Fins autorisées. La législation protège les droits des particuliers et des entreprises à faire en sorte que les données ne soient pas utilisées de façon abusive, tout en autorisant le partage de l’information. En général, l’accès à l’information n’est autorisé qu’à des fins bien identifiées, telles que l’approbation du crédit, le suivi du portefeuille, le renouvellement des dettes et l’emploi. Le consentement de l’emprunteur est exigé dans de nombreux pays pour que le créancier puisse avoir accès aux données d’un Credit Bureau. Accès autorisé à l’information. Seules les parties autorisées peuvent avoir accès aux données d’un Credit Bureau,et l’information ne peut être utilisée qu’à des fins autorisées.La législation peut exiger le consentement de l’emprunteur ou la notification à l’emprunteur pour que le prêteur puisse avoir accès à l’information. Elle peut aussi exiger que le nom de tous les prêteurs qui ont accès aux données soit inclus dans le rapport de solvabilité remis à l’emprunteur,de façon à assurer qu’aucune information n’est communiquée sans le consentement de ce dernier. Cadre juridique et réglementaire Le consentement. Selon la juridiction, le consentement explicite ou implicite d’un emprunteur peut être exigé pour communiquer les données au registre de crédit et ouvrir l’accès au rapport de solvabilité. L’objet d’un consentement est de permettre au sujet sur lequel les données sont collectées de contrôler le flux d’information. Plusieurs pays de l’Union européenne, la Thaïlande, le Kazakhstan et beaucoup d’autres pays exigent le consentement explicite de l’emprunteur pour communiquer les données à l’agence. L’accord de prêt comprend habituellement des clauses standard pour couvrir la question du consentement. De nombreux pays exigent aussi le consentement de l’emprunteur pour que le créancier ou toute autre tierce partie répondant aux critères voulus puisse avoir accès aux rapports de solvabilité.Les demandes de prêt ou d’emploi contiennent habituellement une clause de consentement. Pour les besoins de l’efficience opérationnelle, il incombe aux prêteurs d’obtenir le consentement de l’emprunteur pour la communication des données et de tenir un registre à cette fin. En cas de différend, le prêteur doit être en mesure de prouver qu’il a obtenu le consentement de l’emprunteur conformément aux termes de la loi. Certains pays, dont les États-Unis en particulier, n’exigent pas de consentement explicite. Le consentement de l’emprunteur est considéré comme allant de soit si celui-ci est à l’origine d’une transaction avec le prêteur. Les banques sont toutefois tenues d’informer leurs clients de l’utilisation qui sera faite de l’information fournie par ces derniers. Durée de la rétention de l’information. La législation précise la durée de temps pendant laquelle l’information peut être stockée. Bien que les données rétrospectives permettent aux prêteurs d’évaluer la qualité du crédit de l’emprunteur pendant une certaine période de temps, la législation doit imposer une date limite pour le stockage de l’information, date à partir de laquelle l’information est effacée pour permettre aux emprunteurs de repartir sur de nouvelles bases. Les données concernant les antécédents de paiement sont habituellement conservées pendant cinq ans au moins. Plutôt que d’effacer l’information sur les défauts de paiement une fois que les prêts sont remboursés, il faudrait qu’elle puisse être stockée avec les autres informations du fichier de l’emprunteur pendant la période de temps prévue. Les registres publics sur les faillites sont généralement conservés pendant sept ans ou davantage. Selon une étude de la Banque mondiale, sur 78 Credit Bureaus, 57 ont conservé les informations rétrospectives pendant plus de cinq ans, et 34 pendant une 30 période allant de cinq à sept ans . Partage de l’information positive et négative. Les prêteurs hésitent généralement à partager l’information positive, de crainte que leurs concurrents ne leur prennent leurs meilleurs clients une fois que l’information positive est connue. Toutefois, les textes législatifs d’habilitation incluent des règles sur l’accès à l’information, qui restreignent les possibilités qu’ont les banques de détourner la clientèle. La législation peut par exemple préciser que le prêteur ne peut avoir accès à l’information d’un registre de crédit que si un particulier ou une entreprise a demandé un crédit à ce prêteur. Protection du consommateur. Les réglementations comportent des dispositions qui garantissent aux particuliers le droit de vérifier l’information les concernant, et les Credit Bureaus ont des dispositifs pour rectifier les informations erronées. La réglementation prévoit aussi des mécanismes de règlement des différends et des plaintes, qui limitent les délais accordés à un bureau pour répondre à la plainte d’un emprunteur. Dans la plupart des pays, ces délais varient entre 10 et 20 jours ouvrables. Pendant cette période, l’agence doit inclure une note signalant le différend dans le rapport de solvabilité. La loi devrait tout de même être équitable et préciser les pénalités imposées à une agence et/ou aux prêteurs en cas de violation. En Thaïlande, la loi impose des pénalités très fortes pour des infractions telles que l’inexactitude des données ou le manque de consentement de l’emprunteur. Comme la loi ne définissait pas clairement des obligations en matière d’exactitude des données ni les procédures à suivre pour obtenir le consentement, les deux Credit Bureaus du pays ont fermé leurs portes, craignant d’avoir à payer de très lourdes amendes. Il a fallu cinq mois pour que les autorités adoptent des réglementations clarifiant ces questions et permettent à l’industrie d’ajuster ses procédures avant que les agences ne puissent reprendre leurs activités. Licences et immatriculation. Au Mexique, en Thaïlande, en Inde et au Kazakhstan, les Credit Bureaus sont tenus d’obtenir une licence auprès de l’autorité de surveillance avant de pouvoir fonctionner. Pour obtenir une licence, il faut remplir un certain nombre de critères 30 Banque mondiale, 2005. Doing Business Database on Private Credit Bureaus. 59 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS financiers, de sécurité et de gouvernance. Dans la plupart des pays où des lois spécifiques sur les Credit Bureaus ont récemment été passées, la Banque centrale, l’autorité de surveillance des banques ou l’autorité de contrôle des institutions financières non bancaires peut délivrer les licences. En Russie et dans certains pays de l’Union européenne, le registre de crédit doit s’immatriculer auprès des autorités de surveillance, mais n’est pas tenu d’obtenir une licence. D’autres pays, tels que les ÉtatsUnis n’exigent ni licence, ni immatriculation. En cas de violation grave des réglementations ou des lois relatives au partage de l’information, l’autorité de surveillance peut pénaliser l’agence en question en annulant sa licence ou son immatriculation. En l’absence de procédures de délivrance de licence ou d’immatriculation, toute violation des données doit être résolue par la justice. Cette approche fonctionne bien dans certains pays, tels que les États-Unis, où le système judiciaire est bien développé et où les consommateurs peuvent déposer une plainte collective en cas de violation systématique de la réglementation par les Credit Bureaus. Mais la plupart des pays émergents ont des systèmes judiciaires faibles et préfèrent opter pour une instance de réglementation et de contrôle puissante. Pour assurer l’application méthodique de la législation relative aux Credit Bureaus, il est indispensable de renforcer les capacités de l’autorité de surveillance.Dans plusieurs cas,la mise en œuvre de la législation a été retardée ou a eu des conséquences très préjudiciables sur les agences existantes du fait qu’il n’existait aucun moyen d’assurer le respect des textes. En Russie par exemple, une loi sur les Credit Bureaus a été adoptée en décembre 2004.Aux termes de cette loi, toutes les institutions financières étaient tenues de soumettre l’information à un registre de crédit immatriculé après avoir obtenu le consentement de l’emprunteur. Mais la désignation de l’autorité de surveillance a pris beaucoup de retard, de sorte qu’elle n’a pu élaborer une procédure d’immatriculation en temps voulu. De ce fait, l’application de la loi a dû être retardée de plus d’un an. Faute de moyens de surveillance, l’autorité a aussi été incapable de fournir des conseils aux institutions financières sur les dispositions à prendre pour se conformer à la législation. Accès à l’information publique. L’accès à l’information publique est ouvert à tous les participants du marché, à un coût faible ou nul. 4.2 Les principes de l’autoréglementation Application des lois et règlements L’application des lois et règlements est un élément essentiel du cadre juridique et réglementaire nécessaire au bon fonctionnement de l’industrie de l’information de crédit. Dans ce domaine, un pays peut opter pour l’une des deux grandes approches suivantes selon ses traditions juridiques : 60 règlements se limite à l’élaboration de textes explicatifs et à la réception des plaintes ; elles peuvent, dans certains cas, déposer une plainte collective en justice en cas de violations systématiques. Ces mécanismes d’application des lois et règlements sont répandus au Royaume-Uni, à Hong Kong (Chine), en Australie et en Afrique du Sud. Une autorité de surveillance forte, ayant le pouvoir de délivrer des licences, d’immatriculer et de contrôler les Credit Bureaus. Les fonctions de l’autorité incluent généralement l’élaboration des réglementations pour le secteur d’activité, la délivrance des licences, la conduite d’audits ou la demande d’audits, la réception et l’analyse des plaintes, et l’imposition des pénalités. Le Mexique, le Kazakhstan et la Thaïlande ont adopté cette approche. Autoréglementation du secteur dans un cadre juridique établi. Dans ce cas, le rôle des autorités chargées de l’application des lois et En Australie, au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et à Hong Kong (Chine), le fonctionnement des Credit Bureaus est régi par un code de conduite dans le cadre d’une législation large sur la confidentialité. Le code de conduite est un accord contraignant signé par les membres de l’agence. Il énonce les règles qui gouvernent les activités de l’agence et prévoit des mécanismes pour résoudre les différends entre les membres. Dans les pays comme l’Afrique du Sud où il existe plus d’une agence, tous les Credit Bureaus du pays approuvent le code de conduite, et une association d’agences est responsable de la bonne application du code. Habituellement, le code de conduite couvre les grands domaines suivants : 1) les principes de fonctionnement du Credit Bureau ; 2) les droits et obligations du Credit Bureau ; 3) les droits et obligations des membres ; 4) les droits et obligations des sujets sur lesquels les données sont collectées ; et 5) les mécanismes de règlement des différends Cadre juridique et réglementaire Les principes de fonctionnement de base d’un Credit Bureau incluent : La réciprocité — obligation pour tous les membres de fournir des données pour avoir accès à l’information du Credit Bureau. Le format des données — indication du format dans lequel les données doivent être soumises et diffusées. La fréquence — le calendrier établi pour la soumission des données et leurs mises à jour. Généralement, les mises à jour sont mensuelles sauf pour les dossiers des débiteurs défaillants, qui n’ont besoin d’être actualisés que s’il y a un changement dans la situation du crédit. La qualité — l’information doit être fidèle, complète, actuelle et communiquée en temps voulu. Le tableau 5 décrit les droits et obligations d’un registre de crédit et de ses membres, ainsi que les droits des sujets sur lesquels l’information est collectée. membres concernant l’examen et la rectification des données erronées, les enquêtes sur les plaintes et le règlement des plaintes, et l’imposition de pénalités, le cas échéant. Des exemples sur les dispositions des codes de conduite relatives aux enquêtes sur les informations litigieuses sont donnés ci-après : Le code de conduite précise aussi les responsabilités du Credit Bureau et de ses Un sujet sur lequel l’information est collectée ou un membre peut notifier au Credit Bureau, par écrit, qu’il conteste le caractère exhaustif ou met en doute l’exactitude d’un élément d’information quelconque. Le Credit Bureau procèdera à une enquête au sujet de l’information litigieuse et fournira une réponse au plaignant dans un délai déterminé, en général entre cinq et 15 jours ouvrables. Le Credit Bureau doit s’assurer que l’information concernant un consommateur est à jour, et vérifier l’information avec le membre qui a communiqué l’information. Le Credit Bureau rectifiera l’information concernant le sujet sur lequel les données sont collectées si la plainte s’est révélée fondée dans le cadre de l’enquête. Tableau 5 : Droits et obligations des parties au code de conduite Droits et obligations du Credit Bureau Droits et obligations des membres du credit bureau Droits et obligations des sujets sur lesquels les données sont collectées Enregistrer, conserver, réunir, synthétiser et/ou traiter l’information correctement et fidèlement Protéger l’information contre le risque de perte et de dommage Empêcher l’accès, l’utilisation, la modification ou la divulgation non autorisé (e) de l’information Conserver et présenter l’information pendant les périodes pertinentes Autoriser l’accès des particuliers qui apportent une preuve de leur identité à leurs propres rapports de solvabilité Créer un service d’assistance Respecter les principes de réciprocité Limiter les demandes de renseignements à ceux qui sont autorisés par la loi Tenir les dossiers et être en mesure de prouver que la demande de renseignements a été faite à des fins autorisées Ne divulguer l’information émanant d’un Credit Bureau qu’à des parties autorisées N’utiliser l’information qu’aux fins autorisées Protéger l’information émanant du Credit Bureau Nommer un directeur des relations Accéder aux rapports de solvabilité qui les concernent Contester les informations inexactes et obtenir une réponse dans les délais prescrits. 61 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Pendant la durée de l’enquête, le dossier de crédit que conserve le Credit Bureau doit indiquer que l’information est contestée. En cas d’infraction aux dispositions du code, si les mécanismes prévus pour résoudre le problème sont ignorés, le code de conduite précise habituellement que tout membre du Credit Bureau peut déposer une plainte pour violation du code par tout autre membre. En général, une commission de conformité aux règles, composée 62 des membres du Credit Bureau et/ou d’experts indépendants, procède à une enquête à la suite du dépôt de la plainte. Cette commission, désignée en consultation avec le Conseil d’administration du Credit Bureau, les membres et l’autorité de contrôle pour la législation régissant les activités du Credit Bureau, a le droit d’imposer des pénalités, telles que la suspension du droit d’accès au registre d’un membre qui viole systématiquement le code. Études de cas 5 Études de cas 63 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS CompuScan, Afrique du Sud : Un service efficace pour les micro-prêteurs CompuScan a été créé en 1994 pour fournir des services d’informations de crédit aux microprêteurs d’Afrique du Sud. Ses propriétaires ont lancé l’entreprise afin de résoudre les problèmes posés par l’augmentation des créances irrécouvrables parmi les clients qui étaient à priori de mauvais payeurs habituels. L’Afrique du Sud disposait à l’époque d’une infrastructure bien développée de Credit Bureaus, mais l’industrie avait toujours ignoré le marché de la microfinance parce qu’elle estimait que le coût du service pour une base de clientèle qui ne connaissait pratiquement que le support papier n’était pas viable. L’Agence CompuScan a été créée dans la région de Cape Town en tant que coopérative de fournisseurs de microfinancements, qui partageaient une liste d’informations négatives, actualisée chaque semaine et diffusée sous la forme d’un simple tableur Excel. Lorsque la valeur du service est devenue évidente aux utilisateurs, la couverture géographique s’est élargie et l’agence a introduit un ensemble de propositions permettant d’augmenter la valeur des services fournis. Un élément clé de l’offre unique de CompuScan est le programme de formation à l’intention des responsables de la distribution des microcrédits, avec la création d’une école spécialisée dans le crédit. Aujourd’hui, CompuScan offre un vaste éventail de produits liés à l’information de crédit, qui incorporent des données positives et négatives et qui servent plus de 3 500 chargés de crédit (agences) implantés dans le pays. Toutes les données de crédit sont consultées et téléchargées grâce à une interface graphique Internet à haute fonctionnalité, sous forme de fichiers en lots ou entièrement intégrées dans les systèmes internes des micro-prêteurs et des banques. CompuScan 64 fournit en outre divers autres services, alertant par exemple les prêteurs lorsque leurs clients contractent un emprunt ou font l’objet d’une décision de justice. Ces services sont considérés comme faisant partie intégrante de l’action engagée pour permettre aux petits prêteurs d’établir des antécédents de crédit, ce qui facilite leur transition à l’emprunt formel et accroît leurs possibilités d’accès aux financements du marché. En 2004, CompuScan a effectué des travaux d’analyse pour déterminer l’efficacité des scores génériques d’agence proposés à l’époque pour le secteur de la microfinance. Comme il fallait s’y attendre, ces modèles étant construits sur la base d’une activité intéressant un segment très particulier du marché, ils paraissaient présenter des niveaux de discrimination inacceptables. Avec l’assistance technique de la SFI, CompuScan a donc entrepris d’élaborer des scores d’agence propres à la microfinance pour l’Afrique du Sud. En 2005, CompuScan s’est associé avec LISIM, une société de scores de crédit et de solutions analytiques basée en Colombie, pour développer un ensemble de modèles de risque de crédit en utilisant une combinaison de sources de données uniques tirées de la base de données de CompuScan. Ces services, lancés au milieu de 2006, devraient aider les micro-prêteurs à accroître l’efficience du processus d’approbation des crédits et la qualité des décisions de crédit. CompuScan est un acteur régional émergent, qui opère en Namibie et au Botswana et projette de s’implanter dans d’autres pays de la région. L’adoption d’une technologie extrêmement flexible conjuguée à la place importante accordée à la formation des utilisateurs montre clairement que les services fournis pour des transactions de crédit de valeur relativement faible peuvent être à la fois profitables et viables. Études de cas TransUnion Central America (TUCA) : Une solution régionale En raison des économies d’échelle réalisables dans l’industrie de l’information sur le crédit, les petits pays sont souvent incapables d’attirer des prestataires d’un haut niveau de technicité dans ce secteur. L’absence de Credit Bureaus au Costa Rica, au Guatemala, au Honduras et au Nicaragua bridait la croissance du crédit dans les secteurs de la consommation et des petites entreprises. Un Credit Bureau privé peut être une solution viable pour remplacer un Credit Bureau national dans un petit marché. Créé en 1999, TransUnion Central America (TUCA) est un Credit Bureau privé qui fournit des services au Costa Rica, en El Salvador, au Guatemala, au Honduras et au Nicaragua. Le modèle d’entreprise de TUCA est basé sur le système de réseau en étoile, dans lequel le Guatemala est le centre de l’étoile et les quatre autres pays d’Amérique latine sont les branches. Les branches optimisent le système technologique plus avancé présent dans le centre, ce qui permet de réaliser des économies d’échelle, d’améliorer l’efficience et d’augmenter la rentabilité. En outre, la création d’un Credit Bureau unique d’informations de crédit transnational permet de livrer des produits et des services normalisés qui ont une qualité d’information supérieure. Avec l’appui de la SFI, TUCA centre essentiellement son action sur diverses initiatives pédagogiques, en démontrant par exemple l’importance de la fourniture de données et des rapports des institutions financières contenant à la fois des informations positives et négatives, ainsi que l’effet positif qu’ils peuvent avoir sur l’économie. En outre, en organisant des conférences internationales relatives à l’information sur le crédit et les scores de crédit, ainsi que des tables rondes et des vidéoconférences, TUCA sensibilise les opinions et met en lumière les avantages des Credit Bureaus, ce qui facilite les discussions entre les diverses parties. Dans l’avenir, TUCA prévoit de fournir des services à valeur ajoutée, tels que l’établissement de scores de crédit et des systèmes d’alerte à la fraude, ce qui permettra d’améliorer la capacité des institutions financières à gérer le risque. 65 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS SIMAH, Arabie saoudite : L’engagement à long terme des parties prenantes SIMAH, le Credit Bureau saoudien, qui a commencé à fonctionner en 2004, est détenu conjointement par une dizaine de banques. L’agence monétaire saoudienne (SAMA), qui est la Banque centrale du Royaume d’Arabie saoudite, a mené les discussions avant le lancement du Credit Bureau. Ces discussions ont été engagées au milieu des années 90, mais ce n’est qu’en 1998 que la SAMA a facilité la création d’une commission pour étudier la mise en place d’un registre de crédit sur le crédit à la consommation. La commission comprenait des représentants des banques et de la SAMA. En 1999, une demande de propositions a été envoyée à des fournisseurs techniques de renommée internationale, mais le processus a rapidement été abandonné. Il a été relancé en 2001 lorsque la SAMA a diffusé une circulaire présentant sa position à toutes les banques. La SIMAH a vu le jour peu de temps après. La SIMAH a fait appel aux services de Accenture pour l’aider à sélectionner le fournisseur technique. Le processus de demande d’information/demande de propositions a été engagé par la suite et Baycorp Advantage a apporté un soutien très actif tout au long du processus, en remplissant les fonctions d’organe de contrôle des banques et en nommant un de ses principaux cadres de direction comme directeur général de l’agence. 66 En l’absence de cadre législatif pour soutenir la création d’un Credit Bureau, la SAMA et les banques participantes ont décidé de leur propre initiative d’adopter un code de conduite jusqu’à ce que la législation appropriée soit élaborée et adoptée par le conseil de la Sharia. La législation pertinente a été élaborée et elle devrait être adoptée d’ici la fin 2006. À l’heure actuelle, la SIMAH conserve les dossiers de quelque quatre millions d’emprunteurs. Ce nombre est appelé à croître de façon substantielle à l’avenir étant donné que d’importantes compagnies de télécommunications ont accepté de devenir membres de l’agence et de soumettre les dossiers de leurs clients. Le Credit Bureau produit plus de 120 000 rapports de solvabilité par mois. Pour mieux servir les besoins des prêteurs du Royaume d’Arabie saoudite et distribuer du crédit aux petites entreprises, la SIMAH a entrepris – avec l’assistance technique de la SFI pour la definition de la stratégie – de créer un Credit Bureau entreprises , ce qui complétera les activités du Credit Bureau particuliers et comblera le vide qui existe actuellement en matière d’informations de crédit payantes. La SIMAH a lancé un processus détaillé de demande de propositions pour sélectionner un partenaire technique qui l’aidera dans cette entreprise d’expansion. La phase commerciale du registre de crédit devrait commencer au milieu de 2007. Études de cas Estealam (iScore), Égypte : Premier Credit Bureau privé en Égypte Le premier Credit Bureau privé d’Égypte, Estealam (iScore), a été créé en septembre 2005 et il fournira des informations sur les consommateurs et les PME. Conjointement détenu par 27 banques commerciales et le Fonds social de développement, avec répartition égale des parts, Estealam bénéficie du soutien total de la Banque centrale d’Égypte. Le Credit Bureau en est encore aux premiers stades de fonctionnement et il devrait être pleinement fonctionnel au second semestre de 2007. La Banque centrale d’Égypte a grandement contribué à l’élaboration d’un cadre législatif favorable à l’activité du Credit Bureau privé. La législation autorise le partage des données entre les banques et les institutions financières non bancaires. En outre, l’obtention du consentement de l’emprunteur n’est obligatoire que pour les institutions financières non bancaires. La loi exige que toutes les banques obtiennent un rapport de solvabilité pour l’approbation des crédits. Estealam a demandé à la SFI de lui fournir une aide sous forme d’assistance technique pour la création d’un Credit Bureau. Le service spécialisé de la SFI a fourni une assistance au Credit Bureau dans les domaines suivants : Réalisation d’une étude exploratoire et de faisabilité technique, qui comportait l’examen du cadre législatif, de la capacité technique et de la disposition d’un certain nombre de banques et du Fonds social de développement à fournir des données au Credit Bureau. Préparation et diffusion d’une demande de propositions pour sélectionner les fournisseurs internationaux potentiels et fournir au Credit Bureau une assistance spécialisée au comité d’évaluation. Préparation d’un plan d’entreprise pour Estealam. Estealam a récemment passé un contrat avec Dun & Bradstreet Internal/D&B SAME, qui doit fournir des solutions logicielles et du savoir-faire opérationnel pour la création de la base de données du Credit Bureau. La création du Credit Bureau lui-même se déroulera en trois phases. La phase initiale consistera à alimenter la base de données en informations, en anglais, sur les cartes de crédit, ce qui permettra au Credit Bureau de commencer à fonctionner. En même temps, Estealam s’attaquera aux problèmes de qualité des données identifiés dans d’autres portefeuilles d’actifs. Parmi les questions à traiter, citons le manque de numéro d’identification unique en Égypte, l’enregistrement des noms et d’autres informations en anglais ou en arabe, et la différence des formats utilisés par les prêteurs pour enregistrer les noms, adresse et date de naissance. Une fois que la base de données sera constituée, elle contiendra les informations fournies par sept banques importantes et le Fonds social de développement, ce qui représente à peu près 60 % des crédits distribués par les banques nationales. Dans la deuxième phase, Estealam demandera aux banques de deuxième rang et aux institutions financières non bancaires d’adhérer au Credit Bureau lorsqu’elles seront en mesure de télécharger leurs données dans un format compatible avec celui utilisé par le Credit Bureau. Dans la phase finale, le Credit Bureau s’emploiera à fournir des solutions à valeur ajoutée telles que l’évaluation par score, la vérification de l’identité, la détection des fraudes et le traitement des applications. 67 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Viet Nam : Soutien du secteur public à la création d’un Credit Bureau privé La Banque d’État du Viet Nam (BEV) tient un registre public appelé Centre d’information sur le crédit (CIC), qui, comme la plupart des registres publics, est essentiellement conçu comme un outil de surveillance pour identifier les risques systémiques de l’industrie bancaire. Initialement, l’information saisie par le CIC concernait essentiellement les engagements importants des banques à l’égard des entreprises. Plus récemment, le Centre a élargi ses activités au-delà de la surveillance pour fournir à son tour des informations aux prêteurs sous forme de rapports de solvabilité sur les emprunteurs potentiels. Du fait de l’augmentation du crédit aux particuliers et aux PME au cours des dernières années, il est devenu nécessaire de construire des structures d’information appropriées pour s’assurer que la croissance repose sur des bases saines. La BEV a été chargée de concevoir une stratégie pour développer l’infrastructure d’information nécessaire et en particulier de déterminer le rôle futur du CIC et d’éventuels Credit Bureaus. Elle a demandé à la Banque mondiale et à la SFI de l’aider à définir cette stratégie. Les principaux problèmes identifiés dans le cadre de l’analyse des opérations du CIC et du marché du crédit au Viet Nam sont notamment les suivants : 68 L’infrastructure technique du CIC est insuffisante compte tenu du volume des données qu’implique un fichier détaillé du crédit à la consommation. Le CIC n’a pas l’expérience requise pour créer ou faire fonctionner un registre de crédit sur le crédit à la consommation. La Banque mondiale et la SFI ont recommandé que la mise en place de l’infrastructure des informations de crédit sur le crédit à la consommation au Viet Nam soit confiée à une entreprise privée avec un solide soutien de la BEV. Il faudrait par ailleurs que le CIC soit mieux intégré au dispositif de surveillance des banques. La SFI a travaillé en étroite relation avec la BEV pour élaborer un plan stratégique détaillé qui établit une feuille de route pour la création d’un Credit Bureau privé au Viet Nam. Cette stratégie prévoit une participation active de la BEV à l’élaboration d’un cadre juridique et réglementaire approprié, et la désignation de la BEV en tant qu’autorité de supervision des Credit Bureaus. La BEV aura aussi pour mission de guider et d’encourager les banques commerciales à participer activement à la mise en place d’un Credit Bureau. Pour assurer une large participation au capital et réduire la fragmentation des données dans les premiers stades de la création du Credit Bureau, les autorités ont décidé que le mieux serait de créer un Credit Bureau privé détenu par un consortium de banques avec la participation d’un partenaire technique. La BEV a approuvé le plan stratégique et entrepris d’établir le cadre juridique et réglementaire et d’élaborer le plan d’entreprise pour le Credit Bureau en avril 2005. Annexe 1 : Cartes Annexe 1 : Cartes 69 70 INDE MALDIVES Pas d’information Pas de Credit Bureaus Informations négatives Informations positives SRI LANKA NÉPAL BHOUTAN MONGOLIE CHINE VIET NAM OCÉAN INDIEN MALAISIE SINGAPOUR THAÏLANDE RDP LAO CAMBODGE MYANMAR BANGLADESH Credit Bureaus fournissant des informations positives et négatives INFORMATIONS DE CRÉDIT PRIVÉS ASIE INDONÉSIE HONG KONG TIMOR-LESTE PHILIPPINES PAPOUASIE NOUVELLEGUINÉE OCÉAN PACIFIQUE RÉPUBLIQUE DE CORÉE RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Annexe 1 : Cartes Golfe du Mexique BAHAMAS MEXIQUE HAÏTI JAMAÏQUE BELIZE HONDURAS Mer des Voir agrandissement ci-après RÉPUBLIQUE DOMINICAINE SAINT-KITTS-ET-NEVIS ANTIGUA -ET-BARBUDA Caraïbes SAINT-VINCENTET-LES-GRENADINES NICARAGUA SAINTE-LUCIE GRENADE EL SALVADOR BARBADE TRINITÉ-ETTOBAGO COSTA RICA OCÉAN PACIFIQUE OCÉAN ATLANTIQUE DOMINIQUE VENEZUELA PANAMA GUYANA SURINAM COLOMBIE ÉQUATEUR AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES INFORMATIONS DE CREDIT PRIVÉS PÉROU BRÉSIL Credit Bureaus fournissant des informations positives et négatives BOLIVIE Informations positives Informations négatives Pas d’information CHILI PARAGUAY ARGENTINE URUGUAY OCÉAN ATLANTIQUE RÉPUBLIQUE DOMINICAINE PORTO RICO (EU) ANTIGUA-ET-BARBUDA SAINT-KITTS-ET-NEVIS Mer des Caraïbes SAINT-VINCENTET-LES GRENADINES Guadeloupe (Fr.) DOMINIQUE Martinique (Fr.) SAINTE-LUCIE GRENADE VENEZUELA BARBADE Îles malouines TRINITÉ-ETTOBAGO 71 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Mer Méditerranée ge ou rR Me MAURITANIE CAP-VERT MALI NIGER ÉRYTHRÉE SÉNÉGAL Lac Tchad TCHAD SOUDAN GAMBIE GUINÉE BURKINA FASO GHANA GUINÉE-BISSAU CÔTE D’IVOIRE SIERRA LEONE LIBÉRIA OCÉAN ATLANTIQUE CAMEROUN BÉNIN TOGO RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE ÉTHIOPIE SOMALIE OUGANDA GUINÉE ÉQUATORIALE SAO TOMÉ-ET-PRINCIPE (Guinée éq.) DJIBOUTI NIGÉRIA GABON RÉPUBLIQUE CONGO DÉMOCRATIQUE Lac Victoria DU RWANDA CONGO BURUNDI Lac Tanganyika AFRIQUE SUBSAHARIENNE INFORMATIONS DE CREDIT PRIVÉS KENYA TANZANIE Lac Malawi MALAWI ANGOLA OCÉAN INDIEN SEYCHELLES COMORES Mayotte (Fr.) ZAMBIE Credit Bureaus fournissant des informations positives et négatives Informations positives MOZAMBIQUE Informations négatives Pas de Credit Bureaus Pas d’information ZIMBABWE NAMIBIE SWAZILAND 72 MAURICE Réunion (Fr.) BOTSWANA AFRIQUE DU SUD MADAGASCAR LESOTHO CHYPRE ARMÉNIE AZERBAÏDJAN GÉORGIE nn TURQUIE Mer Noire sie Mer Méditerranée BULGARIE ROUMANIE r p Ca EX-RÉPUBLIQUE YOUGOSLAVE DE MACÉDOINE SERBIE HONGRIE MOLDOVA UKRAINE Me BOSNIE-HERZÉGOVINE MONTÉNÉGRO ALBANIE CROATIE SLOVÉNIE RÉPUBLIQUE TCHÈQUE RÉPUBLIQUE SLOVAQUE BÉLARUS LETTONIE ESTONIE LITUANIE POLOGNE FÉDÉRATION DE RUSSIE Mer Baltique Informations négatives Informations positives OUZBÉKISTAN Mer d'Aral TURKMÉNISTAN Pas d’information Pas de Credit Bureaus Credit Bureaus fournissant des informations positives et négatives INFORMATIONS DE CREDIT PRIVÉS EUROPE ET ASIE CENTRALE RÉPUBLIQUE KIRGHIZE TADJIKISTAN KAZAKHSTAN Annexe 1 : Cartes e 73 74 MAROC ALGÉRIE TUNISIE RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE Cisjordanie et Gaza ISRAËL LIBAN ARABIE SAOUDITE JORDANIE RÉPUBLIQUE ARABE SYRIENNE IRAK QATAR OMAN BAHREÏN KOWEÏT RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE D’IRAN RÉPUBLIQUE DU YÉMEN Pas d’information Informations négatives LIBYE MALTE Pas de Credit Bureaus Informations positives Credit Bureaus fournissant des informations positives et négatives INFORMATIONS DE CREDIT PRIVÉS MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD ÉMIRATS ARABES UNIS PAKISTAN AFGHANISTAN CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Annexe 2 : Pays ayant une législation relative au partage de l’information sur le crédit Annexe 2 : Pays ayant une législation relative au partage de l’information sur le crédit Pays Albanie Allemagne Argentine Australie Autriche Belgique Brésil Bulgarie Canada Chili Corée du Sud Danemark Équateur Espagne Estonie États-Unis Fédération de Russie Finlande France Grèce Honduras Hong Kong (Chine) Hongrie Inde Irlande Intitulé du texte de loi applicable Loi 8517 sur la protection des données personnelles Loi sur la protection des données Loi 25326 sur la protection des données personnelles et décret 1558/2001 Loi de 1998 sur la confidentialité Loi de 2000 sur la protection des données Loi de 1992 sur la protection des données personnelles Loi sur la protection des consommateurs Loi sur la protection des données Loi sur la confidentialité, Loi sur la protection des données personnelles et les documents électroniques Décret suprême Nº 950 et lois sur la confidentialité Nº 19628 et 19812 Loi sur l’utilisation et la protection de l’information sur le crédit Loi sur le traitement des données personnelles Loi sur les Credit Bureaus Loi organique 15/99 sur la protection des données personnelles Loi sur la protection des données Fair and Accurate Credit Transactions Act, Fair Credit Reporting Act, Fair Credit Billing Act, Equal Credit Opportunity Act Loi relative à l’information Loi sur la protection des données personnelles (Protection des données) Loi relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés Loi 2472/97, Directive 95/46/EC, diverses décisions de l’Autorité hellénique de la protection des données, Loi 3259/2004 (Article 40) sur la durée du stockage des données personnelles dans la banque de données relatives au comportement de crédit Loi sur l’enregistrement et le fonctionnement des Credit Bureaus Ordonnance sur les données personnelles (confidentialité) Loi Nº LXIII Loi sur la protection des données et la publicité des données d’intérêt public Agences d’informations de crédit (réglementation) Loi sur la protection des données 1988 et 2003 Année d’adoption 1999 2002 2000, 2001 1998 2000 1992 2001 1983, 2000 1999 1995 2000 2005 1999 Diverses dates 1995 1999 1978 Diverses années 2005 1995 1992, 2003 2004 1988 75 CREDIT BUREAU : MEILLEURES PRATIQUES INTERNATIONALES ET ÉTUDES DE CAS Islande Israël Italie Japon Koweït Lettonie Lituanie Mexique Nicaragua Norvège Nouvelle-Zélande Panama Paraguay Pays-Bas Pérou Pologne Portugal Porto Rico Rép. dominicaine Rép. tchèque République slovaque Roumanie Royaume-Uni Slovénie Sri Lanka Suède Suisse Taïwan (Chine) Thaïlande Ukraine Uruguay 76 Loi relative à l’enregistrement systématique des données personnelles, à la protection et au traitement des données personnelles, Nº 77/2000 Loi relative au Credit Bureau Loi sur la protection des particuliers et autres sujets pour le traitement des données personnelles Loi sur la protection des données personnelles Décret royal 2/2001 Loi sur la protection des données personnelles Loi sur la protection juridique des données personnelles Loi portant réglementation des Credit Bureaus Réglementation des Credit Bureaus Loi relative aux données personnelles Loi de 1993 sur la confidentialité Loi 24 portant réglementation de l’information sur le crédit à la consommation ou aux clients Loi 1682/01 et amendements 1969/02 sur la protection des données Loi sur la protection des données personnelles Loi 27863 sur les registres de crédit privés Loi sur la protection des données personnelles Loi 67/98 sur la protection des données personnelles Loi sur l’information de crédit équitable et loi sur les transactions de crédit équitables et justes Réglementation des Credit Bureaus et loi sur la protection des données personnelles Loi sur la protection des données personnelles Loi sur la protection des données personnelles Loi 677/2001 sur la protection des personnes pour le traitement des données personnelles et la libre circulation de ces données Loi sur le crédit à la consommation, Loi sur la protection des données Loi sur la protection des données personnelles Loi Nº 18 sur les Credit Bureaus Loi sur les Credit Bureaus Loi fédérale sur la protection des données Loi sur la protection des données personnelles traitées sur système informatique Loi sur les Credit Bureaus, B.E. 2545 Loi sur l’information Loi 17.838 sur la protection des données personnelles 1989, 2001 2002 1996 2005 2001 2000 2000 2002 2005 2000 1993 2002 2001, 2002 2000 1997 1998 1992, 2003 2005 2000 1998 2001 1998 1999 1990 1998 1992 1995 2002 1992 2004