CHOISIR ET S`ENGAGER C`EST AVANCER ET GRANDIR

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CHOISIR ET S`ENGAGER C`EST AVANCER ET GRANDIR
CHOISIR ET S’ENGAGER C’EST AVANCER ET GRANDIR
Les occasions de choix sont multiples aujourd’hui, des petits choix comme des
grands choix. Du choix d’acheter un CD, de sortir avec un copain au choix plus important
comme une option de langue, une série en Lycée, voire une orientation professionnelle. Il
y a aussi dans notre vie des vrais choix et des faux choix. Il m’arrive parfois d’entendre
des parents dire veux-tu sortir encore ce soir et perdre ton année ou rester travailler à la
maison et réussir ta vie. Face à cela, vous n’avez plus qu’à vous exclamer: mais si j’ai bien
compris, je n’ai pas de choix. Sauf de crâner ou de se révolter, on ne peut que choisir la
réussite de sa vie. Il n’y a pas, dans ce cas, de vrai choix. Enfin, il y a une différence entre
choisir un avenir à travers des choix d’orientation et choisir une personne ou un groupe
avec qui on partage ce que l’on vit, avec qui on construit une amitié, un amour.. La
question du choix pose ainsi trois questions: que choisir dans la multitude de possibles,
quelle liberté dans le choix et enfin la différence entre le choix d’un avenir et le choix
d’une personne. Au risque de vous décevoir, j’ai choisi de traiter ici que du premier point :
que choisir dans les innombrables possibilités qui nous sont offertes chaque jour.
Qu’est-ce qui rend difficile le choix?
La multiplication exponentielle des possibilités des choix est le premier facteur qui rend le
choix difficile. Les filières de formation après le Collège et le Lycée, tant professionnelles que
générales, n’arrêtent pas de se créer. Cela correspond certainement à des besoins industriels,
d’entreprises, de service de notre société qui n’arrête pas d’évoluer. Cela peut aussi provenir des
organismes de formation qui sont à la recherche d’élèves et donc de source de financement.
Qu’importe Le fait est qu’il y en a tellement que parfois on a l’impression de ne pas tous les
connaître. Même muni d’un moteur de recherche hyper performant, on n’est pas sûr de trouver
toutes les formations qui correspondent à ce que l’on cherche. Pire encore, on ne sait pas
comment l’une vaut par rapport à l’autre sans compter le fait qu’au bout de la lecture d’une
vingtaine de propositions sur les 3500 on commence à se lasser de les lire. Une multiplicité qui
ne simplifie pas le choix, c’est la première difficulté.
Mais il y a malheureusement d’autres difficultés. Deuxième difficulté: la peur de se tromper.
Qu’est-ce qui me dit qu’en choisissant tel portable j’ai vraiment ce qui correspond à mes besoins,
même si j’ai fait le tour de la chose, si j’ai posé toutes les questions possibles et imaginables?
Qu’est-ce qui me dit qu’en prenant telle orientation scolaire selon mes capacités, je ne vais pas
avoir du goût pour suivre d’autres études ?... Alors les commerciaux ont inventé un slogan qui
nous évite, nous pauvres consommateurs, à nous perdre dans les hésitations infinies de nos
choix: c’est le concept «sans engagement ». Prenez tel abonnement Internet, ce n’est pas cher
et en plus c’est sans engagement de votre part, puisque vous pouvez changer à tout moment.
Formidable, nous ne faisons que repousser le choix plus loin puisque nous pouvons faire
l’essayage. La peur de nous tromper nous fait repousser à l’infini le choix. Essayons aujourd’hui
et nous choisirons plus tard. Malheureusement, souvent essayer c’est adopter et nous avons
perdu notre capacité de choix.
Allons un peu plus loin. Nos hésitations prennent racine souvent dans la méconnaissance de soi.
Bien que nous soyons sortis de la «BOF génération» (génération de l’indifférence), nous ne
savons pas vraiment ce que nous désirons, ce pour quoi nous avons du goût, ce pour qui
nous sommes prêts à risquer notre vie en le choisissant. C’est la 3eme difficulté. A part
l’illusion de goût que le monde des médias et de la pub peut créer en nous, nous ne connaissons
pas notre goût personnel, celui qui révèle notre vraie identité. Certes, à votre âge, je ne savais
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pas non plus si j’aimais plus la chimie que les sciences de la vie et de la terre. Surtout je ne
savais pas si j’aimais les sciences de la vie et de la terre parce que j’avais un père médecin ou
parce que cela correspondait à une aspiration personnelle Pourtant je savais que je voulais faire
une série scientifique, quitte à devoir trimer beaucoup, parce que je n’étais pas particulièrement
doué en Maths. Connaître ses goûts, ce qui nous rend heureux, ce pour quoi on excelle.., font
partie des éléments qui facilitent le choix.
, Mais au plus profond de soi, il y a autre chose encore qui rend plus difficile le choix: 4eme
difficulté: la peur de renoncer. Choisir une chose c’est renoncer à toutes les autres choses. Et
cela nous n’aimons pas parce que nous voulons tout embrasser, tout prendre, tout choisir, tout
avoir... Or nous sommes limités et c’est à la fois notre malheur et notre grandeur aussi. Je me
rappelle, quand j ‘avais 30 ans, mon jeu favori c‘était de prendre la télécommande, quand il n y
avait plus personne devant la télé pour regarder plusieurs films à la fois. C ‘est vrai que j ‘ai la
capacité de combler les bouts manquants par mon imagination. Jusqu ‘au jour où on m ‘avait
demandé si j‘avais vu tel passage d’un film que j ‘étais sensé avoir vu. C ‘était le moment où
deux amants ... . sortaient d’un superbe mensonge qu ‘ils se faisaient 1‘un à l’autre. A ce
moment là j ‘étais sur l’autre chaîne entrain de regarder l’exécution d’un patriote. Grande fut ma
honte quand j’ai répondu oui alors que je ne l’ai pas vraiment vu, que j‘ai deviné de travers et
que j‘étais démasqué dans mon mensonge. Depuis ce jour-là, je me suis juré de ne plus zapper
mais de faire vraiment un choix et s ‘il était mauvais, j ‘irai lire un bon bouquin.
2. QU’EST-CE QUE CHOISIR?
a. Choisir c’est progresser.
J’ai un neveu qui est militaire de métier. Avant hier, je lui ai posé la question: qu’est ce que c’est
que choisir pour toi? Il m’a répondu : c’est se donner une chance de ne pas se faire tuer. Comprenez
que si vous ne prenez pas la décision de tirer ou de vous planquer, vous risquez de vous faire
dégommer. Mais mon neveu Jean-Pierre de rajouter: choisir c’est ce qui fait avancer, progresser,
aller de l’avant, sortir de l’indécision. En effet, quand on choisit un jeu, on va pouvoir faire le tour,
découvrir toutes les possibilités du jeu. Quand on choisit une orientation, on va pouvoir avancer sur
cette orientation, en ce concentrant sur celle-là et celle- là uniquement. Quand on a choisi un ami,
on va pouvoir approfondir la relation, partager de plus en plus, parler et écouter sur des choses de
plus en plus profondes. Choisir c’est investir toute son énergie dans une chose pour aller plus loin
plutôt que de s’éparpiller dans multitudes de choses.
b. Choisir c’est renoncer
Choisir c’est sortir d’une illusion que l’on peut tout faire, que l’on peut tout vivre, que l’on
peut tout avoir. Choisir c’est renoncer. D’abord renoncer à tout ce que l’on n’a pas choisi, aussi bon
soit-il. Il nous arrive parfois de nous donner l’impression de choisir quelque chose sans vraiment
accepter de renoncer au reste. Alors, par tout un jeu d’artifices, on va tout récupérer et en faire une
sorte de panaché qui nous donne l’impression de tout avoir. Ainsi choisir c’est aussi renoncer à ne
pas tout avoir, ne pas tout savoir, ne pas tout pouvoir. En général, on n’aime pas cela, soit en se
l’avouant ou pire encore, en l’ignorant complètement. Regardez bien les choix que vous avez faits et
scrutez l’évolution, vous verrez peut-être qu’au fil du temps, vous récupérez subrepticement l’un
après l’autre ce à quoi vous avez renoncé. Un exemple simple : vous décidez que ce soir vous allez
passer la soirée à travailler, à ranger votre chambre si vous avez encore du temps, sous l’effet d’une
bonne générosité. En faisant cela, vous renoncez à la télé où se déroule un match de foot très
moyen ou encore à une séance de jeu au XBOX Pourtant au bout d’une heure de travail, vous vous
dites, je vais prendre une minute de détente, boire un coca, et si j‘allumais la télé pour siroter mon
coca et je partirai quand la canette sera finie. Manque de pot, la canette ne finissait jamais parce
que vous êtes tombé sur un super programme, hyper intéressant... Et voilà comment on récupère
ce à quoi on a renoncé en toute bonne foi. (Je n ‘ose pas donner un exemple sur les cadeaux, même
si e ‘est très tentant). Choisir c ‘est renoncer.
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c. Choisir fait exister
Nous le savons tous que l’histoire de l’humanité telle qu’elle est aujourd’hui provient d’une
série de décisions et aussi parfois de non choix. Mais choisir c’est une façon d’inscrire concrètement
dans l’histoire son existence personnelle. Car le premier choix que vous avez fait un jour c’est le
choix d’exister. Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous souhaite de prendre vraiment ce chemin.
Cela peut paraître abstrait mais chaque fois que vous affirmez vos goûts et vos préférences, parfois
envers et contre tout, c’est déjà choisir d’exister. Chaque fois que vous acceptez de faire tel devoir
ou suivre telle activité, même à contre coeur, c’est déjà choisir d’exister. Oui vous avez bien
entendu, même à contre coeur. Si l’on a concédé à faire ou vivre quelque chose qui nous déplait à
priori, on l’a fait parce qu’une raison plus forte, une autorité plus grande s’impose quelque part en
nous. On peut le faire parce que l’on sait que c’est une des voies pour réussir plus tard, on le fait
parfois par amour des parents, ou à cause de leur autorité.
d. Choisir c’est faire confiance à un autre
Il nous arrive souvent, quand on a des difficultés pour choisir d’aller prendre conseil chez un
ami, une personne en qui on a confiance. Le dialogue avec lui éclaire parfois nos motivations et nous
donne de voir ce que nous cherchons. Ce dialogue nous sert souvent de recul, de prise de distance
car quand on a un choix à faire, on est souvent acculé à le faire, on est pris dans l’urgence de le
faire. Alors, aller parler à un autre permet de relativiser les choses, de donner un juste place aux
choses, de justes poids aux alternatives
Mais il nous arrive aussi de ne pas voir clair après un tel dialogue, car nous-mêmes parfois
nous ne sommes pas clairs avec nos désirs et nos motivations, parfois aussi parce que nous ne nous
connaissons pas si bien que cela. C’est à ce moment qu’intervient une relation de confiance, une
relation sur la durée où l’autre peut me dire en toute confiance mes goûts et mes aspirations sans
prendre le pas sur mon autonomie. C’est le cas, de manière encore plus radicale, de notre relation à
Dieu. Nous avons bien sûr un présupposé de départ: Dieu nous aime et nous veut du bien, notre
bonheur. A partir de ce présupposé, nous pouvons dire que Dieu connaît nos désirs et nos attentes,
parfois, même plus que nous même. De là, il peut nous les révéler et par ce fait pouvoir nous
éclairer sur nos choix en nous engageant dans un processus de choix qui nous fait grandir et entrer
dans le bonheur.
3. COMMENT CHOISIR?
Quelques pistes pratiques et concrètes pour choisir. En 5 points.
Quelques remarques préliminaires
Il est opportun déjà de savoir d’une part si c’est un petit choix (savoir quelle option on prend,
quel sport on pratique) ou un grand choix et d’autre part si on commence à s’intéresser à la
question du choix ou si on connaît déjà les rudiments et que l’on veut aller plus loin.
o Pour les tout petits choix (acheter un CD, sortir le soir, prendre du temps pour étudier), il
n’est pas nécessaire de prendre tous les points qui suivent. Il faut simplement s’arrêter un moment
pour se poser la question : est-ce que cela est raisonnable, est-ce qu’il va me faire grandir? et d’y
répondre de manière la plus honnête possible. Dans notre vie quotidienne, ce qui manque c’est
parfois tout juste un peu de recul.
o Ce chapitre est conçu en deux niveaux: le niveau débutant et le niveau approfondissement.
Si vous vous connaissez assez bien, que vous n’avez pas trop de mal à choisir et que vous désirez
aller plus loin en choisissant en fonction de votre foi, lisez aussi le niveau approfondissement. Sinon,
arrêtez-vous avant, en allant plus loin vous risquez d’être embrouillé.
• Pour les petits choix, le processus ne doit pas durer longtemps (une ou deux heures). Pour
les choix plus importants (choix d’orientation scolaire ou professionnelle, d’amis, de groupe auquel
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on appartient, d’état de vie...) il y a lieu de prendre du temps : une journée avec/sans pause entre
les étapes, voire plusieurs mois.
a. Bien poser la question
Pour pouvoir choisir comme il faut, il convient de bien poser la question. Si la question est floue, mal
définie, trop large, le choix risque d’échouer. Exemple: vous dites vais-je aller au cinéma? ou vais-je
acheter un jeu vidéo... La question est trop vaste et c’est parfois la meilleure manière pour ne pas
choisir. La bonne question serait : vais-je aller au cinéma ou rester à la maison pour travailler? Ou
vais-je acheter une game cube ou un vélo?
Donc pour bien poser la question, il faut que les alternatives soient claires et concrètes. Plus
elles sont clairement posées plus le choix sera facile.
Niveau 2 : Poser la question c’est préciser son désir, ne serait-ce que le désir de choisir. Avec
le regard de foi, poser la question vient aussi avec le désir de prendre la décision avec Dieu, voire
même de la prendre en fonction de Dieu, ou de faire sa volonté, car la sienne ne peut que vouloir le
bonheur pour moi. Avec la foi, poser la question, c’est aussi offrir à Dieu le processus, en lui
demandant de l’aide pour choisir ce qui fait grandir, ce qui profite à d’autres, ce qui construit l’Eglise
et la société.
b. Relire
Relire est la deuxième étape. Pourquoi relire et quoi relire ?
Pourquoi? Relire permet de voir, avec du recul, comment on est, comment on se comporte
face aux situations et aux êtres,... bref qui on est. Relire c’est pour mieux se connaître, pour
détecter les constantes du genre les mêmes causes produisent les mêmes effets. Mais cela n’est pas
mécanique, sinon, il suffirait de relire une fois pour toutes et on entrerait tout cela dans une fiche.
L’être humain évolue quel que soit l’âge. Une chose que l’on déteste un moment peut devenir une
passion à un autre moment de notre vie. Exemple.• dans mon enfance, je ne supportais pas les «
patates ». Aujourd’hui j ‘en raffole. Hier j ‘avais peur des pauvres, aujourd’hui je porte un regard
amical sur eux parce qu ‘eux aussi sont des trésors aux yeux de Dieu.
Niveau 2,: Relire permet aussi de découvrir les traces de la présence de Dieu dans notre vie.
C’est écrire une histoire sainte, tel que les auteurs de la Bible l’ont fait : histoire qui se tisse au fil du
temps entre moi et Dieu, entre Dieu et son peuple: ceux qui sont autour de moi. Il arrive que l’on
perçoive la présence de Dieu à un moment de notre quotidien, à travers ce sentiment de grande
communion ou de profonde paix. Mais ce mode de révélation de Dieu est souvent rare. Le mode
habituel est que l’on vit telle paix ou tel dynamisme sans nous rendre compte. C’est seulement en le
relisant que l’on perçoit, car Dieu est l’insaisissable sur le moment... on peut difficilement dire Dieu
est ici ou là, mais plutôt Il était ici ou là.. D’ailleurs, l’histoire sainte décrite dans la Bible n’est
qu’une grande histoire de relecture.
Quoi relire?
Il s’agit d’abord de repasser les événements, les moments importants de notre existence, soit
sur un laps de temps donné (un jour, une semaine, un mois) soit dans un domaine donné (la vie
familiale, sentimentale, amicale, d’études, de travail...). On repèrera ensuite les réactions que l’on a
eues face à ces événements, ces moments, ces conversations. . . On prendra alors des notes en
identifiant ce qui nous plait et ce qui nous déplait, ce que l’on aime et ce que l’on déteste. Au fil des
notes, on constatera alors des constantes dans notre façon de réagir aux situations et aux choses.
Niveau 2: Au-delà du repérage des réactions personnelles, on cherchera aussi à repérer ce
qui nous habitait face à tels moments, événements, personnes : quels sentiments profonds (paix,
joie, dynamisme ou tristesse, abattement, dégoût..). On portera alors un regard de foi en
demandant à Dieu de nous éclairer et de nous montrer ce qui vient de Lui.., si cela nous a consolé,
on peut déjà lui en remercier.
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c. Discerner
Relire pour discerner : telle est la 3eme étape. Discerner c’est un mot de plus en plus utilisé et qui
veut dire distinguer, séparer par le tri. Discerner entre le blanc et le noir c’est facile puisque ce sont
deux «couleurs» opposées. Mais discerner entre le rouge framboise, le rouge fushia ou le rouge
bordeaux est déjà plus complexe. Et pourtant les yeux bien exercés le font sans hésitation.
Dans le MEJ, ce que nous cherchons à discerner, à distinguer d’une part nos goûts et nos
désirs, et d’autre part nos envies du moment, nos besoins plus ou moins artificiels, voire superflus.
Ces envies, ces besoins.., souvent nous ont été inculqués par notre société, par la pub notamment.
Nous courons après des images que la société nous fait miroiter comme images de jeunes, de
branchés... Il serait intéressant de vous amuser à décliner les termes suivants, avec des mots, des
expressions qui sortiraient spontanément de votre tête:
Si je vous dis
pour s’habiller jeune, il faut avoir...
pour être jeune dans le vent, il faut avoir tel jeu électronique..
pour être un crack en informatique il faut connaître...
Amusez-vous après à repérer où avez-vous vu tel habillement, tel jeu... et pourquoi avez-vous
trouvé cela bien, au top...
Posez-vous après la question : est-ce que j’ai besoin de tout cela pour être heureux ou
autrement dit, vais-je mourir si je ne les ai pas ? Est-ce que mon bonheur dépend du regard des
autres, entièrement? Certes, nous sommes dépendants du regard des autres et nous avons l’illusion
que ce regard nous juge à travers nos apparences. Mais nous avons à chercher à exister par nousmêmes, à affirmer nos vrais goûts (sans référence complète aux autres, ni en suivant leurs goûts, ni
en étant en opposition avec les leurs) et nos vrais désirs.
Un exemple :. Parfois, après une engueulade avec les parents, on a l’impression qu‘ils nous
empêchent de vivre. La relecture permet de nous rendre compte si effectivement notre vie familiale
n ‘est faite que d’engueulades avec les parents ou s’il y a des moments où on vit de choses intenses
avec eux qui sont de l’ordre du bonheur. Le discernement nous donne de voir si au fond il y a
vraiment une relation d’amour entre les parents et nous ou pas.
Discerner c ‘est aussi faire la différence entre ce qui est superficiel en soi et ce qui est au plus
profond, ce qui constitue notre personnalité.
Niveau 2: Relire peut nous faire prendre conscience aussi qu’un autre nous accompagne sur
la route, qu’il est là présent, dans nos moments de joie ou dans nos moments difficiles, dans nos
moments de solitude ou dans des rassemblements. Vous avez compris, l’autre c’est Dieu. Je le
perçois parce que quand il est présent je suis en paix, heureux, dynamisé... Les difficultés que je
traverse deviennent moins lourdes, moins inextricables, moins fatales. Discerner c’est exercer son
regard de foi pour départager ce qui vient de Dieu et ce qui vient de l’esprit mauvais dans tous les
sentiments qui m’habitent face à chaque situation, chaque être, chaque chose... Ce qui ne vient pas
de Dieu, c’est ce qui m’attriste, m’ennuie, me dégoûte, me freine... Il faut donc faire un tri dans mes
sentiments profonds avec l’aide de Dieu, notamment les sentiments face à l’une et à l’autre
alternative de la question que je me pose.
d. Choisir
Face à la question posée, en fonction de ce qui me fait grandir, ce qui me rend heureux, je
peux faire mon choix. Je peux aussi chercher à en parler avec quelqu’un avant pour avoir un autre
avis, mais éviter de le faire si je me sens influençable. Si un climat de paix, de joie (différente de
l’euphorie), de dynamisme est là, parfois le choix s’impose naturellement à moi. Laisse-toi guider
par ton coeur. Mais si je ne suis pas complètement tranquille, il y a lieu d’y réfléchir car je ne suis
peut-être pas encore prêt. Il faut alors reprendre les deux solutions et essayer de peser chacune
d’abord avec notre coeur. Si je penche d’un côté ou de l’autre, de manière évidente et paisible, alors
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le choix m’est donné. Sinon, je peux aussi peser avec ma raison pour choisir la solution la plus
raisonnable. Si je suis toujours dans le trouble, si c’est un choix important, il faut alors chercher
quelqu’un en qui j’ai confiance pour lui en parler. Cela peut éclaircir la situation car je suis obligé de
passer par la parole et ça précise pas mal.
Il y a aussi des urgences qui nous empêchent de repousser le choix, alors on prend
l’alternative qui fait plus de bien à soi et aux autres, ou qui fait le moins de mal.
Niveau 2 : On peut aussi, et c’est souhaitable pour tout chrétien, recevoir le choix de Dieu
avec cette conviction que la volonté de Dieu est la meilleure et qu’elle ne veut que mon bonheur et
celui des autres. Pour accueillir le choix de Dieu, il faut commencer par choisir Dieu. Prendre le
temps de prier avec mes deux solutions en lui demandant la grâce de m’en détacher, de ne pas
vouloir plus celle-ci que celle-là et de choisir seulement celle qui Lui convient. Si je suis dans la paix
et qu’une des deux solutions s’impose alors je l’accueille. Sinon, si je ne suis pas dans la paix, je
suis encore attaché plus à une solution qu’à l’autre. Dans ce cas, il faut prier en demandant la grâce
de voir pourquoi j’en suis attaché et celle de m’en détacher. Quand je vois clair, quand je me suis
écarté de l’attachement, alors la paix sera le signe de ce détachement et la prière me donnera
d’accueillir le choix de Dieu. En tous les cas, ces indications ne sont pas une recette à appliquer mais
un chemin à vivre, avec un autre, un accompagnateur, quand il s’agit de choix importants.
Mais choisir n’est pas la dernière étape de la décision. Il faut aussi le mettre en oeuvre.
e. Réaliser, s’engager, confirmer le choix
Réaliser un choix c’est s’engager dans l’action, avec toute l’énergie que l’on a, avec ce désir
de réussir, cette espérance que Dieu ne nous laisse pas tomber mais sera avec nous. C’est dans
l’action que l’on vérifie si la décision est bonne ou non, à la mesure même de notre paix, notre joie,
notre foi aussi.
Niveau 2: la réalisation du choix par l’engagement s’enracine dans le mystère de
l’Incarnation. S’engager dans un choix, c’est donner de la chair; de l’existence à la collaboration
entre l’homme et Dieu ; c’est rendre concret le choix de Dieu. Il arrive que nous ne soyons pas
tranquille dans cette phase, beaucoup de contrariétés, d’opposition de la part des autres, de
difficultés qui surgissent. Il ne faut pas tomber dans le piège d’en être perturbé intérieurement.
Nous ne pouvons suivre le chemin de Dieu sans que son Ennemi ne nous perturbe. Prenons alors le
temps de prier pour demander la grâce de la confirmation de notre choix. Si la paix intérieure est là,
cela n’enlèvera les difficultés, c’est que Dieu nous confirme dans notre choix. Sinon, il y a lieu d’en
parler avec son accompagnateur.
Conclusion
Et après? Il ne faut pas oublier de relire les fruits de la décision et de l’action. Existent-ils,
sont-ils conformes à ce que j’attends ? Est-ce qu’ils me rendent heureux, me font grandir
et est-ce qu’ils servent aux autres. Reconnaître les fruits nous invite à rendre grâce à Dieu
pour le choix qu’Il m’a donné de faire, pour son compagnonnage sur ce chemin de
réalisation. La reconnaissance des dons de Dieu fait aussi grandir ma relation à Lui.
Niveau 2. Nos choix ne sont ni infaillibles, ni immuables, ni forcément bien ou justes. Il
existe toujours une marge d’erreur. Il est sage de reconnaître parfois que l’on s’est
trompé au lieu de sacraliser notre choix. Il arrive que nous découvrions qu’au moment des
choix nous n’avons pas été complètement libres. Alors cela dépendra si c’est un choix
d’état de vie ou pas. Si c’est le premier cas, il convient de voir avec Dieu comment je peux
assumer ce manque de liberté et comment la nouvelle liberté acquise peut s’engager et
féconder mon choix avec sa Grâce. En tout état de cause, la parole (et la Parole aussi) doit
être au centre quels que soient le choix à nouveaux frais et le chemin que l’on prendra.
François Xavier LE VAN s.j. Le 29 Janvier 2005
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