Un manuscrit qui a traversé océans, mers et montagnes

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Un manuscrit qui a traversé océans, mers et montagnes
Les Libanais dans le monde
lundi 20 avril 2015
Un manuscrit qui a traversé
océans, mers et montagnes
De la Nouvelle-Zélande au Brésil en passant par le
Liban : « Au milieu de la famine » a fait le tour du
monde.
Roberto KHATLAB
Vient de paraitre le livre In the
Midst of Starvation (Au milieu
de la famine), aux éditions
Dar Saer Mashrek. Ce livre
reprend le journal intime manuscrit en langue anglaise tel
que rapporté sur des cahiers
scolaires, des papiers d’emballages et des feuilles dispersées.
Il a commencé à être écrit en
1906 par l’Anglaise Miriam
Pease (Oxford 1862-Liban
1918), en Nouvelle-Zélande,
où elle était mariée au Libanais Elias Bo Sauder.
En 1909, le couple, Elias
et Miriam, avec cinq enfants,
quitte la Nouvelle-Zélande
pour le Liban. Ils résident
à Choueir puis à Broummana, alors que le Liban vit
une catastrophe, la Première
Guerre mondiale, entraînant
la famine et la peste. En dépit
de cette situation, Miriam
continue d’écrire son journal,
décrivant jour après jour cette
période terrifiante qu’elle a vécue avec sa famille et ses amis
dans la montagne libanaise.
Puis le journal manuscrit de
Miriam Bo Saude, après son
décès, continue de traverser les
océans, les mers et les montagnes, pour arriver jusqu’au
Brésil avec son fils Alberto,
gardien de la mémoire de sa
mère. Seuls lui, ses frères et ses
sœurs connaissent la teneur du
manuscrit, gardé secret. Toute
la famille évite de parler de ces
pages qui en disent long sur
les souffrances de Miriam et
ses proches durant cette période de famine, de maladies
et de pauvreté...
In the Midst of Starvation
(Au milieu de la famine), c’est
l’histoire réelle de Miriam et
du peuple libanais, vue par une
femme anglaise vivant au Liban avec sa famille libanaise.
C’est une véritable héroïne
jusque-là anonyme, comme
tant d’autres qui ont survécu et
ont aidé des centaines de personnes dans les moments les
plus tristes de l’histoire du Liban et de l’humanité qui, malheureusement, se poursuivent
de nos jours dans certaines
régions du monde. Mais il n’y
a pas que la souffrance dans le
texte de Miriam, il y a aussi
un témoignage de confiance,
d’espérance « empêchant de
baisser les bras devant les difficultés de la vie, et cela avec
l’aide du Plus Haut, Dieu ».
Miriam garde la foi et ses
enfants survivent, se marient
et émigrent.
Ce journal a pu être publié
aujourd’hui grâce à la petite-
fille de Miriam, Wilma Ary
(Kary) (voir notre édition du
1er juillet 2013), née au Brésil, journaliste et écrivain, qui
s’intéresse à la recherche de
ses origines et à la conservation de l’histoire orale et écrite
de ses ancêtres. Chaque page
est un témoignage de foi, de la
pratique religieuse chrétienne
de sa grand-mère Miriam,
apprise dans son église de
Quaker et qui, au Liban, a
rencontré sa communauté à
Broummana. Wilma a senti
que cette histoire devait être
connue par toute sa famille
ainsi que par d’autres personnes. Ainsi, elle a décidé de
publier le texte intégral, traduit en langue portugaise, en
2008 au Brésil (Editora Sol,
São Paulo).
En 2012, Wilma visite pour
la première fois le Liban, un
« pèlerinage », comme elle le
dénomme, dans la terre de ses
ancêtres, où sa grand-mère
anglaise a vécu une partie de
sa vie. C’est durant ce voyage
qu’elle nous a fait part de son
livre qui, dans sa nouvelle
version authentique publiée
par Dar Saer Mashrek, avec
une préface de Dr Khalil Abi
Habib,a été lancé au Festival
du livre d’Antélias en mars
dernier.
Les communautés
libanaise et arabe du
Brésil s’activent
5
Les organisateurs du symposium qui s’est tenu au Club Monte-Libano de Rio le 26 mars avec, de
gauche à droite, Eduardo Assemany, Naji Farah, le consul Ziad Itani et Nelson Mufarrej.
Photo de couverture du livre documentaire de Miriam Bo Sauder.
Portraits de Libanais dans le monde
Les Libanais dans le monde ne se rencontrent pas uniquement dans les clubs, les lieux
de cultes et les amicales pour le Liban, qui ne sont fréquentés que par un pourcentage
minime de descendants de Libanais estimés à 15 millions de personnes. On les trouve
aussi dans les lieux mondains et autres de la vie quotidienne. En voici quelques portraits.
Le pays vers lequel les Libanais ont le plus émigré durant
les 150 dernières années est
sans nul doute le Brésil. De
nouveaux mouvements sont
en train d’y être créés afin
de raviver la mémoire de
dizaines, voire de centaines
de milliers de descendants de
Libanais, susceptibles de participer à des actions en faveur
du pays du Cèdre.
La fête de la communauté
arabe a ainsi réuni le 25 mars
au Centro Sirio de São Paulo
plus de mille personnes, officiels, hommes d’affaires et
autres, représentant en particulier le Liban, la Palestine, la Syrie et l’Égypte. La
soirée comprenait plusieurs
animations culturelles, après
les nombreux discours engagés, dont un concours de
courts métrages réalisés par
des jeunes descendants de
pays arabes.
Un symposium au Club
Monte-Libano de Rio de
Janeiro
Rio de Janeiro, certifiée
comme l’un des plus belles
villes du monde, va accueillir
en 2016 les Jeux olympiques
d’été. C’était la porte d’entrée
au Brésil d’un nombre incalculable d’émigrés, alors qu’elle
était encore la capitale du
pays. À ce titre, elle possède
un Club Monte-Libano trônant près de la « lagoa », qui a
cependant perdu de son prestige lors des dernières décennies.
Son président, Eduardo Assemany, œuvre inlassablement
pour sa réhabilitation, favorisant les actions culturelles.
Le 26 mars, un symposium
coorganisé avec le consulat du
Liban à Rio, le nouvel Insti-
tuto de cultura Brasil-Libano,
l’association RJLiban et la Fédération des associations libano-brésiliennes de Rio a réuni
deux cents Libanais d’origine
et amis du Liban venus assister
à trois événements simultanés :
l’inauguration de l’exposition
de photographies sur le patrimoine libanais de Naji Farah,
suivie de la projection du film
Et maintenant on va où ? de
Nadine Labaki, traduit en portugais, puis d’un colloque sur
les « chemins pouvant mener
les jeunes au Liban ».
À l’issue de la soirée, un
tirage au sort a été réalisé par
Katia Shallita, vice-présidente
de l’Instituto de cultura, au
cours duquel cinq Brésiliens
d’origine libanaise ont reçu
une invitation gratuite pour le
voyage RJLiban de retour aux
sources qui se déroulera en
juillet au Liban.
Les premiers heureux gagnants libano-brésiliens du voyage RJLiban 2015 à l’annonce des résultats.
Al Nader Gonzalez au Hooka Lounge à Mexico City.
Naji FARAH
Al Nader Gonzalez de
Zahlé à Mexico City
Lors d’un voyage en Amérique latine au mois de mars
dernier, notre ami Mauricio
nous invite au Hooka Lounge
à Mexico City, restaurant servant de la cuisine mixte libano-mexicaine qui programme
le dimanche soir une soirée
orientale. Un jeune homme
typé nous aborde avec un
sourire rempli d’émotions,
répétant à plusieurs reprises en
arabe : « Je suis de Zahlé. » Il
se présente : Al Nader Gonzalez, qui possède un laboratoire
d’analyses médicales à Mexico. Fumant le narguilé, il nous
fait faire la connaissance d’un
groupe de jeunes et beaux Vénézuéliens d’origine libanaise
possédant des restaurants dans
la capitale mexicaine. Ensuite,
il nous parle de son projet de
venir au Liban, qu’il n’a pas
encore visité, pour y implanter
une branche de sa société.
Adela Tabet de Tyr
à São Paulo
Adela Tabet vient de fêter
ses 99 ans à São Paulo où elle
est née. Entourée de tous ses
enfants et petits-enfants, elle
se met à parler en arabe et
en français, que ses parents
originaires de Tyr lui ont
inculqués. Elle raconte ainsi
ses souvenirs, à notre grande
joie et à celle de sa famille
Elle avait rencontré au Brésil
son mari Jean Farah, dont le
père Ferdinand avait lui aussi
quitté Tyr pour séjourner
quelques années à Paris. De là,
après avoir épousé une Française, il avait poursuivi son
périple pour Bélem puis São
Paulo. Adela, qui garde toute
sa santé et sa joie de vivre, est
fière de ses deux grands garçons, Ferdinand et Flavio, qui
vont venir prochainement à sa
Adela Tabet portant fièrement ses 99 ans à São Paulo.
demande au Liban, son pays
d’origine qu’elle n’a jamais
connu.
Yvan Chikhani de Tripoli
à Valencia
Un grand voyage de groupe
organisé par père Antoine
Nasr de la paroisse SaintSauveur à Beyrouth nous a
menés la semaine dernière à
Lourdes et en Espagne, brillant sous le soleil en ce début
de printemps. À la recherche
d’un bon restaurant dans les
ruelles du vieux quartier de
Valencia, des autochtones
nous indiquent une place ré-
Un voyage pour le 30e anniversaire
de l’association RJLiban
putée comme étant une école
de la paella. Le jeune serveur
nous aborde avec quelques
mots en arabe : « Je m’appelle
Ivan Chikhani, j’ai vécu mon
enfance en Arabie saoudite
où mon père, originaire de
Tripoli, travaillait. Maintenant, mes parents sont installés en Andalousie, et moi je
suis un apprenti cuisinier ici
même. » Nous lui racontons
nos projets pour la jeunesse
d’origine libanaise appelée à
visiter le Liban, et il en sort
tout enchanté en promettant
de s’inscrire pour le prochain
voyage.
Cristina Campos est commerçante à Grecia,
au Costa Rica, sa grand-mère paternelle est
originaire de Qaraoun (famille Chauchar), elle
est mariée à Adrián Vásquez dont elle a un petit
Adrián.
Les inscriptions au voyage
RJLiban 2015 pour le retour
aux sources ont commencé et
déjà plus de 150 jeunes de 20
pays différents ont présenté
leur candidature. Certains
d’entre eux seront entièrement pris en charge durant le
séjour de 22 jours au Liban,
ce nombre allant croissant en
fonction des parrainages. Le
voyage aura lieu du 9 au 30
juillet. Il est ouvert à tous les
Yvan Chikhani, un apprenti cuisinier dans un restaurant de
Valencia.
Photo de groupe devant le palais royal à Madrid.
Zena Ayoub est une Colombienne originaire de
Hadeth el-Jebbé (familles Ayoub et Menhem),
elle vit à Bogota où elle travaille dans la
politique et s’intéresse à la culture.
descendants de Libanais et
même aux amis du Liban.
Les objectifs sont multiples :
– Faire mieux connaître le
Liban à travers le monde.
– Raviver les villages libanais grâce au retour de leurs
fils.
– Faciliter les demandes
d’obtention de la nationalité
libanaise.
– Organiser la jeunesse liba-
naise dans tous les continents.
Ces jeunes Libanais du
monde entier se retrouveront
sur leur terre d’origine, fêtant
avec les nombreux adhérents
les 30 ans de succès continu
du Rassemblement de la jeunesse libanaise – RJLiban,
dont l’idée avait germé à Paris
en avril 1985.
(Les inscriptions sont ouvertes sur www.rjliban.com).
Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban.
E-mail : [email protected] – www.rjliban.com