opérette d`Henri Christiné livret Albert Willemetz et Fabien Sollar
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opérette d`Henri Christiné livret Albert Willemetz et Fabien Sollar
phı phı malte martin atelier graphique | assisté par adeline goyet | impression Moutot | licence n° 19125 opérette d’Henri Christiné livret Albert Willemetz et Fabien Sollar direction musicale Christophe Grapperon mise en scène Johanny Bert Compagnie Les Brigands 16 déc 2o1o › 9 janv 2o11 ATH_1011_3volbible_phiphi_05.indd 3 9/12/10 11:26:59 phi-phi Tout succès est une anomalie. Né du hasard ou du malentendu, il comporte toujours une part de mystère qu’on s’acharne à élucider, comme si la seule qualité d’une œuvre ne suffisait à l’expliquer. Faute de saisir le “pourquoi”, on examine donc le “comment”, et on a beau savoir qu’il n’y a pas de recette, on ne cesse de faire l’inventaire des ingrédients. Chaque succès possède ainsi sa légende, faite d’accidents, de co ncidences, d’heureuses rencontres. Triomphe surprise à sa création en 1918, joué à 40 000 reprises, traduit en douze langues, Phi-Phi n’échappe pas à la règle. On n’ignore aucun détail rocambolesque de sa genèse, que son heureux auteur, Albert Willemetz, a bien voulu raconter à l’envi. La beauté sera comestible ou ne sera pas. Salvador Dali Soit : comment cette “petite chose” d’inspiration néo-grecque fut d’abord imaginée pour boucher un trou dans la programmation du non moins petit Théâtre de l’Abri, une cave de la rue Montmartre appartenant à Gustave Quinson, le directeur des Bouffes Parisiens. Comment Willemetz trouva l’inspiration des personnages de Phidias et d’Aspasie en feuilletant un soir le dictionnaire Larousse. Comment Quinson, à la lecture du premier manuscrit, décréta : “C’est charmant, mais vous devriez y mettre un peu de musique et y ajouter, peut-être, quelques couplets.” Pour la musique, Willemetz fait appel à Henri Christiné qui lui répond avec enthousiasme : “Je sais, sans orgueil aucun, que j’ai des motifs qui seront vite populaires. On les retiendra, on les fredonnera, et je crois que c’est encore la meilleure formule des succès d’opérette.” Le compositeur termine sa partition en quinze jours, on répète dans la cave, avec une distribution composée de “charmants inconnus”. Sept directeurs de théâtres parisiens se cotisent pour financer l’affaire, et, faute de pouvoir payer la note du costumier, on décide de lui accorder deux pour cent de la recette brute… Arrangement qui va bientôt se révéler plus que juteux. ATH_1011_3volbible_phiphi_05.indd 4 9/12/10 11:26:59 Mais sa gloire, Phi-Phi la doit aussi à un échec : peu convaincu par le spectacle qu’il doit donner aux Bouffes Parisiens, Quinson offre à Willemetz d’y transporter le “petit truc”, transformé pour l’occasion en grosse machine. “Je vous collerai douze musiciens dans la fosse… avec une trompette et une grosse caisse. Au lieu de quatre petits modèles, nous en mettrons huit, un peu plus grands. Croyez-moi, ça fera la blague. Allez, zou ! Mettez-vous au travail : nous passons dans deux semaines !” Deux semaines plus tard, c’est le 11 novembre 1918. La création de Phi-Phi, reportée au lendemain “pour cause de victoire”, éclate comme une bulle de champagne dans l’effervescence générale… Voilà pour le “comment”, mais quid du “pourquoi” ? Faute de certitudes, on peut tout de même avancer quelques éléments de spéculation. On notera tout d’abord que Phi-Phi, œuvre somme toute ingénue, arrive en temps utile, portée par l’alliage étonnant d’une légèreté réfléchie et d’une gravité qui s’ignore. Willemetz, qui vient d’abandonner le pseudonyme-verlan de “Metzvill” (adopté pour ne pas embarrasser sa respectable famille), signe qu’il prend désormais au sérieux son métier fantaisiste. Avec Phi-Phi, il affirme, plus qu’une volonté, une ambition de légèreté, qui épouse et souligne les contours d’une période où l’insouciance est devenue vitale. Un projet qui trouvera son hymne trois ans plus tard avec un autre succès étourdissant, “Dans la vie faut pas s’en faire”, chanson servie par la gouaille de Maurice Chevalier dans la comédie musicale Dédé, nouvelle collaboration du tandem Willemetz-Christiné. Certes, on est bien loin des sulfureux attentats dada stes qui se fomentent déjà en Suisse, pourtant il serait dommage de ne voir dans Phi-Phi qu’une gentille pochade inoffensive. Car si l’humeur est résolument joyeuse, on y perçoit aussi une obscurité sous-jacente, sans doute très loin des intentions de son auteur. Secrétaire particulier de Clemenceau, Willemetz a tenu la chronique quotidienne des tranchées et des carnages ; s’échappant de son époque, il ne peut s’empêcher d’apporter une part de la France en guerre dans son Athènes ensoleillée. Tout d’abord avec le sort fait aux femmes, celles-là qui ont contribué massivement à l’effort de guerre et qu’on voit dans Phi-Phi prendre en main leurs destinées. Harpies ou arpettes, matrones ou modèles, elles gouvernent finalement les hommes… sans doute pour la plus grande joie des spectatrices de 1918. Le livret distille également un commentaire assez sage sur les petits et grands arrangements conjugaux, ceux-là mêmes qui n’ont pas manqué de se produire pendant quatre années où des maris étaient au loin, où épouses et jeunes filles étaient livrées à elles-mêmes, et où se formaient des unions d’intérêt ou de fortune. Pas grave, tout cela, affirme Willemetz, on finit bien par s’arranger – voilà qui est agréable à entendre ! Autre baume, autre consolation prodiguée par Phi-Phi : la beauté y est bien relative. On ne cesse de la célébrer, de la convoiter, de la poursuivre, mais, ATH_1011_3volbible_phiphi_05.indd 5 9/12/10 11:26:59 au final, elle n’est qu’affaire de regard. Même la plus célèbre des Vénus est manchote, elle est aussi cassée que les gueules qu’on voit désormais dans les rues de Paris et de la France entière. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Rien n’est sérieux. Pas même la beauté. texte Lola Gruber Toutes les citations d’Albert Willemetz sont issues du Catalogue raisonné de l’œuvre d’Albert Willemetz, établi par Jacqueline Willemetz, éd. Salabert 2004 – ouvrage qui a grandement aidé à la rédaction de ce texte. opérette d’Henri Christiné livret Albert Willemetz et Fabien Sollar direction musicale Christophe Grapperon mise en scène Johanny Bert Compagnie Les Brigands 16 déc 2o1o › 9 janv 2o11 assistant à la mise en scène Thomas Gornet orchestration Thibault Perrine | scénographie Audrey Vuong | chorégraphie Jean-Marc Hoolbecq | costumes Élisabeth de Sauverzac | lumières Jean-François Breut marionnettes Einat Landais | chef de chant Nicolas Ducloux opérette en trois actes d’Henri Christiné, représentée pour la première fois le 12 novembre 1918 au théâtre des Bouffes Parisiens à Paris | version pour 5 solistes, un chœur de 9 femmes et 10 musiciens coproduction : La Coursive - Scène nationale La Rochelle, Le Théâtre du Beauvaisis, Le Théâtre musical de Besançon | avec le soutien de la DRAC le-de-France, de la SPEDIDAM, de l’Adami et de la Fondation Orange | coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet | avec l’aimable autorisation des Éditions Salabert / Universal music La compagnie remercie la ville de Pantin, résidence de création 2010. Dans l'enregistrement vocal diffusé au début de la représentation, Alice Cocéa, créatrice du rôle d'Aspasie en 1918 aux Bouffes Parisiens, raconte ses souvenirs de la création de Phi-Phi (enregistrement radiophonique, date inconnue). ATH_1011_3volbible_phiphi_05.indd 6 avec les chanteurs Gilles Bugeaud Phidias, dit Phi-Phi Emmanuelle Goizé Madame Phidias Christophe Grapperon Périclès Olivier Hernandez Ardimédon Lara Neumann Aspasie Antoine Sastre Le Pirée Florence Andrieu, Nadine Béchade, Marie Blondel, Alexandra Courquet, Nathalie Davoine, Laetitia Le Mesle, Isabelle Monier-Esquis, Laure Pierredon, Marion Sicre Les Modèles et les musiciens Pablo Schatzman, Benjamin Fabre violon Annabelle Brey, Jérôme Huille, Marlène Rivière violoncelle Nicolas Crosse, Benjamin Thabuy contrebasse Nicolas Ducloux piano Boris Grelier, Claire Luquiens flûte François Miquel, Christian Laborie, Julien Chabod clarinette Émilie Heurtevent saxophone André Feydy, Vincent Mitterrand, Rodolphe Puechbroussous trompette Frédéric Lucchi trombone 9/12/10 11:26:59 il n’y a pas besoin de mettre depoints sur les i grecs ATH_1011_3volbible_phiphi_05.indd 1 9/12/10 11:26:58 autourduspectacle cinéma soirée opérette avec la projection de Il est charmant de Louis Mercanton (1931, N&B), une délicieuse comédie musicale avec Henri Garat et Meg Lemonnier sur un scénario d’Albert Willemetz I lever de rideau en chansons avec la Compagnie Les Brigands I en partenariat avec le cinéma Le Balzac 1 rue Balzac I 75oo8 Paris I tarif exceptionnel spectateurs Athénée 5 1 dimanche 19 déc 2o1o › 2o h 3o d’abord Avant la représentation, Philippe Cathé, musicologue et ma tre de conférences à l’université Paris-Sorbonne, vient nous éclairer sur l’opérette. foyer-bar de l’Athénée | entrée libre mercredi 5 janv 2o11 18 h 3o › 19 h rencontre à la BnF “le renouveau de l’opérette en France” conférence en musique animée par Beno t Duteurtre avec Philippe Cathé, Christophe Grapperon (directeur musical de Phi-Phi) et Nicolas Ducloux (pianiste de Phi-Phi) Bibliothèque nationale de France - Auditorium Colbert - 2 rue Vivienne 75002 Paris | entrée libre vendredi 7 janv 2o11 12 h 3o › 14 h prochainement blog de l’Athénée venez tous les jours au théâtre blog.atheneetheatre.com Square de l’Opéra Louis-Jouvet 7 rue Boudreau 75009 Paris Mº Opéra, Havre-Caumartin, RER A Auber [email protected] | réservations 01 53 05 19 19 | athenee-theatre.com L’Eden-bar de l’Athénée, situé au premier étage, vous propose des boissons et une restauration légère une heure avant et après chaque représentation. Le personnel d’accueil est habillé par les créations un été en automne ATH_1011_3volbible_phiphi_05.indd 2 malte martin atelier graphique | assisté par adeline goyet | impression Moutot | licence n° 19125 le journal d’un disparu livret et musique Leoš Janáček d’après des poèmes populaires direction musicale et mise en scène Christophe Crapez 13 › 16 janv 2o11 9/12/10 11:26:59