MEZOUAR AU CLUB DE L`ECONOMISTE «LE MAROC NOYE

Transcription

MEZOUAR AU CLUB DE L`ECONOMISTE «LE MAROC NOYE
MEZOUAR AU CLUB DE L’ECONOMISTE
«LE MAROC NOYE DANS UNE CRISE DE CONFIANCE»
L’ATTENTISME IMPACTE NEGATIVEMENT LES FLUX D’INVESTISSEMENTS
LE MANQUE DE VISIBILITE LIE A L’ABSENCE D’UNE STRATEGIE CLAIRE
LE GOUVERNEMENT ADOPTE UNE STRATEGIE DE FUITE EN AVANT
Si Salaheddine Mezouar a prédit «l’échec de ce gouvernement», il a néanmoins concédé que «son mode de communication témoigne d’une
intelligence politique»
Principal parti de l’opposition, le RNI s’est montré remuant au sein du Parlement, en interpellant le
gouvernement sur une série de dossiers. Aujourd’hui, son président Salaheddine Mezouar, invité du Club de
L’Economiste, vendredi dernier, ne mâche pas ses mots en s’attaquant à l’équipe de Abdelilah Benkirane. Selon
lui, «il s’agit d’un gouvernement qui navigue à vue, dépourvu d’une stratégie claire, dans la mesure où il ne
dispose pas d’un réel programme puisqu’il n’avait présenté que des déclarations d’intention». Ce qui se traduit par
un attentisme ressenti au niveau de la baisse de la cadence des investissements. Ce qui constitue une véritable
menace pour le processus de développement du Maroc. Pour Mezouar, «le Maroc ne fait pas face à des problèmes
économiques, mais plutôt à une crise de confiance, générée par l’absence de visibilité». D’autant plus que «le pays
s’était inscrit dans une tendance de croissance positive, même en pleine crise internationale. Or, ce processus a été
rompu avec l’arrivée du gouvernement conduit par le PJD». Le président du RNI a reconnu que la pression
exercée sur l’équipe de Benkirane n’était pas suffisante, durant les premiers mois de son mandat. Car, «nous
croyons que les problèmes que nous avons constatés étaient dus à une question d’adaptation. Cependant,
aujourd’hui, nous sommes convaincus qu’il s’agit surtout d’un problème d’incompétence et de difficulté à prendre
des décisions», a expliqué Mezouar. Celui-ci a considéré que «le gouvernement doit avoir le courage de les
prendre». Le président du RNI impute la responsabilité au PJD qui conduit la majorité qui, selon lui, n’associe pas
ses alliés. «Les autres partis de la majorité ne pèsent pas dans le processus de prise de décision au sein du
gouvernement», a-t-il dit. C’est pour cela qu’il «comprend la pression exercée par Hamid Chabat qui ne veut pas
assumer la responsabilité de décisions auxquelles il n’a pas été associé». Et même s’il estime que «ce
gouvernement va échouer dans sa mission», il a concédé que l’approche de communication adoptée par le chef du
gouvernement et les ministres de son parti «témoigne d’une intelligence politique». Mezouar fait allusion aux
différentes déclarations de Benkirane évoquant ce qu’il appelle «les démons et les crocodiles», laissant entendre
que des forces souterraines empêchent son équipe de s’acquitter de sa mission. Parallèlement, «ce gouvernement
adopte une stratégie de fuite en avant, en noyant les grands dossiers sur lesquels il est attendu, dans des débats
nationaux, qui aboutissent à l’exclusion de certaines parties prenantes, dans le cadre de calculs politiciens», a
souligné le président du RNI.
MEZOUAR AU CLUB DE L’ECONOMISTE COMMENT S’ATTAQUER À LA COMPENSATION RELANCER LA CROISSANCE ET ÉLARGIR LA BASE DE LA CLASSE MOYENNE LE CIBLAGE LIÉ À L’ACCÈS À L’ENSEIGNEMENT ET À LA SANTÉ L’APPROCHE DU GOUVERNEMENT, MARQUÉE PAR LE POPULISME, ENCOURAGE L’ASSISTANAT POPULISME. C’est le terme employé par Salaheddine Mezouar, président du RNI, concernant l’approche du gouvernement dans le cadre de la réforme de la Caisse de compensation. Pour l’ancien ministre des Finances, l’équipe de Benkirane crée la confusion en parlant de ciblage dans le cadre de la réforme de la Caisse de compensation. En fait, il s’agit de deux choses différentes. En effet, «le concept de compensation a été créé pour maîtriser l’inflation à un niveau supportable par les citoyens», a expliqué Mezouar. Maintenant, au moment où le gouvernement entend décompenser certains produits subventionnés, il est nécessaire de s’inscrire dans une vision globale. Or, «l’équipe de Benkirane continue d’adopter une approche populiste en se dirigeant vers la distribution d’aides monétaires aux populations», a déploré le président du RNI. Il a rappelé que le gouvernement précédent, qui avait planché sur cette question, avait écarté cette option d’aides monétaires, «afin de ne pas développer une culture d’assistanat». Néanmoins, le gouvernement Abbas El Fassi comptait mettre l’accent sur le ciblage des populations en matière d’accès à l’enseignement et aux services de santé. Aujourd’hui, Salaheddine Mezouar considère que la véritable problématique réside dans «l’incapacité du gouvernement à présenter un contre-­‐projet économique et social, par rapport à celui dans lequel s’inscrivait le Maroc depuis une dizaine d’années». Et le patron de ce parti d’opposition d’avancer quelques pistes de réforme, même s’il considère qu’il fait face à «un gouvernement qui n’écoute pas, et qui préfère ne pas associer l’opposition dans les grands dossiers». Il a estimé que la réforme de la Caisse de compensation «doit être liée à notre capacité d’agir et de générer la croissance». L’ex-­‐argentier du Royaume a rappelé que le Maroc avait réussi à doubler le revenu par habitant en l’espace de 10 ans. Et ambitionnait de le doubler encore à l’horizon de 8 ans, pour passer de 3.000 à 6.000 dollars par habitant par an. Ceci «permettra d’élargir la base de la classe moyenne, et augmentera la capacité des citoyens à supporter un certain seuil d’inflation», a-­‐t-­‐
il noté. Ce niveau était de 1% en pleine crise, et le pays peut supporter jusqu’à 2 à 3%. Globalement, cela se traduit par une baisse des charges de la Caisse de compensation de 3 à 5 milliards de DH par an. Parallèlement, Mezouar appelle à mettre l’accent sur la dimension régionale du développement, en misant sur la promotion des investissements, notamment dans les régions pauvres, afin que tout le pays fonctionne au même rythme. Propositions OUTRE la réforme de la Caisse de compensation, Salaheddine Mezouar a souligné qu’en tant que parti de l’opposition, «le RNI a préparé une série de propositions, mais nous avons affaire à un gouvernement qui ne s’est jamais réuni avec les formations de l’opposition». L’exécutif doit assumer ses responsabilités, rappelant que «la trêve est terminée, et nous estimons qu’il faut arrêter la démagogie». Il a fait savoir que son parti sera très vigilant concernant certains dossiers, notamment les lois organiques, qui doivent être adoptées pour mettre en œuvre les dispositions constitutionnelles. Mezouar a estimé qu’il faut mettre l’accent sur les sujets prioritaires telle la réforme de la justice, et celle de la régionalisation qui détermine une série de dossiers comme la refonte de la loi organique des finances.