Les pépites du web courtisées par les politiques

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Les pépites du web courtisées par les politiques
Les pépites du web courtisées par les
politiques
LE SCAN POLITIQUE/POLITIQUES & ENTREPRISES (1/5) – Cet été Le Scan vous
raconte l’histoire, parfois compliquée, des politiques et du monde de
l’entreprise. Aujourd’hui, zoom sur ces start-up françaises avec
lesquelles les élus aiment s’afficher.
C’est bien connu, les responsables politiques ne refusent jamais de
s’afficher à côté de ce qui marche. Les sportifs en savent quelque chose… Les
chefs d’entreprise aussi. A l’instar de quelques médaillés olympiques avec
qui on voudrait un selfie, Jacques-Antoine Granjon (vente-privee.com),
Frédéric Mazzela (Blablacar) ou encore Antoine Jouteau (Le Bon Coin) sont
régulièrement sollicités. Le premier est probablement le plus courtisé. Quand
il n’est pas invité à déjeuner à l’Elysée (en juin dernier et en décembre
2010), il reçoit à domicile. Le 10 janvier dernier, Emmanuel Macron n’aurait
raté pour rien au monde l’inauguration, à Saint Denis (Seine-Saint-Denis) du
nouveau siège de l’entreprise. «Les chiffres sont impressionnants: vous avez
réalisé 780 embauches l’année dernière», s’est extasié le jeune ambitieux
alors que le taux de chômage reste à un niveau stratosphérique. Le rose
flashy décliné à tous les étages, le look inimitable de son PDG, ses salariés
fiers de travailler pour une marque appréciée des Français offrent un cadre
idéal pour tenir un discours positif.
Le ministre de l’Economie, qui est proche de Jacques-Antoine Granjon, n’est
pas le premier à se ruer chez vente-privee.com. Le chef de l’Etat s’était
déjà invité par surprise un matin de février 2014. «Ce que je veux montrer
c’est que la France, ça marche. Cette entreprise, il y a dix ans, c’était
cent personnes. Aujourd’hui c’est 2.100 personnes avec 300 recrutements nets
par an», observait François Hollande, rassuré de trouver un contre-exemple au
marasme ambiant. Cette opération de communication, le président de la
République a voulu la rééditer en mars dernier chez showroomprive.com. Une
sortie utile au moment de défendre la présentation de la loi El Khomri…
C’était sans compter la retranscription en direct sur Periscope, qui tourna
au fiasco faute de modération des commentaires.
Le chef de l’Etat, en mars, lors de la visite de l’entreprise showroomprive.com – Crédits
photo : CHRISTOPHE ENA/AFP
Le «bad-buzz», Nicolas Sarkozy l’a connu lorsqu’un chef d’entreprise lui a
parlé du Bon Coin. «C’est quoi Le Bon Coin?», s’est-il interrogé. Il n’en
fallait pas moins pour provoquer moqueries des internautes et de ses rivaux,
surpris que le patron des Républicains ne connaisse pas l’ultra-populaire
site de petites annonces… L’ex-chef de l’Etat ne s’est alors pas dégonflé et
a répondu favorablement à l’invitation de l’entreprise. La semaine suivante,
il a débarqué le vendredi après-midi au milieu des salariés mi-goguenards,
mi-dubitatifs. Une heure durant, il s’est lancé dans une opération séduction,
en multipliant bons mots et blagues complices avec les salariés. Devant les
journalistes, bien sûr.
Illustrer un discours par l’image
Les entreprises sont aussi utilisées par les responsables politiques pour
illustrer leurs discours. Alain Juppé, qui ne manque jamais une occasion de
célébrer la jeunesse qui va bien, aime visiter les start-up. Ces entreprises
«cool» où l’on manie anglicismes et tendances à la perfection. En février
dernier, il s’est rendu dans le centre de Paris pour visiter Ulule, une
entreprise spécialisée dans le financement participatif. Là, il a voulu faire
remarquer que, non, tous les jeunes ne cherchent pas à s’expatrier. «On va
encore dire que je suis ‘bisounours’ et naïf, que je fréquente que les jeunes
qui sont bien dans leur peau (…) Merci parce que vous, vous me donnez le
moral», leur a lancé le candidat septuagénaire qui multiplie les apparitions
avec la jeunesse.
Tristan Quinault-Maupoil
Journaliste politique
Twitter: @TristanQM
[email protected]
Source :© Le Figaro Premium – Les pépites du web courtisées par les
politiques

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