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Enjeux et perspectives de l’irrigation gravitaire
dans la gestion du territoire régional
Problématique, justification et cadre de l’étude:
Les intérêts du maintien des réseaux d'irrigation gravitaire en région méditerranéenne sont
maintenant admis par les services de l'Etat et par la Région. Toutefois il est également connu
que ce maintien à l'avenir va poser un certain nombre de problèmes liés aux difficultés
administratives et économiques que rencontrent de plus en plus les structures qui les gèrent.
La première démarche est donc d'avoir une connaissance de l'état actuel : état des réseaux,
coût d'entretien, bénéficiaires réels et potentiels, revenus des ASA, services rendus.
Dans le cadre du programme ETS (Eau-Territoire et Société), co-financé par l’ANDA, La
Région PACA, l’Agence de l’eau RMC et les conseils généraux du Var, du Vaucluse, des
Bouches-du-Rhône et des Alpes de Haute Provence, cet état des lieux est réalisé sur 3 secteurs
représentatifs des différentes situations de la région : réseaux de montagne, plaine agricole de
la Durance, zone périurbaine de Draguignan en aval du Verdon.
Les premiers résultats de cet état des lieux confirment la menace de disparition progressive
des canaux , liée en particulier à la déprise agricole et au manque de moyens financiers
disponibles pour le fonctionnement: agriculteurs âgés, personnel bénévole, travaux
d'investissement irréalisables, nécessité d’intégrer des compétences nouvelles…
L’irrigation gravitaire présente également d’autres intérêts jusqu’à présent considérés comme
des bénéfices ou produits secondaires : écoulement des eaux pluviales, alimentation des
nappes, biodiversité, DFCI, loisirs…. Ces intérêts doivent donc être pris en compte dans la
gestion future des réseaux et peuvent permettre de contribuer à leur maintien ; il ne s’agit plus
seulement de la gestion d'un dispositif d'irrigation agricole mais d’un un outil d'aménagement
du territoire. Le programme ETS en cours a permis d’identifier ces enjeux et de proposer des
méthodes pour les évaluer.
Les recherches de solutions pérennes doivent donc prendre en compte:
-les données prospectives sur l'agriculture (évolution des systèmes de production et
d’exploitation, évolution de la population agricole,…)
-l’identification et la hiérarchisation locale des problèmes liés au maintien des canaux
-la part des propriétaires agricoles dans les ASA
-les intérêts non agricoles et les bénéficiaires actuels ou potentiels des réseaux.
Ces trois derniers points sont traités sur les sites pilotes du programme en cours dont l'objectif
principal est la recherche de solutions partenariales de gestion intégrant les différents aspects (
agricoles, environnementaux et sociaux ) des réseaux.
C'est dans ce cadre que pourront être trouvées des solutions à la situation actuellement
difficile de ces réseaux. Ces solutions seront diversifiées car elles résulteront d'un compromis
fonction des différentes situations locales ; dans le Var par exemple la gestion des canaux
pourra s'intégrer dans le contrat de rivière au sein duquel la plupart des partenaires sont déjà
fédérés.
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Ce programme vient donc valoriser les résultats acquis par ETS en le complétant
spatialement et grâce à une formalisation de la démarche collective entreprise dans le
cadre d’ETS. Il le complète également par le développement de la réflexion sur la
complémentarité entre les équipements DFCI existants et les réseaux d’irrigation. Enfin
il prend en compte la dimension temporelle par le bais d’une analyse prospective devant
garantir pour partie la pérennité des systèmes.
Les réflexions menées dans le cadre de la préparation du Schéma Régional d’Aménagement et
de Développement du Territoire ont mis en évidence la nécessité de mener des démarches
prospectives sur la région PACA. Ces démarches prospectives répondent à plusieurs
objectifs :
• anticiper sur les risques de demain
• suivre avec attention le développement des phénomènes de fond
• être à l’écoute des demandes de la société pour en mesurer la réalité et déceler
l’acceptable de l’inacceptable
Ces réflexions ont révélé la nécessité de prendre en compte, peut-être plus que par le passé, le
territoire dans les orientations de développement et les enjeux d’aménagement de la région
PACA. En matière d’aménagement il est apparu que les réseaux d’irrigation peuvent jouer un
rôle intéressant dans la PFCI (cloisonnement du territoire) et la DFCI (ressource en eau pour
la lutte (expériences récentes des Alpilles et du Var). Une réflexion sur la complémentarité
avec les équipements existants, en particulier en zones de piémont (poudrières des forestiers)
paraît intéressante à approfondir.
Enfin, l’un des motifs essentiel est le projet de loi sur l’eau qui impose une gestion raisonnée
de la ressource en fonction des besoins des différents usagers (eau potable prioritaire) et des
enjeux environnementaux (zonage territorial). Les ASA sont les mieux placées pour être les
proposants d’une gestion collective (au sens de la loi), mais elle doivent intégrer les enjeux
environnementaux et sociaux à l’échelle du territoire concerné. Cette disposition
réglementaire a des conséquences à la fois financière (taux de redevance), et sur la gestion de
la ressource pour l’avenir des milieux.
Démarche proposée
Eléments disponibles :
-les sites d'étude du programme en cours fourniront des données relativement précises: état
des réseaux, coût et temps de travail nécessaire pour l'entretien, investissement nécessaires,
proportion d'agriculteurs dans les ASA, intérêts environnementaux sur le territoire concerné.
Ces sites ont été choisis de façon à représenter les principales situations de la région, on peut
les considérer comme des échantillons pour une approche locale à l'échelle du 1/ 25 000°. La
synthèse de ces éléments va permettre de lister à l'échelon régional et en fonction de ces trois
types de situations:
- les causes des difficultés rencontrées
- les intérêts territoriaux des réseaux
- des exemples démonstratifs de solutions locales de gestion
- des indicateurs de fragilité des systèmes (surface irriguée/longueur de canaux
à entretenir, topographie….)
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-les données régionales existantes permettront d’abord d’évaluer la représentativité des sites
choisis puis d'extrapoler les connaissances acquises dans ETS par l'utilisation de ces
indicateurs et d'envisager une stratégie pour le maintien du gravitaire sur le territoire régional:
- des données statistiques peuvent permettre une analyse de l'évolution de la
démographie agricole
- le RGA 2000 fournira des données récentes sur l'agriculture et les
agriculteurs, leur comparaison avec le RGA 1988 donnera une image régionale
de l’évolution des cultures et la population agricole
- une étude cartographique sur l'évolution des friches est en cours et doit
permettre d'identifier les zones les plus à risque par rapport à la déprise.
-le programme ETS fournit également des éléments et des méthodes d’évaluation des
différents enjeux environnementaux portés par le gravitaire. Ces enjeux peuvent être
également extrapolés à l’échelon régional grâces aux données cartographiques existantes sur
ces thèmes.
Données complémentaires nécessaires à l’analyse :
En dehors des solutions locales qui seront proposées sur les sites supports de l'étude en cours,
il nous paraît indispensable d'avoir des éléments de planification à l'échelle régionale pour
cerner d'une part les besoins (investissements) et d'autre part, les zones prioritaires
d'intervention. Une vision à la fois prospective et géographique est donc nécessaire.
L’étude régionale socio-économique proposée doit permettre également d’avoir des données
d’analyse prospective venant compléter l’approche territoriale.
En effet en quarante ans, l’agriculture régionale a connu une véritable restructuration tant
dans ses structures que dans ses techniques de production, et cette « révolution » se poursuit
toujours. Ce constat ne va cependant pas sans interrogations pour l’avenir ; interrogations
liées à l’adaptation des outils de production aux nouvelles règles des marchés, à la prise en
compte de l’environnement, à l’accès au foncier, aux choix des productions, au
renouvellement des actifs,…
Ces transformations, voire ces mutations, démographiques, économiques et sociales ont des
conséquences directes sur les conditions de vie et de travail des groupes sociaux en milieu
rural.
Depuis le Recensement Général de l’Agriculture de 1970, on estimait en 1997 que plus de
45.000 exploitations avaient ainsi disparues soit presque deux exploitations sur trois.
Parallèlement, la SAU n’ayant que très peu évolué, la superficie moyenne des exploitations de
la région s’est nettement agrandie passant de 9,8 ha à près de 24 ha en 1997. De plus, entre
1970 et 1997, le nombre de chefs d’exploitation de plus de 55 ans a été divisé par plus de 3
passant de 23.000 à 13.000.
Mais où en serons-nous, dans la région PACA dans dix ans ?
Ces mouvements démographiques vont-ils se poursuivre avec la même ampleur que dans les
décennies précédentes ? Que deviendront les exploitations détenues aujourd’hui par la classe
d’âge des chefs d’exploitation nés après la guerre (« génération baby-boom ») à leur départ à
la retraite ? Quelles en seront les conséquences sur l’accès au foncier ? Y a t-il des risques de
voir des espaces s’engager dans un processus de désertification ou au contraire la
revitalisation de l’espace rural est-elle en marche à l’image de certains espaces interstitiels de
l’arrière-pays provençal ? La diversification des activités envisagée par nombre d’organismes
comme une alternative intéressante au maintien des exploitations est-elle déjà perceptible ?
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Aujourd’hui les données du dernier Recensement Général sur l’Agriculture 2000 sont en
cours de diffusion. Une approche dynamique de ces statistiques agricoles mais aussi un travail
de prospective peuvent fournir des éléments de réponse à ces différentes interrogations et
fournir par là même un cadre général pour des analyses spécifiques ?
Par ailleurs les zonages définis par la loi sur l’eau seront amené à évoluer. En effet les
données sont encore imprécises à l’échelle des petits bassins versants, et les besoins peuvent
également évoluer dans le temps. Il est donc impératif d’avoir une banque de données pour
pouvoir suivre ces évolution sur des bases techniques solides.
Ce travail devra se réaliser à un niveau géographique relativement fin ( Contrées et terroirs)
afin de différencier et de zoner les grandes tendances qui se dessinent en Provence-AlpesCôte d’Azur.
Programme de travail proposé :
1-Analyse cartographique à petite échelle :
Le croisement de l’ensemble des données : hydrauliques, environnementales (enjeux,
bénéfices) et territoriales (pays, intercommunalité, bassins versant, petite région…)
disponibles au CRIGe fournira des pistes pour l'intégration territoriale de la gestion de ces
aménagements et sur les investissements nécessaires à 10 ou 20 ans. Cette étude qui vise à
approcher ces recompositions socio-économiques de l’agriculture et au-delà des territoires de
la région complétées par une approche prospective à 10 ans nécessite la mobilisation de
données :
-Acquisition de fichiers de statistiques agricoles auprès du SCEES/SRSA, mais aussi de
données provenant de l’INSEE ( Recensement de population, Catégories
Socioprofessionnelles, inventaire communaux,…) et de la MSA
-Utilisation des données du régionales cartographiques : données RGA 2000 rattachées aux
Contrées & Terroirs ( Cf. Annexe), étude des friches, données globales sur l’environnement
-Bases de données régionales sur la DFCI (risques, équipements)
Résultats attendus : représentativité des sites étudiés dans le cadre d’ETS, repérage des zones
à forte déprise et identification des bassins versants où les enjeux environnementaux sont
importants.
2-Réalisation d’une banque régionale des données à grande échelle relatives à
l’irrigation :
Il s’agira de créer un module commun à l’ensemble des départements de la région où figurera
pour chaque ASA : la localisation des canaux (principaux et secondaires), les données
spécifiques à l’ASA : nombre d’adhérents, surfaces concernées, statut et âge des adhérents,
première identification des besoins lorsqu’ils sont connus, gestion de l’ASA, état des
ouvrages.
Les données existent déjà pour certains départements : Vaucluse et Bouches-du-Rhône, elles
existent sous forme papier pour les Alpes de Hautes Provence, sont à compléter pour le Var
(une partie acquises dans le cadre d’ETS) et les Hautes Alpes, à récolter pour les Alpes
maritimes.
Résultat attendu : inventaire exhaustif de l’état actuel, zones à risque au niveau de la gestion
et du devenir des réseau à court terme.
3-Compléments d’information sur les besoins non agricoles :
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Sur les zones « à risque » en particulier il faudra inventorier les besoins et bénéficiaires
potentiels devant être impliqués dans la gestion collective.
Dans les zones sensibles aux incendies une approche à grande échelle sera nécessaire pour
inventorier et améliorer l’existant vis à vis de ce risque.
Résultats attendus : identification des groupes sociaux concernés par le futur protocole de
gestion collective
Localisation des zones de complémentarité existante ou à créer entre réseaux d’irrigation et
équipements DFCI.
4-Elaboration de protocoles de gestion collective :
Dans les secteurs où la démarche sera déjà bien avancé des protocoles de gestion collective
seront mis en place. Il doivent servir d’exemple pour définir et développer des modèles de
gestion dont le contenu est encore flou dans le projet de loi. Ce travail sera conduit pour la
réflexion avec nos collègues de Languedoc-Roussillon et dans le cadre du groupe
professionnel de bassin sur la gestion quantitative de l’eau animé par la CRA LR.
Résultat attendu : Définition de protocole à titre pilote devant être validés par l’Agence de
l’Eau.
5-Réflexion prospective :
Dans certains secteurs l’agriculture est fragilisée (résultats de 1) et risque de devenir
minoritaire. Il faudra donc pouvoir effectuer des scénarios en fonction : de l’évolution de la
situation économique et du développement démographiques, de la nécessité de maintenir
l’irrigation agricole par rapport à des enjeux économiques ou non agricoles. Cette réflexion
nécessitera donc, sur les zones identifiées précédemment de préciser les données socioéconomique à l’échelle des territoires concernés.
Résultats attendus : -évolution de l’intérêt agricole et de la part de l’agriculture dans les
réseaux gravitaire relativement aux autres enjeux et usages et conséquence sur la maîtrise
d’ouvrage de la gestion collective de certains bassin-versants
-prévision territoriale des investissements en fonction des zones à enjeux, des schémas (plan
d’aménagement, pays…) et de l’état des structures de gestion existantes.
Partenaires :
• Services des Chambres départementales d’Agriculture sous le pilotage de la Chambre
Régionale d’Agriculture
• Elus, responsables professionnels et large panel d’experts pour la démarche prospective
• Ensemble des organismes associées au pôle agriculture du CRIGe
Maître d’ouvrage :
Chambre régionale d’agriculture PACA : gestion et coordination du programme
Maîtres d’œuvre : chambres départementales d’agriculture en partenariat avec les fédérations
d’ASA
chambre régionale d’agriculture pour la synthèse régionale et la réalisation de l’étude
prospective avec les partenaires régionaux et les chambres départementales d’agriculture
Comité de Pilotage :
• Chambres d’Agriculture ( départementales et régionale)
• DRAF
• Région
• Laboratoire(s) CNRS (CER d’Aix en Provence, CRPEE de Montpellier,…)

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