Séquence 1 Citations et emprunts Histoire des arts

Transcription

Séquence 1 Citations et emprunts Histoire des arts
Séquence 1
Citations et emprunts
Histoire des arts
La citation se signale sans équivoque dans un texte par la présence des guillemets marquant que l’auteur cède la
place à un autre. Dans les arts visuels, il est plus difficile de la distinguer de l’emprunt, plus discret.
L’emprunt dans l’histoire des arts est à la fois très anciens et très répandus. Il correspond à des positions
artistiques, culturelles et idéologiques très diverses.
En musique, l’emprunt, la reprise, la citation voire l’autocitation sont fréquents. Il en est de même en peinture et
dans les autres formes d’arts plastiques.
« Quiconque n’a pas commencé par imiter ne sera jamais original » Théophile Gautier
« Ce qu’on appelle citation désigne en fait des objets, ou de sujets, qui sont dans le monde comme toutes les
autres choses, et que le cinéma s’approprie comme telles. En musique, ça se fait beaucoup sans qu’on en fasse
état. A partir du moment où une phrase a été dite et livrée au public, elle tombe dans le domaine public. »
Jean-Luc Godard
Un exemple de citation en art visuel : le déjeuner sur l’herbe (ou le bain) de Manet
Le déjeuner sur l’herbe Edouard Manet
huile sur toile, 208 x264.5cm, 1862-1863, Musée d’Orsay, Paris
« Le déjeuner sur l’herbe » d’abord intitulé le bain,
puis la « Partie carrée », a provoqué un scandale. La
juxtaposition d’une femme nue avec des hommes
entièrement vêtus a suscité la controverse lorsque le
tableau a été présenté pour la première fois au Salon
des Refusés en 1863. Elle en constitua la principale
attraction, objet de moqueries et sources de scandale.
Les dimensions de la toile permettent d’intégrer les
personnages grandeur nature.
Pourtant Manet revendique dans cette toile l’héritage
des maîtres anciens et s’inspire de deux œuvres du
Louvres. Le concert champêtre du Titien fournit le
sujet, tandis que la disposition du groupe central
s’inspire d’une gravure d’après Raphaël : le jugement
de Pâris.
Mais dans le déjeuner sur l’herbe, la présence d’une femme nue au milieu d’hommes habillés n’est justifiée par aucun
prétexte mythologique ou allégorique. La modernité des personnages rend obscène, aux yeux de ses contemporains, cette
scène presque irréelle. Manet s’en amusait d’ailleurs, surnommant son tableau la « partie carrée ». Le style et la facture
choquèrent presque autant que le sujet. Manet abandonne les habituels dégradés pour livrés des contrastes brutaux entre
ombre et lumière. Aussi lui est-il reproché sa « manie de voir par tâches ». Les personnages ne semblent pas parfaitement
intégrés dans ce décor de sous-bois davantage esquissé que peint, où la perspective est ignorée et la profondeur absente.
Avec le déjeuner sur l’herbe, Manet ne respecte aucune des conventions admises, mais impose une liberté nouvelle par
rapport au sujet et aux modes traditionnels de représentations.
Le concert champêtre de Giorgione (les études
récentes en font une œuvre du Titien)
Deux jeunes hommes vêtus, le premier joue du luth.
Face à eux, deux femmes complètement dénudées :
l’une joue de le flûte l’autre tien une cruche. Au loin,
un berger regarde la scène.
Le jugement de Pâris est une œuvre de Raphaël
(1483-1520), qui est surtout connue grâce aux
gravures réalisées par Raimondi vers 1514-1518. La
moitié droite de cette fresque de Raphaël inspira
Manet en 1863 pour son déjeuner sur l’herbe.
Quelques citations du déjeuner sur l’herbe
Claude Monet, Déjeuner sur l’herbe, 1865
Paul Cézanne, Le déjeuner sur l’herbe , 1870
Pablo Picasso, Déjeuner sur l’herbe, 1961
Alain Jacquet, Le déjeuner sur l’herbe, 1964
Seward Johnson, Déjà vu, 1994
Mario Sorrenti, Yves Saint Laurent Rive Gauche,
1998
Julie Rrap, Untitled (after Manet’s Le Dejeuner
sur l’herbe), 2002
Rick Veitch, Gary Erskine, Army@Love, 2007
Ana Vieira, Déjeuner sur l’Herbe 77, Alternativa
Zero, 1977