Ludwig van Beethoven op.21 Symphonie N°1 Luigi Cherubini
Transcription
Ludwig van Beethoven op.21 Symphonie N°1 Luigi Cherubini
Ludwig van Beethoven op.21 Symphonie N°1 en Do majeur 1 - Adagio molto – Allegro con brio 2 – Andante cantabile con moto 3 – Menuetto – Allegro molto e vivace 4 – Finale – Adagio – Allegro molto e vivace * Luigi Cherubini Requiem Service de la chapelle du Roi Missa pro defunctis en do mineur 1 - Introit Larghetto sostenuto Requiem aeternam dona eis Domine 2 – Graduel Andantino largo Requiem aeternam dona eis Domine 3 – Dies irae Allegro maestoso Lacrymosa Largo 4 – Offertorium Andante Domine Jesu Christe Tempo a cappella poco allegro / Plus vite Quam olim Abrahae promisisti Larghetto Hostias et preces tibi, Domine Quam olim Abrahae promisisti Reprise 5 – Sanctus Andante 6 – Pie Jesu Larghetto Pie Jesu Domine, dona eis requiem 7 – Agnus Dei Sostenuto Lorsque la 1ère Symphonie est créée à Vienne en 1800, Beethoven est âgé de 30 ans, et son œuvre est déjà considérable : une dizaine de sonates pour piano, les 6 quatuors opus 18, les trios, les 2 premiers concertos pour piano, et bien d’autres œuvres encore. Au même âge, Mozart avait composé 36 symphonies. Mais les temps ont changé: chaque symphonie de Beethoven, dès lors, s’imposera comme une œuvre unique, singulière, novatrice et surprenante. ère Ses premiers auditeurs en eurent-ils conscience ? On peut tout à fait le penser déjà pour cette 1 Symphonie, considérée souvent comme fortement rattachée au classicisme de Haydn. Deux critiques, allemande et française, des années 1801 et 1810, montrent à quel point cette œuvre a pu heurter des habitudes et des conceptions esthétiques : - C’est l’explosion désordonnée de l’outrageante effronterie d’un jeune homme. – Hélas ! on ne fait que déchirer bruyamment l’oreille, sans jamais parler au cœur. Est-ce qu’une audition de la même œuvre peut ou doit aujourd’hui produire le même effet, après 216 années d’exécutions si souvent admirables ? Oui, il le faudrait, mais comment y parvenir ? La fréquentation de cette musique par notre orchestre pose cette question de façon incessante : si l’on cherche à atteindre une certaine qualité technique, une certaine maîtrise de l’interprétation, les deux étant toutes relatives bien sûr, quel en sera le résultat ? Aucun doute en réalité : on a beau travailler et remettre cette symphonie sur les pupitres, son originalité, sa vigueur, sa luminosité et son énergie ne s’atténuent pas, bien au contraire. Et la puissance créatrice du génie de Beethoven, s’il nous est accessible par le travail orchestral, demeure à la fois un mystère et une stimulation permanente. Aux côtés de l’immense Beethoven, la figure de Luigi Cherubini (1760-1842) paraît plus modeste. Pourtant Beethoven lui-même tenait ce Requiem en do mineur comme le modèle du genre, et Berlioz, qui fait passer dans ses Mémoires le compositeur italien pour un vieux barbon lorsqu’il était directeur du Conservatoire, rédigea un commentaire enthousiaste de l’Agnus Dei qui va terminer ce concert. Découragé par les difficultés financières qu’il connaît en Italie malgré le succès de ses premiers opéras, Cherubini part pour Londres en 1784, puis s’établit définitivement à Paris en 1787. Sa notoriété grandit et gagne toute l’Europe durant cette période agitée où est donné son opéra Médée, considérée comme son chef-d’œuvre. Sa carrière connaît une éclipse en raison de son antipathie, d’ailleurs réciproque, pour Napoléon, à tel point qu’il abandonne la musique pour la peinture et la botanique. La Restauration lui est immédiatement favorable : il est nommé Surintendant de la Musique du Roi à la mort de J.P. Martini (l’auteur du célèbre Plaisir d’amour), puis directeur du Conservatoire en 1822. Ce Requiem lui fut commandé pour la célébration de l’anniversaire de la mort de Louis XVI et le rétablissement des sépultures royales en la basilique de Saint-Denis, et fut exécuté pour la première fois le 21 janvier 1817. Il est ainsi un exemple typiquement français de ces musiques officielles, à une époque où elles ne sont pas encore synonymes de style pompier, mais où elles représentent au contraire le poids et la valeur des traditions, en même temps qu’une vision personnelle et puissante d’un artiste en pleine possession de son art et de son inspiration. Les sept mouvements qui composent l’œuvre offrent une grande variété de styles et de caractères, tout en formant un ensemble fortement construit. L’Introit combine un thème sinueux et interrogatif de l’orchestre avec des motifs choraux psalmodiques, menant à une culmination sonore sur Kyrie eleison. Le Graduel ajoute au sentiment religieux déjà intense celui de la déploration. Dans ces deux mouvements, la partie supérieure des cordes est confiée aux altos : sonorité voilée mais vibrante qui se retrouvera dans le Pie Jesu, mais aussi à la fin du siècle dans l’Agnus Dei du Requiem de Fauré. Les sonorités combinées des clarinettes, bassons et violoncelles seront aussi privilégiées dans l’ensemble de l’œuvre. Les dix-neuf strophes du Dies irae sont ordonnées en une triple série de crescendos, avec une tension dramatique graduée jusqu’au Confutatis ; l’apaisement du Salva me et l’accentuation pathétique du Lacrymosa font entendre presque comme en résonance le Requiem de Mozart. L’Offertorium commençant tel une marche devient lui aussi dramatique pour peindre les peines de l’enfer et la chute dans les ténèbres, puis l’évocation de Saint Michel et de la lumière divine déplace la sonorité du chœur et de l’orchestre vers l’aigu. L’Hostias encadré par la fugue énergique Quam olim Abrahae et sa reprise constitue un autre sommet de l’œuvre, à la fois grandiose et poignant. Après le Sanctus concis, on entre dans la sobre religiosité du Pie Jesu, bref motet d’élévation. Dès le début de l’Agnus Dei l’orchestre expose le motif rythmique sur lequel s’appuie la progression expressive de cette longue partie conclusive : d’abord de manière pathétique sur les trois reprises de Agnus Dei , puis dans le déploiement d’une tonalité flottante sur une pulsation processionnelle : perspective infinie de la lumière et du repos éternel. D. C.