RENDEZ-VOUS À SARTÈNE CHRONIQUE VESPASIENNE

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RENDEZ-VOUS À SARTÈNE CHRONIQUE VESPASIENNE
CHRONIQUE VESPASIENNE
RENDEZ-VOUS À SARTÈNE
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Hi-han, hi-han ! Les braiments des baudets retentissent dans les rues du village, deux
ânes, dressés sur les animaux, un homme, une femme, tous les deux vêtus de noir,
lunettes sombres de rigueur.
L’aréopage s'arrête devant la porte de la maison conspiration; la porte s'entre-ouvre dans un
nuage de fumée, une main ornée d'une bague apparaît. Les deux obscurs acolytes descendent tant
bien que mal des bourricots, le premier appelé «miceaulu » a aussi un sobriquet qui, lui vient de sa
capacité à régler un problème : Ha u t Et Court, « HEC » surnom du fnancier de Don Guérini,
prudemment il descend de l'animal en se laissant glisser le long du fanc, sort un mouchoir de sa
poche, essuie les chaussures noires tachées de poussière, puis va baiser la bague ; le deuxième
personnage, jupe noire, chemisier noir, foulard couvrant ses cheveux se prénomme « Helena ». Dans
le milieu, elle a son petit nom : « l'énervé de Rungis ». Alors qu'elle tente de mettre un pied à terre,
l'animal bouge. Elle redresse sa jambe et insulte copieusement l'animal, lui attrape les oreilles et lui
hurle :
–
Tu vas arrêter de bouger « chè tu varga à e forche » !. La mule effrayée s'enfuit dans un
galop furieux, la femme bringuebalée de gauche à droite pousse des cris entrecoupés de
jurons de charretier, et après un dérapage sur les pattes postérieurs, dans virage
improbable, l'équipage disparaît dans un nuage de poussière !
–
« Tu as oublié de baiser ma bague, donna ! ». La main disparaît à l'intérieur de la maison
puis, la porte se claque.
–
Don Guérini annonce : « Messieurs, cette adunanza a pour objet ce que j'ai appelé le plan
Sette milionu ». Sur son épaule, le perroquet s'agite et hurle : « le plan sept patates » !
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« Doux mon Jacquot » prononce le chef de bande en caressant l'animal, nous avons des
succursales qu'il faut rentabiliser, alors on taille, on coupe, on nettoie, à la fn l'ensemble
doit être à l'équilibre...
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« Et à la fn la caillasse doit tomber » pialle l'emplumé en battant des ailes !
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« C'est ça !» confrme le Don. En langage clair, quand le tout est à l'équilibre, il y a sept
millions qui doivent tomber ! Le deal est convenu, alors chacun connait son rôle, je vous
écoute »
–
« la caillasse, le brouzouf, le blé » cri l'emplumé perché sur l'épaule de son maitre.
–
« moi Miceaulu je rationalise, j'optimise, je taille les effectifs j'applique la méthode HEC, je
trouve un slogan fédérateur pour emmener les survivants à croire dans le projet, un truc
ambitieux du genre : tous ensemble pour que demain nous soyons la première entreprise
d'Europe, ou même du monde ! »
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« le grisbi, la galette, la fraîche » clame encore le volatile !!!
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« Moi, Cazadini, je fatte les syndicats, je fatte sans compter, je propose, j'envisage les
pistes d'optimisation, je vérife le juridique, je fuidife les relations »
–
« la thune, les radis, les pépettes » s'égosille le Jacquot en s'envolant.
–
« Tout est dit ! Alors au travail Messieurs ! Une navette vous attend dans la baie de
propriano. Elle vous conduira dans la nuit sur le continent, pace salute ! » Don Guérini
congédie les deux personnages qui s'éclipsent sans un bruit.
Dans la rue, un galop furieux retenti tandis qu'une bordée de jurons résonnent dans la ruelle :
- tu vas t’arrêter « pinzutu, ruspiu, pesciu-porcu !.
Don Guérini s’installe sur le banc devant la maison, allume un cigare, croise les jambes, et
annonce :
–
« Elle pas belle la vie mon Jacquot ?! »
–
« Le fouze, le talbin, les radis ! » souligne encore le volatile !
FUCWRITER
Parodies et caricatures sont les plus pénétrantes des critiques