Daniel Cordier rigueur et sauvagerie

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Daniel Cordier rigueur et sauvagerie
> 1er étage
Daniel Cordier
rigueur et sauvagerie
Rigueur et Sauvagerie, un regard sur
la donation Cordier – accompagné
d’un hommage à Horst Egon
Kalinowski (1924-2013)
Personnalité atypique, Daniel
Cordier a manié à travers son regard
de collectionneur et de galeriste
quelques contraires. Aussi, c’est
un parcours entre “rigueur et
sauvagerie”, entrecoupé d’un
hommage à Horst Egon Kalinowski,
que propose ce nouvel accrochage
de la collection de Daniel Cordier.
“L’horreur est mon confort” confie
le marchand de Réquichot connue
pour sa manière viscérale, tandis que
”les valeurs sauvages” de Dubuffet
se retrouvent dans l’hétérogénéité
de sa collection. Donnée au Centre
Pompidou et déposée aux Abattoirs,
celle-ci fait la part belle à l’art brut,
à l’art extra-européen ou à des
artefacts ethnographiques et des
éléments organiques.
Dans le même temps, Daniel Cordier
voue une grande admiration à Jean
Dewasne (1921-1999), maître d’une
abstraction rigoureuse. “ Jean
Dewasne fut le premier peintre que
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je connus, explique Daniel Cordier.
Il représentait donc à lui seul tous
les artistes et toute l’esthétique,
c’est-à-dire tous les sortilèges. Très
vite, il m’initia aux enchantements
de la peinture ”construite”, qui
paraissait à beaucoup trop élégante
et trop froide.
Ce théoricien rigoureux a su y
introduire les rêves tourmentés d’un
Piranèse et garder une sensibilité
exubérante au sein de la plus sévère
des contraintes.
La peinture géométrique était
froide ; il l’a “baroquisée””. Dans
sa collection, Claude Viallat et
François Rouan appartiennent à
cette même sensibilité.
D’un autre côté, on découvre la
véhémence bariolée de Robert
Combas, la violence expressionniste
de Dado, la pulsion des mythologies
de Pierre Bettencourt ou la magie
et l’envoutement des poupées de
Michel Nedjar.
Hommage à Horst Egon Kalinowski
(1924-2013)
”Je me demande parfois si l’âme
de Kalinowski n’est pas gainée de
cuir pour préserver étroitement
les secrets que ses “caissons”
nous font soupçonner sans les
dévoiler. Quelle est la vérité de
ces œuvres masquées ? Que sont
au juste ces placards hantés sans
serrure et sans clés, ces coffres
à malice, ces cercueils du rêve ?
Pourquoi ces renflements, ces
déchirures, ces sobres ornements ?
Toute œuvre d’art reste à la fin
inexpliquée, puisque son mystère
est son charme. C’est vrai, l’œuvre
d’art n’est pas faite pour apaiser,
mais pour harceler l’esprit trop
prompt à s’établir n’importe où
à l’abri du problématique et du
mouvant”. C’est ainsi que Daniel
Cordier s’exprimait en 1964 au
sujet de l’artiste qu’il rencontre
en 1949 par l’intermédiaire de
Jean Dewasne. D’abord proche de
l’abstraction froide d’un Amédée
Ozenfant, Kalinowski, né en
1924 à Düsseldorf, incorpore
dès le début des années 1950
des éléments étrangers dans
sa peinture, construisant une
œuvre qui s’approche alors du
bas-relief. Alors que l’artiste vient
de disparaître, cette présentation
invite à redécouvrir ce travail à
l’étrangeté construite.
Horst Egon Kalinowski, Tours d’Aigues, 1962,
donation Anthony Denney aux Abattoirs, 1995
© Adagp ; photogr. Auriol
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