Rédaction de l`édito

Lille
II
Elles font la ville !
PERSONNALITÉS
Nombreuses sont les femmes qui contribuent au dynamisme et au rayonnement
de Lille. La preuve avec 50 figures hors pair
L
Reportage photo : Aimée Thirion
pour « le Nouvel Observateur »
Le Nouvel Observateur
ille, cité des femmes ?
Peut-être bien, à voir
toutes celles qui font bouger la ville et bouger les
lignes. Bien sûr, il y a la première
d’entre elles, Martine Aubry,
l’une des rares femmes (elles
sont seulement cinq) à diriger
une ville de plus de 100 000
habitants. « En France, une
femme à la tête d’une ville de cette
taille, ça reste un ébranlement »,
confirme Nicole Gadrey, présidente du Collectif régional pour
l’information et la formation des
femmes (Corif), sociologue du
travail et spécialiste des questions de parité. Et il y a toutes les
autres, connues ou pas, qui, par
leur travail, leur énergie, leurs
initiatives contribuent directement ou indirectement au dynamisme culturel de la capitale des
Flandres. Nous en avons
retenu 50, mais nous aurions pu
en mettre en avant beaucoup
d’autres encore. Dans cette sélection, forcément arbitraire et
incomplète, figurent des médecins, des universitaires, des chefs
d’entreprise, des politiques, des
responsables d’association…
Toutes parlent avec passion de
leur métier, de leurs engagements. Toutes parlent aussi de la
difficulté, parfois, à concilier vie
privée et vie professionnelle.
Le succès de ces Lilloises est
d’autant plus louable que, sous le
beffroi, les inégalités ont la peau
dure. Le taux d’activité des
femmes dans le Nord-Pas-deCalais reste nettement en dessous de la moyenne nationale :
parmi les 15-64 ans, elles sont
61% d’actives contre 68% en
France métropolitaine (*). Qui
plus est, une femme sur trois travaille à temps partiel dans la
région, ce qui rime souvent avec
petits revenus et intérim.
Pour combattre ces inégalités
entre les sexes, la ville a conçu un
plan de l’égalité femmes/
hommes 2010-2014. Les chantiers sont vastes : violences,
santé, accès à la culture… Une
enveloppe
annuelle
de
108 000 euros a été débloquée
pour la mise en œuvre de ce programme. Est-ce suffisant ? Efficace ? Difficile à mesurer, mais ce
plan a au moins le mérite d’exister. Puisse-t-il aider les femmes
qui n’ont besoin que d’un coup
de pouce moral, financier ou psychologique pour prendre, elles
aussi, leur vie en main.
CAMÉLIA BOUGHARBEL
et NICOLAS RICHAUD
(*) Chiffres Insee, 2009.
PARTENARIAT
Ce dossier a été
réalisé avec
les étudiants en
journalisme
de l’ESJ de Lille.
Lille
X
ENTREPRISES
C’est elles
le patron
Ces Lilloises gèrent des sociétés qui
ne connaissent pas la crise
ISABELLE HOTTEBART
La risque-tout
« Pour diriger une entreprise, il
faut de l’audace. » Hélène Lejeune
n’en manque pas. En 2006, elle a
30 000 euros de côté et une idée :
lancer la première école
de commerce française en ligne.
Elle crée l’Enaco, chez elle.
« Au bout d’un mois, j’avais
recruté 7 personnes. » Six ans
et un déménagement
à EuraTechnologies plus tard,
l’Enaco compte 60 salariés
et 4 000 étudiants. Attentive
à la politique fiscale, cette Lilloise
de 35 ans a fait partie des Pigeons,
mouvement d’entrepreneurs lancé
en septembre via Internet qui
a protesté contre le dernier projet
de loi de finances. Motif : des
mesures trop défavorables aux
entreprises. « J’ai été la quatrième
à signer la pétition. » Déterminée,
elle prévient : « Vu la situation
économique, il y aura certainement
une suite... » NICOLAS RICHAUD
MARIE-CHRISTINE COISNE-ROQUETTE
De père en fille
C’est une discrète qui gère l’un des plus gros groupes
français. En 2002, Marie-Christine Coisne-Roquette
succède à son père à la tête de Sonepar, leader mondial
de la distribution de matériel électrique. Cette juriste de
formation confie « ne pas avoir rencontré de difficultés
particulières » dans ce milieu plutôt masculin. Et les
résultats sont là : l’entreprise, qui compte 33 000
salariés, a triplé son chiffre d’affaires sous sa direction
pour atteindre près de 15 milliards d’euros en 2011. Cette
dynamique quinquagénaire siège aussi au conseil
exécutif du Medef et au conseil d’administration de
Total. Où s’imagine cette boulimique de travail après
Sonepar ? « Je retournerai à l’université. A la retraite,
je ne me vois pas au bord d’une plage ! » N. R.
Le Nouvel Observateur
Défi relevé
Faire sa place dans un univers particulièrement
masculin, c’était le défi d’Isabelle Hottebart. En 1993,
son père cède à cette femme énergique la direction
de la société De Graeve qui équipe les bâtiments
publics en cuisines et blanchisseries industrielles.
« Dans les premières années, j’ai dû prouver que
j’étais un interlocuteur crédible. On me demandait
des explications supplémentaires, on me testait pour
savoir si j’avais les connaissances et l’expérience
nécessaires », raconte-t-elle. Vingt ans plus tard,
la Roubaisienne de 53 ans règne toujours sur sa boîte
d’une dizaine de salariés, installée dans une zone
industrielle de Wambrechies. Sa fierté ? Avoir
su « faire fructifier l’entreprise familiale » tout en
menant de front sa vie privée : elle a trois garçons, et
l’aîné reprendra le flambeau dans quelques années.
Pas question d’inactivité pour Isabelle Hottebart. Elle
est aussi présidente depuis avril 2012 de la
délégation lilloise de Femmes chefs d’entreprise
(FCE). « Nous sommes vingt-et-une à nous réunir
chaque mois autour d’un thème différent afin
d’échanger nos compétences et nos savoirs. Enfin
un endroit où une femme n’a pas besoin de jouer des
coudes pour faire sa place ! » CORENTIN DAUTREPPE
ANNICK
CASTELAIN
La bière
en héritage
La bière, Annick
Castelain est tombée
dedans quand elle était
petite. A la tête de la
brasserie familiale, cette
chef d’entreprise a un
objectif : poursuivre
l’exigence de qualité.
Et comme « on peut
faire de la bière et être
très féminine », elle
a fondé le Club des
buveuses de bière en
talons aiguilles !
AGNÈS CHARETON
KARINE MULLER
De bon
conseil
Responsable commerciale
au casino Barrière de Lille,
Karine Muller, 35 ans,
redoute la routine et
l’ennui. Aussi n’a-t-elle pas
hésité à prendre, au cours
de l’été 2011, la direction
de l’antenne lilloise de
terrafemina.com, un site
qui aide les femmes à
mieux gérer leur carrière.
Un travail bénévole qu’elle
mène de concert avec
sa vie professionnelle
et sa vie de famille.
FANNY BONJEAN
AIMÉE THIRION POUR «!LE NOUVEL OBSERVATEUR!»
HÉLÈNE LEJEUNE