L`article - SAT RATP

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JEU.05 SEPTEMBRE 2013 – ÉDITION DE LA MI-JOURNÉE
LE JOURNAL INTERNATIONAL FRANCE ÉCONOMIE CULTURE ENGLISH ESPAÑOL
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AFFAIRE KARACHI : NOTRE ENQUÊTE
Commissions et fonds secrets rattrapent Nicolas
Bazire et Pierre Mongin
04 SEPTEMBRE 2013 | PAR MICHEL DELÉAN
L’actuel PDG de la RATP et le numéro 2 de LVMH sont convoqués le 12 septembre par les juges
Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire en vue de leur mise en examen dans l’affaire du
financement de la campagne 1995 de Balladur.
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C’est une nouvelle avancée judiciaire dans l’enquête sur le financement de la campagne présidentielle d’Edouard
Balladur en 1995. Selon des informations obtenues par Mediapart, l’actuel PDG de la RATP Pierre Mongin et le
numéro 2 du groupe LVMH Nicolas Bazire sont convoqués le 12 septembre par les juges d‘instruction Renaud Van
Ruymbeke et Roger Le Loire en vue de leur mise en examen.
En marge de l’affaire Karachi, les juges ont obtenu le 18 juillet du parquet de Paris un réquisitoire supplétif portant sur
des faits de « détournements de fonds publics » et « recel », à la suite des dépositions de l'ancien trésorier de la
campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, René Galy-Dejean, qui fut ensuite député (RPR) de Paris et
maire du XVe arrondissement.
Selon nos informations, Renaud Van Rumybeke
Pierre Mongin© Reuter
et Roger Le Loire envisagent de mettre Pierre
Mongin, ancien chef de cabinet d’Edouard
Balladur, et à ce titre délégataire de signature, en
examen pour « détournements de fonds
publics ».
Nicolas Bazire, qui était directeur de cabinet à Matignon et directeur de la campagne d’Edouard Balladur, est pour sa
part convoqué en vue d’une mise en examen pour « complicité de détournement de fonds publics ».
Interrogé à plusieurs reprises, René Galy-Dejean a notamment déclaré aux juges que Pierre Mongin l’avait convoqué à
Matignon au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, et lui avait remis des espèces dans des boîtes en
carton pour combler les dépenses de campagne du premier ministre Balladur.
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René Galy-Dejean avait effectué des versements en espèces de plus de 10
premier tour de la présidentielle, au cours duquel Edouard Balladur avait été
éliminé. Les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire
Le parquet de Paris ouvre une enquête pour
soupçonnent fortement que ces fonds pourraient provenir à la fois de
favoritisme visant la RATP PAR MICHEL
DELÉAN
commissions sur des contrats d'armement et de fonds secrets.
René Galy-Dejean a déclaré avoir reçu 3 millions de francs de fonds secrets à Matignon, le reste de la somme, soit 7
millions de francs, ayant – selon lui – été déposée à son insu par une collaboratrice de Pierre Mongin. Confronté à René
Galy-Dejean, Pierre Mongin, qui était jusqu’ici placé sous le statut de témoin assisté, a catégoriquement contesté ces
affirmations.
Pierre Mongin a contre-attaqué en déposant d'abord, voici six mois, une plainte pour « dénonciation calomnieuse »
visant René Galy-Dejean, qui fait l'objet d'une enquête préliminaire du parquet de Paris. Le patron de la RATP a
ensuite, après les dépositions du chauffeur de René Galy-Dejean, déposé une double plainte pour « subornation de
témoin » visant l'ancien élu et pour « faux témoignage » visant son chauffeur. Cette dernière plainte a déclenché, au
mois de juillet, la délivrance d'un réquisitoire supplétif aux juges Van Ruymbeke et Le Loire.
Nicolas Bazire a, pour sa part, déjà été mis en
Nicolas Bazire© Reuters
examen dans le volet principal de l’affaire Karachi,
d’abord pour « complicité d’abus de biens
sociaux » (en septembre 2011) puis pour « recel
d’abus de biens sociaux » (en octobre 2012). Il est
soupçonné d’avoir été en amont, depuis
Matignon, l’un des chefs d’orchestre de la mise en
place du réseau Takieddinedans les marchés
d’armement incriminés et, en aval, au QG de
campagne de Balladur, le destinataire final des
sommes perçues illégalement.
A terme, Edouard Balladur lui-même pourrait avoir à répondre devant la justice du financement de sa campagne de
1995. Si les juges considèrent que le financement illicite a été impulsé et dirigé depuis Matignon, le cas l’ancien
premier ministre pourrait être soumis à la Cour de justice de la République (CJR).
La CJR est la seule juridiction pouvant
Edouard Balladur
instruire et juger les délits commis par
des ministres dans l'exercice de leurs
fonctions. Elle est actuellement saisie des
cas deChristine Lagarde dans l'affaire
Tapie et d'Eric Woerthdans celle de
l'hippodrome de Compiègne.
Les lenteurs et la clémence de cette juridiction (où des parlementaire sont majoritaires dans la formation de jugement)
ne sont plus à démontrer. Après avoir annoncé la suppression de la Cour de justice pendant la campagne électorale,
François Hollande a remis à plus tard cette mesure forte, qui supposerait un vote du congrès.
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