Pérou 2001

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Pérou 2001
LE PEROU
du 14 au 27 février 2001
Photos et texte : Madeleine et Christophe Jung
L’hiver chez nous c’est à dire l’été au Pérou n’est pas la période idéale pour visiter ce pays
où les saisons se déclinent en saison des pluies de novembre à avril et saison sèche de mai à octobre. Mais nous avons
décider de partir et ce sera le mois de février !
Location de voiture pour rejoindre Paris, de là nous atteignons Amsterdam à bord d’un Boeing 737 de KLM puis
changement pour un MD 11. Escale après 9 h de vol et 8500 km à Aruba, petite île hollandaise au large du
Venezuela. Ici il fait 30°C, très beau temps nous faisons le tour de l’aéroport, achetons quelques cartes postales et
rejoignons l’avion en temps voulu. Décollage à 17h45, reste 2850 km et 3h45 pour rejoindre Lima. Nous atterrissons à
21h. Le passage en douane se passe rapidement ainsi que la récupération des valises. Ouf, c’est quand même fatiguant.
Le thermomètre affiche 28°C et nous transpirons avec nos vêtements hiver ! Nous rejoignons sans détour au milieu
d’un trafic très dense, notre hôtel qui se trouve à San Borga un quartier huppé de la capitale.
Le pays : le Pérou fait frontière avec 5 pays –
l’Equateur au nord – la Colombie au nord-est –
le Brésil et la Bolivie à l’est – le Chili au sud –
Pays économiquement et politiquement
relativement stables. La monnaie est la nuevo
sole équivalent à env. 2 FF ou 1 US$ vaut 3,5
soles. La langue officielle est l’espagnol mais
les indiens des montagnes parlent les dialectes :
quechua et aymara. La population est
catholique pratiquante à 92%. Le Pérou
acquiert son indépendance en 1821 grâce
notamment à San Martin argentin et Simon
Bolívar. Ce dernier, né à Caracas au Venezuela
en 1783 d’origine créole (locale) mais de
famille très riche, fit ses études à la cour de
Madrid. Fervent admirateur de Napoléon il
devint révolutionnaire pour l’indépendance des
pays sud-américains. Il mourut en Colombie en
1830. En 1858 Don Castilla obtint l’abolition de l’esclavage (bien avant le Etats-Unis). De 1879 à 1883, la guerre du
Pacifique entre Chili et Pérou se solda en 1883 par le traité d’Ancon, désastre pour le Pérou qui céda au Chili tout le
sud du pays. A ce jour, il est le 3ème plus grand pays de l’Amérique du sud de par sa superficie (après le Brésil et
l’Argentine) environ 2,5 fois la France. Le président Fujimori vient de quitter le pays et poser sa démission début
février 2001. Il était au pouvoir depuis 1990 et a contribué à enrayer la vague terroriste (le Sentier Lumineux) qui
déstabilisait ce pays pendant plusieurs années. Nouvelles élections présidentielles prévues le 8 avril prochain.
Divisée en 48 districts, Lima avec ses 8 millions d’habitants sur 24 M. que compte le Pérou s’étale le long de l’océan
Pacifique et occupe le milieu géographique des Amériques du sud. En effet Francisco Pizarro, conquistador espagnol
a choisit cet emplacement pour y édifier en 1535 ce qui
allait devenir la capitale de l’Amérique conquise. De vieux
balcons en bois sculpté de style mauresque ornent les
nombreuses maisons coloniales du centre de Lima. Point de
départ de notre découverte, la cathédrale baroque du XVI° s.
renferme le tombeau de Pizarro assassiné en 1541 (sa
femme était la dernière princesse inca). Les stèles très
finement sculptées en bois de cèdre datent du 17°s. , le
plafond est en bois peint. Une statue de Santa Rosa
patronne de Lima et de la police fut offerte en 1589 par
Charles Quint roi d’Espagne. Cette cathédrale dont le plus
gros de l’édifice est en adobe, plusieurs fois détruite par des
tremblements de terre a toujours était reconstruite. Nous
quittons la place des armes en passant par le palais
présidentiel et le palais épiscopal pour rejoindre le couvent
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de St François d’Assise construit en 1672 par les Pères Dominicains. Tous les bas-reliefs sont en faïence de Séville du
17°s. Il renferme entre autre beaucoup de peintures de l’école de Cuzco et de l’école de Rubens datant du 17°s., ainsi
que des catacombes regroupant 25000 squelettes. Sur place les taxis sont très bon marché, effectivement tout
possesseur de voiture et de permis de conduire (acheté) peut prétendre à faire taxi. Toutefois la prudence est de mise,
avant de s’engager il est préférable d’estimer rapidement l’état du véhicule ainsi que de jeter un œil sur la jauge
d’essence. Idem pour les conducteurs de bus qui s’amusent régulièrement à faire des courses entre eux en pleine ville.
Nous partons flâner en bord de mer et dans les quartiers de Miraflores et de Baranca (le Montmartre local).
Le lendemain c’est la journée des musées afin de nous initier à l’histoire de ce pays. Nous commençons par le musée
de l’or, gigantesque collection privée qui englobe une collection d’armurerie du monde entier et de nombreux
ustensiles préinca. Les objets exposés ont été découvert dans des tombes d’origine préinca pour la plupart. Ces
peuples ne connaissant pas l’écriture, ces ustensiles tels que poteries, tissus, bijoux instruments de musique
représentaient les scènes de la vie, les expressions humaines (tristesse, joie, peur, pleurs, vieillesse, vie sexuelle –
chef, femme, enfant, guerrier, guérisseur, musicien, animaux – mer, montagne, religion, guerre...). Le musée
archéologique et d’anthropologie retrace l’histoire de l’ère préinca à nos jours. Nous faisons connaissance avec la
chronologie des différentes peuplades, leur situation géographique, leur mode de vie et leurs habitudes...
- Nord de Lima : la civilisation Chavin (X av J.C.) édifiait déjà des temples religieux en forme de pyramide, des
stèles gravées datant de 1000 ans av J.C. ont été retrouvées. Chancay et Moche (IV – VIII ap J.C.) s’illustraient
dans l’art de la poteries. Huarnez et Chimu (VIII – XIII ap J.C.) la plus grande et la plus importante civilisation
préinca source des techniques d’irrigation et de construction des routes repris en grande partie par les incas étaient
de fins orfèvres.
- Sud de Lima : les indiens Chincha étaient réputés pour être les meilleurs navigateurs, ils laissèrent de nombreuses
représentations de bateaux et de radeaux ainsi qu’une multitude de tissages et d’ustensiles à bases de coquillages.
Les Paracas (VIII av – VI ap J.C.) occupaient une des vallée les plus fertile du monde. Leurs constructions en
adobe ainsi que leurs sculptures étaient d’influence Chavin. Néanmoins ils étaient politiquement et
économiquement indépendants protégés par le désert et l’océan. Les Nazca (IV – VIII ap J.C.) croyaient à une
existence extraterrestre d’où les lignes de Nazca représentant différentes formes d’animaux et de plantes, ils
travaillaient aussi remarquablement la poterie. Guerriers remarquables, ils coupaient la tête des peuples conquis et
les portaient en médaillon pour acquérir la force de vaincre encore !
- Ouest de Lima : les Wari I (V – VII ap J.C.), Wari II (VII –VIII ap J.C.) dont les vestiges de la ville fortifiée de
Pikillacta témoignent d’un extraordinaire modèle d’urbanisme. .
- Altiplano et Bolivie : les Pucara (II av – II ap J.C.) ont connu un grand développement social.
La momification était pratiquée par tous ces peuples qui croyaient à la réincarnation. D’abord laissées dans des
cavernes sous terres jusqu’à 200 ans av J.C., les momies enveloppées de manteaux finement tissés avec en broderie
des fresques de personnages, d’animaux, de formes géométriques, étaient par la suite déposées dans des nécropoles
avec tous les objets nécessaires pour vivre. Dans le musée des crânes incrustés de plaques d’or, témoignent d’une
chirurgie crânienne poussée appelée trépanation (ces gens ont survécu aux opérations). La pratique de la déformation
crânienne dès les premières années de la vie était un signe de distinction ethnique (réservé aux chefs de tribus).
Inca : Quechua inka « fils du soleil » nom des souverains du peuple dans la
vallée de Cuzco (qonya = reine). Au début (1300 après J.C.) petite tribu
guerrière qui établit à partir du XV° siècle un empire sur la cordilière des
Andes jusqu’à la conquête espagnole en 1532. A son apogée, sous le règne de
Huayna Capac (1493 à 1525) le territoire inca comprenait la Colombie
méridionale, l’Equateur, le Pérou jusqu’à la Bolivie, une partie de
l’Argentine et le nord du Chili. Les habitants issus de conquêtes successives
et de peuples très divers, obéissaient à des règles administratives très strictes,
organisées en système de castes dominé par l’Inca tout puissant. Les ayllus,
les plus petites cellules sociales étaient quasi autosuffisantes. Les
administrateurs impériaux exerçaient un contrôle rapproché sur les 4 grandes
régions de l’empire subdivisée en Provinces, reliée par un réseau routier
exceptionnel. Les voies royales pavées permettaient par le relais de coureurs
entraînés, une communication rapide et efficace avec le centre de Cuzco,
ancienne capitale de l’empire Inca. Bon nombre de peuples étaient déplacés
géographiquement pour éviter des rebellions. L’architecture est caractérisée
par la forme trapézoïdale des portes, fenêtres et niches et par la perfection de
la construction en pierres ajustées sans mortier. Victime de sa grandeur et de
sa richesse, le manque d’un successeur désigné après la mort du 9ème
empereur inca, ce peuple n’a pu résister à l’invasion d’une poignée de conquistadores. Le royaume s’effondre sous le
règne des espagnols pillant et détruisant les sites découverts successivement.
Vers 10h nous nous rendons à l’aéroport de Lima nous attendons impatiemment l’avion de la
compagnie locale Peru Lan qui devra nous emmener à Arequipa. Celui-ci accuse finalement 4h1/2 de retard !
Arequipa, 1200 km au sud de Lima est nichée à 2380 m. d’altitude. Cette ville de 1.2 millions d’habitants est aussi
appelée la ville blanche pour deux raisons distinctes :
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- la race « blanche » c’est à dire espagnole régissait via le couvent Santa Catalina toute la ville.
- les maisons sont construites en Sillar, Tuf de couleur blanche provenant des volcans qui dominent la ville (Misti ,
Chachani et Pichu Pichu avoisinants les 6000 mètres).
Nous visitons le couvent Santa Catalina ouvert au public depuis
1970, construit en 1579 pour les riches filles espagnoles qui y
entraient dès leur plus jeune âge et y séjournaient toute leur vie.
Toutefois, elles ne menaient pas vraiment une vie de religieuse.
Leur famille leur construisait les cellules, véritables appartements
de luxe et leur payait les services d’1 à 4 servantes d’origine
quechua (selon la richesse). Forteresse dans la ville, ce sanctuaire
couvre une superficie de plus de 20 hectares, possède 5 rues, 3
cloîtres, des chapelles, un cimetières et bien d’autre bâtiments. La
cathédrale du 16°s. est construite en style baroque métissé,
intérieur art déco pour la nef taillée dans la pierre de Sillar, le cœur
en marbre de Carrare, la chair en bois de Lille et l’orgue en
provenance de Belgique. L’église Jésuite dont la façade baroque
métissé abrite une cour intérieure anciennement cloître et dont les
cellules sont occupées actuellement par des boutiques. Le tout s’harmonise autour de la place des armes. En route vers
le canyon de la Colca qui accuse par endroit un dénivelé de 3000 m et où autour de nombreuses sources thermales se
sont installés des villages traditionnels… L’élevage de lamas, d’alpagas et de vigognes procure à cette région la
meilleure qualité de laine permettant la réalisation de superbes tricots. Nous dînons dans une Picantera dont la
spécialité est à base de poivrons farcis, un vrai délice !
Le lendemain, nous connaissons les mêmes péripéties à l’aéroport d’Arequipa en attendant le vol de l’Aerocontinentale pour Cuzco. Nous annonçant successivement des retards d’une heure dus aux mauvaises conditions
météo, nous embarquons finalement avec 8 h de retard, sans savoir où l’avion ira se poser. Le pilote nous confirme
que nous volons vers la capitale, ne pouvant traverser la cordillère des Andes par un temps pareil ! Cinquante minutes
plus tard nous atterrissons à … Cuzco ! Ouf !
Cuzco, ville de 300 000 habitants dont le nom signifie
« nombril du Monde » en dialecte quechua est juchée à 3400 m
d’altitude. Le Korincancha édifié par l’Inca Pachacutec, abrite
le temple du soleil à l’origine entièrement recouvert d’or et
d’argent et le temple de la lune. Ces bâtiments déjà construits
de façon antisismique ont servi de base aux nombreux
monuments superposés plus tard par les conquérants.
L’architecture révèle une géométrie parfaite et toujours
calculée en fonction des astres. Les Incas (du 14 au 16° siècle
après J.C.) bien que ne possédant pas l’écriture maîtrisaient
parfaitement cet art. Leur emblème représente une croix en
escalier dont chaque marche est le symbole d’une hiérarchie :
le soleil, la lune, les étoiles - le tonnerre, les éclairs, la pluie –
le ciel, la terre, sous terre – le condor, le puma, le serpent
– Nous continuons la visite de la ville par la place
d’armes, la cathédrale typiquement baroque édifiée entre
1560 et 1654, le musée historique et sa galerie de
peinture…Au passage nous profitons d’un des nombreux
cybercafé présent dans cette ville pour envoyer un mail à
nos amis internautes (2,5 soles de l’heure ce qui n’est
vraiment pas cher comparé à la valeur du timbre à 3,8
soles). Les rues de Cuzco serpentent entre d’anciennes
fondations Incas dont les énormes blocs de pierres tous
asymétriques et « bossus » jouent avec la lumière du
soleil pour se donner du relief. Ces vestiges préincas et
incas ont subi des ravages successifs par les espagnols
mais aussi par les nombreux séismes qu’absorbe cette
région (celui de 1650 était très destructif). Autour de
Cuzco, nous découvrons tour à tour diverses ruines
incasiques :
- Puca Pucara, la citadelle rouge reste d’une ancienne tour de contrôle.
- Tombo Machay, lieu de repos où l’Inca jouissait de bains alimentés par une source.
- Sascayhuaman impressionnante construction énigmatique étagée sur trois terrasses où d’énormes pierres
s’imbriquent à la perfection. Lieu de culte préinca datant du 8° s. dédié au dieu de la foudre d’où sa forme en zigzag,
modifié en temple du soleil par l’Inca, puis en forteresse à l’arrivée des espagnols. Sur ce site ont été découvert de
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nombreuses momies révélant différentes façons de
momification selon si elle faisait suite à un sacrifice humain
(surtout des enfants) : absorption d’hallucinogènes et de
plantes empoisonnées puis de plantes déshydratantes pour
dessécher les viscères - ou suite à une mort naturelle : ôter et
brûler tous les viscères pour les remettre ensuite à la place du
cœur. Toutes les momies étaient enterrées avec des statuettes
en bois, argent ou or et divers autres objets selon le niveau
social.
- Andahualillas possède une église d’une rare beauté
surnommée la chapelle Sixtine de l’Amérique du sud. Erigée
par les jésuites au XVII° siècle, les murs intérieurs sont
richement tapissés de toiles et de reliefs couverts de feuilles
d’or.
- Pikillacta ancienne cité précolombienne Wari (VIII° siècle) fut abandonnée puis occupée par les messagers incas.
Un mur d’enceinte de plusieurs kilomètres de long renferme des maisons et des rues d’une parfaite symétrie qui
témoignent d’un excellent travail d’urbanisme.
La vallée sacrée d’Urumbamba située en moyenne à 3000 m. d’altitude est très fertile car sillonnée par de nombreuses
rivières qui rejoignent toutes le fleuve Amazone (source au Pérou). Les Incas identifiaient cette vallée à la voie lactée.
Les cultures en terrasses sont récoltées jusqu’à trois fois dans l’année, plus de
1000 plantes médicinales y poussent à l’état sauvage. Dans les villages reculés les
coutumes préhispaniques perdurent au cœur des terres incas, pratiques religieuses,
alimentaires, musicales et langues inca. Le catholicisme bien ancré est imprégné
de croyances et rites indigènes. Pisac, joli petit village dont les ruines accolées à
flanc de montagne étaient un ancien lieu de contrôle inca, est le rendez-vous d’un
marché andin traditionnel deux fois par semaine (jeudi et dimanche). En nous
rendant au marché, nous croisons des autochtones chargés comme des mulets,
descendant des montagnes environnantes pour y troquer leur artisanat ou récolte.
Tout au long des ruelles nous découvrons les couleurs vives des tricots, lainages
et tapisseries, les poteries (ocarina, pacha mama , pacha papa et autres vases), les
statuettes en pierres volcaniques, les bijoux illustrant Pachacutec , Sipan ou autre
Inca, les fruits et légumes, les fleurs, tout est sujet à émerveillement… Les mamas
assises à même le sol arborant de longs cheveux noirs tressés et habillées tout en
couleur sont d’origine quechua (habitant des montagnes de moyenne altitude – de
2400 à 3500 m) ou aymara (habitant des hautes montagnes - au dessus de
3600m), le contact est facile bien que nous ne pratiquons que très peu
l’espagnol. Le long du fleuve descendant avec ferveur de la montagne, les
scènes de la vie quotidienne se déroulent à bon train – lessive, toilettes
intimes. Au milieu de cette ambiance andine, le temps prend une autre
dimension… Nous déjeunons local et rejoignons dans l’après-midi
Ollantaytambo. Sur les toits des maisons nous remarquons au passage deux
taureaux de Pucara en céramique, une jarre et une croix censés protéger le
foyer des mauvais sorts. Arpentant les vieilles rues étroites et dallées
reprenant le tracé initial de l’ancienne cité inca, nous accédons aux ruines en
escaladant une série de superbes terrasses du haut desquelles nous jouissons
d’une vue sensationnelle sur les environs. Sur la colline versant nord nous
repérons d’énormes murs, vestiges des greniers de stockage pour les réserves
alimentaires (frigo !) et distinguons taillés dans la roche le profil d’un Inca.
Coté sud , la montagne meurtrie témoigne du passage des blocs de pierres
servant à la construction de ce site. En redescendant du coté Est nous passons
par trois fontaines successives s’écoulant entre des roches taillées façon croix
andine. Nous retrouvons fatigués notre belle hacienda près de Pisac pour une
deuxième nuit en ces lieux.
Ce matin nous partons à 5 h pour rejoindre le Macchu Picchu. Longue journée en perspective 1h de bus, 1 1/2h de
train puis à partir d’Aqua Calientes 50mn de navette dans des conditions exécrables. Je suis tellement malade qu’en
arrivant au sommet à 2400 m la tête complètement dans les nuages, le dos en compote et les pieds dans les choux il
me faut encore 1/2h pour récupérer ! Est ce peut-être le contre coup de l’altitude ? Depuis 3 jours nous dépassons
régulièrement les 3000m et notre superbe guide pour ces lieux, Belinda m’avertit des problèmes que rencontrent
souvent les touristes…
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Macchu Picchu : Hiram Bingham chercheur américain dévoile au monde ce site Inca en 1911. Divisé en deux
secteurs :
- Agricole : aménagé en terrasses pour la
culture. Sol très fertile exposé en pent de
montagne permet plusieurs récoltes de
pomme de terre et de maïs par an, grâce
notamment à l’aménagement de centaines
de kilomètres de canaux d’irrigation. Les
fouilles archéologiques ont révélé que la
majeur partie de cette terre a été ramenée
sur le site.
- Urbain : englobant les habitations, les
lieux de cultes tels que le temple du soleil
tour circulaire non couverte pour
permettre l’observation des astres, le
temple du condor, des tombeaux abritant
des momies, des places, des fontaines. Un
monolithe finement taillé, élancé vers le
ciel au point le plus élevé du site, servait
de cadran solaire…
Joyau de l’architecture inca, situé sur une
crête étroite des contreforts amazoniens, surplombant une rivière turbulente, cette citadelle est l’expression de l’œuvre
de l’homme en harmonie avec la nature. Elle est considérée comme la 8ème merveille du monde. Les espagnols n’ont
jamais mis à jour ce site, ce qui explique son bon état de conservation. Sans cesse les nuages cachent les pics
environnants et dans l’après–midi une pluie battante nous invite à rejoindre le chemin du retour (vers Cuzco situé à
120 km). Ce soir au dîner nous choisissons des spécialités locales : de la viande d’alpaga et de cochon-d’inde avec
pomme de terre douce et mais blanc, et pour finir une infusion de feuilles de coca.
En route pour 9h de train à travers l’Altiplano et le pays des
Aymaras. La compagnie Perurail rachetée par une société
américaine il y a deux ans a d’après les dire beaucoup amélioré
son service à bord. Nous voyageons en première classe et
sommes très satisfait de ce service. Malheureusement l’état du
réseau ferroviaire nous fait subir de nombreux chocs assez
violents tout au long du trajet. A chaque arrêt, des indiens nous
proposent le fruit de leur travail que ce soit artisanal ou
alimentaire. Lors d’un stop au col de la Rayas à 4313m, point
le plus élevé de cette traversée, nous découvrons des maisons
en adobe (paille mélangé à de l’argile) typique de cette région
du Pérou. Nous traversons de très beaux paysages tout aussi
typiques, troupeaux d’alpagas dans un décor très vert sur fond
de pics enneigés et toujours cette populations aux costumes
très colorés. Nous atteignons Juliaca surnommée la cité des vents, ville tout en longueur avec ses milliers de petits
commerces qui étalent sur ce sol détrempé par plusieurs jours de pluie toutes sortes de marchandises. 36000 tricycles
parcourent cette bourgade de 250000 habitants. De là, un bus nous emmène à Puno (3825m.) au bord du lac Titicaca.
Fondée en 1668 cette ville compte aujourd’hui 300000 habitants vivant de l’exploitation des laines d’alpagas et de
moutons, de l’agriculture et des ressources du lac. Plaque tournante de la contrebande provenant du Brésil via la
Bolivie toute proche, ce commerce reste très intéressant pour les péruviens et très fructueux pour les contrebandiers
malgré le nombreux contrôle policiers. Bien qu’étant assis durant toute cette journée, celle-ci a été très éprouvante,
pas besoin de berceuse donc pour nous endormir.
Le lac Titicaca (signifiant Puma gris en langue quetshua)
divisé entre le Pérou et la Bolivie à 3800m. d’altitude est
considéré comme le lac navigable le plus haut du monde.
Faille écologique résultant des mouvements des plaques
tectoniques, il est situé au confins de deux chaînes andines
dont il accueille les eaux. Avec 176 km de long pour une
superficie de 8100 km2 et une profondeur maximum de 280
m, ce lac abrite différentes sortes de poissons et d’oiseaux
permettant aux habitants des ses îles de survivre. Les îles Uros
sont un groupe d’îlots flottants faits de roseaux appelés
tortora. A l’origine, les indiens Uros furent chassés par les
incas à l’intérieur du lac. Ces derniers pensaient ainsi les
exterminer mais les Uros ont survécu... De nos jours ces îles
toujours occupées par des autochtones ne sont plus que des
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attractions touristiques. Nous débarquons sur l’une d’entre elles et sommes accueillis
à bras ouverts par des enfants très grados mais tellement mignons. Une odeur de
moisi se dégage de ce parterre formé de couches successives de roseaux (détrempés)
et atteignant plusieurs mètres d’épaisseur. Nous continuons notre mini croisière vers
l’île de Taquile qui tient son nom du marquis espagnol De Taquile. Dès notre arrivée
nous nous voyons offrir une plante aux vertus neutralisant le mal de l’altitude par
inhalation. Nous continuons par un chemin en lacet nous conduisant vers le sommet
de ce bout de terre situé à 4300 m. d’altitude. Les habitants très hospitaliers ont gardé
les coutumes ancestrales ainsi qu’une façon singulière de s’habiller. La femme
toujours voilée de noir porte une jupe de couleur très vive, l’homme en chemise
blanche est toujours coiffé d’un bonnet tricoté par ses soins. Ici, les hommes
maîtrisent parfaitement l’art du tissage. L’île ne compte aucun hôtel mais il est
toutefois possible d’y séjourner chez l’habitant...
Puno abrite aussi de mystérieux chullpas précolombiens en forme de tours utilisés
comme lieux funéraires des Collas. Travaillés en pierres volcanique taillées certains
atteignent une hauteur de 12 m. et défis les lois de la gravité. En effet, ces tours ont un diamètre supérieur dans leur
partie haute par rapport à leur base. Les routes d’accès aux chullpas de Sillustani étant inondées, nous partons à la
découverte de Chucuito qui abrite le temple du phallus d’origine incertaine. Nous traversons la place des armes avec
son église du 16°s. et atteignons la place des arcades en forme d’arène qui dégage une très belle vue sur le lac
Titicaca.
De l’aéroport de Juliaca, nous rejoignons Lima pour une dernière nuit réparatrice avant notre retour en France. Ce
vaste pays recèle encore de nombreux sites naturels et archéologiques que nous n’avions pas au programme de notre
première visite de 12 jours. La population accueillante est d’origine très contrastée suivant qu’elle se situe dans la
capitale ou non. Les traditions perdurent malgré l’expansion du tourisme. Pays essentiellement basé sur l’agriculture,
la richesse des sols offre à chacun de quoi vivre honorablement…
FIN
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