Dossier de presse

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Dossier de presse
dans la forêt
à l’écomusée de marquèze
exposition du 22 octobre
au 30 novembre 2010
vernissage
21 octobre 2010 A 18h
Avec les œuvres de Dove Allouche,
Céleste Boursier Mougenot, François
Cante-Pacos, Dewar & Gicquel,
Christophe Doucet, Frédéric
Duprat, Anne-Marie Durou, Elizabeth
Garouste & Mattia Bonetti, Bernard
Faucon, Piero Gilardi, Fabrice Hyber,
Laurent Le Deunff, Jean-Luc
Mylayne, Laurent Montaron,
Jean-François Noble, Présence
Panchounette, Eric Poitevin,
Jean-Claude Ruggirello, Daniel
Schlier, Josef Sudek,
Olivier Vadrot
écomusée
de marquèze,
sabres
- Atelier roman-photo :
« Dans la peau des bêtes et autres
habitants de la forêt » pour les 6-12
ans accompagnés d’un adulte.
Sur réservation – 27 oct à 15h (1h30 +
goûter).
- Rencontre avec les artistes
Christophe Doucet et Laurent
Le Deunff – 18 nov à 18h30
- Initiation aux pratiques artistiques
animée par le plasticien Pascal Daudon
(pour adultes) – 21 nov à 14h (3h)
- Visites guidées : le mercredi et
dimanche à 14h et 16h
- Tarif des activités : droit d’entrée
informations pratiques
Ouvertures
lund - vend : 10h-18h / sam : 14h-18h /
dim : 10h-12h et 14h-18h
Tarifs (Pavillon)
6 € / 6-25 ans : 4 € / Tarif réduit : 5 €
Tél. 05 58 08 31 31
informations presse
Aurore Combasteix
05 56 24 70 72 / [email protected]
Laurent Montaron, Depuis 1973, 1998
L’exposition présentée à l’Écomusée de
Marquèze réunit un ensemble d’œuvres du
Frac Aquitaine liées au monde de la forêt.
Chacune décline à sa manière un axe propre:
le paysage, le cycle des saisons, la chasse, le
refuge, le travail forestier, l’espace du conte,
le mobilier intérieur… Cette exposition, en
écho à la forêt des Landes environnante, se
présente au visiteur comme une expérience
qui modifiera sans doute son regard sur
l’univers qui l’entoure.
La forêt est incarnée par la récurrence d’un élément qui l’identifie immédiatement en signant sa « verticalité » : l’arbre, ou un ensemble d’arbres, qui joue comme une métonymie,
la forêt se caractérisant par la densité de sa végétation. Photographies, installation et film
rendent compte des multiples facettes de ce cadre sylvestre : les dessins au graphite noir
de Dove Allouche plongent le visiteur dans la densité de la forêt, alors que les œuvres de
Jean-François Noble, Daniel Schlier et Jean-Claude Ruggirello ménagent une rencontre
avec un arbre isolé, traité de façon symbolique, pris entre le terrestre et le céleste. La forêt
est le lieu des possibles, à l’image de la photographie de Bernard Faucon qui met en scène
un mannequin dressé tel un marin sur le pont de son bateau, lui-même amarré dans les
feuillages d’un arbre. La présence de l’être humain au sein de cet espace naturel est également abordée d’une manière tout aussi énigmatique par Laurent Montaron et Dewar
& Gicquel qui ont reproduit en terre glaise Carl Cox, célèbre dj américain, paisiblement
assoupi dans un sentier forestier.
D’autres êtres peuplent l’exposition, les « hôtes de ces bois » : les oiseaux de Jean-Luc
Mylayne, une bête poilue issue de la mythologie de l’artiste Anne-Marie Durou, le cadavre
d’un gibier pendu et photographié par Éric Poitevin. Derrière l’animal, c’est aussi la forêt
comme terrain de chasse qui est évoquée, et plus largement comme un territoire à domestiquer. Cabanes en bois, installation en forme de feu de camp, tente aux allures d’abris ancestraux, artefacts d’outils, dessin d’une pile de bois méticuleusement agencés sont autant
d’inventions de l’homme pour survivre au sein d’une nature hostile.
En revanche, transposée dans l’espace domestique, la forêt semble parfaitement maîtrisée,
au point même d’être parodiée : un chevreuil est présenté en trophée par Frédéric Duprat,
mais ses bois sont remplacés par la représentation phallique de l’homme, le mobilier de
François Cante-Pacos relève d’un travail de haute-technicité du bois, le Dégradé vert de
Fabrice Hyber fait état d’une couleur plus belle que nature, le feu de cheminée est exploité
pour ses vertus musicales…
Ainsi, l’exposition Dans la forêt invite le visiteur à se plonger au cœur d’un espace riche
et mystérieux qui ouvre autant de chemins et sentiers à emprunter et découvrir pour s’y
perdre et s’y retrouver, rêver, réfléchir.
Hangar G2, Bassin à flot n°1 — Quai Armand Lalande — 33 300 Bordeaux — France
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Le Frac-Collection Aquitaine est financé par le Conseil régional d’Aquitaine et la Direction régionale
des Affaires culturelles d’Aquitaine — Ministère de la Culture et de la Communication..
Avec le soutien de la Ville de Bordeaux.
PARCOURS DE L’EXPOSITION
Josef Sudek
Kolin-sur-l’Elbe (Bohême), 1896 - Prague, 1976
Landscape in middle Bohemia, 1964
Photographie contact noir et blanc
29,9 x 39,9 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : Frac Aquitaine
Landscape in middle Bohemia est un paysage photographié en Bohême dont est originaire Josef Sudek.
Très étirée, l’image combine flou et netteté et donne à voir une vision fantomatique d’une campagne au
petit matin : le jour se lève, le brouillard est à peine dissipé, certains arbres s’élèvent tandis que d’autres
paraissent encore voûtés par le poids de l’épaisse brume ; seul un promeneur introduit un peu de vie
dans ce paysage révélant des chemins que l’on distingue à peine. La technique de Josef Sudek consiste
à développer ces tirages par contact, préservant ainsi la qualité et la subtilité des gris. Il étudie la lumière sous toutes ses formes : givre, buée, brouillard ou gouttes d'eau sur une vitre, jeux de transparence et de reflets sont autant de moyens pour dévoiler des visions empreintes d'onirisme et de poésie.
Frédéric Duprat
Né en 1966 à Guéméné-sur-Scorff (Morbihan)
Vit et travaille à Bordeaux et Bayonne
Sans titre, 1997
Bois aggloméré découpé
60 x 54, x 1,5 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : F. Delpech
Frédéric Duprat pratique le dessin à la « ligne claire », appellation largement utilisée dans la bande
dessinée de l’école bruxelloise (celle des studios Hergé), pour désigner à la fois un langage graphique (grande simplicité du trait) et un style narratif. Sans titre est composée de trois morceaux découpés dans un panneau de bois aggloméré, récupéré d’une pièce de mobilier. Ces éléments sont
juxtaposés sur un même plan et dessinent la figure fantomatique d’un personnage de BD. Dans un
second temps, le spectateur déchiffre les trois voyelles : a, i, e ; les joues du visage étant formées par
les lettres les plus arrondies (le a et le e), tandis que la bouche grande ouverte correspond au i surmonté d’un tréma pour la paire oculaire. Le décryptage agit pleinement à la lecture de l’interjection
« Aïe ». Lire peut-il faire mal ? Cette typographie plein d’humour agit à retardement, comme un rébus.
Laurent Montaron
Né en 1972 à Verneuil-sur-Avre (Eure)
Vit et travaille à Paris
depuis 1973, 1998
Photographie couleur contrecollée sur aluminium et
plastifiée
80 x 120 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : F. Delpech
Une personne, vêtue d’un survêtement, et dont le visage reste hors-champ, remet sa chaussure de sport
au milieu d’une forêt scandée régulièrement par des rangées d’arbres. Le plan est à la fois resserré sur
les jambes du personnage et prend en compte les alentours. Le regard converge vers le geste du protagoniste d’où l’on note l’indice d’une marque de chaussure mondialement commercialisée. Cette composition savamment construire, associée à l'identification immédiate de l’équipementier, renvoie le spectateur à une image de type publicitaire. Pour autant, un regard plus attentif incite à lire sur la plante du
pied le tatouage : « depuis 1973 » (également titre de l'œuvre). L'image, intégrant cette inscription dans
cette zone corporelle, devient énigmatique et peut amorcer de nombreux récits. Elle révèle une situation quotidienne dans laquelle l’artiste introduit un imperceptible décalage. Face à elle, le spectateur
éprouve un sentiment d'étrangeté et d’interrogation. Utilisant des codes visuels issus de la publicité (on
pense aux marques qui se définissent dans la durée, comme gage de qualité, comme la moutarde M… «
Dove Allouche
Né en 1972 à Sarcelles
Vit et travaille à Paris
Mélanophila II, 2003-2007
9 dessins au graphite sur papier Lana Royal
24 x 32 cm (chaque)
Collection Frac Aquitaine
Photo : Dove Allouche
Durant l’été 2003, au sud du Portugal, Dove Allouche réalise 140 photographies d’une forêt d’eucalyptus
dévastée à la suite d’un incendie. De retour dans son atelier, il réalise 140 dessins au graphite noir reproduisant fidèlement les clichés noir & blanc originaux, regroupés sous le titre Mélanophila II, en référence
au nom d’une variété de coléoptère qui se nourrit de bois brûlé. Ces dessins jouent avec « l’idée » de la
représentation photographique, du moins sa réminiscence. Autant la photographie entretient un rapport
étroit avec le réel – attestant du « ça a été » théorisé par Roland Barthes – autant les traits du crayon dupliquent le paysage, respectant minutieusement tous les détails de l’original. On est donc en face d’une copie (le dessin, épreuve unique) de copie (l’épreuve photographique par le négatif permettant le multiple).
D’un caractère à la fois dense et contrasté, Mélanophila II parvient à révéler précisément les motifs. En
ce sens, ces dessins évoquent étrangement les daguerréotypes (image photographique unique aux reflets
argentiques datant du milieu du XIXe siècle) aux effets de miroitement et d’une précision incroyable. En
prenant de la distance par rapport à la photographie originale, Dove Allouche semble faire réapparaître,
tel un fantôme, une forêt à jamais disparue où les branches des arbres semblent de nouveau reverdir…
Eric Poitevin
Né en 1961 à Longuyon
Vit et travaille à Mangiennes (Meuse)
Sans titre, 2006
Photographie couleur
243 x 182 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : J.C. Garcia
Éric Poitevin réalise des photographies d'une grande sobriété qui imposent le recueillement
et travaillent toujours un rapport au temps. Plusieurs travaux produits pendant les années 19801990 montraient des êtres ou des lieux immémoriaux ou en voie de disparition (anciens combattants
de la première guerre mondiale en 1985-89 ; religieux au Vatican en 1990 ; paysages de sous-bois en
1991). Avec Corps de bêtes, série récente, ce sont des animaux abattus que le photographe immortalise dans un studio aménagé près des lieux de chasse. Posés sur des socles blancs, à la manière
de statues antiques, ou bien suspendus par les pattes, ces cadavres s'imposent à nous dans leur dernier silence. Saisissant ce mouflon, l’artiste cristallise en un moment suspendu ce lien sacré et ténu
entre la vie et la mort, révélant l’agonie d’un côté et la tache rouge du sang de la bête sur le sol, de
l’autre. Cet effet lumineux mêlant matières et couleurs rappelle la fugacité de la vie passée et cette
« brutalité du fait » dont parlait Michel Leiris devant les tableaux sanguinolents de Francis Bacon.
Élizabeth Garouste & Mattia Bonetti
Elizabeth Garouste, née en 1946 à Paris
Mattia Bonetti, née en 1952 à Lugano (Suisse)
Vivent à Paris
Trépied, 1981
Prototype de lampe
Terre cuite, corde et métal doré
40 x 35 x 35 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : A. Danvers
La lampe Trépied conçue par Élizabeth Garouste & Mattia Bonetti en 1981 reflète l’univers de ces
deux designers dont la collaboration a duré plus de vingt ans. Réalisé en terre cuite, auréolé d’une
corde et posé sur un trépied en métal doré, cet objet prend la forme d’un récipient et questionne sa
véritable fonction. Pour fabriquer cette lampe, Garouste & Bonetti ont porté une grande importance aux matériaux qui, ainsi mélangés, font s’imbriquer le noble, l’archaïque et le moderne au sein
d’un même objet. Ouvert à de multiples influences (les cavernes et la préhistoire, les barbares, le
baroque et le rococo, les jardins Zen du Japon), le design de Garouste & Bonetti repose sur une utilisation de matériaux simples et un refus de la technologie (et par conséquent de la production
en série). Leurs objets révèlent ainsi un goût pour la nature, l’histoire et l’hybridation des genres.
Laurent Le Deunff
Né en 1977 à Talence
Vit et travaille à Bordeaux
Wigwam, 2010
Cuir de buffle, bois et métal
208 x 180 x 208 cm
Collection Frac Aquitaine
Pour réaliser cette sculpture, l’artiste a dans un premier temps procédé à une chasse au mobilier abandonné dans les rues de Bordeaux, le temps d’une soirée. En récupérant fortuitement sur le trottoir un
canapé et deux fauteuils en cuir de buffle, il a ensuite décousu tous les empiècements pour réaliser cette
tente de type « canadienne », obtenue avec l’intégralité des morceaux de cuir. Poursuivant son travail
à partir de thèmes récurrents comme la nature, sa dimension sauvage ou exploratoire (par l’homme),
Laurent Le Deunff livre ici un nouveau mode de vie et de production écologique en territoire urbain.
Laurent Le Deunff
Foyer, 2008
Bois d’essences diverses
23 x 100 x 100 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : Laurent Le Deunff
Foyer est une œuvre produite à l’issue d'un séjour dans la forêt des Landes. Cette installation se compose de plusieurs objets sculptés que l’artiste a disposés au sol : feuilles, os, glands, aiguilles côtoient
des galets fermant le cercle du foyer. Ces éléments ont été façonnés par l'artiste, reproduisant fidèlement des éléments trouvés dans la nature. Quelques formes intruses (pièce de monnaie, œuf Kinder,
diamants ou clef) renforcent l'impression d'inventaire que l'artiste compose comme un rébus. Dans
cette installation, au sein de laquelle voisinent diverses essences de bois, l’artiste a inséré des éléments
non reproduits du réel mais les originaux eux-mêmes. Il questionne ainsi l’idée de la représentation,
entre imitation et « ready-made », tout en affirmant une relation privilégiée avec le monde des origines.
Laurent Le Deunff
Piège, série des Chasseurs flous, 2006
Crayon sur papier Canson
42 x 29,7 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : Laurent Le Deunff
Piège appartient à une série intitulée Chasseurs flous que l'artiste a dessinée sur des feuilles de papier Canson, à
partir de reproductions de livres et de magazines destinés aux amateurs de chasse. Ce dessin est atypique dans la
série : il représente une pile de rondins de bois installée dans un espace vide de toute présence humaine et dans
laquelle est inséré un « piège à belette » (long tunnel de section carrée). Le regard s'attarde sur la face de ce tas
de bûches où l’on peut lire une série de « roto reliefs » (en référence à Marcel Duchamp) involontaires. La manière quasi abstraite de traiter cet empilement de bois ôte l’idée d’une narration pour se concentrer sur le motif.
François Cante-Pacos
Né à Paris en 1946
Vit à Nogent-sur-Marne (Val de Marne)
Sans titre, 1983
Prototype de secrétaire
Bois d’aulne
114 x 64 x 52,2 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : A Danvers
Sans titre, 1983
Prototype de chasse
Bois d’aulne
90 x 39,5 x 39 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : A Danvers
Cet ensemble mobilier, composé d’un secrétaire et d’une chaise, s’apparente plus à un mobilier d’artiste
– ou à de la sculpture – qu’à du design. En effet, François Cante-Pacos, après des études en Arts appliqués et à l’École des arts décoratifs de Paris, s’est adonné à une longue pratique de la sculpture. Ces
prototypes, acquis par le Frac Aquitaine, requièrent une haute technicité ; ils ont été réalisés par les ateliers Catherineau à Bordeaux, ayant travaillé pour une compagnie d’aérospatiale. Seuls six exemplaires
ont été édités par la galerie Pierre Cardin. Les différents éléments, aux volumes arrondis, s’emboîtent tel
un puzzle autour d’un noyau rappelant la morphologie d’une rotule. Les sculptures de François CantePacos se caractérisent par des formes naturelles, puissantes et sensuelles.
Frédéric Duprat
Né en 1966 à Guéméné-sur-Scorff (Morbihan)
Vit et travaille à Bordeaux et Bayonne
Sans titre, 1997
Trophée, plâtre
60 x 30 x 30 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : F Delpech
De ce trophée de chevreuil, Frédéric Duprat a ôté les bois pour les remplacer par des formes en plâtre
qui représentent deux personnages masculins, en érection, dansant les bras levés. Recouvertes de patine,
ces petites sculptures peuvent passer inaperçues. En manipulant habilement l’image et le langage, Frédéric Duprat revisite, non sans humour, des objets de notre quotidien. Ici, la tête de chevreuil, trônant
habituellement dans certains intérieurs, fait référence à la victoire du chasseur. L’artiste s’en empare
pour mieux le détourner, de manière ludique, en l’affublant de détails qui tournent en dérision les valeurs habituellement attribuées à un tel objet : la victoire, la supériorité d’un être sur un autre, la virilité…
Anne-Marie Durou
Née en 1966 à Mont-de-Marsan
Vit et travaille à Bordeaux
Figure sur l’herbe, 2009
Bois, lycra, fourrure, laine, métal, silicone
40 × 115 × 35 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : Isabelle Pellegrin
Figure sur l’herbe suscite une impression paradoxale, entre attirance et répulsion. La couleur chair du
lycra renforce l’impression d’étrangeté. Le tissu rayé vert et noir contraste avec la tonalité beige de la
forme centrale d’où s’échappe un pompon en laine souple. Prolongé à l’autre extrémité par une protubérance en fourrure dont les franges ont été travaillées à la silicone, le corps de ce petit animal semble
vouloir entrer en contact avec une autre forme située à proximité. Avec cette œuvre, l’artiste propose
un objet issu de sa mythologie personnelle tout en laissant libre cours à l’imagination du spectateur.
Olivier Vadrot
Néen 1970
Vit et travaille à Savigny-lès-Beaune et Dijon
Laptop fire, 2009
Bois et équipement électronique
27 x 390 x 410 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : J.C. Garcia
Laptop fire conçu par Olivier Vadrot, membre du collectif Cocktail Designers, est à la fois une pièce de
mobilier et un dispositif sonore à expérimenter. Tout comme autour d’un feu de camp, les visiteurs sont
invités à s’installer sur les assises en bois formant un pentagone constitué de cinq modules identiques.
Un des modules dissimule du matériel son : ordinateur et table de mixage. Sur les autres modules, le
visiteur peut se saisir de casques pour écouter un programme sonore renouvelé en fonction des heures et
du contexte. Est diffusée une composition conçue par le D.J. et producteur Flamen spécifiquement pour
ce dispositif, autour de la thématique de la forêt. Cette ambiance sonore offre un point de vue différent
sur les oeuvres situées aux alentours, en créant un espace de communauté furtive dont la forêt constitue
l’un des refuges.
Informations sur Flamen : http://www.myspace.com/flamen6r4f
Piero Gilardi
Né en 1942 à Turin
Vit et travaille à Turin
Vestito natura Betulle, 1967
Mousse de polyuréthane et chaîne en plastique
Collection Frac Aquitaine
Photo : J.C. Garcia
Deux ans après sa première exposition personnelle Machines pour le futur en 1963, Piero Gilardi réalise ses
premières pièces en mousse de polyuréthane qu’il présente à Paris, Bruxelles, Cologne, Hambourg, Amsterdam et New York. Progressivement, il cesse de produire des œuvres d’art au sens classique du terme pour
s’engager dans les nouveaux courants de la fin des années 1960 : l’Arte povera, le Land art et l’art antiforme,
dont il est l’un des rares théoriciens. La sculpture est constituée de rondins de bois réalisés en mousse et
d’une chaîne en plastique. L’artiste, en utilisant ces produits issus du pétrole, matière polluante, cherche
à marquer les esprits au sujet du risque de pollution par les matériaux artificiels au tournant des années
1970. Son travail est toujours empreint d’un certain engagement politique pour ne pas dire « visionnaire ».
Jean-Luc Mylayne
Né en 1946 à Marquise (Pas-de-Calais)
Vit et travaille dans le monde
N°26, juin-juillet 1981
Photographie couleur marouflée
sur panneau d’aluminium
70 x 70 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : T.D. Vidal
N°44, juillet-août 1986
Photographie couleur marouflée
sur panneau d’aluminium
100 x 100 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : T.D. Vidal
Depuis plus de trente ans, Jean-Luc Mylayne photographie des espèces d’oiseaux fréquentant les zones
rurales, espaces dans lesquels l’homme a façonné la nature. Chacun de ses clichés est le résultat d’un
long temps de recherche qui s’étire souvent sur plusieurs mois (cette durée est indiquée dans le titre
des œuvres). Il repère et observe un site, y étudie les comportements des volatiles jusqu’à établir une
certaine familiarité avec eux, ce qui lui permettra ensuite de les photographier au plus près. L’artiste
anticipe les paramètres de l’image finale (lumière et composition), avant de s’installer dans l’espoir que
l’oiseau, devenu « figurant », accepte de collaborer. Si celui-ci n’apparaît pas en gros plan, il se positionne « quelque part » dans l’image, dissimulé dans les feuillages, parfois repoussé au bord du cadre ; il
n’occupe qu’une partie de la composition globale : sa présence devient presque secondaire. Ces œuvres
invitent à questionner notre manière de voir - il ne suffit pas d’une fraction de seconde pour prendre
une photographie - et à réapprendre comment orienter notre regard lorsque nous « lisons » une image.
Bernard Faucon
Né en 1950 à Apt (Vaucluse)
Vit à Paris
Le Navigateur, 1980
Photographie couleur
31 x 31 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : D. Fontenat
Le Navigateur, œuvre réalisée en 1980, appartient à la série intitulée Les Grandes vacances. Ici, une cabane construite dans les arbres devient un voilier où il est à la fois possible pour le personnage de se
réfugier et de guetter l’horizon, tel un capitaine de vaisseau. Cette photographie est caractéristique de
la démarche de l’artiste : une mise en scène soigneusement étudiée qui implique l’usage de mannequins
faits de cire et de plâtre. Les Grandes vacances témoignent d’une période chère à Bernard Faucon. Enfant, il séjournait dans le Lubéron avec ses parents ; c’est sur ce même territoire qu’il revient des années plus tard avec le désir d’y inscrire des saynètes enfantines. L’artiste mêle souvenirs et fictions.
Ainsi, ses photographies évoquent un univers personnel et intime au sein d’une dimension sublimée.
Présence Panchounette
Groupe fondé en 1969 à Bordeaux – dissout en 1990
Dans chien il y a niche, dans l’homme il y a HLM, 1989
Niche en bois et aggloméré, moquette, lustre électrique, toiles peintes
93 x 53 x 89 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : B. Dupuy
Cette niche est comparable à celles que l’on peut trouver dans le commerce. Cependant, contrairement à un ready-made que les artistes auraient choisi de montrer en l’état, cet objet a reçu des aménagements intérieurs. Des références à de grandes figures de l’art américain du XXe siècle côtoient indifféremment un lustre suspendu au plafond, objet issu d’un univers plutôt kitsch. Les
motifs de la moquette évoquent les peintures murales de Sol LeWitt et les trois toiles tendues
sur châssis et peintes à l’acrylique, accrochées sur les parois, rappellent les « drippings » de Jackson Pollock, coulées de peinture de différentes couleurs projetées sur la toile posée à même le sol.
Ce détournement d’objets et le titre volontairement ironique de l’œuvre Dans chien il y a niche, dans l’homme
il y a HLM placent dos à dos le destin de l’homme et de l’animal domestique, en pointant le confort de l’un
au détriment de l’inconfort de l’autre. Actif de 1969 à 1990, le groupe Présence Panchounette commence à se
faire connaître par des actions, des tracts et des performances où se mêlent dérision et contestation. Le travail critique de ce « collectif bordelais d'assimilés-artistes » va se focaliser sur une remise en cause du modernisme proposant un art parodique et alternatif qui tournait en dérision l’art dit « d’avant-garde » et ses rituels.
Céleste Boursier-Mougenot
Né en 1961 à Nice
Vit et travaille à Sète
recouvrement/overlap, 2010
Disque vinyle
32,5 x 32,5 cm
Collection Frac Aquitaine
Musicien de formation, Céleste Boursier-Mougenot se tourne vers les arts plastiques, dans le
champ de l’installation sonore, travaillant à extraire le « potentiel musical » et acoustique des objets les plus divers. Souvent déployés en relation avec les données architecturales ou environnementales des lieux d’exposition, ses dispositifs constituent le cadre propice à une expérience d’écoute
en livrant, au regard et à la compréhension du visiteur, le processus qui engendre la musique.
recouvrement/overlap est une édition produite par les Amis de la Fondation Antoine de Galbert à l’occasion de l’exposition de l’artiste à La Maison rouge à Paris (19 fév.-16 mai 2010). Il s’agit d’un disque
vinyle sur lequel est gravé le son d’un feu de bois qui crépite, partant de l’idée que plus le disque
sera écouté, plus ce même son prendra de l’intensité. Cette œuvre n’est pas sans référence au travail
de La Monte Young (artiste américain né en 1935), pionnier de la musique minimaliste et son représentant le plus radical, qui a souvent pris en compte le temps et l’évolution des sons dans la durée.
Jean-Claude Ruggirello
Né en 1959 à Tunis
Vit et travaille à Marseille
Jardin égaré, 2006
Vidéo couleur muette, 20’
Collection Frac Aquitaine
Photo : Jean-Claude Ruggirello
Jardin égaré est un film, un plan fixe montrant un amandier en fleurs déraciné et suspendu à une corde,
tournant lentement sur lui-même à l’horizontale. La corde est placée au plus près des racines permettant
ainsi à l’arbre de trouver son point d’équilibre tout en révélant la ligne de partage entre l’endroit où le
tronc disparaît sous terre et celui où il s’inscrit dans le paysage que délimite, à l’écran, la ligne d’horizon.
Le déracinement de l’arbre, dont les fleurs témoignent de sa renaissance, provoque une situation critique.
L’amandier en fleur est inerte et en mouvement, rendant la ligne de partage entre la mort et la vie difficile à établir. Un arbre captif, attaché hors de terre, comme un trophée. Jardin égaré incite le spectateur
à tourner virtuellement autour de l’arbre mobile, puisque l’artiste lui impulse un mouvement très lent de
rotation qui convertit le mouvement physique en langage plastique. Dans ses vidéos, l’artiste s’attache à
démonter, à reconstruire, à moduler les rapports entre le temps et l’image. Jean-Claude Ruggirello utilise
le mouvement, la lumière et le son comme des matériaux de prédilection
propres à explorer l’espace réel. Ses œuvres, dessins, objets, performances, sculptures, installations,
sont à considérer avant tout comme des expérimentations. Si l’artiste se définit souvent comme un sculpteur, son travail, mâtiné d’une violence sourde est traversé par une recherche sur le mouvement et l’appréhension de l’espace.
Daniel Schlier
Né en 1960 à Dannemarie, Haut-Rhin
Vit et travaille à Schiltigheim, Bas-Rhin
Inakale II, 2002
Huile et tempera sur toile, boutons de nacre et de plastique, cravates de soie
230 x 180 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : J.C. Garcia
L’œuvre intitulée Inakale II appartient à une série de tableaux réalisés au début des années 2000.
Le titre de l’œuvre renvoie à la tradition africaine des « inakales », peinture populaire pratiquée au
Congo. Littéralement, le terme inakale viendrait d’une contraction de l’expression « il a calé » et désigne des tableaux qui tentent de représenter, au figuré, le désespoir de la société africaine. On y découvre invariablement un personnage réfugié dans un arbre de la savane parce qu’effectivement « il
a calé », pris au piège d’une situation sans issue, face aux maux qui frappent l’Afrique. Daniel Schlier
s’empare de cette icône populaire africaine pour, à son tour, l’adapter. Sur les branches d’un arbre,
aux couleurs franches, l’artiste a représenté trois visages aux faces grimaçantes. Il y accroche les emblèmes propres aux sociétés occidentales (avion, cravates) qui révèlent l’inquiétude du monde.
Fabrice Hyber
Né en 1961 à Luçon (Vendée)
Vit à Paris
Dégradé vert, 1991-1992
Huile sur toile, fusain sur papier, moniteur vidéo et
objets divers
Collection Frac Aquitaine
Photo : F. Delpech
Fabrice Hyber travaille par accumulations, proliférations, et opère des glissements entre le dessin, la peinture, la sculpture, l’installation, la vidéo, chaque œuvre n’étant qu’une étape intermédiaire et évolutive. Repérable par l’usage récurrent de la couleur verte, le travail de cet artiste apparu sur la scène artistique nationale au milieu des années 1980, connaît aujourd’hui une renommée internationale. Cette installation, issue
de la série Décors, se situe à un moment de la production de Fabrice Hyber, pendant lequel l’artiste privilégie une recherche entre fiction et réalité. Ici, l’artiste déploie plusieurs éléments qui interagissent entre eux
: le caméscope, orienté vers l’ensemble des objets et relié à un moniteur, diffuse une image floue ; celle-ci
opère une liaison entre les différents éléments de l’installation. Dès lors, l’artiste nous questionne sur ce que
nous voyons : l’image sur l’écran est-elle celle que nous observons devant nous ? À travers ce processus de
filtrage, de « digestion », l’image subit-elle un changement, une distorsion ? Que nous révèle l’écran ? Permet-il de mieux voir ? Fabrice Hyber interroge le statut de l’image, notamment celle qui peut être diffusée.
Dewar & Gicquel
Daniel Dewar
Né en 1976 à Forest Dean (GB) ; vit et travaille à Paris
Gregory Gicquel
Né en 1975 à St Brieuc ; vit et travaille à Paris
Carl Cox, 2008
Tirage photographique couleur contrecollé sur carton plume
60 x 73 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : Dewar & Gicquel
L’œuvre intitulée Carl Cox, première photographie signée par les deux artistes depuis leur collaboration, témoigne de leur goût pour les rencontres incongrues. Dans un paysage de sentier forestier baigné par une lumière matinale, la photographie dévoile une sculpture en terre glaise représentant un
personnage au repos, adossé à un talus. Les artistes ont réalisé cette sculpture en argile à l’effigie de
Carl Cox, célèbre D.J. britannique. En référence à l’esthétique romantique des peintres anglais du
XVIIIe siècle (Portrait de Mr and Mrs Andrews de Thomas Gainsborough, 1750) mais aussi aux artistes du Land art (Andy Goldsworthy) qui puisent leur source dans la nature, Dewar & Gicquel offrent une vision reposée de la campagne ; les oppositions de tons et de lumière sont savamment calculées. Toutefois, la présence de ce corps grotesque, comme épuisé par une nuit sans sommeil, donne
à la photographie des allures de lendemain de fête. Le tandem d’artistes revisite, non sans humour, la
tradition du paysage en y glissant la perturbation d’une figure célèbre de la scène musicale actuelle.
Jean-François Noble
Né en 1952 à Lalinde (Dordogne)
Vit à Lalinde (Dordogne)
Deux corbeaux dos à dos sur un arbre perché de la série Ombres Périgourdines, 1988
Acrylique, peinture vinylique sur papier marouflé sur toile tendue sur panneau contreplaqué
133,5 x 94 x 5,5 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : D Fontenat
Le titre de cette œuvre, Deux corbeaux dos à dos sur un arbre perchés, pourrait être le début d’une fable.
Un arbre, traité en « ombres noires », prend des allures de corps humain et se détache d'un fond doré.
Son aspect massif, associé à la parfaite symétrie des deux corbeaux, contraste avec les mouvements surgissant dans le fond. Dans cette série, intitulée Ombres Périgourdiennes, l’artiste réutilise des éléments
figuratifs déjà employés pour des peintures plus anciennes (personnages, pierres gravées, Homme de
Cro-Magnon, palette, abri et silhouette…) qu’il confronte à des éléments plus récents devenus signes,
comme ici l’arbre et les corbeaux. La main est omniprésente à la fois comme motif (racines et feuillage
de l'arbre), mais aussi comme outil. Peintre originaire du Périgord, Jean-François Noble est immergé
dans l’histoire millénaire de la Dordogne d’où ressurgissent les mains des hommes préhistoriques
peintes en positif sur les parois des grottes. La main de l’artiste se devine aussi dans le traitement du
fond : avec l’énergie et la rapidité des dessins automatiques, le bout de ses doigts grave dans la peinture
fraîche ; Jean-François Noble revendique la technique ancienne dite « a fresco » (« dans le frais ») utilisée pour les fresques médiévales ou renaissantes. À ces motifs symboliques personnels, l’artiste juxtapose des références à l’histoire de l’art comme autant de signes de retour aux sources de la peinture.
Christophe Doucet
Né en 1960 à Talence
Vit à Taller (Landes)
Grande Cabane, 1993
Bois, tôle ondulée, acier
245 x 245 x 80 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : D Fontenat
Petite Cabane, 1993
Bois, zinc et acier
100 x 100 x 30 cm
Collection Frac Aquitaine
Photo : D Fontenat
Petite cabane et Grande cabane sont constituées de planches de bois recouvertes de tôle ondulée ou
de zinc. Elles contiennent des outils fabriqués par l’artiste à partir de branches et d’éléments en métal.
L’art de Christophe Doucet se caractérise par son rapport à la nature. Longtemps, l’artiste a travaillé
dans les Landes comme forestier avec des bûcherons et des débardeurs. Naturellement, il s’est inspiré
de signes qu’il utilisait dans son activité au sein de la forêt pour indiquer la parcelle à couper ou pour
délimiter un territoire. Est ensuite venu le besoin de se colleter réellement avec la nature, en l’organisant à sa mesure (son travail sur les outils), puis en dialoguant avec elle d’une manière plus sourde, plus
secrète, comme pour retrouver un sens primitif du rapport Culture/Nature. Dans cette dernière évolution, Christophe Doucet peut se laisser guider simplement par le matériau (bille de bois, tronc foudroyé)
ou bien assembler différents éléments récupérés, avec le plaisir évident de se mesurer avec la matière.