JAPRISOT – JEUNET : Un long dimanche de fiançailles proposition

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JAPRISOT – JEUNET : Un long dimanche de fiançailles proposition
JAPRISOT – JEUNET : Un long dimanche de fiançailles
proposition de comparaison de la séance initiale
dans le cadre de l'étude du Roman, vision du monde et du personnage
enjeux et objet : comparaison du chapitre 1 du roman de Japrisot et des douze premières minutes du
film de Jeunet.
Par rapport à l'étude du nouvel objet d'étude consacré au roman, trois axes de perspective sont
proposés :
* la vision du monde des auteurs, au double sens du terme : vision philosophique, tragique du monde
; peinture du monde, au sens historique (la Première Guerre Mondiale)
* la mise en scène du personnage ; psychologie et parole ; la caractérisation du héros.
* comparaison des langages romanesques et cinématographiques.
Jeunet : 12 premières minutes
Japrisot : incipit chapitre I (pp. 13-31 ed. Folio)
JAPRISOT
Début in medias res : première phrase oscillant
entre le conte (« il était une fois ») et la distance
tragique (« parce que les choses sont ainsi ») : un
premier axe d'analyse par rapport à l'objet
d'étude : une écriture romanesque entre souci de
réalisme et transposition esthétique
JEUNET
Passage de la fin du générique au début du film via
la fermeture /ouverture de la lentille (cf. film des
années 20... là aussi projection dans l'univers du
conte)
Séquence générale d'ouverture : absence de voix
off, musique dramatique, installation du décor et du
registre ; oscillation ambiguë entre réalisme
documentaire (pluie, tranchées, pieux...) et
Entrée dans un univers de fiction
original, entre distance onirique et souci esthétisation d'emblée (recherche du pathétique)
de réalisme cru.
proposition d'un travail de recherche avec les élèves
sur les procédés qui s'opposent dans le film comme
dans le livre :
- le souci du réalisme, les détails, la volonté
immédiate de faire vrai.
- en même temps, le sentiment de pacotille propre
à Jeunet ; le goût déréalisé pour le détail-choc,
l'artificiel, voire le gadget.
- réflexion sur le sentiment premier de réalisme
(p. 13-16) Présentation du 1er soldat –
matricule 2124 => Bastoche
Omniprésence visuelle & sonore de la pluie
accumulation de détails réalistes ou +/- symboliques
thème de la neige – omniprésence de la boue
- possibilité de relevé proposé aux élèves des
éléments réalistes (costumes, armes, maniérisme
des descriptions...) et des éléments symboliques
(crucifix...) et des éléments se rattachant aux deux
domaines (pluie...)
récit qui va à l'essentiel
un 1er paragraphe bref (p.14) de rétrospective
biographique
séquence évoquant le passé (sépia nostalgique)
récit alternant le portrait de Bastoche-l'Eskimo, et accumulation de plans brefs : le métier, l'amour
mise en perspective par la foule.
(Jeunet = tout de suite, l'image est saturée
d'informations)
Ecriture fragmentaire : juxtaposition de
paragraphes brefs ; mélange des temporalités et - passé renvoyant tjrs chez J. à un âge d'or révolu
des angles : histoire de Bastoche / rétrospective
civile / rétrospective militaire=> fréquente
interruption du fil narratif (cf. métaphore du fil du
téléphone, signe symbolique de la présence en
relief du narrateur dans le texte : leitmotiv
mystérieux : attention au fil )
mise en scène du fil du téléphone (mais élément
vision fragmentaire, sorte de ballet de dupes appauvri par rapport au livre)
(p.16-19) présentation du 2è soldat (4077)
allusion à la corde (= fil)
« fin d'un mauvais rêve »
- rétrospective biographique et politique
soudeur & tribun : apparition style ind. libre
(1 paragraphe p.17 de focalisation interne)
commentaire en voix off qui prend le dessus sur
son propre discours
même rythme du texte en 3 phases successives
- portrait du soldat
- récit biographique ancien
- circonstances de l'arrêt
- portrait rapide du soudeur (1 plan très esthétisant
: comment le cinéaste déréalise-t-il cette
évocation ?)
- scène du meurtre de l'allemand : ajout d'une
Effet tragique de la répétition : accumulation dimension de brutalité visuelle.
des motifs et répétition des effets ; écriture de
la redondance, genre variations sur un thème
Travail proposé de comparaison des différents
portraits : relever les procédés de répétitions, les
parallélismes de structure des paragraphes...etc
(p.18-20) 3è soldat (1818) écriture tragique (on ) Récit plus développé ; long plan visage en
travelling arrière ; scène dramatique de guerre ;
+ meurtre de l'officier (2 lignes)
meurtre de l'officier
- réflexion possible sur l'intérêt du rajout des deux
triple évocation (portrait / biographie / délit)
scènes de meurtres
développée
- récit plus détaillé (flashback très poétique de son
enrôlement)
mise en scène du « fil »
(p.20-26) 4è soldat Ange (7328)
rythme +/+ ample : casser la routine ? Effet
tragique et absurde croissant
Phrases +/+ longues ; personnage qui prend de
l'ampleur
- arrivée étonnante de l'humour
- faire relever les traces humoristiques (quels
procédés ? Quel effet ?)
- citations fréquentes du texte
Ces 5 portraits = 5 états successifs d'un même
homme ; on s'enfonce dans l'absurde.
Ecriture kaléïdoscopique : le personnage = des
juxtapositions de fragments (vision d'un
monde déconstruit)
(p.26-31) 5è soldat (9692) Manech / Jean
le nom arrive après 3 paragraphe => perte
progressive d'identité
- occasion de faire travailler et réfléchir sur
l'onomastique dans le roman, où l'on retrouve
cette hésitation réel / onirique évoquée au-dessus:
- Bastoche : déformation argotique de Bastille,
entre baston et bastos (idée de contestation,
personnage physiquement imposant, comme le
bâtiment qu'il évoque)
- six-sous : les hommes ont peu de valeur en ces
temps de guerre...
- Ange : sans commentaire...
- Jean : référence au saint / Manech (référence
- même plan de face, en mouvement
- rétrospective biographique (effets spéciaux)
- images d'archives
- évocation + longue de la guerre des tranchées
réaliste à la Bretagne, dont on le suppose
originaire,à cause de la consonnance du mot, mais
référence fantaisiste, car ce prénom n'existe pas en
breton (il est basque) mais aussi désigne un
agneau, donc victime expiatoire et innocente, en
plus de l'enveloppe sonore très poétique du nom.)
dernier personnage qui fait le lien avec Mathilde
récit toujours de plus en plus long :
rétrospective biographique + longue,
circonstances judiciaires accrues
Sentiment que le personnage s'incarne et
prend progressivement de l'épaisseur
En bilan :
1er homme : 103 lignes (mais des considérations +
générales)
- 1' 34
2è ho : 57 lignes
- 1'20
3è ho : 98 lignes
- 1'20
4è ho : 174 lignes
- 1'40
5è ho : 184 lignes
- 2'17
==> film qui reprend de façon très fidèle les effets
de rythme du livre.
* roman à la géométrie intraitable
* structure accumulative du roman
- mise en relief comme dans le roman du
personnage principal
répétition du même mouvement : caméra qui suit
ou précède les hommes
* clausule du chapitre 1 : fil du téléphone :
lien, fil conducteur, et symbole tragique
possibilité d'évoquer les échos de cette esthétique à
exergue initial de Lewis Carroll : thème de
l'inversion, de l'absurde, références au conte, travers quelques extraits d'autres films de Jeunet,
qui usent et abusent des mêmes procédés, avec un
fantaisie ( = l'univers de Jeunet)
goût certain pour le kitsch, ou pour le dire de façon
moins péjorative, un sens graphique certain - La
cité des enfants perdus, Le Fabuleux destin
d'Amélie Poulain et Délicatessen : on y retrouvera
le goût du décor baroque, une esthétique de
l'insolite, et la caractérisation de personnages asentiment d'une écriture labyrinthique
normaux
- foisonnement d'intrigues
- construction en « méccano »
- écriture simple, rythmée, phonétique, quasi
musicale
fil conducteur du film : fil, pluie, voix off, mains
- atmosphère des albums de BD de J. TARDI
citation trouvée sur Internet, émanant d'un
journaliste non-identifié, ayant dit dans la revue
Le nouveau Candide, en 1963 : « Japrisot, un
Simenon corrigé par Robbe-Grillet »
--------------------------------F. VALLIN
S. FOLLET
Images à insérer dans le tableau :
(le réalisme des tranchées)
(Bastoche, au deuxième plan, et le « fil »)
« Le troisième soldat »
Le soldat ange et « le fil »