Coût de production du lait, à regarder de près
Transcription
Coût de production du lait, à regarder de près
COLLECTION THÉMA RÉSEAUX D’ÉLEVAGE POUR LE CONSEIL ET LA PROSPECTIVE COÛT DE PRODUCTION DU LAIT, À REGARDER DE PRÈS ! Témoignages d’éleveurs en Normandie Le coût de production du lait est devenu un thème central et un indicateur de pilotage des exploitations laitières depuis l’an dernier et la baisse brutale du prix du lait. Face à la fluctuation des prix, il convient plus que jamais de bien raisonner ses charges. édito La conjoncture laitière que nous avons vécue en 2009 nous place face à une obligation de gestion plus forte encore que par le passé. Les inversions de conjoncture - peut-être un avant goût de la volatilité des prix et des marchés – nous imposent de nous préparer pour le futur. Il en va de la viabilité de nos structures. Si nous subissons les prix et les marchés, en revanche nous pouvons contrôler et adapter nos charges pour maintenir l’efficacité économique nécessaire à nos entreprises. Le choix de nos intrants, nos trajectoires techniques, nos systèmes fourragers sont de notre ressort et nous avons là des leviers pour caler au mieux l’économie de nos exploitations. Face à des prix bas, il faut être encore plus technique, encore mieux raisonner son système et améliorer encore sa gestion. Ce bulletin, qui présente les témoignages de quatre éleveurs des Réseaux d’Elevage de Normandie nous montre que certains ont déjà trouvé les clefs d’une bonne gestion des coûts. Nous devons être de plus en plus professionnels. Les gaspillages et les choix approximatifs n’ont plus place dans nos structures. L’ensemble des conseillers de nos organismes agricoles doivent partager ces exigences et nous aider à parfaire notre gestion en ayant conscience de la fragilité de nos structures. Profitons en, il en va de notre avenir. François FIHUE Président de la Chambre d'Agriculture de Seine-Maritime Haute-Normandie et Basse-Normandie 1 COÛT DE PRODUCTION DU LAIT, À REGARDER DE PRÈS DANS LE BOCAGE ORNAIS, GÉRER D’ABORD LES CHARGES DE STRUCTURE POUR RÉDUIRE LE COÛT DE PRODUCTION DE L’ATELIER LAITIER Brigitte et Sylvain PEIGNEY exploitent en EARL depuis le 1er mars 2008 sur la commune de Briouze 88 hectares en production laitière et bœufs. L’exploitation se caractérise par une SAU consacrée en totalité à la production fourragère (17% de maïs ensilage) et une proportion significative de prairies naturelles humides (28 % de la SAU). Avec un coût de production pour l’atelier laitier de 418 € par 1 000 litres commercialisés, les économies ont d’abord été réalisées sur les charges de mécanisation et bâtiments avant de travailler sur les charges opérationnelles depuis un an face à la baisse du prix du lait. ! portantes, si l’herbe reste le pivot de notre système de production pour l’alimentation des génisses et des bœufs, le maïs ensilage est une nécessité pour nourrir nos vaches laitières productives. Avec le départ à la retraite de ma mère du GAEC au printemps 2008 et le passage en EARL, la stratégie de production n’a pas été remise en cause. Mais la baisse du prix du lait depuis le printemps 2009 a nécessité de se pencher sur le coût de production de notre atelier laitier afin de relever où nous avions encore des marges de progrès. Si nous avons été peu surpris du niveau de nos charges de structure, nous savions que des économies étaient encore possibles sur les charges opérationnelles”. Carte de visite > > > > SAU de 88 ha dont 17% de maîs, pas de cultures 391 840 litres de lait produits en filière AOC 55 vaches laitières 3/4 Normandes, 1/4 Prim'holsteins 15 bœufs produits par an CUMA, ETA et co propriété pour réduire les frais de mécanisation Avec 58 € de charges de mécanisation, dont 35 € d’amortissements, par 1 000 litres commercialisés, la maîtrise de ce poste est au rendez-vous, et n’est pas le fruit du hasard comme nous le précise Sylvain. “Nous sommes d’abord des éleveurs, en faisant appel à la CUMA et l’entrepreneur, nous avons répondu à 2 objectifs : se consacrer pleinement à notre métier d’éleveur et améliorer nos conditions de travail. Je préfère passer plus de temps avec mes animaux que faire des heures de tracteur ou réparer du matériel. Nous faisons donc appel à la CUMA principalement pour l’épandage de fumier et lisier. L’entreprise agricole réalise le semis de maïs, les ensilages et les récoltes de foin et d’enrubannage. Je réalise le labour et le désherbage du maïs”. “Nous disposons également en co propriété d’une herse rotative et d’une remorque fourragère de 10 tonnes. Ceci permet de consacrer l’essentiel des investissements aux tracteurs et au matériel d’élevage. Une désileuse pailleuse a été achetée neuve ce printemps pour des raisons fiscales, mais le dernier tracteur arrivé en 2009 était d’occasion”. Avec une charge annuelle de 7 800 € consacrés aux travaux par tiers, ce poste s’élève à 20 € par 1 000 litres commercialisés pour la SFP. 2 “Depuis mon installation en GAEC avec mes parents en 1995, le système de production a peu évolué : du lait, livré en AOC à la laiterie Gillot, et une production de bœufs normands à l’herbe. Avec 73 hectares de prairies dont 25 humides et peu Pas de folie dans les bâtiments et les installations d’élevage “La mise aux normes a été réalisée en 1996 avec une fumière et une fosse d’une capacité de 300 m3 et une extension de 3 travées du bâtiment des vaches laitières avec aire paillée. En 2004, avec l’arrivée de mon épouse et une référence supplémentaire de 46 000 litres nous avons construit 4 travées COÛT DE PRODUCTION DU LAIT, À REGARDER DE PRÈS de plus, amélioré la salle de traite (passage de 2 x 4 en 2 x 5) et aménagé la nurserie (création de cases collectives, reprise béton sol et mur…). Cet investissement s’est limité aux tubulaires et au béton pour un montant de 7 000 €. Nous pensons avoir fait aujourd’hui le bon choix”. ! pas encore gagné, car le poste engrais a lui augmenté dans le même temps de 5 € suite à des achats d’engrais azotés soufrés chers, à plus de 330 € la tonne au printemps 2009. Figure 2 : Coût de production en €/1000 l commercialisés Source : Réseaux d’Elevage Lait de Normandie Ainsi, le poste bâtiments s’élève à 18 € par 1 000 litres commercialisés, à comparer aux 46 € relevés en moyenne dans les exploitations du même groupe. Mais encore des gains possibles sur le coût alimentaire La maîtrise des charges de structure constitue le point fort de l’EARL. Le coût alimentaire de l’atelier laitier avec 120 € par 1 000 litres produits est audessus de l’objectif des 115 € fixé par l’équipe réseau lait de Normandie. Ce niveau alimentaire élevé s’explique tout d’abord par l’utilisation d’un concentré azoté du commerce coûteux, et une complémentation minérale basée sur des minéraux trop chers (17 € de coût minéral par 1 000 litres produits). Depuis cet hiver, une nouvelle stratégie alimentaire a été retenue “Nous avons choisi de travailler avec du tourteau de colza, ce qui nous a permis également de réduire la facture des minéraux avec un minéral dépourvu de phosphore. Cet hiver, la ration de base des vaches laitières était constituée de 2/3 d’ensilage de maïs et de 1/3 d’ensilage d’herbe. La complémentation était de 4 kg de tourteau de colza, d’un kilo d’aliment tanné du commerce et 200 g d’un minéral type 0-28-5 pour une ration équilibrée à 23-25 kg de lait. Au delà de 25 kg, un concentré de production était distribué à raison d’un kilo par tranche de 2 kg de lait. Cette nouvelle stratégie semble avoir été payante, car nous avons relevé dans notre dernier exercice, une diminution du poste des concentrés de 6 € par 1 000 litres vendus”. Mais tout n’est Tout en gérant l’absence de céréales, qui pèse sur l’achat de paille Avec un système 100% fourrager, l’absence de céréales pèse lourdement sur l’achat de paille. “Ce besoin de litière représente depuis 2 ans une charge annuelle de 15 € par 1 000 litres commercialisés”. Et demain, répondre à l’attente de la laiterie Brigitte et Sylvain sont réalistes sur les gains encore possibles sur les charges opérationnelles, tout en ayant un œil sur le poste produits de l’atelier laitier, qui constitue l’autre voie d’amélioration de leur revenu. “Nous pensons qu’il est encore possible de réduire le coût alimentaire de notre atelier laitier pour atteindre moins de 100 €, tout en maintenant la production actuelle de nos animaux. Pour la nouvelle campagne laitière 2010-2011, notre challenge est d’abord de produire la totalité de la référence laitière afin de diluer nos charges fixes. Puis il faudra se pencher sur la nouvelle grille de prix de notre laiterie qui nous demande plus de lait d’été avec un complément de prix à la clé”, mais ceci est une autre histoire. Propos recueillis par Thierry JEULIN Chambre d’Agriculture de l’Orne [email protected] 3 COÛT DE PRODUCTION DU LAIT, À REGARDER DE PRÈS UNE RECHERCHE PERMANENTE D’ECONOMIES Monsieur et Madame DENIS sont éleveurs laitiers à Blainville Crevon en SeineMaritime sur une exploitation en système lait + cultures depuis 1979, la mise aux normes a été achevée en 1998. L’optimisation technique et économique constitue leur objectif principal depuis de nombreuses années, avec la simplification du travail. Dans le contexte actuel, ils serrent la vis encore un peu plus, même s’il devient difficile de réduire encore plus les charges : “les économies, on ne peut plus en faire des masses…”. Sur la campagne 2008 (avec une clôture comptable au 31 août), le coût de production de l’atelier lait s’élève à 339 € pour 1000 litres (la moyenne des exploitations des Réseaux d’élevage en Normandie est à 491 €), soit un prix du lait nécessaire pour couvrir l’ensemble des charges hormis la rémunération de la main d’œuvre familiale de 207 €. La simulation pour 2009 basée sur les indices de prix agricoles donne des résultats similaires. Les charges n’ont pas diminué, mais entre temps le prix 4 ! payé du lait est passé de 340 € à 284 € les 1000 litres. C’est donc la rémunération des éleveurs qui chute d’autant. Les principaux postes de charges sont l’alimentation et la mécanisation dans les exploitations laitières. Chez Monsieur et Madame DENIS, le coût alimentaire des vaches et des génisses est inférieur à l’objectif fixé par les Réseaux d’élevage de ne pas dépasser 115 € pour 1000 litres. Sur la campagne 2008, pour des vaches à plus de 9000 litres en moyenne économique, il y a 86 € pour les concentrés et 21 € pour la surface fourragère. Carte de visite > SAU 120 ha dont 55 ha d’herbe et 22 ha de maïs ensilage > 383 445 litres de lait produits > 43 ha de cultures de vente > 48 VL Prim’Holstein > 40 JB et 20 boeufs par an “En hiver, la ration de base des vaches est équilibrée à 32 kg de lait et seules les fortes productrices et les génisses reçoivent jusqu’à 2 kg de concentré de production. Mais cette année, pour faire des économies et réduire le travail, on a complètement supprimé le concentré de production. Pour le correcteur, jusque là c’était du VL40, et c’est la première année qu’on a mis moitié de tourteau de colza. Comme le VL40 en contient déjà un tiers, ça faisait deux tiers de colza en tout. On a diminué les minéraux, notamment en phosphore, à cause du coût et grâce au colza qui en apporte déjà beaucoup”. Avec 55 ha d’herbe, la saison de pâturage est décisive pour limiter le coût alimentaire : ”Habituellement, les silos sont fermés au plus tard début mai. L’objectif, c’est que tout le monde soit dehors le 8 mai, y compris les taurillons et les veaux. La distribution de maïs reprend en fonction des vêlages autour du 15 août, les premières vêlées commençant avec de l’enrubannage. Les taurillons rentrent début septembre. La complémentation au pâturage ne dépasse pas 2,5 kg en céréales et pulpes pour des vaches qui produisent à peu près 30 litres. Les génisses et les bœufs n’ont aucune complémentation au pâturage. En hiver, ils ont une ration à base de paille et d’ensilage d’herbe. C’est tout, aucun concentrés”. Les charges sur les surfaces sont aussi bien limitées, grâce à une bonne complémentarité entre élevage et cultures, l’absence de traitements systématiques : “C’est plus facile de maîtriser en cultures qu’en élevage : un traitement et puis c’est terminé, on est tranquille. Les vaches, il y a toujours le risque de problèmes sanitaires. On fait partie du groupe de cultures de Buchy depuis 1990. Sans le groupe, c’est COÛT DE PRODUCTION DU LAIT, À REGARDER DE PRÈS pas aussi performant. Pour le blé, je choisis des variétés résistantes avec un peu moins de potentiel. En azote, je ne mets pas 170 unités, il y a toujours 15 à 20 unités de moins que le prévisionnel, ça limite la verse. La mise aux normes nous a bien aidé à valoriser tous les effluents. On met beaucoup de fumier, ça revient tous les 2 ou 3 ans selon les rotations. Tout le maïs et tout le colza en reçoivent, comme 4 à 5 ha de prairies et le lisier couvre 12 à 14 ha de prairies. Du coup, on a fait l’impasse en phosphore et potasse depuis 1998 sur l’ensemble des surfaces ou presque. Les analyses montrent qu’on est bon, ça reste stable quand le fumier revient tous les 3 ans et ça augmente quand il y en a tous les 2 ans. Par contre, le marnage est régulier et les pH sont bons”. “Pour le maïs, c’est la deuxième année qu’on arrête l’engrais starter, c’était trop cher au prix où il était arrivé, donc il n’y a plus que 50 unités d’azote. L’an dernier on a vu aucune différence. Pour les apports d'azote sur prairies, les doses sont modulées selon le potentiel des herbages. Cela varie de 60 à 160 unités en 1 à 3 passages mais avec (moins de 100 unités en moyenne par hectare”. Les charges de mécanisation (avec amortissements) sont aussi bien maîtrisées, 55 € pour 1000 litres, quand la moyenne du groupe lait + cultures est de 66 €. “Le parc matériel est simple et adapté, il n’y a pas de suréquipement. La moisson et les ensilages sont faits par entreprise, et on est en CUMA pour les semis de maïs et l’épandage, comme pour la bétaillère. On investit régulièrement et on peut reporter d’une année sur l’autre s’il y a besoin. Je gère en fonction de la trésorerie, on a un objectif d’annuités à ne pas trop dépasser. Donc avant d’investir, je regarde les annuités. Quand c’est un prêt qui se substitue à un autre, ça va. ! Quand il y a une crise comme ça, on reporte les investissements, on fait le dos rond, mais ça ne peut pas durer et on a la chance d’être en phase d’annuités descendantes”. Figure 3 : Coût de production en €/1000 l commercialisés Source : Réseaux d’Elevage Lait de Normandie “On a une dessileuse qui arrive en bout de course, il faudra bien faire quelque chose. Pour l’instant, on reporte l’investissement et ça permet de bien définir le projet. Faut-il passer au bol ? Avec le lait d’été ou la régularité, il faudrait distribuer des fourrages conservés toute l’année, d’où l’achat éventuel d’une mélangeuse. Mais pour bien valoriser nos surfaces en herbe et pour le travail, ce n’est pas bon. Et puis l’investissement serait lourd, une dérouleuse conviendrait aussi bien pour l’enrubannage. Ca nous donne le temps de réfléchir. Il ne faut pas se tromper d’investissement”. Propos recueillis par Cédric GARNIER Chambre d’agriculture de l’Eure et de la Seine-Maritime [email protected] 5 COÛT DE PRODUCTION DU LAIT, À REGARDER DE PRÈS COÛT ALIMENTAIRE COMPRIMÉ, PRODUCTION DE LAIT D’ÉTÉ ET MÉCANISATION OPTIMISÉES pâturage est bien souvent prolongé jusqu’en janvier grâce à la bonne portance des sols. En hiver, foin pour tous et apport de 2 kg de concentrés sur les 2 mois de finition des bœufs. Sur la zone de Beaumont Hague, dans la Manche, Françoise et Michel RENET sont exploitants en EARL, sur la commune de Vauville. Ils disposent aujourd’hui de 80 ha d’herbe, dont 80 % en prairies permanentes, pour produire 285 000 litres de lait. Le troupeau compte 55 VL de race Normande et la suite et 20/22 bœufs sortent chaque année à 2 ans. “Si les terres ne sont pas d’excellente qualité, elles ont au moins un avantage sérieux : ce sont des terres portantes qui permettent d’avoir un pâturage long” reconnaît Michel. Avec seulement 9 à 10 t de MS par ha, le potentiel trop limité pour la pousse du maïs, incite à avoir un système totalement herbager. Et naturellement, le pâturage en est le principe de base. Carte de visite Un coût alimentaire en baisse au fil des années Pour Françoise et Michel, la bonne valorisation de l’herbe est le facteur n°1 expliquant la bonne maîtrise du coût de production. Les vaches pâturent de début mars à mi-novembre et le silo d’ensilage d’herbe est fermé pendant 4 mois, de la deuxième quinzaine d’avril à mi-août. Si les conditions climatiques ne sont pas “poussantes”, un complément sous forme d’enrubannage est apporté aux VL. En hiver, c’est de l’ensilage d’herbe de qualité et du foin qui sont la base de la ration. Pour les élèves, génisses ou bœufs, même régime estival : herbe à volonté ! Sauf que pour ces lots d’animaux, le 6 ! > SAU de 80 ha 100% en herbe > 285 000 litres de lait produits > 55 vaches laitières de race Normande > 20 à 22 bœufs produits par an En parallèle pour les VL, l’objectif est d’avoir un coût de concentré le plus bas possible. Il y a quelques années, les exploitants utilisaient des co-produits du type pulpe de betterave, pulpe de pomme de terre, pulpe de pois : “ces produits venaient bien complémenter un ensilage d’herbe parfois limite en azote. Certes, ces co-produits amenaient des taux et la plus value sur le lait était très intéressante” se souvient Michel “mais au final, on n’était pas gagnant, vu le coût alimentaire pour produire 1000 l. De même, nous avons arrêté les cultures de betteraves fourragères et de choux fourragers”. Les premières car “leur coût à l’ha était élevé” avance Françoise “et les heures de travail pour la distribution étaient importantes”. Les seconds ont été supprimés quand certains produits de traitement efficaces ont disparu du marché. Du coup, avec l’arrêt de ces cultures, l’exploitation est totalement herbagère. Michel et Françoise estiment mieux maîtriser leur système avec une production laitière plus régulière. En mai, priorité à faire un ensilage d’herbe jeune, le plus souvent en bonnes conditions, de bonne valeur alimentaire, donc ne nécessitant pas de complément azoté en hiver. Le concentré de production est un équivalent VL 2,5 l ou VL 3l, quelquefois VL 4 l. Sur les dernières années, le volume de concentré/VL a diminué pour atteindre 750 kg. COÛT DE PRODUCTION DU LAIT, À REGARDER DE PRÈS Ainsi, le coût alimentaire est passé progressivement de 126 €/1000 l à 91 €/ 1 000 l commercialisés, soit 24 € de moins que le groupe des herbagers. “L’objectif aujourd’hui, avec l’appui du conseiller d’élevage, c’est encore de diminuer la quantité de concentré distribué (passer à 400 kg par VL et par an) tout en maintenant le niveau de production et cela en misant sur des récoltes d’herbe de qualité”. Vigilance sur le poste mécanisation Produire du lait d’été Figure 1 : Coût de production en €/1000 l commercialisés Source : Réseaux d’Elevage Lait de Normandie ! Avec seulement 47 € de charges de mécanisation (y compris amortissements)/1000 l commercialisés contre 108 € pour le groupe, la conduite de ce poste est très précise : ”on fait vieillir le matériel tout en l’entretenant. Par ailleurs, quand on achète un matériel, on l’achète vis-à-vis de la puissance du tracteur : récemment, on a acheté un andaineur de 6,30 m que le tracteur de 55 CV peut trainer. Ceci explique une charge carburant de 8 € aux 1000 l commercialisés contre 19 € pour le groupe. Avec un lait produit à l’herbe, sans concentré, le coût de production est au plus bas en été. C’est donc un choix depuis plusieurs années d’avoir les vêlages qui commencent première quinzaine de juin. L’objectif affiché par les éleveurs “produire au moins 20 000 l par mois d’avril à juillet et au moins 25 000 l sur août et septembre”. La nouvelle grille de paiement du lait n’est donc pas pour déplaire à Françoise et Michel ! Cette production est d’autant plus facile à mettre en oeuvre que sur l’exploitation, on privilégie le nombre de VL à cette période, les réformes étant vendues plutôt à l’automne. Sur les 80 ha de prairies, outre les apports organiques de fumier, 50 à 60 unités d’azote minéral sont apportées, en moyenne. En général, les achats sont faits en morte saison ou à des périodes où les cours sont plus favorables. Si la conjoncture n’est pas favorable, l’impasse sera éventuellement faite sur les engrais de fond, mais pas sur l’azote. En effet, le volume d’herbe à pâturer ou à faucher doit être disponible, c’est la seule ressource fourragère : “ce type de système herbager est plus sensible aux aléas climatiques, et quand il faut acheter du fourrage, cela peut vite faire flamber le coût alimentaire” ajoute Françoise. C’est possible aussi car on a un parcellaire bien groupé” . C’est pareil pour le choix de la remorque : “entre une 12 t d’occasion à 7000 € à 2, ou une 12 t à 15 000 € en individuel, je n’hésite pas longtemps. Quand c’est nécessaire, j’utilise le tracteur de 125 CV de la CUMA, mais cela ne dépasse guère 60 h par an”. “La bonne gestion, c’est à la fois jouer sur les charges mais également sur les produits”. Propos recueillis par Viviane SIMONIN Chambre d’Agriculture de la Manche [email protected] 7 COÛT DE PRODUCTION DU LAIT, À REGARDER DE PRÈS ! RETROUVEZ TOUTES LES PUBLICATIONS DU RÉSEAU D’ELEVAGE BOVIN LAIT DE NORMANDIE SUR LES SITES INTERNET DE L’INSTITUT DE L’ELEVAGE ET DES CHAMBRES D’AGRICULTURE DE NORMANDIE Sites internet : www.inst-elevage.asso.fr www.cra-normandie.fr N DUCTIODIE DE PRO AN stitut de COÛT IT EN NORM par l’In le cadre e pé op ns vel DU LA thode dé griculture da s d’A de la mé À partir et les Chambre l’Élevage ux d’Élevage des Résea L ÉDITORIA e en ère vécu dans ture laiti s La conjonce les exploitation plus 2009 plac d’une gestion é. l’obligationore que par le pass , ture forte enc ns de conjonc les rsio que sur Les inve ants les intr de l’instabilité tant sur sur rent l’ère prix, ouv perte de visibilité tilité avec une terme. Cette vola le moyen des marchés, va et des prix eurs une et la aux élev imposer de tous les instants attention d’une réflexion proche t nécessité ect de l’ap avant tou ment s le resp nal Farm approfondie nt ou change orée dan atio eme ement élab IFCN (Intern parer les coûts investiss d’envergure. Elle est égal par le réseau e niqu vise à com différences tech outils préconiséeison Network) qui expliquer les et e, tous les ilisés para pays text e Com con . tion entr être mob eprises Dans ce doivent » de produc tivité des entr de de pilotage t de production son coût de compéti er connaître et le « Coûparmi d’autres. it pas de pouvoir nous situ : régions, proche i, il ne suff elles aussi nner l’ap s, en est un Aujourd’hu , nous devons à différentes éch d’une telle révolutio exploitation Loin de productionde compétitivité … D’où l’intérêt ique des t cependant économ , pays terme ur vien veau tion en cate nou duc ce. indi pro vue ren cet s angle de bassins dequi doit faire réfé s donner un évidence certaine ges fil des moi méthode en ou mar solidée au tions qui met s’est con éliorations en ument aux exploita hode qui pistes d’am. Il ne remet pas Cette métliquée récemment mandie, ce doc premiers Nor de progrès ion d’approche a été app x d’Elevage de s mais surtout lesion not cause la des Réseau te ses principe 8 et en project sen 200 globale. e nous pré en conjoncture de la cris a mis résultats au cœur 10. En 2009, titut de l’Elevage ul e le malaise 2009/20 calc ail confirm 9 et chiffre laitière, l’Ins méthode de tion 200 oin, ce trav t une avait bes eurs laitiers en les éleveurs son au point du coût de produc S’il y en quelles par les élev nationale lait en lien avec dans ressenti des difficultés aux de lture ricu r du litre d’ag IER es l’ampleu evage. frontés. RPENT les Chambr Réseaux d’El siste urd’hui con Yves CA l’Élevage aujo des con re on le cad ional de coût le innovati mité Rég Sa principaacité à calculer unlait dans Co du nt Préside en sa cap tion de l’atelier compris de produc exploitations, y és. 1 toutes lessystèmes diversifi ndie celles en sse-Norma ie et Ba ormand Haute-N Contacts • Cédric GARNIER Chambre d'Agriculture de l'Eure et de la Seine-Maritime Tél. : 02 32 47 35 70 • Thierry JEULIN Chambre d'Agriculture de l'Orne Tél. : 06 86 76 59 13 • Marie Laure LEROUTIER, Françoise LEGROS et Thierry METIVIER Chambre d'Agriculture du Calvados Tél. : 02 31 51 66 33 • Yves MALVOISIN Chambre d'Agriculture de l’Eure Tél. : 02 32 47 35 62 • Viviane SIMONIN Chambre d'Agriculture de la Manche Tél. : 02 33 06 47 30 • Jérôme PAVIE Institut de l'Élevage Tél. : 02 31 47 22 72 Crédit photos : CA50, CA 61, CA 27 - Création : Bêta ¨Pictoris - Réalisation : Magali Allié RÉSEAU IVE OSPECT LA PR A SEIL ET TH ÉM LE CON TI ON POUR CO LL EC VAGE X D’ÉLE Publications 2010 LES RÉSEAUX D’ÉLEVAGE Les Réseaux d’Elevage sont un dispositif partenarial associant des éleveurs et des ingénieurs des Chambres d’Agriculture et de l’Institut de l’Elevage. LES PARTENAIRES FINANCEURS Ce document a été élaboré avec l’appui des Conseils régionaux de Haute et Basse-Normandie, des Conseils Généraux de l’Eure, de la Seine Maritime, de la Manche, de l’Orne et du Calvados, du Casdar et de FranceAgriMer Septembre 2010 8 Document édité par l’Institut de l’Elevage - 149 rue de Bercy, 75595 Paris cedex 12 www.inst-elevage.asso.fr - ISBN : 978 2 84148 876 6 - PUB IE : 001050018