Bosangi | Le Magazine de la propreté - Octobre

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Bosangi | Le Magazine de la propreté - Octobre
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 |
Les eaux débordent
page 4
Le monde boit la tasse !
Les inondations et les tempêtes restent les catastrophes les plus
fréquentes ces dernières années. En effet, elles représentent plus de
60% des catastrophes naturelles dans le monde.
Le «Probo Koala»
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Trafigura condamné à 1 million d’euros
La multinationale, qui avait déchargé des déchets toxiques à Abidjan, en août 2006, causant 17 morts et des
milliers de victimes, a été condamnée le 23 juillet.
N° 024
édito
par Michel NGAPANOUN
La gouvernance locale
L’évolution des modes de gouvernance met
en exergue plusieurs questions -clé : celle de
la participation et du contrôle ; Celle de l’utilisation des ressources financières de l’Etat
pour augmenter son aptitude à assumer ses
missions régaliennes. Ainsi la décentralisation
est-elle au carrefour des enjeux de participation, de prise en charge et de répartition des
ressources sur un territoire donné. Elle signifie
que la gouvernance locale a une importance
capitale. Mais l’autre face de la médaille est de
savoir si les Etats africains sont prêts à payer
le prix. Certes la décentralisation vise à donner aux collectivités locales des compétences
propres, distinctes de celle de l’Etat, à faire
élire leurs autorités par la population et à assurer ainsi un meilleur équilibre des pouvoirs
sur l’ensemble du territoire. Elle rapproche le
processus de décision des citoyens, favorisant
l’émergence d’une démocratie de proximité.
Pourtant ce mouvement impose quelques observations : comment dans des pays pauvres
et très endettés, des entités telles que les collectivités locales peuvent contribuer au développement, assumer de financer les charges
sociales et publiques qui sont les leurs si elles
n’ont pas elles-mêmesde sources derevenus
propres et un échange équitable avec l’Etat
central ? Ensuite comment des états qui se restructurent aujourd’hui, par l’assainissement
des finances publiques, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption peuvent-ils
assurer un équilibre entre les services sociaux,
comme la propreté et leur productivité ?
2
Sommaire dossier
Dossier
9
10
12
14
16
18
20
Décentralisation: une question de développement
La décentralisation vise à donner des compétences propres,
distinctes de celles de l’Etat.
Etat unitaire décentralisé
L’histoire de la décentralisation au Cameroun est antérieure à
l’indépendance du pays.
La gestion des ordures ménagères
La gestion des ordures varie d’une commune à une autre en
fonction des moyens disponibles.
Fiscalisation de la propreté
La décentralisation rend effective la participation des citoyens
à la gestion des affaires locales.
La décentralisation au Cameroun
La pratique de la décentralisation n’a cessé d’évoluer au Cameroun à travers l’avènement de la mise en place des communes.
Décentralisation: l’originalité du Niger
L’expérience de la décentralisation est une réalité relativement récente au Niger.
Fiscalisation des déchets
De nombreux pays à travers le monde ont à ce jour adopté une
fiscalité qui tend à limiter la production des déchets.
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actualités
Actualités
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Les eaux débordent, le monde boit la tasse
Les inondations et les tempêtes restent les catastrophes les plus fréquentes ces dernières années. En effet, elles représentent plus de
60% des catastrophes naturelles dans le monde.
Le «Probo Koala»
La multinationale, qui avait déchargé des déchets toxiques à Abidjan, en août 2006, causant 17 morts et des milliers de victimes, a
été condamnée le 23 juillet. Le procès s’est déroulé en juin 2010 à
Amsterdam aux Pays-Bas. Mais le verdict embarrasse.
Evènements
évènements
22 Tirailleurs sénégalais
Regards
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Une affaire florissante
Les organismes de transfert rapide d’argent à l’international se multiplient en France. Une aubaine autant pour les migrants que pour le pays
d’accueil. Les ressortissants camerounais, ne sont
pas les moins bien lotis dans le brassage de cette
nouvelle manne financière.
La longue marche de la «colonne noire» vers la reconnaissance de
leur effort pour l’avènement de la «France libre»
25 Que s’est-il véritablement passé à Sétif et à Thiaroye ?
C’est une chose de maîtriser l’histoire d’un peuple. C’en est une autre
de bien vouloir la partager, sans en tronquer la moindre partie. Les
historiens ont souvent été soupçonnés de dénaturer la vérité
28 HYSACAM étend son réseau
C’est une chose de maîtriser l’histoire d’un peuple. C’en est une autre
de bien vouloir la partager, sans en tronquer la moindre partie. Les
historiens ont souvent été soupçonnés de dénaturer la vérité
nouvelles d’ailleurs Forum des lecteurs
nouvelles d’ailleurs
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29 Gestion des déchets à Conakry
L’expérience du programme PTGD Le programme Transitoire de
Gestion des déchets en abrégé PTGD est la réforme qui a conduit à
la gestion des ordures ménagères à Conakry.
portrait
portrait
32 Bernard Njonga, le José Bové camerounais
L’homme est réputé pour ses prises de positions iconoclastes relatives à la gestion de la Cité Cameroun. Son dernier fait d’armes remonte au mois d’août 2010, où il a fait manger exclusivement camerounais lors d’une cérémonie de dégustation.
Réflexions
réflexions
33 Entre sécheresse et inondation
La nature de plus en plus impitoyable contre le Niger, l’un des pays
les plus pauvres du monde
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
UNE PUBLICATION DE HYSACAM
B.P: 1420 Douala
Tél.: +237 33 37 44 14 - Fax.: +237 33 37 47 73
B.P. : 781 Yaoundé
Tél.: +237 22 22 13 79 - Fax.: +237 22 22 53 44
Directeur de publication
Michel NGAPANOUN
Rédacteur-en-chef
Innocent EBODE
Ont participé à ce numéro
Florine Nseumi Léa
Jean-Célestin EDJANGUE
Serge William FOTSO
Sylvie YEBEL-FOUNGA
Jacques Doo Bell
TIENCHEU Josiane
Graphisme
Arthie | www.darthie.com | 99 68 57 17
Billy BAKOA
Impression
Macacos
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actualités
Les eaux débordent
Le monde boit la tasse
Les inondations et les tempêtes restent les catastrophes les plus fréquentes
ces dernières années. En effet, elles représentent plus de 60% des catastrophes
naturelles dans le monde.
actualités
À
Source: www.parismatch.com
suivre les informations, de très nombreuses en Bolivie à la suite de pluies.
inondations ont touché le monde ces derniers
mois. Une chronologie des faits dévoile des En France :
dérèglements liés aux changements climatiques.
Le bilan des victimes des pluies torrentielles qui se
sont abattues sur le département du Var s’établit déEn février 2010 : Au moins 18 personnes ont perdu la sormais à 25 morts, a annoncé la préfecture du dévie en Bolivie à la suite des fortes pluies qui se sont partement, jeudi 17 juin dans l’après-midi. Sur ces
abattues sur le pays, conséquence du phénomène 25 personnes, 12 sont mortes à Draguignan, une au
climatique El Niño. Environ 40.000 familles ont été Luc, deux à Roquebrune, deux à Saint-Aygulf, quatre
touchées par des inondations et différentes rivières à Trans, une à Montauroux, trois à La Motte. Il s’agit
sont sorties de leur lit. Des milliers d’hectares de principalement de personnes âgées.
culture ont été recouverts par l’eau. Quatorze personnes avaient déjà perdu la vie au début du mois
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Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
Juillet 2010 à Pouss,
Extrême-nord Cameroun :
Le bilan de l’inondation survenu
le jeudi 22 juillet dernier à Pouss
prend de l’eau. Outre le nombre
(provisoire) de 13 morts avancé
par le sous-préfet de Maga, l’on
parle davantage d’un millier de
sans abris et de 95 blessés dont
les moins graves sont internés à
l’hôpital de district de Pouss, tandis que les «cas critiques» sont
progressivement transférés à
l’hôpital régional de Maroua. «Ce
qu’on a fait c’est qu’au niveau de
l’arrondissement de Maga nous
avons mis sur pied une cellule de
crise et de gestion de la catastrophe que nous avons aussitôt activée. Les équipes sont descendues
sur le terrain pour faire un bilan,
un inventaire et identifier les familles endeuillées et sinistrées »,
a réagi Daouda Issa sur les ondes
de la radio nationale CRTV. Le
chef de terre a notamment indiqué que faute d’espace, des centaines de sans-abri ont dû être
recasés dans des bâtiments administratifs. L’administrateur a par
conséquent déploré l’insalubrité
inquiétante de ces jours à Pouss.
La zone sérieusement immergée
risque une généralisation du choléra, à cause des nombreuses latrines creusées dans la foulée par les
populations sinistrées. Toujours
est-il que l’heure n’est pas encore
au repos chez les sauveteurs dont
les équipes s’emploient au quotidien à fouiller (péniblement) dans
les décombres pour sortir d’éventuels corps enfouis.
Juillet-août 2010 Pakistan : Le
déluge
Les pluies torrentielles qui frappent le Pakistan depuis le 30
juillet 2010 ont entraîné de très
fortes inondations dans l’ensemble du pays qui déplore des milliers de victimes, des millions de
sinistrés et de personnes dépla-
cées. L’Organisation des Nations
unies (ONU) a fait part de son inquiétude, lundi 16 août, eu égard
aux risques de propagation de
maladies liées à la mauvaise qualité des eaux au Pakistan, et particulièrement au sein des popula-
inondations, l’eau a été fortement
contaminée» a continué M. Giuliano. Un travailleur humanitaire,
s’exprimant sous le couvert de
l’anonymat, a cependant indiqué
à l’AFP que plusieurs personnes
ayant survécu aux inondations
tions les plus jeunes, à la suite des
inondations qui ont ravagé une
partie du pays et affecté quelque
20 millions de personnes. «Jusqu’à
3,5 millions d’enfants sont fortement exposés au risque de maladies hydriques mortelles liées à la
diarrhée, comme la dysenterie»,
a expliqué le porte-parole du bureau des affaires humanitaires des
Nations Unies (OCHA), évoquant
également les risques d’hépatite
A et E et de typhoïde. «L’Organisation mondiale de la santé (OMS)
se prépare à aider jusqu’à 140
000 personnes en cas de choléra,
mais le gouvernement ne nous a
informés d’aucun cas confirmé»,
a ajouté le porte-parole, Maurizio
Giuliano. Samedi 14 août, les Nations unies avaient pourtant indiqué qu’une personne avait été
contaminée dans le nord-ouest
du pays. «Notre principal souci
est l’eau et la santé. Une eau propre est essentielle pour éviter les
maladies hydriques. Pendant les
étaient effectivement mortes du
choléra. L’OMS a demandé au Pakistan de surveiller attentivement
d’éventuelles survenues de la maladie dans le pays.
Source: www.flickr.com
Août 2010 : le ciel s’abat sur la
Chine
En Chine, les inondations et glissements de terrain ont fait plus de
2500 morts au cours des derniers
mois. Et ce n’est pas fini: l’Office
national météorologique a émis
samedi un bulletin d’alerte pour
de fortes pluies sur une grande
partie du pays au cours du weekend. Plus de 125.000 personnes
ont été évacuées dans le nord-est
de la Chine, et plus de 5.000 en
Corée du Nord voisine, en raison
d’importantes inondations dues
à des pluies torrentielles qui doivent encore se poursuivre, selon
le Centre météorologique national chinois.
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
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taire internationale transite par Sinuiju, lien
vital pour le pays isolé. Des inondations, au
cours des dernières années, ont détruit des
cultures, plongeant encore un peu plus le
pays dans la pauvreté.
Les inondations et les tempêtes restent les
catastrophes les plus fréquentes ces dernières années. En effet, elles représentent plus
de 60% des catastrophes naturelles dans le
monde. Elles ont causé la mort de nombreux
habitants et les militaires ont été mobilisés,
notamment pour retrouver les corps des victimes dissimulés sous la boue. Ces pluies à
travers toute la Chine ont provoqué les pires
inondations qu’ait connues le pays depuis
des décennies.
Au Brésil, en Amérique du sud
La pelouse du mythique stade de Rio de Janeiro était sous l’eau et ses vestiaires, complètement inondés à la suite des pluies diluviennes qui se sont abattues sur la métropole
brésilienne.
Importante ville coréenne touchée
De l’autre côté de la frontière, en Corée du
Nord, l’Amnok (Yalu en Chine) a submergé
des bâtiments et cultures dans plusieurs
localités près de Sinuiju, selon l’agence de
presse officielle nord-coréenne KCNA. L’armée a participé aux opérations de secours
après ces «graves» inondations qui ont provoqué l’évacuation de 5150 personnes, ajoute l’agence. La plus grande partie du trafic
maritime et commercial et de l’aide alimen-
6
Inde
À cause changements climatiques, le souscontinent indien est presque sous les eaux.
Là bas, environ la moitié de la population totale est exposée à des inondations côtières
provoquées par des marrées et des tempêtes. Des dommages imputables à des vents
violents. Les dix plus grandes villes du pays
sont particulièrement menacées, notamment Mumbaï (Bombay). D’ici à 2070, Calcutta le sera davantage. Le changement climatique a pour conséquences l’augmentation
de la densité des précipitations, la fonte
des glaciers la montée du niveau des mers,
l’augmentation de la fréquence et de la puissance des ouragans, cyclones, typhons et
des tempêtes. Les inondations risquent de
s’intensifier si les mesures de lutte contre le
réchauffement climatique prises au niveau
international s’avèrent insuffisantes.
Des actions de prévention peuvent limiter,
prévenir ou éviter les inondations. De nombreuses actions sont efficaces : préservation
des mangroves dans les zones tropicales ; limitation des constructions en zone inondable ; aménagements divers pour maîtriser le
ruissellement de l’eau : bassins de rétention,
drainage des terres... construction de barrages pour retenir ou dévier des volumes d’eau
d’une rivière ; augmentation de la capacité
d’évacuation des eaux : prévision météorologique des précipitations et des intempéries ; prévision des crues des cours d’eau ;
information et évacuation de la population.
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
Florine Nseumi Léa
actualités
Le
«Probo
Koala»
Trafigura condamné à 1 million d’euros
La multinationale, qui avait déchargé des déchets
toxiques à Abidjan, en août 2006, causant 17 morts
et des milliers de victimes, a été condamnée le 23
juillet. Le procès s’est déroulé en juin 2010 à Amsterdam aux Pays-Bas. Mais le verdict embarrasse.
«La condamnation de la multinationale Trafigura,
par le tribunal d’Amsterdam, aux Pays-Bas, dans
l’affaire du Probo Koala, a été un soulagement à
la fois pour le gouvernement de la Côte d’Ivoire
et pour les victimes». Alafè Walkiri, le Directeur du
journal l’Intelligent d’Abidjan, était de passage à Paris à la mi-août 2010. Presque quatre ans, jour pour
jour après, le drame du Probo Koala. Du nom de ce
navire affrété par la multinationale Trafigura, et qui
avait déversé 500.000 litres de déchets hautement
toxiques à Abidjan. Pour le Directeur de l’Intelligent,
le jugement du tribunal d’Amsterdam peut être
considéré comme celui du roi Salomon. Et même si
la pollution de la cité abidjanaise avait alors causé
des milliers de victimes et entraîné la mort de 17
personnes. Une affaire qui avait suscité l’émotion
bien au-delà des seules frontières africaines. Dans
ces conditions, on comprend que le procès ouvert
au tribunal d’Amsterdam, le 1er juin dernier, était
particulièrement attendu. Son verdict l’était encore
davantage.
D’une part, parce que c’est l’un des procès les plus
retentissants concernant la souillure d’une ville côtière africaine par un cargo de la mort. D’autre part,
l’identité particulière de la compagnie mise en accusation: une multinationale bien connue dans son
secteur d’activité. Troisième négociant mondial en
produits pétroliers, Trafigura a été condamné pour
infraction à la législation européenne sur le transport transfrontalier de déchets et pour dissimulation de la nature de ses déchets.
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
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actualités
tionale devant la justice. Des accords financiers
avaient entraîné l’abandon des poursuites contre
Trafigura à Londres pour 33 millions d’euros et à
Abidjan pour 152 millions d’euros. La multinationale Trafigura encourait une amende de 1,34
million d’euros.
Une première
Indemnisation
8
Quant au capitaine du Probo Koala, le russe SergiyChertov, 46 ans, accusé d’avoir menti sur la
nature des déchets, il risquait jusqu’à 21 ans de
prison. Tout comme Naeem Ahmed, salarié de
Trafigura, âgé de 43 ans. Pour Esther Schreur,
porte-parole du parquet hollandais, «Trafigura
savait que les déchets pouvaient être dangereux pour la santé des populations ou pour l’environnement. Mais ils n’ont rien dit».
Le parquet néerlandais avait requis, le 21 juin
une amende de 2 millions d’euros contre Trafigura Les déchets déchargés par le Probo koala,
un mélange de pétrole et de soude, devait dans
un premier temps être traités à Amsterdam.
Mais, ce traitement n’a pu être effectué à cause
de la facture trop élevée réclamée par APS, la
société du port d’Amsterdam.
Le procès ouvert le 1er juin à Amsterdam, s’est
achevé le 23 juillet 2010, après plus d’un moi et
demi de débats. Il est exemplaire de ce qu’il vise
à faire reconnaître la responsabilité d’une multinationale occidentale, qui n’avait visiblement
aucun scrupule à se débarrasser de ses déchets
dans un pays d’Afrique qu’elle considérait comme une poubelle.
Seulement, peu de temps après avoir déchargé sa cargaison à Abidjan, le 19 août 2006, des
milliers de personnes sont intoxiquées. 17 habitants de la région trouveront la mort suite
à cette pollution de l’environnement. Claude
Dauphin, le PDG français de Trafigura est arrêté.
Il passera cinq mois en prison à Abidjan avant
d’être libéré après un accord à l’amiable avec
l’Etat ivoirien. Le montant de l’indemnisation
s’élève à 152 millions d’euros. Une somme dérisoire au vu des conséquences dramatiques de
cette affaire. 2.000 à 3.000 tonnes de terres sont
encore contaminées de nos jours et les déchets
toxiques n’ont toujours pas été traités. Curieusement, mardi 1er juin, à l’ouverture du procès
à Amsterdam, aucun des principaux prévenus
n’étaient présent à l’audience. Ni l’affréteur du
cargo, la multinationale Trafigura, ni la société
du port d’Amsterdam, APS.
En octobre 2008, le patron de Trafigura avait été
condamné à 20 ans de prison. Le 23 juillet, le tribunal compétent d’Amsterdam a condamné le
capitaine du Cargo, l’Ukrainien SergiyChertov,
ainsi que le coordinateur des opérations du port
de l’affréteur, Naeem Ahmed, à 5 et 6 mois de
prison avec sursis accompagnés d’une amende
de 35.000 et 20.000 euros, respectivement. C’est
donc incontestablement une première paire de
manche gagnée aux yeux des familles des victimes et du gouvernement ivoirien. En juin 2010,
Londres et Abidjan avaient finalisé des accords
d’indemnisations évalués entre 50 et 150 millions d’euros.
C’est la première comparution de la multina-
Jean-Célestin EDJANGUE
Reste à espérer que la dimension exemplaire
de ce procès contribuera à dissuader tous ceux
qui, comme Trafigura, pensaient avoir trouvé en
l’Afrique, leur poubelle géante.
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
dossier
La décentralisation
une question de développement qui
bouleverse la donne historique et culturelle du communautarisme en Afrique.
En a-t-elle les moyens ?
L
a décentralisation vise à donner aux collectivités locales des compétences propres, distinctes de celles de l’Etat, à faire élire leurs
autorités par la population et à assurer ainsi
un meilleur équilibre des pouvoirs sur l’ensemble
du territoire. Elle rapproche le processus de décision
des citoyens, favorisant l’émergence d’une démocratie de proximité. Soit, mais s’il ne s’agissait que
d’un énoncé ? Puisque l’effectivité d’une telle gouvernance se heurte à de nombreuses contraintes :
culturelles, économiques, historiques et financières.
Le transfert de compétences est un processus qui
bouleverse le monopole de l’Etat en décentralisant
ses missions régaliennes. Pourtant une réserve s’impose : les Africains sont-ils capables de renoncer à
la conception centralisatrice et aux pratiques coer-
citives issues du parti unique et des influences coloniales ?
Ce dossier de votre trimestriel de la propreté, Bosangi, veut éclairer sur les enjeux. Informer des difficultés et évaluer le niveau de réalisation du processus
pour ébaucher quelques pistes sur ce chantier du
21ème siècle. Mais si certains pays ont pris une certaine avance, cas du Sénégal en 1947, d’autres peinent
à entrer dans la danse (cas du Niger, du Cameroun,
depuis 1972) et d’autres n’envisagent pas encore ce
mouvement. : Cas du Rwanda. Deux géants peinent
à trouver des logiques de décentralisation à cause
de la sédimentation du régionalisme : cas de la RDC
et du Nigeria. Dans ce bouillonnement qu’en sera-t-il du financement de la gestion des déchets
? Quelles missions pour les communes ?
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
9
dossier
Etat unitaire décentralisé
Plus de huit mois après le transfert des premières compétences de l’administration aux collectivités locales décentralisées, la décentralisation poursuit
son petit bonhomme de chemin. Retour sur l’historique, les raisons et les acquis d’un processus qui est appelé à révolutionner la gestion de la Cité.
Comment le Cameroun en la décentralisation est donc
est arrivé là
supposée rendre désormais effective la participation des ciLe ministre d’Etat, ministre de toyens à la gestion des affaires
l’Administration territoriale et locales, afin de poursuivre une
de la décentralisation a clôturé initiative prise il y a 69 ans !
vendredi 30 juin 2010 à Bafoussam le séminaire national sur L’histoire de la décentralisation
la gestion des compétences et au Cameroun est en effet andes ressources transférées par térieure à l’indépendance du
l’Etat aux communautés urbai- pays. On peut rappeler à cet
nes et aux communes. Pour effet que c’est en 1941 que la
ainsi dire, les différentes par- France, puissance mandataire
ties prenantes ont été formées du Cameroun oriental crée les
sur l’utilisation des autorités et Communes de Yaoundé et de
des responsabilités de fonc- Douala.
tions publiques dont l’administration centrale se sépare au A partir des années 1960, le
profit des organisations gou- statut de la commune connaîvernementales subordonnées tra de nombreuses mutations
ou quasi autonomes et/ou du avec la multiplication des unisecteur privé. Indicateur du tés administratives à travers le
niveau d’enracinement de la pays. L’on distinguera alors les
culture démocratique du pays, communes urbaines des com-
10
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
munes rurales, les communes
de plein exercice, en principe
plus autonomes, des communes mixtes, dotées d’une
autonomie relative, et les communes rurales, dirigées par les
sous-préfets ou administrateurs municipaux.
La première réforme d’envergure intervient avec une loi du
05 décembre 1974 portant organisation communale, consécutivement à la constitution du
02 juin 1972 qui consacre l’Etat
unitaire. Le législateur procède
alors à une harmonisation du
statut de la commune dans
les parties francophone et anglophone du Cameroun. Dans
un premier temps, l’on a les
communes urbaines à régime
spécial dotées d’une véritable
autonomie financière avec un
dossier
conseil élu mais un exécutif
nommé, les communes urbaines instituées dans les villes
d’importance secondaire et
des communes rurales dans les
arrondissements et les districts,
gérées pour l’essentiel par des
administrateurs municipaux
cumulativement avec leurs
fonctions de sous-préfets ou
chef de district des unités administratives concernées. Cette loi connaîtra de nombreux
modificatifs destinés pour l’essentiel à adapter le statut des
Cameroun comptant à cette
époque plus d’un million d’habitants, avaient en plus la particularité d’être composées de
plusieurs arrondissements. La
communauté urbaine, une espèce de super mairie, a donc
la charge de coordonner les
actions d’aménagement urbain. Les compétences sont
plus ou moins clairement réparties par le législateur, entre
les communes urbaines d’arrondissement de ces métropoles et la communauté urbaine.
munes, comme collectivités
territoriales décentralisées, et
d’une « chambre haute » (le
sénat), destinée à veiller sur les
intérêts des Régions au parlement.
communes au contexte socio- Depuis ces années, la pratique
politique de l’époque.
de la décentralisation n’a cessé
d’évoluer au Cameroun à traDans la foulée, le Fonds spécial vers l’avènement de la mise
d’équipement et d’interven- en place d’autres communes.
tion intercommunale (FEICOM) Toutefois, c’est surtout la loi
voit le jour. Son objectif, qui est N°96/06 du 18 janvier 1996
resté inchangé, est de doter les portant révision de la consticommunes de financements tution du 02 Juin 1972 qui a
permettant de les accompa- donné une impulsion nouvelle
gner dans la mise en œuvre et un rôle accru et détermide leurs projets de développe- nant à la décentralisation pour
ment.
améliorer et dynamiser le développement politique, social
La deuxième réforme de gran- et économique du Cameroun.
de envergure est la création L’organisation de 1987 revient
des communautés urbaines au moment de la réforme
par une loi du 15 juillet 1987. constitutionnelle du 18 janvier
Les villes de Yaoundé et Doua- 1986, laquelle consacre définila sont concernées par cette tivement le Cameroun comme
nouvelle évolution. Les deux un « Etat unitaire décentralisé
principales métropoles du », doté de Régions et de com-
més par le président de la République.
Les élections municipales qui
interviennent quelques temps
après permettent de rendre
véritablement autonomes les
communes
camerounaises,
avec des conseils entièrement
élus, même si quelques exécutifs municipaux restent nom-
D’où la « révolution du 22 juillet
2004 » qui voit naître la loi
d’orientation de la décentralisation, celles fixant les règles
applicables aux communes et
aux régions promulguées. En
attendant l’effectivité de toutes les dispositions constitutionnelles, elles ont le mérite
de clarifier définitivement le
rôle de chaque intervenant
tout en renforçant l’autonomie
des collectivités décentralisées.
Une autonomie qui, il faut le
préciser, est de nature administrative, et non politique.
Serge William FOTSO
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
11
dossier
La gestion des ordures ménagères
et les compétences des collectivités territoriales.
M. ESSOMBA habitant du quartier essos à Yaoundé s’insurge de l’absence
d’un bac à ordures dans sa rue. Il se rend à la commune d’arrondissement de
Yaoundé 5 pour s’enquérir de cet état de chose et ici on l’envoie plutôt à la
communauté urbaine
12
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
L’existence des communautés
urbaines à côté des mairies d’arrondissement crée souvent la
confusion dans l’esprit du citoyen
ordinaire notamment en ce qui
concerne les compétences respectives de chaque structure.
Cette confusion survient généralement face à une prestation non
réalisée.
que la promotion économique,
les sports, la culture, l’urbanisme
et l’habitat, la santé et l’action
sociale, l’éducation, l’environnement et la gestion des ressources naturelles. Ainsi en matière
de gestion de l’environnement
et des ressources naturelles, la
commune a pour missions :
La gestion des ordures au niveau de la commune varie d’une commune à une autre en
fonction des moyens disponibles.
Mais bien qu’ayant un objectif
commun à savoir l’amélioration
du cadre et des conditions de vie
des populations, les communautés urbaines et les mairies d’arrondissement ont chacune des
attributions précises qui sont clairement définies par les trois lois
fondamentales sur la décentralisation promulguées par le chef de
l’Etat en juillet 2004(l’une d’orientation de la décentralisation et
les deux autres fixant respectivement les règles applicables aux
communes et aux régions).
Les dispositions générales de la
loi 018 du 22 Juillet 2004 applicables aux communes donnent une
définition précise de la commune
qui, est « la collectivité territoriale
décentralisée de base », crée par
décret du président de la République. Quant aux compétences,
elles sont clairement définies
pour des domaines aussi divers
• L’alimentation en eau potable
• Le nettoiement des rues, chemins et espaces publics communaux
• Le suivi et le contrôle de gestion
des déchets industriels
• Le reboisement et la création
des bois communaux
• La lutte contre l’insalubrité, les
pollutions et autres nuisances
• La protection des ressources en
eaux souterraines et superficielles
• La création, l’entretien et la gestion des espaces verts, parcs et
jardins d’intérêt communal
• La gestion au niveau local des
ordures ménagères ;
• Quant à la communauté urbaine, elle s’occupe de :
• La création et de la gestion des
espaces verts, parcs et jardins,
communautaires
• La gestion des lacs et rivières
• Le suivi et le contrôle de la gestion des déchets industriels
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
• Le nettoiement des voies et espaces communautaires
• La collecte, l’enlèvement et le
traitement des ordures ménagères
• L’élaboration des plans communautaires d’action pour l’environnement notamment en matière
de lutte contre les nuisances, les
pollutions et les espaces verts.
On constate donc qu’il n’existe
aucun chevauchement des compétences entre les deux structures en ce qui concerne la gestion
des ordures ménagères mais plutôt une complémentarité pour le
bien-être des populations.
La gestion des ordures au niveau
de la commune varie d’une commune à une autre en fonction des
moyens disponibles. Sur le plan
organisationnel, il existe un service d’hygiène et assainissement
aussi bien dans les communes
qu’à la Communauté urbaine ;
C’est à ce service que revient la
charge de gérer les ordures ménagères dans les quartiers. Cette
gestion se traduit par la sensibilisation des populations sur l’hygiène et la salubrité, la pré-collecte,
l’encadrement des associations
qui œuvrent dans l’amélioration
du cadre de vie. S’agissant de la
collecte, elle est assurée par la société Hygiène et Salubrité du Cameroun (HYSACAM) concessionnaire de la communauté urbaine.
Sylvie YEBEL-FOUNGA
13
dossier
Fiscalisation de la propreté
Une solution pour les collectivités
territoriales ?
La toute puissance de l’Etat sur le processus de décentralisation est un frein
réel autant que les difficultés qu’ont les communes à mobiliser les ressources
financières. La décentralisation rend effective la participation des citoyens à
la gestion des affaires locales.
14
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
E
lle est porteuse de réels espoirs d’un développement
durable. Au Cameroun, le
processus de décentralisation
est en cours et avance à petits
pas. C’est la loi N°96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la
constitution du 02 Juin 1972 qui
a donné une impulsion nouvelle
et un rôle accru et déterminant à
la décentralisation pour améliorer le développement politique,
social et économique du Cameroun. L’enjeu majeur de la décentralisation est de promouvoir
le développement durable en
impliquant les populations de la
base à la gestion de leurs affaires.
Il s’agit d’aller bien au-delà de ce
que l’institution communale permettait de faire jusque-là. Et franchir le pas décisif d’une grande
responsabilisation des populations. Une incitation à prendre
des initiatives au plan local et de
s’investir dans la recherche des
solutions idoines aux problèmes locaux. Donner un contenu
concret à la gestion de proximité
et une réelle autonomie à ces entités, en reconnaissant à la base
le pouvoir de partager l’initiative
des projets et des décisions engageant la vie de la localité et celle
de la nation, au final. Cette loi définit la décentralisation comme
un transfert par l’Etat aux collectivités territoriales décentralisées
de compétences particulières et
de moyens appropriés.
Pour le Législateur camerounais,
la décentralisation constitue l’axe
fondamental de promotion du
développement, de la démocratie et de la bonne gouvernance
au niveau local. Malheureusement aucun texte, ni ce décret
du 11/12/2008 ne donne de précisons quant aux mécanismes
concrets de transferts de compétences et de pouvoirs de l’Etat
et ce, malgré que les lois promulguées en 2004 attribuent la mission du développement local aux
communes. La toute puissance de
l’Etat sur le processus de décentralisation est un frein réel autant
que les difficultés qu’ont les communes à mobiliser les ressources
financières et leur manque d’infrastructures. Dans le domaine
de la fiscalité locale par exemple,
l’imprécision des textes entraîne
très souvent des conflits entre les
agents de la communauté urbaine
et celles des communes d’arrondissements situées au sein de la
communauté urbaine. Les contribuables se voient visités régulièrement par les agents de fiscalité
des deux entités et sont parfois
surimposés du fait de la coexistence des deux entités sur un même
territoire sans l’existence d’un lien
hiérarchique. La fiscalisation de la
propreté reste donc la voie idoine
pour les communes. D’autant
plus que de nombreuses compétences incombent aujourd’hui
aux communes sans que les plus
petites aient toujours les moyens
humains et financiers nécessaires. Les maires sont confrontés à
des problèmes de responsabilité
de plus en plus complexes. Il faut
qu’ils soient bien épaulés par des
services compétents et bien dotés en personnels qualifiés. Mais
ils doivent également avoir les
moyens de mener des politiques
d’aménagement et de développement durable ambitieuses.
Dans le cadre de décentralisation
des compétences, les communes
doivent bénéficier d’une compensation intégrale des charges transférées. Par exemple, l’assiette de
certaines taxes sera la bienvenue.
Dans le même raisonnement, les
taux de la fiscalité des communes
seront fixés selon leurs tailles. Le
produit sera ainsi réparti entre
les communes, pour une part en
fonction de leur population et
pour une autre part en fonction
inverse du potentiel fiscal moyen.
L’on comprend donc qu’il faut
préconiser la fiscalisation de la
propreté et cette mesure pourrait être introduite dans le projet
de loi de finances 2010-2011. Par
ailleurs, la création d’un observatoire et son comité de pilotage
devra donc définir comment financer la propreté au sein de la
commune.
Florine Nseumi Léa
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
15
dossier
La décentralisation au Cameroun
sous toutes les coutures :
Son histoire, ses problèmes, ses
enjeux. La question de financement de certaines activités : santé,
éducation, propreté.
L’histoire de la décentralisation au Cameroun est antérieure à l’indépendance
de ce pays. On peut rappeler à cet effet que c’est en 1941 que furent créées les
communes de Yaoundé et de Douala.
D
epuis lors, la pratique de la décentralisation n’a cessé d’évoluer au Cameroun à travers
l’avènement de la mise en place d’autres communes. Toutefois, c’est surtout la loi N°96/06
du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972 qui a donné une
impulsion nouvelle et un rôle accru et déterminant à la décentralisation pour améliorer
et dynamiser le développement politique, social et économique du Cameroun. En effet le titre 10
de cette loi traite des collectivités territoriales décentralisées de la République, à savoir les régions
et les communes. Si en 1996, l’institution communale était en soi une réalité bien connue autant
par les aînés que par la jeune génération, il n’en était pas de même pour les régions qui renvoyaient
certes à une réalité connue à savoir la province, mais déjà le terme région que l’on découvrait à
cette occasion apportait des éléments novateurs que la loi elle-même allait se charger de décliner
pour une meilleure compréhension des enjeux de la décentralisation.
16
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
Ses enjeux portent sur la promotion de la démocratie locale. Ainsi,
elle permet la participation effective et efficace des populations à
la gestion des affaires publiques.
La libre administration des collectivités locales est perçue comme
l’unique moyen de restaurer, à
partir de la base, la confiance des
citoyens dans les institutions et
de donner une légitimité à l’autorité politique. À la démocratie
locale, la décentralisation ajoute
un souci de développement local. Les collectivités territoriales décentralisées apparaissent
comme de véritables agents de
développement local à même
de proposer des réponses locales stables et maîtrisables, face à
une économie mondiale en crise.
Enfin, la gouvernance démocratique. Le partage des compétences et de rôles entre l’Etat et les
collectivités locales enracinent la
démocratie et par conséquent la
gouvernance démocratique. La
décentralisation participe de la
restructuration de l’Etat dans un
souci d’efficacité et d’efficience.
Proclamée par la loi constitutionnelle du 18 juin 1996, restait à rendre opérationnelle la décentralisation annoncée en l’inscrivant
dans un processus de mise en
œuvre bien maîtrisé et suffisamment encadré par la loi et les textes réglementaires subséquents.
Et veiller parallèlement au renforcement des capacités des acteurs
impliqués à l’application concret
de cette décentralisation.
A la suite de la loi N°96/06 du 18
janvier 1996 portant révision de
la constitution du 02 juin 1972
en son titre 10 traitant des collectivités locales décentralisées, un
nouveau dispositif législatif est
entré en vigueur.
Il abroge certaines dispositions
de la loi N°74/23 du 05 Décembre
1974 portant organisation communale et celle du 15 juillet 1987
portant création des Communautés Urbaines. Un ensemble de
trois textes législatifs constitue
l’essentiel du nouveau dispositif
promulgué en juillet 2004 l’un
sur l’orientation de la décentralisation et les deux autres fixant les
règles applicables aux communes Les problèmes
et aux régions.
Le principal problème qu’on pourrait relever ici c’est le manque de
Le champ de compétences dévo- formation chez certains acteurs
lues aux collectivités territoriales impliqués dans le processus de
décentralisées est vaste et com- décentralisation.
plexe : promotion économique, Et c’est pour pallier à ces insuffiéducation, planification, urbanis- sances que le Ministre de l’Admime, aménagement du territoire, nistration territoriale et de la déculture, aménagement, sport et centralisation a animé une série
loisirs, environnement et gestion de quatre séminaires sur la bonne
des ressources naturelles, santé gestion des ressources à savoir
et action sociale.
Garoua pour les trois régions du
grand nord, Yaoundé, Buéa et BaLes enjeux
foussam. Ces séminaires particiEn tant que construction politi- pent aussi du renforcement des
que, administrative, économique capacités des différents acteurs
et sociale, la décentralisation se impliqués dans ce processus ;
présente comme un facteur de l’objectif étant de s’assurer que la
consolidation de la démocratie, passation des marchés et toute la
de refondation de l’Etat et d’im- gouvernance alentour des compulsion du développement local. pétences transférées se déroulent
dans les règles de l’art, ou de rectifier le cas échéant. Il s’agit aussi
de faire comprendre aux exécutifs
communaux que les ressources
accompagnant les compétences
transférées ne sont que des subventions supplémentaires pour
leur budget de fonctionnement,
voire que le choix des prestataires
dans ce domaine obéit scrupuleusement au code des marchés
publics ;
Ce renforcement de capacités
techniques et civiques des acteurs de la décentralisation en
l’occurrence des maires permettra de limiter les fautes de gestion
observées ici et là et qui entraînent des écarts observés dans la
tenue des comptes de certaines
mairies.
Depuis lors, la pratique de la décentralisation n’a cessé d’évoluer
au Cameroun à travers l’avènement de la mise en place d’autres
communes. Toutefois, c’est surtout la loi N°96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la
constitution du 02 juin 1972 qui a
donné une impulsion nouvelle et
un rôle accru et déterminant à la
décentralisation pour améliorer
et dynamiser le développement
politique, social et économique
du Cameroun. scrupuleusement
au code des marchés publics ;
Ce renforcement de capacités
techniques et civiques des acteurs de la décentralisation en
l’occurrence des maires permettra de limiter les fautes de gestion
observées ici et là et qui entraînent des écarts observés dans la
tenue des comptes de certaines
mairies.
par Sylvie YEBEL- FOUNGA
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
17
dossier
Décentralisation:
l’originalité du Niger
L’expérience de la décentralisation est une réalité relativement récente au Niger. Pourtant, les textes existent depuis les années 1990. Leur application effective, concrète dans la vie quotidienne des Nigériens, n’a commencé qu’au
débout de la décennie 2000. Mais, la spécificité de ce pays d’Afrique de l’ouest,
c’est d’allier une coopération décentralisée qui s’étend presque dans tous les
domaines, y compris celui du traitement des ordures solides, liquides et ménagères, avec des initiatives locales.
L
e pays est formé d’un territoire dont
les deux tiers sont désertiques. Par
ailleurs, 80% de la population du
Niger vit en milieu rural. Cette double réalité suffit-elle à expliquer qu’en 2002
encore, 63% de la population nigérienne
vivaient dans un état de pauvreté? Et que
34% des Nigériens survivaient même sous
18
le seuil de l’extrême pauvreté? Probablement. D’autant plus que le secteur rural est
largement dépendant des aléas climatiques,
même s’il contribue pour 40% du Produit intérieur brut (PIB).
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
Quoi qu’il en soit, la décentralisation au Niger est plutôt un phénomène récent, alors que dès
1990, les réformes institutionnelles avaient déjà commencé. Les
premières élections municipales
datent, elles, du 24 juillet 2004.
Dans ses fondements, la décentralisation au Niger rime avec
déconcentration des pouvoirs de
l’Etat. La réforme de la décentralisation se veut pourtant moderne,
ouverte, progressive et donc forcément prudente.
Les dispositions les plus pertinentes de cette réforme font appel à
la libre administration des collectivités territoriales, au couplage
décentralisation-déconcentration, à la communalisation, ou encore au choix de l’élection comme
mode de désignation des organes dirigeants des collectivités
territoriales. Surtout, la réforme
institue un contrôle à postéori de
l’Etat, de même que le principe de
l’autonomie et d’identité propre
de chaque niveau de collectivité.
Quant à la compétence générale
reconnue aux collectivités territoriales, elle intègre la chefferie
traditionnelle et les femmes dans
le dispositif institutionnel de gestion des nouvelles collectivités.
cessaire, voire capital de mettre
en place des circuits d’information durables et fiables. Ce qui
passe obligatoirement par une
identification claire des différentes cibles, mais aussi d’une clarté
des messages à émettre.
la gestion des ordures ménagères. Quelques années après le
démarrage effectif du projet, l’un
des blocages les plus sérieux a été
le recrutement d’un technicien
municipal compétent spécialiste
d’hygiène et d’assainissement.
Cela dit, la décentralisation au
Niger, permet au pays de développer une coopération tant avec
les autres Etats de la sous-région,
qu’avec les communes européennes, notamment en matière de
gestion des ordures ménagères,
d’hygiène et assainissement. C’est
ainsi qu’en mars 2010, en partenariat avec le Bénin, le Burkina Faso,
la Guinée, le Mali, la Mauritanie,
le Sénégal, le Niger s’engageait à
échanger son expérience via une
structure dénommée innovation,
environnement et développement d’Afrique(IED). Conscients
les uns comme les autres que
plus rien ne pourra se faire sans
la maîtrise de l’environnement, si
l’on aspire à un développement
durable du continent: «La question de l’insalubrité est un enjeu
de taille pour les collectivités locales. L’environnement est à la
base de tout», soulignait Mamadou Lô, représentant de l’Union
de l’association des élus locaux
du Sénégal (UAELS). Il ajoute: «On
ne peut pas développer un pays
L’application de la réforme de la encore moins une collectivité si
décentralisation, au Niger, outre on ne prend pas en charge l’insale fait qu’elle soit récente, doit lubrité».
faire face à un autre obstacle. De
taille celui-là. Le processus de
communication, pour être plus
cohérent, afin de fédérer les nom- Dans la même optique, le Niger,
breuses démarches et capitaliser dans le cadre d’un projet qui date
les acquis, doit absolument être de 1997, a mis en place un projet
plus efficace. Faute de quoi, le entre les villes de Tessaoua, cité
déficit de l’information ou alors située à quelque 800 kilomètres
la mauvaise transmission de cette de Niamey, la capitale du Niger,
dernière, entraîne la multiplica- et
Conflans-Sainte-Honorine,
tion des erreurs. Et ceci tant du une commune française. Le procôté de l’administration que des jet porte sur l’assainissement des
administrés. Il semble donc né- eaux usées, des eaux de pluie et
Enfin, le Gret, une association de
solidarité et de coopération internationale, intervient sur un autre
projet d’appui communal et à la
société civile, depuis la mi-2006.
Objectif: à Niamey et à Maradi,
définir un dispositif et les procédures pour la sélection des projets et leur réalisation. Ce qui implique la mise en place des outils
adéquats, former le personnel
municipal et les structures de la
société civile concernées. Dans ce
cadre, le Gret intervient dans l’impulsion des stratégies de gestion
des ordures ménagères dans les
villes de Maradi et la commune
de Niamey. Les principaux partenaires du Gret sont les collectivités locales impliquées, les ONG
et autres Bureaux d’études soustraitants. Le projet est financé par
l’Agence française de développement (AFD). Par ailleurs, le Niger
a mis en place des initiatives locales de développement urbain:
lutte contre l’insalubrité et prolifération des ordures ménagères à
Niamey. Ici, le principal opérateur
SAPHTA (Salubrité, propreté, hygiène et technique d’assainissement), s‘occupe particulièrement
de la gestion des déchets et des
eaux usées.
Coopération
Projets
Finalement, la décentralisation
made in Niger, est bien plus
qu’une simple expérience. C’est
une réalité concrète que les habitants du pays vivent au quotidien
depuis le début des années 2000.
Jean-Célestin EDJANGUE
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
19
dossier
Fiscalisation des déchets
De nombreux pays à travers le monde ont à ce jour adopté une fiscalité qui
tend à limiter la production des déchets. Une mesure qui semble pourtant
adaptée aux seuls pays industrialisés.
Q
ue peuvent les pays pauvres ?
En France, en douze ans, la production de déchets municipaux a
augmenté de 20 % par habitant,
passant de 441 kg en 1995 à 536 kg en 2006.
Même si le recyclage a progressé pendant
cette période, 70 % des déchets municipaux
sont encore orientés vers le stockage et l’incinération (23 millions de tonnes) alors que
seuls 30 % sont recyclés. Certains voisins
européens (Allemagne, Belgique, Suède,
Pays-Bas, Danemark) présentent des taux de
recyclage supérieurs à 45 %. Ce qui a poussé
les autorités à instituer, aux côtés de nombreux autres, une mesure fiscale devenue
20
célèbre dans la quasi-totalité des pays industrialisés. Il s’agit de la Taxe Générale sur
les Activités Polluantes (TGAP).
Instituée par la loi de finances pour 1999 et
entrée en vigueur au 1er janvier 2000, la taxe
générale sur les activités polluantes (TGAP),
portait initialement sur quatre catégories
d’activités polluantes dont le stockage de
déchets ménagers et assimilés ainsi que l’élimination de déchets industriels spéciaux.
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
La TGAP s’appuie sur le principe « pollueur-payeur
», inscrit dans la Charte de l’environnement adossée
à la Constitution depuis février 2005. Ce principe
pose que les dommages causés à l’environnement
par certaines activités sont mal pris en compte par
les prix du marché. Ils peuvent alors faire l’objet
d’une taxation spécifique, ayant pour effet de renchérir leur coût, afin de dissuader les acteurs économiques et de ramener ces activités à un niveau
meilleur pour la société.
Le principe est d’utiliser la taxe générale sur les activités polluantes, basée sur les quantités de déchets
résiduels traités en décharge ou en incinérateurs,
afin de donner un signal économique fort en faveur
de la prévention de production des déchets et du
recyclage, en application de la nouvelle directive
cadre européenne sur les déchets. Une idée qui fait
son petit bonhomme de chemin dans les sociétés
dites industrialisées, mais dont l’applicabilité poserait quelques soucis dans les sociétés moins nanties.
que de diminution des déchets par la mise en place
d’incitations fortes à la réduction à la source et le
renforcement des pratiques comme le recyclage.
La réforme permettra une réduction de la production des déchets ménagers grâce à l’institution et
l’affectation des profits d’une taxe à des opérations
de prévention : financement de la mise en place de
projets et programmes locaux de prévention et à la
mise en place de la tarification incitative, renfort des
campagnes d’information mais aussi de formation
pour une meilleure gestion des déchets, etc.
De l’autre, un accroissement du tri et du recyclage
permettant une économie de ressources naturelles,
la diminution des impacts environnementaux grâce
à l’utilisation de matériaux recyclés, la réduction des
impacts sur l’environnement du stockage et de l’incinération (qui produisent entre autres gaz à effet
de serre, émissions polluantes dans l’air et dans l’eau
principalement) liée à la baisse des déchets résiduels
devant être traités. La solution du compost devrait
également être largement exploitée. Notamment
en accordant davantage de subventions aux ONG
Les objectifs au Cameroun pourraient par exemple impliquées dans l’activité de compostage.
consister plutôt d’une part à consolider la politi-
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
21
évènements
Tirailleurs sénégalais
La longue marche de la «colonne noire»
vers la reconnaissance de leur effort
pour l’avènement de la «France libre»
L
a décentralisation MAIS QUAND VIENDRA LE JOUR DE GLOIRE ? L’acquis le
plus important de la double commémoration du 14 juillet 2010 et des cinquantenaires des indépendances d’Afrique francophone restera à n’en pas douter, l’alignement
des pensions militaires de retraite des anciens
combattants africains sur celles de leurs compagnons d’armes français. Cette mesure qui
concerne quelque 30 000 rescapés africains de
la Deuxième Guerre mondiale a été annoncée le
13 juillet 2010 par le président de la République
française, Nicolas Sarkozy.
législatives qui discriminaient bénéficiaires français et étrangers.
Alors même que, quelques jours auparavant, le
28 mai 2010, les « sages » avaient estimé que le
fait que les pensions des anciens combattants
français soient différentes de celles de leurs
homologues africains ne contrevenait pas au
principe d’égalité, puisque basé sur le niveau
de vie du pays de résidence. A titre d’exemple,
lorsqu’un ancien combattant français invalide
touchait 650 euros soit environ 435 000 francs
par mois, un Sénégalais percevait 230 euros
(155 000 francs CFA). Un Camerounais était à
« C’est pour témoigner de notre reconnaissan- 104 euros (69 265 francs CFA) et un Tunisien à
ce indéfectible envers les anciens combattants 61 euros. Une telle injustice a contraint nombre
originaires de vos pays que nous souhaitons de ses victimes à l’immigration.
les voir bénéficier désormais des mêmes prestations de retraite que leurs frères d’armes
Des réserves demeurent
français », a déclaré le Président français devant
La mesure prise par Nicolas Sarkozy n’est pour12 présidents africains dont les pays commétant pas encore le rétablissement de la justice.
morent le cinquantenaire de leurs indépendanSelon Christelle Jouteau de l’Institut de Défense
ces et qui ont été invités à participer aux célédes Etrangers (IDE), il est trop tôt pour se réjouir :
brations du 14 juillet sur les Champs-Élysées à
«On attend de voir concrètement quelles seront
Paris.
les dispositions. Nous n’avons pas oublié la riposte
L’annonce de Nicolas Sarkozy intervient après la de l’Etat après l’arrêt Diop.» En 2002, à la suite d’une
décision du Conseil constitutionnel qui, répon- plainte déposée par un ancien militaire sénégalais,
dant à une «question prioritaire de constitu- le Conseil d’Etat avait déjà jugé la cristallisation des
tionnalité» (QPC), avait censuré les dispositions pensions contraire au droit européen.
22
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
Mais la France s’était empressée d’instaurer un critè- le plan social. Mais la jurisprudence ne peut profiter
re de résidence obligeant les anciens combattants à qu’aux soldats maghrébins dont les pays sont signas’installer dans l’Hexagone pour bénéficier des mê- taires de cet accord.
mes prestations.
Après quarante-cinq ans de «cristallisation» (gel)
En attendant plus de précisions sur les modalités de des pensions (elle a été décidée en 1959) et une
cette décristallisation, le secrétaire d’Etat aux An- «décristallisation» en trompe l’œil en 2006, les Ticiens Combattants, Hubert Falco, a déjà annoncé son railleurs sénégalais auront attendu la célébration
coût : 150 millions d’euros. Elle entrera en vigueur du cinquantenaire de l’indépendance de leurs pays
dans le courant du premier trimestre 2011. Quant pour être considérés comme des soldats au même
à la rétroactivité, pas la peine d’y compter ! Selon titre que les autres.
Hubert Falco, la France consent déjà un «grand sacrifice en ces temps de crise».
Il faut rappeler que le Régiment des Tirailleurs Sénégalais (RTS) a été créé le 21 juillet 1857 par NaCependant, en novembre 2006, la «décristallisation» poléon III. En 1914 - 1918, ce sont environ 200 000
avait conduit à l’égalisation de la retraite du com- «Sénégalais» de l’AOF qui se battent dans les rangs
battant et des pensions militaires d’invalidité des français, dont plus de 135 000 en Europe. 30 000
anciens combattants français et étrangers. Le film d’entre eux y ont trouvé la mort sur les 1 397 800
Indigènes (2006) du cinéaste franco-algérien Rachid soldats français morts durant le conflit (soit moins
Bouchareb, qui rendait hommage à ces combattants de 2,3%), et nombreux sont ceux qui sont revenus
des anciennes colonies françaises, avait ému l’an- blessés ou invalides.
cien président Jacques Chirac et accéléré le processus. Il prendra effet le 1er janvier 2007. Cependant Les troupes levées en Afrique du Nord, théoriquede nombreuses voix critiquent cette «décentrali- ment non noires, comprenaient en fait aussi des Afrisation» partielle. A titre exceptionnel, des anciens cains noirs (15 000 noirs au Maroc, pour 30 000 solcombattants marocains obtiendront ainsi en 2008 dats environ), qui servent sous les ordres de Charles
l’alignement de leur pension de retraite après avoir Mangin. Les tirailleurs sénégalais, qui sont toujours
porté l’affaire devant les tribunaux français.
restés d’une exceptionnelle fidélité à l’Empire colonial français, ont été surnommés les «Dogues noirs
En octobre, le tribunal administratif de Bordeaux de l’Empire» par Léopold Sédar Senghor, premier
donne raison à six Marocains. Me Othman-Fatah, président du Sénégal. Le cinéaste Ousmane Semleur avocat, souligne alors que la «loi de finance de bène leur a consacré un film «le camp de Thiaroye».
2007» n’avait décristallisé que «les pensions d’inva- Le président Abdoulaye Wade propose l’enseignelidité et la retraite du combattant» et ne concernait ment de l’histoire des tirailleurs en Europe, voire la
pas «la pension militaire qui constitue la prestation création d’une fondation «pour veiller à la pérennité
la plus importante». La défense des anciens combat- du souvenir» de ces soldats minorés.
tants s’appuie sur les accords euro-méditerranéens
de février 1996 qui prohibent les discriminations sur
Jacques Doo Bell
Le tirailleur vu par le français de souche
Dans la terminologie militaire, le nom de tirailleur n’a rien de péjoratif ni de méprisant et il désigne un «combattant qui progresse en ordre dispersé en tirant à plusieurs reprises, avec persistance» et des formations prestigieuses de Gardes Impériales, française, allemande et russe comprenaient des unités de Tirailleurs. Toutefois, le
tirailleur sénégalais porte des stéréotypes racistes, caricature du Noir de l’époque (sourire niais, ami des enfants,
donc grand enfant et incapable de s’exprimer correctement dans une langue française qu’il se doit de manier) et
symbole du colonialisme (par exemple la mascotte «L’ami Y’a bon». Le tirailleur sénégalais a longtemps symbolisé
pour les métropolitains, l’Empire français. C’est ainsi que la marque de cacao Banania, dont le personnage emblématique avait d’abord été une belle Antillaise entourée de bananes, modifie son image en 1915, dans le contexte
de la Première Guerre mondiale, et porte son choix sur le tirailleur sénégalais. Plusieurs versions ont suivi, plus ou
moins stylisées. Les tirailleurs sénégalais qui venaient pourtant de toutes les colonies et protectorats français ont
énormément contribué à la défense et à la consolidation de la «mère-patrie».
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
23
évènements
Œuvres littéraires, cinématographiques, poétiques, théâtrales…
Les actes sont divers et variés, qui ont marqué la détermination
pour la reconnaissance de la participation des Vétérans africains à la Libération de la France.
L
’autre lutte des Anciens combattants
africains
Depuis la loi de «cristallisation» de
1959, les Anciens combattants africains
n’avaient pas le même traitement que leurs
compagnons d’armes français. Et pourtant, les
uns et les autres ont participé à armes égales à
la libération de l’Hexagone. La faute à une loi
inique dite de cristallisation des pensions. Une
loi qui laissait implicitement entendre que l’apport des Vétérans africains dans la libération de
la France aurait été finalement mineur. Tout le
contraire de ce que disent les écrivains sérieux
et autres historiens de renom. Ainsi en est-il
de l’historien américain Raffael Scheck, qui a
enquêté dans les archives militaires françaises
et allemandes. Il révèle que «près de 3.000 tirailleurs sénégalais (nom générique donné aux
Anciens combattants africains) ont été exécutés
par la Wehrmacht en mai-juin 1940.» Crimes de
guerre qui, selon Raffael Scheck, ont été perpétrés non pas par les SS, mais par l’armée régulière allemande.
A l’appel du 18 juin 1940, lancé par le Général
De Gaulle, les unités de tirailleurs africains qui
se trouvaient en Afrique équatoriale française
(AEF), se sont ralliées à la France libre et ont
combattu notamment à Koufra, Bir-Hakeim, ElAlamein. En 1944, ils sont près de 120.000 goumiers, tirailleurs et spahis, originaires de 22 pays
du Maghreb et d’Afrique noire, à débarquer sur
les côtes de Provence et à s’engager dans la libération de la France jusqu’à la victoire finale
24
en mai 1945. Ils étaient placés sous le commandement du général de Lattre De Tassigny, chef
de l’Armée d’Afrique qui deviendra par la suite
la 1ère Armée française. A la fin de la guerre, le
général De Gaulle leur dira: « Répondant à l’appel de la France en péril de mort, vous avez rallié les Forces Françaises Libres…Vous avez été
de ceux qui, au premier rang, lui ont permis de
remporter la victoire. Au moment où le but est
atteint, je tiens à vous remercier amicalement,
simplement, au nom de la France ».
Quant au général Leclerc de Hautecloque, chef
de la 2ème Division Blindée (DB) ne s’y trompe
d’ailleurs pas. En 1947, il réclame que la France
s’acquitte pleinement et sans marchander de la
dette d’honneur contractée envers les Anciens
combattants africains. Il ne sera malheureusement pas suivi. Du moins pas tout de suite.
Processus de « décristallisation »
Il aura fallu attendre un demi-siècle d’injustice
et d’inégalités, pour qu’en janvier 2011, les pensions des Anciens combattants africains qui ont
participé activement à la libération de la France
soient enfin reversées. C’est le gouvernement
de Jean-Pierre Raffarin qui, en 2003, s’engage
sur la voie d’une «décristallisation» partielle de
leurs pensions qui devraient désormais être indexées sur le coût de la vie des différents pays
où ils résidents.
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
L’année suivante, le 13 août 2004, un communiqué
du ministre français délégué aux Anciens combattants annonce qu’une somme de 120 millions
d’euros était inscrite au budget 2004. Objectif: valoriser de 20 à 100%, les pensions des Anciens combattants originaires d’anciennes colonies françaises.
C’est véritablement la première revalorisation depuis la loi de «cristallisation» de 1959.
Mais, c’est en septembre 2006, à l’occasion de la sortie du film de Rachid Bouchareb, «Indigènes», que
l’affaire prend une nouvelle tournure. Le ministre
délégué aux Anciens combattants, Hamloui Mekachera, indique alors que 80.000 anciens combattants de l’armée française de nationalité étrangère,
bénéficiaient désormais, grâce au processus de décristallisation des pensions, d’une parité de pouvoir
d’achat dans leurs pays respectifs avec leurs camarades anciens combattants français. Il reconnaît que
cela est «équitable mais pas satisfaisant», et qu’il
fallait tendre vers la parité nominale en euros. La
plupart de ces anciens combattants indigènes ne
perçoivent en euros que la moitié ou même le tiers
du montant de la pension perçue par un Ancien
combattant français. Le rapport 2010 de la Cour des
comptes, rédigé par Philippe Séguin, peu avant sa
mort, recommande l’alignement des pensions des
Anciens combattants étrangers sur leurs frères d’armes français.
C’est dans cette longue lutte pour la reconnaissance
des droits des Anciens combattants africains, qu’il
faut situer l’hommage rendu à Fréjus, dans le Var, fin
août-début septembre 2007, devant le monument
de l’Armée noire, aux tirailleurs africains, ainsi qu’aux
Vétérans issus des colonies françaises lors du défilé
du 14 juillet 2010. Ce n’est finalement que justice si
à partir de janvier 2011, l’égalité en matière de traitement des pensions est rétablie, entre les Anciens
combattants africains et leurs homologues français.
Mais que la lutte fut longue et pénible dans l’optique de cette reconnaissance!
Jean-Célestin EDJANGUE
Sétif et Thiaroye
métropolitains, l’Empire français. C’est ainsi que la
marque de cacao Banania, dont le personnage emblématique avait d’abord été une belle Antillaise
entourée de bananes, modifie son image en 1915,
dans le contexte de la Première Guerre mondiale,
et porte son choix sur le tirailleur sénégalais. Plusieurs versions ont suivi, plus ou moins stylisées.
Les tirailleurs sénégalais qui venaient pourtant
de toutes les colonies et protectorats français ont
énormément contribué à la défense et à la consolidation de la «mère-patrie».
Amnésie collective ou ingratitude ?
C
’est une chose de maîtriser l’histoire d’un
peuple. C’en est une autre de bien vouloir la partager, sans en tronquer la moindre partie. Les historiens ont souvent été
soupçonnés de dénaturer la vérité. Que s’est-il véritablement passé à Sétif et à Thiaroye ? Tentative
de décryptage.lais a longtemps symbolisé pour les
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Le 14 juillet
2010, le président français, Nicolas sarkozy annonce que les primes des anciens combattants et
tirailleurs «sénégalais » seront désormais alignées
sur celles de leurs homologues Français. Le monde
exulte, l’on se congratule de cette « manne » qui,
quoi que sur le tard (la quasi-totalité de ces valeureux combattants ayant déjà passé l’arme à gauche), tombe du ciel. Alors que certains jugent la
mesure tardive, d’autres voient en elle une tentative de réparer l’amnésie dont avaient fait preuve
les Français, suite aux services à eux rendus par les
« tirailleurs sénégalais » pendant le seconde guerre
mondiale.
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
25
évènements
Les faits
Les massacres de Sétif, Guelma
et Kherrata sont des répressions
sanglantes d’émeutes nationalistes survenues en 1945 dans
le département de Constantine,
en Algérie française. Elles débutent le 8 mai 1945 : pour fêter la
fin des hostilités et la victoire des
Alliés sur les forces de l’Axe, un
défilé est organisé. Les partis nationalistes algériens, profitant de
l’audience particulière donnée à
cette journée, décident par des
manifestations d’abord pacifiques
de rappeler leurs revendications
patriotiques. Mais un policier tire
sur un jeune Algérien tenant un
drapeau de son pays et le tue,
ce qui déclenche des émeutes
entre Algériens et Européens,
avant que l’armée n’intervienne.
Il y aura parmi les Européens
plus d’une centaine de morts et
autant de blessés. Le nombre des
victimes autochtones, difficile à
établir, est encore sujet à débat
en 2010 ; les autorités françaises
de l’époque fixèrent le nombre de
tués à 1 165, un rapport des services secrets américains à Alger
en 1945 notait 17 000 morts et
20 000 blessés, le gouvernement
algérien avance le nombre de 45
000 morts, alors que suivant les
historiens, le nombre varie de
8 000 (Charles-Robert Ageron,
Charles-André Julien) à 15 000
victimes. Pour Antoine Benmebarek, l’administrateur chargé de la
région de Sétif lors du massacre, il
s’élèverait à 2 500 morts.
Novembre 1944. La Seconde
Guerre mondiale n’est pas terminée, mais grâce aux alliés américano-britanniques et à son armée
de tirailleurs « sénégalais » (les tirailleurs n’étaient pas uniquement
26
sénégalais, mais venaient de toutes les anciennes colonies françaises, on y trouvait donc outre les
Sénégalais, des Camerounais, des
Ivoiriens, des Tchadiens, des Soudanais –Maliens–, des Nigériens,
etc.), la France a pu être libérée, et
les « tirailleurs sénégalais » devaient rentrer chez eux, reprendre
une vie normale avec les remerciements de la France.
Leurs frères d’armes « français
de souche » (sous-entendre:
«blancs») avec lesquels ils avaient
partagé les joies, les peines et les
souffrances de la guerre avaient
déjà touché leur solde, et les diverses primes liées à leur statut.
Bien qu’ils aient pris les mêmes risques, et que nombre d’entre eux y
avaient laissé la vie, ou contracté
des handicaps définitifs, les tirailleurs n’avaient pas (encore)
été payés, mais on les a assurés
qu’ils le seraient en Afrique.
Une fois en Afrique, ils sont entassés dans le camp de Thiaroye.
Voyant que leurs primes n’étaient
pas versées, ils ont pris en otage
un général français, le 30 novembre 1944 qu’ils libéreront quelques heures plus tard, après que
ce dernier ait affirmé les avoir
compris, que leur argent serait
changé au taux officiel, et qu’ils
recevraient leurs indemnités
avant d’être démobilisés.
Mal leur en prit car, quelques
heures plus tard, le 1er décembre
1944, sur ordre de ce même général et avec l’approbation de la
hiérarchie, l’armée française, bien
que sachant que les tirailleurs
étaient désarmés, a donné l’assaut au camp en utilisant son
artillerie lourde, dont des chars
d’assaut.
Le camp fut détruit, et un grand
nombre de tirailleurs y laissèrent
la vie, non pas du fait de canons
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
nazis, mais de canons français,
ces Français dont ils avaient libéré
le territoire. Les survivants durent
enterrer à la hâte les malheureux
disparus, puis rentrer chez eux,
sans toucher les primes promises.
Des faits suffisamment graves
que le cinéaste écrivain sénégalais Sembène Ousmane a immortalisée dans un film, « Camp de
Thiaroye », sorti en 1988. Ce film
a été boudé par les médias français, mais a reçu un bon accueil
en festival.
Tout comme le film « Hors la loi »
de Rachid Bouchareb présenté au
Festival de Cannes, qui évoque le
massacre de Sétif, a créé une surprenante polémique.
Une journée mémorable qui a
sombré dans l’oubli, un insigne
événement resté dans l’anonymat, le rôle d’une personnalité
ou d’une communauté complètement ignoré etc., ils sont nombreux, les faits historiques qui
échappent de manière volontaire
ou involontaire à la conscience
des peuples, et dont la nature
aurait pourtant souhaité que l’on
se souvienne.
Sources:
- Charles Onana.- France et ses tirailleurs, éditions Duboiris, 2003
- Marc Michel, «Les Africains et la
Grande Guerre. L’appel à l’Afrique
(1914-1918) », Ed : Karthala, paru
le 24 octobre 2003.
- Film de Ousmane Sembene,
«Camp de Thiaroye », version original française et wolof STF, 1988,
147 minutes, Sénégal.
Serge Williams Fotso
évènements
HYSACAM étend son réseau
Hysacam s’installe à Buéa, Bertoua, Sangmélima, Meyomessala, Ebolowa : de nouveaux
défis pour la multinationale ? Comment
gérer cette extension ? Quelles sont les
incidences ?
Le Cameroun avec cette couverture du
réseau de propreté est-il en passe d’être
champion d’Afrique de la propreté ?
En s’implantant à Buéa, Bertoua, Sangmelima,
Meyomessala, Ebolowa, HYSACAM continue ainsi
tambour battant à grossir son portefeuille de prestations et confirme sa volonté de s’imposer comme
leader de la propreté en Afrique subsaharienne.
Au commencement était Douala. Puis vinrent
Yaoundé, Bafoussam, Limbé, Kribi, Edéa, Ngaoundéré, Garoua, Maroua, Bagangté, Bangou, Niamey
et Ndjamena. HYSACAM poursuit sa conquête du
marché national et international entamée il y a
quarante ans avec bientôt cinq nouvelles villes dans
son portefeuille. Cette extension est une marque de
confiance renouvelée de l’Etat qui a compris que la
propreté des villes est un produit complexe et que
pour atteindre des résultats satisfaisants il faut la
confier à des professionnels. Elle vient aussi confirmer l’option prise par HYSACAM depuis cinq ans de
ne plus limiter la collecte des ordures ménagères
aux grandes villes, comme cela a été le cas pendant
trente cinq ans mais de l’étendre à toutes les villes
du Cameroun.
Avec l’arrivée d’HYSACAM, Il est aussi question de
rendre ces villes plus belles et plus attractives ce
qui aura à coup sûr un impact sur leurs économies.
28
Les investissements qui y seront faits et les emplois
qu’ils vont générer, viendront contribuer efficacement à la lutte contre la pauvreté engagée par le
gouvernement. En effet avec une politique de recrutement de travailleurs originaires des localités
où elle s’installe, ce sont des milliers de jeunes chômeurs qui seront employés dans cette entreprise et
partant la cohésion sociale renforcée. L’entreprise
voit aussi son image et sa notoriété confortées tout
comme son chiffre d’affaires rehaussé avoisinant
désormais les vingt cinq milliards de francs CFA.
Mais la véritable retombée de ces installations est la
protection de l’environnement. Lorsqu’on sait que
la propreté vise à la base la lutte contre les maladies,
c’est la santé et le bien-être des populations concernées qui seront ainsi préservées.
En intégrant savamment ses compétences humaines, ses méthodes de travail modernes, sa technologie de pointe et en mettant sur pied un système
d’anticipation, de veille, et de management efficace,
HYSACAM pourra gagner une fois de plus le pari
de la propreté et faire du Cameroun un champion
d’Afrique dans ce domaine.
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
Par Sylvie YEBEL-FOUNGA
nouvelles d’ailleurs
Gestion des déchets à Conakry
L’expérience du programme PTGD Le programme Transitoire de Gestion des déchets en abrégé
PTGD est la réforme qui a conduit à la gestion des
ordures ménagères à Conakry.
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
29
nouvelles d’ailleurs
E
t s’il pouvait servir d’exemple. La Ville de Conakry,
à la fois capitale politique et économique de la
République de Guinée, est une
presqu’île d’environ 308 km2,
avec une forme particulière (longueur de plus de 35km, largeur
variant entre 1 et 6km) et un relief faiblement accidenté. Conakry a connu une urbanisation
rapide et souvent anarchique. Sa
Population est d’environ 1,2 millions d’habitants, avec un taux
de croissance annuelle de 6%. En
1996, la ville produisait environ
600 tonnes d’ordures ménagères
par jour dont moins de 20% était
ramassés. Le service Public de ramassage des ordures ménagères
de la ville avait presque cessé de
fonctionner, laissant libre cours à
un secteur privé qui faisait timidement son apparition. L’état d’insalubrité de la ville était tel que le
gouvernement devait organiser
périodiquement des opérations
‘coup de poing’ d’assainissement
pour enlever les multiples dépôts
sauvages qui encombraient la ville. Au cours du deuxième semestre de l’année 1996, le gouvernement a décidé la mise en œuvre
d’un programme d’urgence pour
remédier à cette situation d’insalubrité caractérisée. Ainsi est
né le programme Transitoire de
Gestion des Déchets en abrégé
P.T.G.D.
Avant cette réforme, il y a eu tout
un processus dans la gestion des
ordures ménagères à Conakry. La
période 1985-1987 est consacrée
à la pré-collecte, la collecte et la
mise en décharge assurée par les
5 Communes (équipements au niveau des Communes). La Décentralisation du service intervient en
30
1987 avec la création de L’Unité
de Pilotage des Services Urbains
(UPSU) dans le cadre du premier
projet urbain, PDU (1985-1990) et
placée sous l’autorité du gouvernorat de Conakry.
Dans ce cadre les mesures suivantes ont été prises
Centralisation des moyens techniques, renouvellement de l’équipement (fourniture de 43 véhicules (BT, LC, 140 conteneurs de
7m3), 1 pelle chargeuse, 1 bulldozer et 1 élévateur. L’UPSU jouit
d’une autonomie financière. Le
budget théorique de 1,1milliard
de francs guinéens (alimenté par
le BND et l’IDA), la ville ne finance
que le salaire.
Résultats de courte durée
L’UPSU a couvert la ville à 70%
de 1987 à 1992. A la fin de 1993,
l’Etat et la Banque mondiale ont
interrompu toute participation
au financement de l’UPSU, sans
qu’une source alternative fiable
ne soit trouvée. En outre, l’équipement était devenu vétuste et
ne comptait plus que 9 véhicules
de transport et un bulldozer. En
raison de ses difficultés financières, la ville a procédé, début 1994,
à la compression du personnel
de l’UPSU dont l’effectif est passé
de 418 à 353 personnes. Comme
conséquence, la capacité de l’unité s’est réduite brutalement, et le
taux de couverture a chuté pour
se situer autour de 10% ; alors que
la capacité de transfert de ce parc
était de l’ordre de 120T/j contre
une production journalière de
600T. Depuis 1991, Conakry a
connu un certain nombre de projets soit d’étude soit d’opérations
pilotes. Le projet PADU sur l’initiative de l’UNICEF et l’étude PADEU-
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
LAC méritent d’être cités dans ce
cadre. De même, au moment du
lancement du PTGD en décembre
1996, trois PME de ramassage des
ordures font leur apparition (Poubelles de Conakry, Lavenet, Inacav). Deux de ces PME (Lavenet,
Inacav) étaient spécialisées dans
le service de ramassage des ordures, tandis que la troisième (Poubelles de Conakry) intervenait exclusivement dans les principaux
marchés. La chute des activités
de l’UPSU et le faible impact d’un
secteur privé en gestation ont
eu des conséquences néfastes,
notamment aux plans de l’environnement et sanitaire. L’apparition des dépôts sauvages dans la
ville et la décharge principale non
aménagée est envahie par les
habitations. Par ailleurs, l’incinération pratiquée à la décharge à
grande échelle polluait la ville ; la
prolifération des mouches, moustiques, insectes, rats et souris sont
autant de sources des maladies.
C’est dans ce contexte que l’on
négocie avec le Programme Transitoire de Gestion des Déchets
(PTGD) en 1996. A la demande du
Gouvernement, le programme
transitoire a été conçu pendant le
second semestre de l’année 1996
et sa mise en œuvre a commencé
en janvier 1997. Le PTGD a couvert la ville en deux temps. Dans
un premier temps le programme
s’est adressé à trois Communes :
Kaloum, Dixinn et Matam, dont la
population totale s’élève à 409931
personnes (57403 ménages). Ensuite, au cours de la deuxième année, l’extension s’est faite sur les
Communes de Ratoma et Matoto.
(773421 personnes, 105033 ménages).
Partenariat
Le nouveau système de gestion
des déchets à Conakry, est basé
sur les principes simples et clairs
et de mise en œuvre facile. La
ville est subdivisée en 39 zones
de collecte. La délimitation des
zones de collecte doit obéir aux
limites administratives des Communes et des quartiers. Une zone
de collecte ainsi délimitée est une
concession indivisible. En sont
toutefois exclues les voies et places publiques qui font l‘objet de
concession à part. En vue d’assurer la transparence nécessaire à
la viabilité du système, une zone
de collecte est adjugée exclusivement par appel d’offres, sur
la base de critères explicites qui
2
sont connus à l’avance de tous les
interlocuteurs.
Ces interlocuteurs sont : les PME
intéressées à l’obtention de zone
de collecte ; les Communes qui
sont les Maîtres d’ouvrage, le gouvernorat qui a délégation de maîtrise d’ouvrage des Communes,
le Ministère de l’Urbanisme et
de l’Habitat à travers le PDU3 qui
élabore et supervise la politique
nationale en matière d’assainissement. La Banque mondiale est
le partenaire dans la recherche
d’une solution viable à la gestion
des ordures ménagères. Une zone
de collecte est adjugée de façon
exclusive à une PME. Du faite de
cette adjudication, tout autre
acteur présent dans la zone de
collecte doit s’effacer, et ne pourrait plus exercer qu’en qualité de
sous- traitant de la PME adjudicataire. Les PME adjudicataires de
zone de collecte bénéficient d’un
encadrement et d’un appui à travers diverses initiatives mises en
place dans le cadre du PTGD.
On peut citer en particulier le recrutement d’une agence d’exécution dont les missions essentielles
sont la supervision des activités
de PME, le suivi des activités, la
supervision et le contrôle des travaux d’aménagements des points
de regroupement (iv) et la mise
en œuvre d’un programme de
communication qui doit aider à
la vulgarisation du nouveau système de gestion des déchets solides et facilité son implantation.
Intervention d’un spécialiste en
appui aux PME dont la mission
est d’aider les PME à se doter d’un
système de gestion administrative, financière et comptable efficace et d’assurer l’interface PME/
SPTD, La mise en place d’un fonds
de garantie pour aider les PME à
faire face aux incertitudes en matière de financement, La Division
du contrôle de la propreté (DCP)
est un précieux outil d’intervention pour appui à l’action des PME
et de SPTD. L’expérience du PTGD
permet de formuler quelques
enseignements, notamment : En
raison de la multiplicité des institutions qui sont concernées et de
la nature complexe des questions
à traiter, la volonté politique est
le premier critère de réussite. Les
projets pilotes d’assainissement
doivent avoir une envergure plus
grande que par le passé, afin de
disposer d’expérience plus significative à très brèves échéances.
Florine Nseumi Léa
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
Grâce à l’action du programme,
le volume d’ordure collectée et
évacuée est passé de 10% à 87%.
La fréquence de collecte est en
moyenne de deux fois par semaine dans les ménages. Pour
les gros producteurs de déchets,
cette fréquence est définie au cas
par cas. La facturation des ménages se situe en général entre 1000
fg et 5000 fg par mois. Le pourcentage de recouvrement auprès
des ménages est de 76%, tandis
que celui auprès des opérateurs
économiques est de 90%.
31
portrait
Bernard Njonga
Le José Bové camerounais
L’homme est réputé pour ses prises
de positions iconoclastes relatives à
la gestion de la Cité Cameroun. Son
dernier fait d’armes remonte au
mois d’août 2010, où il a fait manger exclusivement camerounais lors
d’une cérémonie de dégustation.
M
oustache au vent
et pipe à la bouche,
Bernard Njonga sait
se servir du « tout
médiatique » de notre société
pour défendre ses idées. « Il ne
s’agit pas seulement d’économie
et de profit, mais aussi d’identité : il serait de bon ton de mettre en valeur l’activité rurale au
Cameroun qui ne doit pas être
considérée comme un sous métier, mais comme une partie intégrante du Cameroun qui a un fort
potentiel agricole, et de valoriser
cette activité à travers la qualité
des produits locaux qui seraient
consommés dans le pays », lance-t-il, visiblement satisfait, aux
journalistes, avant de s’en aller rapidement à bord de son véhicule.
Les journalistes, dans le souci de
rendre compte du déroulement
de la cérémonie de dégustation
de produits locaux que l’Acdic
avait organisée en collaboration
avec de nombreux acteurs camerounais le 30 Juillet 2010 au palais des congrès de Yaoundé, lui
avaient tendu le micro au sortir
de la cérémonie d’ouverture que
venait de présider Jean Nkuété,
vice-Premier ministre, ministre
de l’agriculture et du développement rural.
32
La cérémonie qui s’inscrivait dans
l’action d’une campagne nommée « Zéro produit alimentaire
importé au Comice agropastoral d’Ebolowa », avait des visées
multiples : promouvoir l’emploi
au Cameroun à travers la mise en
avant des produits locaux, augmenter la production, diminuer
les importations, mais surtout
mettre en valeur l’activité rurale
camerounaise, véritable flèche
agricole en Afrique. Pour Bernard
Njonga et l’Acdic, le plan d’action
serait progressif et la diminution
des importations se ferait année
par année avec un plafond dégressif : on parle par exemple de
300,000 tonnes pour l’année 2011
qui serait revu à 250 000 l’année
d’après, et ainsi de suite.
1984 avec « mention très honorable » son diplôme d’ingénieur
agro-économiste à l’Ecole supérieure agronomique (ENSA) de
Yaoundé. Sa longue quête du
savoir le conduira ensuite tour à
tour au CNEARC de Montpellier, à
l’ISNAR de Floride, ainsi que dans
de nombreux sommets et rencontres nationales et internationales.
Forum économique de Davos
(Suisse), sommet mondial de Rio
de Janeiro sur l’environnement,
conférence de Paris sur l’environnement et la pauvreté, etc.
membre de SOS FAIM Luxembourg ; et responsable du pavillon
Agriculture au Salon International
des Entreprises de Yaoundé.
Parmi ses réalisations, on compte
le plaidoyer contre l’importation
Toutes choses dont le « militant incontrôlée des poulets congelés
du monde rural », véritable vert au Cameroun et en Afrique, ainsi
non politicien du Cameroun, a que le plaidoyer pour la souveraifait son cheval de bataille depuis neté alimentaire de l’Afrique.
maintenant de nombreuses décennies.
Serge Williams Fotso
Auteur prolixe et prolifique dans
les domaines de l’agriculture, du
développement et du monde
rural, Bernard Njonga débute sa
carrière en 1985 comme attaché de recherche à l’IRA (Institut
de recherche agronomique) de
Yaoundé, après avoir obtenu en
Le Magazine de la propreté - Octobre - Novembre - Décembre 2010 / N° 024
réflexions
Entre sécheresse et
inondation
La nature de plus en plus impitoyable contre le Niger, l’un
des pays les plus pauvres du monde
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Réflexions
LA FAMINE ET LA MALNUTRI- que c’est la pire crise de mémoire
TION SEVISSENT
d’homme».
Dans les zones rurales comme
Les agences d’information et les Diffa, la plupart des habitants ne
organisations non gouvernemen- peuvent manger qu’une seule
tales humanitaires sont unanimes fois par jour, au mieux. On ne sait
: Le Niger, pays sahélien d’Afrique cependant pas si la famine a déjà
de l’Ouest risque de connaître fait des victimes. Même si les trala pire crise alimentaire de son vailleurs humanitaires estiment
histoire. Près de la moitié de la que l’importance de la malnutripopulation selon le Programme tion est évidente aux postes de
Alimentaire Mondiale (PAM) soit distribution alimentaire.
7,3 millions d’habitants vit dans
la pénurie et un enfant sur six est Outre les inondations, cette anatteint de malnutrition aiguë.
née, la sécheresse a détruit les
récoltes et décimé le bétail mort
Déjà fortement en proie à la sé- de faim, faute de fourrage, selon
cheresse, la plus forte crue du Christy Collins, directrice de l’ONG
fleuve Niger enregistrée depuis américaine Mercy Corps, citée par
1929 a fait plus de 5500 sinistrés AssociatedPress. Au nord et au
au début du mois d’août à Nia- Centre du pays, on voit un peu
mey, la capitale du pays. Les inon- partout des carcasses d’animaux.
dations ont également atteint Pour faire face à cette désastreuse
l’Ouest et le Sud du pays. Des situation, les Nations-Unis ont occentaines d’hectares de cultures troyé au gouvernement du Niger
ont été ravagés et des milliers de 15 millions de dollars US (7,7 miltêtes de bétail ont péri.
liards de francs CFA) supplémentaires destinés à combattre la faLes villageois décrivent une situa- mine. Ces fonds permettront au
tion plus grave qu’en 2005, quand PAM d’enrayer la détérioration de
les dizaines de milliers d’enfants la situation alimentaire et nutridénutris avaient été traités par tionnelle qui sévit dans le pays.
les organismes d’aide, pire même
que la famine de 1973 qui avait Entre 2009 et 2010, la prévalence
fait des milliers de morts, selon de la malnutrition des enfants
Malek Triki, porte-parole régional est passée de 12,3% à 16,7% et
pour le PAM (Programme Alimen- en moyenne 6.000 enfants sont
taire Mondial de l’ONU. «Ils disent admis chaque semaine dans les
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centres de traitement de la malnutrition, précise-t-on à l’ONU.
Début août, le PAM a lancé une
opération d’urgence, menée
conjointement avec le gouvernement du Niger et de partenaires
humanitaires, visant à assister
plus de 7,8 millions de personnes
jusqu’à la fin de l’année 2010.
D’après l’ONU, en 2010, le Niger
a reçu un total de 35 millions de
dollars (plus de 17,9 milliards
FCFA) pour assister les populations affectées par la crise alimentaire, nutritionnelle et pastorale.
Au-delà du Niger, d’autres pays
de la sous-région dont le Mali et
le Burkina Faso sont dans l’œil du
cyclone en raison du dérèglement
climatique qui fragilise le secteur
agro-pastoral. Les gouvernements
concernés et la communauté internationale sont fortement interpellés. Il est temps d’envisager
des solutions durables à l’instar
de celles appliquées en Israël par
exemple, pour maîtriser la nature
et favoriser le développement
des activités agro-pastorales, il y
va de la stabilité d’une zone particulièrement sensible, déjà, l’effondrement progressif des systèmes de production commence à
nourrir fortement l’insécurité.
Jacques Doo Bell
Regards: Une affaire florissante
L
es organismes de transfert rapide d’argent à l’international se multiplient
en France. Une aubaine
autant pour les migrants que
pour le pays d’accueil. Les ressortissants camerounais, ne sont pas
les moins bien lotis dans le brassage de cette nouvelle manne
financière. Pour l’année 2009, le
pays de Paul Biya arrive en troisième position des migrants qui
transfèrent l’argent dans leur
territoire d’origine, juste derrière
le Maroc et le Sénégal. Mais une
question demeure: à quoi sert
l’argent ainsi investi?
Les 40 milliards de la diaspora
Au pays de Diderot, Jean-jacques
Rousseau et autre Léon Blum, l’argent est roi! Ce mur d’argent ne
fait même plus peur. C’est bien
connu: « l’argent n’a pas d’odeur,
même s’il a souvent de la couleur
». Et des destinations multiples,
pourrait-on ajouter. C’est que les
principaux pays de transfert d’argent correspondraient aux flux
migratoires. C’est en tout cas ce
que laisse entendre le ministère
français de l’immigration. Et à ce
jeu, l’Afrique est plutôt bien placée. Elle représente le plus gros
volume d’envoi des fonds de la
France vers l’étranger. Largement
devant l’Asie. Qui l’eût cru ! A en
croire MoneyGram, l’un des principaux opérateurs de transfert
d’argent en France, c’est la diaspora marocaine qui arrive en tête
des envois, devant le Sénégal et
le Cameroun. Au diable les idées
reçues qui tendaient à penser que
ce sont les Maliens qui font le plus
gros volume dans ce secteur. En
fait, les compatriotes du président
Amadou Toumani Touré transfèrent effectivement beaucoup de
fonds au pays, mais de manière
informelle. Ce qui leur cause un
préjudice dans les opérations
comptables transparentes.
MoneyGram, profitant d’une directive européenne de 2007 entrée en vigueur deux ans plus
tard, en 2009, a réactivé une
concurrence qui était visiblement
très attendue par les migrants. Le
texte permet aux buralistes qui
le souhaitent d’obtenir le statut
« d’établissements de paiement
». Par ailleurs, il faut croire que la
pression internationale a joué un
rôle important dans l’affaire. Au
sommet du G8 à Aquila, en Italie,
en juillet 2009, les chefs d’Etat et
de gouvernement s’étaient engagés à réduire de moitié, dans les
cinq ans, les coûts de transfert
de fonds des migrants. Quelques
mois plus tard, à l’automne 2009,
c’est la Banque mondiale qui rappelait en quelque sorte la France
à l’ordre en l’indexant pour ses
tarifs les plus élevés au monde en
matière de transfert d’argent.
à l’intérêt subit que certains chefs
d’Etat ont pour leur diaspora. Un
pays comme le Cameroun, serait
dans cette lignée. Mais où va l’argent investi par la diaspora? Au
Sénégal et au Mali, les migrants
construisent des projets durables,
souvent dans le commerce ou
dans le bâtiment. Il n’est donc pas
rare qu’ils fassent sortir des immeubles de terre. Au Cameroun
et plus généralement en Afrique
centrale, la visibilité des sommes
investies reste floue. Souvent, on
vient en aide à la famille restée
au pays. Il s’agit le plus souvent
de l’aider à survivre au quotidien.
En Afrique du nord, les migrants
marocains par exemple, sont
connus eux aussi pour investir
sur du solide, dans des affaires
durables. D’ailleurs, la proximité
géographique avec la France permet aux migrants nord africains
de se donner les moyens d’aller
suivre de près plusieurs fois par
an, l’évolution des chantiers ainsi
engagés.
Depuis 1994, Western Union était
en situation de quasi monopole.
Des accords signés avec la Banques postale (La poste), lui permettait d’être présent dans plus
de cinq mille agences réparties
sur l’ensemble du territoire français. La venue de MoneyGram
et autres opérateurs de transfert d’argent à l’international, a
eu pour conséquence directe la
baisse des tarifs. Ce sont les migrants qui se frottent les mains.
Comme quoi, la concurrence a
vraiment du bon! Encore faut-il
qu’elle permette d’investir sur des
projets durables, qui contribuent
au développement économique
et social des pays des migrants.
+10% par an en moyenne depuis
2002
Selon le ministère français de
l’Immigration, quelque 8 milliards d’euros ont transité entre
la France et les pays des migrants
en 2009. Un chiffre constamment
en hausse depuis une petite dizaine d’années, puisque la même
source reconnaît que la progression des transferts d’argent est de
10% par an en moyenne depuis
2002. Ce qui pour certains pays
représente près d’un quart du
Produit intérieur brut (PIB). C’est
par exemple le cas des Comores
(20% du PIB).
L’affaire est donc juteuse et nécessairement intéressante. Elle
ne serait d’ailleurs pas étrangère Jean-Célestin EDJANGUE
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Forum des lecteurs
Rendue à la fin de la lecture de notre trimestriel BOSANGI, je relève
l’importance des thèmes développés dans ce magazine qui traite des
questions environnementales en général, et qui nous prodigue des informations relatives aux projets développés par HYSACAM en particulier. A présent, je comprends mieux les différents mécanismes du
projet MDP et je peux identifier ses enjeux.
Il est certes bien de s’informer, mais c’est encore mieux de le faire en
s’amusant. Aussi, je suggère qu’un espace pour un jeu éducatif soit
prévu dans ce support de communication . Il peut s’agir des mots fléchés, des anagrammes et des mots croisés. Ce jeu permettra aux lecteurs du BOSANGI de se familiariser avec le jargon environnemental.
Au vu de la ligne éditoriale du journal, je pense que nous devons offrir
chaque numéro de ce support aux rédactions, afin de leur donner de la
matière pour organiser et animer les débats et les réflexions autour de
la nécessité de protéger notre environnement. L’objectif est de booster
par cette action médiatique les uns et les autres à adopter le comportement éco citoyen.
TIENCHEU Josiane
Stagiaire, Chargée de la communication DG
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2011
Bonne année