Giuseppe Verdi, très affecté par la mort du grand poète italien

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Giuseppe Verdi, très affecté par la mort du grand poète italien
Arts et Culture à Notre-Dame - Requiem de Verdi
Giuseppe Verdi, très affecté par la mort du grand poète italien Alessandro Manzoni qui
comme lui s’était engagé pour l’unité italienne au sein du Risorgimento pour les idéaux de
justice et d’humanité, compose à sa mémoire un Requiem, comme s’il devait être sa dernière
œuvre et le couronnement de sa carrière.
Créée à l’église San Marco de Milan, l’œuvre rejoint vite les salles de spectacle. En effet, par de
nombreux aspects, elle ressemble à un opéra, avec ses contrastes et sa musique fortement
expressive.
Le Requiem oscille entre un style extrêmement théâtral et le style sévère de la fugue.
Le premier va de la libre déclamation, jusqu’à l’expression lyrique élaborée, il évoque l’opéra
qui décrit les émotions et les passions des êtres ; le second suggère un retour aux sources de la
musicalité religieuse pour un voyage intérieur qui illustre les diverses attitudes de l’homme
face à la mort. Pour y parvenir, Verdi emploie des moyens tels que les quatuors vocaux, les
arias lyriques, fugues de chœurs... On pourrait dire que ce Requiem est un opéra dédié à la
mort, dans lequel tout l’art de Verdi se manifeste, toute sa personnalité généreuse, noble et
chaleureuse.
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le contexte de composition
▪ 1873 : mort de l’écrivain romantique Alessandro Manzoni.
▪ 22 mai 1874 : création du Requiem dirigé par Verdi à Milan, en l’église San Marco.
L’œuvre remporte un immense succès qui ne sera jamais démenti.
la formation
▪ Composition de l’orchestre
En tout, une centaine de musiciens :
Les bois : 2 flûtes, 1 piccolo, 2 hautbois, 2 clarinettes, 4 bassons
Les cuivres : 4 cors, 4 trompettes et 4 autres cachées (effet de spatialisation), 3 trombones, 1
ophicléide
Les percussions : timbales, grosse caisse
Les cordes : violons, altos, violoncelles, contrebasses
▪ Composition du chœur
Un double chœur pour le Sanctus
▪ quatre chanteurs solistes Soprano, mezzo-soprano, ténor, basse
le plan du requiem de Verdi
Le Requiem se compose de sept grands mouvements construits globalement sur les textes de la
liturgie catholique de la messe des morts, en latin :
I. Introït
II. Séquence (Dies irae)
III. Offertoire
IV. Sanctus
V. Agnus Dei
VI. Communion : Lux aeterna
VII. Répons : Libera me
Focus sur quelques extraits
1) introït
Forme du mouvement
Requiem aeternam
Violoncelles et
entrées des autres
cordes (tous avec
sourdines), pp.
Chœur : « Requiem
aeternam », ppp.
Te decet hymnus
Chœur : entrées en
imitation (fugato),
du grave à l’aigu, f
avec effets de
nuances.
Requiem aeternam
Reprise du Chœur :
« Requiem
aeternam », ppp.
Kyrie
Entrées successives des
quatre chanteurs solistes sur
« Kyrie », f. Crescendo,
écriture musicale plus dense
et rythmée avec tous les
chanteurs et musiciens, ff.
Silence, puis conclusion pp.
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Verdi nous fait entrer dans son œuvre par le chant des violoncelles, très expressif et intense.
Au fur et à mesure, l’Introït prend de l’ampleur, nous « grandissant » en même temps.
Pour mettre en valeur les émotions contenues dans le texte, Verdi s’appuie notamment sur les
contrastes d’écriture vocale :
▪ Requiem aeternam : murmuré par le chœur, en homophonie (comme si une seule personne
chantait), Recto tono (sans inflexions, comme les moines interprétant le chant grégorien).
▪ Donna, donna, eis, Domine : chanté par quatre sopranos solistes qui se détachent vers
l’aigu.
▪ Lux aeterna : le chœur, divisé (notes différentes), s’anime.
▪ Kyrie : expression dramatique des solistes, couleurs vocales différentes.
2) dies irae, début de la séquence
D’une durée de quarante minutes environ, la Séquence est une immense fresque constituée de
dix sections enchaînées : Dies irae, Tuba mirum, Mors stupébit, Liber Scriptus, Quid sum
miser, Rex tremendae majestatis, Recordare, Ingemisco, Confutatis, Lacrymosa.
Ces sections suivent le poème du Dies irae dont les paroles sont chantées, souvent en
alternance, par les solistes et le chœur.
Dies iræ, dies illa,
Solvet sæclum in favílla, Teste David cum
Sibýlla !
Jour de colère, que ce jour-là
Où le monde sera réduit en cendres, Selon
les oracles de David et de la Sibylle !
Quantus tremor est futúrus, quando judex
est ventúrus, cuncta stricte discussúrus !
Quelle terreur nous saisira,
lorsque la créature ressuscitera
(Pour être) examinée rigoureusement !
Le thème central est l’évocation du jugement dernier et la terreur de l’humanité face à la
menace divine.
Verdi met le texte en valeur de manière très théâtrale, en créant trois moments spectaculaires,
immédiatement identifiables :
Introduction de
l’orchestre
Allegro agitato : quatre accords Fortissimo, accentués et brefs qui
annoncent le cataclysme. Après le recueillement de L’Introït, l’effet
de surprise est garanti !
Entrée du chœur
Fortissimo, « cri » d’effroi (notes très aigues
des sopranos).
Mouvements descendants et chromatiques du chœur et de
l’orchestre, juxtaposition du débit frénétique de l’orchestre et de
celui du chœur, plus lent, qui avance inexorablement, le tout à
grand renfort de timbales.
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Chuchotements du
chœur
« Quantus tremor et
futurus »
Pianissimo, Recto tono
Trois paliers ascendants – trois phrases – entretiennent la tension,
cette fois sous-jacente. Celle-ci est renforcée par les « tic-tac » de la
flûte piccolo, de deux flûtes et d’un hautbois (à contre temps, avec
appogiatures).
tel une épée de damoclès, le début de la séquence « dies irae, dies illa » revient trois fois au fil de
l’œuvre, agissant comme un repère structurel :
▪ Au cours du Liber scriptus :
1. Opposition entre le chant limpide de la soliste mezzo-soprano et le Dies irae qui apparaît,
chanté par le chœur en ponctuation discrète, nuance ppppp.
2. Chœur seul, nuance fff puis decrescendo qui se termine Morendo (jusqu’à extinction totale
du son).
▪ En conclusion du Confutatis :
Il s’enchaîne à l’air de la basse soliste.
▪ Au milieu du Libera me, à la fin du Requiem :
« Libera me » : « Tremens » :
récitatif du
trois fois,
soprano,
silences
réponse du
oppressants,
chœur recto
descentes
tono.
chromatiques
menaçantes.
« Dies irae » : Retour du
« Libera me » : Récitatif dans
Commence
récitatif
entrées en
le grave :
ffff, chœur seul monocorde qui imitation du murmures
et finit pppp se tend vers
chœur,
effrayés
sur « Requiem l’aigu puis
accords
du chœur
aeternam »
s’écroule.
d’orchestre
et du soprano
avec le
vigoureux,
soprano.
Crescendo,
climax, contre
ut de la
soprano
Né en 1813 à La Roncole, Verdi est issu d’une famille pauvre, et malgré ses dons
évidents, il connaît une première formation quelque peu difficile. Refusé au
conservatoire de Milan comme pianiste en raison de défauts techniques
rédhibitoires, il est encouragé dans la voie de la composition. C’est Vicenzo
Lavigna, auteur d’opéra et répétiteur à la Scala qui lui révèle Mozart et Haydn. Il
a la chance exceptionnelle d’obtenir d’emblée une commande de la Scala de
Milan, où son premier opéra Oberto est présenté en 1839, avec un succès
suffisant pour se voir aussitôt réclamer une autre œuvre par ce théâtre. Verdi
compose vingt-huit opéras. Parmi les plus célèbres : Nabucco, Macbeth,
Rigoletto, La Traviata, Aïda, La Forza del destino, Il Trovatore, Don Carlo...
L’opéra que Verdi souhaite écrire en 1857 est Le Roi Lear. Faute d’obtenir pour
cet ouvrage la soprano très admirée de l’époque, Maria Piccolomini, il décide lui-même alors de
prendre comme nouveau sujet Gustave III qui devient après bien des turpitudes Le Bal masqué. Son
Requiem, écrit en 1872 pour la mort de Manzoni, grand écrivain italien, connaît un succès à travers
toute l’Europe. En 1901, au cours d’un séjour à Milan, il meurt des suites d’une hémorragie cérébrale.
Toute l’Italie est en deuil.
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